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LÉOTARD AUPRÈS DES TROUPES DE "TURQUOISE".
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par Peter Smerdon
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29 Juin 1994
15:36 GMT
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(c) Reuters Limited 1994.
GOMA (ZAIRE), 29 juin, Reuter - François Léotard, ministre français de
la Défense, est arrivé mercredi à Goma, dans l'est du Zaïre, afin
d'inspecter les forces participant à l'"Opération Turquoise" en faveur
des populations menacées du Rwanda.
Accompagné de Lucette Michaux-Chevry, ministre délégué à l'Action
humanitaire, François Léotard a été accueilli par le général
Jean-Claude Lafourcade, commandant de l'opération française. Il n'a
fait aucune déclaration à l'aéroport de Goma, l'une des deux bases
françaises établies dans l'Est zaïrois.
Après un bref entretien avec le général Lafourcade, François Léotard
s'est rendu dans la deuxième de ces bases arrières, Bukavu. Il doit
ensuite franchir la frontière pour se rendre auprès de troupes
françaises et visiter des camps de réfugiés sous protection française
dans le sud-ouest du Rwanda.
L'armée française estime à 800.000 environ les membres de la majorité
hutue et de la minorité tutsie déplacés dans l'ouest du pays sous
contrôle gouvernemental - 370.000 dans le sud-ouest et près de 400.000
dans le nord-ouest du pays.
Parmi les camps protégés par la France, celui de Nyarushishi, à 15 km
de la ville frontalière de Cyangugu, abrite quelque 7.800 Tutsis ayant
échappé aux massacres perpétrés par les milices et l'armée hutues.
Environ 1.500 soldats français sont arrivés dans la région depuis jeudi
dernier et leur nombre devrait atteindre 2.500 à la fin de la semaine.
Une première cargaison de 40 tonnes d'aide humanitaire d'urgence
envoyée par le ministère français de l'Action humanitaire est
arrivée mardi à Goma, et le pont aérien se poursuit, a-t-on
rapporté de source autorisée.
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Bandes armées hutues et tutsies
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Mardi, les forces françaises ont évacué par hélicoptère sur Goma 35
religieuses et novices d'un couvent de Kibuyé, dans le centre du
Rwanda, ainsi que huit orphelins. Il s'agissait de la première
évacuation de civils menacés depuis deux mois et demi par les milices
hutues.
Mardi également, les troupes françaises se sont mis à la recherche de
bandes armées dont certaines sont soupçonnées de massacres dans le
sud-ouest du Rwanda.
Un porte-parole militaire a déclaré à Goma que les unités en patrouille
dans l'ouest du Rwanda n'y avaient découvert aucun nouveau massacre
depuis le début de l'opération Turquoise.
Il a dit que des soldats tentaient de faire la lumière sur des tirs
entendus lors de missions de reconnaissance précédentes à l'intérieur
d'un triange territorial borné par Gisinya, Karongi et Gisovu, dans le
Sud-Ouest. Le porte-parole a signalé la présence dans la région de
bandes armées hutues et tutsies, mais en précisant que les Tutsis en
question n'appartenaient pas au Front patriotique du Rwanda (FPR,
rebelle) et qu'il s'agissait d'individus cherchant à se défendre
eux-mêmes.
Dans une interview publiée mardi par le quotidien Le Monde, Alexis
Kanyarengwe, président du FPR, a assoupli la position de son mouvement
à l'égard de l'opération française. "Quand Paris a pris sa décision,
nous considérions ce geste comme une agression. Mais la communauté
internationale, par la voix du Conseil de sécurité de l'ONU, a couvert
la France. Si celle-ci s'en tient à son mandat humanitaire, ce sera une
très bonne chose", a-t-il dit.
Il a ajouté que le FPR n'était pas opposé a priori à une opération
humanitaire, mais qu'il aurait "préféré que celle-ci soit conduite par
les soldats d'un autre pays". /PBR
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