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« DES dizaines, peut-être des centaines de milliers de morts: le nombre exact des victimes des massacres qui ont ravagé le Rwanda ces deux dernières semaines ne sera jamais connu. » Ces chiffres effroyables ont été évoqués par le Comité international de la Croix-Rouge. Les responsables de ces massacres sont la garde présidentielle, l'armée et les miliciens du défunt chef du régime, tué, le 6 avril, en compagnie du chef de l'Etat burundais, dans l'explosion de l'avion qui les ramenait à Kigali.
Les forces du Front patriotique du Rwanda (FPR) ont désormais libéré une large portion du nord du Rwanda. Le gouvernement tanzanien, qui a concentré des troupes à la frontière avec le Rwanda, a annoncé que des négociations pourraient s'ouvrir samedi à Arusha. Le FPR a décidé d'envoyer une délégation à ces pourparlers, « mais seulement pour rencontrer des militaires rwandais et non le gouvernement intérimaire », à qui le FPR dénie toute représentativité.
Jeudi matin, l'ambassadeur rwandais au Zaïre, Etienne Segerere, avait accusé « trois militaires du contingent belge de l'ONU » d'avoir abattu l'avion présidentiel. Interrogé par notre correspondant à Bruxelles, le ministère des Affaires étrangères belge a qualifié de « fantaisistes » ces allégations. Dans son édition de jeudi, « le Soir » de Bruxelles constate: « Un point sur lequel tous les observateurs militaires sont d'accord, c'est que le tir n'a vraisemblablement pas pu être l'oeuvre d'un militaire rwandais », l'armée rwandaise n'étant pas en possession de tels engins. Colette Braeckman ajoute que, « lors de la guerre contre le FPR (entre 1990 et 1992 - NDLR), ce sont les Français qui se trouvaient derrière les pièces d'artillerie ». Citant des sources à Kigali, la journaliste affirme que le tir de la roquette « n'a pu qu'être l'oeuvre d'un professionnel. Un mercenaire qui aurait utilisé un missile Stinger américain ? » s'interroge-t-elle.