Fiche du document numéro 6074

Num
6074
Date
Jeudi 29 mai 1997
Amj
Auteur
Fichier
Taille
20610827
Pages
285
Titre
Qui est génocide ?
Fonds d'archives
VdM
Type
Langue
FR
Citation
DEDICACE

KOt6f142

Ce livre est dédié à tout le peuple rwandais, Hutu, Tutsi,
Twa, victime d'une guerre aux enjeux qui le dépassent.

Que mon épouse Vénantie, ma fille Annelise et mon fils
Eric, trouvent à travers ce travail la consolation et l'espoir
pour des jours meilleurs.

Par ce livre, j'espère pouvoir honorer la mémoire des
membres de ma famille, celle de mes collaborateurs et de mes
amis massacrés à l'Est de ce que l'on appelle aujourd'hui la
République Démocratique du Congo.

Les survivants y trouveront sans doute certaines idées et
convictions que j'ai eues l'avantage de partager avec eux.




REMERCIEMENTS


Je remercie très sincérement tous ceux qui, de près ou de
loin ont collaboré à la réalisation de ce livre.

Mes remerciements s'adressent plus particulièrement à tous les membres
de "SOLIDAIRE RWANDA" A. S .B.L., de LIRDHO, de l'"A.R.D.H.O", de
l'"ALTERNATIVE" et de l'"A.J.P.R." dont les enquêtes et les
témoignages m'ont permis d'expliciter mes idées.


Je remercie également la personne qui a mis à ma disposition son
matériel informatique et qui a en même temps assuré la
dactylographie. Cette personne a, pour des raisons de sécurité, requis
l'anonymat.


Que la famille qui se reconnaîtra sans doute, qui m'a,
financièrement, socialement et moralement "supporté" trouve à
travers ce livre l'expression de ma profonde reconnaissance.

Mes remerciements s'adressent enfin aux quelques amis qui
ont si spontanément accepté de puiser dans leur maigre bourse
d'exil pour me permettre d'honorer quelques uns de mes
engagements financiers dans le cadre de la réalisation de ce
travail. Je ne doute pas que leur exemple sera bientôt suivi
par d'autres pour que ce livre puisse paraître.

ii

AVANT-PROPOS


Ceci n'est pas un livre d'histoire, loin s'en faut, je
n'ai pas la prétention d'être un historien. Ce livre n'est pas
non plus un receuil idéologique, je n'ai aucune intention
d'embrigader qui que ce soit. J'ai tout simplement voulu en
tant qu'acteur et non pas comme simple spectateur, décrire les
événements qui se sont produits au Rwanda depuis octobre 1990
et surtout entre avril et juillet 1994. J'ai bien entendu
placé lesdits événements dans le contexte historique de même
que j'ai dû faire un petit crochet sur le règne du F. P. R. au
Rwanda à partir de juillet 1994.


En me décidant d'écrire à partir du mois d'octobre 1995, conscient que les gens risqueraient d'apprécier l'histoire récente du Rwanda en fonction uniquement de ce qu'ils auraient lu dans la presse, et Dieu seul sait qu'elle n'a toujours pas été objective, ou alors les écrits bien souvent d'émminentes personnalités "scientifiques" qui ne manqueraient pas, comme ils nous l'ont prouvé d'analyser les événements en fonction de leur sensibilité voire même de leur parti pris, la rigeur scientifique l'oblige!


J'analyse donc les événements en fonction de ma propre
sensibilité, ce qui ne manquera pas de susciter des polémiques,
je ne les déteste pas je dois l'avouer, le débat n'en sortira
qu'enrichi, me dis-je.


Ce livre n'est pas non plus une autobiographie.
Je n'y décris donc pas ma vie, ça sera peut-être pour plus tard, même
si des fois je fais référence à ma propre expérience.

J'ai préféré, me limiter à la période où j'étais effectivement près de l'événement c'est-à-dire jusqu'au 17 août 1996, jour de mon nième exil, cette fois-ci pour une destination inconnue, pour citer mon compatriote GASORE, RUKARA Pierre.

J'ai donc vécu, comme simple spéctateur, la tragédie
Zaïroise à partir de septembre 1996, le massacre de centaines
de milliers de réfugiés Hutu rwandais et burundais, enfin, le
rapatriement forcé des réfugiés rwandais de la Tanzanie.
J'ose espérer que pour les générations futures et pour que
l'on oublie jamais, les survivants de cet holocauste pourront
décrire ce qu'ils ont vécu et même pourquoi pas, nous indiquer
qui en sont d'après eux les responsables. Il est évident que
de ces derniers événements j'en fais de temps à autres
référence, ne serait-ce que pour appuyer la vision que j'ai de
l'avenir de la sous-région.

Si ce livre n'est pas un bouquin de plus d'histoire du Rwanda, ni un receuil idéologique, encore moins une auto-

iii



biographie, que peut-il être ou que veux-je qu'il soit?

Ce livre est avant tout destiné au peuple rwandais en
général et à sa jeunesse en particulier. On assiste ces
derniers temps à une réécriture de l'histoire du Rwanda. C'est
ainsi que certains affirment sans ambages que les ethnies
seraient une création des colons. Pour les Rwandais, tous sans
exception, y compris ceux qui le nient, le Rwanda est habité
par un peuple ayant trois composantes appelées en Kinyarwanda
"amoko" qui n'a pas de correspondant dans les catégorisations
souvent approximées par les termes ethnies, tribu, etc.

Pour les Rwandais, chacun connaît son "ubwoko" et n'est
donc pas concerné par les classifications scientifiques ou les
théories nouvelles, nihilistes, selon lesquelles il n'y a pas
d'"ethnie" au Rwanda. Chercher à nier l'existence des trois
"amoko", "ethnies", Hutu, Tutsi et Twa au Rwanda, procède de la
manipulation et du mensonge, et notre jeunesse doit le savoir.

Par ailleurs les événements qui ont conduit à la
révolution sociale de 1959 ont été différemment interprétés en
fonction du bord dans lequel on se trouvait.

Or, même si l'on sait que la révolution sociale de 1959 a
été conduite avec des leaders Hutu à la tête, c'est en
définitive tout le bas peuple, Hutu, Tutsi et Twa confondu qui
s'est révolté contre l'oppression monarchique et coloniale en
revendiquant la libération du peuple et son émancipation et, en
particulier, l'égalité des droits et des devoirs pour tous les
citoyens.

Le système monarchique a réagi par un refus absolu de la
remise en cause de son système, et par la représsion brutale
dans le sang d'un certain nombre de leaders de l'opposition,
en les qualifiant de récalcitrants (abaprosoma ou abagome) qui,
comme jadis, devaient être exécutés. La radicalisation de la
cour, son initiative de la violence et des assassinats des
opposants, ont provoqué des soubrésauts populaires qui ont
déclenché la Révolution sociale de 1959 qui a abouti à la fuite
du roi et de l'aristocratie vers les pays limitrophes. Ces
soubrésauts contre le système monarchique se sont accompagnés
de dérapages par des réflexes de globalisation, qui ont conduit
à des exactions parfois sanglantes contre les membres de
l'ethnie Tutsi. Ainsi est né le problème des réfugiés de 1959.

Parmi les contre-valeurs de la Première République issue
de cette révolurion sociale, les générations futures doivent
noter que l'ethnie Tutsi a été victime de certaines pratiques
d'exclusion manifeste, d'exactions et de massacres chaque fois
que les Tutsi réfugiés attaquaient le pays depuis l'extérieur.
L'on doit noter que les dernières années de la Première
République étaient entachées de pratiques régionalistes de la
part du noyau du pouvoir centré au Centre-Sud du pays à l'égard
des ressortissants des autres régions, qui ont été fortement

iv

K016lit16

ressenties par les préfectures de Ruhengeri et de Gisenyi. Ses
deux dernières années ont également été caractérisées par des
phénomènes d'autoritarisme, de constitution d'un sérail
présidentiel (akazu) qui a progressivement retiré au Chef de
l'État toute liberté de manoeuvre, et l'a acculé à s'accrocher
au pouvoir, pendant que prenait pied un clientélisme manifeste.
Ces années ont aussi été caractérisées par un regain de
tensions ethniques Hutu-Tutsi, renforcé par le massacre de
plusieurs centaines de milliers de Hutu au Burundi voisin.
Cela a conduit à des troubles qui ont provoqué une nouvelle
vague de réfugiés Tutsi.

Même si à l'actif de la Deuxième République, l'on doit y
inscrire le développement soutenu du pays lui donnant
d'excellents résaux routiers, téléphoniques, de centres de
santé, d'écoles, de transports publics et par l'amélioration de
l'habitat, certains aspects négatifs ont été observés. Il en
est ainsi de l'exacerbation du régionalisme à l'égard des
ressortissants du Sud et du Centre du pays.

L'assassinat des pères fondateurs de la République, de
fonctionnaires et d'officiers appartenant à la région du Sud du
pays, la discrimination au niveau de l'enseignement, de
l'armée, de certains hautes fonctions administratives et
diplomatiques et au niveau de l'accès au crédit, pour ne citer
que ceux-là, ont creusé un fossé entre les régions Sud et Nord
du pays.

Progressivement la base du pouvoir s'est restreinte
jusqu'à rester centré sur un noyau politique dit "AKAZU"
constitué des personnalités influentes et des membres de la
famille du Président.

L'exclusion visant les Tutsi n'avait pas disparu, en
réalité, même si d'importants liens financiers existaient entre
les barons du régime et des hommes d'affaires influents de
cette ethnie.

Le régime a été aussi caractérisé par l'omniprésence et la
préséance de l'armée dans toutes les sphères de la vie
politique et sociale du pays, de même qu'un refus ambiant de la
critique et de l'opinion contraire.

Enfin, les traits observables du F.P.R. dont il faut se
rappeler, sont l'art du mensonge et de la dissimulation qui
devaient d'ailleurs être savamment utilisées tout au long de la
guere, de même qu'un cynisme manifeste, qui joue la
provocation, pour exploiter les maladresses des adversaires et
qui recourt aisémement à la cruauté mais de manière bien
voilée . L'autre principal trait du F.P.R. est la culture du
complexe de supériorité et de l'orgueil ethnique qui, se basant
sur la soi-disante supériorité de l'ethnie Tutsi, refuse par
principe, mais sans l'avouer publiquement, le fait de
l'exercice du pouvoir par des personnes issues de l'ethnie
Hutu.

v

KO!61147

Tout cela manifeste un comportement exclusif, mensonger et
irresponsable de la part du F.P.R., qui a aggravé la crise et
perpétué l'horreur.

Ce livre s'adresse enfin aux étrangers qui s'intéressent
de près ou de loin au Rwanda, en particulier à ceux-là même qui
sont responsables de la tragédie rwandaise pour qu'ils sachent
que nous savons leur degré de responsablité dans cette
dernière.

Nairobi, le 29 Mai 1997
Jean KAMBANDA

vi



TABLE DES MATIERES
DEDICACE '"
REMERCIEMENTS

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11

AVANT'" PROPOS .. • .. .. .. ,... •. • • • • .. .. •

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i:I

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INTRODUCTION: QUI EST l'GÉNOCIDE" ?
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LES RACINES DU MAL •..•........

1.1. LE

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LE
RWANDA
DE
LA
CONF~RENCE DE BERLIN DE
1884

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1.3. LA COLONISATION ALLEMANDE (1899-1916) •............
1.4. LA QUESTION ETHNIQUE SOUS LE MANDAT
ET LA
TUTELLE BELGE (1916 -1962) ...................•...•.
I.5. LA RÉVOLUTION RWANDAISE TANT CONTROVERSÉE
.
1.5.1.
Les germes de la révolution
.
1.5.2.
Les préparatifs
.
1.5.3.
La révolution proprement dite
.
II.

CHOIX

DU

PEUPLE

=

CHOIX

DE

DIEU:

MONARCHI E .. .. .. .. .. ..... .. .. .. .. '".. .. . .. .. .. .. . .. .. .. " .. .. ..

II.1.

LES

ÉLECTIONS

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II.2.
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COMMUNALES
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LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES ET LE RÉF~RENDUM
DU 25 SEPTEMBRE 1961.
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LE FRONT DU RE"FUS.. .. .. .. . .. . .. " , . ..... ...
III. 1
LES INCURSJ:ONS A.R:MBES ET LES REPRÉSAJ:LLES
CONTRE LES COMPLICES DE L'INTÉRIEUR
II.

IIL2.

9
10

LA

.•

LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE ........•....•.....
LE COUP D'ÉTAT DE GITARAMA DU 28/01/1961:
ABOLUTION DE LA MONARCHIE ET PROCLAMATION
DE LA R~PUBLIQ'UE"

II. 4.

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L'EXIL ET
'RÉFUGIÉS

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33

IV.

LA CHUTE DE LA PREMIERE RÉPUBLIQUE
. 35
IV.l.
LA QUESTION ETHNIQUE .•..................... ·· 35
IV.2.
LA QUESTION DES RÉFUGIÉS
. 37
IV.3.
LA QUESTION DES RÉGIONS
. 38
IV.4.
LE REFUS DE L'ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE
. 40

V.

LES ILLUSIONS DE LA DEUXIEME RÉPUBLIQUE .............•.. 41
V.1. LES SUCCES ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX
. 41
V.2. LA POLITIQUE D'ÉQUILIBRE ETHNIQUE ET RÉGIONAL
. 43
V.3. LES AUTRES
MAUX QUI ONT MINÉ LA DEUXIEME
47
RÉPUBLIQUE
,
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L'accrochage au pouvoir et le cumul
V.3.1.
des fonctions
. 47
L'affairisme des autorités
. 49
V.3.2.
Les défaillances dans les relations
V.3.3.
internationales
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50
52
La
non
séparation
des
pouvoirs
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V.3.4
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V.3.6.

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L'ÉGLISE
SOCIAUX

CATHOLIQUE
III

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L'ÉVANGILE

VI.3.

L'ÉTABLISSEMENT
1959)

VI.5.

RWANDA

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VI.l.
VI.2.
VI.4 •

f

Le procès
des politiciens
de
la
~re~i~r~ République et autres dossiers
)ud1c1a1res obscurs
. 53
La politique du mensonge et de la
54
désinformation

V.3.5.

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CONFLITS

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EN TERRE RWANDAISE•••.•••
LE RÈGNE DU ROI KOSINGA
ATTÉRRIT

DU ROYAUME
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CHRÉTIEN
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(1931-

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58

L'ÉGLISE ET LA NAISSANCE DE LA DÉMOCRATIE
AU RWANDA 1959-1972 .....•.......•........... 59
L'ÉGLISE DE LA DEUXIEME RÉPUBLIQUE A LA
VEILLE DE LA GUERRE D'OCTOBRE 1990
. 60

VII. LA DESCENTE AUX ENFERS
·················•··
VII.l.
LA NAISSANCE DU F.P.R .....................•..
VI r .2.
L'INVASION DU RWANDA ET LA VICTOIRE DES
F.A.R. SANS LENDEMAIN ....•...•...............
VII.3.
LA GUÉRILLA ET LES ASSASSINATS POLITIQUES ....
VII.4.
DE NOUVEAU LES PARTIS POLITIQUES ET LE COUP
DlÉTAT AU SEIN DU M.D .R .............•........
VII.5.
LES ACCORDS DE PAIX D'ARUSHA OU LES FAUSSES
SOLUTIONS AUX FAUX PROBLEMES
.

64
64

VI II.

82

LA SOLUTION FINALE ......•...........••............
VIII.1.
L'ENVIRONNEMENT INTERNE ET EXTERNE
.
VIII.l.1. L'environnement interne
.
VIII.1.2. L'environnement externe
·
VIII. 2.
LI ASSASSINAT
DU
PRÉSIDENT
JUVÉNAL
"HABYARlMAN'A

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68
71
79
82
82
83
85

VIII.2.1. Les indices ayant précédé llassassinat .. 85
VIII.2.2. Les témoins ...........•.....•.... ·.····· 88
VIII.3.
LE VIDE, LE COMITÉ MILITAIRE ET L'IMPASSE .... 96
VIII.4.
LE GOUVERNEMENT INTÉRIMAIRE: LES SACRIFIÉS... 99
VIII.5.
LES MASSACRES ET LES LARRONS
·· 105
VIII.6.
LA GUERRE ET LA DÉFENSE CIVILE ..............• 111
VIII.6.1. La guerre proprement dite ..............• 111
VIII.6.2. La défense civile
· 117
VIII.6.3. L'approvisionnement
en
arme
et
munitions

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123

••.••••.•

VIII.7.
LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
128
VIII. 7 .1. Les faits
· 128
VIII.7.2. pourquoi le Rwanda?
154
VIII.7.2.1.
Les raisons économiques
154
VIII.7.2.2.
Les raisons stratégiques
157
VIII.7.2.2.1.
Intérêts américains au
Rwanda
................ 160
VI II.7 .2.2.2. Offres américaines aux
Hutu

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Il

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VIII.a.
LA DÉFAITE DE L'ARMÉE RWANDAISE
VIII.8.1. Les causes de la politique intérieure
VIII. a.2. Les causes humaines

viii

Il

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169

173
173
177

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KOf61150
VIII.8.3. Les
causes
de
la
politique
internationale .........•...............• 178
VIII.9.
L'EXODE DE DIMENSION BIBLIQUE
···•··· 180
VI II.10 . LE RÈGNE DU F.P .R. ......•........•........... 185
VIII.10.1.
L'organisati9n du F.P.R ....•...... 185
VIII.10.l.l.
La
structure
politicoadministrative
185
VIII.10.1.2.
La défense populaire ••....... 190
VIII.10.2.
Le pouvoir du F.P.R
,
193
IX.

LE REMÈDE DU MAL RWANDAIS ...........................•.. 201
IX.1.
L'ÉTAT DES LIEUX
·········•······ 201
IX.1.1.
Des vérités qui doivent être dites •..... 201
IX.l.2.
Situation actuelle des réfugiés
202
IX.l.3.
La situation à l'intérieur au Rwanda
203
IX.1.4.
Attitudes
de
la
communauté
internationale ...............•.......... 204
IX.2.
LES FAUSSES SOLUTIONS .........•... ··········· 206
IX.2.1.
À l'intérieur de la communauté des
réfugiés: Création du R.D.R .....•...... ·206
IX.2.l.1. Analyse de l'environnement global. 206
IX.2 .1.2. Rupture des relations entre les
F.A.R. et le gouvernement
..•..... 208
IX.2 .1.3. Le R.D.R. ne constitue pas une
solution aux problèmes posés
212
IX.2.2.
La consolidation du pouvoir du F.P.R
215
:IX.3.

L'AJ.,TER.N'ATIVE .....•.........

·················

218

IX.3.1.

La mobilisation pour la paix et la
réconciliations des Rwandais ....•....... 218
IX.3 .1 .1. Pour
un
dépassement
réel
de
l ' ethni sme ... ,.,............................
219
IX.3.1.2. Pour
l'éradication
du
régionalisme
220
IX.3.1.3. Le monolithisme politique ....•.•.. 221
IX.3.1.4. Le népotisme
222
IX.3.2.
La question des réfugiés ............• ··· 223
IX.3.3.
Le
renforcement
des
Institutions
Démocratiques et Républicaines
224
IX.3.4.
La reconstruction du pays ...•..... ······ 226
Ir

ANNEXES ......•..............•.....•.•...•...................229
AMABWIRlZA YA MINISTIRI W'INTEBE KU BA
ANNEXE Al:
PEREFE
BOSE
YEREKEYE
KUGARURA
UMUTEKANO MU GlHUGU .•..•.........• ······ 230
LISTE DES HUTU À LIQUIDER PAR LE
ANNEXE A2:
F ..P ..R.
234
7
BRIGADES
DU
F.P
.
R.
.......•..............23
ANNEXE B1:
LISTE
DES
COTISATIONS
AU
F.P.R
238
ANNEXE B2:
TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES EN PLACE AU
ANNEXE B3~
RWANDA AU 06 AVRIL 1994
····· 239
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ANNEXE

B4:

ANNEXE B5:
ANNEXE B6:

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TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES EN PLACE AU

RWANDA AU 06 AVR:IL 1994 .•.......... ····· 240
TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES EN PLACE AU
RWANDA AU 06 AVRIL 1994
241
TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES EN PLACE AU

ix

ANNEXE B10:

RWANDA AU 06 AVRIL 1994 ..•..............
TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES EN PLACE AU
RWANDA AU 06 AVRIL 1994
TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES EN PLACE AU
RWANDA AU 06 AVRIL 1994 ..••..........•.•
TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES EN PLACE AU
RWANDA AU 06 AVRIL 1994 ......•...•......
RÉPARTITION DES RÉFUGIÉS AU 31/12/1994

ANNEXE Cl:
ANNEXE C2:
ANNEXE C3:

LE RWANDA AVANT LE TRAITÉ DE BERLIN ..... 249
LE RWANDA AVANT LE TRAITÉ DE BERLIN .•... 250
REPARTITION DES RÉFUGIÉS PAR CAMP AU

ANNEXE B7:
ANNEXE B8:
ANNEXE B9:

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11







ANNEXE C4:
ANNEXE CS:

LE RWANDA APRÈS LE DÉCOUPAGE
LES DIFFÉRENTS POINTS DES ATTAQUES DES

ANNEXE C7:

CARTE DE L1APRIQUE DE L'EST

INYEN"ZI •.

BIBLIOGRAPHIE

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LISTE DES ABRÉVIATIONS ..................•................... 260
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15')L

INTRODUCTION: QUI EST "GÉNOCIDE" ?

Dans leurs rapports, les émissaires des Nations Unies au Rwanda ont qualifié de crimes de "génocide" les actes violents perpétrés dans la partie contrôlée par le gouvernement intérimaire, parce que d'après eux, ces actes procédaient d'une intention d'exterminer l'ethnie Tutsi, et qu'ils ont été exécutés d'une façon systématique, planifiée et méthodique.

En se référant à l'article II de la Convention internationale du 09 décembre 1948 relative à la prévention et à la répression du crime de génocide et à la résolution n° S/RES/955 (1994},instituant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, le "génocide" s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel:
a) des membres du groupe,
b) atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de
membres du groupe,
c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions
d'existence devant entraîner sa destruction physique
totale ou partielle,
d) mesures visant à entraver des naissances au sein du
groupe,
e) transfert forcé des enfants du groupe à un autre
groupe.


Dès lors, on constate que la particularité du crime de
"génocide" réside dans l'intention d'exterminer totalement ou
partiellement l'un quelconque de ces cings groupes. Il s'en
suit que toute infraction, malgré son caractère odieux, mais
qui ne répond pas aux éléments de cette définition aura une
qualification autre que "génocide". Ainsi donc, trois éléments
sont essentiels pour qu'il y ait "génocide":
- acte criminel,
- dans l'intention de détruire tout ou en partie,
- un groupe donné visé comme tel.


Qu'il y ait eu acte criminel, il n'y a pas de doute, mais
les événements d'avril-juillet 1994 ont été exécutés dans le
cadre de la légitime défense et concernaient plus les groupes
acquis à la cause du F.P.R., auteur de la guerre d'octobre
1990, initiateur de la rupture des accords de cessez-le-feu en
1991, en février 1993 et enfin auteur présumé de l'assassinat
des Présidents Hutu Juvénal HABYARIMANA et Cyprien NTARYAMIRA.
Ces actes visaient aussi bien des Hutus que des Tutsi
complices , partisans et sympathisants du F.P.R. pour dégérer
ensuite en désordre où sont mêlés banditisme, haine, jalousie,
ethnisme, régionalisme, réglement de compte, etc.

1

De surcroît, la durée des événements -trois mois-, le
caractère évolutif de ces massacres en fonction de l'avancé du
F.P.R. dans ses conquêtes et de la découverte des brigades de
la mort et des caches d'armes à feu de ce front sur tout le
territoire, ainsi que la protection par l'État des Tutsi non
impliqués dans les actions du F.P.R. excluent toute
planification du "génocide" à l'échelon national et partant
l'intention d'extermination.


Pourtant, si "génocide" il y a eu, il serait imputable au
F.P.R. :

- L'on se rappelera en effet que ce front a froidement
et de façon préméditée assassiné les évêques et
religieux réunis à Kabgayi en date du 06 juin 1994
simplement en raison de leur appartenance religieuse
catholique; fait criminel qui rentre bien dans la
définition du "génocide".

- Pire encore, la guerre d'octobre 1990 n'avait
d'autres objectifs que l'extermination de l'ethnie
Hutu, à commencer par son élite: cela apparaît dans
le plans de guerre du F.P.R. dont le scénario n°4
prévoit notamment "la rupture des Accords de Paix
d'Arusha et la recomposition du gouvernement en
écartant par la force militaire et populaire
HABYARIMANA et ses satellites dans un délai ne
dépassant pas neuf mois à partir de la date de signature des Accords d'Arusha

- La redéfinition de la transition;
- L'organisation des élections, au moment jugé le plus
opportun par le F. P.R."

Fort du soutien inconditionnel de la Communauté
Internationale, le F.P.R a décimé des milliers de Hutu, soit
pendant la guerre où il les a massacrés affreusement et
collectivement, notamment en commune Rusumo, Buyoga, Gikoro,
Mugesera, Kinyami, Rutonde et ailleurs, soit après la guerre,
notamment par la mise à feu des camps des déplacés de guerre
dont celui de Kibeho où ont péri plus de 8000 Hutu.

Ainsi donc, le F.P.R attend-il le moment jugé opportun
pour organiser les élections, moment qui ne peut avoir lieu
qu'après l'élimination systématique des Hutu jusqu'au moins des
proportions équilibrées des deux ethnies. Ce n'est plus une
prophétie, c'est la réalité.

De génocide, il en était déjà question dans les années
1960 au moment de la Révolution Sociale. Dans sa lettre aux
Rwandais émigrés ou réfugiés à l'époque, le Président Grégoire
KAYIBANDA en parle dans ces termes: "... Les vies humaines,
qui, malgré notre vigilance ont péri par terrorisme, ne gagnent
rien à être couverts par les bruits de vos calomnies à l'égard
du Gouvernement de la République. Qui est génocide? Posez-
vous honnêtement la question et répondez-y du fond de votre conscience.

2

3

Les Tutsi restés au pays qui ont peur d'une fureur
populaire que font naître vos incursions seront-ils heureux de
votre comportement? Qui est génocide? Ceux qui vous
appuient et financent vos menées terroristes et fratricides
vous rappelent-ils que les BAHUTU ne se laisseront jamais
malmener et qu'à vos coups ils n'attendent pas du tout opposer
un héroisme qui serait d'ailleurs de mauvais aloi, qui est
génocide ?

... supposer par impossible que vous veniez à prendre Kigali
par assaut, comment mesurer le chaos dont vous serez les
premières victimes? Je n'insiste pas, vous le devinez sinon
vous n'agirez pas en séides et désespérés, vous le dites entre
vous: "Ce serait la fin totale et précipitée de la race Tutsi."
Qui est génocide ?"

Voici donc de bons conseils prodigués il y a une
trentaine d'années avant les massacres d'avril-juillet 1994
qui, malheureusement n'ont pas été suivis. Les questions que
posait le Président Grégoire KAYlBANDA à cette époque me semble
quant à moi toujours d'actualité.

Mais au fait d'où vient cette lutte séculaire entre les
deux principales composantes de la population rwandaise, à
savoir les Hutu et les Tutsi? Existe-t-il une explication
rationnelle à ce phénomène?

Lors de sa tournée d'explication du M.R.N.D alors parti
unique, en 1976, le Président Juvénal HABYARIMANA s'est adressé
à Monsieur Joseph HABYARIMANA GITERA, et il lui a demandé de
lui faire un protocole de la réconciliation nationale des
Rwandais entre eux. Le manifeste du M.R.N.D. fondait sa
réussite et sa viabilité, sur la réconciliation des Rwandais
entre eux pour avancer main dans la main vers le progrès , car,
en effet, quel mouvement d'ensemble national, peut-il se
réaliser dans un tiraillement de haine, d'insultes et de mépris
séculaires sur base raciale ou ethnique? Monsieur Joseph
HABYARIMANA GITEERA dans une lettre de 19 pages condensée dans
un petit ouvrage désormais mémorable adresa en date du 07 mai
1976 au Président Juvénal HABYARlMANA sont point de vue sur le
protocole de la réconciliation nationale des Rwandais entre
eux.

Il lui expliqua notamment que le conflit entre les Hutu et
les Tutsi est un conflit séculaire de pouvoir entre les deux
groupes ethniques dont la base se trouve être la volonté
affichée ou pas de domination d'une ethnie sur une autre. En
des termes poétiques, il explique que toute réconciliation
nationale entre les Hutu et les Tutsi s'avérera impossible tant
que cette question de partage de pouvoir ne sera pas réglée à
la bonne satisfaction de chacun de deux groupes ethniques.
Ici faut-il rappeler que dans sa révision de l'histoire,
le F.P.R. et ses sponsors contestent l'existence des ethnies au

knt"'i5



4

sein de la population rwandaise? Dans sa propagande
idéologique, le F.P.R. affirme qu'il n'y a jamais eu de flux
migratoires à des époques différentes dans notre histoire,
lesquels expliquent le peuplement du Rwanda dans ses
composantes ethniques. Les différenciations acteuelles
seraient uniquement dues aux modes de vie différents entre les
aristocrates que les colons et les missionnaires auraient
baptisés des "Tutsi", les plèbes composés des agriculteurs pris
pour des "Hutu" et les bouffons de la cour que les blancs
auraient appelés les "Twa".

La question qu'il faut se poser est de savoir si ces
blancs ont inventé les groupes ethniques pour toute l'Afrique
et que celle-ci n'aurait été peuplée que par une seule
population homogène au départ. Alors, toutes les théories sur
les migrations des peuples bantous qui se seraient effectués à
partir des environs du lac Tchad vers l'Afrique centrale,
australe et de l'Est, ainsi que celles des peuples nilotiques
qui seraient venues de l'Ethiopie, vers l'Afrique centrale et
orientale surtout, toutes ces théories seraient une vue
d'esprit des blancs. Comment se fait-il que les peuples de
l'Afrique centrale ou australe qui ne sont pas nécessairement
des agriculteurs présenten et quand même les mêmes
caractéristiques physiques que les Hutu du Rwanda alors que
certains groupes ethniques des mêmes régions qui ne sont pas
nécessairement des aristocrates ou des éleveurs ressemblent
étrangement aux Tutsi du Rwanda?

Mais avant peut-être d'entrer dans la polémique à ce sujet
voyons ce que disent les spécialistes du Rwanda sur son
peuplement.





I. LES RACINES DU MAL

1.1. LE PEUPLEMENT DU RWANDA ET LA NAISSANCE DU PROBLEME

Le Rwanda, pays dit "des mille collines", surnommé ainsi
car son sol bosselé est situé à des altitudes variant entre 900
m et 4000 m et il est caractérisé par ses hauts reliefs aux
bouleversemments nombreux qui ont affecté l'écorce terrestre
dans cette partie d'Afrique centrale et orientale. Ce petit
pays de 26338 km2 seulement, situé un peu au-dessus de
l'Equateur, est actuellement soumis à une formidable menace de
disparition physique en tant que nation. Cette menace vient
d'une lutte de pouvoir sans merci que se livrent depuis
plusieurs générations les deux principales composantes de sa
population, à savoir les Hutu et les Tutsi.

Bien qu'aujourd'hui, pour des raisons qui leur sont propres, certains auteurs pressés, ne semblent pas l'admettre le Rwanda est habité par trois groupes ethniques distincts ayant occupé le territoire à des époques différentes de l'histoire.



Les BATWA, qui furent les premiers habitants du pays
seraient une des branches apparentés aux pygmées. Ceus-ci
étaient déjà signalés par les anciens grecs, comme Homère,
que les Aristote et Hérodote, le père de l'histoire, ainsi que les
egyptiens 1.

Plus grands que leurs parents pygmées, les BATWA ont dû
céder du terrain aux agriculteurs "HUTU" qui défrichèrent les
forêts dès le début de notre ère. Les Hutus appartiennent au
grand peuple Bantou. A l'origine, le foyer des dispersion des
grandes migrations bantoues aurait été le bassin du lac Tchad
(Nord Caméroun et Nord Nigéria). Les Bantous auraient ensuite
émigré vers l'Afrique orientale et australe en laissant à
chaque fois des groupes faire souche dans des régions
traversées. Ce sont eux qui fondèrent le royaume de MONOMOTAPA
au Zimbabwé, les chefferies zoulou en Afrique du Sud et le
royaume de KONGO (qui recouvrait l'Angola, le Zaire et le Congo
actuel) ainsi que les premières monarchies du Rwanda et du Burundi.
Ce sont eux, également, qui auraient diffusé les
techniques de la métallurgie en Afrique noire.

Installés au Rwanda, les Hutus organisèrent de petits
royaumes patriarcaux et définirent un droit foncier,
l'ubukonde, sur les territoires acquis sur les Batwa. A la
tête de chacune de ces petites monarchies régnait un monarque
appelé "MWAMI" dont la personne était sacrée. Intercesseur de



1 Page 41, Le Rwanda aujourd'hui



la providence divine, il avait le pouvoir de félitiliser les
récoltes, faisait tomber la pluie et écarter les catalyseurs
naturels. Il régnait de concert avec la reine-mère, qui
assurait l'intérim du pouvoir pendant l'absence et la minorité
du Mwami. Juge suprême et chef des armées, il avait le
monopole de la justice, de la police et de la guerre. Comme le
souligne Baudouin PATERNOSTRE de la Marieu: "Pour la monarchie
comme pour le clan indépendant, le symbole et le signe témoin
était le tambour. Les rites des Bami étaint mémorisés dans ce
qu'on a appelé le code ésotérique (Ubwiru), connu seulement
d'un conseil rituel, et qui paraît avoir été, à un moment
donné, centré autour d'un marteau ou une masse de fer forgé.
Le Mwami ne désignait généralement son successeur qu'au moment
de sa mort. S'il le fasait avant, transgressant gravement la
coutume, il était sensé ne pas y survivre,

Autour du 16ème siècle, à la veille de l'arrivée des
pasteurs Tutsi au Rwanda, les monarchies Hutu les plus
représentatives étaient les suivantes:

1) Le royaume des ABENENGWE régnait sur la région dit u
BUNGWE regroupant le BUSANZA sud (actuelles communes
Maraba, Mbazi, Ruhashya, Shyanda de la préfecture de
Butare), le BUFUNDU (actuelles communes de Kinyamakara,
Nyamagabe, Mudasomwa, Karama de la préfecture de
Gikongoro) , le BUSHUMBA-NYAKARE (actuelles communes de
Kigembe et Nyakizu de la préfecture de Butare) et efin le
BUYENZI (actuelles communes Kivu et Nshili de la
prefecture de Gikongoro). Le "Mwami" qui régnait à
l'avénement des Tutsi s'appelait RWAMBA et il habitait
l'endroit où est construite l'actuelle commune Nyakizu.
L'autre "Mwami" des ABENENGWE connu s'appelait SAMUKENDE,
le mari de NYAGAKECURU qui habitait l'actuele mont Huye
dans la commune qui porte le même nom (Nyagakecuru ko mu
Biai bya Ruye).


2) Le royaume des ASASINGA: leur tambour royal s'appelait
MPATSIBIHUGU, ce vaste royaume s'étendait sur les
préfectures de Gisenyi, Kibuye et comptait également le
BUNYAMBIRIRI (communes Musebeya, Muko de la préfecture de
Gikongoro et Karambo dans l'actuelle préfecture de
Cyangugu), le BIRU (commune Gafunzo et Cyimbogo), le
BUSOZO (commune Nyakabuye) et le BUKUNZI ( communes
Nyakabuye et Karengera), Au nord, ce royaume s'étendait
sur le BWITO, GISHARI, BYAHI et KARUMONSI dans le Zaïre.
On trouve également la trace des ABASINGA dans le BURWI
(actuelles communes Kigembe, Kibayi et Ndora de la
préfecture de Butare). Le dernier Mwami des ABASINGA
s'appelait JENI RYA RURENGE.







3) Le royaume des ABAZIGABA: leur tambour royal s'appelait
SERA. Les ABAZIGABA seraient venus des environs du lac
Victoria. On les retrouve aujourd'hui même au KARAGWE
en Tanzanie. Leur dernier Mwami s'appelait KABEJA qui était

7

le Mwami du RWEYA.

4) Le royaume des ABAGESERA: leur tambour royal s'appelait
RUKURURA. Ils régnaient sur le GISAKA, une partie de
GIHUNYA (conmunes Kigarama, Kabarondo et Birenga de la
préfecture de Kibungo), le MIRENGE (commune Sake et
Mugesera toujours en préfecture de Kibungo) et le MIGONGO
(actuelle conmune de Rukara et la sous-préfecture de
Rwamagana de la préfecture de Kibungo). Certains pensent
qu'à une certaine époque, même le Bugesera faisait partie
de ce royaume.

5) Le royaume des ABACYASA: leur
tambour royale
SI appelait
RUGARA. Leur royaume SI appel ai t le RUGARAet s' étendai t
sur
tous
les
environs
des
lacs
BULERA et
RUHONDO
(actuelles
communes de Ruhondo et Cyeru de Ruhengeri)
ainsi
que ceux de MUKUNGWA
et BASE (communes Kigombe,
Nyakinama
et
Nyamutera).
Ledit
royaume
s 1 étendait
également
sur une partie
de 11actuel
Ouganda.
Le plus
célébre
des
Bami des
ABACYABAs'appelait
NZIRA ya
MURAMlRA,
Mwami de RUGARA,renversé
par ruse par RUGANZU
NDOLIdéguisé en eYAMBARANTAMA.

6)

Le royaume des ABQNGERA:leur
tambour royal
s J appelait
KAMUHAGAMA.
Leur royaume slétendait
sur:
- le BUMBOGO (actuelles
communes Musasa,
Tare,
Rushashi de Kigali rural);
- le BURIZA
(actuelles
communes Mugambazi, Rutongo
et Shyorongi,
toujours
en préfecture
de Kigali rural);
- le BWANACYAMBWE
(actuelles
communes de Rubungo,
Kanombe, Nyarugenge et Bicumbi);
_ le BUGANZA (actuelles
communes de
Muhazi
en
préfecture
de Kibungo,
Gikomero en
préfecture
de Kigali rural
et Murambi
en préfecture
de Byumba), avant qulil
ne revienne aux ABAHINDIRO.

7)

Le royaume des ABABANDA:
leur
tambour royal
s' appelai t
NYABAHINDA. Leur territoire
s'appelait
le NDUGA, on
parlait
aussi de NDUGAélargi
au GISARI et KIBANDA(Nduga
ngari
ya Gisari
na Kibanda),
le GISARI se trouve
dans
l'actuelle
commune de Ntongwe, tandis
que le Kibanda se
trouve
à Mushubati
toutes
les deux de la préfecture
de
Gitarama.
Ainsi donc le Nduga élargi
comprennait
toute le
préfecture
de Gi tarama
à laquelle
il
faut
aj outer
les
communes de Nyabisindu,
Rusatira,
Mugusa, Shyanda, Muyira
et Ntyazo de la préfecture
de Butare.
A une certaine
époque, les ABABANDA
auraient
traversé
la
Nyabarongo pour se retrouver
dans le Muhima de KigaliVille,
et
dans
les
environs
de
RWANKERI {actuelle
préfecture
de Ruhengeri},
le KINGOGO(Gisenyi)
et le NDlZA
(Gitarama) .
On estimait
vers
1960,
gue les
ABABANDA
représentaient
un tiers
de toute
la population
de ces

8

KOt61t59

régions
ci-haut
citées.
Leur
plus
célébre
Mwami
s'appelai t MASHlRA wa NKUBA ya SABUGABO.
Après sa mort,
il fut introduit dans la divinité
lMANDWA pour
sa
célébrité.
8)

Le royaume des ABAUONDOGQ: leur tambouur royal s'appelait
RUKOMBAMAZI,
tandis
que
l'IMFIZI
y'ubwami
s'appelait
RUSHYA.
Tous les deux furent rasiés par les ABANYIGINYA
(du Rwanda de Gasabo) vers la fin du XVlllième siècle sous
le règne de MlBAMBWE III SENTABYO.
Ils régnèrent sur le
BUGESERA.
Les rois des ABAHONDOGO
sont actuellement
p1ut8t rares.

Les TUTSI, pasteurs, nomades et guerriers, dotés de grands
troupeaux de bovins, seraient arrivés sur la terre rwandaise
vers
le
XVlit'!me
siècle
venant
probablement
d'Egypte
ou
dlEthiopie.
Les membres du clan tutsi, pénêtrèrent par le
MUTARA, au Nord-Est du Rwanda, s'instalèrent à GASABO, dans
l'actuelle commune Gikomero de la préfecture de Kigali rural,
sur la rive Sud-Ouest du lac Muhazi avant d'étendre leur
influence sur toute la moitié orientale du pays contraignant
les Hutu de ces régions à se déplacer dans les montagnes de
l'Ouest.
Pour asseoir leur pouvoir sur les Bahutu, ils accaparèrent
leurs terres et établirent un contrat de métayage appelé
"UBUHAKEtl. Par ce contrat, le paysan Hutu devenait défendant
du seigneur Tutsi qui lui confie ses vaches, en échange d'une
redevance et, par l'IBIKINGI, institué au XVIllième siècle, il
pouvait travailler la terre, monopolisée par le pouvoir Tutsi,
dont il devenait le tenancier.
Ainsi, vers la fin du XVllliêrne sciècle, la quasi totalité
du sol rwandais était monopolisé par les Tutsi, à l'exception
des régions montagneuses du Nord-Ouest où ils pén~trèrent
tardivement et en petit nombre.
Paradoxalement, ce n1est pas en imposant leur propre
tradition que les Tutsi SI imposèrent mais en empruntant celle
des Hutu: conception de la monarchie, culte d' Imana et même
leur langue bantoue, le Kinyarwanda.
Comme l'écrit l'historien
A. PAGES: Uun fait est certain, Cl est que les Tutsi se sont
adaptés aux mêmes façons de vivre, de manger, de se vêtir et de
se loger que les Hutu... Même langue, même nourriture, même
costume, mêmes habitation.
Il n'est pas jusqu'aux costumes et
2
aux superstitions qui ne leur soient devenues communes ••• Les
rois hamites ont été jusqu'à emprunter aux princes autochtones
leur mode de sépulture et cérémonial en usage à cette occasion.
L'habi tude de dessécher le cadavre royal sur un foyer, le
meurtre
rituel
de
plusieurs
individus
pour
acccompagner
l'esprit du défunt dans l'au-delà, la création d'un bosquet sur
la tombe, etc. sont de provenance Hutu".
2

Pages 58, 59 et 60

'KP1?.li6n
~

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;

l..••

9

Très disparatres, ces petites monarchies Tutsi s'entredéchiraient ou se battaient perpétuellement pour conquérir les
monarchies Hutu. Jusqu 1 au milieu du XIXiême siècle, où le Mwami
Tutsi Kigeli RWABUGIRI (le6S-189S) entreprit de placer sous son
autorité suprême tout le Rwanda par une série de guerres pour
obtenir à la fois l'allégeance et la redevance fiscale de tous
ces royaumes Tutsi et Hutu jusque là balkanisés.
Néanmoins,
jusqu'à sa mort, il n'était pas parvenu à se rendre maître des
régions du Nord et du Sud-Ouest comme on le verra plus loin.
Aussi doit-on conclure sans ambages que le mode de
peuplement du Rwandaportait en son sein le germe de la lutte
perpétuelle que se livre Hutu et Tutsi pour le contrôle du
pouvoir.

r .2. A CHACUN SON VOLCAN: LE RWANDA

DE LA CONFÉRENCE
BERLIN DE 1884.

DE

Lors de la conférence de Berlin de 1884 qui aboutit au
partage de l'Afrique centrale et orientale et à l 1 attribution
de différents tronçons à certains pays européens, le Rwanda
avait été englobé dans ce qu'on appelait à l'époque l',A.friQ)J.e
orientale allemande.
Contrairement à l'opinion de certains historiens, l'Abbé
Alexis KAGAMAE affirme que le premier européen à avoir foulé le
sol du Rwanda ne serait pas le Comte Von GOTZEN mais le Docteur
Oscar BAUMAN; celui-ci aurait séjourné dans le Sud du Rwanda du
11 au 15 septembre 1872. Dans son livre, "Durch Massailand zur
:tUlçtUel1e (Berlin 1894, pp 83-86), il raconte ses impressions
sur le pays et la bataille qu'il livra à Nyaruteja, dans
l'actuelle commune de Kigembe sur la route du Burundi d'où il
était venu.
Mais c'est bien le Comte Von OOTZEN qui sera le premier
européen à traverser le Rwanda en 1894 et à être reçu par le
Mwami Kigeli IV RWABUGILI.
Il était venu, en fait, reconnaître
le territoire du protectorat allemand déjà délimité en 1890 par
un gouvernement installé par le Reich à Dar-Es-Salaam (actuelle
Tanzanie) .
A la veille de son découpage, lequel s'achève en 1910, le
district du Rwanda se présentait comme suit:
Le MUBALI, à l'Est, dans Il actuel Parc National de
1 1 Akagera, était une principauté indépendante à cause
de l'insalubrité de son climat.
Ce territoire ne
reviendra au Rwanda que dans les années 1924-1925.
A l'intérieur du Rwanda actuel, quatre territoires, à
savoir,
le BUSIGI, appelé également
le royaume
autonome
des
grands
pluviateurs,
le
BUMBOGO,

K.ot61161
10
territoire
de la milice Gakondol dont la prestation
était
la préparation
de l'"UmuganuraU ou prémices, le
BUSOZOet le BUKUNZIdans l'actuelle
préfecture
de
Cyangugul
deux
royaumes
autonomes
des
grands
pluviateurs,
ces
quatre
districts
n'étaient
pas
soumis à l'autorité
du monarque du Rwanda.
Deux territoires
situés
dans l'actuelle
province
du
Sud-Kivu
au Zaire
qui
étaient
à l'époque
des
principautés
du BUNYABUNGO
1
à savoir
le BUSIGI et
l 'ITAMBI entretenaient
avec la cour du Rwanda des
relations
d'amitié
et y présentaient
sporadiquement
ses présents.
Par contre le BUHUNDE
situé dans l'actuelle
province
du Nord-Kivu était un royaume tributaire
du Rwanda.
Le territoire
de KAYENZIfrontalier
avec le BUHUNDE
ci-dessus 1 qui va du nord du lac Kivu au lac Edouard
dit Rwicanzige en Kinyarwanda, territoire
du Rwanda
d'alors
fut rattaché
au Congo Belge par le traité
de
Berlin
de 1884, alors
que les territoires
rwandais
d'alors
de MABUNGO
et
GATSIBO qui
formaient
le
BUFUMBlRA
et se trouvent
respecti vernent au Nord et
Nord-Est du Rwanda actuel,
frontalier
à l'époque avec
le territoire
de BUMPAKA
sur la rive droite
du lac
Edouard 1 IGARAet NKOLE1ces deux territoires
furent
rattachés
par ledit traité
à l'actuel
OUganda.
Les informations
concordantes
nous apprennent
que le
découpage pour ne pas dire le saucissonnage
du Rwanda aurait
été réalisé
d'après
un principe
simple selon lequel
Allemands
Belges et Anglais devaient,
chacun en ce qui le concerne 1 avoir
sa part de volcans,
appelés à l'époque,
"montagnes de feU" qui
se trouvaient
tous à l'intérieur
du territoire
du Rwanda.
Ce
découpage a été réalisé
au mépris des peuples qui habitaient
lesdits
territoires.
1

autres

Les conflits
actuels
dans la sous-région
origines
ce découpage du Rwanda ancien.
I.3.

auraient

entre

LA COLONISATION ALLEMANDE (1899-1916)

Comme il a été signalé
pl us haut,
Cl est
au Congrès de
Berlin
de 1884-1885 que ItEurope
se partage
l'Afrique,
le
Rwanda revenait
à l'époque
à l'Afrique
orientale
allemande
(Deutsche ostafrica).
On se rappelera
également que Cl est en
1894 que le Comte Von GÔTZEN
sera le premier européen à être
reçu par le MwamiKigeli IV RWABUGIRI
à Kageyo, dans l'actuelle
communeRamba de la préfecture
de Gisenyil
même si selon toute
vraisemblance 1 il ne fut pas le premier européen à fouler
le
sol du Rwanda.
Le Comte Von GÔTZENtraversa

l 1 Akagera

à

la

hauteur

de

'l ~
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! t)

11
Rusumo, le 04 mai 1894.
Il était à la tête d'un corps
expéditionnaire de telle sorte qu'en 1897, l'occupation du
Rwanda par des troupes allemandes était effective et ne suscita
d'ailleurs pas de réaction violente de la part du roi MUSINGA,
qui avait pris le pouvoir par le coup d'État, évinçant le jeune
roi Mibambwe RUTALINDWA, successeur de RWABUGILI, à la mort de
ce dernier en 1895.
Dès 1899, le découpage administratif du
prétectorat allemand fut modifié et une petite région du
Rwanda-Burundi prit place dans le grand ensemble TanganyikaKivu.
A l'arrivée des colons allemands, le Rwanda était sous
l'autorité du roi Tutsi qui régnait en maître absolu et
exerçait son pouvoir par l'intermédiaire des chefs militaires
et politiques
tous exclusivement Tutsi.
Cette situation
injuste au vu des proportions ethniques fut amplifiée par
l'autorité coloniale
allemande.
En effet,
les allemands
aidèrent le roi à réduire les derniers résistants Hutu du Nord
et de l'Est du pays:
En 1902, les militaires allemands aidèrent Musinga à
l'indépendance
du
combattre RUKURA qui réclamait
les
missionnaires
Gisaka
soutenu
en
cela
par
catholiques de ZAZA.
En 1908-1909, il y a eu une expédition contre BASEBYA
qui s'était rebellé dans la région de Ruhengeri.
En 1910, les allemands ont attaqué le Murera pour
venger la mort du Père LOUPIAS assassiné par le nommé
MANUKA le 01 avril 1910.
En 1911-1912, le Lieutenant GUDOVINS dit Bwana LAZlMA
et le chef Tutsi RWUBUSISI ont attaqué NDUNGUTSE qui
s'était rebellé dans les régions de Ruhengeri.
Il est donc faux d'affirmer que le problème Hutu-Tutsi
serait l'oeuvre des colons, mais comme l'écrivait, le Docteur
Richard !CANOT qui fût le premier Résident du Rwanda, les Hutu
se
plaignaient
déjà
à
l'époque
de
l'injustice
qu'ils
subissaient de la part des Tutsi.
Le Docteur Richard KANDT
trouvait que les Hutu, en tant que peuple majoritaire, devaient
régler eux-même ce problème au lieu de se complaire dans les
lamentations.
Le capitaine allemand, BETHE, affirmait quant à
lui, que même si les indices d'injustice à l'encontre des Hutu
existaient, les Allemands n'avaient pas d'autres choix que de
s'appuyer sur l'autorité des Tutsi dans la mesure où le nombre
d allemands présents au Rwanda était réduit par rapport à la
population
autochtone et que par conséquent pour pouvoir
gouverner ils étaient obligés de recourir au pouvoir existant.
J

C'est cette politique qui a amené les Allemends à soutenir
l'autorité du monarque et des chefs Tutsi dans le cadre du
prétectorat qui passe par l'administration
indirecte.
Les
Allemands étaient donc résolus à soutenir le pouvoir des Tutsi

12
notamment p~r ~a neutralisation des derniers territoires non
encore aouma s a leur autorité et la mise à mort de leurs
leaders tels que BASEBYA, NDUNGUTSE et RUKARA.

r .4.

'.-

LA QUESTION ETHNIQUE
BELGE (1916-1962)

SOOS

LE

'MANDAT

ET

LA

TUTELLE

Lorsque la guerre mondiale éclata et que les allemands
ouvrirent les hostilités contre le congo Belge en occupant
l'île Idjwi, Yuhi V MUSINGA fut sollicité pour fournir les
combattants et accorda un contingent composé des membres de la
garde royale qui furent dirigés au front de Gisenyi au Bugoyi.
Les Allemands recrutèrent d'autres combattants qui furent
postés à Gatsibo.
Le front de Gisenyi se tint sur les positions tout le
temps que les Belges secondaient les Français dans la conquête
du caméroun (1914-1915), tout en préparant l'offencive contre
l'Afrique orientale allemande.
Lorsque tout fut prêt, le
commandant
en chef Belge,
le Général
TOMBEUR,
déclencha
l'offensive le 14 avril 1916.
Au Sud du lac Kivu, le Colonel
OLSEN, après s'être emparé de l'île NKOMBO, occupa CYANGUGU et
s'avança dans la direction de Kigali. Sur le front de Gisenyi,
le Colonel MOLITOR, laissant sur place une partie de sa
brigade, contourna les volcans par l'Ouganda et descendit par
Gatsibo en se dirigeant vers Kigali.
Ayant basculé le camp
allemand de Gatsibo, il atteignit la pointe occidentale du lac
Muhazi le 30 avril et occupa Kigali le 06 mai 1916.
Entre-temps, le Commandant du front allemand, le Capitaine
WINTGENS, dit Bwana TEMBASI, avait vu l'encerclement qui le
menaçait et décrocha de Gisenyi, talonné par les troupes
congolaises que le Colonel MOLITOR avait laissées sur place.
WINTGENS qui se dirigeait rapidement vers le Tanganyika, laissa
au roi un drapeau blanc qu'il devait faire hisser dès que les
Belges arriveraient en face de Nyanza, lui assurant que par ce
moyen sa cpitale ne sera pas bombardée.
Les Belges venaient ainsi d'occuper le Rwanda.
Le traité
de Versailles de 1919 vit l'Allemagne obligée de renoncer
officiellement à toutes ses anciennes colonies et la Société
des Nations, nouvellement créée, plaça le Rwanda et le Burundi
sous le mandat de la Belgique en 1923, malgré l'opposition de
la Grande Bretagne également intéressée par ces territoires.
Comme quoi l'histoire ne serait effictivement quun
éternel
recommencement.
Hier, la Grande Bretagne s'intéressait à ces
deux territoires du Rwanda et du Burundi, aujourd'hui son
intérêt pour les deux petits bouts de terres est plus évident
si l'on croit aux rapports des experts à ce sujet3•
Depuis

leur pénétration

au Rwanda

en 1916 jusqu'en

3Voir la Revue lIExecutive Intelligencell

1931,

64

1[\'(\1;.,t
\) t tj 1

,

13
les Belges ont fortement limité le pouvoir du roi pour asseoir
leur propre autorité.
Ainsi en 1917, le Mwami perdit le droit
de glaive sur ses sujets qui obtinrent en même temps la liberté
de culte dans la mesure où les nouveaux colons se rendaient
compte que le roi MUSINGA leur interdisaient de se convertir au
christianisme.
En 1922, il fut retiré au roi le pouvoir d'être
seul juge
suprême puisg' il devrait être secondé dans cette
fonction par un représeentant de l'administration belge.
En
1923, il lui fut interdit de révoquer à volonté les chefs et
autres notables dont les commandements relevaient de la cour.
Enfin, en 1931, le 12 novembre, le roi Yuhi V MUSINGA fut
déposé et exilé à Kamembe dans l'actuelle
préfecture de
Cyangugu.
La caravane en compagnie de sa mère KANJOGERA et de
ses femmes, quittq Nyanza le 14 du même mois.
Pendant que les Belges affaiblissaient l'autorité du roi,
les pouvoirs des chefs et autres notables
se trouvaient
agrandis notamment par la suppression des trois hiérarchies, à
savoir
l'armée
(Ubutware
bw' ingabo) ,
le
sol
(Ubutware
bw'ubutaka) et les pâturage
(Ubutware bw'Umukenke) et leur
concentration dans les mains d'un seul homme, suivi parfois par
1 r agrandissement des territoires à administrer.
De même, le
remplacement de la corvée obligatoire par un paiement en argent
eut comme effet le durcissement de l'Ubuhake au lieu dlen
réduire les méfaits.
On l'a vu plus haut, la colonisation belge n'a certes
pas créé le problème Hutu-Tutsi comme certains le prétendent,
mais elle l'a accentué.
En effet en 1922, le Ministre belge
des colonies, Monsieur Louis FRANCK, a ordonné que la politique
à suivre au Rwanda et au Burundi serait l'administration
indirecte du territoire s'appuyant sur Il autorité coutumière
Tutsi.
Monseigneur
CLASSE,
premier
évêque
du vicariat
apostolique du Rwanda depuis 1922, a décrêté en 1928 que les
enfants des Tutsi seraient reçus dans les écoles dirigées par
les missionnaires puisque d'après lui, les Tutsi sont nés pour
gouverner.
Etant donné que ces jeunes gens allaient bientôt
remplacer
leurs pères dans les divers
commandements,
ils
allaient déclencher un mouvement de conversions qui ferait
boule de neige.
Ainsi dès 1907, les Allemands avaient ouvert à Nyanza une
école des fils des chefs
laquelle devait fournir au pays les
dirigeants sachant lire et écrire, et parlant le Swahili, la
langue officielle de l'Afrique orientale allemande.
En 1919,
le Mwami MUSINGA fut contraint par les occupants militaires
belges d'envoyer ses propres fils dans cette école dont son
successeur, le jeune RUDAHIGWA, qui avait alors environ 8 ans.
Dans les années 1920-1923, l'administration
coloniale
belge
fonda
de
nouvelles
écoles
officielles
à
Kigali,
Ruhengeri, Gatsibo, Cyangugu et Rukira gui devait mettre au
service des autorités belges des clercs de toutes catégories.
Immédiatement leurs pères respectifs, chefs et sous-chefs,

r

14
adoptèrent une politique dite de sagesse que l'administration
partiellement
inaugurée:
ils
se
démirent
belge
avait
successivement et firent nommer leurs fils à la tête de leurs
Ils estimaient que les jeunes gens, sachant
commandements.
lire et parlant couramment le Swahili, langue officielle de
l'administration pouvaient avantageusement traiter avec les
blancs.
En plus de ces écoles officielles,
les jeunes Tutsi
recevaient
les
instructions
eppropxa.eee
dans
les
écoles
confessionnelles telles qu'à Save, Kansi ou Kigali, suivant en
cela les recommandations de Monseigneur CLASSE.
Le
Groupe
scolaire
d'Astrida
(actuellement
Butare) r
complexe scolaire dirigé par les frères de la Charité dont la
maison-mère se trouve à Gent en Belgique, était une école libre
subsidiée par Il État qui, par conséquent, avait un droit de
regard sur son administration.
Certaines sections de cette
école, telle que les sections administratives, vétérinaires,
etc., étaient presque exclusivement réservées aux jeunes Tutsi.
Les chiffres qui suivent sont assez révélateurs de la
discrimination qui était pratiquée dans cette école.
Depuis
1932, à l'ouverture de cette école jusqu'à l'idépendance, les
rwandais qui l'ont fréquenté se répartissent comme suit: 295
Hutu soit 13 %, 850 Tutsi soit 81.5%, 120 autres rwandais sans
mention ethnique soit 5.5% en total 1265 rwandais soit 56 % ont
fréquenté cette école.
Le reste soient 985 élèves qui
représentent 44% étaient constitués des Burunadais
et des
congolais (actuel Zaire).
Le Rwandais qui sortaient de cette
écoles
étaient
directement
embauchés
par
l'administration
coloniale.
Ainsi donc il était normal qu'on ne retrouve que seuls les
Tutsi au sein de cette administration.
Par ailleurs, les
Belges entreprirent un vaste programme de Ututsisation" des
royaumes jusque là contrôlés par les Hutu au Nord et au SudOuest du Rwanda actuel. C'est dans cette optique qu'en 1925 le
Tutsi NYANGEZ! fut nommé chef du BUSHIRU et du BWANAMUKARI avec
le concours des pères Blancs de Rambura pendant qu'on limogeait
les Bami NYAMAKWA et RUKABURACYUMA respectivement du BUSHIRU et
de BWANAMUKARI.
A Ruhengeri, l'Administrateur BORGERS dit SONGALONGO, a
pris une part active dans l'éviction des Bami de BUHOMABUHANGA, RWANKERI, MURERA, KIBARI, BUKONYA au profit des chefs
Tutsi.
Au Bumbogo, le très célébre Mwami NYAMURASA
par les Belges en 1928.

fut destitué

Au Busigi, dans l'actuelle préfecture
Belges ont déposé le dernier monarque en 1924.

Byumba,

Le chef RWAGATARAKA fut nommé en 1925

de

les

pour administrer le

K1\

n t n 1 ;, 6 (J
"" 1 "

15

BUKUNZI et le BUSOZO en préfecture de Cyangugu.
L'on doit donc cqnstater que loin d'atténuer les clivages
entre Hutu et Tutsi, l'administration coloniale belge les a
son
système
scolaire
administratif
et
exacerbés
par
confessionnel.
I. 5. LA RÉVOLUTION RWANDAISE TANT CONTROVERSÉE
I.5.1.

Les germes de la révolution

En 1957, les Hutu qui prenaient conscience de leur nombre
et des exactions commises par les chefs Tutsi commencèrent à
faire des réclamations pour améliorer leurs conditions.
La
résistance opposée à ces revendications par les détenteurs du
pouvoir provoqua un soulèvement des Hutu opprimés qui allait
conduire à une guerre civile en 1959.
Le bouleversement
des
institutions traditionnelles fut suivi par la fuite de certains
dignitaires du régime déchu et de leurs sponsors qui n'étaient
pas d'accord avec ces changements.
Au constat de la profondeur des changements opérés dans le
système administratif du pays, ce mouvement fut perçu comme une
révolution sociale par la majorité des historiens.
Certains
nostalgiques de l'ordre ancien continuent pourtant de contester
cette révolution qu'ils qualifient de massacres dirigés contre
la race Tutsi.
Faut-il rappeler qu'avant 1953, aucun Hutu n'était à la
tête d'une chefferie.
En 1959, sur 45 chefs, 43 revenaient aux
Tutsi, les deux qui restaient n'ayant tout simplement pas de
titulaires, tandis que sur 559 sous-chefferies, 549 étaient
administrés par les Tutsi.
Dès l'occupation du Rwanda par les colons belges, ceux-ci
se sont appuyés
sur l'autorité
autochtone
Tutsi
et ont
entrepris un ambitieux programme de développement
de leur
nouvelle conquête par le tracé des routes, la lutte antiérosive,
la
lutte
contre
la
famine
avec
notamment
l'introduction de la culture obligatoire du manioc, etc. C'est
tout ce programme qui se traduisait par les travaux forcés que
les Rwandais ont baptisés à l'époque IlAKAZ rIl dont le non
accomplissement était sanctionné par la chicotte communément
appelé IIUmunani11 signifiant huit en Kinyarwanda, chiffre qui
était l'unité de mesure pour chaque punition du genre.
Chaque chef était coté en fonction de la longueur de
fossés anti-érosifs
creusés, de la superficie
de manioc
labourée, du nombre dleucalyptus plantés et de Kilomètres de
routes tracés.
Il devait donc faire travailler "ses" Hutu jour
et nuit pour ne pas prendre le risque de mettre en danger son
poste.

K0161167
16

Jusqu 1 au 17 Novembre
1944,
tous
ces auxiliaires
de
l'administration coloniale belge n'étaient pas salariés, raison
pour laquelle tout Hutu était astreint à une corvée de 107
jours de travail par an au profit du chef, sauf qu1il pouvait
remplacer cette corvée par le paiement en argent.
A part ce travail obligatoire, les Hutu devaient à leur
chef d'autres présents sans oublier l'impôt obligatoire à
l'administration
coloniale belge équivalant
à environ 110
journées de travail par an, soit entre 2 ou 3 jours de travail
par semaine.
C'est le poids de toute cette corvée qui est à l'origine
de l'exode massif des Hutu vers les pays
étrangers, en
particulier vers l'Ouganda, le Congo belge d'alors
(actuel
Zaire) et le Tanganyika (actuelle Tanzanie).
Les estimations
fiables en 1959 font état de 75% de jeunes Hutu qui étaient
exilés dans ces conditions soit pour échapper à cette corvée
obligatoire de travail, soit à la recherche de l'impôt à payer
4
aux. colons belges.
Comme l'écrit Monseigneur Alexis KAGAME ,
11
cet exode devint dramatique dans certaines zones du pays, où
les jeunes filles durent elles-mêmes émigrer parce qu'elles ne
pouvaient plus se marier, tellement lesdites zones étaient
vidées de leurs jeunes gens. Il
A partir de 1948, l'O.N.U., en vertu de l'Accord de
Tutelle, approuvée par l'Assemblée Générale de l'O.N.U. le 13
Décembre 1946 et ratifié plus tard par le Parlement belge par
la loi du
25
avril
1949; ordonna
aux
Belges
qui
la
représentaient au Rwanda, d'abolir la chicotte et la corvée,
d'augmenter
les
écoles,
de
s'occuper
plus
ardemment
du
développement économique et social du Rwanda et même d'initier
petit à petit les Rwandais aux idées démocratiques tout en les
préparant à recouvrer leur indépendance.
Tout ce programme
était contenu dans le plan décennal pour le développement
économique du Rwanda-Burundi signé le 17 Avril 1952.
Ainsi, la
corvée fut abolie en 1949, la chicotte devait être supprimée en
1951 tandis que l'Ubuhake ou contrat de servage ne sera aboli
difficilement qu'en 1954.
Dans l'entre temps, était née une certaine élite Hutu
composée essentiellement d'anciens séminaristes, d'instituteurs
de commerçants, de maçons, de menuisiers et d'autres petits
métiers. Cette jeune élite ne pouvait plus tolérer l'injustice
que représentait le pouvoir colonial et la Monarchie Tutsi.
En 1953 et en 1956, comme le prévoyait le plan décennal
supra-cité,
eurent
lieu
les
élections
aux
niveaux
des
chefferies et des sous-chefferies et quelques Hutus purent être
4

Alexis KAGAME, Un Abrégé de l'histoire du Rwanda, de 1853
à

1972, Tome II

Éditions
p206.

Universitaires

du

Rwanda,

Butare,

1975,

K016i168
17

élus aux échelons inférieurs mais pas aux niveaux supérieurs à
cause de multiples irrégularités et anomalies déjà décriées par
la nouvelle élite Hutu. Â ce propos, Monseigneur Alexis KAGAME
écritS, ce décret (celui du 14 juillet 1952 qui instituait ces
élections) créait des conseils, dont les membres étaient en
apparence élus: Un conseil de sous-chefferie, un conseil de
chefferie, un conseil de territoire et un conseil supérieur du
pays.
Le document décrétait qu'à la base - à 11échelon souschefferie, étaient électeurs les notables dont la liste serait
dressée par les sous-chefs et approuvée par l'administrateur de
territoire.
On voit que ces notables seront en principe les
hommes du sous-chef et en majorité Tutsi.
Aucun opposant du
sous-chef ne figurera en conséquence sur la fameuse liste. Ces
électeurs devaient choisir le conseil de sous -chefferie, un
conseiller par tranche de 500 habitants et le Président était
d'office le sous-chef.
Une fois constitué, le Conseil de la
sous-chefferie devait choisir parmi ses membres des délégués
qui iront désigner le Conseil de chefferie.
Tous les Souschefs étaient membres de ce dernier en face d'un nombre égal
dfélus privés et le Président était le Chef de la chefferie.
Le conseil de la sous-chefferie déléguait en son tour
parmi ses membres un nombre égal de sous-chefs et de
conseillers privés qui allaient élire le conseil du territoire.
À ces échelons, les chefs de chefferies sont d'office membre
et c'était parmi eux que le conseil constitué devait élire son
Président.
Le Conseil supérieur du pays se composait des membres élus
par les différents conseils du territoire, de 6 chefs élus par
leurs pairs et de cooptés représentants certaines catégories
d'extra-coutumiers.
En étaient membres d'office les présidents
des conseils de territoires (les chefs y jouissaient donc d'une
majorité absolue) et le Roi en personne en assumant la
Présidence.
Ayant découvert tous les contours de cette supercherie
d'agencements
d'échelon
destinés
à
serv1r
de
paravent
d'élections où il n'y a qu'un seul et unique électeur, le BOUSchef, l'élite Hutu s'insurgea contre ces élections truquées et
dès 1954 ils dirent haut et fort dans tous les journaux pour
réclamer leur Ildroit".
1.5.2.

lies préparatifs

 cette époque, Grégoire KAYIBANDA qui était rédacteur en
chef du "KINYAMATEKA'I mais aussi rédacteur dans "L'AMI1I et
Aloys MUNYANGAJU rédacteur dans "Les temps nouveaux d'Afrique"

SAlexis KAGAME op. cit. pp 224-225.

18
ont
donné
aux
Hutu
l'occasion
de
faire
valoir
leur
revendications et de montrer à la face du monde les injustices
dont étaient victimes les Hutu.
À la même époque, sans certainement s'en rendre compte,
les européens avaient largement contribué à semer les idées
d'indépendance par la propagande qu'ils amplifiaient contre
l'occupation de leur mère patrie par les NAZI en jugeant
immoral qu 1 une nation imposât son autorité à une autre. Les
résultats de la consultation populaire du 30 septembre 1956
démontrèrent
clairement
combien le système
installé était
foncièrement injuste envers la majorité Hutu. Sur les 650l Hutu
(66,72%) et 3223
(33,08%) Tutsi élus à l'échelon
souschefferie, en passant par une proportion déjà anormale aux
échelons de chefferie et territoire, on aboutissait à un
conseil supérieur du pays composé d'un seul Hutu et de 31
Tutsi.

Depuis, au Rwanda, les esprits se surchauffèrent tant des
Hutu que des Tutsi.
Les Hutu souhaitaient la libération du
menu peuple avant l'indépendance, tandis que de leur côté, les
Tutsi
entendaient
réclamer
l'indépendance
immédiate
sans
toucher à l'institution
monarchique
qui devait,
cependant
d'après certains d'entre eux, se moderniser en devenant une
monarchie constitutionnelle.
A ce moment les partis politiques n'étant pas autorisés,
certains leaders Hutu parvinrent à créer des associations
destinées à sensibiliser la masse Hutu sur les injustices
politiques, sociales et économiques dont elle faisait l'objet.
Ainsi le 19 mars 1955 fut créé une association dénommée
"Mouvement Democratique Progressiste", l'année suivante, une
autre organisation dite "Association des éleveurs du Rwanda" ou
A.S.S.E.R.U. vit également le jour 1 toutes les deux étant
créées à l'initiative des Tutsi.
En juin 1957, Grégoire
KAYIBANDA fonda à son tour le nMouvement Social Hutu" pendant
que Joseph HABYARlMANA GITERA créait le 01 novembre 1957
l' "Association
pour
la
Promotion
Sociale
de
la
Massell
(APROSOMA). C'est de ces associations que naîtront les futurs
partis politiques sur une basse nettement ethnique.
Le problème ethnique s'est exacerbé à telle enseigne que
le 24 mars 1957, 9 Hutu, dont Grégoire KAYlBANDA, Joseph
HABYARlMANA GITERA, Maximilien NIYONZlMA signèrent une note sur
l'aspect social du problème racial indigène au Rwanda, document
qui sera plus communément connu sous le sigle de "Manifeste des
Sahutu" par lequel les auteurs protestaient contre le monopole
des Tutsi dans les domaines politique, économique et social.
Tout ce bouillennement d'idées amena le roi Mutara III
RUDAHIGWA à convoquer le 30 mars 1958, une commission spéciale
des relations sociales au Rwanda, composée par moitié de Hutu
et de Tutsi, dont le rapport devait figurer à l'ordre du jour
du Conseil Supérieur du pays du 09 au 12 juin 1958, lequel

KOl61i70

19
conclut ses travaux
problème racial.

par

une déclaration

niant

11existence

du

Bien avant l'étude
de ce rapport étaient
sortis,
à Nyanza,
la capitale
royale,
deux tracts
respectivement
le 17 et le 18
mai 1958, rédigés
selon toute
vraisemblance
par les mêmes'
individus qui se réclamaient de la Cour royale,
ces deux tracts
affirmaient
qu 1 il n'existe
aucune relation
entre
les Hutu et
les Tutsi mais que par contre,
les Tutsi,
à leur arrivée
au
Rwanda, ont vaincu les Hutu et ont castré
leurs
rois et que
Kalinga portent
leurs
ibishwamo.
Depuis lors
les Hutu sont
devenus leurs valets
et que tout cela démontre à qui veut le
voir qulils ne sont pas du tout des frères.
Au mois d'avril
1959 est sorti
un tract
des "Sauveurs du
RwandaIl
(Abatabazi
b 1 U Rwanda) où les
Tutsi
de Nyanza
affirmaient
que quiconque combattra Kalinga et la monarchie
sera traité
commeun traitre
et pendu à la place publique.
Pourtant
à la
même époque,
Jean
Paul HARROY,alors
gouverneur du Rwanda-Burundi, affirma qu'il existe
bel et bien
un problème ethnique au Rwanda, propos qui sera relayé le 11
février
1959 par Monseigneur André PERRAUDIN
dans son message
pastoral
à ses oilles
du vicariat
apostolique
de Kabgayi à
l'occasion
du carême de cette année 1959.
Cormneon lia
signalé
plus haut,
c'est
des associations
créées dès les années 1955 que sont nés les partis
politiques
autorisés
en 1959 en vue des premières
élections
générales
initialement
prévues à la fin de cette mêmeannée.
LI association
créée par Joseph HABYARlMANA
GITERA, le Dl
novembre 1957 se transforma en parti
politique
le 15 février
1959 sous la mêmedénomination d,uAssociation
pour la Promotion
Sociale de la Masse" : APROSOMA.Celle-ci
fut la première à
combattre ouvertement la monarchie Tutsi de telle
sorte
que
tout opposant se faisait
traité
d J APROSOMA. Ce parti
était
solidement
implanté
dans
les
territoires
d'Astrida
(actuellement
préfecture
de
Butare)
et
Shangugu
(actuel
Cyangugu).

Le
03
septembre
1959 naissait
l' "Union
Nationale
RwandaiseIl {U.N.A.R.), émanation de l'Association
des Éleveurs
du Rwanda"
{ASSERU)
dont on a déjà parlé.
Son objectif
était
de réclamer
l'indépendance
immédiatement et de servir
de support
à la
monarchie.
Selon ce parti
politique,
ce sont les colons qui
ont introduit
au Rwanda la distinction
Hutu-Tutsi et qui ont
ainsi
introduit
le
clivage
ethnique
entre
Rwandais;
son
président était
un Hutu du nom de François RUKEBA.
L'ancien
Il Mouvement
Démocratique
Progressiste Il
se
transforma en uRassemblement Démocratique Rwandais" {R.A.D.E.R)
présidé par Prosper BWANAKWERI.
Le RADERétait
un parti
des
Tutsi intellectuels
issus de l'administration
coloniale
et donc

KDl6i17t
20
objectif
était
de
soutenus par
les colons
belges,
son
promouvoir la culture démocratique basée sur la coexistence
dans le respect mutuel entre les ethnies.
Grégoire KAYlBANDA créa le PARMEHUTU, Il Parti du Mouvement
de l'Émancipation HUTUII, le 18 octobre 1959 sur les cendres de
l'ancien
"Mouvement
Social Muhutu Il •
Le PARMEHUTU
avait
l'objectif de libérer le menu peuple avant l'indépendance.
C'est le 08 mai 1960 que le parti prendre le nom du "Mouvement
Démocratique Républicain PARMEHUTUII (M.D.R.-PARMEHUTU) .
Lors
du congrès extraordinaire de ce parti le 06 juin 1960, il s'est
engagé à lutter pour l'avénement de la République au Rwanda
alors
que
jusque

il
soutenai t
la
monarchie
mais
constitutionnelle.
Le 13 juin 1958, le roi Mutara III RUDAHIGWA s'est rendu à
Bruxelles en Belgique à l'Exposition Coloniale de l'Afrique
Belge.
A son retour, le roi avait l'intention de créer un
nouveau parti politique qu 1 il appelerait " IMBAGA Y' INYABU'I'ATU
JYA MBERE". Ce parti politique devait avoir comme président un
Hutu du nom de Côme REBERO, alors joséphite.
Dans
l'entre-temps,
le monarque
devait
se rendre à
Bujumbura le 23 juillet 1959 sur l'invitation dont personne n'a
jusqu'à présent pu préciser de qui elle émanait.
Le roi
devait, selon son programme, rentrer à Nyanza dans la matinée
du 25 du même mois, mais il envoya un télégramme pour annoncer
qu'il ne serait là que dimanche le 26. Il Y avait ces jours là
à Bujumbura des Sénégalais qui tenaient à le rencontrer et
certains pensent que ce
fut peut-être la raison pour laquelle
il avait modifié la date du retour à Nyanza.
Il les a
rencontrés à l'Hôtel
PAGUIDAS où il les laissa pour se rendre
chez son médecin traitant, un certain Julien VYNCKE.
Celui-ci
lui aurait, d'après plusieurs sources concordantes, administré
un antibiotique d t uaaqe courant et décéda peu de temps après,
c'était le 25 juillet 1959 vers 13 heures.
Les circonstances de la mort du roi
RUDAHIGWA ne furent
jamais élucidées, mais ses proches se sont empressés d'accuser
l'administration coloniale belge, le Vicaire Apostolique de
Kabgayi d'alors, Monseigneur André perraudin ou même les Hutu
d'être à l'origine de cette disparition.
Trois jours seulement après, c'est-à-dire le 28 juillet
1959, après
les cérémonies
religieuses
des
obsèques,
en
présence du Vice-Gouverneur général, Jean Paul HARROY qui
prononça l'éloge funèbre, les monarchistes avec à leur tête les
chefs
Michel KAYlHURA et Alexandre KAYUMBA et le sous-chefs
François RUKEBA, proclamèrent
le nom du nouveau
roi qui
s'appelera Kigeri V NDAHINDURWA,
dont
le règne ne sera
qu'éphémère, puisque, parti le 25 juin à Léopoldville pour
assister aux cérémonies d'indépendance du Congo (actuel Zaïre),
il ne reviendra plus sur son trône au Rwanda.
Il vit
actuellement en exil même après la victoire du F.P.R.

21
I.5.3.

La

K,0161172

révolution prQP~ement dite

Vers la fin de l'année 1960, la faction des ultra
monarchistes de l'U.N.A.R commemnce à s 'attaquer à tous les
Hutu qui SI étaient manifestés dans les partis opposés à la
monarchie.
Ainsi le 01 novembre 1959, revenant d'une messe à
Byimana, des jeunes uunaristes se sont attaqués au sous-chef
du NDlZA, Monsieur Dominique MBONYUMUTWA, membre influent du
parti l?ARMEHUTU. La nouvelle siest très vite répendue un peu
partout au Rwanda que les Tutsi ont attenté à la vie du souachef MBONYUMUTWA et ainai éclatèrent ce que certains appeleront
les troubles et que d'autres qualifieront de révolution.
Des
maisons furent détruites, des hommes, des femmes et des enfants
furent chassés de leurs logis, certains trouvèrent refuge dans
les missions, il y eut même des morts.
ll

Le Mwami et ses proches préparent leur vangeance contre
les Hutu. Ainsi furent assassinés les nommés POLE POLE MUKWIYE,
membre influent de llAPROSOMA au Bufundu dans l'actuelle
préfecture de Gikongoro, KANYARUKA, frère de Joseph HABYARlMANA
GITERA à Save, SINDIBONA à Kabagari dans la préfecture de
Gitarama, SECYUGU à Nyanza dans l'actuelle préfecture de
Butare. La guerre devint totale entre les Hutu et les Tutsi.
Pour ramener l'ordre dans le pays, le 09 novembre 1959, le
Vice-Gouverneur général et Kigeri V NDAHINDURWA
signèrent
ensemble un document plaçant le Rwanda sous le régime militaire
avec unique commandant de l'action des forces de 11ordre, le
Colonel B.E.M. LOGIEST qui fut nommé à cet effet Résident
militaire.
Les mesures furent prises à l'encontre de 11UNAR,
jugé responsable des troubles de la Tout Saint. Le Rwanda fut
placé sous le régime intérimairej toutes les chefferies et les
sous-chefferies ont été distribuées aux membres des partis
APROSOMA, PARMEHUTU et RADER.
TouS les membres de l'UNAR qui
détenaient presque toutes les places furent balayés.
La
plupart d'entre eux seront emprisonnés à l'instar de Monsieur
François RUKEBA qui écope une peine de 6 ans de servitude
pénale le 22 février 1960.
Les autres leaders de l'UNAR
passeront à l'étranger, dans ce qu'on appelait
n Afrique
Britaniquell et seront condamnés par coutumance.
Ainsi étaient posés par le Révolution Sociale de novembre
1959, les j alona du futur Rwanda républicain et démocratique
sur fonds de la lutte de pouvoir entre Tutsi qui souhaitaient
le garder et Hutu qui veulent le conquérir.

K0f6i173
II.

CROIX

DU

PEUPLE

=

CHOIX
DE DIEU:

LA FIN

DB LA

MONARCHIE
Comme l'écrit Monsieur Joseph HABYARlMANA GITERA dans son
protocole de réconciliation nationale entre les Rwandais déjà
cité, lien 1958, sous le Mwami Mutara III RUDAHIGWA à la tête
d'une délégation de Hutu, pionnier du Mouvement Social Hutu que
j 1 avais 11 honneur de conduire, nous nous présentâmes devant le
Mwami et son Conseil supérieur du pays, Tutsi tous, sauf deux,
pour
réclamer
notre
part
porport ionne 1le
au patrimoine
nationale ainsi que la Réconciliation Nationale entre les Tutsi
et les Hutu; RUDAHIGWA, Mwami révolutionnaire et démocratique
dont la devise était: "Imbaga y' inyabutatu jya mbe re" et son
entourage ébahis et furieux nous déclarent: Il Il n 'y a pas de
problème Hutu-Tutsi au Rwanda; car, il n'y a pas de fraternité
entre les Hutu et les Tutsi au Rwanda, ils n'ont rien de commun
sinon domination et servage."ll
Ainsi donc était posée en des termes on ne peut plus
claires la question de lutte pour le pouvoir entre les Hutu et
les Tutsi, laquelle a abouti comme on l'a vu précédemment à la
révolution sociale de 1959. Celle-ci ayant elle même entraîné
de changements très importants dans la gestion du pouvoir qui
revint
de fait à la majorité Hutu qui, hier encore en était
écartée.
Mais dans sa déclaration gouvernementale du 10
novembre 1959, la Belgique n'entendait pas se laisser dépassser
par les événements et voulut reprendre l'initiative pour la
bonne marche du pays.
C'est ainsi que d'après cette
déclaration,
les sous-chefferies
agrandies
deviennent
des
communes et qui étaient les seules entités politiques en
dessous du pays tandis que les chefferies devenaient des
entités purement administratives et non point politiques.
Le
Mwami et son Conseil Supérieur du pays devaient quant à eux
exercer
le
pouvoir
législatif
qui
devait
leur
être
progressivement attribué.
Comme vu plus haut, à cette époque, le Rwanda était placé
sous le régime intérimaire et l'UNAR venait d'être exclu de la
gouvernance du pays tandis que les élections communales étaient
programmées.
II.l.LES ÉLECTIONS COMMUNALES DE JUIN-JUILLET 1960
Étant donné les événements survenus au Rwanda et l'état
d'exception qui limitait les mouvements, l'UNAR réclamait que
ces élections soient reculées d'au moins trois mois.
Mais la
tutelle niy répondit pas favorablement et décida de maintenir
le mois de juin 1960 comme prévu, elle accepta néanmoins
qu'elles commemcent un peu plus tard c'est-à-dire le 27 juin au

K016rt74
lieu du 07 comme initialement annoncé.
Pour n 'avoir pas pu
obtenir le report des élections, l'UNAR lança à partir de
l'étranger un tract signé de son secrétaire général Michel
RWAGASANA, qui intimait à ses membres de l'intérieur l'ordre de
ne pas participer
à ces élections qu'il qualifiait
de
confidentielles et d'anti-démocratiques.
Certains pensent que
que c'est cette décision prise de l'extérieur qui élimina
définitivement l'UNAR en tant que force politique réelle alors
qu'étant donné que les membres de ce parti avaient été éliminés
de tout commandement, la participation à ces consultations
populaires aurait été pour eux une solution de rechange.
A
cette époque-là,
l'UNAR avait des chances de gagner, en
certaines régions, la direction de nombreuses communes.
Les élections communales commencèrent le 26 au lieu du 27
juin 1960 comme précédemment annoncé et durant cette période
Kigeri V fut consigné en résidence à Bujumbura.
Le R.A.D.E.R. obtint pour ces consultations populaires 206
sièges de conseillers communaux, l 1 APROSOMA, ses deux tendances
ensemble, se révéla être un parti régional et obtint 233 sièges
(7,4%) dont 223 dans le territoire dlAstrida (Butare) et 10
dans celui voisin de Nyanza.
Les Partis locaux obtinrent
ensemble 243 sièges (7,9%) tandis que le M.D.R. -PARMEHUTU, le
grand favori, en obtint 2390 soit 70% sur les 3125 en
compétition. Malgré les consignes d'abstention, l'UNAR parvint
au score de 56 sièges de conseillers communaux (1,7%).
Comme l'écrivait le Colonel LOGIEST dans sa lettre du 29
août 1960 adressée
au Ministre
des Affaires
Africaines,
Monsieur de SCHRIJVERi
Il après
les dernières élections, le
Rwanda était définitivement entre les mains du peuple et il ne
dépendait plus de la Belgique dlimposer une formule quelconque
de compromis entre les Hutu et les Tutsi extrémistes. fi
Et le
Colonel LOGIEST d'ajouter; 11 depuis hui t mois, les dirigeants
Hutu ont fait preuve de diriger le pays et les élections ont
montré qu'ils ont la masse du peuple derrière eux611•
Cette échange de correspondances avait eu lieu dans le
cadre dlune certaine
volonté affichée par la tutelle belge
tendant à refuser l'organisation des élections de second degré,
c'est-à-dire les élections législatives, voulant les remplacer
par ce qu'elle qualifiait de "compromis entre les Hutu et les
Tutsi extrémistes Il.
Après les élections communales dont les résultats venaient
d'être consolidés par la création de la Garde
Nationale en
date du 13 septembre 1960, le Rwanda venait d'amorcer un
tournant politique important, fait que la Tutelle belge finira
par comprendre et accepter.
Le nouveau Ministre belge des
Affaires Africaines, Monsieur le Comte d'ASPROMONT-LYNDEN le
dit en ces termes dans son discours du 17 octobre 1960 à
6

Kagame Alexis page 288

K!)f/..lt rt:"
7

24



0.

\~

1

~J

Bujumbura : " Le pays du Rwanda a connu une crise non seulement
politique
mais
également
sociale.
Maintenant
que
cette
révolution s'est accomplie, le Rwanda entre dans une nouvelle
phase de son évolution.
Dans l'intérêt supérieur du pays, il
importe que l'ordre et le calme soient partout rétablis, que la
paix règne
à nouveau sur les colines.
Des structures
d'autonomie
interne
seront
organisées
ensui te
d'élections
législatives qui auront lieu dans la seconde quinzaine de
janvier 1961 en présence des observateurs des Nations Unies.
Quant au problème de l'institution monarchique, il appartient
aux populations de décider elles-mêmes, par l'intermédiaire de
leurs représentants dans les structures d'autonomie interne qui
seront créées en janvier 1961, de la solution qu'il conviendra
d 'y réserver en fonction de l'intérêt supérieur du pays.
Le
Mwami KIGERI V qui a choisi de quitter le pays en restera
écarté jusqu'à cette décision.
Les partis politiques sont en
effet unanimes pour déclarer, que la plus haute autorité du
pays ne peut être entrainée dans la lute politique sans que la
personne du Mwami et l'institution monarchique elle-même n'en
soient affaiblies7•
Voilà qui annonce bien la couleur
sur les futures
élections législatives et, le référendum sur la personne de
KIGERI V et dans un avenir plus proche, la mise en place d'un
gouvernement provisoire.
II.2.LE GOUVERNEMENT

PROVISOIRE

Par l'ordonnance
n° 221/275 du 18 octobre
1960, le
Résident Général créait au Rwanda un conseil de 48 membres à
nommer par lui après consultation
des principaux
partis
politiques et un gouvernement provisoire, composé d'un chef de
gouvernement et de ministres qui peuvent être assistés par des
secrétaires d'État.
A la même date du 18 octobre 1960, par
l'ordonnance na 221/276 furent nommés les membres du Conseil du
Rwanda, tandis que par l'ordonnance no221/279 du 20 octobre
1960,
Monsieur
Grégoire
KAYIBANDA
fut
nommé
chef
du
gouvernement provisoire.
Le 26 octobre 1960 était mis en place le tout pr~mier
gouvernement
provisoire
de
l'histoire
du
Rwanda
qu~
ne
comprenait aucun membre de l'UNAR.
En y comptant la fonction
de chef du gouvernement dont le titulaire dirige en même temps
le Ministère de l'Éducation Nationale, ce cabinet comprenait
dix ministères dont les titulaires respectifs sont assistés par
les secrétaires dl État.
Seul le chef du gouvernement était
assisté
d'un
secrétaire
d'État
rwandais
pour
l'éducation
nationale, tandis que tous les autres ministères avaient chaque
fois que le titua1ire était rwandais,un secrétaire d'État
Alexis

7

KAGAME page 292

1't176

t(f11
1\

\.i l 0

....

25
européen
et
ministères.

II.3.LE

reciproquement.

Le

R.A.D.E.R.

occupe

deux

COUP D'ÉTAT DE GITARAMA DU 28/01/1961:
ABOLUTION
DE
LA
MONARCHIE
ET
PROCLAMATION
DE
LA

RÉPUBLIQUE.
Par l'ordonnance
législative
n002/16 du 15 janvier
1961,
le Résident Général accorda au Rwanda le régime d'autonomie
interne,
mais les pouvoirs d'autonomie tels
que définis
par
cette ordonnance ne seront effectivement
conférés au Conseil du
Rwanda et au gouvernement provisoire
que par l' ordonnace n°
02/17 du 25 janvier
1961.
Depuis cette décision sur le régime
de l'autonomie interne,
le gouvernement du Rwanda ne perdit pas
de temps;
Monsieur RWASIBO,
Ministre de l'Intérieur,
convoqua
tous les bourgmestres et tous les conseillers
communauxdu pays
poue le samedi 28 janvier 1961 à Gitarama.
A l'ordre
du jour:
maintien de l'ordre
et pacification
du pays.
Cette assemblée
extraordinaire,
dénommée dans la
suite
"Congrès Nationallt,
totalisait
2873 bourgmestres
et conseillers
(91,9%) sur les
3125 que comptait le Rwanda.
Le programme de la manifestation
avait été mis au point
jeudi le 26 janvier
à Kigali,
sous la présidence
du Résident
Spécial.
Lorsque tous les camions mis à la disposition
des
invités
furent arrivés
au lieu de rendez-vous,
la scéance fut
ouverte en plein
air sur le marché de Gitarama par Monsieur
Joseph HABYARIMANA
GITERA.
Dans les coulisses,
il lui avait été demandé, bien avant,
de faire
confectionner
le drapeau qui allait
remplacer
le
tambour Kalinga comme emblême national,
de même que selon les
confidences que m'a faites
llune de ses filles,
il devait se
faire accompagner par les tambourineurs en lieu et place de la
parade militaire
au moment où le drapeau
serait
hissé.
Certains de ses détrateurs
en ont profité
pour faire
croire à
l'assemblée qu'il
allait
s'autoproclamer
IIRoi des HutuU, et que
c'était
la raison qui expliquait,
qu'il
se soit fait accompagné
par des tambourineurs
depuis sa région natale
de Save dans
llactuelle
préfecture
de Butare, alors Astrida.
Dans son discours
en Kinyarwanda repris
en résumé en
Français par Grégoire KA.YIBANDA,
Monsieur GITERAannonce que
Ille Kalinga était
supprimé et que le règne de KIGERI V avait
pris f i.n" et termina par déclarer
que la forme de gouvernement
qui répondait mieux aux aspirations
du peuple rwandais était
la
République.
Il clôtura par le cri "VIVE LA RÉPUBLIQUEIl
repris
par la foule.
On procéda

immédiatement à l'élection

du premier

Président

26

K0161177

de
la République
en
la personne
de Monsieur
Dominique
MBONYUMUTWA qui obtint 2391 voix soit 83% contre 433 voix (15%)
à Monsieur Joseph HABYARlMANA GITERA.
Ce fut ensuite l'élection des membres de l'Assemblée
Législative dans laquelle le PARMEHUTU obtint 40 sièges sur les
44 et 4 pour l'APROSOMA1 obtenu dans le territoire d'Astrida.
L'Assemblée Législative élue se réunit et se donna comme
Président monsieur Joseph HABYARlMANA GITERA1 Lazare MPAKANIYE
du PARMEHUTU fut élu Vice-Président.
Le nouveau Président de la République ordonna Monsieur
Grégoire KAYIBANDA de former le nouveau gouvernement dont la
composition était la suivante:
Premier Ministre
et Ministre
de
l'Enseignement,
Grégoire KAYIBANDA et Otto RUSINGlZANDEKWE
comme
secrétaire d'État;
Ministre
de l'Intérieurl
Monsieur
Jean
Baptiste
RWASIBO;
Ministre des Affaires Techniques, Monsieur Théodore
SINDlKUBWABO i
Ministre des Affaires
Sociales et des Réfugiés 1
Monsieur Jacques HAKIZlMANAi
Ministre
de
l 'Agriculture 1
Monsieur
Balthazar
BlCAMUMPAKAi
Ministre des Affaires Économiques 1 Monsieur Callixte
HABAMENSHI;
Ministre des Finances, Monsieur Gaspard CYlMANA;
Ministre de la Justice, Monsieur Anastase MAKUZAi
Ministre des Affaires Extérieures 1 Monsieur Aloys
MUNYANGAJU avec Germain GASINGWA comme Secrétaire
d'État;
Ministre de la Défense Nationale, Monsieur Isidore
SEBAZUNGU.
La Cour Suprême fut à son tour créée avec comme Président 1
Monsieur Isidore NZEYlMANAI et comme Vice-Présidents, Messieurs
Daniel SHAMUKlGA
Claver NDAHAYO, Narsisse SEKERERE et François
ACKERMAN.
I

Le nouveau Président de la République, Monsieur Dominque
MBONYUMUTWA, clôtura cette session extraordinaire du Il Congrès
National" en rendant public un certain nombres de principes
clés contenus dans une constitution en 80 articles et datée du
28 janvier 1961.
Ces principes devaient régir le nouveau
Rwanda républicain en le conduisant petit à petit vers le
recouvrement de sa souveraineté.
Ainsi
un tournant
dédisif venait
d'être
opéré pour
l'avenir du Rwanda.
Il est aujourd'hui établi que cette date
du 28 janvier 1961
n'avait été choisie par un simple hasard
pour déposer le Mwami KIGERI V et abolir la monarchie.
En
effet, la Belgique qui avait traîné les pieds dans l'adhésion

D r,t,;
K(',l'-117{}
l·J

27

aux résolutions de l'Assemblée Générale des Nations Unies,
avait elle-même également choisi cette date pour publier une
déclaration par laquelle elle adhérait auxdites résolutions.
sur entre
Faut-il rappeler que celles-ci portaient,
autres:

élections
Le
report
des
la
deuxième
programmées pour

alors
législatives
janvier
quinzaine de

1961,

La création dTune commission de l'O.N.U. pour le
Rwanda-urundi
qui
devait
assister
en
qualité
d'observateur à la conférence politique qui devait
précéder les élections ainsi qu'à la conférence de la
uTable Rondelf
qui devait être convoquée
après
lesdites élections,
Le report des mesures suspendant les pouvoirs
KIGERI V et son retour au pays,

Mwami

L'organisation
du
référendum
sur
l'institution
monarchique et la personne du Mwami KIGERI V.
Les leaders politiques, auteurs de ce coup d'État du 28
janvier 1961, ont voulu prendre de cour la commision des
Nations Unies qui était en route vers le Rwanda et empêcher
ainsi que certaines des résolutions qui pouvaient les gêner
dans leur entreprise ne soit appliquées, notamment le retour au
pouvoir de KIGERI V.
Cf est donc par la radio et la presse que les membres de
cette commission, arrivés par hasard ce même 28 janvier 1961 à
Bujumbura
devaient
apprendre
les
changements
politiques
intervenus au Rwanda.
Il refusèrent de négocier avec les
nouvelles autorités issues du "Congrès National" de Gitarama
lesquels avaient pourtant été reconnus par la Tutelle belge par
l'ordonnance n° 02/38 du 06 février 1961 rendu rétroactive au
01 février 1961.
:tI: • 4 • LBS

ÉLECTIONS

SEPTEMBRE

LÉGI:SLATI:VSS

ET

LE

RÉFÉRENDUM DO

5

2

:1.961.

Après que la commission dont il est question ci-dessus eut
déposé son rapport au Secrétariat Général des Nations Unies, il
s'en suivit une série de débats auxquels participèrent les
représentants des plus importants partis politiques d1alors.
L'UNAR fut représenté par son secrétaire général, Monsieur
RWAGASANA, le président du parti à l'intérieur du Rwanda,
Monsieur REBERO et Monsieur RUTSINDINTWARANE.
Le pARMEHUTU était représeenté par Calliope MULINDAHABI et
Fidèle NKUNDABAGENZI, llAPROSOMA par Aloys MUNYANGAJU, Théodore

K0161179
28
SINDlKUBWABO
et
Germain
GASINGWA,
tandis
que
Monsieur
BWANAKWERI, président du RADER, représentait son parti.
La résolution 1605 des Nations
cette session prévoyait notamment:

Unies

prise

à l'issu de

1}

La supression des institutions issues non seulement
du coup d'État de Gitarama du 28 janvier 1961 mais
également
des diverses
ordonnances
ayant
établi
l'autonomie interne.
Elles devaient âtre remplacées
par un gouvernement élargi d'union nationale, dans
lequel
tous
les
partis
seraient
équitablement
représentés.
Cette décision se révéla cependant
inapplicable
et finalement
le compromis
fut la
neutralisation par la Tutelle des nouvelles autorités
issues du "congrès National" de Gitarama laquelle fut
ironiquement appelée mise en vacances, les Ministres
concervant
leur dignité et les moyens matériels
qu'ils avaient au paravant.

2}

L'amnistie
générale
et
inconditionnelle
pour
permettre
aux militants et dirigeants
politiques
exilés ou emprisonnés au Rwanda de reprendre leurs
activités politiques.
En tout, 2433 personnes, aussi
bien incarcerées qu'en exil, devaient bénéficier de
cette mesure.

Alors que l'UNAR avait misé sur la neutralisation aussi
bien du gouvernement que des autorités communales, il en fut
décidé autrement.
Celles-ci étaient considérées comme de
simples fonctionnaires au service de l'administration, pourtant
ils s'avéreront être de purs politiciens avisés grâce auxquels
les
partis
républicains
allaient
gagner
les
élections
législatives.
Celles-ci eurent lieu le 25 septembre 1961 et consacrèrent
le triomphe du PARMEHUTU qui obtint 35 sièges sur les 44 à
pourvoir, soit 77,7% des voix, suivi par l'UNAR avec ses 7
sièges ou 16,8% des voix et l'APROSOMA qui se conteneta de 2
sièges, soit 3,5% des voix.
Quant au RADER, il réalisa un
score quasi négligeable de 0,3% des voix.
En ce qui concerne le référendum, il suffisait de répondre
à deux questions à savoir:
- Désirez-vous la monarchie ?
Dans l'affirmative, désirez-vous avoir KIGERI V comme
Mwami?
A 80 % des voix, les électeurs rejetèrent la monarchie et
le Mwami KIGERI V.
L'Assemblée Législative élit en son sein un président en
la personne de Monsieur Amandin RUGIRA et un vice-président
répondant au nom d'Aloys MUNYANGAJU de l'APROSOMA.

29

r\ 0 l 6 l t 8'0

Un mois plus tard, ct est-à-dire le 26 octobre 1961, la
même Assemblée élit Monsieur Grégoire KAYlBANDA comme Président
de la République qui présenta ensuite son équipe ministérielle
composée comme suit:
Gaspard CYIMANA, Ministre des Finances, Affaires
Économiques et Plan,
Théodore SINDIKUBWABO, Ministre des Travaux Publics,
Balthazar BlCAMUMPAKA, Ministre de l'Agriculture et
Paysannats,
Lazare MPAKANIYE, Ministre de l'Intérieur et Fonction
Publique,
Jean Baptiste
RWASIBO, Ministre
de
l'Éducation
Nationale,
Callixte
HABAMENSHI,
Ministre
de
l'Information,
Postes et Télécommunications,
Thaddée BAGARAGAZA, Ministre des Affaires Sociales,
Anastase MAKUZA, Ministre de la Justice,
Germain GASINGWA, Ministre de la Santé Publique,
Otto
RUSINGlZANDEKWE,
Ministre
des
Relations Extérieures,
Calliope MULINDAHABI, Ministre de la Garde Nationale.
Tout était fin près pour que le Rwanda s'achemine vers son
indépendance.

III.

LE FRONT DU REFUS

On a vu que les élections
tant communales que législatives
ont
été
largement
gagnées
par
le
M.D.R.-PARMEHUTU
qui,
rappelons-le,
avait obtenu pour les communales plus de 70% de
voix alors que pour les législatives
il avait obtenu un score
plus qu'honorable
de 77,7% des voix, rafla
ainsi
35 sièges de
députés sur les 44 que comptait l'Assemblée Législative.
En
tout
état
de cause,
il
pouvait
à lui
seul
former
son
gouvernement et faire en sorte que les autres partis
attendent
l'alternance
démocratique.
Mais soucieuse de voir le Rwanda accéder à l'indépendance
dans la concorde nationale,
l'ONU avait réussi à convaincre le
MDRPARMEHtJTU
d'accepter
de céder une partie
de son pouvoir,
dans le cadre de la réconciliation
nationale.
Une commission
ad hoc sera créée et réunira,
côté gouvernement, Messieurs
Amandin RUGIRA, Callixte
HABAMENSHI
et Otto RUSINGlZANDEKWE
respectivement
Président
de l'Assemblée
Législative,
Ministre
de l'Information
et Ministre des Relations
Extérieures
et du
côté
de l'UNAR, Messieurs
RWAGASANA,
KAYlHURAet
RUTERA,
respectivement
député
et
secrétaire
général
de
l'UNAR,
conseiller
général
politique
et
représentant
de l'UNAR à
11étranger.
L'ONU était
quant à elle
représentée
par Marof
ACHKAR
de la Guinée, Augie BROOKS
du Libéria,
Jorge CASTANEDA
du Mexique et Faliou KANEdu Sénégal.
La rencontre
de toutes
ces personnes qui eut lieu le 8
janvier 1962 permit à ce que l'UNAR accepta de participer
à la
vie publique du pays en prenant notamment deux portes feuilles
ministériels
et
en exerçant
d'autres
fonctions
sauf
ceux
dépendant des élections
comme des bourgmestres
et conseillers
communaux.
L'UNAR de l'intérieur
était
donc décidé de se
rallier
et de collaborer
avec le gouvernement de la République,
dans le cadre national.
ce gui lui
attira
les
foudres des
leaders
en exil
qui n' héai taient
pas de crier
haut et fort
qu'il
s'agissait
d'une trahison.
Je rappelle
tout
simplement qu 1 à l'époque
sous examen,
l'UNAR de 1 f extérieur
comprenait trois
factions
principales.
Le premier sous groupe dit
IImonarchisteU,
la deuxième faction
était
constituée
de ce qu'on qualifiait
de nprogressistes"
et
la
dernière
partie
appelée
celle
des
Ilactivistes
Il
était
essentiellement
constituée
des combattants.
On sait qu'à cette
époque il y avait
un gouvernement en exil
et qu f un certain
SEBYEYA
avait créé un parti
politique
farouchement opposé à la
monarchie en général et à KIGERINDAHINDURWA
en particulier,
ce
parti s'appelait
P.S.R. (Parti Social Rwandais).
Pour
laissaient

justifier
leur
existence;
toutes
ces
factions
croire aux réfugiés
à un certain
retour triomphal au

K0161182
Rwanda.
Ce que l'ONU n' avait pas réussi à faire en leur
faveur, suivant leur gré, ils promettaient de l'obtenir par une
attaque victorieuse contre le gouvernement de la République.
Aussi
des
exercices
militaires
étaient-ils
organisés
à
l'adresse de tous les jeunes dans les camps de réfugiés.
III.1LES

INCURSIONS
COMPLICES

ARMÉES1 ET LES
DE L' INTÉRIEUR

REPRÉSAILLES

CONTRE

LES

Les premiers raids sans envergure, il faut l'avouer,
provenaient surtout de l'Ouganda et servaient essentiellement à
se ravitailler, le Burundi à cette époque, ayant refusé que son
territoire serve de base arrière à ces rebelles appelés
"INYENZI" .
Suite à un différend en rapport avec le proj et
d'union économique entre le Rwanda et le Burundi, celui -ci
changea complètement de camp et devient le principal sanctuaire
des INYENZI.
La première principale attaque de ces derniers à partir du
Burundi n'aurait été qu'un alibi pour couvrir l'escroquerie de
Monsieur RUKEBA, leur chef, à en croire, Monsieur l'Abbé Alexis
KAGAME citant, lui mâme M. LEMARCHAND.
En effet, KIGERI V lui
aurait envoyé 23000 dollars en spécifiant son usage qui devait
en être fait, somme qu'il aurait utilisée pour ses propres
besoins. "Craignant de ne pas pouvoir justifier son usage, il
aurait laisser croire qu'il s'en était servi pour l'achat des
armes et organisation d'une attaque d'envergure contre le
régime du Rwanda. Il
Cette attaque, qui débuta le 21 janvier
1963 par la frontière du Bugesera, permit aux Inyenzi de
déloger les soldats gouvernementaux du camp Gako où ils purent
piller plusieurs armes et minitions.
Ils avancèrent rapidement vers Kigali, la capitale, et ne
purent âtre arrêtés par les soldats de la Garde Nationale que
sur le pont de Kanzenze.
À Nyamata, ils y avaient mobilisé,
certains affirmèrent que c'était de force, une masse de gens
armés d'arcs et de lances. Je pense quant à moi, que ces gens
niavaient pas été enrôlés de force dans la mesure où Nyamata
était la région où lIon avait relogé les déplacés victimes des
violences de la révolution sociale de 1959, et donc où les
Inyenzi pouvaient compter si pas sur certaines complicités du
moins sur une sympathie évidente et normale de la part de cette
catégorie de la population.
Cette attaque fit plusieurs victimes dans les rangs des
rebelles en particulier au sein de cette population civile que
les Inyenzi avaient utilisé comme bouclier humain.
Les
rescapés furent sommés de déposer leurs armes traditionnelles
et de se rendre.
Ils furent faits prisonniers et ramenés à
Kigali.
Alexis Kagame citant M. Lemarchand rappelle " qu'on
BVoir

annexe
Inyenzi

C4:

Les

différents

points

d'attaque

des

'K n
!

"
.,,! 110

1 \ 8"ZJ

32

aurait trouvé sur un Inyenzi tué un plan d'attaque et la liste
des Ministres que les envahisseurs devaient installer au
pouvoir,t!):
.
Cette liste aurait servi d'alibi pour opérer de nombreuses
arrestations au sein du leadership de l'UNAR et du RADER.
S'agirait-il d i un simple hasard, que le jour même de cette
attaque, ces leaders se soient rassemblés à Kigali pour une
réunion?
L'Abbé Alexis Kagame affirme que du côté de l'UMAR
étaient présents les personnalités suivantes:
Rutsindintwarane, Président
Rwagasana, Secrétaire Général et député national
Afrika, Ministre de l'Elevage
Burabyo, Membre du bureau,
tandis que du côté du RADER, les leaders suivants, entre autres
furent arrêtés:
Bwanakweri, Président
Ndazaro, Vice-Président
Kalinda, Gestionnaire du Ministère des Finances.
Toujours d'après Alexis Kagame, une quinzaine de personnes
furent ainsi arrêtées et transférées à la prison spéciale de
Ruhengeri d'où ils auraient été exécutées autour du 24 décembre
1963.

Des rumeurs ont circulé que ces leaders politiques de
l'opposition auraient été exécutés par des fonctionnaires
belges de II aide technique qui avaient été chargés de les
expédier à la prison de Ruhengeri, pour nvenger les propos
injurieux que lesdits leaders avaient naguère déclarés
contre
l'administration de la Tutelleu10•
IlQuant aux prisonniers faits à Nyamata par les unités de
la Garde Nationale, ils furent jugés par la cour militaire et
condamnés à mort. Mais le Président de la République ne voulut
pas en autoriser l'exécution.
Ils furent envoyés à la prison
spéciale de Ruhengeri Il 10.
Cette première attaque d'envergure mit la population et la
Garde Nationale en alerte.
Une tentative d'invasion à partir
de l'Ouganda par le Mutara fut rapidement repoussée.
Par le
Bugarama à Cyangugu et cette fois-ci à partir du Congo (actuel
Zaïre), les Inyenzi appuyés par les Mulélistes, menèrent une
deuxième attaque de grande envergure, c'était le let" janvier
1964.
Il semble que cette attaque srest caractérisée par une
supériorité relative des Inyenzi sur les soldats de la Garde
Nationale
suite
notamment
aux
nombreux
enrôlés,
aux
entraînements techniques reçus avec les Mulélistes ou dans les
pays dits révolutionnaires à l'époque et surtout à un armement
9Alexis KAGAME, op. cit. P 355.
10

Alexis KAGAME, op. cit. P 357.

1

K01éi184
33

sophistiqué
dont ils disposaient.
Mais malgré ça, cette
fois
encore, la Garde Nationale leur infligea une cuisante défaite.
En novembre 1966, à partir
une fois de plus du Burundi,
ils attaquèrent
de nouveau le Rwandapar les postes frontaliers
de Nshili au sud dans la préfecture
de Gikongoro et de Bweyeye
dans l'actuelle
communede Karengera au sud de la préfecture
de
Cyangugu. De nouveau la garde nationale
put résister
et les
bouta hors du territoire
rwandais.
Consécutivement à toutes
ces attaques
et
dans cette
atmosphère de panique, aussi généralisée,
certaines
autorités
locales
s'arrogèrent
le droit
de glaive.
Ainsi
certaines
personnes Hutu et Tutsi confondues, qui étaient
soupçonnées
d'intelligence
avec les
assaillants
furent
exécutées
sans
jugement.
Ces exactions sommaires furent l'occasion
rêvée pour
le règlement de comptes personnels.
Cl est
surtout
dans les
préfectures
de Cyangugu, Gisenyi, Kibungo et Gikongoro que de
tels actes furent signalés.
Il est donc clair
que par leurs attaques répétées
sur le
Rwanda, les
Inyenzi
exposaient
leurs
sympathisants
de
l'intérieur,
Hutu comme Tutsi,
aux représailles
de
la
population
et des autorités
locales
malgré la vigilance
du
gouvernement central.
En effet,
commel'affirme
le Président Grégoire Kayibanda
dans son message aux Rwandais émigrés ou réfugiés,
déjà cité,
le gouvernement de la République ne ménageait aucun effort pour
que des vies humaines ne périssent
pas par terrorisme.
Il
reconnaît
néanmoins que n les Tutsi restés
au pays ont peur
d'une fureur populaire
que font naître
les
incursions
des
Inyenzi et se demande s'ils
sont heureux de ces compoxt.ement.e
s •
C'est donc cette
situation
d'attaque
et de représailles
qui
a engendré et
entretenu
l'exil
d'une
partie
de la
population rwandaise,
en plus,
bien entendu, de la première
vague de réfugiés qui avait quitté
le pays dès 1959, au début
de la révolution sociale.

L'EXIL ET LA NAISSANCE DU PROBLEME DES RÉFUGIÉS
Une mise en garde s'impose quand on aborde le chapitre sur
les réfugiés
rwandais, même à cette
époque.
On l'a
vu, le
découpage de l'Afrique
en général et du Rwanda en particulier
lors de la conférence de Berlin s'est
opéré sans tenir
compte
des populations qui habitaient
ces contrées
(voir les annexes
Cl et C2).
Ainsi, une bonne partie
du territoire
rwandais d'avant la
conférence de Berlin fut rattachée
à ce qui sera plus tard le
Zaïre
et une autre
à l'Ouganda.
De ce fait,
il
existe
effectivement des citoyens rwandophones devenus par l'histoire

34

Kn161 i85

récente soit des citoyens Zairois ou des citoyens ougandais.
Le critère de la langue ne peut être à lui seul le critère
d'attribution de la nationalité rwandaise ou de qualité de
réfugié.
Par ailleurs, bien avant 1959, des citoyens rwandais ont
émigré du temps de la colonisation,
pour
des
raisons
économiques et avec le concours de l'autorité de Tutelle,
surtout vers les régions de Katanga (actuel Shaba), de Kilo
Moto au Zaire pour y travailler dans les mines.
Certains ont
préféré s'y établir définitivement et solliciter la nationalité
du pays d'accueil tandis que les autres ont regagné le bercail
après les indépendances.
Les réfugiés dont il est donc question ici, sont des gens
qui se sont installés à l'extérieur du Rwanda suite à la
révolution sociale de 1959 et ceux qui, par vagues successives,
les y ont rejoints fuyant les représailles qui accompagnaient
les attaques répétées de Inyenzi.
A l'époque qui nous occupe, il y avait non seulement un
problème de réfugiés en dehors du Rwanda mais également de
déplacés de l'intérieur dont une partie fut reclassée dans des
zones de repeuplement identifiées par les autorités de la jeune
République notamment à Nyamata dans le Bugesera et dans la
commune sake en préfecture de Kibungo.
En date du 19 avril
1960, ce groupe était évalué à 20.000 personnes.
Certains des
déplacés de l'intérieur furent entretenus quelques fois dans
différents postes de mission surtout et purent, après la
pacification de leurs régions, réintégrer leurs biens.
Quant aux réfugiés de l'extérieur, leur nombre a toujours
été un sujet de polémique, les uns ayant intérêt de le
minimiser, d'autres au contraire, trouvant le leur à le gonfler
au maximum.
Les estimations les plus fiables font état d'un
nombre compris entre 100 et 150 mille réfugiés suite aux
événements de novembre 1959 à 1967, années où les attaques des
Inyenzi ont provisoirement cessé. Il faut noter, toujours sur
ce chapitre, qu'il Y eut quelques nouveaux cas de réfugiés lors
du changement du pouvoir en 1973.
On reviendra plus loin sur la manière dont les autorités
de la République ont tenté de résoudre ce problème de réfugiés
sans beaucoup de résultats, il faut l'admettre.

86
IV.

LA

CHUTE

DE

LA

PREMIERE
..•
REPUBLIQUE
Déjà en 1963 de graves dissensions apparurent au sein des
nouveaux leaders politiques républicains. Il ne s'agissait pas
à proprement
parler de régionalisme tel qu'on le verra
apparaî.tre à la fin de la première République et surtout au
long de la deuxième République puisque les premiers disgraciés
étaient du Sud et curieusement presque tous de la même
préfecture de Butare.
On révoquera dans la première vague
successivernent Amandin RUGIRA, alors président de Il Assemblée
Nationale et Isidore NZEYIMANA, président de la Cour Suprême.
Ainsi, de leurs initiales naît une faction imaginaire dénommée
NZERU, qui d'après la rumeur, vise à saboter leur propre parti
le MDR-PARMEHUTU.
A la même époque, le préfet de Butare, Monsieur François
SEZIRAHlGA lui aussi originaire de cette même préfecture, fut
muté à la préfecture de Gisenyi. La rumeur publique toujours,
concluant que cette mutation équivalait à un désaveu, monsieur
SEZIRAHIGA ayant, semble-t-il, nier l'existence de la fameuse
faction NZERU.
Il ignorait bien entendu que son nom allait
rejoindre les deux autres pour former un triot baptisé pour la
circonstance NZERUSE, les deux dernières lettres étant les
initiales de son propre nom.
Plus tard, son successeur à Butare reçut lui-même une
mutation et ce qui était NZERUSE devint NZERUIinitiales de monsieur KALINIJABO, le préfet muté, remplaçant le
"SEll de SEZlRAHlGA.
Ces anecdotes montrent que dès le départ, les premiers
dirigeants de la Première République sont confrontés à toute
une séri d'intrigues basées surtout sur la jalousie.
Même si
certains problèmes étaient effectivement fictifs, la Première
République n'a pas su apporter de solutions à un certains
nombre de question qui ont contribué à son minage pour aboutir
à sa chute en 1973. Malheureusement on les retrouvera dans la
Deuxième Répiblique, et certains d'entre eux sont à l'origine
de la catastrophe de 1994 que tout le monde déplore.
IV.l.LA QUESTION ETHNIQUE
Même si le Rwanda est habité par trois groupes ethniques,
à savoir les Twa, les Hutu et le Tutsi, quand on aborde le
problème sur les conflits ethniques, il s'agit presque toujours
de la lutte pour le contrôle du pouvoir entre Hutu et Tutsi, le
Twa restant marginalisés.
Probablement qu'il s'agit d'une
question à laquelle il conviendrait de trouver une solution
appropriée déjà maintenent afin d'éviter qu'on ne retombe dans
les mêmes écueils.

l\Ol61187
Le conflit entre Hutu et Tutsi n'est d'hier mais il a été
exacerbé depuis le 28 janvier 1961, date de la proclamation de
la République et l'abolition de la monarchie. Même si dans les
deux principaux partis républicains, à savoir le MDR-PARMEHUTU
et l'APROSOMA, certains de leurs leaders étaient bel et bien
dlethnie Tutsi, de même qu'on trouvait des Hutu dans le
leadership des principaux partis monarchistes, à savoir l'UNAR
et le RADER, il semble que le commun des mortels se définissait
par rapport à ces deux courants en fonction de son appartenance
ethnique.
On l'a vu, la révolution de 1959, ainsi les représailles
consécutives des attaques des Inyenzi, ont engendré un flux
quasi permenant de réfugiés lequel n'a fait qu'attiser le
conflit entre les deux principaux groupes ethniques.
La question ethnique sera également posée au niveau des
écoles et de l'administration.
Même si, officiellement, la
Première République n'a pas mis en place une politique claire
d'équilibre ethnique notamment dans les écoles et la fonction
publique, ce sujet fut à l'origine d'une polémique permanente,
certains dans le scillage
du pouvoir, estimant que les Tutsi
étaient surreprésentés par rapport à leur proportion numérique
dans le total de la population.
C'est d'ailleurs cette question du nombre des tutsi dans
les écoles et dans 11 admninistration qui sera à llorigine des
troubles qui ont marqué la fin de la Première République.
Le mouvement débutera par les écoles secondaires et
supérieures avant d'atteindre la fonction publique et même le
secteur privé.
Un mystérieux "comité du salut" dressait de
nuit des listes des personnes, presque toujours des Tutsi,
indésirables dans les trois secteurs cités.
J'ai pu discuter de cette question avec un ancien ministre
de l'époque, sur qui, d'après était derrière de ce fameux
comité du salut, et par conséquent ces troubles.
Dans un
premier temps il avait la certitude, preuves à l 1 appui, qu'il
s'agissait
de
l'entourage
immédiat
du Président
Grégoire
KAYlBANDA qui était à l'origine de ces troubles pour donner un
nouvel élan à un pouvoir qui montrait déjà beaucoup de signes
de fatigue.
Mais plus tard après le coup d'État de 1973, un
témoin occulaire lui a affirmé qu1il s'agissait d'un groupe
proche des militaires du nord qui souhaitait créer des troubles
afin de pouvoir justifier le coup d'État qui était déjà en
phase avancée de préparation.
DI après ce témoin, que les deux groupes aient accompagné
les troubles ethniques, il ne fait plus ombre d'aucun doute,
qu' ils puissent avoir agi de concert alors que leurs intérêts
étaient divergents, ctest là l'énigme.
S'agissait -il dlune
provocation ou dlune manipulation sur un sujet très sensible
même à l'époque?
Question
sans réponse, du moins dans
l'irrunédiat.

37

:.(nÎ/·118~n
!~\..... .....~...

Ces troubles atteindront plus tard la population civile
dans laquelle on eut à déplorer quelques morts mais surtout
beaucoup de dégâts matériels dus surtout au fait que certains
Hutu se mirent à incendier les habitations des Tutsi.
Ces troubles se sont accompagnés d'une vague de réfugiés
dans les pays voisins du Rwanda, surtout au niveau de la classe
des intellectuels Tutsi.
Ces nouveaux réfugiés allaient
gonfler le nombre de ceux des années 1960 pour lesquels aucune
solution satisfaisante concernant leur retour n'était encore
trouvée rendant ainsi cette question encore plus complexe.
Les campagnes de pacification initiées par le gouvernement
à l'époque n'ont pas permis de ramener le clame dans le pays,
lequel ne reviendra qu'avec le putsch de 1973.
Après la prise du pouvoir par les militaires, la Deuxième
République se donna comme objectif l'arrêt des troubles dans le
pays en se basant sur la politique de la paix et de la
réconciliation entre tous le Rwandais.
Cet objectif, en soi
noble, dégénérera en une politique d'équilibre ethnique, aux
contours pas toyujours louables, au sein de l'enseignement, de
l'administration publique, voire même du secteur privé.
Cette
politique sera décriée comme on le verra plus loin, non
seulement par les opposants intérieurs au pouvoir en place,
mais aussi, servira-t-elle de prétexte au P.P.R. pour prendre
les armes contre le gouvernement rwandais en octobre 1990.
IV.2.LA QUESTION DES RÉFUGIÉS.
Le problème des réfugiés rwandais, vu au cours de la
Première République, ne peut être traité en dehors du contexte
de la question ethnique dans la mesure où il en est la
résultante. Bien que la Première République se soit souciée de
cette question en y consacrant notamment un département
ministériel propre, les actions de ce dernier slarrêtèrent
presqu'au même moment que les Inyenzi stoppaient en 1967 leuirs
invasions armées à l'intérieur du territoire rwandais.
Par ailleurs, il faut reconnaJ:tre que cette question a
toujours été traitée sous l'angle social et jamais ses aspects
politiques n'ont fait l'objet d'un véritable débat.
On se
préoccupait plus de faire des appels pour que les réfugiés
rentrent et puissent être réinstaller au Rwanda, mais on
n 'abordai t pas le problème du partage du pouvoir avec leurs
représentants.
Ainsi en mars 1963 le Président Grégoire KAYIBANDA, dans
son messagem aux rwandais émigrés ou réfugiés, s'adressa-t-il à
eux en ces termes:
Certains dlentre vous en grand nombre ne demandent que la
tranquillité pour se faire leur état nouveau à l'étranger.
Il •

••

v

Kor6if89
38

s'installer
et
chercher
des
moyens
pour
faire
vivre
honnorablement leurs familles.
Ils sont raisonnables et se
sont ceux-là que nous n'avons cessé d'inviter à rentrer au pays
s'ils veulent. certains d'entre vous ne se font pas à la vie à
l'étranger et désirent si l'atmosphère où ils vivent s'y prête.
Nous sommes à leur disposition pour leur faciliter le
retour pour autant que leurs démarches ne soient pas intégrées
dans les menées subversives et terroristes comme celles de
décembre dernier.
Nous savons que la plupart des membres de
ces deux groupes sont partis par panique, dlautres sous les
pressions de sollicitaions dont ils n 'ont pas pu mesurer à
temps le caractère mensonger et inhumain.
Un petit nombre de vous sont des fanatiques et ne peuvent
pas mesurer les grands pas qu'a réalisés l'histoire du Rwanda
et de l'Afrique depuis ces derniers trois ans.
Ces féodaux
impénitents se livrent à une propagande qui tent à convaincre
que le régime Mwami pourra être réinstauré au Rwanda, grave
encore ceux qui, dans un aveuglement inoui, persistent à
combattre pour le Mwarni, se condamnent à périr eux-mêmes. Il
Ainsi, le pouvoir du Président KAYlBANDA refuse-t-il un
quelconque dialogue avec ceux qui refusent de rentrer sans
condition mais qui ont quelques griefs à son endroit.
Aujourd'hui, je suis convaincu, que c'est avec ceux-là qu'il
aurait fallu engager un vertable débat sur leur manière
d'aborder la question des réfugiés.
IV.3.LA QUESTION DES RÉGIONS
Contrairement à une certaine opinion au sein de la
communauté rwandaise, le régionalisme, tout comme l'ethnisme,
n'est pas une création de la Deuxième République. En effet, on
retrouve les premières manifestations de ce phénomène dans la
recrutement au sein de la garde nationale, laquelle a été
créée, comme on l'a vu, le 13 septembre 1960.
Dans ce corps on y trove quasiment que les gens de
préfectures de Ruhengerie et de Gisenyi, que ce soit au sein de
la troupe, des sous-officiers et des officiers.
Il m'a été rapporté que cette situation aura été créée par
les leaders de la Pemière République qui trouvait en cette
tactique un moyen d'éliminer les Tutsi dans l'armée.
Comme il
leur était difficile, prétendaient-ils, de ditinguer Hutu et
Tutsi dans le Sud, l'Est et le Centre du pays,tellement que les
intermariages y étaient fréquents, ils ont préféré exclurer ces
région de leur recrutement pour se concentrer sur les région du
Nord sensées ne pas être habitées par les Tutsi.

Cette situation explique notamment pourquoi sur

JI

les onze

K016l190
39

camarades du 5 juillet", qui ont fait le coup d'État militaire
du 05 juillet 1973, on y trouve que 3 officiers du Sud à
aavoa.r s Les Majors MUNYANDEKWE Jean Népomuscène, RUHASEYA
Epimaque et SIMBA Aloys respectivement de Gitarama, de Kigali
et de Gikongoro
les 8 autres étant de Gisenyi (5) et de
Ruhengeri {3}. On comprendra également pourquoi sur les 11 il
n'y a qu'un seul Tutsi, à savoir le Major RUHASHYA.
1

Mais la véritable crise régionale eut lieu en 1968.
En
effet, le 04 décembre 1968, le député calliope MULINDAHABI
dépose une motion de rejet du rapport de la commision d'enqu~te
de l'Assemblée Nationale dite Il Commission de contrôle du
gouvernement en matière de gestion administrative, économique
et de la justice".
Ladite commission avait déposé son rapport le 19 décembre
1968. Ce fut bel et bien la grande crise au sein du parti MDRPARMEHUTU.
Les tenants du pouvoirs refusèrent de regarder la
réalité en face.
La zizanie s'instaura et 14 députés furent
exclus du parti; IIgutaumurongo".
Petit à petit le dérapage s'accentua et la situation
dégénéra.
Le groupe de Gitarama composé principalement de
MULINDAHABI, MBARUBUCYEYE, MUNYANEZA et BIZlMANA se distingua
par un régionalisme exacerbé.
En février-mars 1973, les troubles ethniques ressurgissent
dans l'enseignement, l'administration et les entreprises.
Les
commanditaires affirmaient vouloir luter contre la reconquête,
dans 11ombre, du pouvoir économique et politique par l'ethnie
Tutsi.
Mais certains l'interprétèrent, on Ira vu, comme une
manoeuvre pour provoquer l'insécurité dans le pays afin de
justifier le coup d'État. Le fait est que le mouvement ST est
rapidement transformé en confrontation Nord-Sud.
Il n'est pas exclu que les agitateurs et les provocateurs
ont été commandités par les groupes féodo-monarchistes à qui la
confrontation entre Hutu et Tutsi pouvaient profiter.
La
réalité est que ces troubles ont provoqué de nouvelles vagues
de réfugiés Tutsi qui ont fui pour sauver leurs vies mises en
danger par des événements jusqu'à présent mal élucidés.
Le
comportement des politiciens de l'époque laisse penser en tout
cas qu'il y a eu manipulationll•
Toujours consécutivement à cette crise, alors que le
Président
KAYlBANDA
avait
depuis
une
dizaine
d'années
l'habitude de nommer un ou au maximum 2 ministres originaires
11

NDEREYEHE
K.
NTAHONTUYE:
Contreverse
sur
l'opportunit~ de la tenue de la conférence nationale
pour résoudre les questions fondamentales de la
société rwandaise.

:l ,"'
f\
\,.

i C" 1-

t, q.-

40

de sa propre préfecture, il nommera au sein de son dernier
cabinet 8 ministres de Gitarama, phénomène qui ne passera
évidemment pas inapperçu au sein des populations du nord du
pays
au
détriment
desquelles
s'étaient
oppérées
ces
nomminations.
Dans le quotidien, au cours de la Première République, le
régionalisme se manifestera surtout au sein de l'enseignement
où les différents ministres qui se succedent au sein du
département de l'éducation nationale placent dans les écoles
secondaire parfois plus de 30 % des effectifs originaires de
leurs préfectures respectives alors que, pour mémoire, le pays
en comptait 10; sans tenir compte de la population estudiantine
et de la population totale.
Il faut aussi dire qu'on remarque au sein de la fonction
publique, vers la fin de la Première République, une certaine
tendance au régionalisme, mais dans une moindre mesure.
Par le
fait qu'à l'époque le pays avait encore un besoin pressant de
cadres, tous les dip18més pouvaient être présentés à un emploi,
mais bien évidement pas toujours à une promotion.
En
réalité,
le régionalisme
s'est exacerbé
Deuxième République, j'y reviendrai plus loin.

avec

la

:IV. 4 • LE REFUS DE L'ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE.

L'on s'en souvient que le Rwanda a obtenu son indépendance
le 01 juillet 1962 alors qu'il vivait depuis peu d1heure du
multipartisme.
Entre 1962 et 1965, le pays glissa lentement
vers le monopartisme de fait.
En effet, depuis 1964, les
partis d'opposition Tutsi sont décapités.
Ce. processus a
commencé comme on l'a vu, depuis l'attaque des Inyenzi fin
1963, avec les représailles sur des leaders intérieurs de
l'UNAR et du RADER tels que RWAGASANA, BWANAKWERI, NDAZARO,
etc.
Les dissensions à l'intérieur de l'APROSOMA renforcèrent
les lignes du MDR-PARMEHUTU.
En 1965, l'Assemblée Nationale
prit une couleur monopartite de celui-ci. Même au sein du MDRPARMEHUTU certains députés refusent le contr8le démocratique de
l'action gouvernementale par l'Assemblée Nationale de peur de
prendre le pouvoir au profit dfautres groupes ou d'autres
régions.
Les gens se sont accrochées au pouvoir au cours de la
Première République, ils ont refusé de démissionner quand la
sagesse le recommander.
Il a même été nécessaire d'amender la
constitution aussi bien en 1968 qu 1 en 1972, pour conscrer
KAYIBANDA comme Président à vie.

1

;..;1'1 l L
j "_'

V.

LES iLLUSiONS

.

~.l

l .0
,/

DE LA

DEUXIBME RÉPUBLIQUE.
A la veille
de la chute de la Premiêre République,
le
Rwanda se caractérise
par une insécurité
quasi généralisée
et
des intrigues
pol i tiques
de toute
sorte.
Avec la Deuxième
République, un calme relatif
règne dans le pays jusque dans les
années 1980.
Celui-ci
était
da à 1 f arrêt
de toute activité
politique,
au monopartisme de. rugeur,
à la nomination par le
chef de l'État
des autorités
à tous les niveaux y compris au
niveau communal. Il faut dire que parallèlement
sur le plan
politique,
la population
était
presque
amnéstésiée,
aucune
initiative
n'était
perçue
à ce niveau.
Les principales
relations
positives
de la
Deuxième République
se situent
surtout au niveau du dévéloppement spectaculaire
de l f économie
en général,
tandis que ses faiblesses
dont surtout
localiséez
du côté politique
avec son équilibrisme
ethnique et régional,
sa politique
trompe oeil du bon voisinage
et son incapacité
dl opérer des changements en profondeurs
alors
qu'ils
étaient
réclamés par le peuple.

V.l. LES SUCeES ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX.
Le 02 février
1974, débutaient
les travaux communautaires
de développement dit lIUMtJGANDA"
destinés
à faire comprendre aux
Rwandais que leur pays ne pouvait être développé que par la
conjugaison de leurs propres efforts.
Quoiqu'on en dise,
cet
esprit
nouveau qui tendait
à réhabiliter
le travail
manuel a
permis des réalisations
dans di vers domaines du développement
tel s que la constructions
des routes,
des écoles,
des centres
de santé,
à la
lutte
anti-érosive,
le
reboisement
avec
l'institutionnalisation
de la journée nationale
de l'arbre,
la
réalisation
des adductions
d'eau et d'autres
infrastructures
d'intérêts
communsque l'État
n'aurait
pas pu réaliser
sans le
concours de la population.
Même aux yeux des bailleurs
de
fonds de Il extérieur,
l' IrUMUGANDAll
était
perçu
comme une
contribution
interne
appréciable
aux divers
proj ets financés
par des aides et les projets bilatéraux
ou multilatéraux.
Certains lacunes ont cependant été observées dans la mise
en oeuvre de ces travaux communautaires de développement.
Au
lieu de recevoir les corrections
qui s'imposaient,
ceux qui les
formulaient
étaient
considérés
comme des opposants aux idéaux
de la Deuxième République et devait être persécutés.
Ainsi, le
rendement de l'Umuganda des fonctionnaires
de l'État
n'a cessé
d'être critiqué
par tout observateur de bonne foi.
Toujours dans le domaine économique, on doit mettre
é
l'actif
de la Deuxième République, la construction
de plusieurs
routes
bitumées de telles
sortes
que toutes
les préfectures
étaient
reliées
à la capitale,
la dernière
était
celle
de
Gitarama-Kibuye dont les travaux ont été interrompus par la

~',

C.

guerre d'avri1 1994.
D'autres infrastructures tels que les bâtiments officiels
comme les ministères, les bureaux préfectoraux et communaux ont
également été réalisés au cours de la Deuxième République.
La distribution de l'eau et de l'électricité aussi bien en
milieu urbain qu'en milieu rural a également connu un grand
essor remarquable.
Mais Cl est surtout dans le domaine de la
télécommunication que des prgrès très sensibles ont été
réalisés de telle sorte qu 1 à la veille du déclenchement de la
guerre par le F.P.R., le téléphone n'était plus le seul
monopole des villes, mais on pouvait communiquer avec les coins
les plus reculés du pays comme Rwamatamu sur le lac Kivu en
préfecture de Kibuye ou encore Gishamvu en préfecture de Butare
à une vingtaine de kilomètres de la frontière du Burundi.
Dans le domaine éducationnel et social, il convient de
noter la révolution opérée dans l'enseignement secondaire avec
la naissance de plusieurs établissements privés d'enseignement
secondaire.
Des organisations
non gouvernementales,
des
associations des parents d'élèves se sont mises à la promotion
de l'enseignement secondaire de manière qu'au début de 1994, le
nombre d'écoles secondaires privées dépassait de lion celui des
établissements dfÉtat.
Même au niveau de l 1 enseignement
supérieur, des initiatives privées commençaient à avoir le jour
ici et là.
Dans le domaine bancaire, même si on déplorait que les
banques commerciales restaient confinées dans les principaux
centres urbains, l'on doit se réjouir du fait que le système de
banques populaires avait su suppléer efficacement à cette
lacune.
A la fin de l'année 1993, il ne restait qu'une
vingtaine de communes sans banques populaire et dans sa
programation,
l'Union
des
Banques
Populaires
du
Rwanda
(U.B .P .R. ) avait prévu qu 1 avec l'année 1995, chaque commune
devait avoir sa banque populaire. Le développement des banques
populaires a permis de mettre à proximité de chaque citoyen un
système d'épargne et de crédit adapté à ses besoins.
On doit également noter que grâce à sa bonne gestion, la
Banque Nationale du Rwanda a su sauvegarder la valeur de la
monaie nationale contrairement à ce qui se passait dans des
pays voisins de telle sorte que le frans rwandais était
considéré par eux comme une devise.
Ces relatifS succès économiques ne doivent cependant pas
voiler de graves lacunes à la Deuxième République dans le
domaine politique, lesquels ont, sans conteste, contribué à la
grave crise que courait le pays depuis le déclenchement de la
guerre par le F.P.R. en octobre 1990, crise qui se poursuit à
l'heure qu1il est et pour laquelle on est loin de trouver les
solutions.

43

KO'161194

V.2. LA POLITIQUE D'ÉQUILIBRE ETHNIQUE ET RÉGIONAL.
On l'a vu dans les chapitres précédents, la Première
République n'a pas su gérer le problème ethnique qu'elle n'a
pas créé, il est vrai, mais s'est exacerbé avec la révolution
sociale de 1959.
L'un des motifs évoqués par les putschistes du 05 juillet
1973 était d'apporter des solutions appropriées à la crise
ethnique et régionale qui prévalait dans le pays.
Ainsi toute
la politique de la Deuxième République sera-t-elle basée, du
moins en théorie, sur la paix, l'unité nationale, comme le seul
moteur de véritable développement.
Le nouveau pouvoir introduit officiellement la politque
d'équilibre sur le plan ethnique et régional.
Il s'agissit
d'un système de quota proportionnel
à la population
que
représente chaque groupe ethnique ou régional.
Cette politique
s'avère être inefficace, car comme l'a confié Monsieur Tito
RUTAREMARA sur les ondes de la radio du F.P.R. à kigali en
avril 1996, lors de la semaine qu'on qualifie
là-bas de
souvenir du génécide, la fille Tutsi a permis à son ethnie de
contourner cette politique qui, affirme-t-il, n'aurait en que
le seul objectif de bloquer l'accès des Tutsi à l'école et à la
fonction publique.
Au dire de Tito RUTAREMARA, lui-même, la
femme Tutsi dans le scillage des tenants du pouvoir comme femme
de ménage pour devenir gérante des boutiques des dignitaires
pour enfin se retrouver deuxième bureau de son patron.
Arrivée
à ce stade, elle pouvait négocier aisémant toutes les faveurs
allant à des places à l'enseignement secondaire à 11emploi et
aux crédits pour ses frères et soeurs d'ethnie.
Cette politique n'a passé inaperçu chez les Hutu qui n'ont
pas cessé de le dénoncer allant jusqu 1 à accuser le régime du
Président HABYARlMANA de favoriser les Tutsi au détriement des
Hutu.
Voici ce qu'en pense un Hutu, pourtant connu pour ses
positions non ethniste, c 'était déjà en 1992: " Au Rwanda, la
question tourne autour de la fille Tutsi, et le mariage interéthnique a toujours soulevé des polémiques aussi vurlentes que
passionnées.
Au sein de la société, cette question semble
détenir
une
importance
relativement
primordiale
pour
le
développement futur de la société rwandaise qu'elle mérite que
l'on essaie d'approfondir son analyse.
Pour commencer, la
communauté Hutu accuse la fille Tutsi d'être un instrument par
lequel le Tutsi s'est servi pour assurer dans le passé son
régime absolutiste.
Dans le Rwanda moderne, on avance qu'elle
continue à jouer le même raIe que ça soit au niveau des leviers
du pouvoir économique que dans la sphère politique.
L'analyse
que nous avons effectuée au début de ce livre paraît prouver

Kn161i95
44
réellement que de fait de mariage-pièges ont été une méthode de
l'oligachie
Tutsi dans
ses stratégies
d'accession
et de
conservation du pouvoir. Au niveau de la vie sociale, la fille
Tutsi véhicule l'image d'un être pour qui le scandale arrive.
Tout d'abord, célibataire ou mariée, elle serait amorale.
Ensuite, elle causerait les failles en détournant les époux de
leurs épouses surtout dans les foyers Hutu.
Enfin, on va
jusqu'à affirmer que son infidélité est telle que même dans un
couple dlun Hutu et d'une Tutsi, cette dernière trompe son mari
au moment où elle doit concevoir, couche avec un homme de son
ethnie pour qu'elle ait un enfant Tutsi.
Un regard sur notre
pays montre malheureusement que de tels cas ont existé, mais
rappelons que la question posée est relative à savoir si l'on
doit être pour ou contre le mariage inter-ethnique12• Il
Ainsi sur le plan pratique, la politique de l'équilibre
n'a pas atteint son objectif, au contraire, elle a contribué à
créer des rancoeurs inutiles au sein de la communauté Tutsi qui
a su la contourner allégrement.
Elle a par contre servi
d'alibi pour le F.P.R. pour attaquer le Rwanda sous prétexte de
libérer une ethnie depuis longtemps opprimée par un pouvoir
dictatorial.
La question régionale s'est exacerbée au cours de la
Deuxième République.
Il faut dire que celle-ci, pour des
raisons injustifiées
et non justifiables,
a commencé par
exterminer
les dignitaires du sud en général
et de la
préfecture de Gitarama en particulier.
Au sein de l'armée même
si lion sait que la Deuxième République nia fait que suivre la
première République, mais on doit affirmer qu'elle a affermi
cette politique dlexclusion des gens du Sud.
Le régionalisme
s'est étendu et amplifié au sein de l'administration tant
publique
que
privée
et
en
particulier
au
niveau
des
représentations diplomatiques.
Au niveau de l'enseignement
seconadire et supérieur, surtout dans l'attribution des bourses
d'études pour l'étranger, le régionalisme déjà visible au cours
de
la
Première
République
s'est
amplifié.
J'ai
personnellement eu une expérience en cette matière dans la
mesure où de 1977 à 1978 j'étais fonctionnaire au Ministère de
l'Éducation Nationale chargé de la gestion des bourses d'étude.
Dans l'ensemble, à cette époque les dignitaires de la
Deuxième République n'avaient pas personnellement d'enfants à
anvoyer dans les Universi tés européennes, ils se contentaient
de fixer des quotas par préfecture.
A titre d'exemple, sur la
quarantaine
des candidats admis
dans des universités
et
instituts supérieurs belges au cours de l'année académique
1978-1979, les trois préfectures du nord à savoir Gisenyi,
Ruhengeri et Byumba totalisaient à elles seules plus de 50%
alors que chacune des autres préfectures se contentaient d'une
ou deux places.
12

M.D.BAMBANZA:
56

"Inzira, la voie des Intwali, pp. 55 et

45

K0161196

L'enseignement
post-universitaire
faisait
cependant
exception
faute
de
candidats
en
dehors
des
cadres
de
l'Université
Nationale du Rwanda présélectionnés
sur base de
cri tères
qui échapaient
à l'emprise
du département qui avait
les bourses dl études dans ses attributions.
Alors que le
régionalisme était
au départ considéré commepratique communeà
toute une région,
il dégénéra pour être identifier
aux seuls
proches du Président
de la République,
communément appelés
Il AKAZUJI
dans la mesure où tout compte fait,
on s'est
aperçu
qu'ils
s'agissaient
des mêmes individus
que l'on
trouvait
à
tous les niveaux de décision ou les gens y placés par eux.
Il
n' y avait pas moyen de les contourner si on devait se faire
nommer dans une place importante dans l'administration,
dans
les sociétés
dl État ou mixte, pour obtenir une bourse dl étude
ou une place
dans l'enseignement
secondaire.
Ils
étaient
effectivement omniprésents partout.
Le régionalisme
s'est
également amplifié
avec la guerre
d'octobre 1990, les gens du sud accusant ceux du nord d'en être
responsables
et souhaitant
qu'elle
soit
confinée
chez eux,
tandis que certains
habitants
du nord voulant qu ' elle SI étende
également vers
le sud pour qu 1 eux aussi
en ressentent
les
méfaits,
les confondant souvent avec les agresseurs
Inkotanyi.
Cette
attitude
a
été
remarquée
surtout
au
niveau
de
l'hiérarchie
militaire
ou aucune ligne de conduite communepour
combattre l'ennemi n'a été observée.
Même au sein des partis
poli tiques,
cet aspect régional
n'a pas été oublié dans la mesure où seuls deux partis,
à
savoir le MRND
et le MDRavaient réellement une base nationale,
les autres
formations n'ayant
que des assises
régionales
et
parfois ethniques.
Mêmeau sein de ces deux grandes familles
politiques,
les vestiges du régionalisme ne manquaient pas, le
MDRétant
mieux implanté au sud tandis
que le MRNDétant
largement dominant au nord.
L'on doit noter également que certains
ont profité
de
cette
politique
officielle
d'équilibre
régional
pour écarter
systématiquement tout concurrent autour d'eux, que ce soit au
sein de l'administration
publique,
dans le secteur
privé ou
mixte.
J'en fus moi-mêmevictime, ayant été affecté après mes
études au sein de la Société des Transports
Internationaux
au
Rwanda, STIR s.a.r.l.,
par
le
Ministère
habilité,
en
l'occurrence
celui de la Fonction publique et de la Formation
Professionnelle.
J'en fus chassé par son Directeur Général, qui
n ' était
personne d' autre que Faustin TWAGIRAMUNGU,
bien connu
aujourd'hui,
avant mêmed'avoir été reçu, pour la simple raison
que j'étais
originaire
de la préfecture
de Butare.
Ci-après
TWAGlRAMUNGU ,

la
alors

Faustin
Monsieur
correspondance
que
s.a.r.l.
la
STIR
Directeur
Général de

1/\
\('\/ 11...l).
t

46

i ig7
1

Il



adressa .au Ministre de la Fonction publique et la Formation
Professionnelle pour rejeter ma candidature et dont j t ai reçu
copie.
Kigali, le 11/12/1984
N/Réf:2.02/2671/84
Monsieur le Ministre de
la
Fonction publique et de la Formation Professionnelle,
Kigali
Engagement de Monsieur
KAMBANDA Jean

Qbjet:

Monsieur le Ministre,
Nous accusons bonne
réception de votre lettre n05706/06-23 du 23 novembre 1984 dont
l'objet est ci-haut référencé,
Après l'avoir étudiée
munitieusement, nous vous remercions d'avoir répondu à notre
demande du personnel mentionnée dans notre lettre n0200/1282/84
du 25 juin 1984, mais nous sommes au regret de vous annoncer
que nous ne pouvons pas retenir la candidature de
Monsieur
Jean KAMBANOA originaire de Butare pour raison d'équilibre dans
nos cadresll,
Comptant sur votre
habituelle compréhension, nous vous prions d'agréer,
le Ministre, l'expression de ma haute considération,

Monsieur

Signé Faustin TWAGlRAMUNGU
Directeur Général
Ç.P.I

_ Monsieur le Directeur Général de llEmploi
et de la sécurité sociale
Kigali
- Monsieur Jean KAMBANDA
cIo RUSHAYIGI P, Célestin
BUNEP
B.P

1337

Kigali

13

Souligné par moi-même

Kor61198
47
A titre d'anecdote, la lettre de Monsieur de la Fonction
publique et de la Formation Professionnelle m'affectant à la
S.T. I.R., s.a.r.l portait la signature de Monsieur Jean Marie
Vianney NDAGIJlMANA,
alors secrétaire
Général au sein du
département, le même qu Ion retrouvera dix ans après comme
Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération du
gouvernement mis en place par Faustin TWAGlRAMUNGU après la
conquête du Rwanda par le F.P.R., la suite on la connaît.
Si j'ai parlé d'abus, je voudrais que je sois bien
compris.
La politique d'équilibre ethnique et régional était
gérée par le département ayant l'emploi et la fonction publique
dans ses attributions et non par chaque service ou département.
En effet, c'était ce seul département qui avait compétence de
nomination dans les emplois tant publics que privés, après
avoir, bien entendu, vérifié tous les paramètres y compris ceux
d'équilibres ethnique et régional.
Il n'appartenait pas à
chaque département ou service de vérifier si tel était tutsi,
Hutu, kiga, nduga, etc...
pourquoi dans ces conditions le
Directeur Général de la STIR m'a-t-il mis à la porte sans même
daigner me recevoir?
Il me dira plus tard que j 1 ai eu la
chance de n'y être pas affecté parce que dit-il, on m'aurait
licencié comme lui quelques temps après.
Ce cas personnel m'a
permis de mieux comprendre les méfaits de cette odieuse
politique d'équilibre
tant au niveau des ethnies que des
régions, politique qui ignore la compétence et les atouts
personnels.
V.3. LES AUTRES MAUX QUI ONT MINÉ LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE
V.3.1.

L 1 acçrochage
fonctions

au

pouvoir

et

le

cumul

des

Parmi les maux qui ont miné la Première République figure
en bonne place le refus de l'alternance démocratique. Cette
pratique n'a pas été l'apanage de la seule Première République
mais la Deuxième en a fait sa raison même d'être.
certains
sont allés jusqu'à affirmer que le Président HABYARlMANA avait
mis en place une monarchie Hutu (ingoma cyami mputu) tellement
que tout était en place, sans le dire, pour que jamais il ne
soit remplacé, il s'est indirectement proclamé président à vie.
Le système de parti unique qu'il avait mis en place lui
assurait d'être seul candidat président de la République dans
une mascarade d'élection où il ne pouvait espérer pas moins de
100% des voix, ce qui était d'ailleurs son slogan électoral.
En effet, pour être candidat président de la République, il
fallait être Président et candidat du M.R.N.D.
Or au sein de
ce dernier, l'organe suprême n'était rien d'autre que sa
présidence, entendez par là son président, le congrès étant
relégué au second plan.

Même si on
démocratique,

était habitué à ce refus de l'alternance
la particularité de la Deuxième République aura

KO~61

J99

48
été, sans conteste le cumul des fonctions.
En effet, de
mémoire d'homme, jamais un seul individu n'aura cumulé autant
de fonctions que le Président HABYARlMANA.
Tenez: il était Président de la République, Chef de l'État
et du gouvernement, Ministre de la Défense Nationale depuis
1965, Chef de 11État Major de l t Armée depuis 1964, Chef de
l'État Major de la Gendarmerie, Président fondateur du MRND,
Président
du
Conseil
Supérieur
de
la Magistrature,
des
fonctionsi j 1 en oublie certainement.
Le cumul des fonctions
n'était pas bien entendu 11apanage du seul Président de la
République. Ainsi par exemple tel Ministre était en même temps
député, membre du Comité Central du MRND, membre du Comité
Préfectoral du parti, c'est à peine qu'il ne rêvait pas de
devenir Bourgmestre de sa commune, Conseiller de son secteur,
Chef de la cellule où il réside et pourquoi pas Nyumbakumi
aussi.
Il faut noter que, sans blague, Chef de cellule, le
Ministre l'était dans le cadre des cellules spécialisées, comme
les ministères.
Les militaires putschistes de 1973 avaient promis en
prenant le pouvoir par la force de retourner dans leurs
casernes en le remettant aux mains des civils dans les cinq ans
qui allaient suivre, c'est-à-dire en 1978.
Il en ont pris le
goOt et cette idée a été tout simplement mise dans les
calandres grecs.
Ci-après, pour mémoire, "les 11 camarades" qui ont fait le
Coup dlÉtat dont il est question et ont formé ce qu 1 ils ont
appelé le "Comité pour la Paix et l'Unité Nationale".
Nom et Prénom

Grade

Préfecture
d'origine

1- HABYARlMANA Juvénal

Général-Major

Gisenyi

2. KANYARENGWE Alexis

Lieutenant-Colonel

Ruhengeri

3. NSEKALlJE Aloys

Major

Gisenyi

4. BENDA Sabin

Major

Ruhengeri

5. RUHASHYA Epimaque

Major

Kigali

6. GAHlMANO Fabien

Major

Gisenyi

7. MUNYANDEKWE
J.Népomuscène

Major

Gitarama

8. BUREGEYA Bonaventure

Major

Gisenyi

SERUBUGA Laurent

Major

Gisenyi

10. NTIBlTURA Bonaventure

Major

Ruhengeri

1l. SIMBA Aloys

Major

Gikongoro

9.

49

Commeon le disait,
les militaires
ont pris
le goüt du
pouvoir et ont oublié les promesses faites
au peuple, lui qui
n'oublie
rien,
de telle
sorte
qu'il
a même été nécessaire
d'introduire
une nouvelle constitution
en 1978 qui garantissait
au chef des putschistes
de se maintenir comme Président
de la
République.
Cette constitution
suivait
la mise en place d'un
parti
unique,
le Mouvement Révolutionnaire
National
pour le
Développement (MRND),toujours à dessein de faire du Président
HABYARlMANA
un président
à vie.
Même au cours
de sa rénovation
en 1988-1989,
qu'on
qualifia
d'aggiornamento sur laquelle
je reviendrai
plus loin,
le MRNDa tout fai t pour se maintenir
comme parti
unique en
dehors duquel aucune activité
politique
n'était
autorisée.
Cette attitude
de vouloir à tout prix s'accrocher
au pouvoir a
été observée mêmeavec le multipartisme.
V.3.2.

~'affairisme

des autQ~ités

Le mot "INDURUBURI"
qui signifierait
en Français Industrie
de Briques de Rugeramigozi a été inventé vers la fin de la
Première République quand, semble-t-il,
l'épouse
du Président
Grégoire KAYlBANDA
venait de commencer à faire
fabriquer,
pour
les
commercialiser,
les
briques
dans
la
vallée
de
la
Rugeramigozi située
non loin de son domicile de Kavumu tout
près de Kabgayi en préfecture
de Gitarama.
Ça montre l'extrême
sensibilité
des
leaders
de l'époque
à tout
ce qui
est
affairisme .
Suivant en celà le Chef de l'État,
plusieurs
dignitaires
de la Première République se sont adonnés à la
fabrication
des briques,
activité
très
lucrative
à l'époque,
compte tenu d'importants
projets
de construction
de bâtiments
publics qui existaient
à ce moment. Ce mauvais exemple a servi
d'alibi
aux fonctionnaires
de l'État
pour qu'ils
se livrent
à
leurs tours aux activités
commerciales ou aux activités
pouvant
leur procurer
des gains.
C'est
par là en fait
qu'il
faut
rechercher les origines de la corruption.
La Deuxième République est venu avant que la corruption et
l'affairisme
ne soient généralisés,
mais les a renforcés
dans
la mesure où des instructions
furent données aux militaires
sur
les conditions
dans lesquelles
ils pouvaient faire
fructifier
leurs biens.
À un certain
moment, les grandes entreprises
industrielles
ou de construction
appartenaient
aux dignitaires
du régime tant civils
que militaires.
Dans un esprit
de "purification
de la société
rwandaise",
les dirigeants
de la Deuxième Républiques interdirent
l'accès
aux débits des boissons aux femmes non accompagnées par leurs
maris.
La conséquence fut que les prostituées
désertèrent
les
bars pour se constituer
leurs
propres boutiques
communément
appelées
Il IBITANDA
Il
signifiant
littéralement
11 les
lits"
où,

K. I\1?1?01
\.' 1 {) 1...

50

1

semble-t-il, les caisses de bières étaient gardées sous le lit
et où on ne servait que "des ami.ev ,
Cette pratique attirera
plus tard les petits fonctionnaires qui Y voyaient un moyen,
eux-aussi, de gagner un supplément à leurs salaires.
Les hauts fonctionnaires ont également acquis, par des
moyens, pas toujours honnêtes, des terrains surtout dans les
vallées et se sont livrés à l'agriculture et à l'élevage.
Dans l'entre temps, la pratique de la corruption faisait
son bonhomme de chemin.
Pour être affecté à un emploi, pour
gagner un marché public, même pour avoir un crédit dans une
banque, il fallait monnayer ce service; ceci se faisait au vu
et au su des hautes autorités du pays tant civiles que
militaires qui Y trouvaient bien entendu leurs comptes.
La
pratique de la corruption s'est généralisée de l'administration
centrale à la commune de telle sorte qu 1 à la veille de la
guerre dite d'octobre 1990, effectivement et contrairement à
l'étique,
l'intérêt
personnel
passait
avant
l'intérêt
collectif.
V.3.3.

Les
défaillances
internationales

dans

les

relation.s

La politique étrangère du Rwanda au cours des années
républicaines
s'est
caractérisée
par
l'irrnnobilisme
l'incompétente et le laxisme dans la défense des intérêts
nationaux.
En effet, le Rwanda siest contenté de garder ce
qu von
appelait
les
amis
traditionnels,
c'est-à-dire
les
anciennes
puissances
coloniales
à savoir
la Belgique
et
l'Allemagne, les pays dits francophones avec bien entendu la
France en tête, les grandes puissances en l'occurrence
les USA
et l'URSS, sans aucune offensive envers les pays hibériques,
lusophones d'Europe et d'Afrique ou d'Amérique, les pays nordeuropéens, ceux de l'Asie du sud-est, etc ...

l

Les diplomates rwandais se contentaient d'invitations pour
avoir les occasions d'expliquer la problématique rwandaise,
certains allaient même jusqu'à requérir l'avis de Kigali alors
qu'ils étaient censés être plénipotentiaires. Notre diplomatie
était qualifiée de diplomatie de banquet.
L'on aura également remarqué que la plupart des diplomates
n'étaient pas nommés pour leur expérience ou leur compétence
mais plus pour les liens qu'ils entretenaient avec les hauts
responsables du pays, et ainsi ils étaient affectés plus pour
servir les intérêts de ces derniers que ceux du pays.
Ils se
sont caractérisés par une recherche effrénée de la richesse en
utilisant tous les moyens, Y compris illégaux, comme la fraude.
Ainsi, tel ambassadeur a vu son épouse prise en fragrant délit
de fraude en Chine et a du payer un lourd tribut avant que les
autorités habilitées ne se saisissent de la question.
Quand à la politique de bon voisinage

tant prônée par la

Kn

~ •• \)

1 .' l' ""'f}
1

t:.~ \ t.\, t~I

51
Deuxième République,
elle
aura été un attrape-nigaud.
En
effet,
en voulant être l'ami de tout le monde, le Rwanda finira
par s'isoler,
sans s'en rendre compte et ceci sera confirmé
lors de l'attaque
d'octobre
1990.
A part le Zaire qui semble
être resté ami du régime HABYARIMANA
jusqu'au bout, les autres
voisins du Rwanda soutiendront
directement ou indirectement
les
agresseurs Inkotanyi.
Passons en revue, pays par pays, l'état
de Ilces relations
de bon voisinnage Ilqu'étai t censé entretenir
le Rwanda à la
veille
de la uguerre finale" déclenchée par le F.P.R. en Avril
1994:
1.

Commela plupart des pays africains,
le Zaire connait
aussi des crises
économique et politique
de grande
envergure.
Le climat
actuel
et
l'environnement
politique
international
du moment n'ont pu laisser
entrevoir
du Zaire au cours de la crise
d' avriljuillet
1994 qu 1 un soutien diplomatique,
même si au
début de la guerre il avait pu envoyer des troupes
dont l'apport
aura été déterminant dans la victoire
d'octobre 1990.

2.

Les relations
avec la Tanzanie, il faut que l'on se
le dise,
n ' ont j amais été aussi cordiales
qu'on le
prétendait
depuis le putsch militaire
au Rwanda de
1973.
L'on sait que le Président Grégoire KAYlBANDA
était
un ami personnel du Président NYERERE;
ayant en
commun entre
autres
leur politique
socialisante.
L'assassinat
du Président
KAYlBANDA
après le Coup
d'État
du Général-Major HABYARlMANA
ne passera
pas
inaperçu au sein de l'opinion
tanzanienne en général
et de ses dirigeants
en particulier.
La guerre leur
fournira probablement l'occasion
de se venger.
L'on
sait aujourd'hui
que le F.P.R. recrutait
allégrement
dans les camps de réfugiés
installés
en Tanzanie et
qu'il
n'a jamais été inquiété.
Par ailleurs,
nul
n'ignore
que la Tanzanie est un allié
inconditionnel
de l'Ouganda;
l'on
doit
également
se poser
la
question
sur la responsabilité
de la Tanzanie sur
l'assassinat
du Président HABYARlMANA
dans la mesure
où son avion a été abattu de retour d'une réunion à
Dar-es - Salam.
Aucun télégramme de condoléances ne
sera envoyé ni au peuple rwandais ni à la famille du
Président
défunt.
De même le
comportement du
gouvernement
tanzanien
lors
de
la
reprise
des
hostilités
par le F.P.R. sera des plus ambigus comme
le lui fera remarquer le chef de la diplomatie
du
gouvernement intérimaire.
En effet,
la Tanzanie n'a pas gardé de neutralité,
bien au contraire,
elle nIa pas caché son soutien au
gouvernement auto-proclamé du F. P.R. depuis sa mise
en place et son soutien s'est
concrétisé par:

52

K016',203

le boycotte du gouvernement intérimaire rwandais
(refus de visa aux membres de ce gouvernement
voulant se rendre en Tanzanie, et même quand le
visa est accordé, refus d'audience
par des
officiels tanzaniens) au moment même où les
responsables du F.P.R. étaient choyés.
refus de rendre au gouvernement intérimaire les
trois avions rwandais qui avaient transporté les
membres de la délégation présidentielle pour le
sommet des Chefs d'Etat de la sous-région tenu à
Dar-es-Salam, le 6 avril 1994. Ces mêmes avions
ont été remis au gouvernement auto-proclamé du

F.P.R.
Déclaration officielle du gouvernement tanzanien
selon laquelle le gouvernement auto-proclamé du
F.P.R. a respecté et respecte encore les accords
d'Arusha, alors qu'il sait très bien qu'il n'en
est rien,
mutisme du gouvernement tanzanien depuis bien de
mois, quant à la relance du processus de paix au
Rwanda sur base des accords d'Arusha,
3.

Le cas de l'Ouganda est le plus patent dans toute
cette histoire du bon voisinage.
Le Président
MUSEVENI,
lors de sa visite au Rwanda en 1986,
déclara à Butare dans le sud du pays, que personne
n 'attaquera le Rwanda à partir de son territoire.
Moins de quatre ans plus tard, cette attaque eut
effectivement lieu et il se contenta d'indiquer que
ceux qui attaquaient le Rwanda étaient des déserteurs
de son armée et qu'ils seront poursuivis dès qu'ils
reviendraient.
Il savait bien entendu de quoi il
parlait, parce que ceux-ci ne reviendront jamais en
Ouganda pour la simple raison qu 1 il mettra tout le
paquet,
hommes
et matériels,
pour
les aider à
conquérir le Rwanda. La suite est connue.

4.

Quant aux relations avec le Burundi, elles ni ont
jamais, il faut l'avouer, été bonnes; les événements
de l'un des deux pays ayant toujours des conséquences
sur l'autre, comme qui dirait les vases communicants.

Je pense, comme d t aucun l'affirmait, que la politique
bon voisinage du Président HABYARlMANA était la politique
trompe l'oeil.
V.3.4La

non

séparation des pouvoirs

du
du

K \.'
"i"\1

'1204
.. \.

! (;

53

Durant la Première République, Il indépendance entre les
trois pouvoirs,
à
savoir, l 'exécutif, le judiciare
et le
législatif, a été tant bien que mal relativement assurée; mais
petit à petit Il exécutif a fini pa étouffer les deux autres
pouvoirs.
La Deuxième République na pas voulu corriger cette tare
mais bien au contraire, elle a
instauré une confusion totale
entre les trois pouvoirs.
C'est ainsi que le Président de la
République était en même temps Président du Conseil Supérieur
de la Magistrature et que le Conseil National de Développement
(C.N.D) était entièrement à la solde du parti unique de part le
système électoral mis en place.
En effet, l'on se rappelle que l 1 organe aupxêrne du MRND
était sa présidence, pour ne pas dire son Président fondateur,
alors qu'il était le seul habilité à valider la candidature des
députés.
Si l'on disait que les députés étaient purement et
simplement nommés par le Président de la République, je pense
que lIon serait loin de se tromper.
Par ailleurs
le chef de
Il État
étant
le chef du
gouvernement, il était assuré que celui-ci avalise toutes ses
propositions,
gare à celui qui stY opposerait
puisqu'il
risquait tout simplement d'être révoqué par celui-là même qui
préside les débats. Et ainsi, la boucle était bouclée, tous les
trois pouvoirs dans la main d'un seul homme, à savoir le
Président de la République.
V.3.5.

L~ procË;s d~s
et
RépubliQUe
QPscurs.

pol iticiens
de
autres
dossiers

la première
judiciaires

Le procès des politiciens de la premières République et
leurs exécutions
"confidentielleslt
aura sans doute été le
dossier le plus obscur de la Deuxième République et il n'en
manque pas, comme on vient de le voir plus haut.
Après le
putsch du 5 juillet 1973, certains leaders politiques du sud en
général et de la préfecture de Gitarama en particulier furent
emprisonnés dans la prison spéciale de Ruhengeri.
Ils furent
presque tous condamnés à des peines publics plutôt légères de
quelques années de prison. Même la peine capitale prononcée en
l'encontre de certains d'entre eux, dont le Président Grégoire
KAYIBANDA fut commuée en emprisonnement à perpétuité.
Mais très curieusement, quasiment personne ne sortira
vivant de cette prison.
Ils furent tous assassinés, semble-til, par les responsables du renseignement,
service alors
rattaché à la Présidence de la République, raison pour laquelle
d'aucuns ont affirmé que ces exécutions ne pouvaient se faire
sans que celle-ci ne soit au courant de rien, comme on
l'affirmera plus tard.

54
Pour se laver de tout soupçon, la Présidence de la
République désignera un bouc-émissaire
en la personne du
Directeur Général du Service Central de Renseignement, Monsieur
Théoneste LIZINDE.
Celui-ci sera condamné à mort pour la
deuxième fois, puisqu'il l'avait déjà été dans le cadre de la
tentative de Coup d'État de 1980, mais le mystère sur cette
affaire plane toujours même aujourd'hui.
Parmi les autres dossiers judiciaires que la Deuxième
République s'est refusé de mettre au clair on peut citer:
L'affaire du Coup d'État des années 1980 qui, sous
cette
accusation
réelle ou imaginaire,
a donné
l'occasion de se débarrasser des indésirables et des
contradicteurs,
de spolier les commerçants,
pour
camoufler la mauvaise gestion et faire barrages aux
premières dissensions entre les membres de l'équipe
qui a fait le Coup d'État de 1973.
Cette affaire
consacrera la division profonde dans la région du
nord,
augmentera
les mécontentements
au sud et
accessoirement constituera pour le F.P.R, une réserve
de recrutement de futurs alliés.
Les assassinats
restés inexpliqués,
dont l'un a
concerné un chef militaire, proche collaborateur du
Chef
de
l'État
et
reste
inexpliqué,
malgré
l'emprisonnement et l'élargissement ultérieur, sans
jugement, d'un certain nombre d'officiers supérieurs.
Les
affaires
financières
toutes
touchant
les
personnalités politiques du sud du pays accusées de
malversation, alors que le mobile réel était sur leur
dissension avec le sérail du pouvoir et que la
traduction sincère en justice pour le détournement et
la mauvaise gestion aurait dû entraîner la mise en
prison de la plupart des barons du régime.
L'emprisonnement d'un grand nombre de personnalités
Hutu et Tutsi, le lendemain de l'attaque du F.P.R.
sous l'accusation de complicité avec le mouvement. Il
est certain que le F.P.R. avait des complices au
Rwanda au moment de lancer son attaque, mais il
fallait les rechercher en se basant sur des preuves
objectives
à
charge
des personnes
appréhendées,
14
preuves qui sont venues à faire déjà défaut •

14

la
société

G.F & Co, P.O. Box 60157 Nairobi
RWANDA: Réflexion sur les causes de 11éclatement
société rwandaise;
-Propositions des grandes lignes d'un projet
pour le Rwanda -Document de travail.

de
de

55

V.3.6.

La politigye du mensonge et de la désinformation

Le régime HABYARlMANA, comme beaucoup d'autres régimes
africains, a pratiqué une politique de muselage de la presse et
de tout autre forme d'information, soit par la censure directe
soit par la persécution des journalistes.
Le service de renseignement a été chargé d'entendre et
rapporter tout ce qui se disait sur la personne du Président au
lieu de veiller aux problèmes de sécurité.
Et non seulement
l'opinion ne pouvait plus être informée de ce qui se passait,
mais la presse officielle présentait une version univoque des
faits".
Ainsi
la
politique
du
mensonge
régnait
entre
les
différents niveaux hiérarchiques de l'administration et entre
celle-ci et le peuple.
Que l'on se souvienne des discours
contradictoires sur la question de la famine dans certaines
régions du pays vers les années 1989.
En effet, au cours de la Première République, il y avait
certes un problème de pauvreté mais on n'a pas eu à déplorer
des cas de famine prolongée par le simple fait que la pression
démographique ne se faisait pas encore sentir dans toute son
acuité.
La
Première
République
s'était
attelée
au
développement rural, oeuvre poursuivie et renforcée par la
Deuxième République.
Mais il existait des disparités fragrantes entre les
régions
au
niveau
de
la
répartition
des
projets
de
dédeloppement de telle sorte que dans certaines préfectures
surtout du sud , régnait une famine endémique.
Cette situation
a fait que certaines personnes étaient condamnées à l'errance à
la
recherche
d'emplois
agricoles
pendant
que
certaines
autori tés, y compris des ministres, niaient 11existence de la
famine dans tout le pays. Ceux qui ont osé le dénoncer étaient
considéré comme des opposants du régime.
J'ai personnellement participé à la réalisation d'un film
intitulé "Haguma amaqar'a" sur la famine dans la préfecture de
Gikongoro et de Kibuye et qui fut le premier document à avoir
mis en lumière ce mal qui minait le pays depuis plusieurs
années.
Il fut l'occasion
de polémique
mais aussi de
solidarité que j'animais envers cette population en détresse.

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~ , .•

VI.

L'ÉGLISE

CATHOLIQUE

DU

RWANDA

FACE

~

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? (' '7
1

.e.- .•I

AUX

CONFLITS SOCIAUX
L'histoire
de
l'Église
du Rwanda, ou mieux encore
l'Évangélisation
de notre pays, suit dans ses péripéties
un
cheminement plus ou moins semblable à une histoire
de l'Église
universelle.
On peut y déceler une période apostolique
et
post-apostolique
avec ce que cela suppose de conversion,
de
persécution,
de martyrs
et
de périodes
clandestines
mais
d'affermissement
de la foi.
On y décèlera une période dite
"constantinienne"
bien marquée par l'établissement
d'un royaume
chrétien où le pouvoir spirituel
guide ou subjugue le pouvoir
temporel.
Et enfin, la période des deux révolutions
qu'a connu
le Rwandaavec son esprit à la fois de restructuration
du monde
ancien mais aussi
de Renaissance,
dl approfondissement
et de
début d'inculturation
du message chrétien au sein de l'Église.
VI .1. L 1 ÉVANGILE

ATTÊRRIT EN TERRE RWANDAISE

Commedans l'empire
romain, l'Évangile
de Jésus Christ
arrive dans un pays assez bien organisé à tout point de vue:
politiquement,
économiquement, socialement et culturellement.
Une seule ombre au tableau: les luttes politiques
qui ont porté
le roi Musinga au trône.
Les missionnaires
d'Afrique
(Pères
Blancs) arrivent
de l'Ouganda à la cour de Musinga.
Ils ne
sont pas bien reçus mais obtiennent une colline
où s'installer
dans l'espoir
qu'ils
seront délogés par la population très rude
du lieu.
Là ils recrutèrent
les premiers catéchumènes attirés
par les appâts matériels:
nourriture,
habi ts .
Les premiers
chrétiens sont incompris et suspects; on les traite
d' "IBISOME11
d' 11 INYANGARWANDA Il •
L 1 autori té
rwandaise
a
interdi t
de
s 1 adresser
aux membres de l'Aristocratie,
mais seulement aux
BaHutu (et aux batutsi
de moindre condition).
Cependant,
l'oeuvre
d'évangélisation
va
bon train:
les
premiers
catéchumènes apparaissent,
les premiers baptisés
en 1903, les
premières missions dans les quatre coins du pays où les gens
sont réputés des durs à cuire,
les premiers jeunes gens sont
envoyés au séminaire
en Tanganyika (actuelle
Tanzanie) pour
leur formation au sacerdoce.
À la cour apparaît une école oü les cours de religion
sont
interdits.
Le kiswahili,
la
lecture
et
le
calcul
sont
dispensés aux jeunes gens de la cour "les intore".
Le roi
Musinga voit
dans
les
missionnaires
un
instrument
de
colonisation
pour s' approprier de son pays.
c' est la période
des martyrs et de confrontations
avec le pouvoir monarchique.
Ce sera Kabare , oncle de Musinga, qui va en 1907 défendre la
situation
entre Il Église et l' autori té royale en acceptant de
partager le mêmechalumeau avec les chrétiens:
geste posé pour
ses propres intérêts
politiques.
L'église
sort alors
d' une
certaine clandestinité.

Kn161208

On peut
relever pour
cette période
un
catéchuménat
organisé et réparti sur 3 ans, un recueil de textes bibliques
bien choisis dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, une
scolarisation rudimentaire, un apport dans le domaine socioéconomique
et
de
développement
(construction,
commerce,
habillement,
moeurs
alimentaires,
techniques
nouvelles,
etc ...) .
L'Évangile est porteuse de germe de développement
intégral et de libération.
Ainsi les chrétiens ne sont plus
corvéables, d'autres ont trouvé dans l'Église un tremplin pour
a r opposer au roi.
Quoique clandestine, l'Église trouve une
occasion pour affirmer son indépendance et son originalité par
rapport à l'autorité politique.
VJ:.2.LE RÈGNE

DU ROJ: MUSI:NGA

Sous le règne du roi Musinga, il Y eut une certaine
collision entre le pouvoir colonial allemand
et l'Église
catholique en majorité représentée par les prêtres belges et
français.
Le premier objectif dans l'Évangélisation fut de
convertir les chefs pour pouvoir gagner le peuple.
Si jusqu'en
1922 la masse des convertis et des catéchumènes ainsi que des
écoliers sont des Hutu et des tutsi de basse condition, à
partir
de
1922,
Monseigneur
Léon
Paul
Classe
oriente
l'évangélisation vers la classe dirigeante en conformité avec
les
recommandation
du
fondateurs
de
la
Société
des
Missionnaires de Notre Dame d'Afrique (les pères Blancs) .
Cette entente entre les colons et les missionnaires
augmente l'influence de l'Église catholique omniprésente à
travers ses oeuvres socio-médicales et éducatives.
L 'arrivée
des Belges, après la guerre de 1914-1918 donne encore à
l'Église plus d'importance au détriment des protestants et des
musulmans.
En juillet 1917, le roi Musinga décrète malgré lui
une loi sur la liberté de conscience en matière de religion.
C'est dans cette même année, le 7 octobre 1917, que sont
ordonnés
les
premiers
prêtres
rwandais,
signe
d'une
implantation solide de l'Église au Rwanda.
Entre temps
naissent des congrégations des soeurs BENEBIKIRA et des frères
Joséphi tes.
Dans les écoles se ne sont pl us les Hutu ou les
tutsi
de
basse
condition,
mais
bientôt,
la
classe
aristocratique a remarqué que ceux qui ont fréquenté l'école
deviennent les interprètes des blancs auprès des dirigeants.
De nombreux Tutsi se ruent dans les écoles en vue de devenir
chefs, sous-chefs ou commis.
Notons en passant que du point de vue géopolitique,
Monseigneur Classe lutte pour le rattachement du Gisaka au
Rwanda alors que la conférence de Berlin 11 avait rattaché au
Tanganyika territory.
Bien plus, de concert avec le pouvoir
colonial, notre prélat opère un changement de mental i té chez
les rwandais avec l'éviction du roi Musinga au profit de son
fils Rudahigwa: ce fait sâpa la conception quasi-religieuse du

K0161209
58
pouvoir royal.
pouvoir.

Désormais

l'Église

SI

imposait

comme

un

contre

En cette période 11 évangélisation SI affermissait avec la
multiplication des paroisses (missions) en diverses
régions du
pays et surtout dans les écoles.
Une sorte d'hégémonie des
écoles commence à surgir. Le catéchuménat s'organise sur 3 ans
(amahame
tugomba
kwemera,
amategeko
tugomba
gukulikiza,
amasakramentu
tugomba
guhabwa)
avec
la
formation
des
catéchistes.
L'apparition
des communautés
chrétiennes
en
conseils de colline (inama), l'encadrement des femmes et des
jeunes filles par les soeurs Benebikira, l'appui des frères
joséphites aux prêtres pour l'encadrement des jeunes et la
scolarisationj
la
naissances
des
mouvements
d'action
catholique, Il Kiliziya yakuye kirazira Il c'est l'éclatement du
monde antique et la fin du paganisme.
1

VI.3.L'ÉTABLISSEMENT

DU ROYAUME CHRÉTIEN

(1931-1959)

L'avènement du roi Mutara III Rudahigwa occasionne la
conversion massive.
On parle de "l 'Esprit Saint qui souffle
dans la tornade".
L'église devient officielle, mais les
motivations de ce phénomène de conversion relève dlintérêt de
masse qu'une conviction personnelle.
Les oeuvres de llÉg1ise se multiplient, les congrégations
religieuses deviennent florissantes.
Les Tutsi s 'y engagent
beaucoup plus que par le passé avec le risque de perdre (ou
rater) le train.
C'est l'époque, comme au Moyen-âge, où les
familles des nobles rivalisent d'avoir un membre dans le clergé
ou dans une congrégation religieuse.
C'est aussi une période
de clivage ethnique entamé depuis Monseigneur Classe dans les
écoles. En 1933-1934, les écoles territoriales sont supprimées
au profit de la fondation du Groupe Scolaire d'Astrida que des
Tutsi et quelques rares Hutu de familles émergentes appelés à
exercer
les hautes
fonctions
dans
l'administration
(voir
SMARAGDE, session des prêtres 1992,/150).
De même au grand séminaire, le nombre des Tutsi s'accroît
au détriment des Hutu.
Ceux qui ne peuvent pas poursuivre les
études vers
le sacerdoce
sont orientés vers
les frères
Joséphites.
Beaucoup visent le rang social du prêtre ou du
religieux; il parle avec le colon et le missionnaire, soumet le
chef et le sous-chef, entre chez le roi sans audience.
Notons
que ces facteurs socio-politiques de recrutement sont une
manipulation peut-être inconsciente, pour asseoir le pouvoir
politique.
En ce qui concerne l'évangélisationl l'Église est devenue
un géant. Presque toutes les écoles du pays sont aux mains de
l rÉglise.
L'alliance Église-État est déjà consommée avec le
baptême du roi Mutara III Rudahigwa le 11 octobre 1943.
Quelques belges partisans de l'école laïque se bralent les
doigts devant la puissance de l'Église. Au catéchuménat on

K0161210
59
apprend à lire et à écrire avec quelques rudiments d'hygiène et
de savoir-vivre; les travaux de corvée sont supprimés pour les
catéchumènes J pour les Bakuru b 1 inama et les enseignants.
Les
gens de l'Eglise sont exemptés de toute contribution; ils
reçoivent plutôt les cadeaux de la part du roi et des grands
dignitaires du pays.
Le moniteur acquiert un rang social très
important; le catéchiste donne un nom à son école.
Il Y a
connue une sorte de contrainte sociale à devenir catholique.
Les autres confessions religieuses sont combattues et les
pratiques traditionnelles officiellement interdites.
Outre
les
recueil
de
textes
bibliques,
de
uBiblia
ntagatifu" les chrétiens disposaient pour l'approfondissement
de la foi de l'IlIgitabo cy'umukristu",
"Imbonerarugo", de
"Gatigisimu isobanuye"; les enfants ont même un petit missel
pour enfant avec des différentes parties de la messe (Abana
iruhande rwa Yezu).
Des journaux chrétiens sont aussi là pour
la formation continuelle et l'information: Servir, Kinyamateka,
Temps nouveaux, Kurerera Imana, Hobe, etc.
Premier évêque rwandais = maturité de lIÉ glise. L'Église
est à la base des reformes sociales; la suppression de la corvé
vers 1952 et la réforme agraire (ibikingi) en 1957.
On voit
bien que son alliance avec l'État ne Il empêche pas dlorienter
le monarque dans le sens de la justice sociale, de la liberté,
de la verité et des idées démocratiques.
L'Église n'a jamais
craint de condamner les abus des autorités.
Les prêtres sont
même dans le Conseil Supérieur du pays (BASHAYIJA, RUSONI,etc.)
et leurs interventions sont plus osées en faveur de toute la
population.
L'État a perdu même un peu de son autonomie dans
les réalités temporaires.
VI.4.L'ÉGLISE ET LA NAISSANCE DE LA DÉMOCRATIE AU RWANDA
1959-1972
En 1959, tout le monde au Rwanda attendait la révolution
pour des mobiles différents.
La révolution de 1959 fit sauter
les alliances entre les Batutsi,
le pouvoir
colonial et
l'église.
LIéglise conteste déjà le pouvoir établi et ses
abus; le pouvoir colonial, pris de court par les Abiru à la
mort du roi Mutara III n'accorde plus son soutien au nouveau
roi Kigeri V NDAHINDURWA nommé sans qu!il soit consulté.
Les
événements de novembre 1959 créent une déchirure dans l'église.
Une lettre pastorale signée par Monseigneur André PERRAUDIN et
Mgr Aloys BIGIRUMWAMl sur la j ust ice et la charti té est
attribuée au seul évêque de Kabgayi accusé de soutenir les Hutu
tandis que
NYUndo devient la bastion des Tutsi.
Parmi
le
clergé certains soutiennent les idées démocratiques d'égalité,
de justice mais aussi de charité, d'autres
défendent
la
monarchie absolue.
A chaque attaque dlInyenzi corresponadaient des massacres
de Tutsi, la mort du premier évêque Hutu de Ruhengeri va encore
agrandir le fossé dans le clergé.
La nommination de Mgr
SIBOMANA à Ruhengeri suivie de celle de GAHAMANYI à Butare

KD1612tt
60
semblant combler le fossé, mais déjà
Grand Séminaire et les congrégations
Benebikira et les Joséphites.

le mal avait atteint
religieuses
surtout

Dès lors l'adage
selon lequel les Tutsi ayant
pouvoir politique
tentent
de le reconquérir
par le
l'église,
trouvant des arguments en faveur.

perdu
biais

le
les
le
de

On fonde le Grand Séminaire de Nyundo, les jeunes Tutsi y
entrent en masse et dans les noviciats,
les Hutus sortent
de
ces institutions
religieuses
pour des charges politiques
et
administratives.
Le Grand Séminaire de Nyakibanda se vide et
quelques prêtres abandonnent l'état
clérical.
Pour la première
fois,
les prêtres
sont en prison,
accusés de soutenir
les
Inyenzi.
La grande machine de l'église
continue à tourner mais
dans un climat de suspicion et de méfiance réciproques;
des
crises
individuelles
et personnelles
se résorbent
en crises
politiques
et ethniques.
Pourtant, malgré tout l'église
continue à jouer son rôle
prophétique,
préchant la justice,
la charité,
l'entraide,
le
pardon, l'unité,
l'égalité
de tous et le respect des droits de
la personne.
Le pouvoir poli tique continue à s'appuyer sur
l'église
bien qu'un certain courant voudrait sien libérer.
C'est la période du Concil de Vatican II.
Des réformes
sont déjà entreprises
au sein de l'église.
Un renouveau
liturgique
avec des chants typiquement rwandais et la messe en
langue vernaculaire.
Les mouvements d'action
catholique,
surtout
de jeunesse,
trouvent
l'éclosion:
Xavéri,
J.O.C.,
S.E.C.A., U.G.A., A.G.I., Scouts, Guides, etc.
La multiplication
des écoles et instituts
missionnaires,
la naissance de nouvelles congrégations et le développement des
anciennes,
la
scolarisation
des filles,
la
formation
des
femmes, le renouveau catéchétique avec la catéchèse scolaire et
laformation
de
l' l .C.A.
et
des
écoles
des
catéchistes,
séminaire des aînés,
la naissance et l'affermissement
de la
hiérarchie
ecclésiastique,
implication
de l'église
dasn des
oeuvres
de
développement
(TRAFIPRO, INADES, COFORWAt
CONFIGI,etc.),
le
développement
des
congrégation
contemplatives.
En même temps, on peut remarquer une recrudescence
des
pratiques païennes et syncrétiques;
un esprit
anticlérical
et
lai.cisant,
un dédut de recherche dl incul turat ion tâtonnantes,
une certaine
montée des sectes
avec une certaine
tolérance
religieuse.
On voudrait
nationaliser
les bien de l'église
telles
que les écoles et les autres oeuvres socio-médicales qui
restent
compétitives
par rapport aux structures
de l'État.
Naissance
du régionalisme
et
cristalisation
du problème
ethnique à cause des attaques d'Inyenzi et "guta umurongo"i en
fait c1était
la lutte pour le monopole du pouvoir
de l'avoir
et savoir.
t

K nl
!\v,t.

.:l 2

1c

"1

61
VI.5

• L 1 ÉGLISE

DE LA DEUXIEME RÉPUBLIQUE

A LA VEILLE

DE LA

GUERRE D'OCTOBRE 1990.
Les événements du Burundi en 1972 venaient de réouvrir
l'ethnisme au Rwanda.
Le régionalisme battait son plein dans
toutes les institutions rwandaises.
Pour oamoufler le malaise,
on se mit à pourohasser les T.utsi devenus trop nombreux,
affirmait-on, dans les éooles, dans les emplois publics et même
dans l'église.
Le coup
d'État
baptisé
Il
révolution
morale Il
avait
l'ambition de rétablir la paix et l'unité nationale, dans la
justice, le développement et la démocratie.
Cependant, les
dégats des événements de 1973 ont été grands pour l1église. Le
diocèse de Nyundo est presque détruit, les congrégations des
Benebikira, des Joséphites et le Grand Séminaire de Nyundo
oonnaissent des membres en exil.
Toutefois, la hiérarchie et
le olergé font tout pour sauvegerder l'unité et asistent les
personnes frappées par cet ouragan.
Les écoles nationalisées
même les séminaires,
sont
remises à leur propriétaire.
Chez les Benebikira et chez les
Joséphites, les antagonismes Hutu-Tutsi demeurent irrémédiables
malgré la bonne volonté de l'épiscopat et même les intentions
de Rome.
On opte pour la création de nouvelles provinces au
Burundi, au Zaire et même en Ouganda pour ceux qui ont quitté
le pays. Seuls les grands séminaristes quittent Bujumbura pour
rejoindre Nyakibanda.
La création du M.R.N.D. en 1975 englobe tous les Rwandais
au sein de ce mouvement.
Les prêtres réagissent très fermement
et manifestent leur attitude, "l f attitude de l'église au sein
du M.R.N.D.", réaction qui ne fera pas plaisir aux politiciens.
La hiérarchie ecclésiastique montre sa sympathie à l'égard de
la Deuxième République et même un de ses membre est président
d'une des commissions du M.R.N.D., tout comme certains prêtres
Hutu et Tutsi sont membresd e différentes
commissions.
Jusqu'alors le M.R.N.D. n'était pas considéré comme un parti
politique.
Dans 11 église, à partir des années 1975,
beaucoup de
prêtres sont envoyés aux études pour se spécialiser.
Le Grand
Séminaire de Nyakibanda confié au clergé rwandais depuis 1971,
devient prospère.
Les années 1980-1990 marquent un éclosion tout à fait
spéciale dans l'église catholique jamais connue au pazavant s
création de nouveaux diocèses confiés aux jeunes évêques
compétents et dynamiques.
Des synodes voient le jour dans tous
les diocèses (malheureusement ne seront pas conclus) .
Les groupes de prières charismatiques
se développent
partout dans le pays et se renforcent par les apparitions de
Kibeho.
On se dote d'instruments de travail adéquats pour
l'évangélisation:
une
production
de
toute
le
Bible
en

K01612i3
62
Kinyatwanda,
Igitabo
cy'umukristu,
Miseli
ntagatifu,
Umuhimbazo,
école des catéchistes,
sessions de recyclage,
rencontres des ouvriers apostoliques
à tous les niveaux,
formation des communautés de base et du laïcat.
La jeunesse manifeste une soif accrue dl approfondir sa
foi, un esprit missionnaire et une spirtualité de plus en plus
authentiques.
La mise en application des documents concilaires
a tardé mais pourtant dans les paroisses et diocèses les
conseils pastoraux,
les conseil économiques,
les conseil
présbytéraux
et
autres
se mettent
en place.
LIaction
qualitative devient effective.
Des prêtres venus du Burundi, de l'Ouganda et du Zaïre
viennent enrichir le clergé rwandais.
Du Rwanda, les grands
instituts
religieux
accroissent
leur
personnel
rwandais:
prêtres, frères, soeurs, novices.
La conférence épiscopale se
rénove et crée des commission
efficaces~
la C.E.e.,
la
traduction oeucuménique
de la Bible, la G.E.M.E.C.A.,
le
S.N.E.C., etc.
Pourtant des ombres au tableau; l'affaire MUVALA. augmente
les antagonismes ethniques, les prêtres Tutsi y voient un
manoeuvre ethnique et politique et même régionaliste.
Dans le
comportement des chrétiens en général il y a une sorte
d'orthodoxie plutôt que d'orthopraxie.
Certains couvent un
esprit revanchard, de peur et de jalousie.
Dans le clergé et les congrégations, on remarque une
course vers le bien-être matériel, la recherche des honneurs,
l'accentuation du régionalisme, une soif sécurisante de sa
propre ethnie, un comportement hypocrite et le culte du
mensonge et un laxisme dans la formation religieuse et dans le
clergé. Un rejet de la politique de l'équilibre ethnique, une
certaine compététi vi té entre l'autochtone et le missionnaire
jusqu'au médisance et même aux calmonies, des crises ethniques
au sein des congrégations et des exclusions à base ethnique.
Certains prêtres deviennent des foctionnaires du sacré
des
religieux deviennet des séculiers sans spiritualité avec des
réactions laicisantes ou des compromissions avec des laics.
Des luttes d'influences au sein du clergé pour des promotions
avec une mouvaise compréhension du pouvoir au sein de l'église.
1

En dehors de l'église, un esprit anticatholique a commencé
déjà depuis 1967 avec la loi scolaire qui ne verra le jour que
dans les années 1980.
Le code de la famille poursuit le même
objectif de bouter dehors tout pouvoir moral de l'église, et le
multipartisme consacre et parachève l'oeuvre commencée.
Les
lettre pastorales des évêques sur la paternité responsable,
IIO.N.A.P.O., l'unité, etc. sont boudées un peu partout.
Cepandant beaucoup de gens n'osent pas se manifester telles
qu 1 elles sont parce que le Chef de l'État est un catholique
convaincu.
Même ceux qui ne sont pas catholiques parmi les
dirigeants iront participer aux actes liturgiques en suivant

63

Knt61214

l'exemple du Chef de ItÉtat.
On peut signaler aussi la naissance de nombreux sectes
pour combattre les acquis des apparitions de Kibeho: Petit
cailloux, Bahai, Rose-Croix, Témoins de Jéhovah, etc.
La
naissance d'une presse diffamatoire et irréventieuse va ajouter
de l'eau au moulin avec des défections retentissante des jeunes
prêtres.
Toutefois, la préparation de la visite du Pape et la
visite
elle-même
montrèrent
l'unité. et la
solidarité
de
l'église du Rwanda.
En conlusion, on peut dire que l'église catholique
Rwanda au cour de son histoire a été marquée par le souci
rassembler
dans
llunitéles
enfants de Dieu
disperssés.
L'évangélisation s'est faite en profondeur avec un souci
resourcement
biblique.
Le
pouvoir
a
été
donné
l'inculturation et à la formation d'un laicat responsable
compétent.

du
de
de
à
et

En même temps l'église catholique nia pas craint un
certain engagement politique pour l'intérêt des populations.
Elle a épousé les idéaux de paix, de justice, de vérité et
d'unité pour le développement intégral des Rwandais.
Les scories n'ont pas manqué dans cette oeuvre humanodivine dont le plus grand protogoniste avec toute sa force et
toutes ses faiblesses.
Nous devrions apprendre beaucoup de
cette histoire d'évangélisation du Rwanda pour sauvegarder ce
qui vient de l'Ésprit qui guide son Église.

VII.

LA

DESCENTE

AUX

ENFERS
VII.1.

LA NAISSANCE DU F.P.R.

L'on se souvient qu'après le renversement de la monarchie
en 1959, la plupart des féodo-monarchistes de la minorité Tutsi
se
sont
exilés
à l'étranger;
au
lieu
d'oeuvrer
à la
consolidation de la jeune République qui venait de naître.
Ils
ont entrepris toute une série d'attaques à caractère terroriste
jusqu'en 1967, dans l'espoir de réinstaurer l'ancien régime.
Depuis
1967 jusqu'au
01 octobre
1990, le mouvement
d'attaques s'est arrêté.
Mais cette relative accalmie cachait
en réalité, les préparatifs d'une guerre de reconqête du
poivoir en dépi de toute solution pacifique.
En effet, les
réfugiés d'ouganda furent les premiers à concevoir dans les
années 1970 un plan de destabilisation du Rwanda en vue d'y
prendre le pouvoir en mettant notamment sur pied une armée
qu'ils qualifiaient de libération.
Il faut noter qu'à cette époque, les exilés rwandais
étaient persécutés par le régime OBOTE, mais cela ne leur a pas
empêché de pénétrer son pouvoir, ce qui leur a permis d'obtenir
de bourses d'étude et de suivre des format ions poussées à
l'Universi té de MAKERERE en Ouganda même.
D'autres réfugiés
ont pu sui vre l'enseignement supérieur à partir du Zaire et
surtout du Burundi et même en Europe.
On a noté qu 1 à cette
époque, certains Tutsi quittaient le Rwanda volontairement, et
se transformaient en réfugiés pour pouvoir bénéficier des
bourses dl études et autres assi stances du H.C .R.
Toute cette
formation universitaire leur a permis l'accès aux emplois dans
le secteur public et privé des pays où ils résidaient mais
surtout dans les organismes internationaux.
En Ouganda, après la chute du régime OBOTE, les réfugiés
rwandais se sont infiltrés jusque dans la police d'Idi Amin
DADA,
corps qui est responsable
de nombreux
assassinats
d'Ougandais entre 1971 et 1979.
Après, quand les exilés
ougandais appuyés par les
éléments tanzaniens, chassèrent du
pouvoir Idi Amin DADA, plusieurs présidents se succédèrent avec
le retour du Président Milton OBOTE.
Non satisfait par le verdict des urnes, MUSEVENI et ses
frères Tutsi entreprirent une guérilla contre le deuxième
régime de Milton OBOTE.
Celui-ci affirmait sans ambages, que
le rebelle MUSEVENI était lui-même de souche rwandaise, et en
fit un prétexte pour maltraiter les exilés rwandais.
Certains furent jetés en
spoliés de leurs biens.
On se
40.000 réfugiés rwandais furent
gouvernement rwandais de l'époque

prison, d'autres
se virent
souvient qu 1 en 1982, près de
expulsés de l'Ouganda, et le
râta l'occosion qui lui était

'K'tl"1?'~
!~.}.c
•••itl
offerte pour amorcer la résolution de ce vieux contentieux de
réfugiés; ils furent contraints de retourner en ouganda.
C'est dans ce contexte qu'ils prirent l'ultime décision de
soutenir MUSEVENI afin qu'il puisse renverser OBOTE.
MUSEVEN l
s'empara du pouvoir en 1986, appuyé, on n'insistera jamis
assez, par entre autre le gouvernement
rwandais.
Je me
rappelle, qu'à cette époque, l'Hôtel BIENVENUE de Kigali était
son quartier général.
Il a reçu de la part du gouvernement
rwandais de nombreuses autres facilités dont l'écoulement du
café qui lui permettait de s'approvisionner
en armes et
munitions.
Qu'il suffise de consulter à cet effet les
statistiques agricoles pour se rendre compte que la commune
Kinigit sur le flanc des volcans, s'était hissée au premier
rang des communes productrices de cafét alors qu'il nry existe,
à ma connaissance, aucun caféier.
Après la prise du pouvoir par MUSEVENI, les réfugiés
rwandais ont eu droit à toutes les honneurs comme ça se devait,
mais comble de malheur, pas bien entendu, le gouvernement
rwandais.
Ainsi, un rwandais comme feu le Général-Major Fred
RWIGEMA. se vit confié le poste plus que stratégique de ViceMinistre de la Défense, le Major Paul KAGAME devenant quant à
lui le chef de renseignement.
D'autres rwandais obtinrent
également des postes très important tant dans le domaine
militaire que dans l'administration civile.
Ces nomination ont provoqué une jalousie légitime de la
part de certains groupes d'ougandais qui estimaient qu'ils
étaient désormais administrés par des étrangers.
MUSEVENI
profita de cette tention pour demander au gouvernement rwandais
de faire rentrer sa population exilée en Ouganda.
Dans l'entre -temps, le F.P .R. -INKOTANYI , connu comme un
groupe essentiellement
composé des descendants des anciens
réfugiés rwandais en ouganda, appartenant à la grande majorité
à l'ethnie Tutsi, lança à partir de ce pays son agression
contre le Rwanda sous prétexte de lutter pour la cause des
réfugiés rwandais juste au moment où ce problème était entrain
de trouver une solution négociée comme on l'a vu.
D'autres prétextes pour jutifier cette attaque furent
annoncées par le F.P.R.:
Le F.P.R. prétendait
apporter
la démocratie
au
Rwanda, mais on découvrira plus tard qu'il s'agissait
également
d'un
mensonge
puis
que
son
attaque
correspond paradoxalement à la période où le pays
renouait avec le multipartisme.
A la consommation de l'opinion internationale, le
F.P.R. prétendait qu'il était de son devoir d'enrayer
ilIa dictature sanglante" du Président HABYARlMANA,
terme impropre à en juger par les réalisations tant
sur le plan économique, social voire même politique
de ce régime, même si il est vrai, des tares ne
manquaient pas ici et là.

KO!61217

66

La vraie raison qui a poussé le F.P .R. à prendre les
armes, c'est la volonté que les anciens féodaux et leurs
descendants ont gardée depuis 1959 de prendre le pouvoir par la
force; ceci, tout comme leurs parents ou grands parents,
n'ayant jamais admis les acquis de la révolution sociale de
1959 et le mode de gouvernement qui en est issu.
En réalité,
le vrai mobile était de l'effacer à jamais de l'histoire du
Rwanda.
Il ne faut pas non plus oublier tout ce qui s'est dit à
propos de la volonté du Président MUSEVENI et du F.P.R.
d'opérer des changements de pouvoir dans la région
des grands
lacs, quitte à même exiger la révision des frontières, pour
permettre aux Tutsi et aux Hima d'asseoir leur domination sur
un territoire qui couvrirait l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi,
l'Est du Zaïre, certains ajoutent même l'Ouest de la Tanzanie;
et les événements en cours dans cette région sont là pour le
confirmer.
VII. 2 .

L'INVASION

DU RWANDA ET LA VICTOIRE

DES F.A.R.

SANS LENDEMAIN.
Il
Lors de l'invasion du Rwanda le 01 octobre 1990 par le
poste frontalier de KAGITUMBA, les unités militaires du Front
Patriotique Rwandais étaient essentiellement composées par des
éléments de la N .R.A. (National Resistance Army) de l'Ouganda
sous le commandement des anciens chefs de la même N .R.A.,
parmis lesquels on peut citer:
1)
Le Général-Major
Fred RWIGEMA,
anciev ViceMinistre de la Défense du gouvernement ougandais
et qui dirigeait l'attaque contre le Rwanda
quand il trouva la mort en date du 02 octobre
1990;

2)

3)

Le Major Paul KAGAME, ancien Responsable
services de renseignement ougandais;
Le Major

BAYINGANA,

officier

supérieur

des

dans la

N.R.A. ;

4}

Le Major BUNYENYEZ l, officier supérieur dans la
N.R.A.

Du reste, le Président MUSEVENI, dès le déclenchement des
hostilités par le F.P.R., déclara que les envahisseurs du
Rwanda étaient les déserteurs de son armée.
Par ailleurs, le
même MUSEVENI ne devait-il pas, à l'occasion laisser entendre
IIIknow my boys." (je connais mes hommes) lSII.
15

Le Gouvernement rwandais en exil, Ministère
Justice: Le peuple rwandais accuse ..., pp Br 9
Bukavu, octobre 1994

de

la

K{)161218
67
Même si
plusieurs
indices
indiquaient
que le
risque
d'agression
à partir
de 1 1 Ouganda était
imminente, le Rwanda
fut attaqué
ce 01 octobre
1990 à lrimproviste
sans aucune
préparation.
En effet,
les plus hautes autorités
du pays ont
fait
foi
aux déclarations
mensongères du Président
Yoweri
MUSEVENI,
selon lesquelles
aucune attaque du Rwanda ne serait
menée à partir
de son territoire.
Les Présidents
HABYARlMANA
du Rwanda et MUSEVENI
de l'Ouganda étaient
tous les deux, comme
par hasard en mission aux U.S.A., encore par hasard.
Alors que les bruits
courraient
dans tout le pays sur la
fuite du Président HABYARlMANA,
celui-ci
revint à Kigali le 04
octobre 1990.
Dans la nuit du 04 au 05 octobre 1990, il fp.t
simulé une attaque de la ville
de Kigali,
laquelle
servit
de
prétexte
pour arreêter
en masse ceux qu'on
qualifiait
à
l'époque de complice du F.P.R.
On remarquera plus tard que ces
rafles
s' oppérèrent
dans les milieux Tutsi et de 1 ropposi tion
intérieure.
La pression
internationale
et le manque d'actes
d'accusation
poussèrent
le pouvoir à évacuer un dossier
qui
devenait de plus en plus génant pour lui en élargissant
tout le
monde sans jugement.
Au cours du mois d'octobre
1990, tous les Rwandais sans
distinction
dl ethnie ou de région ont uni leurs efforts
pour
combattre 11envahisseur.
Ainsi le 30 octobre 1990, tous les
rebelles
du F. P.R. furent
boutés à l'extérieur
du Rwanda et
retournèrent
d'où ils
étaient
venus en Ouganda.
Mais cette
victoire
fut, commed'aucuns l'ont qualifiée,
sans lendemain.
Puisque dès le mois de novembre de la même année, les
Inkotanyi réattaquèrent
mais cette fois-ci
en ayant changé de
tactique.
Il ne s'agissait
plus d'une guerre classique
mais
d'une guérilla
où ils attaquaient
non seulement les militaires
mais surtout
les civils
qu 1 ils chassaient
de leurs biens;
ils
pratiquèrent
allégrement la politique
de la terre brfi1ée.
Soucieux de mettre définitivement
fin à cette
guerre,
le
gouvernement rwandais privilégia
la solution
négociée.
C'est
ainsi,
que déjà le 17 octobre 1990 à MWANZA,
le 20 novembre
1990 à GOMA,le 16 septembre 1991 à GBAOOLITE,
le 17 février,
le 19 février
et le 07 mars 1991 à ZANZIBAR,le Président
HABYARlMANA
rencontra ses homologues du Zaïre ou de la Tanzanie
en vue de trouver une issue à cette guerre imposée au Rwanda de
1 1 extérieur.
Ainsi les accords de cessez-le-feu
furent
signés,
dont
celui de NrSELEen date du 28 mars 1991 amandé à GBADOLITE
le
16 septembre 1991 et à ARUSHA
le 12 juillet
1992.
Tous ces
accords furent malheusement violés
par le F. P. R.
Le cas le
plud flagrant
de non respect
des accords signés fut celui de
Il attaque
du 08 février
1993 qui éleva le nombre de morts à
plusieurs
milliers
et celui des déplacés de la guerre à plus
dl un million
de personnes alors que les négotiations
de paix
étaient en cours à ARUSHA
en Tanzanie.
Il faut se souvenir que

K0161219
68

lors du sommet de l'O.U.A. d'ABUJA au Nigéria, le Rwanda a été
contraint à accepter
qu'il n'avait pas été attaqué par
l'Ouganda mais qu'il slagissait d'une guerre civile entre les
Rwandais.
Malgré cette provocation
,le gouvernement
rwandais a
poursuivi les négociations qui ont abouti à la signature par
les deux parties des Accords de Paix d'Arusha en date du 04
aofit 1993 et sur lequel on reviendra plus loin.
Par cet accord
tous les problèmes à la base du conflit trouvaient une solution
notamment
le partage du pouvoir
et le rapatriement
des
réfugiés.
VII.3.

LA GUÉRILLA

ET LES ASSASSINATS

POLITIQUES

À partir du mois de novembre 1990, par sa tactique de
guérilla,
le F.P.R. a causé de dégâts tant humains que
matériels et a forcé des centaines de milliers de personnes à
quitter leurs biens et à vivre dans des camps de misère.
On
vient de le voir, l'attaque du 8 février 1993 a élevé le nombre
de morts à plusieurs milliers et celui des déplacés de guerre à
plus d'un million de personnes.

parallèlement,
le F.P.R. procédaient
ingénieusement
l'êlimination physique des leaders politiques Hutu tels que:

à

Emmanuel GAPYISI, Président de la Commission Politique du
M.D.R., Président du Comité Préfectoral de ce parti dans
la préfecture de Gikongoro et Président du Forum Paix et
Démocratie;
Martin BUCYANA, ancien ministre, Président du parti
Coalition pour la Défense de la République C.D.R. en
sigle; .
Félicien GATABAZI, Secrétaire national du Parti Social
Démocrate, P.S .D. en sigle, et Ministre en fonct ion des
Travaux Publics, de llEau et de l'Énergie;
Fidèle RWAMBUKA, membre du Comité National
ex-bourgmestre de la commune Kanzenze.

du M.R.N.D.

et

Ces leaders ont été assassinés par le F.P.R. pour avoir dénoncé
publiquement la logique de guerre de cette organisation.

À côté de ces assassinats, le F.P.R. lançait des attaques
sporadiques répétées et dirigées contre la population civile et
s'adonnait à des massacres collectives comme ceux qu'ont connus
les communes Mutura en préfecture de Gisenyi, ainsi que les
sous-préfectures de Kirambo en préfecture de Ruhengeri et
Kinihira en préfecture de Byumba.
Parallèlement,
des
attentats
meurtriers
et
aveugles
étaient organisés à travers tout le pays. Que l'on se souvienne

K f) 1 6l 220
69
des grenades lancées à la gare routière de Kigali, au marché de
Butare et ailleurs.
Que l'on n'oublie pas non plus les
véhicules qui ont sauté sur les mines au Bugesera, à Ruhango,
Nyanza ainsi que l'attentat perpétré contre les enfants de
Taba.
Dans cette nouvelle forme d'agression qu'est la guérilla,
le
F.P.R.
s'illustre
par
des
exactions
commises
systématiquement à l'encontre des personnes de l'ethnie Hutu
habitant les régions frontalières de l'Ouganda.
L'on releva
des massacres,
des déportations,
des déplacements
forcés,
d'actes Lnhumadrie, etc...
Il en fut ainsi jusqu'au 6 avril
1994, la période étant toute fois ponctuée de temps d'accalmie,
de réactions sanglantes 1imitées de la population à l'endroi t
des complices du F.P.R. et de négociations entre les deux
parties belligérantes, comme on l'a vu.
La communauté internationale a pris en charge la question
rwandaise en organisant des enquêtes internationales et plus
tard en instituant un tribunal pénal international pour le
Rwanda.
Si ces enquêtes n'ont révélé que très vaguement des
crimes de guerre et des crimes contre l'humani té à charge du
F.P.R., ce, par partialité et défaut d'entendre les victimes,
d'autres enquêteurs indépendants ont effectué le même travail,
avec cependant des précisions susceptibles de faire avancer
rapidement des enquêtes judiciaires.
La plupart rapportent les témoignages de quelques victimes
des exactions ou de ceux qui ont assisté à la commission des
faits incriminés, tandis que les autres révèlent ce qu'ils ont
vu.
Il y en a enfin qui tirent leurs conclusions
des
regroupements et analyses des diverses informations.
Mêmes si,
sur un million cinq cent mille estimés de Hutu décimés par le
F.P.R., ces travaux n'en mettent en évidence qu'une infime
proportion, leur analyse révèle, à charge du F.P.R., les crimes
de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre
l'humanité perpétrés à l'encontre des personnes d'ethnie Hutu.
Les actes de terrori sme de la part du F.P .R. se sont
matérialisés par des bombardements massifs et des opérations
d'incursion dans des camps de déplacés à Rwebare, Ngarama,
Mugina
(Mukarange), Mabare
(Kiyombe), Kirambo,
Kisaro
et
ailleurs, comme moyen d'épouvante et pour contraindre
la
population à se déplacer hors de leurs biens et refuges.
Ces
bombardements sont allés jusqu 1 à affecter les Églises (Sainte
Famille), les hôpitaux (hôpital de la Croix-Rouge à Kigali, le
Centre hospitalier
de Kigali), les lieux de refuge 1
les
bâtiments publics (ETO Kicukiro), les marchés (marché central
de Kigali)i les lieux pourtant protégés par les conventions de
Genève.
Le F.P .R. a commis des crimes contre l'humani té dans la
mesure où depuis le début des hostilités, ses attaques ont
concerné non seulement les F .A.R. mais aussi la population

K0161221
70
civile.
Cela est du reste attesté par le flux de morts, de
déplacés de guerre et par la fuite de réfugiés enregistrés tout
au long des hostilités.
Toujours est-il que le nombre de
déplacés a atteint son niveau record de près de 1.000.000 avec
la réouverture des hostilités en février 1993.
De même en juillet 1994, lorsque le F.P.R. venait de se
rendre ma~tre de tout le pays, on dénombrait près de 4.000.000
de réfugiés et près de 2.000.000 de déplacés dans la zone dite
humanitaire süre sous la protection française.
Le
F .P .R. , dans
ses
exécutions
sommaires
et
dans
l'infliction d'actes inhumains à la population civile, a visé
la
population
d'ethnie
Hutu
et
particulièrement
celle
appartenant aux partis M.R.N.D. et C.D.R. et, dans la suite,
aux tendances des autres formations regroupant des personnes
n'épousant pas la cause du F.P.R.
Il faut souligner ici que
les Hutu du Burundi qui étaient réfugiés au Rwanda, ainsi que
les Zaïrois, qualifiés d'apparentés aux Hutu, ont fait l'objet
d'extermination et de persécution.
Les attaques du F.P.R. contre des populations civiles
visaient presque toujours des personnes d'une même localité
préalablement rassemblés.
Ces victimes étaient généralement
convoquées par le F.P.R. à "des réunions de sensibilisation"
dans les stades, dans les salles de classe et ailleurs.
Elles
étaient alors fusillées, tuées à la grenade, égorgées ou
assommées avec des houes usagées (agafuni). Ces exemples sont
nombreux et aucune portion du territoire rwandais nIa été
épargnée.
L'on peut citer particulièrement les endroits ciaprès:
le
stade
de
Byumba,
Save,
Mbyo,
Kagitumba
et
Nyabwishongezi.
Le F.P.R. a, à plusieurs reprises, justifié devant la
population
l'enlèvement
de
certaines
personnes,
par
la
nécessité de gardiennage du bétail.
Il semblerait que les
victimes ont été, par la suite, liquidées.
De plus, plusieurs
témoins rapportent que des personnes d'ethnie Hutu restées, en
territoires reconquis par le F.P.R. étaient affectées aux
travaux de construction et de champs appartenant aux Tutsi, ce,
sans contrepartie.
Il est rapporté que plusieurs arrestations ont été opérées
par les hommes de troupe de l'A.P.R. sur simple dénonciation ou
soupçon basé sur la physionomie ou l'appartenance ethnique ou
politique; ce, sans titre ni suite.
Aujourd'hui, la plupart
des prisonniers dont des enfants mineurs, sont entassés par
dizaine de milliers en surnombre par rapport à la capacité
d'accueil des établissements pénitentiaires.
En conséquence, la plupart sont emprisonnés dans des
endroits clandestins tels que des containers, des maisons
privées, etc. Ils meurent par asphyxie, mauvais traitement où

:KP
. ,,' l, r...···12??
1__ •

71

sont des fois exécutés.
L'industrie meurtrière du F.P.R. s'est
montrée très fertile. Ainsi relêve-t-on des femmes éventrées ,
d'enfants pilés dans le mortier que les éléments du F.P.R.
donnaient ensuite à manger à leurs mamans, des cas d'ablation
des sexes pour les hommes, sexes qui étaient ensuite placés
dans la bouche de la victime comme dirait un cigare, etc.
Le génocide de l'ethnie Hutu apparaît aujourd'hui comme un
constat et une triste réalité.
L'intention d'exterminer ce
groupe s'était manifestée bien avant au fil des ans, et est
toujours mis en exécution par des actes criminels de tout
genre.
Ainsi, lors des massacres perpétrés à Gitarama en juin
1994, le F.P.R. a exécuté des évêques, des prêtres et autres
religieux non seulement du fait de leur appartenance à l'Église
catholique, qu'il a toujours persécutée, mais aussi et surtout,
en considération de leur appartenance ethnique.
Le seul prêtre
Tutsi tué le fut en raison de son hostilité manifestée à
l'endroit du F.P.R.
Le F.P.R. pratique des mesures visant
normalement
à
entraver
les
naissances
au
sein
du
groupe
Hutu
par
l'ovarcétomie et la castration.
Il semble que les mêmes
mesures ont constitué aussi des modalités de mise à mort.
À
certains endroits, il est rapporté que les militaires du F.P.R.
sélectionnaient
systémati:wement les garçons et les hommes
encore virils parmi les tués'.

VII.4.

DE NOUVZAU LES PARTIS
D'ÉTAT AU SEIN DU N.D.R

POLITIQUES

ET,

LE

COUP

Après la conférence de Labaule, le Président
HABYARlMANA
a, pour la première fois, laissé entendre qu'il pourrait
tolérer dans un avenir assez proche le multipartisme.
Il le
disai t sur le bout des lèvres, puisqu'on disait qu'il était
très convaincu que tout le monde était à l'aise avec son parti,
le M.R.N.D., ancienne formule.
Dans son discours du 5 juillet
1990, il annonça une mise en place d'une "Commission Nationale
de Synthèse Il chargée, disait-il, de faire des investigations
pour savoir si le peuple, souhaitait ou pas le multipartisme.
Mais parallèlement à ces enquêtes et certainement pour
contrer toute velléité au multipartisme, il fut organisé une
vaste campagne de dénigrement du multipartisme et d'apologie du
multipartisme à la rwandaise, entendez par là du monopartisme.
C'est dans ce climat, qu'un groupe de 33 intellectuels,
dont je faisais partie, toute région et toute ethnie confondue,

l'

République Rwandaise, Gouvernement en exil- Ministère
de la Justice, Bukavu;
Informations aux fins de poursuivre des crimes de
droit international commis par le F.P.R - première
partie Juin 1995.

Kil'
.'! b'12?"Z
!

J

72

se proposa de se prononcer publiquement pour le pluripartisme.
Dans un document, devenu désormais historique intitulé Il Pour
le multipartisme
et
la
démocratie
au
Rwanda",
les
33
intellectuels mettent en lumière les bienfaits du multipartisme
et le fait que la démocratie n'est possible que dans le cadre
des débats d'idées.
Cette déclaration
fut adressée
au
Président de cette commission en date du 1er septembre 1990 soit
un mois, jour pour jour, avant le début de la guerre dite
d'octobre 1990.
Avec celle-ci et les rafles qu 1 on opéra dans les milieux
dits d'opposition,
les 33 signataires étaient
des cibles
privilégiés pour subir toute sorte de tracasseries.
Je fus
personnellement interpellé par les forces de l'ordre quand je
rendais visite à une famille amie.
On m'intima l'ordre de me
tenir à leur disposition dans mon bureau l,elendemain.
D'après les informations qui nous ont été communiquées, il
y aurait eu des débats houleux sur le sort qu'il fallait
réserver à ce groupe de 33 opposants.
Certains disaient qu'il
fallait les arrêter et les traduire en justice pour complicité
et intelligence
avec l'envahisseur.
D'autres
par contre
affirmaient que cette attitude ne faisait que confirmer les
allégations de l'ennemi selon lesquelles le régime en place à
Kigali n'était qu'une dictature sanguinaire.
Finalement un compromis sera trouvé et les 33 resteront en
liberté mais seront surveillés dans tous leurs mouvements pour
pouvoir les arrêter en cas de nécessité.
Le 21 mars 1991, je fus chargé par certains de mes amis,
le groupe dit de Kacyiru, de rédiger un document en français et
en Kinyarwanda appelant ceux qui voulaient relancer et rénover
le M.D.R.- PARMEHUTU à se manifester.
Ce groupe se fera plus
tard appelé ainsi, puisque
la plupart
des gens qui le
composaient habitaient effectivement le quartier de Kacyiru,
même si l'un ou l'autre des membres pouvait habiter ailleurs.
Par un travail clandestin et dans un climat très tendu de la
guerre, ce groupe issu pour la plupart des 33 dont il a été
question plus haut, s'initia lentement mais surement à la
réflexion sur la nécessité de faire admettre le multipartisme
en dépit de la guerre.
Ainsi, le 21 mars 1991, une première déclaration dite Il
Pour la Relance et la Rénovation du M.D.R. - PARMEHUTU" fut
publiée et soumise à l'appréciation du public.
Le succès qu'il
rencontra dépassa toutes les prévisions.
Alors que nous avions
estimé que si le document recueillait 200 signatures par
préfecture, ça serait déjà significatif pour nous; dès les
premiers jours nous étions déjà à plus de 5000 signataires.
Deux semaines
signataires et les
coins du pays.
La
groupe
était
de

plus tard on était déjà à plus de 15000
demandes dladhésion affluaient de tous les
question que nous nous posions au sein du
savoir
comment
gérer
tous
ces esprits

73

surchauffés que nous venions de réveiller.
Kacyiru comportait les personnes suivantes:

Nom et prénom

Fonction

Le

groupe

de

Quartier

1. NGURINZlRA Boniface

Kacyiru

2.
3.
4.

Kacyiru

5.

Conseiller à la
Présidence de la
République
RUTIKANGA Canisius
Homme d'affaires
RUGWlZANGOGA Théoneste Technicien à ORINFOR Kacyiru
KAMBANDA Jean
Directeur du réseau
à l'U.B.P.R.
NKEZABERA J.M.V
Homme d'affaires

Kacyiru
Ny
amiramb
o

6. NYAGAHlMA Faustin
7. NZEYlMANA Ambroise

Directeur au
MINICOMART
Cadre à Air Rwanda

Kacyiru
Kacyiru

Parallèlement à ce groupe, une autre équipe dirigée par
Monsieur Félicien GATABAZI menait également des réflexions sur
le multipartisme. Il comprenait entre autres:
Faustin TWAGIRAMUNGU
Félicien NGANGO
Frédéric NZAMURAMBAHO
Jean Chrysostome NDUHUNGlREHE.
Au sein de notre groupe, après avoir obtenu le succès dont
il est question ci-dessus, nous nous proposâmes de recruter
sélectivement les hommes que nous croyions capable de mener à
bon port cette entreprise périlleuse, qu'était la mise en place
d'un
parti
pol itique.
Ainsi
furent
Il recrutées Il
les
personnalités suivantes:
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.

Dismas NSENGIYAREMYE par Faustin NYAGAHlMA
Faustin TWAGIRAMUNGU par Jean KAMBANDA
Agathe UWIRINGIYlMANA par Jean KAMBANDA
André SEBATWARE par Canisius RUTIKANGA
Thaddée BAGARAGAZA par Canisius RUTIKANGA
Shingiro MBONYUMUTWA par Faustin NYAGAHIMA
Emmanuel GAPYISI par Jean KAMBANDA.

Les contacts que moi-même et Jean Marie Vianney NKEZABERA
nous menâmes
pour
rencontrer
Monsieur
Félicien
GATABAZI
n 'aboutirent pas.
Néanmoins nous conclûmes qu'il fallait que
les deux groupes élargis à leurs recrus puissent se rencontrer
pour voir s'il y avait lieu de conclure une plate-forme
commune.

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•••

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74

DIâpres discussions eurent lieu tantôt dans la résidence
d'un des membres du premier groupe, tantôt dans la résidence
d'un des membres du deuxième groupe, qui aboutirent à un
désaccord non pas sur le fond mais sur la forme. Tout le monde
était d'accord pour la création en commun d'un parti politique
mais on ne parvint pas à s'entendre sur son appellation.
Le
premier groupe souhaitait qu'il s'appelâ le M.D.R. tel qu'on le
connaît aujourd'hui.
Le deuxième groupe, quant à lui, voulait
un tout nouveau parti, ne fut ce qu 1 en échangeant une seule
lettre, le M en P, ce qui aurait donné le P.D.R. (Parti
Démocrate Républicain) .
Les arguments avancés par le premier groupe tournaient
autours des acquis historiques du parti M.D.R.- PARMEHUTU et sa
popularité au sein des couches populaires; ce qui le rendait
capable d'affronter le M.R.N.D. sans risque de marginalisation.
Pour le deuxième groupe, il fallait créer un nouveau parti
pour ne pas devoir assumer le passif du PARMEHUTU.
Finalement
les points de vue devenant inconciliables il fut décider de
créer deux partis qui agiraient comme !Ides frères" et ne se
lanceraient pas dans des polémiques l'un envers l'autre.
Dans le premier groupe, composé par ceux qui crééront plus
tard le M.D.R., l'on convoqua pour la mi-mai 1991 un congrès
provisoire composé des représentants des préfectures, résidant
pour la plupart à Kigali, afin de mettre sur pied un "Comité
National Provisoirefl chargé de gérer le parti jusqu 1 à la mise
en place des organes élus.
rI
faut noter
qu'à
cette
époque,
Monsieur
Faustin
TWAGrRAAMUNGU
appartenait
à l 1 autre
tendance,
même
si à
l'occasion, il pouvait assister à l'une ou à l'autre rencontre
de la tendance M.D.R .. Ce n'est qu'à l'occasion de ce congrès
que j'ai pu le convaincre qu'il avait intérêt à nous rejoindre
plutôt que de rester avec l'autre groupe.
J'ai dû aller
personnellement le chercher en son bureau pour qu'il puisse
accepter d'assister à ce premier congrès extraordinaire et
provisoire du M.D.R.
À l'issu de
pied, à savoir:

1)
2)
3)
4)
5)

celui-ci,

six

commissions

seront

mises

sur

La commission
des relations
extérieures,
avec
comme
président Monsieur Faustin TWAGlRAMUNGU;
La commission· politiÇDle, avec Thaddée BAGARAGAZA comme
président;
La commission des affaires économiques et financières.
avec Jean KAMBANDA comme président;
La commission de l'information. avec Monsieur Eliezer
NIYITEGE~ <;ommeprésiden~;
...
La cqmmlsS10n des affalres Jurldlques,
avec Monsieur
Sylvestre MATUNGURU comme président;

Knll.1?Ît"
1 ~. t., 1 •••
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)

75

6)

et enfin, la commission des programmes. avec Monsieur
Dismas NSENGIYAREMYE comme président.

Il fut décidé que les six présidents des commissions
assureraient à tour de rôle les fonctions de président du parti
jusqu'à la mise en place des organes élus. De plus au cours de
ce congrès, des comités préfectoraux provisoires furent mis sur
pied comprénant pour chaque préfecture 3 membres, l'ensemble,
c'est-à-dire 33 personnes, formant ce qu'on a appelé le "Comité
National Provisoire", qui était l'organe suprême du parti.
Les personnalités suivantes furent élues présidents des
comités préfectoraux:
1)
Kigali-Ville Froduard KARAMIRA
2)
Gitarama
Dismas NSENGIYAREMYE
3)
Butare
Jean KAMBANDA
4)
Gikongoro
François SINDAYIGAYA
5)
Cyangugu
Faustin TWAGIRAMUNGU
6)
Kibuye
Eliézer NIYITEGEKA
7)
Gisenyi
Sylvestre !8)
Ruhengeri
André SEBATWARE
9}
Byurnba
Evergiste RWAMBONERA
10) Kibungo
Sylvestre MATUNGURU
11) Kigali rural
Bonaventure UBARIJORO
L'autre tendance créa au même moment le Parti Social
Démocratique (P.S.D.) avec comme leaders:
1)
Frédéric NZAMURAMBAHO:
Président
2)
Félicien NGANGO:
Premier Vice-Président
3)
Théoneste GAFARANGA:Deuxième Vice-Président
4)
Félicien GATABAZI:
Secrétaire National.
Parallèlement, Messieurs
Justin
MUGENZI,
Landouard
NDASINGWA et Madame Agnès NTAMABYARIRO préparaient déjà la
création de ce qu'on appellera plus tard le Parti Libéral
(P.L.), tandis qu'un certain Jean Népomuscène NAYINZlRA avait
annoncé dès la fin des années 1990 la création du Parti
Démocratique Chrétien (P.D.C.) qui restera un parti marginal
même si le régime HABYARlMANA et plus tard le F.P.R.
l'utiliseront pour montrer à l'opinion internationale qu'ils
forment les gouvernements pluripartites.
Et
pendant
ce
temps,
le
M.R.N.D.,
Mouvement
Révolutionnaire
National
pour
le
Développement
se
métamorphosait en devenant le M.R.N.D., Mouvement Républicain
National pour la Démocratie et le Développement.
Tout ce qui précède a été
opéré bien avant la
légalisation du multipartisme par la promulgation d'une
nouvelle constitution en juin 1991. Aussi faut-il souligner,
qu'après la légalisation, drautres formations politiques, plus
sectaires et marginales à part peut-être la C.D.R. (Coalition
pour la Défense de la République), verront le jour; de telle
sorte qu'à la veille de l'assassinat du Président HABYARIMANA,
le Rwanda comptait en tout, près de 18 partis politiques

K016i227
76
reconnus.
Aussitôt légalisés, les partis politiques se mirent
à organiser les meetings pour se faire connattre, et pendant ce
temps, ils ne cessaient de réclamer la mise en place d'un
gouvernement où ils seront eux-mêmes représentés.
Des tractations
menée vers
la fin de
l'année
1991
aboutirent à la mise en place d'un gouvernement de coalition
M.R.N.D.-P.D.C. mais que d'aucuns qualiferont de M.R.N.D. pur,
dans la mesure où le représentant du P.D.C. y adhérant pour les
besoins de la cause, restant fondamentalement du M.R.N.D.
Ce
gouvernement
dirigé par Monsieur
Sylvestre NSANZlMANA
fut
rejeté par les principaux partis d'opposition, à savoir le
M.D.R., le P.S.D. et le P.L.
Des manifestations monstres, du
jamias vu au Rwanda, furent organisées,
et le Président
HABYARIMANA fut contraint d'accepter un gouvernement issu d'un
protocole d'entente entre 5 partis politiques, à savoir le
M.R.N.D., le M.D.R., le F.S.D., le P.L. et le P.D.C., signé le
07 avril 1992.
A l'issu de cette tractation,
le M.R.N.D.
garda la
présidence de la République et les 9 portefeuilles ministériels
qui suivent: la défense, l'intérieur et le développement
communal, la jeunesse et le mouvement associatif, la fonction
publique, la santé, l'enseignement supérieur et la recherche
scientifique, le plan, la famille et la promotion féminine et
enfin le transport et les télécommunications.
Le M.D.R. obtint en plus de la primature, les affaires
étrangères, l'enseignement primaire et secondaire ainsi que
11 information.
Au P.S.D. on accorda les travaux publics,
l'agriculture
et l'élevage
ainsi que le département
des
finances. Le P.L. obtint la justice, l'économie et l'artisanat
de même que le travail et les affaires sociales.
Enfin, le
P.D.C. se contenta du Ministère de l'environnement
et du
tourisme.
Le premier gouvernement d'entente fut mis en place
avril 1992 et comprenait les personnalités suivantes:
Premier Ministre
Dismas NSENGIYAREMYE
Ministre des Affaires
Boniface NGURINZIRA
Étrangères
Ministre de la Défense
James GASANA
Ministre de l'Intérieur
Faustin MUNYAZESA
Ministre de la Jeunesse
Callixte NZABONIMANA
Ministre de la santé
Casimir BIZIMUNGU
Ministre de la Fonction
Prosper MUGlRANEZA
publique
Ministre de l'Enseignement
Daniel MBANGURA
Supérieur
'Ministre de la Famille
Pauline NYlRAMASUHUKO
Ministre du Plan
Augustin NGlRABATWARE
Ministre de l'Enseignement
Agathe UWILINGIYlMANA
Primaire et Secondaire
Ministre de l 'Information Pascal NDENGEJEHO
Ministre de l'Agriculture Frédéric NZAMURAMBAHO

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77

Marc RUGENERA
Ministre des Finances
Félicien GATABAZI
MInistre des Travaux Publics
Stanislas MBONAMPEKA
Ministre de la Justice
Ministre de l'Économie,
Agnès NTAMABYARIRO
Mines et Artisanat
Ministre du Travail et des
Landouard NDASINGWA
Affaires Sociales
et
Ministre de l'Environnement
Gaspard RUHUMULIZA
du Tourisme
Après la démission du Ministre de la Justice, il y eut un
léger remaniement ministériel avec l'entrée de Justin MUGENZI
au Ministère de l'Économie, Mines et Artisanats et la mutation
de Madame Agnès NTAMABYARIRO au Ministère de la Justice.
Le
ministre James GASANA démissionna à son tour du poste de
Ministre de la Défense et fut remplacé par Monsieur Augustin
BIZlMANA.
Mais le remaniement le plus important fut opéré le 17 juin
avec la mise à l'écart du Premier Ministre Dismas
NSENGIYAREMYE dans une opération que la presse occidentale
qualifia de "coup d'État au sein du M.D.R.1f Ci-après, le récit
d'Alain
de
BROUWER,
à
l'époque
Conseil
politique
de
l'Internationale Démocrate-Chrétienne
(1. D.C. ), dans la Libre
Belgique du 21 septenbre 1993, sous le titre: "Un putsch au
M.D.R. menace la paix au Rwanda."
1993

"La signature,
le 04 aoûc dernier,
de l'Accord
d'Arusha
doi t mettre un point final à la guerre au Rwanda, qui a sans
doute fait
près de 25000 morts,
déplacé plus
de 900.000
habi tants des régions du Nord et détrui t des pans entiers de
l'économie de ce pays enclavé, depuis l'attaque
des rebelles du
Front Patriotique
Rwandais (F.P.R.),
venus d'Ouganda, le 01
octobre 1990.
Durant ces grandes vacances, un véritable
coup d'État
civil
s'est
produit
en
l'encontre
du principal
parti
d'opposition,
le M.D.R. ou Mouvement Démocratique Républicain.
Héritier
du PARMEHUTU
(Parti du Mouvement de l'Émancipation
HUTU), et la révolution
sociale
de 1959, M.D.R. avait
la
vocation de devenir un grand mouvement populaire.
Depuis l'assassinat
en mai dernier de son leader le plus
charismatique,
Emmanuel GAPYISI, il
est
devenu
l'objet
d'attaque
conjuguée de l'ancien
parti unique, le M.R.N.D. et
des partis
alliés
au F.P.R. au sein du gouvernement
(partis
socio-démocrate
et libéral).
Son premier Ministre
Dismas
NSENGIYAREMYE
a été forcé à se démettre et sa candidature à la
tête
du gouvernement de transi tion à base élargie
qui sera
installé
à la mi-septembre a été repoussé.
Profi tant
de la
confusion
générale,
M.D.R., Faustin TWAGIRAMUNGU,
tribun brillant
cri tiqué
pour
sa poli tique
d'alliance
s' entendi t secrétement avec les dirigeants

le
Président
du
mais autori taire,
avec
le
F. P. R. ,
des autres partis

KD161229
78

gouvernementaux
pour
faire
nommer
les
siens
dans
le
gouvernement
intérimaire
actuel
et
faire
accepter
sa
candidature au poste de Premier Ministre du gouvernement de
transition à base élargie.
Pour justifier
son coup d'État interne,
TWAGIRAMUNGU
a
trouvé un alibi extérieur:
la lente
division
du M.D.R. serai t
l'oeuvre de l'Internationale
Démocrate-Chrétienne (I.D.C.) qui,
d'après lui,
aurait poussé le courant dit
"PARMEHUTU"
à se
soulever contre sa présidence et sa politique
d'unité nationale
et de réconciliation
et finalement
à tenter
de prendre
le
pouvoir au sein du M.D.R. à travers "une regression ethniste".
Cet alibi
étonnant
correspond
cependant
assez
mal aux
posi tions répétées de l' I. D.C. en faveur de l'élection
sous
observation internationale
dans des délais raisonnables en vue
de mettre un terme à l'illégitimité
du pouvoir actuel.
Afin
de
trancher
ce
conflit
majeur,
un
congrès
extraordinaire
a été réuni à Kigali les 23 et 24 juillet
1993
rassemblant 72% des délégués.
Il
s'est
pronnoncé à une
majorité de 92% pour l'exclusion
du parti de Monsieur Faustin
TWAGIRAMUNGU
et pour la candi dature de Monsieur Jean KAMBANDA
au poste de futur Premier Ministre.
Son nouveau président
Dismas NSBNGIYAREMYE,
sous le coup de menaces personnelles a dû
se réfugier en Europe peu après le congrès.
Plein en justice
a été déposé par le M.D.R. pour exercice
frauduleux des fonctions présidentielles
par Monsieur Faustin
TWAGIRAMUNGU
et une requête a été adressée au Chef de l'Êta t
qu'il annule sa nommination comme Premier Ministre puisque les
Accords de Paix d'Arusha stipulent
que ce poste
revient
au
M.D.R.
Peu à peu on vient à une si tuation bipolarisée
entre
l'ancien parti unique, le M.R.N.D., qui peut renaftre sur les
dépouilles du M.D.R., et le F.P.R. dont le profil démocratique
reste encore à préciser.
Actuellement le M.D.R. légal n'a plus
accès aux médias officiels
et on lui refuse progressivement sa
place au sein des insti tutions nouvelles
créées à Arusha.
Ainsi dans le parlement de transition,
où les députés seront
nommés, il risquent de ne pouvoir librement àésigner les siens.
Cette exclusion d'un M.D.R. fort et indépendant peut ébranler
bientôt le processus de paix d'Arusha.
Sans contre poids suffisant,
le F.P.R. abusera de son
pouvoir nouveau, il tiendra les postes-clés
du
Ministère de
l'intérieur,
de l'État-Major
de la
gendannerie et
de la
direction
de la
sécurité
extérieure.
Il
disposera
d'un
bataillon
de
600 bommes supposé contrebalancer
la Garde
Présidentielle.
Sans participation
indépendante du M.D.R.,
c'est-à-dire
si c'est
Monsieur TWAGIRAMVNGU
qui nomme ses
députés,
le F.P.R. contrôlera
avec ses alliés
libéraux
et
socio-démocrates
les deux tiers
de voix nécessaires
dans le
futur parlement pour prolonger la transition
au-delà de deux
ans ou mettre le Chef de l'État
en accusation devant la Cour

IK
Il t
. '..1.

79

Suprême.
La victoire du F.P.R., couplée
lent de l'O.N. U. sur place, peut hélas
civile et à la destruction du pays".

.~. l

(.

? .~0

, '- •.•

à un déploiement trop
conduire à la guerre

On ne pouvait pas trouver un témoignage plus éloquent
montrant la responsabilité du Président
HABYARlMANA et de son
parti le M.R.N.D. ainsi que la complicité des autres partis
politiques de l'opposition, alliés au F.P.R" à savoir le P.L.
et le P.S.D" dans l'action de sape du M.D.R. à la veille de la
reprise des hostilités en avril 1994.
Par la destruction du M.D.R., le M.R.N.D. et le Président
HABYARIMANA espéraient récupérer la tendance Il PARMEHUTUIt du
parti et en particulier tous les membres issus du Nord du pays.
De même le P.S.D. comptait pouvoir récupérer la tendance dite
pro-F.p.R. et en particulier les ressortissants de la région du
Sud du pays, tandis que le P.L. comptait s'accaparer des
quelques Tutsi qui avaient adhéré au M.D.R.
Tous ces calculs
polliticiens étaient fait sans tenir compte, ni de la vigilance
du F.P.R., ni de la personnalité Monsieur Faustin TWAGlRAMUNGU.
D'après
les
discussions
que
j'ai
eues
avec
des
personnalités influentes du M.R.N.D., il ressort que celui-ci
croyait qu'une fois le M.D.R. liquidé, il n'aurait aucune peine
de se débarasser de TWAGIRAMUNGU.
Il resterait alors à en
découdre avec le F.P.R. sans qu'il y ait une voix discordante à
l'intérieur du pays. La suite on la connaît!
Monsieur Alain de BROUWER avait prédit une guerre civile
qui conduirait à la destruction du pays si on laissait le
F.P.R. prendre tout le pouvoir, personne ne l'a écouté à cette
époque et encore moins aujourd 1 hui alors que le danger de
destruction du pays et de son peuple se concrétise.
Qui vivra
verra !
VII. 5.

ACCORDS DE PAIX
DI ARUSHA
SOLUTIONS AUX FAUX PROBLEMES.

LES

OU

LES

FAUSSES

Aussi incroyable que cela puisse être, quand on parcourt
les Accords de Paix d'Arusha, on ne trouve nulle part où lIon
traite de la question ethnique, pourtant chacun sait qu 1 elle
est fut à l'origine de la catastrophe d'avril-juillet 1994.
Pourquoi cet oubli?
Est-ce réellement un oubli, ou les deux
parties en négociation ont également conclu un accord, resté
secret celui-là, de ne jamais poser le vrai problème rwandais
qui est la lutte du pouvoir entre Hutu et Tutsi.
Mais au fait comment en est-on arrivé à la signature de
ces accords dans de telles conditions?
Devant une situation de
guérilla meurtrière et interminable, le gouvernement rwandais
accepta de négocier avec le F.P.R. sous les auspices des pays
jugés aptes de favoriser un bon climat dans les négociations.
Ainsi on vit les Ministres des pays voisins du Rwanda et les
Responsables de certaines chancelleries occidentales (Alemagne,

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1 " 2"':) l

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r\'.).tJ!

1

80
France, Belgique, U.S.A.)
séances de négociation.
d'arbitre en cas de blocage
deux parties en négociation
la menace de la reprise de
à ces négociations.

participer pendant deux ans aux
Parfois,
ils jouaient
le rôle
devant une situation où aucune des
ne voulait céder.
Plus d'une fois
la guerre pesa sur les participants

Les erreurs constatés durant ces négociations
et
furent à l'origine des difficultés à les appliquer sont:
1)

qui

D'abord
le mauvais choix des partenaires: l'attaque
du F.P.R. visait
à renverser
la
lldictature de
HABYARlMANA
IL aurait donc fallu que le F.P.R.
négocie avec cette prétendue dictature.
Aulieu de
cela le chef de la délégation rwandais Boniface
NGULINZlRA, était un ministre de l'opposi tion, qui
suivait la ligne que lui assignait
le Premier
Ministre d'alors, Dismas NSENGIYAREMYE, qui était de
même appartenance politique que lui.
Lorsqu'en 1993
le M.R.N.D. a voulu remédier à cette situation en
envoyant à Arusha un de ses ministres, le F.P.R. a
refusé de négocier et a immédiatement réouvert les
hostilités (attaque du 08 février 1993) .
It•

2)

L'attaque avait été perpetré dans le but de renverser
le pouvoir en place, les belligérants étaient les
réfugiés Tutsi evincés du pouvoir en 1959 et les Hutu
qui détenaient le pouvoir à Kigali.
Lorsqu'on a
voulu partager le pouvoir aux parties antagonistes,
on a considéré les partis politiques agrés et le
F.P.R.; d'où la tendance des deux parties en conflit
à vouloir placer dans les postes dévolus aux partis,
les individus acquis à leur cause.

Ces deux anomalies graves ont constitué un obstacle
infranhissable à la mise en application des Accords signés le
04 août 1993 à Arusha.
Peu avant la signature de ces Accords, on avait vu la
société rwandaise se polariser et se diviser entre les proF.P.R. et leurs adversaires.
Ce phénomène de bipolarisation,
accentué par l'assassinat par les militaires Tutsi du Burundi
du premier
Président
Hutu démocratiquement
élu,
Melchior
NDADAYE, va provoquer au Rwanda l'éclatement des principaux
partis politiques entre ceux qui se disent "modérés" (proF.P.R.) et ceux qui sont qualifiés de UPower" (anti-F.P.R.).
La situation fut aggravée par le fait que le Chef d\.1
gouvernement,
Madame
Agathe
UWILINGIYlMANA
(pro-F.P.R.),
s'opposait
catégoriquement
au Chef
de l'État
dans
leurs
tentantives de résoudre les conflits nés au sein des partis
politiques à propos de la répartition des postes leur dévolus
dans le gouvernement et l'Assenmblée Nationale de transition à
base élargie.

IK
!

ii
'"

~"

! \}

l ")
.,-.
.
L.J c.

81
Ainsi donc, les Accords d' Arusha ont
été négociés en
considérant
les
antagonistes
sur
la plan politique
et
en
partant
du postulata
que les problèmes pouvaient être résolu
par un partage
du pouvoir
entre
les
différentes
forces
politiques.
Mais les négociationd
d' Arusha ont aussi été un
rencontre
de groupes politiques
ayant des agenda cachés, où
chacun recherchait
ses intérêts
sans rechercher ceux du peuple,
et le comportement ultérieur
de certains
parts a été entaché de
mauvaise foi en signant
des accords tout en sachant qu 1 ils
n' allaient
pas les appliquer.
C'est la principale
raison de
leur
enlisement
et
leur
non application
qui
a entraîné
l'aggravation
de la crise
et le basculement dans l'horreur
depuis lors.
Ce fut dans ce climat particulièrement
tendu que l'avion
du Président de la République en provenance de la Tanzanie fut
abattu dans la nuit du 06 avril
1994, alors
qu'il
amorçait
l'atterissage
à l'aéroport
international
Grégoire KAYIBANDA
de
Kanombeà Kigali.
Tous les occupants de l'avion
périrent
dans
cet attentat,
y compris le successeur Hutu de feu le Président
Melchior NDADAYE
du Burundi, Cyprien NTARYAMIRA.

VIII.
VIII. 1.

L. ENVIRONNEMENT INTERNE

LA SOLUTION FINALE.
ET EXTERNE.

VIII.l.l. ~'enyironnement interne.
Pendant que la majorité des Rwandais espéraient que la
signature des Accords de Paix d 1 Arusha allait mettre un terme
aux quatre ans de guerre déclenchée par le F.P.R., celui-ci et
ses sponsors étaient à pied d'oeuvre pour préparer ce qui
s'appelera plus tard Il the final war" ou guerre finale.
Certains membres du F.P.R., comme on peut le voir en annexe Bl,
avaient les entraînement
militaires
à Mulindi
et étaient
retournés
sur
leurs
collines
respectives
pour
instruire
militairement et politiquement à leur tour la multitude des
brigades éparpillées un peu partout dans le pays.
Ainsi donc, alors que les Hutu n'attendaient que la mise
en place des Accords de Paix d'Arusha, les Tutsi, quant à eux
du plus pauvre au plus riche, savaient qu'une guerre totale sur
tout la pays allait éclater du jour au lendemain.
N'en
déplaisent à ceux qui défendent aveuglement le F.P.R. , les
listes nominatives
des cotisations que cette organisation
percevait à tous les échelons de la population et dont une
copie est reproduit en annexe B2, démontrent clairement la
complicité de la quasi totalité des Tutsi dans la préparation
de cette guerre finale.
Le F.P.R. avait dressé les listes, comme celui reproduit
en annexe A2, des Hutu à liquider, en particulier les élites
composés
par
les
intellectuels,
les
commerçants,
les
industriels et autres artisans.
Les témoignages écrits font
cas des fosses aux dimensions et en qualité inhabutuelles
découvertes dans les résidences et immeubles des personnes
sympathisantes du F.P.R.
Oe plus, les emplacements de ces
fosses font croire à des usages autres que ceux auxquels sont
normalement destinées les fosses domestiques.
Ainsi en trouve-t-on à l'intérieur des maisons.
Des fois,
le creusement
de
ces
fosses
était
simulé
à celui de
l'extraction de la terre utilisée dans la fabrication des
briques adobes, dès lors que cette dernière n'a jamais eu lieu.
Tous ces éléments amènent à se poser des questions
relativement
entre
autres,
au
destinations
qui
étaient
envisagées.
De plus, la simultanéité de ces fosses leur
préexistence à l'assassinat du Président HABYARIMANA et le fait
qu'elles n'avaient été trouvées que chez les seuls réputés proF .P .R. constituent une coincidence plutôt troublante sur base
de laquelle plus d'un avance la thèse d'extermination des antiF.P.R. déjouée par la réaction violente et à grande échelle de
la population
et des institutions de la République,
dès
l'assassinat du Chef de l'État.
Cela apparaî.t d'autant plus
probable que les agents de main du F. P. R. étaient disséminés

KO'61234
sur la quasi totalité du territoire.
Une certaine opinion a, après la prise du pouvoir par le
F.P.R., prétendu que ces fosses auraient été creusées par la
partie alors sous contrôle gouvernemental pour dissimuler les
tueries.
Et pourtant lion s'étonne plutôt du défaut de
dissimulation dont a fait preuve la population se trouvant dans
la partie gouvernementale.
Des entassements des cavres sur les
routes, des enterrements plutôt sommaires ..., résultat d'une
rage melé à la panique, excluent toute accusation.
Qui plus et, lion ne perçoit pas comment ces fosses
auraient été creusées par la population,
bien avant les
événements, dans les propriétés des victimes, du vivant de ces
derniers. Au demeurant, l'évantuel vérification a été facilité
par l'indication de 11emplacement de chaque fosse signalée.
Toutefois,
comme
les déposants
ont
invoqué
des
raisons
évidentes de sécurité et de prévention de troubles juridiques
pour requérir l'anonymat, leurs identifications nlont pas été
reprises de l'annexe B3 à l'annexe B9.
Ainsi donc, à part les fosses, les Tutsi avaient acquis
des armes traditionnelles et à feu en guise de préparation à
cette phase
finale de la guerre de conquête du pouvoir
déclenchée par le F.P.R. le 01 octobre 1990. Dès que la guerre
a repris, les Tutsi ont mis en exécution leur plan préparé en
avance en déclenchant les hostilités dans tout le pays et les
Hutu ont été amenés à riposter dans le cadre de la légime
défense.
Ainsi du côté gouvernemental, la population s'en est
prise aux membres et sympathisants du F.P.R. qui se trouvaient
être pour la plupart des Tutsi, tandis que du côté du F.P.R.
celui-ci massacra tous les Hutu rencontrés sur son chemin dans
sa randonnée de prise de pouvoir sur tout le territoire.
La guerre fut totale sur toute l'étendu du Rwanda, et les
population tant Hutu, Tutsi que Twa, moururent par centaines de
milliers si ce n'est pas par millions.
Les rescapés prirent le
chemin de l'exil plutôt que d'accepter d'être immolé.
VIII.1.2. L'enyironnement externe·
Les éléments relatifs à l'implication de certains pays
étrangers
dans
le
conflit
rwandais
pour
des
raisons
hégémoniques
des
enjeux
stratégiques,
économiques
et
linguistiques ont été fournis depuis très longtemps.
Ainsi
comme l'a largement
expliqué
la revue
E. I.R.
(Executive
Intelligence
Review)
du 19 aoüt
1994, vol.
21, nO 33,
l'objectif de la Grande Bretagne est dlétendre son influence
des pays de l'Afrique de l'Est au Rwanda et au Burundi pour
enfin contrôler les pays de l'Afrique centrale comme le Zaire,
le Congo et l'Angola.
1

Dans cette revue, on présente le Président MUSEVENI comme
entrain dtaccomp1ir les plans britaniques de géopolitique dont

...

..-

~--_.

-..,- ..

-------'

84

le plus grand défenseur est Lady Lynda CHALKER, Ministre de la
coopération (ancien Ministère des colonies).
Les États Unis d'Amérique se sont intéressés au cas du
Rwanda assez tard car ils venaient de constater, en 1992, que
l'armée
rwandaise
devenait
faible
et
que
le F.P.R.
en
collaboration
avec
l'opposition
dite
umodérée"
pouvait
constituer une alternative au régime du Président HABYARlMANA
qualifié de ndictateur".
Depuis les années 1989, la politique belge n'était plus
favorable au gouvernement rwandais à cause des travaux en
coulisse menés par le F.P.R. de même que les distances
affichées par le gouvernement rwandais en faveur d'autres
puissances, notamment la France.
C'est ainsi que dans le
conflit rwandais, la Belgique s'est allignée du côté du F.P.R.
et lui a fourni une assistance considérable surtout sur le plan
diplomatique et la fourniture d'armes et munitions.
Au niveau de la sous région, il semblerait qu 'après le
Rwanda,la cible visée par le Président MUSEVENI est le Burundi.
Le Président MUSEVENI veut l'instauration et le maintien dans
les trois pays, des régimes dictatoriaux minoritaires soutenus
par
des
armées
monocolores
eu
une
puissance
économique
exclusivement réservée aux tenants des régimes.
Il faut savoir quant à la Tanzanie, qu'il existe un
conflit non déclaré entre celui-ci et l'Ouganda pour le
leadership de la sous-région.
Il est utile de savoir aussi
qu'il existe dans les mileux politiques tanzaniens une tendance
qui nourrissait des inimitiés envers HABYARlMANA depuis déjà
son coup drÉtat de 1973 contre le Président Grégoire KAYIBANDA
considéré comme leur allié dans la sous-région.
Ceci explique en partie, le comportement observé de la
Tanzanie lors du conflit rwandais et surtout après l'assassinat
du Président HABYARIMANA du Rwanda et Cyprien NTARYAMlRA du
Burundi en date du 06 avril 1994 alors qu'ils revenaient du
sommet des Chefs d'État de la sous-région à Dar-es-Salaam:
Le boycott du gouvernement intérimaire rwandais par
le refus de visa aux membres de ce gouvernement
voulant se rendre en Tanzannie et même quand le visa
est accordé, refus d'audience
par les officiels
tanzaniens au moment où les responsables du F .P .R.
étaient choyés;
Refus de rendre au gouvernement intérimaire les trois
avions rwandais qui avaient notamment transporté les
membres de la délégation
présidentielle
pour
le
sommet des Chefs drÉtat de la sous-région tenu à Dares-Salaam le 06 avril 1994. Ces mêmes avions ont été
remis au F.P .R. ;
Déclaration

officielle

du

gouvernement

tanzanien

kn_, 1':
r...t1 "'·1,6
L...,)'

l'

85
selon laquelle, le gouvernement du F.P.R. a respecté
et respecte encore les Accords de Paix d'Arusha alors
qu'il en est rien;
Mutisme du gouvernement tanzanien depuis l'assassinat
du Président HABYARIMANA quant à la relance du
processus de paix au Rwanda sur base des Accords de
Paix d'Arusha.
Le Zaïre, comme la plupart des pays africains, connaît des
crises économiques et politiques de grande envergure.
Mais,
malgré cette situation, le Zaïre était considéré à la veille de
l1assassinat HABYARlMANA comme un allié sûr.
Concernant le Kenya, depuis 1990,
ce pays a gardé sa
neutralité dans le conflit rwandais probablement pour ne pas
attiser ses différends avec l tOuganda.
Il a laissé l'Ouganda
et la Tanzanie dans leur lutte pour le leadership de la sousrégion.
Pour revenir sur le Burundi, on se rappelera qu'en juin
1993, l'ethnie majoritaire Hutu avait enfin pu accéder au
pouvoir grâce à des élections législatives et présidentielles
et ce pour la première fois dans l'histoire du Burundi.
Celuici sera malheureusement assassiné quatre mois plus tard par les
extrémistes Tutsi dans un tententive visant à rétablir l'ordre
ancien.
Il est incontestable que cette évolution de la
situation politique a eu des effets directs sur la suite des
événements au Rwanda et surtout après le 06 avril 1994.
VJ:IJ:.2.

LI AS SAS SJ:NAT DU PRÉSIDENT

JUVÉNAL

HABYARDIANA

VIII.2.1. Les indices ayant précédé l'aa~assinat
1.

Invitation
du
Président
MUSEVENI
au
Président
de
l'Assemblée
Nationale
du Burundi,
Monsieur
Sylvestre
NTlBANTUNGANYA à se rendre
à Kampala, quelques jours
avant le sommets de Dar-es-Salaam.
Il aurait utilisé poue
ce voyage l'avion présidentiel (FALCON 50).
L'audience à
Kampala sIest fait longtemps attendre.
Elle a eu lieu le
deuxième jour de l'arrivée et encore tard dans la nuit, de
manière à l'obliger de passer une seconde fois la nuit à
Kampala.
Le Président NTARYAMIRA, privé de son avion
rapide, s'est contenté de l'avion à hélices pour ses
déplacements pour Gbadolite et Dar-es-Salaam. Que cache
cette manoeuvre?
Dans les usages diplomatiques, il n'est
pas
courant
qu'un
Chef
d 'État
invite un
président
l'Assemblée Nationale d'un autre pays.

2.

Le jour du sommet, soit le 06 avril 1994, le Président
MUSEVENI a enregistré un retard de deux heures trente
minutes, retard qui s'est répercuté sur l'heure de clôture
de la réunion.
Il faisait retarder les débats par son

86

semblant de sommeil et par ses blagues.
A chaque réveil
il obligeait ses partenaires à recommencer les débats sous
prétexte qulil n'avait pas bien suivi les discussions.
3.

Il a été noté un retard inconsidéré dans la production du
texte français sanctionnant les travaux de la réunion, au
point que sur conseil, il a été signé dans la aalle de
réunion le seul texte en Anglais.
Le texte français a été signé à l'aéroport quand les Chefs
dtÉtat s'apprêtaient à embarquer.
Le document n'a pu être
disponibilisé que grâce à 11 assiduité des membres de la
délégation rwandaise.

4.

La lettre dl invitation au sommet précisait bien que la
rencontre aura lieu à ARUSHA. Deux jours avant le sommet,
sans aucune explication, le lieu de réunion avait changé.
CIétait maintenent DAR-ES-SALAAM.
On notera que ARUSHA
est plus près de Kigali et de Bujumbura que Dar-Ea-Salaam.
Qui a proposé ce changement et dans quel but ?
Sans aucune précision, quelqu'un a da certainement aviseer
Kigali de l'heure de décolage et des passagers à bord de
l'avion présidentiel.
Tout ce que MUSEVENI fait lie automatiquement
allié inconditionnel et vice-versa.

KAGAME, son

Un article de Jeune Afrique révèle que KAGAME a fait dire
au Président HABYARIMANA qu 1 il le tuerait en ces termes:
"YQuS direz au Préeident que je dois le tuer:. Je paier:ais
qu'il faudr:a payer pour QJl' il soit tué Il.
La
commission a été faite à une autorité de la MINUAR dont le
nom n'a pas été cité
( Madame HABYARlMANA
doit le
connaître) .

çe

Dans la nuit des événements qui ont coûté la vie au
Président
NDADAYE, deux officiers du F.P.R. étaient
confortablement
installés dans les salons de l'Ratel
SOFITEL à Bujumbura.
Cela ne peut être en aucune façon
une simple coïncidence.
5.

chaque événement survenu au BURUNDI, la présence de
Kagame était remarquée à Bujumbura quelques jours avant.
Les journaux rwandais reproduisaient
les dates de sa
présence.

À

Un article d'un journal belge implique KAGAME et
KANYARENGWE
dans
l'assassinat
du
Président
HABYARIMANA.
Marie FRANCE CROS, journaliste belge, très proche du
F.P.R., cite un autre journaliste:
" La Belgique était parfaitement au courant des
préparatifs de l'assassinat du Président Rwandais".

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1 {. 1 )(_.z.o
,j '.J.
..••l

~

__

87
6.

Quelques incidents à mettre
forfait se sont produits:

dans

la

ligne

directe

du

GASANA
Anastase:
alors
bras
droit
de
TWAGlRAMUNGU, futur Premier Ministre
une fois
le F.P.R. au pouvoir à Kigali, qui sera nommé
Ambassadeur
du Rwanda
à Washington
par ce
dernier, lors des préparatifs du voyage à DarEs~Salam, avait bloqué les ordres de mission de
la délégation, alors que tous les documents lui
étaient parvenus à temps.
Le jour du voyage le 05 avril 1994, il a fait
retarder la mission d'une heure et demi.
Au retour après le sommet, contrairement à ses
habitudes, il n'a pas demandé la place dans
l'avion du Président.
Savait-il ce qui allait se passer ?
Après la mort du Président, quand la délégation
était bloquée à Dar-Es-Salaam, son comportement
fut des plus déroutants.
À quelques jours du séjour, sa facture dépassait

largement 600.000 shillings.
Il était presque journellement
des Affaires Étrangères;

au Ministère

- Il téléphonait en Belgique et aux U.S.A. très
régulièrement;
- Un moment donné il était flanqué de garde de
corps du STATE HOUSE;
- Il recevait régulièrement la visite des agents
du F. P .R. ;

Il
était
presque
toujours
avec
Patrie
MAZIMPAKA alors Vice-Président du F.P.R., lors
de son séjour à Dar-Ea-Salaam;
- Il faisait la navette entre KAMPALA et MULINDI
(siège du F.P.R. à BYUMBA);
Il a récupéré sa famille
l'amener à Dar-Es-Salaam ( sa
enfants ).
Les élément s du
soint de les prendre de Kigali
en sécurité à Mulindi;
Il a fait bloquer
délégation
rwandaise

à MULINDI pour
femme et ses
5
F .P .R. ont pris
pour les mettre

les deux avions de la
par
les
autorités

88

tanzaniennes
sous
pretexte
propriété du F.P.R ..

que

c'est

la

Lorsque le F.P .R. a jugé que le moment était venu de
prendre le pouvoir par force, il choisit d'exécuter une partie
du scénario n04 dé son plan macabre.
11 -Rupture
des Accords de
Paix dlArusha et recomposition d'un gouvernement en écartant
par la force militaire
et populaire
HABYARlMANA
et ses
satellites dans un délai ne dépassant pas neuf mois à partir de
la date de signature des Accords de Paix d'Arusha.1l
Ce fut réalisé. En effet le mercredi 6 avril 1994 vers 20
heures 30 minutes, soit huit mois et deux jours après la
signature des Accords de Paix d'Arusha, l'avion qui ramenait du
sommet de Dar-es-Salaam le Président Juvénal HABYARlMANA et son
homologue du Burundi ainsi que leurs délégations respectives
fut abattu au moment où il se préparait à atterrir à l'aéroport
international Grégoire KAYIBANDA de KANOMBE à Kigali. Une page
d'histoire du Rwanda venait d'être tournée. Après le Président
HABYARlMANA ainsi assassiné devait continuer l'extermination de
ses satellites comme prévu.
Mais au fait qui a assassiné
le Président
Juvénal
HABYARlMANA et comment?
Certains média proches du F.P.R. ont
affirmé sans aucune preuve que le Président HABYARlMANA aurait
été assassiné
par les "extrémistes Hutu" parce que disent-ils,
celui-ci venait d'accepter la mise en application dans leur
intégralité les Accords de Paix d'Arusha.
VIII.2.2. Les témoins
Mes propres investigation ID 1 ont révélé ce qui suit, même
si tous les témoins ont, pour des raisons évidentes de
sécurité, requis l'anonymat:
1. Un haut cadre de la B.N.R. à l'époque, qui revenait de
sa propriété sise à Kabuga m'a affirme les faits suivants:
liEndate du 6 avril 1994, j'ai quitté mon bureau à la B.N.R. à
5 heures
comme d'habi tude . Directement, mon
épouse et moi,
nous nous sommes rendus à Kabuga, plus précisément à Rusororo,
commune Rubungo où nous avons une propriété foncière.
Nous
étions à bord de ma TOYOTA starlet.
L'objet de notre
déplacement était pour récupérer la bière de banane.
Nous
avons quitté Rusororo vers 6 heures du soir.
Nous devions
passer par le centre commercial de Kabuga, où nous avions
installé un moulin, pour ramasser le produit de la semaine.
Nous n'avons pas tardé et avons quitté le centre vers 18
heures 15 minutes pour rentrer à Nyamirambo (Kigali-Ville).
Arrivé dans un virage, directement après Kabuga avant d'arriver
a l'usine de tôles papyrus , nous avons trouvé un véhicule du

89

genre VWCombi avec des feux clignotants.
Aux alentours
il y
avait des gens sur les deux bords de la route.
L'un d'eux, un
blanc m'a arrêté.
Étant donné qu'il
faisait
tard,
j'avais
une
grande vitesse,
ce qui ne m'a pas permis de freiner
facilement.
Au moment où j 1entreprenais
des manoeuvres pour stationner,
mon épouse m'en empêcha tout en me rappelant
qu'il
était
tard
et que je risque,
si je m'arrête,
de tomber entre les mains des
malfaiteurs,
notamment les éléments du F.P.R.
JI ai directement
continué la route.
J'ai
fait
un petit
escale à Kimihurura.
Arri vé chez moi, à Nyamirambo, au moment
où je garais
ma voiture,
j 1 ai entendu des coups de feu et
quelques minutes après
j'ai
reçu un coup de téléphone
qui
ID' annonçai t la mort de notre Chef d'État l' •
2. Un autre
témoin,
qui,
comme on l'a
dit,
a requis
l'anonymat, m1a remis par l'écrit
le témoignage suivant:
I1Je venais
ce soir
là du 6 avril
1994 de Masaka en
compagnie
de
ma soeur ,
arrivés
à
la
bauteur
de
l'habitation
d'un certain NYIRINKINDI(nommépar après par
le F. P. R. Ambassadeur du Rwanda au Zaire),
nous avons
remarqué un véhicule
dont je ne peux pas préciser
la
marque et dont les feux clignotants
étaient
allumés.
Des
deux côtés de la route il y avaient des gens des blancs et
des noirs,
ces derniers
parlant
le Kinyarwanda.
J'ai
voulu m'arrêter
mais ma soeur m'en dissuada et me demanda
plutôt
de me dépêcher parce que disait-elle,
on ne sait
jamais, on peut risquer
de tomber dans une embuscade du
F. P.R.
Sur ce, nous avons tenté
de courir
mais les
personnes
qui
parlaient
le
Kinyarwanda nous avaient
entendu et se mirent à nous poursuivre
en compagnie de
certains
blancs qui étaient
avec eux.
Quand ils
nous
atteignirent,
sans hésiter,
ils ont commencé à tirer
sur
ma soeur qui tomba raide morte.
Quant à moi, ils me ramenèrent commeprisonnier
avec eux.
Arri vés là où ils
avaient
laissé
leur véhicule,
j 1 ai
remarqué qu'à
trois
reprises,
de cet
endroit
partait
quelque chose qui ressemblait
à une flamme.
Quelques
instants
plus tard,
j'ai
vu une immense flamme dans le
ciel
qui se dirigeait
du côté du camp Kanombe.
À ce
moment mes ravisseurs
m'embarquèrent dans leur véhicule,
ils
roulaient
à vive allure
jusqu'à
l'hôtel
AMAHORO

étaient
stationnés
les soldats
de la M.1.N.U.A.R., mais
ceux~ci refusèrent
de nous ouvrir le portail
d'entrée.
Je
ne peux pas préciser
de quelle nationalité
ils pouvaient
appartenir
dans la mesure où je ne pouvais pas comprendre
dans quelle langue ils parlaient.
Quand donc on leur a
refusé d'entrer
à l'hôtel
AMAHORO
et moi avec eux, ils se
sont dirigés vers le C.N.D. (où étaient
stationnés
les 600
soldats
du bataillon
du F.P.R. qui devaient
assurer
la
sécurité
des officiels
du F.P.R. devant entrer
dans les
institutions
de transition
à base élargie).
Là ils
n'eurent
aucune difficulté
à se faire
ouvrir.
Aussitôt arrivé à l'intérieur,
mon calvaire
ne faisait
que

Kn161241
90
commencer.
Tout d'abord, j'ai vu un soldat blanc dont
j'ignore
l'identité,
mais
je
me
rappelle
de
la
conversation qu'il a eue avec le groupe de gens qui
m'avaient emmené là-bas.
Ils leur a dit: "Comment ça a
été? Il Et ils ont répondu.
Tout va bien mon Général.
Et
il ajouta: Très bien! Et ils se sont tous mis à rire.
Se rendant subitement compte que j'étais toujours là, ils
ont commencé mon interrogatoire:
De quelle ethnie es-tu?
Je me suis dit que si je répondais que j'étais Hutu, ils
risquaient de me tuer, alors, je leur ai dit que j'étais
Tutsi.
Comment le sais-tu?
Me rétorquèrent-ils.
Parce
que je sais que ma mère et mon père et d'ailleurs mes
grand-parents
sont tous Tutsi comme moi.
Ils m'ont
ensuite demandé d'où je venais quand je les ai rencontrés
tout près de Kanombe et si j'avais vu ou entendu quelque
chose.
J'ai répondu que je venais de Masaka mais que je
n'avais rien vu et rien entendu.
Dans l'entre-temps, la personne qui m'interrogeait
fut
interpellée par quelqu'un, et à ce moment, je voyais que
plusieurs soldats sortaient pour aller rejoindre celui
qu 1 on avait appelé Général, dont j'ai parlé plus haut.
Ayant remarqué que la situation devenait de plus en plus
grave et qu'ils allaient probablement
me tuer, j'ai
profité de ce moment d'inattention pour me hisser dehors
dans une tranchée que les soldats venaient de quitter,
c'était dans la direction de Gaculiro.
Revenant là où elle m'avait laissé, la personne qui était
chargée de m'interroger remarqua que je n'y étais plus et
se mit à ma recherche.
Dans l'entre-temps je tentais de
grimper la grille, je fus surpris par une rafle de balles
qui rn 1 ont grièvement blessé mais je réussis à tomber de
llautre côté de llenclos.
Je me suis traîné durant toute la nuit jusqu 1 à Gaculiro
chez un ami qui m'accueillit et tenta de soigner ma
blessure.
Quand je lui ai raconté mon aventure, il me
conseilla de ne jamais le dire à personne.
Dans
l'entre-temps, quand le F.P.R. s'approcha de Gaculiro, moi
et
mon
hôte,
nous
avons

quitter
les
lieux,
personnellement pour me rendre au Kiyovu où était installé
l'hôpi tal de la C.l .C .R. parce que mes plaies étaient
encore béantes.
J'ai dû encore quitter cet hôpital quand les combats ont
redoublé l'intensité dans Kigali, avant de me retrouver à
l'Hôpital Général ici à Bukavu, d'où je viens à peine de
sortir. maintenant que mes blessures se sont cicatrisées,
même si, comme vous le constatez vous-même, j'en garderai
les séquelles durant tout le reste de ma vie."
Ce témoin a conclu son récit en affirmant qu1il était à même de
le répéter devant le tribunal si il en était requis.

91

3. Un troisième témoignage m'a été donné par un bureau
drétudes privé, de droit canadien, mais dont les propriétaires
seraient très probablement des Américains. Ce témoignage étant
consigné quelque part par écrit et signé de ses auteurs, je le
reproduirai en temps opportun, pour ma propre sécurité, compte
tenu des conventions passées entre moi-même et les chercheurs,
auteurs dudit témoignage.
Ce que l'on peut révéler déj à à ce stade, c'est qu 1 il Y
aurait plusieurs pays occidentaux qui auraient été impliqués
dans l'assassinat du Chef de l'État rwandais, et ceci au niveau
quasiment officiel, et que le forfait aurait été commis par un
homme de couleur blanche, ayant probablement du sans nord
africain, mais avec une nationalité européenne.
4. Le quatrième témoignage m'a été livré par un caporal
des F.A.R., du bataillon paracommando de Kanombe, c'est-à-dire
l'endroit même où sIest produit le crash.
Voici son témoignage:
"L'avion du Président a été abattu le 6 avril 1994 vers 20
heures et 30 minutes, nous étions au camp entrain de
suivre un match de football à la télévision.
Nous avons
entendu
deux
coups
successifs,
le
premier
ayant
probablement raté son objectif.
Après le deuxième coup,
nous avons eu l'impression d'apercevoir une immense flamme
au ciel et avons compris qu'il slagissait d'un avion qu10n
venait d'abattre.
Ainsi juste après, on nous a rassemblé
et on nous a distribué des armes et vers 21 heures, le
commandant de notre bataillon est arrivé.
Il nous a dit
qu1il venait de chez le Président de la République,
résidence proche de notre camp militaire, sur l'enclos de
laquelle slétaient abîmées les épaves de l'avion abattu.
Ils nous a également expliqué que l'on était toujours à
la recherche des corps des victimes, raison pour laquelle
il prit quelques militaires pour aller épauler les soldats
de la garde présidentielle dans cette tâche.
Après llévacuation de tous les corps des victimes de cet
attentat, il (le commandant du bataillon paracommando) est
revenu au camp Colonel MAYUYA vers 23 heures.
Il nous
précisa qu'il Si agissait d'un attentat contre 11 avion du
Chef de l'État et nous donna les consignes à suivre.
D'après lui, nous devions nous attendre à participer aux
combats qui allaient désormais se dérouler en ville et que
par conséquent chacun de nous devait se tenir prêt à
intervenir en cas de besoin.
Après, je ne me rappelle plus de la date, un sergent-major
en retraite, ancien du camp de Kanombe et qui résidait à
Kabuga, ramena au camp de Kanombe deux missiles, qui
avaient certainement été utilisés pour abattre l'avion du
Chef de l'État. Je ne me rappelle malheureusement pas du

'..t

"'

l

.'.!: :

h.

t

t

..., " ,.

(,.4 J

92
nom de ce sergent -major .
Les deux missiles avaient été
découverts de l'autre côté de l'endroit dit "19 km'", où
étaient plantés les herbes de fourrage et étaient posés à
côté d'un matelas.
La population locale avait trouvé ces
deux missiles lorsqu'elle faisait la fouille dans le coin
afin de débroussailler pour empêcher que l "ennemi ne s'y
cache.
La population a également expliqué que ce soir là, elle
avait remarqué un va-et-vient d'un véhicule où il y avait
des blancs et elle a cru que c'était un véhicule de
M.I.N.U.A.R.,
puisque
celle-ci,
avait
l'habitude
d'y
patrouiller.
Ces deux lance-missiles ont été déposés au
camp Kanombe en attendant d'être transférés à l'ÉtatMajor.
J'avais oublié de signaler que les deux lancemissiles découvertes dans les environs de Kabuga étaient
dépourvues de leurs lunettes de tir."
5. Par ailleurs, Jeune Afrique n01738-1739 du 28 avril au
15 mai 1994, note à la page 18 la déclaration suivante de
Madame HABYARlMANA: fi Le dimanche de Pâques, trois j ours avant
le drame, nous avions convié un haut fonctionnaire des NationsUnies à partager notre repas familial.
Cette personnalité a
dit à mon mari, et l'a répété trois fois devant notre cercle
intime:"
Paul
KAGAME
m'a
chargé
de
vous
avertir
personnellement qu'il vous tuera et qu 1 il emploiera tous les
moyens pour cela. Il
Cette personnalité ne serait personne
d'autre, d'après mes investigations, que le Docteur Roger BOOH
BOOH1 alors Représentant spécial du Secrétaire Général de
Nations Unies au Rwanda.
6.Il m'a également été rapporté, qu'au sommet de Dar-esSalaam, sur les nombreux Chefs d'État qui avaient été annoncés,
la plupart d'entre eux ont préféré s'absenter.
Il semblerait
que le Président du Zaïre, ait annulé son voyage de Dar-esSalaam et qu'il aurait téléphoné à son "frère et
ami Il du
Rwanda pour le dissuader de faire ce voyage très risqué à ses
yeux.
Il paraît qu'il aurait été informé par une très grande
personnalité de l'Élysée sur l'attentat qui se préparait.
Certains n'hésitent pas à établir un rapprochement entre cette
histoire et la découverte dans les jours qui ont suivi
l'attentat contre l'avion des Présidents Rwandais et Burundais
du corps d'un haut cadre de l'Élysée qui se serait suicidé en
se logeant une balle dans la tête.
7. Il est également intéressant de reprendre à ce niveau
le témoignage de la famille du Président assassiné.
Selon les
déclarations faites par Maître Luc De TIMMERMAN, avocat de la
famille HABYARlMANA, notamment dans le quotidien belge " La
libre Bel~ique" du 24 août 1994, l'ancien Ministre Belge des
Affaires Etrangères savait que quelque chose allait se passer
avec HABYARlMANA.
Il aurait été prévenu deux fois, et Maître
De TIMMERMAN affirme savoir qui a les lettres.

93
Le Ministre CLAES aurait également déclaré au Président
HABYARIMANA lors de sa dernière visite au Rwanda qu'il était
minuit moins cinq, faisant allusion à la nécessité de mettre
rapidement sur pied les institutions de transition prévues par
les Accords de Paix d'Arusha.
Selon
permet de
défunt, ni
l'attentat,
soupçonner
Kanyarengwe

Maître Luc De TIMMERMAN, alors qu'aucun élément ne
croire qu'un membre de la famille du Président
de son parti, ni des F.A.R. soit impliqué dans
il disposerait
d'un témoignage
permettant
de
les chefs civils et militaires du F.P.R. Alexis
et Paul Kagame d'avoir ourdi cet attentat.

8. Par ailleurs, les quotidiens bruxellois, ItLesoir du 15
février 1996" et "La libre Belgique du 18 février 1996",
sous
la plume respectivement de Collette BRAECKMAN et de Marie
France CROS décortiquent l'ouvrage du Professeur Anversois de
droit Filip REYNTJENS,
"Rwanda, trois jours qui ont fait
basculer 1 'histoire Il pour tenter de répondre à 1 'éternell e
question lIQuia tué HABYARIMANA? u •
Entre autres conclusions du livre citées par les deux
journaux ci -dessus, et après enquêtes au cours desquelles le
Professeur REYNTJENS s'est attaché à vérifier la véracité de
fait entourant l'attentat à l'aide de plus de cent témoignages,
on relève:
"Il est faux de dire que les barrages ont été dressés
dans la demi-heure qui a suivi l'attentat et d'y voir
une preuve que les auteurs de celui-ci sont ceux qui
ont programmé
le génocide: les barrages
étaient
dressés tous les soirs bien avant l'explosion.
Il est faux de dire qu'on a éteint les feux de la
piste d'aviation pour faciliter l'attentat.
Ils ont
été éteints juste après.
Il est faux de dire que l'offensive du F.P.R. n'a
repris que le 08 avril 1994: elle a repris le 07
avril 1994, un peu après cinq heures.
Les coupables ne sont donc pas les IIdurs"du régime ?
Pas si vite. " Ce faisceau de présomptions
est
contredit
par
un
élément
matériel
important:
lll'identification exacte des deux lanceurs de missile
SAM16 qui ont vraisemblablement
abattu l'avion.
Monsieur REYNTJENS indique que ces deux missiles
IIfont partie d'un lot vendu en 1988 à l 1 Irak et
récupéré, selon une liste établie par les alliés, par
la Force d'Action Rapide Française en février 1991,
après la guerre du Golfe. Savoir ce qu'il est advenu
de ces missiles entre février 1991 et avril 1994
permettrait sans doute de connaître les responsables
de l'attentat.
pour ce professeur, les auteurs de l'attentat ne sont

K016t245
94
pas forcément les planificateurs du génocide.
rI
avance une nouvelle hypothèse: l'attentat serait le
fait d'officiers Il démocratiques" sudistes (peut être
avec la complicité du F.P.R.) désireux d'imposer les
Accords de Paix d'Arusha, devant lesquelles le régime
renâcle i les durs du régime, menés par le colonel
BAGOSORA déclenchent alors un Il contre Coup d'État Il
suivi du génociden17
9. Lors de son séjour à Gema et à Bukavu, l'avocat
Bruxellois, Maître John SCHEERS, m'a personnellement livré les
informations suivantes qui, de mon point de vue, peuvent
contribuer à éclairer l'énigmatique assassinat du Président
HABYARlMANA.
Il
Ma connaissance du Rwanda a commencé avec le procès
d'un officier rwandais du nom de Major MUTAMBUKA dont
j'ai assuré la défense devant le Conseil de Guerre en
1991.
Àprès ce procès à Kigali, j 1 ai donné une
conférence sur l'état de la situation de la justice
au Rwanda.
Séduit par certaines critiques que j'ai
faites sur l'état de la justice rwandaise, Jacques
BIHOZAGARA du F.P.R. me contacte et me présente par
après
d'autres
membres
du
F.P.R.
dont
Alexis
KANYARENGWE, Pasteur BIZlMUNGU, Patrick MAZIMPAKA et
Tito RUTAREMARA.
Ils mlexposèrent leur cause à leur
façon habituelle qui me séduit, mais je leur ai
conseillé le dialogue en lieu et place de l'action
armée. Ils firent semblant d'accepter.

J'entrepris alors les contacts avec
les comités
directeurs
des partis M.R.N.D., M.D.R.,
P.L. et
P.S.D. qui aboutirent à la rencontre de Bruxelles de
fin mai-début juin 1992 avec l'absence du M.R.N.D.
qui s'est abstenu à la dernière minute.
Des
contacts
entre
le
F.P.R.
et
les
partis
d'opposi tian intérieure continuèrent.
En décembre
1993,
le
Président
Juvénal
HABYARlMANA
me
fit
contacter pour me demander de servir d'intermédiaire
entre lui et le F.P .R. et entre lui et les Belges
afin dlessayer de reblanchir
son image déjà si
ternie. J'ai accepté et fit deux séjours au Rwanda en
décembre 1993 et en janvier 1994 au cours desquels
j'eus
l'occasion
de
m'entretenir
largement
le
Président HABYARlMANA.
Des contacts téléphoniques se poursuivirent jusqu'en
mars 1994.
JIai constaté pendant ce temps que le
F.P.R. était devenu intransigeant
depuis janvier
1994.
Quant à l'opinion belge, surtout les deux
chambres,
elle
commençait
à
changer.
Dans
:1.7

Marie France
1996.

CROS, La Libre

Belgique

du 18 février

1\016i246
95
l'entretemps j'ai appris l'assassinat du Président
HABYARlMANA.
Depuis je ne suis plus retourné au
Rwanda et aucun membre du F.P.R. nia donné signe de
vie, même à l'occasion dlun passage en Belgique.
D r après les informations que je reçois des amis et
des connaissances qui visitent le Rwanda depuis la
prise du pouvoir par le F.P.R., rien ne va.
Ce
dernier se montre de plus en plus incapable de
maîtriser la situationll•
Maître SCHEERS m'a confié que, pendant cette période, le
gouvernement
belge
siest
catégoriquement
opposé
à
ses
démarches.
Quand il tentait de réunir les partis politiques de l'intérieur
et le F.P.R. en 1992, il siest vu intimer l'ordre par le
Ministère des Affaires Étrangères Belge de ne pas se mê Lez' de
la politique extérieure de ce pays.
À 11époque
il a pu
résister, mais il lui avait été clairement signifié que si son
opération tournait en catastrophe, il devait en assumer les
responsabilités alors que si par hasard elle s'avérait être un
succès, il devait
impérativement
s'effacer
au profit
du
Ministère belge des Affaires Étrangères.
Ce qui, d'après moi, fut le cas, même si il ne me l'a pas
confirmé lors de nos entretiens.
Au mois de mars 1994, il a
écrit une lettre dont il m'a affirmé qu'il garde encore une
COpiei cette lettre était adressée au Ministre belge des
Affaires Étrangères et le mettait en garde contre le danger de
mort qui pesait sur la personne du Président rwandais Juvénal
HABYARlMANA et les conséquences qui pourraient résulter de son
assassinat.
Il m' a affirmé ne pas avoir eu la réponse à part
l 1 interpellation, dont il a fait l'objet, par le Ministère
concerné, quelques jours après l'attentat.
Il lui était
demandé de remettre la copie de la lettre si il en avait gardé
une. Il leur a répondu, ml a-t-il dit, que comme tout avocat,
il garde copies des lettres qulil adresse et que la copie dont
il est question est gardée en un lieu jugé très sür.
Pour terminer, il m' a également informé que le Ministère
des Affaires Étrangères Belge lui avait interdit de nouveau de
se mêler de la question rwandaise en faisant une descente dans
les camps des réfugiés de 11Est du Zaire.
Comme en 1992, il
leur a dit que c 1 est une question de droit de l'homme et que
par conséquent personne ne pouvait l'empêcher de donner sa
petite contribution pour la recherche d'une solution à ce
problème devenu un véritable cauchemar pour la communauté
internationale toute entière.
Des témoignages qui
seraient les suivantes:
L1avion

précèdent

les premières

conclusions

qui ramenait le Président Juvénal HABYARlMANA

1/.('\'/1"'47
~\ .,' l ,) 1 L
.
96
du sommet des Chefs d'État de Dar-es-Salaam
n'a pas
été victime d'un accident, mais bel et bien, d'un
attentat, la preuve étant la découverte des deux
lance-missiles
clairement
identifiés
dans
les
environs immédiat de l'aéroport Grégoire KAYlBANDA où
s'est produi t le crash.
La plupart des témoins
affirment également avoir entendu des coups de feu,
de même que qu'ils ont vu l'aéronef en flamme.
Il est plus que probable que cet attentat soit
l'oeuvre d'un ou des homme(s) de couleur blanche,
dans la mesure où tous les témoins présents sur
place, ont remarqué une présence anachronique de
"blancs n •
Il n'est pas impossible que cet
attentat
soit
l'oeuvre du F.P.R. avec ou sans appui des éléments de
la M.I.N.U.A.R., si lion s'en tient aux récits de
certains témoins.
Il est également possible que cet attentat soit un
complot international, où plusieurs pays ont été mis
au courant, avec ou sans leur consentement, du projet
dlassassiner le Président Juvénal HABYARlMANA, pour
précipiter la chute de son régime et son remplacement
par le P.P.R.
Il est très peu probable que la M.I.N.U.A.R n'ait pas
été au courant des préparatifs, sinon de Il acte de
11attentat
contre
l'avion
du
Président
de
la
République Rwandaise, en s'appuyant sur le témoignage
non seulement de la famille du Président HABYARlMANA,
mais également sur dlautres récits, comme on l'a vu
plus haut.
Il est, à ce niveau, difficile de trouver une
quelconque relation entre cet attentat et la filière
dite
fEdes extrémistes
Hutulf;
aucun
témoignage
crédible et indépendant niayant jusqu 1 à ce jour été
fourni.

VI.'II.3.

LE VIDE1 LE COMITÉ MILITAIRE ET L'IMPASSE

D'après
un
des
témoins
ci-haut
cité,
militaire
du
surcroît, il sIest tenu à l'État-Major, une réunion des chefs
militaires,
déjà dès la nuit du 6 avril 1994, en vue de
pallier au vide institutionnel créé par la disparition en même
temps du Chef de l'État et du Chef de l'État-Major.
Les chefs
militaires ont mis en place un comité de crise sous la
présidence du Colonel BAGOSORA Théoneste, alors directeur de
cabinet au Ministère de la défense nationale.
Ce comité a pris entre autre les mesures qui suivent en
vue de ramener l'ordre et la sécurité dans le pays:

i\ n
~}11 0-••

t ••

t

?
,_ 4 8

97
Nomination du Colonel Marcel GATSINZI, comme
chef de l'État-Major a.i de l'armée;
normalisation et retour à la discipline dans
l'armée;
restauration d'un climat de sécurité avec un
appel aux politiciens pour accomplir leur devoir
et appliquer les accords de paix d'Arusha;
création d'un comité de crise;
retour au calme et le refus du vandalisme parmi
la population;
l 1 ordre a été donné aux préfets de décréter le
couvre-feu si nécessaire;
invitation
à
la
population
à
supporter
courageusement les épreuves.
Il semble qu 1 il Y ait eu une tentative de la part des chefs
militaires de prendre tout le pouvoir, mais faute de concensus,
notamment par la rivalité entre le Colonel Théoneste BAGOSORA
et le Colonel Léonidas RUSATlRA, alors commandant de l'École
Supérieure
Militaire
(E.S.M.)
et
à
l'opposition
des
représentants de la M.r.N.U.A.R. et de l'Ambassadeur de France,
consultés à cet effet.
Ainsi le "comité de crisen se résolut-il à consulter les
responsables des partis politiques signataires de la convention
du 02 avril 1992 qui avait abouti à la mise sur pied du
gouvernement par le Docteur Dismas NSENGIYAREMYE.
La première
séance eut lieu dans la matinée de la journée du 7 avril 1994,
alors que la communiqué des F.A.R. ne sera lu sur les ondes de
Radio Rwanda que le même 7 avril 1994 mais à 17 heures
précises.
Il paraîtrait que les différents responsables ci-haut
cités consultés par le comité de crise aient conseillé de
mettre
immédiatement
en exécution
les Accords
de Paix
dlArusha.
Pour ce faire, le parti M.R.N.D. a été invité à
présenter un candidat à la Présidence de la République
conformément
au prescrit
desdits
accords
de
paix.
La
présidence de ce parti consultée à cet effet na
pas été à
mesure
de
présenter
de
candidat
à
ce
poste,
arguant
l'impossibilité de réunir son congrès lequel, était seul
habilité à poser un tel acte.
rI me semble quant à moi, et
après analyse à froid, qu'il Y ait eu "refus diplomatique Il de
se présenter à un tel poste, jugé trop dangereux par les temps
qui couraient.
Finalement l'astuce juridique fut trouvé par un des
représentants du parti M.R.N.D., pour appliquer non point les
Accords d'Arusha effectivement violés par le F.P.R., mais
plutôt la Constitution rwandaise de Juin 1991.
Toutes ces tractations ont eu lieu le 07 avril 1994 et ont
été suivies par la convocation d'une réunion mixte entre les
représentants des partis politiques qui étaient au gouvernement

K0161249
98

de Madame UWILINGIYIMANA et le "comité militaire de crisen•

Étaient présents, du
personnalités suivantes:
Pour le M.R.N.D.:

Pour le M.D.R.:-

Pour le P.S.D.:-

Pour le P.L. :

Pour le P.D.C.:-

côté

des

partis

politiques,

les

Matthieu
NGIRUMPATSE,
président
Joseph NZIRORERA, secrétaire
national
Froduald KARAMlRA, deuxième viceprésident
Donat
MUREGO,
secrétaire
exécutif
François NDUNGOTSE, membre
Emmanuel
NDINDABAHIZI,
membre
Hyacinte Rafiki NSENGlYUMVA,
membre
Justin MUGENZI, président
Agnès NTAMABYARIRO, premier
vice-président
Jean
de
Dieu
HABINEZA,
membre
Gaspard RUHUMULlZA, membre.

Le comité militaire de crise était représenté par:
colonel Théoneste BAGOSORA, directeur de cabinet
1)
au Ministère de la Défense Nationale,
Colonel
Léonidas
RUSATlRA,
commandant
de
2)
l'E.S.M.
Colonel Marcel GATSINZI, commandant de l'E.S.O.
3)
colonel MUBERUKA, commandat de l'O.P.S. Kigali
4)
Lieutenant
Colonel
Augustin
BIZlMUNGU,
5)
commandant de l'O.P.S Ruhengeri,
Lieutenant Colonel
NKUNDIYE,
commandant de
6)
l'O.P.S. Mutara,
Lieutenant
Colonel
BAHUFITE,
commandant
de
7)
l'O.P.S. Byumba,
Lieutenant
Colonel
SEBAHlRE,
commandant
de
8)
l'O.P.S. Rulindo.
Cette
réunion
entre
les
représentants
des
partis
politiques et le "comité militaire de crise" s'est tenue au
Ministère de la Défense Nationale dans la matinée du 08 avril
1994 et a abouti aux conclusions suivantes:
Donner une triple mission au nouveau gouvernement à mettre
en place à savoir:
assurer la sécurité des personnes et
*
des biens;
négocier avec le F.P .R. pour la mise
*
en place
des
institutions
de
la

Kn16i250
99

transition à base élargie;
s'occuper des personnes déplacées par
la guerre et autres victimes des
calamités.
Préparer une déclaration pour le Président du C.N.D. si il
accepte la mission d'être le nouveau Chef de l'État.

*

Arrêter la nomination
ministériel.

des

membres

du

nouveau

cabinet

Ainsi ces décisions permettaient au "comité militaire de
crise'l de sortir le pays du vide institutionnel dans lequel il
était plongé depuis 11 assassinat du Chef de l'État et Chef du
gouvernement, mais également de llimpasse dans lequel les
militaires avaient risqué de S'enfoncer, en tentant d'exploiter
à leur avantage les tragiques événements du 6 avril 1994.
Après présentation
de la situation par, le Colonel
Théoneste
BAGOSORA,
telle qu'elle
est
reprJ.se dans
le
communiqué des FAR, les politiciens ont poursuivi leurs débats
à huit clos, c'est-à-dire sans la présence du "comité militaire
de crise", à l'exception du Colonel Théoneste BAGOSORA.
VIII.4.

LE GOUVERNEMENT

INTÉRIMAIRE:

LES SACRIFIÉS

C'est donc dans ce contexte que fut décidé la mise en
place d1un gouvernement intérimaire.
En tant que Premier
Ministre pressenti, je fus convié à une séance de travail vers
14 heures de la journées du 08 avril 1994 en la salle de
l'École Supérieure Militaire (E.S.M.). Cette séance de travail
qui fut ouverte par le Général Major Augustin NDINDIRIYlMANA,
alors chef d'État-Major de la gendarmerie, en tant que le
responsable militaire le plus haut gradé, fut en réalité
présidée par le Colonel BAGOSORA en tant que président du"
comité militaire de crise".
Assistaient donc à cette réunion en plus du Premier
Ministre pressenti, le nouveau Président de la République, le
Docteur Théodore SINDlKUBWABO et bien entendu tous les membres
du "comité militaire de crise" et des partis politiques appelés
à participer à ce gouvernement intérimaire.
Notons que c'est
la veille, c'est-à-dire le 07 avril 1994, que le Colonel
GATSINZI Marcel avait ramené à Kigali, celui qui n'était encore
que le Président du C.N.D., le Docteur Théodore SINDlKUBWABO de
son domicile de Butare.
On devait apprendre par la suite,
qu 1 arrivé tout près du rond point central de Kigali, leur
convoi avait subi des tirs non autrement identifiés sans faire
beaucoup de dégâts.
Ce nouveau gouvernement fut arrêté comme suit dans cette
soirée du 08 avril 1994 et prêtera serment devant le bureau du
C.N .D. et le Président de la République le lendemain, le 09
avril 1994, vers 11 heures du matin à l'Hôtel des Diplomates:

tl1251
K"'
!, \
f t)
i

.....
_

100

1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
8)
9)
10)
11)
12)
13)
14}
15)
16)
17)
18)
19)
20)
21)

Docteur Théodore SINDIKUBWABO: Président de la République
Monsieur
Jean KAMBANDA: Premier Ministre
et Chef du
gouvernement;
Monsieur
Jérôme
BICAMUMPAKA:
Ministre
des
Affaires
Étrangères et de la Coopération Internationale;
Monsieur
André
RWAMAKUBA:
Ministre
de
l'Enseignement
Primaire et Secondaire;
Monsieur Eliézer NIYITEGEKA: Ministre de l'Information;
Monsieur Justin MUGENZI:
Ministre de l t Industrie, des
Mines et de l'Artisanat;
Monsie~r Jean de Dieu HABINEZA: Ministre du Travail et des
Affaires Sociales;
Madame Agnès NTAMABYARIRO: Ministre de la Justice;
Monsieur Emmanuel NDINDABAHIZI: Ministre des Finances;
Monsieur
Hyacinthe
NSENGlYUMVA
Rafiki:
Ministre
des
Travaux Publics de l'Eau et de l'Énergie;
Monsieur Straton NSABUMUKUNZI: Ministre de l'Agriculture
et l'Élevage;
Monsieur Faustin MUNYAZESA: Ministre de l'Intérieur et du
Développement Communal;
Monsieur
André
NTAGERURA:
Ministre
des
Postes
et
Télécommunications;
Monsieur
Augustin
BIZIMANA:
Ministre
de
la
Défense
Nationale;
Monsieur Augustin NGlRABATWARE: Ministre du Plan;
Monsieur Callixte NZABONIMANA: Ministre de la Jeunesse et
du Mouvement Associatif;
Monsieur Casimir BIZIMUNGU: Ministre de la Santé;
Monsieur Gaspard RUHUMULIZa: Ministre de l'Environnement
et du Tourisme;
Madame Pauline NYIRAMASUHUKO: Ministre de la Famille et la
Promotion Féminine;
Monsieur
Prosper MUGIRANEZA:
Ministre
de la Fonction
publique et de la Formation Professionnelle;
Monsieur
Daniel
MBANGURA:
Ministre
de
l'Enseignement
Supérieur et de la Recherche Scientifique.

Pour les responsables du parti M.D.R., les candidats
qu'ils présentaient étaient les mêmes que ceux que le bureau
politique de ce parti avait en son temps présenté au Premier
Ministre désigné, Monsieur Faustin TWAGIRAMUNGU et qu'il avait
refusés.
Au niveau du P.S .D., Monsieur sylvestre UWlBAJIJE était
considéré comme le candidat le mieux placé pour le Ministère de
l 'Agriculture et de l'Élevage mais l'intéressé se trouvant à
l'étranger, alors Ambassadeur du Rwanda au Burundi, et compte
tenu des circonstances qui prévalaient au Rwanda, il devait
être remplacé par Monsieur Straton NSABUMUKUNZI.
À ce gouvernement, furent assignés, comme on l'a vu, trois
objectifs majeurs à savoir:
administrer
le pays et assurer la sécurité des
personnes et des biens;
Poursuivre les négociations avec le F.P.R. en vue de

K0161252
101
mettre en place les institutions de transition à base
6
élargie
comprenant
le F .P.R. , et ce endéans
par
le
conseil
de
semaines, tel que recommandé
sécurité des Nations Unies.
S'attaquer au problème de la famine qui menaçait
inexorablement le pays et d'une manière particulière
les déplacés de la guerre.
Aussitôt le serment constitutionnel prêté, le gouvernement
tint sa première séance de travail dans le courant de llaprèsmidi même de ce samedi
09 avril 1994, et prit les décisions
suivantes, qui seront rendues publiques dans la matinée du
dimanche 10 avril 1994 au cours d'une conférence de presse que
tint le Premier Ministre:
Convocation, pour le lundi 11 avril 1994, d'une réunion de
tous les préfets pour se pencher sur la question de la
sécurité dans toutes les préfectures et les mesures de
pacification à prendre;
Lancement dlun certain nombre de messages relatifs à la
sécurité, à ltadresse:
de
l'armée
pour
arrêter
les
massacres
immédiatement et pour punir les éléments isolés
des F.A.R. qui se livrent aux massacres et aux
pillages,
des partis politiques pour sensibiliser leurs
adhérents à ne pas part iciper, SI il y' en a qui
le font, aux troubles en cours dans le pays,
des expatriés, pour leur remercier de leur
concours en temps de paix, mais aussi pour leur
demander d'appuyer le peuple rwandais et le
gouvernement en ces moments difficiles, tout en
leur annonçant que celui-ci ne ménagera aucun
effort pour leur faciliter le départ du Rwanda,
s'ils en décident ainsi, même si ce n'est pas
son souhait.
Message
au F.P.R., pour l'inviter au dialogue en vue de
mettre en place les institutions de transition à base
en
élargie,
et pour qu 1 il observe un cessez-le-feu
arrêtant les combats.
Invitations aux ministères chargés de la sécurité, dont
celui de la justice, pour convocation d'une réunion de
tous les parquets, en vue de mener les enquêtes pour
identifier les différents coupables et pour les punir
conformément à la loi.
Prise de mesure d'urgence, en vue de faire face à la
situation de famine qui prévalait, en particulier dans la
ville de Kigali, avec l'ouverture de quelques marchées et
magasins
surtout d'alimentation
pour permettre
à la
population de s'approvisionner en denrées alimentaires,
sous la protection du Ministère de la Défense Nationale et
en collaboration avec le Ministère de 1 tIntérieur et du
Développement communal.

Ktl,-.ft'12t::7.
1
t.)

~ •••'

::>

102

De cette réunion est sortie l'instruction n0007/02. 3.9/94
du 30 avril 1994, qui explique à la population en général et
aux
responsables
administratifs
en
particulier,
les
circonstances de l'assassinat du Chef de l'État du Rwanda et du
Burundi et de leur suite ainsi que les conditions
dans
lesquelles a été mis en place le nouveau gouvernement.
De même
cette instruction formule les directives à suivre pour le
rétablissement de la sécurité des personnes et des biens dans
tout le pays.
Ainsi les préfets ont été priés de réunir d'urgence les
comités préfectoraux de sécurité de leur ressort en vue de
définir les stratégies rapides et conformes aux problèmes
spécifiques
de leur entité
préfectorale.
Chaque
comité
préfectoral devait entre autres objectifs, s'assurer des moyens
de contrôle adéquats et de suivi de la mise en application des
stratégies de rétablissement de la sécurité pour le retour
rapide de la paix. Il a été également recommandé aux instances
de sécurité de collaborer avec les responsables des partis
politiques,
les
autorités
religieuses
et
administratives,
notamment la justice et l'armée, pour le maintien de la
sécurité et le retour effectif de la paix.
Les autorités préfectorales ont été invités à expliquer à
leurs administrés de ne pas confondre l'ennemi et la population
appartenances
sur
base
des
différences
ethniques,
des
politiques, confessionnelles ou régionales.
Il
a
été
demandé
aux
préfets
de
faire
respecter
scrupuleusement les droits de l'homme.
Ainsi les persécutions
et les pillages devaient être réprimés. Les forces armées, les
parquets et les autres instances judiciaires devaient fermement
sévir contre les coupables.
Les organismes humanitaires devaient être facilités dans
l'accomplissement de leur mission de secours.
Il a été enfin
demandé aux préfets d'harmoniser un programme de descente sur
le terrain pour sensibiliser la population à la cohabitation
pacifique et à la réconciliation nationale.
L' intégrali té de
cette instruction, en Kinyarwanda, est reproduite en annexe
no1.

Dans l'après-midi, ce 11 avril 1994, le Premier Ministre a
accueilli en compagnie du Ministre des Affaires Étrangères et
de la Coopération le Général Roméo DALLAIRE, commandant en chef
de la M.I.N.U.A.R.,
en tant qu'émmisaire
du Représentant
Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies au Rwanda,
Monsieur Roger BOOH BOOH.
Il était accompagné de Monsieur
KHAN, de nationalité mauritanienne.
Il a été remis la note verbale suivante au Général Roméo
Dallaire pour sa transmission
au Représentant
Spécial du
secrétaire Général des Nations Unies au Rwanda:

KOléi254
103
Il
Le Ministère
des Affaires
Étrangères
et de la
Coopération de la République Rwandaise
présente
ses
compliments
à
la
Mission
des
Nations
Unies
pour
l'Assistance au Rwanda
(M.I.N.U.A.R.) et a l'honneur
d'attirer l'aimable attention du Représentant Spécial du
Secrétaire Général des Nations Unies au Rwanda sur ce qui
suit:

1)

En date du 6 avril 1994, dans la soirée, il est apparu des
défaillances inexplicables dans le chef des casques bleus
chargé de la sécurité de l'aéroport Grégoire KAYIBANDA et
ses environs, défaillances qui ont permis aux criminels
d'abattre l'avion présidentiel.

2)

Depuis un certain temps, il a été constaté que la
M.I.N.U.A.R. ne contrôle pas suffisamment la sortie des
éléments du F.P.R. de ses baraquements.
C'est ainsi que
les éléments du bataillon du F.P.R. se sont répandus dans
beaucoup de quartiers de la ville de Kigali pour semer la
violence, la terreur et la mort.

3)

Dans la ville de Kigali, les éléments de la M.I.N.U.A.R.
participent activement aux opérations offensives du F.P.R.
contre les positions de l'armée rwandaise.
À titre
dlexemple, au Centre Christus de Remera, se sont établis
les militaires du F.P.R., au milieu des casques bleus de
la M.I.N.U.A.R.
Nos forces ont noté, à partir de cet
endroit des tirs des armes de la M.I.N.U.A.R. contre les
positions de l'armée rwandaise.
Les mêmes éléments de la
M.I.N.D.A.R. ont fourni une assistance technique au F.P.R.
pour couper le carrefour de "SONATUBEl!

4)

À

5)

Le F.P.R. siest livré, en date du 10 avril, à d'horribles
massacres sous le regard complaisant de la M. LN. U .A.R.
Ces massacres ont été perpétrés aux secteurs des quartiers
de
Remera,
secteurs
sensés
interdits
aux
forces
combattantes, mais où le F.P.R. circule et tue sans
entraves. De même, cette nuit du 10 avril 1994, le F.P.R.
a tué froidement des familles entières installées non loin

Gikondo, en date du 10 avril 1994, un véhicule de la
M.I.N.U.A.R. a tiré sur les véhicules de l'armée rwandaise
qui évacuaient les personnes fuyant les massacres du
F.P.R.

de là.

Le Ministère des affaires étrangère et de la coopération
cite ces faits à titre dlexemples mais les services rwandais
notent les actes du genre presque chaque jour.
Il prie en
conséquence les responsables de la M.I.N.U.A.R à mettre fin à
cette terreur autorisée et même assistée du F.P.R., pour rendre
crédible le mandat de la M. LN. U .A.R.
Le Ministêre aimerait,
dans tous les cas avoir des explications sur ce comportement de

104

Knt6t255

certains éléments de la M.I.N.U.A.R.
Le
ministère
note
cependant
avec
satisfaction,
l'abnégation avec laquelle une grande partie des troupes de la
M.I.N.U.A.R s'acquitte de sa mission.
Il sollicite en outre de
la M.I.N.U.A.R.
une application plus accrue en vue de
permettre
au F.P.R. et au gouvernement rwandais de renouer le
dialogue en vue d'enrayer la situation de crise le plus
rapidement possible pour mettre en place les institutions de
transition à base élargie.

Le Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération
de la République
Rwandaise
saisit
cette
occasion
pour
renouveler à la Mission des Nations Unies pour 11Assistance au
Rwanda, les assurances de sa très haute considération.
Kigali,le 11 avril 1994
signé et cacheté MINAFFET

.cp.i

-PRESlREP
-PRIMATURE
-MINADEF

Ces entretiens ont été ponctués par des menaces à peine
voilés de la part de Monsieur KHAN. Il affirmait sans ambages,
que l'O.N.V. ne toléra plus d'être humiliée, comme se fut le
cas en Somalie. D'après lui, l'O.N.U. disposait d'une force de
plus de 30.000 hommes prête à déferler sur le Rwanda pour
imposer la paix et mettre hors dlÉtat de nuire
tous les
apprentis
dictateurs
entendez
par
là,
le
gouvernement
intérimaire.
Pour la question de savoir les mesures concrètes
que pouvait prendre le gouvernement intérimaire pour arrêter
les massacres, cet émissaires des Nations Unies ne s'est pas
montré plus inspiré que ses interlocuteurs.
Il

Il ,

La date du 12 avril 1994 fut une journée de déménagement
du gouvernement intérimaire de Kigali vers Gitarama.
Il semble
que dans l'après-midi, surtout dans la soirée du 11 avril 1994,
certains membres du gouvernement
aient pris
contact avec
l'Ambassade de France pour que cette dernière puisse évacuer
les membres de leurs familles vers Bangui
en République
Centrafricaine.
Malheureusement, il a été constaté que tous
les membres du gouvernement n'ont pas été associés à cette
opération, parce que selon toute vraisemblance,
il siest
surtout agi d'user des relations personnelles
que chacun
pouvait
avoir
tissées
avec cette
ambassade.
Ainsi
on
constatera que seuls les membres de famille de certains
ministres, en particulier et en exclusivité, des plus anciens
dans le gouvernement, seront concernés par cette évacuation.
Ainsi tôt dans la matinée du 12 avril 1994, l'on apprendra que

105

\1 t. ().

O' ('

1\

i 2~ r.:J E)

certains membres de famille de quelques ministres étaient
toujours à l'hôtel des Diplomates tandis que d'autres ceux des
"vétéranslT
étaient sensés être en route vers Bangui via
Bujumbura au Burundi.
L'on sera informé dans cette même matinée par le Général
Major NDINDI RIYIMANA, chef dtÉtat-Major de la gendarmerie et
chargé de la sécurité du gouvernement, que Kigali risquait
d'être encerclé avant dix heures du matin, raison pour laquelle
il fallait déménager sans délai le gouvernement vers Gitarama,
certains ayant même proposé Cyangugu.
Cette décision aura des
répercussions négatives sur le moral des troupes et de la
jeunesse appelées à défendre la ville de Kigali.
Ainsi donc,
ce fut dans une précipitation indescriptible que le convoi du
gouvernement quitta Kigali pour ne plus y revenir dans cette
matinée du 12 avril 1994, sous la protection à peine voilée,
des para Français qui patrouillaient dans toute la ville.
Ce convoi s'arrêta à Gitarama à la résidence du Préfet
Fidèle UWIZEYE, pour décider de la destination finale, Gitarama
ou Cyangugu.
Finalement Gitarama, plus précisément le Centre
de Formation de MURAMBI, sera choisi comme siège provisoire du
gouvernement.
Un muni conseil des ministres tenu le même jour
à la résidence du Préfet de Gitarama permettra d'envoyer trois
équipes d'émissaires du gouvernement; une vers l'Europe et
l'Amérique, l'autre vers l'Afrique centrale et occidentale et
enfin la troisième vers l'Afrique de l'Est et du Nord.
Le
gouvernement
intérimaire
était
donc
installé
à
Gitarama, il sera ensuite contraint vers la fin mai 1994 de
nouveau à déménager vers MURAMBA en commune Satinskyi de
Gisenyi avant de rejoindre le chef lieu de cette préfecture,
étape ultime précédant le débandade et l'exil, le 17 juillet
1994, avec un très court séjour pour certains ministres à
Cyangugu, entre le 13 et le 18 juillet 1994.
Certains ont vu dans ce gouvernement, des "sacrifiésll, et
le nom lui donné en Kinyarwanda en dit assez long, le
gouvernement des
"ABATABAZII1,
ou le "gouvernement du salut
nat.Lona I ''
. Le nombre de défections illustre également l 1 état
de sacrifiés dont peuvent se prévaloir aujourd'hui ceux qui ont
tenu et accepté de conduire les affaires de l'État dans une
période aussi trouble.
Ainsi le Ministre de ItIntérieur et du Développement
communal, en la personne de Monsieur Faustin MUNYAZESA, désigné
alors qu'il était toujours en mission en Tanzanie dans laquelle
il était partie dans la délégation du Chef de l'État assassiné,
déclinera l'offre et ne se présentera pas au poste lui proposé.
Il sera remplacé par Edouard KAREMERA vers la fin mai au cours
d'un léger remaniement ministériel, qui vit également l'entrée
de Monsieur
Jean
de Dieu
KAMUHANDA,
comme Ministre
de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique, en
remplacement de Monsieur Daniel MBANGURA, nommé Directeur de

\(Il

: \ \j

f o" 1, 2- 5 -(


106
Cabinet à la Présidence
de la République,
en 11 absence
prolongée de Monsieur Enock RUHIGlRA, pourtant confirmé dans
ses fonctions lors de la mise en place du gouvernement du 9
avril 1994,

VIII.S.

LES MASSACRES ET LES LARRONS

On l'a vu, l'assassinat du Chef de l'État et la reprise
des hostilités par le F.P.R. ont provoqué la colère de la
population et déclenché des troubles à grande échelle qui ont
coûté
la
vie
à
de
nombreuses
personnes
sans
oublier
d'importants dégâts matériels.
Certains ont affirmé; sans apporter de preuves sérieuses,
que ces massacres étaient programmés depuis plusieurs années,
le F.P.R. parle de 1959; et ont été exécutés d'une maniêre
concertée, planifiée et méthodique par les autorités politiques
et administratives.
Les enquêtes que j'ai menées jusqu'à
présent ne mlont pas permis de confirmer cette affirmation que
je qualifie de gratuite.
Par contre; des témoins militaires m'ont
affirmé qu'ils
ont reçu des ordres de leurs supérieurs militaires pour se
mettre à liquider les opposants, entendez par là les membres
des formations politiques opposées ouvertement au M.R.N.D.
Ceci explique probablement la confusion qui a régné tout au
long de cette période sur le traitement des adhérents de
certains partis politiques; en particulier le M.D.R., le P.L.;
le P.S.D. et le P.D.C., même si ces partis étaient représentés
au sein du gouvernement intérimaire.
L'abondante littérature aujourdlhui disponoble montre que
les massacres étaient au départ, Clest-à-dire dês le 06 avril
1994 déjà; très sélectifs!
On sien prenait aux grands ténors
de l'opposition connus pour leur prise de position contre le
M.R.N.D.
et
le
Président
HABYARlMANA
tels
que
certains
ministres, les grands commerçants, etc. Ces premiers massacres
n'avaient
absolument
rien
d'ethnique
mais
étaient
tout
simplement politiques puisqu'on retrouve, comme on peut le voir
ci-après, en même temps des Hutu et des Tutsi parmi les
victimes.
En effet, les premiers assassinats politiques qui
commencé déjà le 06 avril 1994 concernés des opposants
étaient recherchés à leurs domiciles.

ont
qui

Parmi les premières victimes figurent le Premier Ministre
Agathe UWIRINGIYIMANA et son mari du M.D.R.; Hutu de Butare, le
Ministre
de
l 1Agriculture
et
de
l 1 Élevage;
Frédéric
NZAMURAMBAHO du P.S.D., Hutu de Gikongoro, le Ministre de
l'Information, Faustin RUCOGOZA du M.D.R., Hutu de Byumba, le
Ministre
du Travail
et des Affaires
Sociales,
Landouard
NDASINGWA, son épouse et ses enfants du P.L., Tutsi de Kigali

107
rural.
coloration
débuts.

Il

est
donc fallacieux
de voir
ethnique
dans ces massacres
du

}\ 0 l 6 t 258
une quelconque
moins dans les

rI faut également rapprocher à cette épisode l'assassinat
des
10 casques bleus belges.
Le colonel belge en retraite,
Jean
MILITIS, se demande à juste titre,
dans "Le soir" du 10 au 11
février
1996, qui a pu envoyé ces soldats
mal armés pour se
faire massacrer,il
le dit en ces termes:
Il
Sur le plan général,
je demande que soit
clairement
désignée l'autorité
belge qui a pris la décision
-après
l'amère
et
sanglante
leçon
somalienned'envoyer
des
jeunes
soldats
belges
mal armés pour
affronter
une
situation
de crise
très
grave connue de tous dans un
Rwanda plongé dans un début de guerre civile,
tout
en
donnant l'ordre
d'éviter
les incidents
jusqu'à
se laisser
massacrer ... Quelle est autorité
belge
qui a accepté que
soient
protégées,
jusqu'au
coeur de Kigal i,
les avantgardes du F. P. R., créant ainsi,
avec ou sans l'attentat
contre le Président
HABYARlMANA,
une prévisible
vague de
colère meurtrière
parmi l'autre
ethnie rwandaise?
Les
ministre
CLAESet DELCROIX
avaient mesuré sur place,
un
peu de temps avant le drame des dix commandos massacrés,
la haine de certains
rwandais envers les Belges. Il

Le Colonel Jean MILITIS trouve qu'il
y a quatre questions
fondamentales qui restent
éludées alors qu 1 elles
permettraient
de mieux comprendre en général
la réalité
des événements du
Rwanda d'avril
à
juillet
1994 et
en
particulier
les
circonstances
de l'assassinat
des dix casques bleus belges.
1}

Qui a donné l'ordre
aux commandos belges de ne pas
avoir
les
munitions
lourdes
organiquement
prévues
dans leurs engins blindés,
de ne pas les avoirs dotés
d'un
minimum d' armements antichars;
de grenades
lacrymogènes et enfin d'autres
matériels
anti-émeutes
pour se porter,
avec ou sans ordre de qui que ce
soi t , au secours des dix commandos isolés
ou aux.
autres
éléments qui se seraient
trouvés
dans leur
situation?
Est-ce
l'O.N.U.
ou le Général Roméo
DALLAIRE,le Colonel MARSHALL,
le gouvernement ou
l'État-Major
Général?

2)

Commele confirme Jean Paul PONCELET,
un des quatres
ministres
belges de la Défense Nationale
depuis un
an, de son prédécesseur
de l' époque, Léo DELCROIX,
était
parfaitement
au courant
de la
situation
à
Kigali en avril
1994, pour y avoir été peu de temps
avant et par des rapports précis.
pourquoi n'a-t-il
pas téléphoné à BOUTROS
BOUTROS-GliALI,
lui aussi bien
au courant,
pour que ce dernier
donne des ordres et
surtout
des moyens au Général Roméo DALLAIRE(et au
Colonel MARSHALL)
pour adapter
la mission
de nos
commandosplus menacés que les autres par le climat

K(\1;:12'
~ ••.• ~"J

".'

_

59

108
antibelge régnant parmi la population rwandaise bien
avant le 07 avril 1994.
En cas de refus, voire
d'hésitation
de l'O.N.D., pourquoi
ne pas avoir
envoyé, à l'instant où la situation empirait sous
l'oeil des caméras de télévision, des renforts pour
aider les bérets verts comme ce fut le cas le 10
avril ?
3)

Dix commandos lâchement assassinés à Kigali, était-ce
trop peu de jeunes hommes massacrés pour que soit
créé sur le champ dès le 08 avril
1994, une
commission parlementaire comme celle ayant indogué
sur le dossier de loin moins sanglant de Gladio, dont
le soir proposait
{novembre 1991} les conclusions
troublantes tirées de ces romanesques jeux de guerre
(si peu) secrète de loin moins tragiques que la lâche
tuerie de Kigali ?"

Selon mes propres investigations, les dix paras belges
auraient été sacrifiés pour pouvoir asseoir le F.P.R. à Kigali.
En effet, rien ne pouvait justifier la prise du pouvoir par
une minorité, de surcroît par la force, à une époque où l'on
parlai t tant
de
démocratie,
il
fallait
créer
plusieurs
situations anachroniques qui feraient trembler d'horreur la
communauté internationale, dont le " génocide", sur lequel je
me suis déjà exprimé, et l'assassinat des casques bleus belges.
Il fallait créer un choc, tel que tous les pays évacuent leurs
ressortissants, afin qu'il n'y ait pas de témoins quand le
P.P.R. marcherait sur Kigali. Pour cela, seul l'assassinat des
belges et en nombre suffisant pouvait créer un tel choc.
D'une part r de cette manière toute l'opinion belge se
détournerait du régime HABYARlMANA, longtemps soutenu notamment
par la démocratie chrétienne r d'autre part, la Belgique étant
leader d [opinion sur tout ce qui concerne le Rwanda, elle
pouvait ainsi convaincre toute la communauté internationale de
se détourner de ce régime Il honnis Il •
Et l'histoire démontrera,
à quelques nuances près, que tout se déroulera comme prévu par
les véritables assassins des casques bleus belges:
évacuation dans un délai record de 48 heures de
tous les expatriés après l'assassinat de ces
derniers;
prise du pouvoir par le F.P.R. programmé dans
les 48 heures de Il attentat contre l'avion du
Président HABYARIMANA;
diabolisation
à
outrance
du
régime
de
ce
dernier;
du
index
en
mise
non-reconnaissance
et
gouvernement intérimaire;
intervention de la Belgique pour le retrait de
que
les
la
M.I.N.U.A.R.
du
Rwanda
alors
faisaient
massacres
des populations
civiles
rage, etc.

K0161260
109
On y reviendra plus loin dans le chapitre consacré à la
communauté internationale.
Au vu de ce qui précède, je ne peux
que m'associer au Colonel Jean MILITIS pour m'interroger sur la
responsabilité des officiels belges (Gouvernement, État- Major
Général de IfArmée, Parlement) dans le drame rwandais.
Pourquoi et comment ces massacres ont-ils dégénéré pour
atteindre les proportions que l'on connaît.
Pour comprendre
cette tragédie, il faut comprendre que lors de l'avènement de
la République en 1961, une partie de la population composée
essentiellement de Tutsi a choisi l'exil plutôt que d'oeuvrer à
la cqnsolidation des nouvelles institutions républicaines et
démocratiques.
Ces exilés ont alors entrepris une cinquantaine
dlattaques à partir des pays voisins du Rwanda dans l'ultime
tentative de reprendre le pouvoir et ce jusqu'en 1967.
Depuis
1967 jusqu'au
1er octobre
1990, le mouvement
d'attaques s'est arrêté.
Mais cette relative accalmie cachait
en réalité les préparatifs d'une guerre de reconquête du
pouvoir en dépit de toute solution pacifique.
La guerre
déclarée par le F.P .R. dont la plupart des membres sont des
fils et des petit-fils de ces exilés des années 1960, causa
beaucoup de dégâts tant humains que matériels et força des
centaines de milliers de personnes à quitter leurs biens et à
vivre dans des camps de misère , le plus tristement célèbre
étant sans doute celui de Nyacyonga à la porte de Kigali.
Soucieux de mettre définitivement fin à cette guerre, le
gouvernement rwandais privilégia une solution négociée.
Ainsi
il signa les accords de cessez-le-feu de N'selé en date du 29
mars 1991 amendés à Gbadorité le 16 septembre 1991 et à Arusha
le 12 juillet 1992.
Tous ces accords furent malheureusement
violés par le F.P.R..
Le cas le plus flagrant du non respect
des accords signés fut celui de l'attaque de février 1993 qui
éleva le nombre de morts à plusieurs milliers
et celui des
déplacés de guerre à plus dfun million de personnes alors que
les négociations de paix étaient en cours à Arusha en Tanzanie.
Malgré cette provocation,
le gouvernement
rwandais a
poursuivi les négociations qui ont abouti à la signature par
les deux parties de les Accords de Paix d'Arusha en date du 4
août, 1993.
Par cet accord tous les problèmes à la base du
conflit trouvaient une solution notamment le partage du pouvoir
et le rapatriement des réfugiés.
Cependant,
alors que le gouvernement
rwandais
était
préoccupé par la mise en place des institutions de transition à
base élargie au F.P.R. prévues par les Accords
de Paix
d'Arusha, le F.P.R. poursuivait ses préparatifs pour réaliser
son plan de prise de pouvoir par la force en menant une
campagne serré dl endoctrinement, de recrutement et d'armement
d'adeptes voués à sa cause.
Parallèlement la F.P.R. procédait
ingénieusement à l'élimination physique des leaders politiques
Hutu, comme on l'a déjà vu plus haut.

t\ l~1 (~ ! ?.....Ct i~
., .'. ~ {

t

r..

110
Toutes ces atrocités
ont été couronnées par l'assassinat
odieux du chef de l'État,
le Général Major Juvénal HABYARlMANA
par le F.P.R. en complicité,
très probablement,
avec certains
gouvernements étrangers.
Parallèlement
à cet assassinat,
le
F.P.R. déclara de nouveau la guerre au peuple rwandais.
Les forces gouvernementales furent attaquées
sur tous les
fronts.
Les camps militaires
se trouvant
à Kigali
subirent
l'assaut
du bataillon
du F.P.R. logé dans les enceintes
du
C.N.D., le Parlement rwandais.
D'après les Accords de Paix
dl Arusha, ce bataillon
avait été admis dans la capitale
pour
assurer
la
protection
des personnalités
du F.P.R..
Ce
bataillon
a transgressé
la mission lui conférée par les Accords
de Paix alors qu'il
était sous le contrôle de la M.I.N.U.A.R.
À l'intérieur
du pays les
éléments
armés du F.P.R.
organisés sous forme de brigades et discrètement
implantés dans
les communes s'adonnèrent
aux massacres de l'élite
Hutu et
s'attaquèrent
aux forces de l'ordre
en place pour exécuter un
plan préétabli
comme en témoigne la journal
Il INGABO"
n0008 de
janvier 1996: "Abasesero bagerageje kwisunganya ariko umwicanyi
yarishe araruha ndetse yahataye n' imbunda zitari
nke
zitorwa
n ' abafransa fi •

Ainsi donc le plan machiavélique du F.P.R. a avorté grâce
détermination
et à la résistance
de la population
qui
agissait
en légitime
défense.
C'est
donc dans ce contexte
qu'ont péri des milliers
voire même des millions
de citoyens
rwandais.
La guerre déclenchée par le F.P.R. ramena ainsi la
violence au sein de la société
rwandaise.
Elle réveilla
les
vieux démons de suspicion et de la confrontation
ethnique.

à la

On aura
également
remarqué,
que très
tôt,
certains
militaires
se sont livrés
aux pillages,
ceux-ci pouvant euxmêmes conduire aux assassinats.
Des citoyens
aisés
étaient
pillés
sous le fallacieux
prétexte
que leurs
richesses
leur
viennent
du F .P .R.
C'est
ainsi
que j 1ai été
informé de
l'assassinat
d1un jeune fonctionnaire
du Ministère
des Travaux
Publics de l'Énergie
et de l'Eau qui résidait
à Kacyiru-sud et
qui a été assassiné
pour être propriétaire
d'une villa,
dl une
voi ture et dl une vidéo, "les 3V de la réussi te
des jeunes de
Kigali à 11époque.
Après investigations
je devais apprendre
que l'argent
lui venai t dl un stage de prés d'une année qu' il
venait
de passer
en France,
stage
au cours
duquel
il
bénéficiait
d t une bourse de stage assez importante
tout en
gardant son salaire
au Rwanda. Il est donc clair
que parmi les
massacreurs figuraient
ce que j'ai
appelé des "larrons".
Il

Sur le plan politique,
j'ai
également constaté
qu 1 il Y
avait en quelque sorte des larrons,
des gens qui, la veille
encore, se voulaient
être de grands leaders
politiques,
mais
qui se terrèrent,
je ne sais où, pour ne pas devoir prendre
position.
De cette manière, ils espéraient
pouvoir choisir
le
vainqueur tout en prétendant
se disolidariser
.des vaincus.

111
Pour moi cette deuxième catégorie de larrons est aussi coupable
que la première, sinon plus, pour la responsabilité qu'ils ont
eu dans
l'issu
de
la guerre,
notamment
au
niveau
de
l'appréciation des événements en cours au Rwanda par la
communauté internationale.
Aujourd'hui ils sont heureusement décontenancés, puisque
rejetés en même temps par la communauté des réfugiés et par le
F.P.R. qu'ils entendaient pouvoir servir en tant que vainqueur.
Certains d'entre
eux ont même payé de leur vie
cette
ambiguïté, la population les ayant rangé du côté de l'ennemi.

VIII.6.

LA GUERRE ET LA DÉFENSE CIVILE

VIII.6.1. La guerre p~QPrement dite
Comme on l'a vu, c'est le 06 avril 1994 vers 20 heures
trente minutes que furent assassinés les Chefs d'État Rwandais
et Burundais, leurs Excellences Juvénal HABYARlMANA et Cyprien
NTARYAMIRA ainsi que leurs suites.
Le 07 avril 1994, le
bataillon du F.P.R., théoriquement composé de 600 hommes logés
au C.N.D., appuyé par les combattants du F.P.R. qui S'étaient
infiltrés dans la ville de Kigali, attaquent le camp de la
Garde Présidentielle sis à Kimihurura, juste en face du C.N.D.
Au même moment, les combattants du F.P.R. situés à Mulindi,
siège de celui-ci, appuyés par les militaires de la N.R.A. et
par certains mercenaires ouvrent les combats sur plusieurs
fronts dans les préfectures traditionnelles de combat à savoir:
Byumba, Ruhengeri et Kibungo et dans tout le reste du pays par
l'intermédiaire des brigades que le F.P.R. y avait déployées.
Dans l'entre-temps,
ne pouvant plus se contenir,
la
population unanime à travers tout le pays s'attaque aux
brigades 1 aux adeptes et aux sympathisants ou supposés du
F.P.R.
En assassinant les Présidents Hutu Juvénal HABYARlMANA
du Rwanda et Cyprien NTARYAMIRA du Burundi, c'était l'ultime
provocation qui exposait tous ceux que la logique de la guerre
entretenue pendant quatre ans rangeait du côté du F.P.R., à
savoir les Tutsi et les collaborateurs Hutu du F.P.R.
Mais
comme prix à payer pour prendre le pouvoir, le F.P.R. n'a pas
hésité à les sacrifier.
Il avait calculer d'en tirer le bon
compte du libérateur qui aura mis fin à ce qu'il allait
s'employer à appeler If génocide ". Génocide des Tutsi chanterat-il, tout en reconnaissant qu'ont
été tués "les Tutsi et les
Hutu dits modérés".
Mais lesdits lIHutu modérés" ne comptent
pas car en ce cas, le terme génocide des Tutsi ne conviendrait
plus. L'histoire n'oubliera jamais ce sadisme politique.
L r on estime à deux millions les personnes victimes de
cette folie meurtrière.
Des sources qui parlent de génocide
des Tutsi avancent le chiffre de 500.000 Tutsi massacrés par

KOl61263
112

les Hutu.
Le simple calcul montre qu1il y a eu 1.500.000 Hutu
morts dans cette catastrophe humanitaire qui s'est abattue sur
le Rwanda.
Ils sont morts, systématiquement exterminés par les
combattants du F.P.R. lors de leur avancée dans les préfectures
de Byumba, de Kibungo, de Kigali rural, de Gitarama et de
Butare. "À Byumba, partout le sol est couvert de centaines de
cadavres
en attente d'être
ensevelis
par
les bulldozers
ougandais", ainsi déclarait la Radio France Internationale
(R.F.I.) du 12 mai 1994.
Les cadavres charriés par la rivière
Akagera jusqu'au lac Victoria,
ont amené le gouvernement
ougandais à déclarer I1zonesinistrée" les districts environnant
ce lac, c'était le 22 mai 1994.
Ces Hutu sont morts en fuyant le F.P.R. dans leur exode
les pays voisins: les statistiques publiés parlent de
ao.ooo personnes mortes dans la seule région du Nord-Kivu; ils
continuent à mourir à l'intérieur du Rwanda dans ce que les
autorités du F.P.R. appèlent Tl des actes de représailles "; tous
les rapports des organismes de
défense des droits de l'homme
en parlent.

vers

Ils sont morts à Kibeho, où plus de 20.000 personnes
auraient été froidement abattues par les soldats de l'A.F.R.
Avec l'arrivée aux compte-gouttes dans les camps des réfugiés
du Sud-Kivu des rescapés de ces massacres exécutés par le
F.1?R.
entre le 18 et le 22 avril 1995, l'on a pu recueillir
leurs versions des faits qui divergeaient de celles de la
commission internationale mise sur pied par les autorités de
Kigali.
Ladite
commission,
composée non seulement des
ressortissants
des
pays
et
organisations
internationales
désignées par le Rwanda mais aussi d'agents du gouvernement de
Kigali, a conclu surtout à la non implication du gouvernement
dans les massacres, l'existence parmi les déplacés, d'éléments
armés qui auraient provoqué l'A.F.R., ainsi qu'à lrutilisation
abusive par cette dernière, de la force armée.
Et pourtant, les témoins oculaires rapportent déj à les
menaces d'extermination des déplacés proférées dès décembre
1994 par les membres du gouvernement de Kigali.
De plus,
l'opération
avait
été
précédée
d'actes
et
de
discours
d'intimidation à l'endroit de la communauté internationale
visant à lui empêcher toute intervention; ce en complément à la
campagne de sensibilisation de la même communauté traitant tous
les
déplacés
à
l'intérieur
du
Rwanda
de
"miliciens
génocidaires.ll
Au demeurant, les témoignages font cas:
du regroupement progressif des déplacés en une même
localité baptisée par l'A.P.R. "cimetière des Hutu";
_ du déguerpissement la veille de la grande fusillade, de
tous les Hutu habitant les collines environnantes sous
prétexte classique, propre au F.F.R., de rassemblement en
vue d'une réunion à Kibeho;
- de l'existence de mesures de prévention de toute évasion
et de recherche de rescapés ainsi qu'un nombre de victimes

113

sans commune mesure avec les chiffres avancés.
Tous ces éléments, ajoutés à la privation de nourriture,
d'eau et de soin pendant plusieurs jours ainsi qu'au refus
dlaccès sur les lieux aux O.N .G. s'occupant jusqu'alors des
déplacés, montrent que les tueries résultent plutôt d'une
volonté délibérée et d'un plan préétabli d'anéantissement de
ces
déplacés.
En
outre
les
témoins
rapportent
presqu'unanimement la présence d'éléments armés étrangers qui
auraient pris part aux massacres aux côtés du F.P.R. Enfin ils
révèlent le rôle et le comportement étranges des soldats de la
M.I.N.U.A.R

II.

Oui ils sont morts à Kanama, où plus de 100 personnes ont
été
sauvagement
massacrées,
à
Iwawa
en
commune
Kayove,
préfecture de Gisenyi où plusieurs centaines de paysans dont
les femmes et les enfants ont été abattus par les soldats de
lIA.P.R. Ainsi donc 500.000 Tutsi meurent dans une catastrophe
humanitaire résultant d'une guerre commencée et soutenue par le
F.P.R. et l'on parle de génocide des Tutsi; dans les mêmes
circonstances 1.500.000 Hutu meurent et on dit rien sur cette
mort.
Par ailleurs le Titre II du Protocole l additionnel aux
Conventions de Genève interdit d'utiliser la famine comme
méthode de guerre.
Dans ce contexte, les biens indispensables
à la survie des populations civiles tels que les zones
d'agriculture, d'élevage et les réserves d'eau potable de même
que
les
installations
dangereuses
comme
les
centrales
électriques doivent être protégées.
Tout observateur bien avisé aura remarqué que le F.P.R.
déclenchait la guerre dans les zones les plus fertiles du pays
(Mutara, Buberuka, régions des laves, Gisaka, Buge sera , Mayaga,
Buganza, etc.) et tout le temps au moment de la récolte.
Les
populations qui attendaient le fruit de leur labeur se sont
vues contraintes d'abandonner leur patrimoine pour aller vivre
dans les conditions d'assistés connues et observables sur le
terrain comme incompatible avec la dignité et le respect de la
personne humaine.
Le droit international humanitaire oblige les belligérants
à protéger le personnel et les unités sanitaires et civiles et
même militaires.
Pendant cette guerre, surtout dans sa phase
que le F.P.R. a qualifié de "final war" (guerre finale)
les
bombes de ce dernier ont été essentiellement
dirigées et
orientées à plusieurs reprises sur le Centre Hospitalier de
Kigali (C.H.K.) faisant beaucoup de morts parmi les malades et
le personnel médical et beaucoup de dégâts matériels contre les
infrastructures et les équipements sanitaires; l'hôpital de
secours de la Croix-Rouge a été bombardé dans les mêmes
conditions.
Un médecin suisse de l'action humanitaire a été
grièvement blessé par les balles du F.P.R. ; l'aéroport a été
bloqué par le F.P.R. pour
empêcher
toute
intervention
humanitaire venue de l'extérieur.
1

114
Cette guerre qui a endeuillé le Rwanda a été caractérisée
par
l'utilisation
déraisonnée
des
armes
qui
frappent
indistinctivement
civils
et combattants
par
notamment
le
recours aux mines, aux pièges et aux bombardements massifs et
aveugles.
À cet effet,
l'on se souvient de triste mémoire de
l'explosion d'une mine hautement meurtrière à la gare routière
de Kigali; de l'hécatombe des écoliers de REMERA-RUKOMA par
l'explosion d'une grenade piégée; des mines anti-chars et antipersonnelles à NYANZA, à CYANGUGU, au BUGESERA, à GISENYI,
etc ... En tout état de cause, toutes ces actions
ne sauraient
être attribuables qu'au F.P.R .. qui avait tout intérêt de créer
le désordre et la panique gênéralisée à travers tout le pays et
réaliser son objectif de se présenter un jour comme libérateur.

selon le Protocole
l additionnel aux Conventions
de
Genève, les garanties fondamentales de respect de la personne
humaine comporte les actes prohibés tels que le meurtre, la
torture, les peines corporelles, les mutilations, les atteintes
à la dignité humaine, les prises d'otage et les peines
collectives.
Les
témoignages
concordantes
des
rescapés
affirment
qu'aucun de ces actes inhumains et dégradants n'a été oublié.
Les meurtres se comptent par milliers, les peines corporelles
et les mutilations se constatent sur la pluralité des rescapés;
les atteintes à la dignité humaine sont racontées en plusieurs
circonstances notamment
les femmes enceintes
mécaniquement
éventrées au Mutara et au Ndorwa; les filles et les femmes
violées; les nouveaux nés sectionnés, cuits ou grillés et
donnés à leurs mamans
comme
dernier
repas;
les
hommes
émasculés, empalés ou abandonnés dans la nature les yeux
crevés.
Les prises d'otages sont également rapportées par les
quelques évadés qui racontent comment ils ont été obligés
contre leur gré de devenir les combattants du F.P.R. ou de
faire des déclarations de propagande contre leur conscience et
leur volonté.
Quant aux
peines collectives, des témoignages
oculaires font état des familles entières enfermées dans une
maison et massacrées à la grenade ou brülées vives.
Les conventions internationales protectrices des droits de
l'homme réservent une attention particulière à la protection
des mineurs. Dans cette guerre contre le Rwanda, le F.P.R. n'a
eu aucun scrupule à enrôler de force comme combattants des
enfants mineurs arrachés à leurs familles et connus dans le
vocabulaire de cette guerre sous le triste nom de Il KADOGO Il.
Le protocole l additionnel aux Conventions de Genève
interdit aux belligérants dlordonner qu'il n'y aurait pas de
survivants lors d'une attaque d'une région ou d'un quartier.
Pour peu qu'on daigne écouter les témoignages des personnes qui

115
ont réussi par un destin inattendu d'échapper aux massacres
collectifs des populations de leurs régions, on apprend que le
F.P .R. a ordonné l'extermination des personnes appartenant à
l'ethnie Hutu surtout ceux ayant un certain niveau de formation
et toute leur parenté pour ne garder que les incultes plus
faciles à asservir.
Dans le calcul du F.P.R., cette extermination permettrait
en plus le transfert des Ougandais de l'ethnie RIMA cousins des
Tutsi dans les territoires occupés.
Et ceci en violation
consciente et volontaire des dispositions de Genève et des
protocoles y relatifs selon lesquels Il le transfert par une
pui.ssance occupante
d'une partie
de sa populati.on dans le

territoire qu'elle occupe est un acte prohi.bé".
La première phase de la guerre (1er octobre 1990
7
février 1993) a compté des milliers de morts parmi les
populations civiles du Nord du Rwanda et plus de trois cent
mille déplacés de guerre; l'agent qui correspond à cet espace,
à ce temps et à cet événement, c'est le F.P.R.
Le sens
géographique de ces déplacements indique à lui seul lequel des
deux belligérants est fui. La population a fui massivement le
F.P.R. pour trouver refuge et protection du côté de la partie
gouvernementale d'alors.
Il est en effet vérifiable que tous les camps des déplacés
se sont situés et se situent toujours dans la partie contrôlées
par l'armée gouvernementale.
C'est
parmi ceux qui n r ont pas
pu échapper aux atrocités du F.P .R. qu'on compte les morts
enregistrés pendant cette période; et ceux qui ont pu être
épargnés ne l'ont été qu1à
titre d'otage, soit pour être
enrôlés de force comme combattants du F.P.R., soit alors pour
leur servir de porte-faits ou de main d'oeuvre.
Des témoignages
à ce sujet abondent
et une preuve
implacable que cette population n'a jamais accepté l'idéologie
et les actions politiques du F.P.R., c'est qu'à l'occasion des
élections organisées dans cette zone exclusivement occupée par
le F.P.R .. dans laquelle aucun autre parti ne pouvait faire
propagande, aucun candidat du F.P.R. n'a été élu malgré la
terreur qui régnait sur la tête des électeurs.
C'est
d'ailleurs à la suite de ce Il NON"
démocratique que le F.P.R.
a perpétré les tueries de KIRAMBO et de BWISIGE contre les
adeptes et les élus des partis M.R.N.D. et M.D.R.
Chose
étrange mais normale pour le F.P.R., c'est que, usant de sa
perfidie médiatique et diplomatique, il a osé déclarer que ce
sont ces partis précités qui ont assassiné leurs propres
adeptes!
La deuxième phase de la guerre ( 08 février 1993- 05 avril
1994) déclenchée unilatéralement par le F.P.R. en violation de
l'accord de cessez-le-feu a eu pour résultat une nouvelle
escalade de violence,
de meurtre, de torture,
de peines
corporelles,
de mutilation, de peines collectives et prise
d'otages dans le champ d'action du F. P.R.; le reste du pays

rJi16i267
116
sous
contr8le
gouvernemental
n'étant
pas
touché
par
ces
atroci tés.
C'est
ainsi
que le nombre de déplacés de guerre
vers les camps de fortune,
toujours créés dans la partie
sous
contrôle
gouvernemental est passé de trois
cent mille à plus
d'un million de personnes.
La troisième phase (06 avril 1994 à ce jour) est le sommet
dè la barbarie en matière de violation
des droits
de l'homme.
Au moment où tout
le monde est
préoccupé par la mise en
application
des Accords de Paix d'Arusha,
le F.P.R.,
quant à
lui,
continue sa logique de guerre et met au point son plan
machiavélique
de sa Itfinal war".
Ainsi
il
intensifia
ses
infiltrations,
installa
et arma les brigades
dans toutes
les
cellules
du pays et multiplia
des réunions secrètes
avec ses
membres.

,'1

..

Aussitôt
après l'assassinat
ignoble et lâche du Chef de
l'État
le 06 avril
1994, le bataillon
du F.P.R. installé
au
Conseil National
de Développement et les brigades
armées et
dispersées
dans tout le pays ont directement démarré leur plan
dt extermination
de l'ethnie
majori taire
Hutu.
Dans un élan
d'autodéfense,
les affrontements interethniques
ont éclaté.
Poussant à son faîte
sa perfidie,
le F.P.R. essaie de se
disculper
auprès de l'opinion
internationale
mal avisée
en
accusant un gouvernement intérimaire
qui n' existe
pas encore
puisque le dit gouvernement ne sera mis en place que le 9 avril
1994, trois
jours après la reprise
unilatérale
des hostilités
par le F.P.R. et ses brigades apprêtées dans tout le pays et le
déclenchement des affrontements interethniques.
Le F.P.R.,
qui préparait
sa guerre pendant que la partie
gouvernementale
préparait
la
paix,
déploie
ses
dernières
énergies:
en ville
de KIGALI, il frappe sans discrimination
civils
et combattants,
bombarde les h8pitaux,
les
églises,
orphelinats
et autres cibles civiles.
Ailleurs
sur le terrain,
il déborde dans toute la zone Est, ordonne à ses combattants
qu'il
ni y ai t aucun survi vant Hutu à corrnnencer par ceux qui
savent lire et écrire.
Il
force par ses atrocités
des populations
entières
à
l'errance
qui mena plus de cinq cent mille personnes à s'exiler
vers la Tanzanie et plus du double à la longue fuite
à pied
depuis
l'extrême
Nord à l'extrême
Sud du pays,
comme en
témoignent les déplacés de guerre aujourd'hui
installés
à l'Est
du Zaire et au Burundi.
Sur ce terrain
de l'Est
mis à sac par
les combattants
du F.P.R.,
quiconque se rend sur les lieux
trouve des campagnes totalement
désertes
au point que dans la
préfecture
de BYUMBA
qui comptait huit cent mille
(800.000)
âmes, il n'en reste plus que cent trente
mille
(130.000). La
population restante
dans la préfecture
de KIBUNGO s'évalue dans
les mêmesproportions.
Voici ce qui explique pourquoi dans l'espace
de l! Est du
Rwanda, en ce temps où le F.P.R. occupait
cette
région,
des
centaines de milliers de cadavres sont charriés par l'AKAGERA

~-(
rq b"
!, ...• .

1 ">68
(-'

117
vers le lac Victoria,

zone déclarée nsinistrée

n~8.

Toujours dans sa marche funèbre,
le F. P . R. massacra les
populations
du Sud et de 11 Est de la préfecture
de Kigali
rural r du Mayaga en préfecture
de Gitarama et Butare.
Les
rescapés se comptent par centaines
dans des camps des réfugiés
en Tanzanie
et
au Burundi,
alors
que les
régions
étaient
considérées
avant la guerre du F.P.R. comme les plus densément
peuplées du pays.
Cette opération
visait
semble-t-il
à les
nettoyer
pour
les
préparer
à accueillir
de
nouvelles
populations
Tutsi
venues du Burundi,
de la Tanzanie et de
l'Ouganda dans le cadre de "l'ethnilandisationll
en cours du
pays.

VIII.6.2.

La défense

civile

D'après le journal
"Ingoboka, the New Thinking" n02 édité
au Rwanda du F.P.R.,
l'Ambassadeur NYILINKINDIqui représentait
le Rwanda au Zaïre de 1985 à 1990, qui a repris
le même poste
après la victoire
du F.P.R. et qui vient juste de démissionner
suite à l'invasion
du Zaïre par les troupes de l'A.P.R.,
serait
le premier à avoir conseillé
au gouvernement d'alors
la mise en
place d'une unité de défense civile.
En effet
en date
du 28 décembre 1989,
l'Ambassadeur
Antoine NYILINKINDI aurait
fait
un rapport
à son Ministre
intitulé
lIRapport sur le problèmes des immigrés rwandais dans
les
pays de la
juridiction
de l'Ambassade".
Ce rapport
décri vai t le mode de vie des Rwandais vivant dans les pays de
la circonscription
de l'Ambassade du Rwanda au Zaire,
à savoir
le zaïre,
le Gabon, le Cameroun, le Tchad,
la République
Centrafricaine,
l'Angola et le Congo.
Il expliquait
dans son
rapport
les différentes
catégories
de Rwandais Hutu et Tutsi
vivant dans ces pays selon l'époque
de leur immigration,
il
distinguait
ceux qui souhaitaient
obtenir
la nationalité
des
pays d'accueil
de ceux qui voulaient
rentrer
au Rwanda.
Dans son rapport,
l'Ambassadeur NYILINKINDIs'est
attardé
sur
les
associations
culturelles
telles
que
ulJURU",
uA.R.C.!.",
etc
et
donnait
le
détail
sur
celles
qu'il
considérai t
comme subversives
à
l'égard
du
gouvernement
rwandais.
L'Ambassadeur NYILINKINDI mettait
en garde
ce
dernier
contre
les déplacements
vers
l'Ouganda de certaines
personnes comme le nommé Paul BWITOde même qu'il
faisait
une
sorte de revue de presse Zairoise
sur tout ce qui a trait
au
Rwanda. Il a décrit
l'association
dite MAGRIVI(Mutuelles des
Agriculteurs
des Virunga)
que l'auteur
considère
comme une
18

Situation
dl avant le
du Burundi en 1995,
1996.

rapatriement
forcé des réfugiés
de la Tanzanie et du Zaire en

ri l ,;t
l\u.b,269
1"

118
organisation de défense des
(zone Rutshuru et Massisi) .

intérêts des Bahutu

du Nord

Kivu

C 1 est dans ce rapport que l'Ambassadeur NYILINKINDI a
demandé au Gouvernement d'organiser l'autodéfense populaire
dans la mesure où on ne disposait pas de suffisamment de
militaires mais qu'on pouvait compter sur l'ensemble de la
population pour sa propre défense en cas d'agression venue
d'extérieur.
Il recommandait qu'on apprenne à toute personne
mâle et même femelle le maniement des armes et des méthodes
identiques d'organisation de l'autodéfense.
Dès que le F.P.R. a effectivement déclenché la guerre en
octobre 1990, la population a commencé à souffrir de divers
actes de barbaries, de banditisme, de violence et d'atrocité de
tout acabit.
Dans un premier temps, se heurtant à une
résistance farouche des F.A.R., le F.P.R. se dénévrosa sur des
populations
civiles
innocentes
en massacrant,
vieillards,
jeunes, enfants et femmes.
Les bandits de leur c8té profitèrent de l'occasion pour
organiser des pillages et des actes de vandalisme de toute
sorte et faisaient plusieurs victimes en attaquant des famdlles
avec des armes à feu. Il importe de noter que le climat sociopolitique qui s'est développé au cours de cette guerre et à
lloccasion du multipartisme a favorisé des haines insensées
entre les gens et provoquant ainsi les affrontements violents
inter-ethniques et entre les adhérents des partis opposés ainsi
que
des
attaques
clandestines
et meurtrières
ciblées
à
certaines personnalités.
L'évolution des hostilités a montré que le F.P.R., ne
pouvant pas s 1 imposer par la voie des armes, a infiltré des
idées dans certains milieux et a pu s'aliéner des esprits de
certaines
personnes
pour
semer davantage
le désordre
et
l'anarchie afin de réaliser ses desseins.
Fort de ce constat, le Ministre de la défense, alors
Monsieur James GASANA, proposa au gouvernement
d'organiser
l'autodéfense civile dans les zones proches des combats surtout
dans le nord des préfectures de Byumba et de Ruhengeri ainsi
que de Gisenyi.
Celle-ci visait à organiser et à encadrer des
rondes de nuit, voire de jour, pour défendre les populations
civiles
contre
toute
sorte
d'actes
d'agression
et
de
vandalisme.
C'est dans ce cadre que des armes à feu furent distribuées
aux responsables des cellules , aux conseillers communaux ainsi
qu'à certains militaires réservistes de ces régions, toujours
sous l autorité du bourgmestre qui devait rendre compte de
l'état de sécurité à son chef hiérarchique avec copie au
commandement militaire de la localité. C'est donc dans ce
contexte qu1est né la défense civile, contexte qui exclut toute
idée de partisannerie.
f

119

KCl16127ü

Par après, les démarches de mise en place des Institutions
de Transition à Base Élargie ont permis de constater sans
équivoque deux camps nettement opposés, celui du F.P.R. et de
ses acolytes et celui de la population décidée à défendre sans
détour la démocratie et la République.
Ces démarches qui
n'aboutissaient pas, ont provoqué une psychose généralisée au
sein de la population et une panique qui s'est surtout accrue
après la révélation des infiltrations des éléments armés du
F.P.R~ sur tout le territoire national.
À la veille de la reprise des hostilités par le F.P .R.,
tout semblait indiquer que la guerre allait dégénérer en une
confrontation opposant les soldats du F.P.R. en uniforme ou
déguisés aux populations
civiles qui refusent
le pouvoir
monolithique de celui-ci, de même qu'il allait utiliser ses
infiltrés pour procéder systématiquement à une élimination
physique et sélective des personnalités opposées à sa vision.

C'est dans un tel climat que les rondes nocturnes furent
organisées dans la Préfecture de la Ville de Kigali pour faire
face à la recrudescence des actes de banditisme, de terrorisme,
de vandalisme et de massacres dans certains secteurs de la
ville.
Mais le constat a été fait que ces rondes revêtaient un
caractère quelque peu anarchique
par le fait que
leurs
objectifs n1étaient
pas clairement définis et portés à la
connaissance
de la population
concernée.
On
remarquait
également une méfiance à peine masquée entre les habitants
d'une même localité
à telle enseigne
que dans
certains
quartiers
on
observait
des
rondes
parallèles
qui
se
surveillaient.
Il fut alors décidé de tenter de rendre plus performantes
ces rondes notamment
par la mise en place
des actions
suivantes:
définition
des
modalités
pratiques
et
organisationnelles des rondes,
information et sensibilisation de la population sur
l'objectif,
l'opportunité
et
les
modalités
organisationnelles de ces rondes;
établissement
des
mécanismes
fonctionnels
de
collaboration
entre les équipes de rondes autoorganisées des civils et celles des gendarmes et
militaires
rwandais
et
des
militaires
de
la

M.I.N.U.A.R.
M@me avec ces améliorations,
l'insécurité ne faisait que
croître et la panique se généralisait au sein de la population,
toutes ethnies confondues.
Eu égard au climat socio-politique
qui prévalait, aux déclarations belliqueuses des autorités du
F. P.R. et aux dispositions bellicistes qu 1 il prenait, telles
que
les
infiltrations
maintes
fois
dénoncées
par
le
gouvernement, l'on pouvait affirmer que le F.P.R. s'apprêtait à

K016127i
120
reprendre les hostilités, non seulement dans les préfectures de
Byumba et de Ruhengeri, mais également et surtout dans la
Préfecture de la Ville de Kigali et dans dl autres villes qui
présentaient pour lui un intérêt stratégique
sur le plan
politique ou militaire, comme Gisenyi.
Tout semblait indiquer, comme on l'a vu plus haut, que le
F.P.R. allait dans la Préfecture de la Ville de Kigali
(P.V.K.), dans un premier temps, privilégier
la guérilla
urbaine, tactique militaire dans laquelle il est rompu, en
utilisant ses militaires infiltrés, ce qui transformerait les
hostilités en une guerre civile opposant les soldats du F.P.R.
en uniforme ou déguisés aux militaires gouvernementaux et à la
population
hostile
dans
sa
grande
majorité
au
pouvoir
monolithique du F.P.R.
C'est donc dans une perspective de la reprise éventuelle
des hostilités par le F.P.R., dans le contexte qui vient d'être
décrit, qu'un projet de mise sur pied d'une défense civile fut
proposé.
Ce projet s'articulait sur les principes suivants:
l'organisation de la résistance populaire devait être
la plus secrète et la plus clandestine possible;
il importait de former des groupes et des équipes de
personnes servant de noyaux de résistance;
le
recrutement
devai t
s'adresser
aux
personnes
valides et aptes vivant dans un même quartier ou dans
une même cellule et décidées à lutter pour les acquis
de la révolution;
il était indispensable qu'il y ait une collaboration
étroite
entre
le
commandement
militaire,
la
gendarmerie
nationale
et
les
partis
politiques
défendant le principe de la République et de la
Démocratie,
collaboration
nécessaire
pour
le
recrutement des membres de groupes de résistance,
lrorganisation et l'encadrement de ces groupes.
Les objectifs assignés à la défense civile se basaient sur
les points suivants:
Sécuriser la population et l'inciter à se défendre contre
les attaques du F.P.R. au lieu d'abandonner ses biens;
Protéger les infrastructures et autres biens dl intérêts
communs;
Obtenir les informations sur les actions et/ou la présence
de l'ennemi dans la commune, la cellule ou le quartier;
Dénoncer les infiltrés et les acolytes de l'ennemi
Organiser et assurer une défense en surface contre les
pillards et les infiltrés;
Désorganiser toute action ennemie avant l'intervention des
forces armées;
Servir
dlantennes
au
profit
de
l'armée
et
de
la
gendarmerie nationale.

t'0161272.
121
Le recrutement des personnes devant constituer les groupes
d1auto-défense civile devait être effectué parmi:
les réservistes de bonne moralité et prêts
à défendre la République,
les militaires et gendarmes qui logent dans
les quartiers,
la
jeunesse
des
partis
politiques
de
tendance républicaine,
les autres personnes
convaincues
de la
'nécessité de la défense populaire.
Toute
cette
stratégie
de
la défense
civile
devait
s'appliquer dans les endroits ci-après:
1)
Dans la P.V.K.: cette préfecture semblait d'après les
informations disponibles alors, la plus convoitée par
le F.P.R. et par conséquent la pl us susceptible de
ces menaces imminentes.
Étant donné la densité très
élevée de la population et l'importance des biens
matériels et infrastructurels se trouvant dans cette
préfecture, il était convenu de prévoir pour chacune
des cellules trois groupes d'auto-défense
de 55
personnes dont 11 capables de manier les armes à feu.
Durant
les
hostilités,
deux
groupes
devaient
simultanément
faire
des
rondes
pendant
que
le
troisième serait au repos. Dans cette préfecture qui
comptait 75 cellules il faullait disponibiliser 22
fusils et 100 cartouches par arme pour chacune
d'elle.
2)

Dans la préfecture de Kigali rural.
Les habitants
des communes Rubungo, Kanombe, Butamwa et Rutongo
risquaient eux aussi de subir le terrorisme et les
atrocités Si il y avait reprise des hostilités.
Il
importait
qu'une
résistance
populaire
y
soit
organisée dans les secteurs les plus proches de la
P.V.K., à savoir:
- Commune Rubungo:
17 cellules des secteurs Ndera,
Karama, Rubungo et Kinyinya,
- Commune Butamwa:
12 cellules des secteurs Kigali,
Nyarurama et Rugarama,
- Commune Rubungo:
16 cellules des secteurs Jali,
Gihogwe et Kabuye,
- Commune Kanombe:
12
cellules
des
secteurs
Nyarugunga, Kanombe et Kagasa.
Pour
toutes
ces
cellules,
il
était
prévu
de
constituer deux groupes d'auto-défense
devant se
relayer par cellule de 55 personnes par groupe dont
11 devaient pouvoir utiliser les armes à feu.

3)

Dans les préfectures de Byumba, Ruhengeri et Gisenyi,
il fallait faire la distinction entre les communes
urbaines et d'autres communes. Dans les 162 cellules
des communes Kibali, Kigombe et Rubavu, il y était
prévu une organisation légère d'auto-défense civile
vu
le
nombre
important
d'effectifs
militaires

1/

rI

t

l'

!\iiIOl(~/.J

,

~,

•..•

7

122
présents sur les lieux.
À cet effet, on prévoyait
deux groupes devant se relayer par cellule de 44
personnes chacun dont six utiliseraient les armes à
feu.
4)

Les
autres
communes des préfectures
de Kigali,
Kibungo, Byumba, Ruhengeri et Gisenyi abritant des
positions militaires ou se trouvant à proximité de
celles-ci, ces communes étaient les suivantes:
- Kigali rural: 58 secteurs des communes Tare, Mbogo,
Rushashi, Musasa, Mugambazi
et
Shyorongi;
_ Kibungo:
78
secteurs
des
communes
Muhazi,
Rutonde,
Kayonza,
Kabarondo,
Kigarama, Birenga et Rusumo;
- Byumba:
51 secteurs des communes Buyoga,
Kinyami, Rutare, Ngarama, Gituza,
Muvumba et Murambi;
- Ruhengeri:
61 secteurs des communes Nkuli,
Mukingo,
Nyakinama,
Cyabingo,
Ruhondo et Nyarutovuï
- Gisenyi:
43 secteurs
des
communes
Rwerere,
Nyamyumba, Mutura et Karago.
Pour toutes ces communes, on devait former deux
groupes devant se relayer, de 55 personnes chacun
dont 11 pouvant manier les armes à feu.

Il est à remarquer que dans ce projet de mise sur pied de
la défense civile, il y avait des préfectures qui ne semblaient
pas être concernées comme Gitarama, Butare, Gikongoro, Cyangugu
et Kibuye.
Malheureusement et comme par hasard, celles-ci
correspondaient grosso-modo à ce que l'on appelait le NDUGA, ce
qui n'a pas manqué de susciter des interrogations au sein de la
classe politique, certains se demandant si elles n'étaient pas
expressément
laissées pour compte, alors que selon toute
vraisemblance, S' il Y avait reprise des hostilités, il était
plus que probable que ce soit sur tout le territoire national,
et non nécessairement
dans les zones traditionnelles
des
combats.
Sur le plan organisationnel, la structure envisagée devait
s'articuler
sur cinq niveaux à savoir:
le national,
le
préfectoral, le communal, le niveau de secteur et celui de la
cellule et avec chaque fois:
un coordinateur,
un
responsable
de
renseignements
et
d'information,
un responsable de ressources humaines,
un
responsable
des
moyens
logistiques
et
financiers.
CI est donc une telle structure qui se mettait
petit à
petit en place à la veille de la reprise des hostilités par le

123
F.P.R., avec une priorité accordée à la P.V.K. pour des raisons
déjà évoquées.
Comme on pouvait
le craindre,
avec
l'assassinat
du
Président Juvénal HABYARlMANA,
le F.P .R. déclancha la guerre
non seulement là où on l'avait prévue, mais sur tout le
territoire national.
C'est pourquoi, mutatis mutandis, cette
organisation due être appliquée sur tout le pays.
Il est donc plus que tendancieux d'affirmer qu'il y avait
eu formation d'une milice appelée "INTERAHAMWEIt
destinée à
l'élimination des Tutsi et des Hutu dits modérés.
Les
Il Interahamwell
n'étaient, sans plus, que la jeunesse du parti
M.R.N.D., comme la plupart des autres partis en avaient, tels
que "INKUBA" du M.D.R., les IlABAKOMBOZI" du P.S.D., les jeunes
libéraux du P.L. et les lIIMPUZAMUGAMBln de la C.D.R.
Même s'il est vraie qu'on retrouvera probablement plus de
jeunes du M.R.N.D. dans l'organisation de la défense civile, il
faut reconnaître qu'initialement le projet concernait quasiment
toutes les couches de la population, allant comme on vient de
le voir, des militaires ou réservistes à la jeunesse des partis
politiques, la seule condition étant dlêtre fidèle aux acquis
de la révolution sociale de 1959.
Les dérapages constatés, et qui ont conduit aux massacres,
tels qu'ils ont été décrits ci-avant, n'ont rien à voir avec
l'organisation de la défense civile.
Aussi, pour clore ce
chapitre, il faut souligner que la défense civile n'est pas une
invention du gouvernement intérimaire, si l'on tient compte du
fait que l t idée existait bien avant le déclenchement de la
guerre par le F.P.R. en octobre 1990 et qu'elle émane d'une
personnalité à qui on ne peut pas attribuer des sympathies
particulières pour ce gouvernement.
VIII.6.3. L'approvisionnement en arme et munitions
C'est un sujet de polémique et de spéculation de la part
surtout de ceux-là qui ont plongé le Rwanda dans le chaos que
l'on connaît. Ils vous prennent le passé et essayent de le
remettre au présent dans l'unique dessein de salir et de
diaboliser les réfugiés Hutu en général et leurs responsables
politiques et miliaires en particulier.
Chaque fois que le
F.P.R. est accusé, ils trouvent, on ne sait pas par quel
hasard, des Il sans frontières" pour accuser les réfugiés de
préparer le retour au Rwanda par les armes.
On l'a vu, après
les massacres de milliers de personnes à Kibeho, à Birava et à
Iwawa, et on vient de le voir après l'invasion de l'A.P.R. sur
le territoire zairois du Sud et Nord Kivu.
On cite les pays qui certes, ont à un moment donné,
effectivement fourni des armes au gouvernement rwandais quand
il n'était pas effectivement sous embargo, mais on oublie à

;.,fbL~)
K (\ l '1

~ 1~.

124

dessein d'autres, y compris ceux qui ont continué à fournir au
gouvernement intérimaire, même après l'embargo, comme la Grande
Bretagne, comme on va le voir.
Si j'ai décidé d1en parler, preuves à l 1 appui, clest pour
lever le voile sur ce dossier plus qu'embarrassant
pour
certaines puissances
qui prétendent
faussement
donner les
leçons de moral au monde en général et aux réfugiés Hutu en
particulier.
Pour commencer ci-après, la liste non exhaustive
des certains fournisseurs d'armes et munitions du gouvernement
rwandais juste avant ou après la reprise des hostilités d1avril
1994:
1)

DYL- INVEST LTD, une société immatriculée dans
les Îles Turques et Caïques,
avec Monsieur
Dominique LEMONNIER comme représentant légal ou
gérant, et dont le siège social est à Britannic
Houses, provinciales, Îles Turques et Caiques
dans
les
Antilles
britanniques;
ses
remboursements passaient habituellement par la
Banque Internationale de Commerce de Genève en
Suisse, dont le Directeur est un certain Jean
Alain HUGUENARD.
Cette société a été constituée
le 19 mars 1993, avec un capital social de 5.000
dollars divisé en 500 actions de 10 dollars
chacune.
ses actionaires qui détiennent chacun
une action sont les suivants:
- Britannic Trust Company Limited,
- Britanic House
- Provinciales,
- Îles Turques et Caïques,
- B.

W. 1.

Fax (033) 5052 6279, du moins jusque fin
Novembre 1993.
Il
semble
que,
dlaprès
Maître
Hélène
CLAMAGIRAND, avocat de la Cour,
2, rue des Dardanelles
75017 Paris
i) 11 DYL INVEST nia jamais été inscrite auprès
du Registre National du Commerce et des Sociétés en
sorte que cette société nia pas de siège légal en
France, contrairement
à la déclaration
d'adresse
portée dans le contrat na 01/93 Dos 384/06.1.9
du 03
mai 1993.
ii) Le numéro de téléphone porté sur le cachet de la
société DYL INVEST correspond au numéro de téléphone
de l tAssociation Départementale du Travail protégé,
dont le siège associatif est à
1, Avenue du
Capitaine ANJOT, 74960 CRAN-GEVRIER;
iii)
Cette
membres, des

__________

WH->'o

••

,_".~_~



association qui
représentants de

_

comprend
diverses

parmi ses
directions

125
départementales
(DPASS,
DDTE:,
DOS,
Education
nationale, etc) nia aucune vocation à se livrer au
commerce
d'armes
de
première
et
de
quatrième
catégorie;
iv)
La société DYL INVEST nIa été immatriculée
auprès du registre des société des Îles Turques et
Caïques que le 19 mai 1993, soit 16 jours après la
conclusion du contrat susmentionné u19•
Il faut
noter que ledit contrat portait sur le
montant de 12.166.000 US dollars, que les mainlevées
autorisées se chiffraient à 3.127.008,80 US dollars
au 19 juillet 1994, et qu1il restait donc un solde de
1.402.091,020 US dollars n'ayant pas fait l'objet de
mainlevée et enfin qu'un montant de 7.637.900 US
dollars a fait l'objet d'annulation de la part du
Gouvernement Rwandais.
Par ailleurs, DYL INVEST avait indiqué dans son
contrat supra-cité avoir son siége social en France à
CRAN-GEVRIER au numéro de téléphone 50 69 36 72.
Pour la partie rwandaise, le contrat était signé par
le Dr GASANA James, alors Ministre de la Défense
Nationale et Marc RUGENERA qui était à l'époque
Ministre des Finances, tandis que comme on lia vu, la
société DYL INVEST était censée être représentée par
Dominique LOMONNIER.
2)

EAST AFRICA CARGO, représentée par Jean LECLERCQ
Building 739
1931 Zaventen
Fax 32 275 18114

Entreprise installée en Belgique qui assurait le
transport des armes fournies par DYL-INVEST LTD.
3)

19

----_.

__

M.T.C.: MIL-TEC CORPORATION LIMITED
(Merstone
Invest LTD)
RANGAL House, 18 Peel Road, Douglas-Is1e-of-Man
représentée par Monsieur ANHOOP.
Adresse pour la correspondance:
201 DYKE Road, HOVE, E,Sussex U.K
tel (44) 81-203-1915
Fax (44) 81-203-1050
Ses banquiers: 1)
National Westminster Bank
Ki1bum Branch
74 Kilbum High Road
London NW64mJ
Tel 071-624-4822
Fax 071-372-7663

Extrait de la lettre de mise en demeure
Hélène CLAMAGlRAND à Dominique LOMONNIER

._-_ ..•..._-----~-_._----------

de Maître

Knt~t277
. " ' ~-' t ~

t

126

Tel 071-624-4822
Fax 071-372-7663
2)

UNITED

MIZERAKHI

BANK

LIMITED
{LONDON}
Compte n° 1111040100002

DOLAN LIMITED
Cette société se dit être représentée en Europe,
en Israél, en Corée et aux USA. La société MILTEC Corportion (Mestone Invest LTD) de Monsieur
ANHOOP a consenti au gouvernement rwandais les
livraisons à crédit en munitions et piles pour
Radios au mois de mars 1993 pour un montant de
1.057.500 FF et 945.000 US dollars.
Au mois
d'avril 1994, cette société contactée a accepté
de livrer moyennant paiement
cash tout en
rappelant cette dette antérieure.
C'est ainsi
que le transfert de 1.265.500 US dollars du 13
avril 1994 a permis la livraison du 20-25 avril
1994, portant sur les cartouches Mi 50, 5,56mm,
7,62 KV et quelques dix mille grenades à main.
Le transfert de 1.486.500 US dollars du 13 avril
1994 à destation de l'Ambassade du Rwanda au
Caire (ainsi opéré pour éviter que le fourni seur
se fasse payer une partie de ses dettes) a
permis la livraison sur les bombes Mor GOmm, les
grenades à main, les cartouches 7,62 KV, ainsi
que 2200 fusils PM.
Le transfert de 1.023.500 US dollars du 04 mai
1994 au profil de MIL-TEC a permi le paiement du
supplément du coût sur les frias de transport
supporté par le même fournisseur.
Celui-ci a
livré le 17 avril 1994, au moment de l'exil vers
la Zaïre, une trentaine de tonnes de matériel
(cartouches KV, grenades
à main)
qui sont
entroposés dans les magasins du camp militaire
de Katindo.
Le gouverneur
de
la Banque
Nationale du Rwanda a autorisé 11Ambassade du
Rwanda
au
Caire
de
payer
cette
dernière
livraison totalisant 545.000 US dollars.,20
4)

20

Société
O.M.I
{Oriental
Machineries
Ine.}
reprasentée par Monsieur KING résidant à HONGKONG
Adresse: Builiding nol
N°9 Chong Wen Men Xi Da JIE
Beijing, P.R. CHINA

Extrait de la lettre que m1a
envoyée Monsieur
Augustin BIZIMANA, ancien Ministre de la Défense
Nationale, de Goma en date du 13 septembre 1994.

127
TLX 210329 Les G.N
Correspondance à adresser
XOJINS HUA (KIN).

à Monsieur

En date du 15 avril 1994, a été signé un contrat de
fourniture d'armes et munitions entre le Ministre
Rwandais de la Défense Nationale, représenté par le
Colonel Gratien KABILIGI et la Societé Oriental
Machineries Inc., représentée par Monsieur KING.
Sur ce contrat qui porte le nO OM/RWA 940095, un
acompte de 1.000.000 de dollars USA a été versé mais
n t a connu aucun début d'exécution.
CIest la raison
pour
laquelle,
Monsieur
HABlMANA
Cyprien,
alors
Ambassadeur du Rwanda au Kenya et Monsieur Denys
NTIRUGIRIMBABAZI,
alors
Gouverneur
de
la Banque
Nationale
du Rwanda,
après
leur rencontre
avec
Monsieur KING à Hong Kongo, ont réçu les pleins
pouvoirs pour renégocier les termes dudit contrat
notamment la restitution de l'acompte perçue, comme
le confirme la lettre de l'ex-Ministre de la Défense
Nationale Augustin BIZlMANA, adressée en date du 15
septembre 1994 à Monsieur XOJINS HUA (KIN).
Parmis le.s pays dloù sont venus les armes qui ont été
fournies au Rwanda au cours de la période en question, on peut
utilement consulter le tableau:;!1.
suivant:
Aéroport
de
départ

Destinataire

Facture

Montant

Transporteur

Date

Tel-Aviv

MINADEP
RWANDA

0105

549.503$

T.M.S. Ltd

11/5/93

LHR /
LONDON

MINADEF

0101

210.500

SARENA

28/4/93

LHR /
LONDON

MINADEF
RWANDA

MTC/

1. 057 .500

SABENA

9/11/93

21.10.30

FP

LHR /
LONDON

MINADEF
RWANDA

MTC /

500.000

LUPTHANSA

21/11/93

21.10.31

FF

LHR /
LONDON

MINADEF
RWANDA

MTC /

942.500

SABENA

21./11/93

21.10.32-

FF

Tel-Aviv
ISRAEL

MINADEF
GOMA

MTC /

853.731

$

OKADA /
NIGÉRIA

25/04/94

Tel-Aviv
ISRAEL

MINADEF
GaMA

MTC/

681.200

$

OKADA /
NIGÉRIA

25/04/94

FF

RWANDA

21/14/94
21/15/94

MIL-TEC était le seul fournisseur sur la période sous
examen.

v nI··"r~ 1 r.. 7 ().1

!\ ..
"t

l

•.,

128

Tirana
ALBANIE

MINADEF
GOMA

MTC /

1. 023.840

21/17/94

$

Tirana
ALBANIE

MINADEF
GOMA

MTC /

1. 074.549

21/18/94

$

Tirana
ALBANIE

MINADEF
GOMA

MTC /

56.000

Tirana
ALBANIE

MINADEF
GOMA

MTC /

Tirana
ALBANIE

MINADEF
GOMA

MTC /

$

21/13/94

OKADA /
NIGÉRIA

09/05/94

OKADA /
NIGÉRIA

20/05/94

OKADA /
NIGÉRIA

25/05/94

942.680

$

OKADA /
NIGÉRIA

31/05/94

753.645

$

OKADA /
NIGÉRIA

·13/07/94

21/16/94
21/18/94

D'après ce tableau, on peut constater, qu'entre avril et
juillet 1994, seuls deux pays, à savoir Israel et Albanie, ont
fourni des armes au gouvernement rwandais.
Celles-ci ont été
transportées, à destination de Goma au Zaïre, par une seule et
même compagnie aérienne, ayant son siège social à Lagos au
Nigéria.
Par contre, le principal fournisseur, à savoir, MIL-TEC
CORPORATION LIMITED, est de droit britannique, ce qui tendrait
une fois de plus â démontrer, l'implication de la Grande
Britagne dans le conflit rwandais.

VIII.7.

LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

VIII.7.1. Les faits
Dès le 07 avril 1994,
c'est-à-dire
le lendemain de
l'attentat contre l'avion du Président Juvénal HABYARlMANA, les
gouvernements belge, français et américain ont fait part au
gouvernement rwandais de leur intention de procéder, chacun
individuellement, au rapatriement de leurs citoyens; et le
gouvernement rwandais donna son accord à ce sujet.
Le gouvernement américain dépêcha à cet effet 400 marines
et 8 avions qui sont restés en stand by à Bujumbura.
L'évacuation
des américains,
canadiens et allemands
s'est
effectuée en deux étapes: par route de Kigali-Bujumbura et de
là par avion.
Les autres étrangers dont les belges et les
français ont été évacués par l'aéroport international Grégoire
KAYIBANDA par des avions ayant reçu en bonne et due forme
l'autorisation de survol et d'atterrissage.
Un
seul point
de discorde
cependant
a marqué
ces
opérations d'évacuation des ressortissants belges alors que
pour d'autres pays, il n'y a pas eu d'incident à signaler.
En

f

:\()J61280
129
effet,
les gros porteurs
belges
ont débarqué â Kanombe des
armements lourds tels
que les chars de combat.
Ce matériel
lourd a semblé superflu au gouvernement rwandais pour procéder
à une simple opération
dl évacuation des personnes.
De plus,
ces armements n ' ont pas été ré embarqués alors que l'opération
étai t clôturée.
Le gouvernement belge nia donc pas respecté
11 accord
conclu
avec
les
autorités
rwandaises
au
sujet
d'opération
dlévacuation de ses ressortissants.
De source militaire,
on devait
apprendre que certains
éléments belges de la M.I.N.U.A.R. avaient participé
activement
aux combats dans certains
quartiers
de la ville
et même gue
deux soldats
belges seraient
tombés sur le champ de bataille
sur le mont JARl près de Kigali.
Il est également admis de
penser que la M.I.N.U.A.R. (le contingent
belge) n'a pas été
rigoureuse
dans
la
surveillance
des
éléments
du F.P.R.
stationnés
dans les enceintes
du palais
du CNDpuisqu 1 ils ont
pu accumuler les armes de guerre
et plus tard,
quitter
et
lancer à leur aise des attaques
contre la population civile
de
la capitale
et contre les objectifs
militaires
gouvernementaux.
Au ni veau de la communauté internationale,
la tendance
actuelle
liée à une certaine.recolonisation
de l'Afrique
et de
mettre sur pied des gouvernements dits
consensuels,
c ' est-àdire non basé sur la démocratie,
mais sur ce qu Ion appelle
aujourd'hui
le nconsensusll•

L' exemple
le
plus
patent
étant
la
convention
du
gouvernement du Burundi 22.
En effet,
l'idée
de partage
du
pouvoir (exécutif)
"entre la majorité victorieuse
aux élections
et la minorité
(à qui le corps des citoyens électeurs
a refusé
ce pouvoir pour la durée de la législature)
est une aberration
juridique ". Ce mécanisme signifie
qu 1 un groupe de personnes
fussent-elles
récemment élues,
qui
devraient
respecter
la
démocratie
représentative
et
alternante,
vont anéantir
les
proportions
et
l'alternance
que le peuple a fixées
et y
substituer
dlautres calculs.

La démocratie représentative
implique, par nature,
voire
par essence, que la majorité gouverne et que la minorité joue
22

C.N.D.D. (Conseil National
pour la Défense de la
Démocratie),
Thèse
anti-démocratique
appelée
consensus et partage du pouvoir après élections
entre
les vainqueurs et les vaincus.
Violation du droit International:
cas du Burundi
par le Département Chargé des Questions politiques,
Juridiques et Diplomatiques, Bukavu, avril 1995.

'Knl"·12
CI Q'
!

,.f



1

_

130

le rôle qui lui est propre et qui consiste à surveiller les
actes du gouvernement, à les critiquer pour éclairer le peuple
et à préparer ainsi la prochaine échéance électorale, la
réalisation effective
de l'alternance
au pouvoir
et, en
attendant celle-ci, la pression démocratique qui empêche le
gouvernement d'abuser des fonctions qui lui sont confiées.
L'expérience contraire reviendrait à faire fonctionner un
régime de fait contraire au régime de droit, c'est-à-dire à la
démocratie représentative et alternante qui est organisée par
les lois spécialement la constitution. Dans les faits, toutes
les expériences
faites
en Afrique
et
qui
en
réalité,
s'inspirent des idées manipulatrices mises au point par des
dictatures autocratiques pour précisément déjouer la démocratie
et la loi de la majorité, ont abouti à l'impasse et à des
troubles graves toujours récurrents.
Ces expériences, en plus
de contredire la volonté du peuple, reviennent à installer le
dualisme, voire la dualité au sein du pouvoir.
Et les tenants
de la tendance minoritaire sont forcément sollicités par le
besoin de voir et de faire échouer les actions incarnées par la
majorité et désirées par les électeurs.
Le droit international, qui exige que chaque État ait un
pouvoir effectif présentant le caractère de légitimité et
réunissant, dans l'expression de ~a volonté nationale, les
critères de 11 clarté, sincérité et sécurité ( qui sont exigées
plus expressément en matières de relations internationales) ",
se placerait dans une situation de contradiction irréductible
avec ses options, principes et règles, si d'aventure il donnait
appui à des solutions aberrantes, qui causent l'inefficacité
des gouvernants.
Le Burundi constitue le cas le plus éclatante de ces
faits.
Le
gouvernement
constitué
par
le
Président
démocratiquement
élu, Melchior
NDADAYE
comprenait
40% de
membres représentant l'opposition vaincue et niayant obtenue
que 19.7% aux élections.
Cela n'a pas empêché cette opposition
d'organiser l'assassinat de ce Président bien au contraire,
pourrait-on dire.
Après la tentative de Coup d'État du 21
octobre 1993,l'opposition, qui n'avait obtenu que 19.7%, comme
on vient de le voir, des sièges au parlement, a exigé 60% des
postes à pourvoir au gouvernement; elle a obtenu 55%, elle n'en
a pas moins continué les pressions, appuyés de violences et de
meurtres, pour anéantir le gouvernement issu de la volonté du
peuple23•
Il ntest point étonnant que ces marchandages, contraires à
l'ordre public, n t a Lerrt , après les pompeux rituels de mise en
place des nouveaux
types de dirigeants,
abouti
à aucun
mécanisme durable et apte à assurer l'ordre public dans nos
États, spécialement au Burundi, où la confiscation du pouvoir
23

Chose qui sera réalisée avec le Coup d'État réussi du
Major Pierre BUYOYA du 25 juillet 1996.

Q

1

i ':'0""
f e l é i «:
K, r:.} 1,6."
t•.

131
public est la plus évidente.
Qu'il s'agisse des Accords de Paix d'Arusha pour le
Rwanda, avec lesquels la voie électorale a été écartée parce
que certains étaient plutôt sûrs de ne rien y gagner ou de ceux
de Kigobe pour le Burundit le scénario subséquent a été le même
partout.
Les troubles n 'ont cessé nul part, même s'ils ont
pris des proportions variables selon le milieu.
La dignité de
l'homme, ses droits et ses libertés ont continué à être foulés
au pied, quand il n'y a pas eu massacres et autres vilenies
telles que le génocide impuni.
La chose était la conséquence inévitable des processus
contraires
aux
règles
minimales
et
principales
que
la
conscience humaine universelle a fixées pour garantir la paix
dans les États et autour de chaque État.
Partout où cette
résistance a été conduite, pour déjouer une majorité manifestée
ou appréhendée, les acteurs ont esquivé les procédures et
autres conditions prescrites par les lois existantes.
Ainsi,
le Rwanda a été à partir de l'ignoble assassinat du 6 avril
1994, un exemple drune confiscation préventive du pouvoir, par
des gens qui tenaient à échapper au verdict des urnes.
La question qu'il
savoir. si le monde
soutenir cette idée de
t-il ou pas les acquis

convient de se poser à ce niveau est de
diplomatique
lorsqu'il lui arrive de
partage consensuel du pouvoir, respectedu droit des gens ?

On a en effet, constaté que les pays qui semblent
prodiguer des conseils de démocratisation sont les mêmes qui
s'acharnent en même temps à vouloir convaincre les vainqueurs
des dictatures autocratiques d'hier de partager le pouvoir avec
les résidus résistants
desdites dictatures.
Souvent ces
régimes rétrogrades qui sont à l roeuvre partout afin de se
maintenir
contre
la volonté
du peuple,
abuse
l'opinion
internationale quand ils ne s'en ménagent pas la simple
complaisance, voire la complicité.
Et l'on entend des esprits
manifestement rétrogrades hausser la voix en Europe ou en
Amérique, pour convaincre
leurs compatriotes
ou l'opinion
internationale que les dictateurs ont bien raison de ne pas se
soumettre â la volonté du peuple.
Même s'il est vrai que pour le cas du Rwanda, les
élections n'avaient pas encore eu lieu, l'on doit noter qu'il
avait été tenu de longues discussions qui étaient sensées
prendre en compte la volonté du peuple rwandais.
Les Accords
de Paix d'Arusha avaient dégagé ce qui était sensé représenter
un consensus national.
Et l'on pouvait cons idérer "le forum
dtArusha" comme ayant quelque fondement, dans la mesure où il
représentait la voix préparée pour aboutir à des élections 11
honnêtesll et au choix conséquent, pour le Rwanda, de dirigeants
jouissant d'une légitimité certaine.
Le processus a été
Mais voilà qu 1 un mal est apparu.
fondé,
jusqu'à preuve
rompu.
La guerre a repris.
Un régime,

K' n

f v \.'

1 t)" 1 !...~ 8 J""1

132
du contraire, sur la discrimination raciale a été mis en place.
Et il semble bien que les chancelleries ne se rendent pas
compte que cette situation est un recul des valeurs humaines et
démocratiques pour lesquelles le monde diplomatique sIest battu
tant de siècles durant.
Pour revenir
sur le rôle négatif
de la Communauté
Internationale durant la tragédie rwandaise d'avril-juillet
1994, l'on se rappelera qu'en date du 11 avril 1994, le
gouvernement rwandais par la voix de son Premier Ministre en
compagnie du Ministre
des Affaires
Étrangères
et de la
Coopération Internationale avait présenté une note verbale à la
Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda dans
laquelle il lui demandait entre autres, "une implication plus
accrue en vue de permettre au F.P.R. et au gouvernement
rwandais de renouer le dialogue en vue d'enrayer la situation
de crise le plus rapidement possible pour mettre en place les
institutions de transition â base élargie
ll



Cet appel ne fut pas entendu pour des raisons obscures que
je tenterai d'expliquer plus loin, puisqu'en date du 20 avril
1994, soit moins de deux semaines après une deuxième note fut
adressée au Représentant
Spécial du secrétaire Général de
Nation Unies au Rwanda pour rappeler le contenu de celle du 11
avril 1994. ~e livre in extenso le contenu de cett~ note.
ilLeMinistêre des Affaires Étrangères et de la Coopération
Internationale présente ses compliments au Représentant Spécial
du Secrétaire Général des Nations Unies au Rwanda et a
l'honneur de porte à sa connaissance ce qui suit:
1)

Il Y a à peine quelques jours, le gouvernement rwandais a
formulé des plaintes contre la Mission des Nations Unies
pour If Assistance
au Rwanda
(M.I.N.U.A.R.) â ce qui
concerne le fait que :
la M.I.N.U.A.R ait laissé sortir du palais du
Conseil National de Développement les éléments
du F.P.R. de manière incontrôlée.
les éléments
du Front Patriotique
Rwandais
tirent sur les civils innocents habitant à
proximité du palais du Conseil National pour le
Développement (C.N.D.)
la
M.I.N.U.A.R.
ait
laissé
les
éléments
militaires inconnus utiliser un véhicule de la
M.I.N.U.A.R. pour tirer sur les militaires du
gouvernement rwandais.

2)

Malgré les protestations ci-dessus, il est regrettable
qulau lieu de constater des améliorations
quant aux
prestations de la M.I.N.U.A.R., le gouvernement rwandais
continue d'observer des destructions et autres dégâts
causés par les troupes de la M.I.N.U.A.R.
En particulier,
le Ministère des Transports et des Communications vient de
relever à l'Aéroport International Grégoire KAYIBANDA les
faits ci-après:

1

133
le contingent belge de la M.I.N.U.A.R. est sorti
de la zone, qui lui avait été assignée par les
autorités aéroportuaires et a investi les locaux
administratifs de la régie des aéroports du
Rwanda où il a détruit les portes, matériels de
bureau, installations techniques et dossiers de
tout genre, transformant ces locaux en dortoirs.
le contingent belge de la M.I.N.U.A.R. a envahi
des locaux abritant les Magasins Généraux du
Rwanda pillant des marchandises qui y avaient
été
stockées
par
des
importateurs
et
endommageant ces locaux.
le même contingent a brisé les portes et vitres
de certains véhicules trouvés sur la plate forme
aéroportuaire.
les contingents venus du quartier général de la
M.I.N.U.A.R. ont envahi l'aéroport transformant
l'aérogare des passagers en camp militaire après
avoir aggravé les destructions déjà provoquées
par le contingent belge et voudraient même
occuper à leur tour les locaux administrati~s de
la Régie des Aéroports du Rwanda et des autres
usagers de 11 aéroport en suivant l'exemple du
contingent belge;
ri importe de rappeler que pour assurer la sécurité à
l'aéroport
international
Grégoire
KAY r BANDA
de
Kigali
/
Kanombe,
la
M.I.N.U.A.R
avait
obtenu
de
l'autorité
aéroportuaire une zone appropriée qui ne devait pas permettre
l'interférence entre la M. I.N.U .A.R. et les autres services
opérant à llaéroport et que par conséquent elle devait rester à
la limite de cette zone.
Force est malheureusement de constater que la M.I.N.U.A.R.
voudrait transformer l'aéroport en zone militairement occupée,
ce qui est inadmissible au gouvernement rwandais qui tient
compte des investissement énormes consentis pour réaliser les
infrastructures
aéroportuaires
et
autres
installations
destinées à assurer la sécurité de la navigation aérienne et
l'économie du transport aérien.
Par ailleurs, transformer un
militaire est contraire aux normes
l'aéronautique civile.

aéroport civil en zone
internationales régissant

Le Ministère déplore le fait que, au lieu de s'apprêter à
la
collaboration
avec
les
autorités
aéroportuaires,
les
éléments de la M. l .N.U .A.R. usent de la violence envers ces
derniers lorsqu'ils leur demandent de limiter les casses.
C'est
le cas du contingent
belge
qui a brutalisé
les
techniciens
qui voulaient
réparer
les câbles électriques

Kf\1"12Sr:
! • ~_.. 0
. ( .)
134

alimentant le balisage nocturne de l'aéroport. C'est également
le cas des éléments de la M.I.N.U.A.R. qui envahissent tous les
services du bloc technique sans qu'ils n'y soient préalablement
autorisés.
Au regard de tout ce qui précède, le gouvernement rwandais
prie les autorités compétentes de la M.I.N.U.A.R. de respecter
les unités de la zone qui leur a été définie par les autorités
aéroportuaires et les prie par ailleurs de bien vouloir
procéder à l'inventaire des dégâts causés par les casques bleus
de la M.I.N.U.A.R. en général et le contingent belge en
particulier.
Toutefois,
le gouvernement
rwandais reste disposé
à
maintenir les bonnes relations qui ont toujours existé entre
lui et la M.I.N.U.A.R. et saisit cette occasion pour renouveler
au Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies
au Rwanda l'assurance de sa haute considération.
Kigali, le 20 avril 1994
Copie pour information
Son excellence Monsieur le
Président de la République

Kigali
Son excellence Monsieur le
Premier Ministre '
Kigali
Monsieur le Ministre des
Transports et des Communications
Kigali
Au vu de ce qui précède, il appara1t clairement que la
communauté internationale s'est rangée nettement du côté du
F.P.R. au cours du conflit pour lui permettre de s'assurer
d'une victoire totale et définitive sur les forces armées
rwandaise (F.A.R.).
Selon mes informations r avant le lancement de sa Il final
war n 1 le F .P .R. avec l'aide de ses sponsors r avait passé au
peigne fin tous les scénarios. Il semblerait que d'après celui
qui était considéré comme le plus pessimiste, un chiffre de
500.000 morts, en majorité des Tutsi, ait été avancé depuis le
mois de janvier 199424•
Il paraît également que le scénario
retenu
soit en définitive
celui dl~n Coup d'État
quasi
classique avec la stabilisation de tout le pays dans un délais
ne dépassant pas 48 heures après llassassinat du Chef de
l'État.
La séquence des événements était la suivante.
Voir à ce sujet la Voix du Réfugié Rwandais, Bulletin
d'Information et de Liaison no005 dtavril 1996.

135
Assassinat du Président Juvénal HABYARlMANA en même
temps que celui du chef d'État-Major, le Général
Major Déogratias NSABlMANA, ainsi que de certains
Ministres
dont
celui
de
la Défense
Nationale,
Monsieur Augustin BIZlMANA, celui de l'Intérieur et
du
Développement
Communal,
Monsieur
Faustin
MUNYAZESA, qui étaient sensés être dans la suite
présidentielle.
Ces assassinats devaient être sUJ.VJ.Sde la mise à
mort de certaines personnalités jugées opposées au
F.P.R. et dont la liste avait été dressée dès le mois
de janvier 1994 et ceci dans les 24 heures qui
suivaient le décès du Président HABYARlMANA25•
Le
Premier
Ministre
d'alors,
Madame
Agathe
UWILINGIYlMANA, devait ensuite prononcer le matin du
7 avril 1994 un important discours dans lequel elle
appelerait la population à rester calme et surtout
inviterait
le M.R.N .D.
à
présenter
un
nouveau
candidat au poste de Président de la République.
Le
Président
du
parti
M.R.N.D.,
Monsieur
Matthieu
NGIRUMPATSE, avait conf Lê , et ceci au paravant, aux
adeptes de son parti qui le pressaient
de se
dissolidariser de Monsieu~ Faustin TWAGlRAMUNGU qu'il
y avait entre les deux hommes un secret, lequel ne
sera jamais dévoilé. L'on ne peut pas nécessairement
s'empêcher de penser qu'il Y ait eu des promesses
dans ce sens en cas de la disparition du Chef de
l'État, surtout que, comme on l'a vu plus haut, une
telle proposition de remplacer le Président Juvénal
HABYARIMANA par un candidat du M.R.N.D. conformément
à l'Accord de Paix d'Arusha fut tentée.
La garde présidentielle, le seul corps armé qui était
sensé ne pas s'allier nécessairement
au nouveau
régime, devait être neutralisée non seulement par le
F.P.R. mais au besoin avec l'appui du reste des
forces armées rwandaises au sein desquelles le F.P.R.
pouvait compter sur d'important complices, avec à
leur tête les Colonels Marcel GATSINZI devenu à
l'époque le chef de l'État-Major et Léonidas ROSATIRA
connu pour ses sympathies envers le M.D.R. -tendance
TWAGIRAMUNGU Faustin- et ses liaisons avec le Colonel
Alexis KANYARENGWE, Président du F.P .R., originaire
de Ruhengeri dans le Bukonya comme lui. Voilà ce qui
explique les faux communiqués lancés sur les ondes
des radios étrangères faisant état des combats entre
les F.A.R. et la Garde Présidentielle et la prise de
Kigali dans les 48 heures.

2$

Voir la liste au tableau nOS en annexe

136

Mise en place du gouvernement dit de transition
avec
Monsieur Faustin TWAGlRAMUNGU
comme Premier Ministre
et les ministres
issus uniquement du F. P. R. et des
factions pro-F.P.R.,
des partis
dtopposition.
Mise en place du parlement
de transition
dans les
mêmes conditions
que le gouvernement;
ctest-à-dire
selon les listes
des candidats
agréés par Monsieur
Faustin TWAGlRAMUNGU
et le F.P.R.
Ce scénario concocté par le F.P.R. et ses amis prévoyait
aussi la mobilisation
de la population
civile
sensée être en
liesse dans le Sud, l'Est
et le Centre du pays après l'annonce
du décès du Président
HABYARIMANA
contre la population
du Nord
du pays; jugée favorable au Président défunt.
Ainsi d'a~s
ce
schéma; au sein des F.A.R., la bataille
aurait dû être entre le
reste
des troupes
contre
la Garde Présidentielle
et dans le
pire des cas, au sein de la population
civile,
le Nord contre
le Sud.
Quant au F. P.R., il devait se tenir
dans un premier
temps en dehors des bagarres
pour se présenter
ensui te comme
seul arbitre
capable de ramener llordre
dans le pays.
Tout ce
plan était
tellement
cohérent qu t il avait
reçu 11aval de la
communauté internationale
en général et de la M.I.N.U.A.R. en
particulier.
Quels sont donc les éléments qui ont contribué
à l'échec
de ce complot international
contre le peuple rwandais?
D'une
part;
l'assassinat
sélectif
des personnalités
pro-F.P.R.
avec â
leur tête
le Premier Ministre Agathe UWILINGIYlMANA,
qui par
conséquent nIa pas pu expliquer à sa manière les événements en
cours dans le pays.
L'on sait
en effet,
que Madame Agathe UWILINGIYlMANA
tentera
dès le matin du 7 avril
1994 de se présenter
à la
maison de la Radio Rwanda pour Y prononcer son discours
mais
qu'elle
en sera empêchée par les éléments des F.A.R. malgré
l'interposition
des éléments de la M.I.N.U.A.R.
Elle devra se
contenter d'une déclaration
par téléphone à la R.F.!.
D'autre
part,
compte
tenu
de
la
bipolarisation
préexistante
au sein de la population
entre
les pro et les
anti-F.P.R.,
le scénario
Nord-Sud ne sera pas déclenché comme
prévu.
Bien au contraire,
dès 11annonce de l'assassinat
du
Président
HABYARlMANA,
toute la population
opposée aux visés
hégémoniques du F. P.R. le désignera
comme le principal
auteur
de ce forfait
et s'attaquera
sans plus attendre
à tout
ce
qu'elle
considérait,
à tort
ou à raison,
comme élément proF.P.R.
Par ailleurs,
la prise en main de la direction
du pays par
un "Comité Militaire
de Crise" déjoua en quelques sorte le plan
du F.P.R. en contournant
le vide institutionnel
qu vaurad t dû
créer la disparition
en même temps du chef de l'État,
du chef
du gouvernement et du chef de l t État-Major.
Enfin, la mise en

:':!\it.1?Q8(.. 1.; •

! \ '..' t 'l .• ,

137

placel dans un délai record de 3 jours, du gouvernement
intérimaire bouleversa toutes les cartes
puisque désormais,
il apparaissait que le pouvoir ne se ramasserait pas dans la
rue par le F .P.R. mais devra être au besoin arraché à ce
nouveau gouvernement .
1

Ce que l'on sait à ce niveau, c'est que certaines
personnalités politiques et une frange de la population proF.P.R. devaient être sacrifiées à ce scénario.
Le F.P.R. avait
seulement réussi à convaincre la communauté
internationale
qu'il parviendra à limiter les dégâts, puisqu'il espérait
prendre le pouvoir dans un délais de 48 heures.
Pour ce fairel
toutes les ambassades avaient reçus le consigne d1évacuer leurs
ressortissants à qui on avait promis le retour dans les deux
jours. Ainsi donc, devaient-ils être évacués sur Bujumbura au
Burundi et sur Nairobi au Kenya où ils allaient attendre
tranquillement la suite des événements.
Cette stratégie avait un double objectif:
permettre au F.P.R. dlopérer sans témoin notamment dans
son opération de liquidation de certaines personnalités
opposées à son plan, tâche qu'il avait par ailleurs
entamée
quelques
mois
au paravent.
Malheureusement
n'ayant pas pu se déployer comme il l'aurait souhaité sur
l'ensemb~e de la ville de Kigali et de tout le,pays, il ne
réussira à éliminer dans les délais qu1il s'était fixé que
certaines personnes dont :
GAPYISI Emmanuel, assassiné en mai 1993,
GATABAZI Félicien, assassiné en février 1994,
MBONAMPEKA Stanislas, tentative d'assassinat,
MUREGO Donat tentative d'assassinatl
NDAYISABA Faustin, assassiné à Butare après la prise
du pouvoir par le F.P.R.,
BAIUGIKI Emmanuel, assassiné le 07 avril 1994 à
Remera/ Kigali,
HITIMANA Noël, mutilé par une bombe en avril 1994,
HABlMANA Kantano, emprisonné à Goma dans son exil,
BUCYANA Martin, assassiné à Mbazi, Butare le 22 avril
1

1994,

MUHATURUKUNDO Norbert assassiné par le F.P .R. entre
avril et juin 1994
BARIYANGA Sylvestre, préfet de Ruhengeril assassiné à
Remera dans la commune Kacyiru en PVK au mois d'avril
1

1994,

RUKABUKIRA Ildéphonse, ex-sous/préfet
assassiné en avril 1994 à Kigali,

de

Ngororero,

éviter d'avoir parmi les victimes les étrangers, ce qui
aurait attiré les média sur les actions du F.P.R. et
risquerait de compromettre
à moyen terme son opération.
Pour convaincre de gré ou de force les étrangers à se
laisser
évacuer,
il
fallait
créer
un
événement
suffisamment grave pour créer la stupeur chez tout le
monde, d'où l'idée d'attirer à l'abattoir les dix casques
bleus belges.

Kfî'''1289
• 0 l
,

J ~ '"

138
En effet, l'on est convaincu qu 1 en envoyant ceux-ci chez
Agathe UWILINGIYlMANA, le commandement de la M.I.N.U.A.R.
savait qu 1 il les envoyait dans une mission sans retour.
Ce
commandement
devait
savoir
que
Madame
Agathe
UWILINGIYlMANA avait tenu chez elle, en date du 4 avril
1994, une réunion des militaires originaires de sa région
natale pour tenter un Coup d'État contre le Président
HABYARIMANA. Une fois celui-ci assassiné deux jours après
ladite réunion, Madame Agathe UWIRINGIYlMANA n'était-elle
pas une personne cible si Lion sait que ladite réunion
avait tourné court, les militaires ayant refusé la mission
qu'elle leur avait proposée?
Le commandement de la M. l .N.U .A.R. savait sûrement que
pour
amener
Madame
le
Premier
Ministre
Agathe
UWILINGIYlMANA à prononcer son discours à la maison de la
Radio Nationale
Rwandaise,
les casques
bleus belges
devaient franchir au moins quatre barrages.
Lion doit
même se demander pourquoi, dans pareille cdxconacance.. on
n r ait pas
pensé,
comme
d r habitude,
à
déplacer
les
journalistes
jusqu'au
domicile
de
Madame
Agathe
UWIRINGIYlMANA pour enregistrement de son message.
C'est donc dans ~e telles conditions que les casques pleus
belges ont été envoyés chez une personne que l'on savait
condamnée par avance à mort, sans moyens de protection
supplémentairest
au moment où d'autres détachements des
casques
bleus
se
regroupaient
dans
des
positions
renforcées avec escorte des blindés.
Sans excuser ceux qui ont tué les casques bleus belges t
qui doivent être identifiés et jugés, il faut qu'une
enquête approfondie soit f aLt.e, afin de mieux éclairer
tout le monde sur les motivations de ceux qui ont pris la
décision d'envoyer
les casques bleus chez Madame
le
Premier Ministre le 07 avril 1994. Cette décision a, sans
nulle doute, dû peser lourd dans la suite des événements
tragiques qui ont endeuillé le Rwanda:
évacuation
de
tous
les
expatriés
dont
les
représentations
diplomatiques
et
organismes
humanitaires
qui auraient
pu
témoigner
sur les
massacres commis entre avril et juillet 1994 sur tout
le territoire national,
retrait des casques bleus belges d'abord et des
autres nationalités ensuite,
non reconnaissance du gouvernement mis en place le 09
avril 1994 dont tous les membres furent et sont
toujours considérés à tort comme des assassins ou
Il génocidaires Il ,
embargo diplomatiquet surtout sur les visas, de toute
l'équipe
gouvernementale
et
de
leurs
proches
politiques et familiaux,
embargo financier r y compris sur les comptes des

K016'290
139

ressortissants et du gouvernement rwandais,
embargo militaire pour laisser les mains libres au
F.P.R. et lui permettre de prendre lltout le pouvoirl1,
exode de tout un peuple vers les pays voisins du
Rwanda avec les conséquences que L'on saieE>.
Après l'assassinat de ces dix casques bleus belges toute
la communauté des expatriés fut prise de panique et chacun
dlentre eux ne souhaitait que quitter le Rwanda au plus vite.
Ainsi à la mi-avril 1994,
soit près d'une semaine après le
début des hostilités, il ne restait pratiquement plus aucun
étranger au Rwanda. Malheureusement, le F.P.R. ne réussira pas
à tenir sa promesse de prendre Kigali dans les deux jours.
Dans
la note
transmise
au Représentant
Spécial
du
Secrétaire Général des Nations Unies au Rwanda en date du 11
avril 1994, il était demandé, à la communauté internationale en
général et à la M.I.N.U.A.R. en particulier, lIune implication
accrue en vue de permettre au F.P.R. et au Gouvernement
rwandais de renouer le dialogue dans le but d'enrayer la
situation de crise le plus rapidement possible pour mettre en
place les institutions de transition à base élargie".
Parallèlement à cette demande du gouvernement rwandais à
la communauté internationale d'aider à la pacification du pays,
le groupe dlÉtats Africains faisaient une déclaration sur la
situation au Rwanda et au Burundi dans le document 8/1994/420
du 11 avril 1994.
Considérant
Dans cette déclaration, je relève notamment:
rétablir
la
paix,
la
stabilité
et
qu'il faut de toute urgence
au
Burundi,
le
groupe
drÉtats
la sécurité au Rwanda et
Africains:
Il

L)

demande qu'un cessez-le-feu immédiat soit proclamé, que
les parties regagnent les positions qui étaient les leurs
avant le déclenchement des hostilités actuelles et que
l'on mette fin aux actes de violence insensés qui ravagent
le Rwanda;

ii)

demande instamment au conseil de sécurité de prendre
d'urgence des mesures qui puissent aider à protéger la vie
et les biens des civils rwandais et d'envisager
l'augmentation des effectifs et un élargissement du
mandat
de la M.I.N.U.A.R.;

iii) réaffirme
que
llAccord
intégralement appliqué;
2&

de

Paix

d t Artraha

doit

être

Extrait
de
la
lettre
du
Premier
Ministre
du
Gouvernement Rwandais en exil à Sa Majesté le Roi des
Belges en date du 04 octobre 1994.

f\ot61291
140

iv}

souligne
que
110. U .A. est
disposé
à
coopérer
avec
1iOrganisation des Nations Unies aux fins de l'application
dudit accord;

v}

lance un appel pressant
afin qu'elle accroisse
proportions
qui soient
humanitaire que vivent le

à la communauté internationale
son aide humanitaire dans les
à la mesure de la tragédie
Rwanda et le Burundi.

Pendant que le groupe des États Africains demandait à la
communauté
internationale
de
modifier
le
mandat
de
la
M. I.N.U .A.R. afin de lui permettre de secourir la population
rwandaise en détresse, le gouvernement belge s'employait à
persuader l'O.N.U. de suspendre ses activités.
Ci-après, la lettre que Monsieur NOTERDAEME, Ambassadeur,
Représentant permanent de la Belgique au près des Nations Unies
a adressé en date du 13 avril 1994 à son Excellence Monsieur
Kolin KEATING, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire,
Représentant permanent de la Nouvelle Zélande au près des
Nations
Unies,
Président
du
Conseil
de
Sécurité
de
l'Organisation des Nations Unies.
New York , le 13 avril 1994
Monsieur le Président,
En vue des délibérations du Conseil de Sécurité des
Nations
Unies,
j'ai
l'honneur
de
vous
informer
des
considérations du gouvernement belge sur l'aggravation de la
situation au Rwanda et les conséquences que cela entraîne pour
le rôle de la M. l .N .U .A.R.
Je vous serais reconnaissant de
vouloir bien les porter à la connaissance des membres du
Conseil.
Comme vous le savez, des massacres à grande échelle,
consécutifs aux décès des Présidents Rwandais et Burundais se
sont doublés d'un affrontement militaire entre les forces du
Front Patriotique Rwandais et celles faisant allégeance au
gouvernement
rwandais.
Face
à
cette
situation,
les
Gouvernements belge et français ont été contraints d'organiser
une opération humanitaire de brève durée afin d'évacuer les
ressortissants étrangers, y compris le personnel des Ambassades
étrangères et de l'O.N .U .
LIopéra tian s'achève actuellement
dans des conditions extrêmement difficiles et dangereuses.
Le
départ du gouvernement rwandais de la capitale a confirmé la
détérioration rapide de la situation.
Le chaos que connait le
Rwanda a pris de telles proportions que la mise en application
de Il Accord d r Arusha apparaît très sérieusement compromise du
moins dans un délai prévisible.
Or, cette mise en oeuvre était
la raison même de l'opération de la M.I.N.U.A.R.
L'absence de
progrès avait d'ailleurs conduit tout récemment le Conseil de
Sécurité de ne renouveler le mandat de la M.I.N.U.A.R que pour

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.\.)1vl

...•
le..

141

une durée limitée de quatre
Secrétaire Général établirait
rapport d'évaluation.

mois, étant entendu que
endéans les six semaines

le
un

Il est évident que dans ces conditions, la poursuite de
l'opération de la M. I.N.U.A.R. est devenu sans objet dans le
cadre de son mandat actuel.
En tout état de cause, le
maintient du contingent belge exposerait celui-ci à des risques
inacceptables et constituerait une entrave à l'action de la
M.I.N.U.A.R. dans son ensemble.
En effet, la Belgique relève
qurune faction politique extrémiste mène une campagne antibelge incitant à l'assassinat de ses soldats.
Le fait que le
contingent belge ait subi déjà la perte des dix soldats ne lui
permet pas de prendre ces menaces à la légère.
En conclusion, le Gouvernement belge est d ravis que la
suspension des activités
des troupes de la M.I.N.U.A.R.
s'impose sans délai en attendant que les conditions soient
réunies pour reprendre le processus de paix.
Il estime que
pour les semaines ou mois à venir, une présence de l'O.N.U. au
Rwanda ne peut se justifier que pour des motifs humanitaires.
Je vous serais obligé de bien vouloir distribuer le texte
de la présente lettre comme document du Conseil de Sécurité.
Veillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma
haute considération.
Signé.
Par ailleurs cette attitude du gouvernement belge sur le
retrait de la M.I.N.U.A.R. au Rwanda fut confirmée par les
lettres s/1168 et s/1169 du 15 avril 1994 adressées par
Monsieur Willy CLAES, Ministre belge des Affaires Étrangères,
respectivement à Monsieur Boutros-Boutros GHALI, Secrétaire
Général de 110rganisation des Nations Unies et à son Excellence
Monsieur Colin KEATING, Président du Conseil de Sécurité de
cette organisation.
Dans cette correspondance Monsieur Willy
Claes réaffirme la position du gouvernement belge en faveur du
retrait pur et simple de la M.I.N.U.A.R. au Rwanda et en tout
état de cause du retrait du contingent belge qui représentait,
faut-il le rappeler, 2500 soldats sur les 3500 que comptait
cette force.
Alors que dans la réunion informelle du Conseil de
Sécurité du 14 avril 1994, le secrétariat Général avait
le
présenté les trois options qui suivent afin d'adapter
M.I.N.U.A.R.
à
l'évolution
déploiement des troupes de la
dramatique de la situation au Rwanda et à la rupture du
processus de paix dans ce pays, le gouvernement belge n'avait
retenu que la pire des options à savoir le retrait pur et
simple.
Comme

annoncé

plus

haut,

les

trois

options

sur

la

142
possibilité
dl assurer
la poursui te de l'opération
des Nations
Unies au Rwanda et qui étaient
subordonnées à la conclusion
d1un accord de cessez-le-feu,
tenant
compte du départ
du
contingent
belge et du fait
que le retrait
immédiat de la
M.I.N.U.A.R.
était
considéré
comme étant
ni
faisable
ni
opportun, étaient
les suivantes:
Par la première option,
la M.I.N.U.A.R. serait
maintenue
sans le bataillon
belge et serait
déployée à Kigali car
selon le Secrétariat
de Il O.N.U., la zone démilitarisée
ni existai t
plus.
Les parties
devaient
alors
être
informées
qu'elles
disposaient
de trois
semaines pour
revenir au processus d'Arusha conformément à la résolution
909 (1994).
Certaines conditions
devaient être imposées
aux parties,
à savoir,
l'impérieuse
nécessité
de respecter
la sécurité
du personnel de la M.I.N.U.A.R. et le libre
mouvement de ses membres. Dans un délai de 5 à 6 jours
avant 11expiration
de la période de trois
semaines, un
ul t imatum serait
adressé aux part ies et la M.l .N.U.A.R.
serait disposée à se retirer
en totalité.
La deuxième option consistait
en la réduction
du ni veau
des effectifs
de la M.I.N.U.A.R. qui serait
limité
à la
présence politique
du Représentant
Spécial du Secrétaire
Général. des Nations Unies et du personnel d'~ppui dont le
nombre total
ne devrait
pas dépasser
200 hommes, cette
option serait
retenue en tenant
compte du fait
que la
poursuite du processus d'Arusha ne peut être envisagée.
La troisième
options.
Les
reprendre
le
période,
1ton
en lieu et en

option constitue
une combinaison des deux
parties
auraient jusqu'à trois
semaines pour
processus
drArusha et à la fin de cette
passerait
directement
à la deuxième option
place dtun retrait
total.

Par sa résolution
912 du 21 avril
1994,
le Conseil
Sécurité des Nations Unies lors de sa 3365ême séance, décida
modification du mandat de la M.I.N.U.A.R. commesuit:
L)

agir comme intermédiaire
entre les parties
d'obtenir
un accord d'un cessez-le-feu;

ii)

faciliter
la
reprise
des
opérations
humanitaires dans la mesure du possible;

iii)

suivre
l'évolution
de la situation
rapport
à ce suj et,
y compris en
sécurité
des civils
qui ont cherché
M.I.N.U.A.R.

pour
de

de
la

essayer
secours

au Rwanda et faire
ce qui concerne la
refuge auprès de la

Tenant compte de la détérioration
de la situation,
le
Secrétaire
Général des Nations Unies a adressé en date du 29
avril 1994 une lettre
au Président du Conseil de Sécurité dans
laquelle
il
lui
demandait entre
autres,
de réexaminer
les
décisions prise dans la résolution
912 dont il est question ci-

--------------------------_

..

_._--

If l')
f\ \

1 G," •1 t. {;4
'j')

.

143

dessus.

Ci-après, l'intégralité de cette correspondance.

Je suis au regret de vous informer, que d'après le
commandant de la Force de la Mission des Nations Unies pour
l'Assistance au Rwanda
(M.I.N.U.A.R.), la situation s'est
détériorée à Kigali et dans d'autres parties du Rwanda.
La capitale est divisée en secteurs tenus 11un par les
forces gouvernementales et l 1 autre par le Front Patriotique
Rwandais (F.P.R.), les échanges de tir d'artillerie et de
mortier entre les deux parties sont fréquents.
La M.I.N.U.A.R.
signale qu'il y a tout lieu de croire que d'autres massacres de
civils se préparent dans la ville et qu'il y a plusieurs
groupes importants de civils qui craignent pour leur vie mais
bénéficient
d'une
faible
protection.
Les
massacres
se
poursuivent à grande échelle dans la campagne, en particulier
dans le Sud.
À ceci Si ajoute une nouvelle complication, â savoir que,
ces derniers jours, les deux parties ont commencé à exprimer
des doutes quant à l'impartialité de la M.I.N.U.A.R., ce qui
n'est pas sans effet sur leur coopération avec mon Représentant
Spécial et le Commandement de la Force.
Ces faits soulèvent
des questions sérieuses concernant la viabilité du mandat
révisé que le Conseil de Sécurité a confié à la M.I.N.q.A.R.
dans sa résolution 912 du 21 avril 1994.
En particulier, il
est aujourd'hui clair que ce mandat ne permet pas à la
M.I.N.U.A.R. de prendre de mesures efficaces pour mettre fin
aux massacres.
Au mieux,
la Mission
peut
fournir une
protection limitée à de petits groupes de personnes menacées
dans la ville de Kigali, et elle serait incapable de les sauver
si une nouvelle vague de massacres venait à se déclencher.
D'après certaines estimations 200. 000 personnes ont peut-être
trouvé la mort au cours des trois dernières semaines.
Cette
catastrophe
humanitaire
est,
â
juste
titre,
un
sujet
d'inquiétude croissante en Afrique et dans le reste du monde et
appelle des mesures urgentes de la part de la communauté
internationale.

En réfléchissant aux mesures qui devraient être prisesi
il
faut être conscient que l'incident du 06 avril, qui a causé la
mort des Présidents du Rwanda et du Burundi, a eu deux
conséquences qui appellent des réactions différentes de la
communauté
internationale.
Premièrement,
cet accident
a
déclenché
la
reprise
des
combats
entre
les
forces
gouvernementales et le Front Patriotique Rwandais (F.P.R. ) .
Deuxièmement, il a réveillé des haines ethniques profondes, qui
ont déjà été une source de calamité pour le Rwanda et qui ont,
une fois de plus, provoqué des massacres à grande échelle de
civils innocents.
Le mandat révisé que le Conseil de Sécurité a confié à la
M.I.N.U.A.R. dans la résolution 912 du 21 avril 1994 est une
réponse adéquate à la première de ces conséquences.
Mon

1K{i~1.1?9r
~ ~ ,1 \ •.;
l ,_ ~
144

Représentant Spécial et le Commandant de la Force ont déployé
des efforts considérables pour que les deux parties acceptent
un cessez-le-feu et reviennent à l'application de l'Accord
dlArusha.
Ils n'ont pas encore obtenu satisfaction, mais le
mandat de la M.I.N.U.A.R. et les forces dont elle dispose sont
suffisants pour leur permettre de poursuivre ces efforts.
Les événements de ces derniers jours ont toute fois
confirmé que le mandat révisé de la M.I.N.U.A.R. ne lui permet
pas d'empêcher
les massacres.
Certains d'entre eux sont
l'oeuvre des militaires incontrôlés, mais la plupart ont été
commis par des groupes de civils armés qui profitent de
l'effondrement de l'ordre public à Kigali et dans de nombreuses
autres parties du Rwanda.
Il est évident que seul le
rétablissement de l'ordre publique peut mettre fin à ces
horreurs, tâche qui nécessite d'autres moyens autrement plus
importants que ceux dont dispose actuellement la M.I.N.U.A.R.
C'est pourquoi je prie instamment le Consei l de Sécurité de
réexaminer les décisions qu'il a prise dans sa résolution 912
et d'examiner à nouveau quelles mesures, y compris celles de
force, il pourrait prendre ou pourrait autoriser à l'État
membre à prendre afin de rétablir l'ordre public et mettre fin
aux massacres.
En faisant cette recommandation, je suis, bien
entendu, conscient que de telles mesures nécessiteraient des
États membres qu 1 ils y conaacr-ent; des ressources humaines et
matérielles , d'une importance telles qu'ils se sont montrés
jusqu'ici peu disposés à y songer. Mais je suis convaincu que
l'ampleur
des
souffrances
humaines
au
Rwanda
et
ses
conséquences pour la stabilité des pays voisins ne laissent pas
au Conseil de Sécurité d'autres choix que d'examiner cette
possibilité.
Je vous serais obligé de bien vouloir porter cette
question à l'attention des membres du Conseil de Sécurité.
Signé (Boutros-Boutros GHALI)
Il est donc clair que si le Conseil de Sécurité avait
des Nations
Unies
dans
sa
suivi
le Secrétaire
Général
proposition visant à rétablir la sécurité et l 1 ordre dans le
pays au besoin par la force, les massacres auraient pu être
arrêtés à temps.
Plutôt que d'examiner la lettre lui adressée par le
Secrétaire Général des Nations Unies, le Consei l de Sécurité,
lors de sa 3371ème séance du 30 avril 1994, se contenta de sa
déclaration
S/PRST/1994/21
qui fut une première
tentative
d'imposition
dlembargo
militaire
à
l'encontre
du
seul
gouvernement rwandais.
Le texte y relatif était rédigé en ces termes:
"Le Conseil de Sécurité prie le Secrétaire Général des Nations
Unies de porter à sa connaissance toute information qu1il

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145
pourrai t recevoir au sujet d'entrées dlarmes au Rwanda et de
consulter les pays de la région et IIO.U.A. au sujet de la mise
en application dlun embargo sur les armes en l'encontre du
Rwanda" .
J rai suffisamment insisté sur les pressions exercées par
le
gouvernement
belge
sur
le
Secrétaire
Général
de
l'Organisation des Nations Unies, sur les membres du Conseil de
Sécurité et sur les autres pays contributeurs du troupe pour un
retrait immédiat et complet de la M.I.N.U.A.R.
À cet égard on
lira avec intérêt la correspondance du Vice-Premier Ministre et
Ministre des Affaires Étrangères, Monsieur Willy CLAES, au
Secrétaire Général des Nations Unies ou au Président du Conseil
de Sécurité; pour cet embargo, ce fut un autre allié du F.P.R.

Par ailleurs, au cours de cette 3371ême séance du Conseil
de Sécurité des Nations Unies, le terme "génocide" nIa pas été
retenu et le texte adopté indiquait d'une manière générale que
l'élimination d'un groupe ethnique avec lrintention de détruire
ce groupe totalement ou partiellement constitue un crime qui
tombe sous le coup du droit international.
Mes investigations m'ont permis de découvrir que certains
pays, en particulier ceux qui soutenaient la prise du pouvoir
en totalité par le F.P.R., ont exp;rès, évité que ce terme de
n génocide fi ne
soit inscrit dans la déclaration du Conseil de
Sécurité des Nations Unies.
En effet, l'utilisation de ce
terme aurait exigé une "intervention, au besoin par la force de
la communauté internationale pour arrêter
ce qui aurait alors
été qualifié de génocide", crest un des devoirs de lrOND.
Or, une telle intervention aurait freiné le F.P.R. dans sa
croisade pour la conquête du pouvoir au Rwanda. Voilà pourquoi
une telle qualification des massacres qui se commettaient au
Rwanda fut réservée pour plus tard quand la F.P.R. serait
assuré de la conquête de tout le pays.
Pour accélérer la
victoire du F.P.R., dans l'espoir de pouvoir limiter les dégâts
au niveau des massacres des populations civiles, un des pays
membres permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies
présenta un projet qui préconisait l'imposition immédiate d'un
embargo sur les armes à 11encontre du Rwanda af in d'empêcher
que la situation ne sfaggrave, si celui-ci devait avoir accès à
des armes supplémentaires.
'
Même si à l fépoque, le Conseil de Sécurité se contenta
uniquement de demander au Secrétaire Général des Nations Unies
de lui présenter un rapport après avoir consul té l'O.U .A. et
les pays de la région sur la faisabilité de l'application d'un
tel embargo sur les armes à 11 encontre du Rwanda, ce n'était
que partie remise comme on pourra le voir plus loin.
En effet, par sa résolution 918 du 17 mai 1994, le Conseil
de sécurité des Nations Unies vote un embargo à l'encontre du
Rwanda en même temps qu'il décide l'accroissement des effectifs
de la M.I.N.U.A.R. jusqu'à 5500 hommes, mais toujours dans le

146

cadre dlune mission humanitaire.
LIon se souviendra que les
effectifs de la M.I.N.U.A.R. étaient au départ 3500 hommes
avant de passer à environ 200 hommes après le départ du
contingent belge de 2500 hommes en date du 19 avril 1994.
En rapport avec cette résolution 918 adoptée par le
Conseil de Sécurité de l'O.N.U. à sa 3377ème session du 17 mai
1994 relative à l'élargissement du mandat et au remplacement de
la Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda
(M.r.N.D.A.R.), le Gouvernement rwandais adressa au Secrétaire
Général de l'O.N.U. la note n0168/03.00!CAB!AP en date du 31
mai 1994.
Dans
cette
note,
le gouvernement
de
la République
Rwandaise attira Itattention du Secrétaire Général de 1IO.N.U.
sur les points suivants:
i}

Comme déjà exprimé lors des récents entretiens que le
Ministre des Affaires Étrangère et de la Coopération
Internationale a eus avec les collaborateurs du Secrétaire
Général,
le gouvernement
de
la République
Rwandaise
considère qu il doit être étroitement associé au plan de
déploiement de la M.I.N.U.A.R. renforcée conformément à la
résolution 918 (1994).
Il réitère sa disponibilité à
coopérer avec les responsables de la M. l .N .U .A.R. pour
favoriser la réussite de sa mission.
À cet égard, le
gouvernement
rappelle qu'il est hautement
souhaitable
d'exclure l'Ouganda, pays agresseur et tous les autres
pays limitrophes, des États qui fourniront des contingents
à la M.I.N.U.A.R.En effet, les pays limitrophes jouent
déjà un grand rôle dans les négociations politiques sur la
crise rwandaise et devraient se limiter à cela:
le
Président du Zaire est Médiateur, celui de la Tanzanie est
Facilitateur tandis que le Burundi est observateur.
En
outre il ne faudrait pas dans ce cadre se limiter aux pays
africains ou à ceux appartenant à telle ou telle région
géographique,
car
la
diversité
peut
favoriser
la
neutralité et l'efficacité de la M.I.N.U.A.R.
f

ii}

La réussite de la Mission dépendra en grande partie des
qualités de l'homme qui sera désigné comme commandant des
Forces de la Mission des Nations Unies pour l'Assistance
au Rwanda (M.1.N.U.A.R.) renforcée et, principalement de
sa neutralité.
Le gouvernement de la République Rwandaise
estime que le commandant actuel de la M. l .N .U .A.R., le
Général de Brigade Roméo DALLAIRE, n'est pas à la hauteur
de la tâche, vu ses défaillances
et sa partialité
manifeste, qui ont grandement contribué à l'échec de la
M.I.N.U.A.R.
Son mandat
ne devrait donc pas être
renouvelé si lIon veut voir la M.I.N.U.A.R. renforcée
accomplir efficacement sa mission.
Dans ce contexte,
parmi les nombreux griefs formulés à l'encontre du Général
Roméo DALLAIRE, il y a lieu de citer notamment les faits
suivants:

\(,\1
; \ \.'

1

",2g8
~,

C

147

1)

C'est en date du 06 avril 1994 que son Excellence le
Général Major Juvénal HABYARIMANA, Président de la
République
Rwandaise
a été tué dans
l'attentat
perpétré contre son avion qui fut abattu par des
missiles pendant l'atterrissage à l'aéroport Grégoire
KAYIBANDA
dont
le
système
de
sécurité
et
de
surveillance
incombait à
la M.I.N.U.A.R.
À
l'évidence, ce forfait n1aura été rendu possible que
par L'existence de graves défaillances dans le chef
de la M.I.N.U.A.R. en général et en particulier celui
de son commandant qui nia pas su prendre toutes les
dispositions
nécessaires
afin
d'éviter
cet acte
criminel commis dans la zone qui était sous son
contrôle.

2)

La M. I.N.U.A. R. était chargée de contrôler, dans le
palais du C.N.D., le bataillon de six cent hommes du
F.P.R. dont la mission officielle devait consister à
protéger
les
dignitaires
du
F.P .R. , appelés
à
participer aux futures institutions de transition à
base élargie.
Il s'est confirmé par la suite que la
M. I.N.U .A.R. et particulièrement son commandant ont
failli à leur mission en laissant le F.P.R. sortir et
rent;:.rer
des armes et des hommes au-de.l de ce qui
avait été convenu par les deux parties.
â

3)

Le gouvernement de la République Rwandaise nIa cessé
de faire remarquer en vain aux responsables de la
M.I.N.U.A.R.
les
sorties
incessantes
et
non
contrôlées du bataillon du F.P.R. basé à Kigali dans
sa zone de cantonnement. La situation dramatique que
vit actuellement
le Rwanda, est une conséquence
immédiate de la complaisance de la M.I.N.U.A.R. à
l'égard du F.P.R. En effet, ce sont les éléments de
son bataillon qui, à partir du C.N.D., se sont
infiltrés en grand nombre avant et après le 06 avril
1994 dans les quartiers de Kigali pour semer la
violence, la terreur et la mort.
La responsabilité
de ces défaillances de la M.I.N.U.A.R. ne peut être
imputée
qu'à
son Commandant,
le
Général
Roméo
DALLAIRE, qui n'a pas su prévenir une telle situation
malgré de vives inquiétudes lui adressées à ce sujet
par le gouvernement de la République Rwandaise.

4)

Il apparaît que l'introduction des armes lourdes par
le F.P.R. dans la ville de Kigali en général et en
particulier dans le palais du C.N .D. a été facilité
par la complicité de la M.I.N.U.A.R.
Il sied de
rappeler à cet effet que la M.I.N.U.A.R. s'était
donnée pour tâche, entre autres, d'escorter
les
combattants du F.P.R. de Kigali vers son quartier
général de Mulindi-Byumba sous prétexte de charger
les denrées alimentaires et du bois de chauffage. Au
retour vers Kigali, les convoies se refusaient à tout

KQ161299
148
contrôle de la part du gouvernement de la République
Rwandaise.
À la reprise des hostilités par le
F.P.R., le 07 avril 1994, son bataillon basé au
C.N.D. a attaqué la quasi totalité des positions des
F.A.R. dans la ville de Kigali aux moyens des
armements lourds que normalement il ne devait pas
détenir, eu égard aux dispositions ad hoc convenues
entre le gouvernement de la République Rwandaise et
le F.P.R. Ainsi donc, comme il a été convenu que le
bataillon du F.P.R. ne devait disposer que d'armes
légères, il apparaît que les armes lourdes ont été
introdui tes au C.N .D . grâce à la négl igence sinon à
la complicité du Général Roméo DALLAIRE et ce, en
dépit des protestations que le gouvernement de la
République Rwandaise lui avait régulièrement faites
sur cette question.
5)

L'on aurait en outre constaté que le positions que la
M.I.N.U.A.R. occupait avant la reprise des hostilités
par le F.P.R., notamment Mont REBERO, le stade
Amahoro et le Palais du C.N.D., se sont révélées être
plus tard des camps retranchés du F.P.R.
En effet,
c'est surtout à ces endroits que plus tard, l'on a
découvert des stocks d'armes lourdes et de munitions
dont sIest. servi et se sert encore le F.P .R. .pour
attaquer la ville de Kigali.
L'existence de ces
stocks
dlarmement
du
F.P .R. , contrairement
aux
accords signés avec le gouvernement de la République
Rwandaise,
révèle que ces derniers
avaient été
constitués bien auparavant par le F.P.R. grâce à une
complicité de certains éléments de la M.I.N.U.A.R.

6)

Le massacre par le F.P.R. des personnes d'ethnie Hutu
réfugiées au stade Amahoro, quartier général de la
M.I.N.U.A.R.
qui
paradoxalement
se
trouve
sous
contrôle du F.P.R" prouve encore les défaillances de
la M. 1.N.U .A.R. qui nia rien fait pour protéger ces
innocents et n'a même pas par la suite condamnée cet
acte ignoble du F.P.R. De même, il sied de rappeler
que la M.I.N.U.A.R. a fait montre d'une complaisance
inadmissible
lorsque
le
F.P.R.
tirait
sur
la
population civile habitant dans les alentours du
C.N.D. et ce, bien avant la reprise des hostilités le
07 avril 1994.
Ces faits quoique confirmés par
certains officiers de la M.I.N.U.A.R., ont toujours
été rejetés par le Général Roméo DALLAIRE, qui
prétendait maîtriser la situation en arguant qu 1 il
disposait même d'appareils
capables de détecter
pendant la nuit les déplacements effectués par le
bataillon du F.P.R. dans l'enceinte du C.N.D., ce qui
prouve à nouveau son parti pris en faveur du F.P.R.

7)

Les prises de position pro-F.P.R. du Général DALLAIRE
régulièrement relayées par Radio MUHABURA du F.P.R.
et par dlautres radios étrangères, selon lesquelles

149
le F.P.R. prendra à coup sûr, le pouvoir dans un bref
délai ne plaident pas en faveur de son maintien à la
tête du commandement de la M.I.N.U.A.R.
À ce sujet,
il y a lieu de s'interroger sur l'attitude du Général
Roméo DALLAIRE qui n •a jamais démenti des propos
semblables que diffusent régulièrement des agences de
presse sur base de reportages recueillis auprès
d'autres officiers de la M.r.N.U.A.R.
8)

Comme cela a déjà été signalé à votre Représentant
Spécial à Kigali, des éléments de la M.I.N.U.A.R. ont
directement participé aux opérations offensives du
F.P .R. contre les F.A.R.
Ainsi, au Centre Christus
de Remera, des militaires du F.P.R. et ceux de la
M. I.N.U .A.R. vivaient manifestement ensemble.
Les
F.A.R. ont même noté à partir de cet endroit des tirs
d'armes de la M. I.N.U .A.R. contre leurs positions.
Elles ont en outre remarqué que les éléments de la
M.I.N.U.A.R. fournissent au F.P.R. une assistance
technique
pour
11occupation
de
certains
points
stratégiques.
C'est ainsi que, en date du 10 avril
1994, un véhicule armé de la M.I.N.U.A.R. a tiré sur
les véhicules de l'armée rwandaise qui, pourtant,
évacuaient des personnes fuyant les massacres du
F.P.R.
Une haute .personnalité de la M.I.N.U.A.R. a
reconnu la matérialité
de ces faits.
De tels
agissements ne peuvent qu'hypothéquer la crédibilité
du Général Roméo DALLAIRE qui n'a jamais pris des
mesures concrètes pour condamner ces actes commis par
le F.P.R., aidé en cela par certains éléments de la
M.I.N.U.A.R.

9)

Les résultats des enquêtes que la M.I.N.U.A.R. devait
mener au sujet de plusieurs massacres perpétrés par
le F.P.R., notamment dans les régions de KlRAMBO, de
MUTURA, de KINIHIRA
(assassinat du Directeur de
l'Usine à thé CYOHOHA-RUKERI) et de TASA (attentat à
la grenade contre les écoliers), résultats maintes
fois promis par le Général DALLAIRE n'ont toujours
pas été publiés, ce qui a profondément déçu la
population rwandaise.
Ceci démontre encore une fois
llincompétence du Général Roméo DALLAIRE et justifie
aussi
qu'il
soit
immédiatement
relevé
de
ses
fonctions à la tête des forces de la M.I.N.U.A.R.

10)

Par ailleurs, il faudrait constater avec regret que
certains militaires belges de la M.I.N.U.A.R. ont
détruit les infrastructures de développement du pays
sans qu'une certaine condamnation soit faite par le
commandant en chef, le Général Roméo DALLAIRE.

Au regard de tous ces faits, le Gouvernement de la
République Rwandaise demande avec insistance au secrétaire
Général de l'Organisation des Nations Unies de bien vouloir
relever le Général de Brigade Roméo DALLAIRE du commandement de

K0161.301
150
la nouvelle Mission des Nations Unies pour l'Assistance au
Rwanda et de confier ce commandement à une autre personnalité,
neutre et apte à faire respecter
les règlements
de la
M.I.N.U.A.R. conformément aux missions qui lui sont confiées.
Le gouvernement de la République Rwandaise voudrait par
ailleurs attirer l'attention du secrétaire Général sur le fait
que
certains
fonctionnaires
de
la
M.I.N.U.A.R.
et
particulièrement Monsieur Abdul KABIA se sont transformés en
porte-parole du F.P.R. et ce, en violation de la neutralité de
la M.I.N.U.A.R.
Il serait donc judicieux de relever également
ces
fonctionnaires
de
leurs
fonctions
au
sein
de
la
M. l .N .U .A.R. ,
afin
de
présenter
à
l r avenir
une
bonne
collaboration
entre
celle-ci
et
le
gouvernement
de
la
République Rwandaise."
Toujours dans le même ordre d'idée, le gouvernement de la
République Rwandaise a adressé en date du 01 juin 1994 au
Président du Conseil de Sécurité des Nations Unies la note
n0210j03.00jCABjAP qui était articulé sur les principaux points
suivants:
1)

Le gouvernement rwandais s'est réjouit du renforcement de
la Mission des Nations Unies pour 11Assistance au Rwanda
(M.l .N .U .A.R. ) et Ir élargissement de sa mission par la
résolution 918 du 17 mai 1994.
Le gouvernement rwandais
regrette cependant, que le F.P.R. obstinément engagé dans
sa logique de guerre grâce au soutien massif de l'Ouganda
continue à violer le point 1, A du dispositif de la
résolution précitée.
En décidant de continuer sa guerre
d'agression contre le Rwanda par le F.P.R. interposé,
l 1 Ouganda
empêche
le déploiement
de
la M.I.N.U.A.R.
renforcée et 11extension de sa mission.
Le gouvernement
rwandais voudrait dès lors lancer un appel pressant au
Conseil de Sécurité des Nations Unies pour qu'il prenne
des mesures pour faire cesser les hostilités et obliger
l'Ouganda à retirer ses hommes et ses armes mis à la
disposition du F.P.R. Le gouvernement rwandais estime par
ailleurs que la plainte contre 1 t agression de l'Ouganda
déposée le 16 mai 1994 doit être examiné dans les
meilleurs délais afin de ramener la paix au Rwanda et
éviter la conflagration dans la sous-région.

2)

Compte tenu du fait que le F.P.R. sIest oshstinément
refusé à tout dialogue
avec
le gouvernement
de la
République
Rwandaise
en vue de l'établissement
d'un
cessez-le-feu et la résolution des problèmes politiques
qui se posent, le Conseil de Sécurité devrait envisager
entre autre de mettre en place une force dlinterposition
capable d'obliger les parties à cesser les combats.

3}

Le gouvernement rwandais réitère sa position à ce qui
concerne l'embargo voté contre le Rwanda alors que l'autre

it ,-.., "1"
!\;J1f~~
\. .

,',

151
partie en conflit garde toutes ses possibilités de se
procurer sans entraves des armes et mêmes des troupes
auprès de ses alliés, complices dans l'agression contre le
Rwanda.
Le gouvernement rwandais estime que 11embargo
imposé au Rwanda encourage l'agresseur à rechercher une
victoire militaire,
donc à redoubler
l'intensité des
hostilités et à accroître la souffrance de la population.
C'est ce qui est arrivé au Rwanda depuis l'adoption de la
résolution 918
(1994).
Il s'avère dès lors urgent
d'imposer l'embargo plutôt à l'agresseur qulà l'agressé.
Celui-ci doit jouir par contre, de son droit de légitime
défense conformément à l'article 51 de la Charte des
Nations Unies.
4)

Le gouvernement rwandais renouvelle enfin sa demande de
voir la Mission d'Observation des Nations Unies sur la
frontière ougando-rwandaise (MONDOR) renforcée en nombre
et moyen logistique afin de lui permettre de mieux remplir
la tâche qui lui a été assignée."

Toujours dans le cadre de la part de la communauté
internationale en général et de la M.I.N.U.A.R. en particulier,
dans la tragédie rwandaise, l'on doit révéler que par sa lettre
n013/FC du 2 mai 1994, le Général Roméo DALLAIRE avait demandé
au gouvernement rwandais de lui faire des. suggestion pour la
mise sur pied d'une commission internationale d'enquête sur
l'attentat contre l'avion du Président Juvénal HABYARlMANA
survenu le 06 avril 1994.
Par sa lettre n0014/02. 3 du 7 mai
1994, le gouvernement rwandais avait bel et bien indiqué
qu'elle devait être dlaprès lui, la composition de cette
commission dlenquête, laquelle n t a pas vu le j our ou ne le
verra peut-être jamais.
Pour étayer mes propos
correspondances.

je reproduis

in extenso

ces deux

Kigali, le 2 mai 1994
N°013/FC

Monsieur le Premier Ministre
du Gouvernement Rwandais
Objet: Enquête internationale
Excellence,
Dans
le cadre
dlune enquête
internationale
relative à l'accident ou l'attentat de 11avion présidentiel
survenu le 06 avril
dernier, j 1 ai l'honneur de vous informer
que la M.I.N.U.A.R. est disposée à mettre en oeuvre une

"~O·'"
!.;.

-v \

';r)
K '_. 11 6'l'ln3
~),) .

152
commission d'enquête.
Aussi je vous demande de bien vouloir m'informer
sur les pays que vous souhaitez voir figurer dans la commission
ainsi que les modalités éventuelles.
Je vous
rappelle
que
l'accès
au
lieu de
l'accident a toujours été interdit à la M.I.N.U.A.R. par
l'Armée Rwandaise entraînant ainsi un retard dans ce volet.
Dans l'attente d'une réponse urgente de votre
part, je vous prie d'agréer, Excellence i 1 texpression de ma
très haute considération.
SignéRoméo A.DALLAIRE
Major Général
Commandant de la Force
La rép':onsedu Premier
était formulée comme suit:

Ministre

du gouvernement

rwandais

Kigali, le 07 mai 1994
N°014/02.3
Général Major Roméo DALLAIRE
Commandant de la Mission des Nations Unies
pour llAssistance au Rwanda (M.I.N.U.A.R.)
KIGALI
Objet: Votre lettre n0013/FC
Mon Général,
En zëponee à votre lettre du 02 mai 1994, je
vous fais parvenir aes informations que vous avez demandées
concernant 'La composition de la commission internationale sur
l'attentat mortel petpétré contre llavion présidentiel en date
du 06 avril 1994 à 1 Aéroport International Grégoire KAYIBANDA
de Kigali.
Référence
faite
à
11annexe
13
à
la
convention
de
Chica~o
relative
à
l'aviation
civile
internationale signée a Chicago, le 7 décembre 1944,..ladite
commi.ae
i.on s!3rait,composée par les représentants des Etats et
organ1smes C1-apres:
..
1)
La France comme êj.ant à la fois l'Etat constructeur de
Itappareil et l'Etat d'origine des victimes.
Il est
prop,?sé. que
la France
assure
la présidence
de
la
comm1SS1on;
_
2)
Le Rwanda comme étant à la fois l'Etat d'occurrence de
11accident, l'Etat dont l'aéronef po~tait la nationalité
et
l'immatriculation
et
enfin
l'Etat
dlorigine
des
victimes;
...
3}
Le Burundi, Etat d'origine des victimes;
4)
La Tanzanie, Etat dans lequel a eu lieu la préparation et
le déroulement d'une grande partie du vol, et qui , à ce
titre est susceptible de fournir des renseignements utiles
à ce vol;
5)
L'a.N.U. dont les forces militaires (M.I.N.U.A.R.) étaient
chargées de la sécurité de l'aéroport;
6)
L'organisation
de
l'aviation
civile
internationale
(a.A.C.I.) qui est compétente en la matière et @i
à ce
titre chod s Lz'ad.t; les experts et les moyens logistiques

K0161304
153
nécessaires
l'accident.

à

l'analyse

de

certains

paramètres

de

Au moment où je vous adresse la présente
j'expr Ime ma
satisfaction d'apprendre que la M.I.N.U.A.R. a accédé au lieu
de l'accident.
1

Veuillez ag;réer,
haute considérat10n.

Mon

Général,

l'expression

de

ma

très

Signé Le Premier Ministre
Jean KAMBANDA
C.P.I :
Son Excellence Monsieur le Président
de la République Rwandaise
Monsieur le Représentant Spécial du
Secrétaire Géneral des Nat10ns Unies
~onsieur le Ministre des Affaires
Etrangères et de la Coopération Internationale
Ainsi malgré toutes ces sollicitations de la part du
gouvernement rwandais pour que la communauté internationale
s'investisse
résolument
dans
la recherche
d'une
solution
équitable dans la crise rwandaise, celle-ci brillera par son
parti pris pro-F. P .R., lequel aboutira aux conséquences que
l'on sait aujourd' hui.
Mais en réalité, même si l'on doit
penser que le monde ne Si attendait pas â une catastrophe de
l'ampleur de celle 'qui s'est abattue sur le Rwanda, 'les
informations à ma disposition montrent
à quel point cet
Il apocalypse " était
plutôt programmé et connu d'avance.
En effet dans tous les rapports sur le drame rwandais, le
chiffre de "cinq cent mille à huit cent mille de tués" revient
tout le temps comme par hasard.
Mais nulle part, il n t es t;
signalé de méthode de recensement ou d'évaluation qui aurait
permis aux experts d'avancer un tel chiffre et de surcroît
dlen déterminer la fraction qui revient aux victimes Hutu et
aux victimes Tutsi.
Même les experts â "carte de visite digne
de foi Il ne nous disent pas comment ils sont parvenus à avancer
ce chiffre.
Il y a eu plusieurs morts au Rwanda certes. Mais
comment des expertises internationales peuvent-elles avancer
des
chiffres
sans
même
donner
quelques
indications
qui
pourraient montrer que leur évaluation procède d1une quelconque
méthodologie objective.
1

1

Tous ces experts internationaux sont arrivés après les
événements.
Mêmes ceux des O.N.G. qui prétendent donner des
informations de terrain ne peuvent en aucun cas attester
qu 1 elles étaient là, avec le temps et les moyens de faire un
recensement immédiat et exhaustif des morts.
Qui plus est,
elles n'auraient pas pu distinguer avec acerbité si tel cadavre
est Hutu ou Tutsi.
C'est dans ce contexte que certains ont pu
se voir reprocher de faire de ilIa publicité du génocide des
Tutsi avec les crânes des Hutu Il •
Et tout compte fait, aucun
d'entre eux n'a pu présenter la méthode par laquelle il
distingue dans un charnier exhumé "1es restes d'un Tutsi de
ceux d i un Hut.uv.

154
Ce chiffre de cinq cent mille existe déjà en janvier 1994,
dans un rapport de la C.I.A. qui faisait des projections dans
une simulation de situations prévisibles compte tenu de l'état
des lieux qui sloffrait à l'observation en ce début de l'année
1994.
Ce rapport annonçait que le pire des scénarios serait
une polarisation ethnique extrême du conflit qui dégénérerait
en une confrontation entre Hutu et Tutsi et ferait jusqu'à cinq
cent mille morts.
CIest apparemment ce chiffre qui a été
repris par tous les experts sans autre évaluation, puisque tous
2
agissaient dans le contexte du pire des scénarios ?!
Par ailleurs dans une conversation que j 1 ai eue avec le
Général Roméo DALLAIRE au plus fort de la guerre sur comment il
voyait sa mission en cette période plutôt très troublée, il m'a
confié ceci:
"Quand j'ai été présenté pour être commandant en chef de
la M.I.N.U.A.R., on m'a fait comprendre que j'allais
entreprendre
une des missions
les plus
faciles que
l'O.N.U. ait jamais eue à mener.
D'après ces experts de
l'O.N.U., au Rwanda il n'y avait aucun problème, le8 gens
parlent la même langue, ont la même culture, etc. Même le
problème
ethnique
dont
on
parle
en
Afrique
n'est
qu apparent Il
.
l

Mais une mise en garde lui a été cependant faite: s'il
parvenait à s'entendre avec les Tutsi, sa mission serait
d'office une réussite alors qu'une brouille avec ce groupe
ethnique pourrait compromettre sa mission.
Par contre avec les
Hutu, il n'y aura jamais de problème, d'après ces experts, dans
la mesure où il s'agit d'un peuple docile plutôt naif qui
niosera jamais le regarder droit dans les yeux.
CI est donc
ainsi que ces "connaisseurs" du Rwanda avaient assuré au
Général DALLAIRE, qu'avec une force de seulement 250 hommes, il
remplirait sans faille "sa rru.as i.onv .
On retrouvera plus tard
ce chiffre quand il s'agira du retrait de la M.I.N.U.A.R. au
début des hostilités. Il semble que les 3500 hommes que
comptait
la M.I.N.U.A.R.
I étaient
considérés
comme
en
surnombre.
VIII.?2.
VIII. 7.2.1.

Pourquoi le Rwanda?
Les raisons économiques

Jusqu'à date, la littérature officielle présente le Rwanda
comme un pays extrêmement pauvre sans ressources naturelles.
Pourtant les récentes investigations que j'ai personnellement
effectuées m'ont permis de découvrir que notre pays, le Rwanda,
regorge de richesses insoupçonnées jusqu'à présent qui font
qu'il
soit
l!un des pays
les plus
convoités
au monde
27

La Voix du Réfugié Rwandais: Bulletin
et de liaison n0005 avril 1996.

dl information

K0161306
155
aujourd'hui.
Il s'agit des minerais rares tel que
naturel, l'or, le Beryllium (Be), le Cobalt, etc.
1.

, le gaz

Du Gaz méthane du lac Kivu

Tous les écoliers du Rwanda ont appris et apprennent même
aujourd'hui,
du moins
je
l'espèrel
dans
leur
leçon de
Géographie, qu'il Y a du gaz méthane dans le lac Kivu.
Ce
qu'on ne leur dit pas c'est la quantité
la provenance et les
différentes utilisations possible de ce gaz.
si on nous
11avait dit, probablement qu t on aurait compris le pourquoi de
1

notre calvaire.
C'est par l'entretien que j'ai eu avec un ingénieur
géologue Zairois qui a requis l'anonymat pour des ra~sons
évidentes de sécurité que j'ai compris ce que la communauté
internationale en générale et en particulier certains pays tels
que les U.S.A., la Belgique, l'Allemagne, la France 1 la Grande
Bretagne, le Japon, le Canada et j'en passel recherchaient au
tour et dans le lac Kivu.
Cet ingénieur a fait son mémoire de fin dl études sur 1.§.
Gaz méthane du lac Kivu dans les années 1970 en Allemagne.
La
documentation lui a été fournie par un institut allemand et un
centre de recherche géologique américpin.
D'après ce monsieur,
le gaz méthane du lac Kivu serait d'une qualité exceptionnelle
de par ses origines.
LIon se rappellera que le lac Kivu est l'un des lacs les
plus profonds au monde et que par conséquent son gaz traverse
une couche d'eau de près de 1500m qui le filtre naturellement.
Ce gaz serait aujourd'hui très recherché pour les expériences
en cours dans le monde au niveau de l'aéronautique et de
l'industrie spatiale.
En effet,
l'on sait que pour le
transport aérien pour un poids utile d'une unité, il faut
aujourd'hui près de deux unités de combustibles, or avec le gaz
méthane
comprimé,
cette proportion
serait
très
fortement
réduite. Ainsi
ai-je
appris
que
les
expériences
sont
actuellement
en cours pour
que la future génération
de
transporteurs aériens utilise non pas la Kérosène comme
c'est le cas aujourd'hui, mais
le gaz méthane
comprimé,
l'expérience ayant été concluante, comme chacun le sait, pour
les véhicules.

K016i307
156
J'ai personnellement assisté à l'expulsion à RONGO, tout près
de BUKAVU, dlune O.N .G. qui se présentait sous la bannière dtun
autre pays alors qu t elle était en réalité américaine.
Il lui
était reproché de ne pas s'occuper de la distribution d'eau aux
réfugiés comme le prévoyait son contrat, mais de passer son temps
à pomper le gaz du lac Kivu pour, on ne sait de quelle
destination; c'était vers la fin des années 1994. Ce cas est bien
entendu à rapprocher aux recherches en cours sur l'utilisation du
gaz méthane et sur la qualité de celui qu'on trouve dans le lac
Kivu.
Par ailleurs, ce géologue dont il est question plus haut m'a
affirmé qu'il avait la certitude que le gaz méthane du lac Kivu
provenait du pétrole dont regorgerait ce lac et que ce gaz était
pratiquement inépuisable, plus on l'exploiterait, dtaprès lui,
plus on en aurait.
Je n'ai pas réussi à vérifier cette
information, le seul recoupement que j'ai pu faire étant le fait
qu'il existerait du pétrole également dans le lac Tanganyika. Les
deux lacs étant en communication via la Rusizi, delà à conclure
qu 1 une partie du pétrole du lac Kivu se déverserait dans le lac
Tanganyika à travers la Rusizi, il n'y avait qu'un pas que je n'ai
pas françhi faute de plus d'informations.
2.

2B

De l'Or dans la région des grand lacs

:

Il n'est un secret pour personne que c'est sur le plateau de
tout l'Est du Zaïre où l'on trouve les plus importants gisements
d'or de ce pays. En effet, de Lubumbashi à Kalemi dans le Shaba,
à Bunia dans le Haut Zaïre, en passant par Kamituga dans le SudKivu et Kilo-Moto et Watsa au Nord-Kivu, il existe d'importantes
quantités dox en exploitation ou pas selon les cas.
L'on sait
également que de l'autre côté de la frontière zaïroise en Ouganda,
on y exploite également de l'or.
La question qu'il faudrait se
poser est de savoir si, géologiquement parlant, il est possible
qu'il n' y ait pas dtor au Rwanda pendant qu'on en trouve au Zaïre
et en Ouganda.
Par
ailleurs,
nous
savons
que
l'or
est
exploité
artisanalement dans la fôret de Nyungwe, sur la Crête Zaïre-Nil,
du côté de Kibuye
et même dans les hautes montagnes du nord, du
côté de Byumba (Miyove).
Même si je ne suis pas à même d'en
déterminer la réserve existante, je peux néanmoins affirmeR que
c'est depuis des décennies qu'on en exploite et que jusqu'à date,
on nIa jamais parlé d'épuisement.
28

Voir
Lacs.

l'annexe

CG :

La

carte

de

l'Afrique

des

Grands

1\0161508

157
3.

Du Beryllium en Afrique orientale et Centrale

De nos jour, le Beryllium est un métal très recherché surtout
pour sa haute température de fusion qui approche les 1285°C.
Aussi est-il très utilisé dans les applications aérospatiales,
nucléaires, non seulement pour cette haute température de fusion,
mais aussi pour sa densité très basse. L'isotope du Beryllium est
très instable et produit instantanément deux particules ct qui
libèrent d'énormes quantités d'énergies.
La réaction nucléaire peut s'écrire comme suit: ...
On utilise également le Beryllium pour des applications de rayonX, "in special Camera shutter for laboratoryll mais aussi pour des
recherches militaires.
Le beryllium est extrêmement toxique. On
trouve les minerais de Beryllium en Afrique Centrale et Orientale
(Zaïre, Rwanda, Burundi et Tanzanie) mais aussi en Amérique latine
(Brésil et Argentine) .
llBeryllium is a very light and a non-ductile metal which is
mostly used to strengthen copper. Beryllium Bronze (1.75% - 2.5%
beryllium and up to 0.5% cobalt, the balance being copper) Ls
commonly in use. After a precipitation hardened treatement, it
attains good tensile strength. It is particularly suitable for
manufacture of tools where non-sparking properties are required
(hammers hacksaw blades in gas, explosives industries) because of
the manufacture of springs and for diaphragms and tubes of
pressure
recording
instruments.
Beryllium
oxide
is a very
expensive ceramic and belongs to the high-temperature refractory
materials. Nowadays, there is a great interest in beryllium
especially because of its using in the pure form. Tt has a very
high melting point (1285° C), and therefore can be used over a
wide range of temperature (i.e . as electrodes and targets for
cyclotrons) .
Since Beryllium has a low density, its application in
aerospace industries is of greater interest
(i.e. jet-engine
turbine parts). The low neutron absorption property of Beryllium
makes it a good material for nuclear engineering.
Beryllium does not significantly impede the passage of neutrons.
The Beryllium isotope,?Be, is unstable and breaks up immediately
to produce two ct - particles of considerable kinetic energies.
This isotope can be formed when a fast-moving proton enters the
lithium meleus.
The nuclear reaction can be so writen:? Li +? H

? Be

?He

+
?He it is transparent to x-rays, Beryllium is used for X-ray
Since
windows. It has also found limited use as neutron source. rts low
inertia has led to use in special camera shutters for laboratory

KO'61309
158
and military purposes. The mineraI Beryl, the significant source
of Beryllium
is notably
found
in Central
Africa
(Zaïre,
Rwanda,Burundi, Tanzania) and South America ( Brazil, Argentina).
Beryllium is extremely taxie.
Voilà donc exposées les différentes utilisations possibles du
Beryl, dont nous savons qu t on exploite au Rwanda depuis des
années, et dont on a pris soins de nous cacher 11 importance
notamment du point de vue militaire.
4.

Y a-t-il du Cobalt au Rwanda?

I1Cobalt (Co) is chiefly used in permanent magnets because of
its strong ferromagnetic properties, in high-speed steel and in
nuclear teehnology. It is also used as the binding matrix in
cermets (carbides, oxides,borides). Cobalt is chemically very
similar to nickel. The world's supply of cobalt is mined in Zaïre
whilst significant amounts are produced in Morocco, Zambia and
Canada.
In August 1996, a Canadian m~n~ng company has
greatest Nickel-Cobalt. mines in Kagera region
between Tanzania, Burundi and Rwanda.
The sarne
placed among the top ten goldmines in the world

prospected the
on the bolder
region is also
in per tonnage

yield29•
In super high-speed steels, cobalt gives a useful increase in
red-hardness by promoting extreme sluggishness in transformation.
The main function of Cobalt seems to be in producing more sites
for the nucleation of (Ti, Al, Mo) Ni3 preeipitates.
These steels
combine considerable thoughness with high strength in the heattreated condition.
Among the uses of these steels are aerospace
components such as rocket-motor, flexible drive and shafts for
helicopters, pressure vessels barrels for rapid-firing guns,
extrusion
rams
and
cold-forming
dies,
etc.
The
Cobalt
isotope,?Co, is used in the treatment of tumors into which seeds
of the isotope can be planted.
It is also used as a powerful 1ray emitter in the radiography of metals.
When ?Co is bombarded
with slow-moving, neutrons in a nuclear reactor
the radioactive
isotope ?Co is formed and then
undergoes decay. ?co+?n
?CO
?Ni+?e{?-particule)+?-rays.
The half-life of ?Co is 5.3 year.
bomb is made of cobalt.

29

The new generation of atomic

KITHAMA Joseph;
Special correspondent
in The East
Afriean no0086, Company to evict 7,000 illegal miners.

K01613l0
159

VIII.7.2.2.

Les raisons stratégiques

L'intérêt des U.S.A. pour l'Afrique en général et le Rwanda
en particulier surprit même les observateurs les plus attentifs de
l'évolution politique et économique de notre continent. Mais que
cherchent. donc les américains au Rwanda?
C'est surtout durant la
tragédie d'avril à juillet 1994, qu'on a senti s'exercer la
pression des américains sur le gouvernement rwandais d'alors.
Outre leur rôle avec le gouvernement belge, désormais connu de
tout le monde, pour que 1IO.N.U. n'intervienne pas pour arrêter la
guerre, ils sont à l'origine de Itembargo militaire que cette
organisation qu 1 ils dominent, a décrété contre l'agressé pendant
que l'agresseur se faisait approvisionner en hommes, armes et
munitions par ses sponsors interposés, comme l'ouganda.
Les premiers contacts que j'ai personnellement eu avec des
individus se présentant comme des américains datent de novembre
1994, c'est-à-dire quelques mois après le début de notre exil. Un
groupe d'hommes travaillant pour une soi-disante compagnie opérant
à partir du Canada avait pris cQntact avec l'Ambassadeur du Rwanda
au Canada, le Docteur
SEGASAYO MAZIMPAKA Maximin, homme que je
connaît très bien, pour avoir été mon Directeur Général pendant
près de cinq ans, quand j'étais cadre à la Caisse Hypothécaire du
Rwanda de janvier 1985 à avril 1989.
Ces nhommes" ont demandé au Docteur Segasayo de les mettre en·
contact avec les responsables des réfugiés.
Ne pouvant pas me
contacter personnellement, il s'adressa à certains de ses amis
déj à installés à l'époque à Nairobi au Kenya, dont son ami de
longue date, le Docteur MUHAMYANKAKA BAMBANZA Damien. D'après mes
informations, au lieu de chercher à me contacter, ce groupe de
Nairobi s'est mis à constituer en toute hâte une organisation
dénommée A.R.E.N.A. ( Alliance pour la Renaissance Nationale du
Rwanda) appelée, dlaprès eux, à représenter les réfugiés.
Ils
étaient, et sont encore au moment où j'écris, moins de dix
personnes,
tous plutôt
des
copains.
Ils
se sont alors
autoproposés comme les représentants des réfugiés que devait
rencontrer ce groupe dl "hommes
Ceux-ci leur feront clairement
comprendre que ce n'est pas à eux qu'ils souhaitent dialoguer mais
aux vrais représentants des réfugiés tels que, 11ex- chef du
gouvernement, l'ex-commandant des F.A.R., etc.
Il •

Ma première rencontre avec le Docteur MUHAMYANKAKA date du 16
novembre 1994 à Goma au Centre d'Accueil Protestant (C.A.P.), où
il m'exposa en grandes lignes ses contacts avec ce groupe
d 111 hommes "
tout à m'invitant à composer, d'ores et déjà, la
délégation qui devait se rendre aux U.S.A. pour les rencontrer.
Sans dire non, je lui montrai déjà mes réserves face à ce projet,

K016î3i

1

160

compte tenu de l'attitude du gouvernement des U.S.A. durant la
tragédie rwandaise.
Quelques semaines plus tard, ce groupe de
Nairobi louait déjà un avion pour venir me rencontrer à Bukavu
d'où je devais partir immédiatement pour les rejoindre au Kenya.
De nouveau, refus de ma part, dans la mesure où ils ne me
montraient aucun document qui attestait effectivement ce contact
avec ces "hommes" en question, documents qui ne me seront livrés
qu1au début du mois de décembre 1994.
De quoi s'agissait-il?

Il Y avait deux types de dossiers:

Le premier concernait la mort du Président HABYARlMANA avec
l'implication de certains gouvernements
occidentaux.
pour
des raisons de sécurité, j 1 ai pris la décision de ne pas
l'exposer ici.
Le deuxième dossier était en rapport avec la vision politique
des américains du problème rwandais.
Dans ce document on accuse les anciens colonisateurs d'être à
l'origine de la tragédie en Afrique en général et bien entendu
particulièrement au Rwanda et dans la Région des grands lacs. On
montre que seul un pays, comme les. U.S .A. qui n'ont jamais
colonisé, peut nous sortir de l'impasse.
Au passage, on fait
remarquer que d'après leurs investigations, le régime du F.P.R.
n'est pas stabilisable ni à court, moyen ou long terme, raison
pour laquelle ils ont décidé de dialoguer avec les réfugiés Hutu
pour construire ensemble l'avenir du Rwanda.
Mais comme ils ont
eux-mêmes des intérêts à défendre dans la région, cette rencontre
entre
Il leur
compagnie Il ,
comme
ils
se présentent,
et
les
représentants des réfugiés s'avère plus qu'urgente.
Ce n'est donc qu'au vu de ces documents que j'ai enfin
accepté le principe de cette rencontre avec la compagnie.
Je me
mis très vite à composer la délégation qui sera finalement la
suivante:
Jean KAMBANDA, Premier Ministre, Chef de la délégation,
Jérôme BICAMUMPAKA, Ministre des Affaires Étrangères et
de la Coopération Internationale, membre,
Général de Brigade, Gratien KABILIGI, commandant en
second des F.A.R., membre,
Docteur Damien MUHAMYANKAKA de l'A.R.E.N.A., membre,
Samuel SINAYIGAYE de lIA.R.E.N.A., membre.
Cette équipe sera présentée au président de la République
Rwandaise en exil en date du 20 décembre 1994 lors d1une réunion
extraordinaire du Conseil des Ministres au cours de laquelle
j'aurais l'occasion d'exPoser, sans trop de détails, l'objet de
notre mission.
Finalement, le voyage débutera le mercredi 21
décembre 1994 à Bukavu avec un passage à Kinshasa pour arriver à

K0161312

161
Nairobi le 23 décembre 1994. Il faut noter que contrairement à ce
qui se dira plus tard, il n'y a pas eu une volonté de diviser
l'armée en incluant dans la délégation le Général de Brigade
Gratien KABILIGI, commandant en second des F.A.R. / en lieu et
place du Général Major Augustin BIZlMUNGU, commandant des F.A.R.
En effet, celui-ci se trouvait au moment du départ dans une
autre mission à Lomé au Togo et il a par ailleurs été avisé par
moi-même au téléphone na (228) -223-005/4
et a donné son plein
accord pour qu'il soit remplacé par son second, ce qu'il trouvait
d'ailleurs normal.
Aussitôt arrivés à Nairobi, déjà le 23 décembre 1994, nous
introduisîmes
une
demande
de
visa
pour
les
U.S .A.
sur
recommandation
de
nos
interlocuteurs.
Des
conversations
téléphoniques
que nous avons eues avec eux/il nous a été
recommandé de nous rencontrer non point aux U.S.A. mais au
Mexique.
Une demande de visa fut introduite dans ce sens le 09
janvier 1995 au près de l'Ambassade du Mexique au Kenya.
Mais
finalement on fixera le rendez-vous en Jamaïque.
Nous partîmes tous les cinq pour ce pays en date du 12
janvier 1995 par British Airways.
Arrivés à .Londres, nous fûmes
un tout peti t peu interrogés sur l'objet de notre voyage en
Jamaïque dans la mesure où nous n'avions ni visa de transit pour
la Grande Bretagne ni visa d'entrée en Jamaïque.
Mais finalement
nous pûmes poursuivre notre voyage jusqu 1 à Kingstone en passant
par Montego Bay.
Apparemment nous avions été signalés aux
autorités aéroportuaire de Kingstone, puisqu'arrivés là-bas, on ne
dégna même pas nous écouter.
Il fut
tout simplement décidé de
nous réexpédier sur Londres.
De retour à Londres, c'est-à-dire le 14 janvier 1995, les
choses se passèrent mieux que nous ne pouvions le craindre.
On
procéda bien évidemment aux interrogatoires de routine, mais sans
réellement de bru talité, on nous logea ensuite à Il Hôtel Fort
Crest, avant de nous expulser le lendemain le 15 janvier 1995 sur
Nairobi, que nous atteindrons le 16 janvier 1995 vers neuf heures
locales.
voilà donc la péripétie de notre fameux voyage qui a
fait couler beaucoup d'encre et surtout pas mal de salives.
De retour à Nairobi,
nous
reprîmes
contact
avec nos
interlocuteurs de la "compagnieU
quJ. nous affirmèrent qu'ils
avaient fait le déplacement de la Jamaïque mais qu'ils ont refusés
de se montrer quand nous avons eu des difficultés pour tout
simplement raison de sécurité.
C'est donc après que le contact
physique échoua qu'ils nous proposèrent de conclure nos contrats
par fax et par téléphone.

K ~1,\..'

,

1

1

l:..

~.I

1 :>7. •1 ..J7.

162
VI l 1. 7 . 2 . 2 . 1.

Intérêts américains au Rwanda

Dans le contrat que nous avons négocié et conclu avec le
groupe qui nous a affirmé qu'il représentait
les intérêts
américains et plus particulièrement la C.I.A (Central Intelligence
Agency),
il nous
a été demandé
d'accepter
d'accorder
aux
américains les cinq éléments qui suivent en échange du retour des
Hutu au Rwanda et pouvoir:
;.
1)

Un terrain de 50 km::!dans 11ancien Parc National
de
lrAkagera: Les négociations furent assez rudes sur ce point,
la"compagnie " souhaitant un contrat illimité alors que de
notre côté il fallait nous donner la possibilité de le
renégocier.
Il fut finalement décidé de commun accord, que
la concession de ce terrain serait dtune durée de cinquuante
ans au maximum, suivi éventuellement d'une renégociation.
Il faut noter que durant cette période, ce terrain sera
considéré comme territoire américain, ce qui signifie en
clair que le gouvernement rwandais n 'aura aucun droit de
regard
sur
ce
qui
s'y
ferrait.
Par
contre,
complémentairement à cette concession, nous devions nous
engager
à
faciliter
aux
ressortissants
américains
nen
mission 11accès à ce territoire.
ll

2)

Un aéroport dans le Bugesera:
Dtaprès ce que m'a déclaré en
juillet 1995, Monsieur Bonaventure HAB lMANA r ex-Secrétaire
Général du M.R.N.D., encore parti-État, véritable numéro deux
en fait du régime HABYAR lMANA , d'après lui donc, les U.S.A.
avaient par le passé, du temps du Président KAYIBANDA,
demandé un aéroport soit dans le Bugesera, soit à Save dans
la commune Shyanda à Butare.
Le Président KAYIBANDA avait
alors répondu par le négatif sur recommandation de la
Belgique, pour raison de souveraineté nationale.
Mais le Président
KAYIBANDA,
toujours dt après Monsieur
HABlMANA, avait mis en garde les générations futures: Il Si
jamais vous n 'avez plus le soutien de la Belgique et du
Vatican, il vous faudra céder à la demande des américains et
leur
accorder
ce
qu'ils
réclament."
Il
semble
malheureusement évident que ce sage conseil du Président
KAYIBANDA
nIa
jamais
été
communiqué
aux
différents
responsables du pays qui se sont succédés à la tête de l'État
après lui, puisque même cette révélation ne me fut faite qu'à
ma demande, et après que la catastrophe se soit déjà abattue
sur le Rwanda.
La question que lIon doit se poser à ce niveau est de savoir
si le régime HABYARlMANA pouvait encore compter sur le
soutien de la Belgique et du Vatican.

Ktl'll7..14
'.

'-,1

\

()

••)

163
Concernant l'attitude de la Belgique envers le gouvernement
du président HABYARlMANA, il faut se reporter au chapitre sur
"Les massacres et les larrons" là où j 1 ai eu l 1 occasion
d'exposer le point de vue de Maître Johan SCHEERS quand il a
été approché par le Président HABYARlMANA pour "servir
dl intermédiaire entre lui et le F.P.R. et entre lui et les
belges pour essayer se reblanchir son image Il
.
Par ailleurs je me rappelle très bien qu'après sa prise du
pouvoir 1973, le Président HABYARlMANA a visité un certain
nombre de pays occidentaux dont la France et la Belgique. De
retour de ce dernier pays, il a déclaré sur les ondes de
Radio Rwanda ce qui suit: Il Même les pays comme la Belgique
qui n'avaient pas compris le bien fondé de notre action dans
la nuit du 5 Juillet 1973, ont, grâce à cette tournée mieux
saisi le pourquoi de notre intervention n. cela démontre si
besoin en est, que déjà dès 1973, le Président HABYARlMANA ne
bénéficiait pas des faveurs des autorités belges et qu'il en
était lui-même conscient.
Au sujet de l'Église catholique, elle qui était considérée à
tord ou à raison, comme étant très proche des régimes
républicains qui se sont succédés au Rwanda depuis janvier
1961, son attitude a été jugée des plus équivoques surtout
entre avril et juillet 1994 et même après la prise du pouvoir
par le F.P.R.
Je me souviens avoir personnellement eu dans
mes mains une lettre écrite au pape par Monseigneur Thaddée
NSENGlYUMVA,
en
tant
que
président
de
la Conférence
Épiscopale du Rwanda, ça devait être fin mai début juin 1994,
c'est-à-dire quelques jours seulement avant la prise de
Kabgayi par le F.P.R.
Dans cette lettre, Monseigneur Thaddée NSENGIYUMVA demandait
expressément au pape de décréter que la cité de Kabgayi qui
hébergeait les déplacés aussi bien Hutu que Tutsi et qui
n 'avait pas connu les violences ethniques qu Ion retrouvait
partout au Rwanda, que cette cité devait donc être déclarée
nzone neutre". D'après cette lettre, le Pape devait demander
à la communauté internationale de faire pression sur les deux
belligérants pour qu'il respecte cette neutralité de la cité
de Kabgayi.
Je sais par ailleurs que les ËSvêques et tous les religieux
réfugiés à Kabgayi ont mis foi dans cette lettre et ont par
conséquent refusé de se mettre à l'abri quand le F.P.R.
menaçait d'y entrer.
La suite on la connaît, trois évêques
dont l'auteur de cette lettre et de nombreux prêtres et
religieux seront assassinés en juin 1994 par le F.P.R.
sur le
u
site même que le Pape se devait de déclarer nneutre •
Jamais
on entendra parler de cette lettre, de même qu 1 il n'y aura
pratiquement pas de protestations de la part du Vatican sur

164
cette ignoble assassinat.
Par contre on entendra à maintes reprise sur la radio
vatican,
la Radio
officielle
de
l'Église
catholique,
des
déclarations tendant à vanter les mérites du F.P .R., pourtant
connu pour son anti-christianisme
en général
et son anticatholicisme en particulier,
suit écrite en août 1994 par une
Par ailleurs la lettre qui réfugiés à Goma au Zaïre en dit
trentaine de prêtres alors entre
le vatican
et l'Église
long sur les relations
catholique du Rwanda.
LETTRE DES PRÊTRES DES DIOCESE DU RWANDA RÉFUGIÉS À GOMA
ADRESSÉE AU TRÈS SAINT PÈRE, le PAPE JEAN PAUL II

(ZAIRE)

Très Saint père,
Qu'il nous soit permis de vous mettre au
courant de la situation de désolation actuelle des diocèses du
Rwanda suite à la guerre déclenchée par F.p,R,-Inkotanyi.
Vous le savez sans doute et vous avez
suivi de près avec autant de sollicitude paternelle et pastorale
les douleurs et la détresse du peuple rwandais, depuis le premier
octobre 1990.
Les événements se sont succédés rapidement depuis
la chute de Kigali, Butare, Gitarama, Ruhengeri et Gisenyi, toutes
tombées aux mains du F.P.R., après trois mois de combats acharnés
des deux côtés.
Cette guerre a fait beaucoup de victimes
innocentes dont notre président de la République, nos Excellences
MGR Vincent
Nsengiyumva,
Archevêque
de Kigali, MGR
Joseph
Ruzindana, Évêque de Byumba, MGR Thaddée Nsengiyumva, Évêque de
Kabgayi, et de nombreux prêtres, religieux et religieuses et
ouvriers apostoliques, en plus de plus d1un million de rwandais.
Tout se passe comme s 'il s'agissait d'un complot international
bien calculé. Nous sommes étonnés de constater que la communauté
internationale, voire même l'humanité toute entière, sIest laissée
et se laisse encore tromper par la campagne hélas malicieuse et
mensongère du F.P.R. Ce dernier se dit sauveur du peuple mais les
faits montrent le contraire. Devant un sauveur on accoure et lIon
se précipite; devant le F.P.R. tout le monde sten fuit. Toute la
population rwandaise est entrain de se vider, mais à part
certaines personnes qui ont été contraintes souvent malgré elles
de rester, sans lendemain assuré. Voilà le respect des droits de
Ilhomme chantés par le F.P.R. La population a craint de retomber
dans l'esclavage d'avant les années 1959.

K1 f)lb'17)'b:1
l,.



165
Les témoignages sur la vie des prêtres,
religieux et religieuses encerclés dans les mailles serrés du
F.P.R. sont tous concordants: ils sont obligés de vivre comme dans
des camps de "concentrationtl sans pouvoir se parler, ni satisfaire
aux obligations de vie religieuse et communautaire.
Ils vivent
sous la dictée du F.P.R.
Ils ont été obligés d1abandonner leurs
couvents et presbytères et doivent exécuter les injonctions du
F.P.R.
Très saint père,
Nous déplorons le fait que certains
de nos confrères se sont égarés et laissés tromper par les menées
fallacieuses de la propagande de la politique partisane.
Même à
leur insu ou à dessein, certains milieux du Vatican ont cautionné
par leurs attitudes, leurs appuis et leurs déclarations, la
politique du mensonge du F.P.R.
LIÉvêque de Ruhengeri a eu
IIoccasion de le souligner et de le montrer clairement à votre
envoyé spéciale, son Éminence le Cardinal Etchegaray, de passage à
Gisenyi, le 26 juin 1994. Il était avec les prêtres rescapés des
massacres de Kabgayi, de Nyundo, Byumba et Ruhengeri.
Tout le monde le sait, sauf qui ne
veut pas le voir ou comprendre, les massacres qui ont eu lieu au
Rwanda sont le résultat de la provocation et du harcèlement du
peuple rwandais par le F.P.R. Parler de génocide en insinuant que
se sont les seuls Hutu qui ont tué les Tutsi, Cl est méconnaître
que Hutu et Tutsi ont été tous les bourreaux les uns des autres.
Nous osons même affirmer que le nombre de Hutu civils tués par
llarmée du F.P.R. dépasse de loin les Tutsi victimes des troubles
ethniques.
C'est pourquoi une réconciliation est nécessaire à
tous les deux. Un Tribunal International qui viendrait pour juger
les seuls Hutu, comme on semble le concevoir aujourd'hui,
empêcherait justement cette réconciliation incontournable pour
tout le peuple rwandais où qu'il se trouve.
Or, il est à
regretter que ceux qui sont à l'origine de ces atrocités et
abominations
dont
souffre
la
nation
rwandaise
se
posent
actuellement en juges incontestés et innocents.
NIeût été le
déclenchement de cette guerre absurde, le peuple rwandais serait
dans la paix.
Aussi
longtemps que la minorité
accaparera tous les droits, que l'on s'occupera des seuls Tutsi,
que l'on écoutera un seul groupe ethnique, que Iton appuiera sur
une minorité dominante, on aura rien résolu du drame rwandais, on
aura rien fait pour la paix au Rwanda.
Les Européens et les
Américains se laissent prendre par les apparences; ils étouffent
la voix du bon sens et laissent le pays aux extrémistes de tout
bord.
Agir ainsi, soutenir un gouvernement établi sur des bases
non démocratiques et dont certains membres sont des malfaiteurs et

'K 1) l 6. 1 7:J •1 ..,
t

!

'"

.

166
criminels bien connus, c'est continuer à propager le bain de sang
à 11ensemble du pays.
Tout le monde le sait, la plupart des
autorités établies actuellement
à Kigali ont été longtemps
décriées par la population jusque dans leur propre parti qui les
ont expulsés de leurs membres; certains ont détournés les fonds
publics, d'autres se sont distingués par leurs massacres et
cynisme aussi bien en ouganda qu'au Rwanda tout en cumulant les
hautes
responsabilités:
ce
qu'ils
reprochaient
à
leurs
prédécesseurs
assassinés;
et nous en passons.
Écraser la
majorité, Cl est nier le principe de toute démocratie et c'est
attiser la haine entre les différents groupes.
Pour tout homme intelligent et de bonne
foi, comment interpréter que toute une armée, tout un peuple,
s'exilent devant un bienfaiteur ! l !
Les organisateurs de ce
complot
font
honte
à
l'humanité
toute
entière
et,
plus
particulièrement,
à leurs propres nations bien
connues des
Rwandais.
Le programme d'extermination du peuple rwandais n'est
pas d'aujourdlhui: les propagandes des méthodes de limitation des
naissances par l'utilisation des moyens contre nature de toute
sorte, la propagation du S.I.D.A., l'appui à la prolifération des
sectes, etc.
Très Saint Père,
Tout ce complot préparé depuis longtemps
n'a pas épargné l'Église Catholique du Rwanda: outre les massacres
de nombreux pasteurs et leurs ouailles, beaucoup dl institutions
ecclésiastiques ont été la cible de choix des malfaiteurs des deux
côtés, mais spécialement du F.P.R. Des Églises, des couvents, des
presbytères, de petits et grands séminaires, des écoles, des
hôpitaux, des dispensaires et d1autres oeuvres médico-sociales et
caritatives ont été détruites depuis le début de la guerre.
Ce
vaste mouvement anti-catholique a été nourri malheureusement par
certains
prêtres
qui
ont
participé
activement
aux menées
subversives du F.P.R. Ainsi, il Y en a eu qui a été musulman ou
qui a participé aux entraînements militaires du F.P.R. jusqu'à
faire creuser les fosses communes financées par le F.P.R.: nous
avons des cas concrets à Ruhango et à Gatagara.
Dès lors, on ne
sera pas étonné par l'attitude des consacrés qui ont tiré sur la
population à partir des Églises, des caches d'armes dans des
couvents, des presbytères et des sacristies l
Ce qui explique en
partie le courroux du peuple, y compris ceux qui comptaient parmi
nos meilleurs chrétiens. Le plus navrant c'est que parmi ceux qui
ont survécu à la vengeance populaire il Y en a qui continuent
d'exercer le ministère sous les ordres des dirigeants du F.P.R.,
alors que le gros de la population rwandaise se trouve en Tanzanie
et au Zaï.re.
Ainsi,
la
plus
grande
partie
des
diocèses de Kigali, Kabgayi, Nyundo Ruhengeri, Butare et Cyangugu
l

Kr'
1 'lJ \1 Pu
'"J ' f~
\",..

167
a trouvé asile au Zaï.re tandis que les survivants de Byumba et
Kibungo sont exilés en Tanzanie.
Dans ce long exode inconnu de
l'humanité, beaucoup trouvent la mort.
Ici à Goma, on dénombre
chaque jour plus d'un millier de morts victimes de l'épuisement,
de la faim , du choléra et de la dysenterie bacillaire.
Il va
sans dire que les pasteurs
(prêtres, religieux, religieuses,
catéchistes et autres ouvriers apostoliques) ont suivi leurs
ouailles dans leur pérégrination et exode. Depuis le 13 et le 14
juillet, nouS sommes hôtes de l'Évêque de Goma, son Excellence MGR
Faustin NGABU: qu 'il trouve ici notre profonde gratitude.
Il a
donné abri à plus de 30 prêtres et 65 grands séminaristes exilés
et rescapés des diocèses de Ruhengeri, Kigali, Kabgayi, Nyundo,
Byumba ainsi qu 1 à un bon nombre de religieux et religieuses et
leurs parents.
L'Église soeur de Goma n'épargne rien pour
secourir, de concert avec d'autres organismes internationaux,
autour de 3.000.000 de Rwandais en fuite. Il est regrettable que
les médias internationaux vendus à la cause du F.P.R. minimise la
catastrophe en fournissant des chiffres qui ne correspondent pas à
la réalité afin de cacher leur honte et leur responsabilité.
Encore un autre mensonge du F.P.R. dans sa campagne médiatique.
Tellement la cruauté a été poussée
à son paroxysme jusqu'à faire croire qu'une machette, pour couper
le bois, une hache pour le fendre, une houe et une pioche pour
labourer la terre ont été considérées comme des armes qu'il
fallait laisser à la frontière avant de passer au Zaïre. N'étaitce pas un moyen dlassassiner par la faim ceux qui pouvaient se
procurer de la nourriture?
pourtant personne ne parle des armes
à feu, des bombes, de l'embargo imposé à ceux qui devaient se
défendre.
Personne ne parle des listes établis par le F.P.R. et
qui circulent sur les barrières internes du Rwanda: elles portent
les noms des personnes à liquider lorsqu 1 ils oseront rentrer au
pays. Personne ne dit mot au sujet de ceux qui ont pu rentrer et
qui ont été sauvagement massacrés.
Ces atrocités ont continué même à
présent: nous avons en effet, assisté, impuissants, le 17 juillet
1994, aux bombardements par le F.P.R. de la population fugitive à
la frontière rwando-zairoise et même jusque dans leur refuge dans
la ville de Goma.
C'est ainsi qu'un d'entre nouS, l'Abbé Jérôme
Sembagare Y a trouvé la mort à cause d'une bombe tombée près des
magasins de la Caritas du Diocèse de Goma où se trouvaient
plusieurs réfugiés rwandais.
Cinquante et une personnes Y ont
péri, victimes innocentes dlune guerre absurde.
NouS apprenons
que même à Kigali règne l'insécurité la plus totale et que les
droits fondamentauX ont disparu.
Comment comprendre que 1IO.N.U.
et la communauté internationale passent une éponge sur de tels
actes?
si les allégations du F.P .R. qui ne fait que crier
génocide à tort et à travers étaient justes, comment justifier par
exemple que les prêtres, les religieux, les religieuses et les
grands séminaristes du Diocèse de Ruhengeri et appartenant aux

168
deux ethnies étaient toujours en vie et exerçaient toujours leur
activité apostolique jusqu'au 10 juillet 1994?
Et pourtant c'est
un Diocèse qu'on étiquette de "Hutull.
Tout le monde le sait, le F.P .R.
vise en premier les intellectuels jusqu'aux personnes qui savent à
peine lire et écrire. Sur son passage il n'y a que destruction et
extermination.
L'expérience des gens de la zone appelé n tampon
il Y a quelques mois, emp~che la population à retourner chez soi.
Les exactions et les horreurs infligées à la population restent
toujours vivantes
dans l'esprit de la grande majorité des
rwandais.
Nous apprenons aussi que les biens immeubles des
fugitifs sont distribués aux conquérants.
Il

Enfin, nous ne manquerons pas de
rappeler la responsabilité de nombreux missionnaires dans cette
gUE'7rre. Leur départ volontaire ou obligé par leurs supérieurs
maJeurs, ainsi que leur absence d'auprès leurs ouailles en
difficultés, a fortement compromis l'oeuvre d'évangélisation au
Rwanda. Ils ont cédé à la fausse propagande de l'agresseur. Leur
mission et crédibilité sont désormais mise en cause auprès du
peuple rwandais.
Nous remercions et louons la bravoure de
quelques prêtres et religieuses qui ont continué à être auprès des
Rwandais dans leurs souffrances injustes; seul le Seigneur peut
leur donner la récompense qu'ils méritent.
Pour terminer,
laissez-nous vous
exposer notre dénuement en tout.
Dans la précipitation de la
fuite nous avons tout laissé: effets personnels, objets de culte,
livres,nourriture, etc. Nous voulons assister et être auprès
de
nos ouailles pour
les encadrer spirituellement.
Une aide
matérielle possible urgente et concrète s'avère aussi pour nous
nécessaire.
Nous voudrions rentrer chez nous
avec toute notre population, mais aux conditions suivantes:
Que la sécurité
soit assurée pour
tous
organisation internationale; la M.I.N.U.A.R.
pas suffisamment rassurante.

par 1 une
II n est

Que toute la population puisse rentrer dans ses biens
et ses terres en toute liberté et tranquillité; et gue
le F.P .R. cesse de peupler Kigali avec les éléments
étrangers à cette ville.
Qu'il abandonne sa politique
de grouper les personnes restées dans le pays comme
dans des Il camps de concentrationn:
nous savons qu 1 il a
toujours agi ainsi afin de les massacrer plus aisément
à la moindre occasion et sous ni importe quel prétexte.
Qulon cesse de parler de Tribunal

International où les

K0161320

169

criminels risquent d'être en même temps les accusateurs
et les juges.
Qu'un Référendum soit organisé pour tous les Rwandais,
où qu'ils se trouvent, endéans deux mois et sous la
supervision de la communauté internationale; et que
tous les partis politiques présents dans le pays
participent à ces élections sans exclusion aucune.
Que les Forces Armées Rwandaises fassent
partie de
l'armée nationale comme stipulé dans les Accords
d'Arusha et continuent leur mission de veiller à
l'intégrité du territoire national.
Que les Confessions religieuses et autres religions
puissent exercer librement selon les lois du pays et
leur organisation propre.
Toujours touchés par votre
habituelle sollicitude pour l'Église et particulièrementpour ceux
qui souffrent l'injustice et la persécution, nous sommes heureux
de vous exprimer notre profonde gratitude pour vos conseils
judicieux et encourageants et, vous demandons votre bénédiction
paternelle.
Fait à Goma, le 02 août 1994
Les prêtres diocésains du Rwanda
Réfugiés à Goma - Zaire
Abbé Nahimana Daniel
Diocèse de Kabgayi
signé
Abbé Gasirabo Emmanuel
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Habimana Balthazar
Diocèse de Nyundo
signé
Abbé Bukubiyeko Juvénal
Diocèse de Kigali
signé
Abbé Sibomana Valens
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Twagiramungu Bernardin
Diocèse de Kabgayi signé
Abbé HABYARIMANA Simon
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Nzitabakuze André
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Twagirayezu Urbain
Diocèse de Nyundo
signé
Abbé Gasimba Cyprien
Diocèse de Nyundo
signé
Abbé Zirarushya Léopold
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Duhilimana Placide
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Habiyambere P.ClaverDiocèse de Ruhengerisigné
Abbé Nturo Mathias
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Barugahare Vincent
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Ndibeshye Jean
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Ntakarakorwa Pierre Senior Diocèse de Ruhengeri
signé
Abbé TwagiramunguValens
Diocèse de Kigali
signé
Abbé Ntakarakorwa Pierre Junior Diocèse de Ruhengeri
signé
Abbé Kagabo Boniface
Diocèse de Ruhengerisigné
Abbé Kanyarwanda Raphael
Diocèse de Ruhengerisigné

170
Abbé
Abbé
Abbé
Abbé
Abbé
Abbé
Abbé
Abbé

Rwamayanja Jean Baptiste
Ngerero Silas
Munyeshyaka wenceslas
Nsengiyumva Juvénal
Sentarure Edouard
Twagirayezu Thaddée
Ntamugabumwe J. Baptiste
Ntihabose J. Berchmans

Diocèse
Diocèse
Diocèse
Diocèse
Diocèse
Diocèse
Diocèse
Diocèse

de
de
de
de
de
de
de
de

Ruhengerisigné
Kabgayi
signé
Kigali
signé
Ruhengerisigné
Byumba
signé
Ruhengerisigné
Nyundo
signé
Nyundo
signé

C'est donc dans un tel contexte que nous avons dû accepter de
concéder aux américains un aéroport dans le Bugesera.
Et dans
tous les cas , il faut avouer qu'aucun choix ne nous avait été
laissé dans la mesure où on nous avait déclaré qu' Il avec ou sans
nous ils auraient ce qu'ils souhaitent. Que l'on s'en souvienne.
Il

3)

L'exclusivité des entreprises américaines dans la prospection
et l'exploitation des minerais au Rwanda ainsi gye dans la
fourniture
des
équipements
informatiques
et
de
télécommunication.
Je ne reviendrai pas sous ce chapitre sur l'existence dans
notre pays de minerais rares surtout.
Qu'une telle demande
soit le plus officiellement du monde formulée, ne fait que
renforcer la conviction que j'ai déjà exprimée sur les
immenses richesses minières dont regorge le Rwanda.
En ce
qui
concerne
1 exclusivité
dans
l'informatique
et
la
télécommunication 1 on comprendra mieux son importance quand
on abordera la demande suivante qui concerne précisément la
surveillance de certains pays au tours du Rwanda
tâche non
réalisable sans un contrôle effectif des télécommunications
et des industries de pointe comme l'informatique.
f

1

4)

Faciliter la mission de surveillance de certains pays:
Bien entendu pour des raisons de aéour-Lt.é , j 1 éviterai de
citer ces pays même si effectivement leur liste nous a été
communiquée.
On nous a signifié que les agents en mission
vers ou en provenance de ces pays devaient bénéficier de
toutes les facilités d'entrée ou de sortie du territoire
rwandais sans contrôle.
En acceptant une telle demande, nous étions conscients de ce
qu'elle
représentait
pour
la déstabilisation
des pays
voisins, mais en réalité, pouvions-nous refuser dans la
mesure où on nous avait dit qu'avec ou sans nous ils
obtiendraient tout ce qu'ils veulent?
Par ailleurs tout le
monde ne nous avait-il pas abandonné?
Que ne pouvions-nous
pas donner pour réhabiliter notre peuple blessé dans son for
intérieur, pour qu'il puisse retrouver sa dignité?

K0161322

171

Nous avons, il faut 11 avouer, eu un problème de conscience.
Faut-il rappeler qu'au sein de l'équipe qui a négocié il y
avait eu un léger changement par le remplacement de Monsieur
Samuel SINAYIGAYE, jugé trop bavard, par Monsieur Callixte
..., considéré comme plus discret, et ceci dès notre retour
de Londres.
5)

Collaboration
étroite
à
tous
les
niveaux
l'administration américaine et notre administration.

entre

Il s'agit d'une formule assez diplomatique pour signifier
qu'on acceptait d'être recolonisé, mais en réalité nous
l'avions très bien comprise.
C'est par cette demande que
nous avons enfin compris ce qui s'était passé et pourquoi
nous avions été réduits à l'état où nous étions. Nous avons
saisi ce qui était en cours de réalisation au Rwanda,
pourquoi dès la prise du pouvoir par le F.P .R., les U.S .A.
avaient dépêché autant de soldats pour installer les nouveaux
maîtres et empêcher que les Il génocidaires Il n'y reviennent
plus jamais.
Enfin, il est devenu plus clair pour nous en
quoi consistait les lIfournitures médicales" au Rwanda par le
Ministère américain de la Défense, sorte de paradoxe en fait
pour les non initiés.
Toutes ces demandes au petit Rwanda dépassent de loin tout ce
dont on pouvait s'attendre de la part d'une si grande puissance.
Mais que pouvions-nous ou qu'avons-nous demandé pour accepter
d'accéder à toutes ces sollicitudes?
VIII.7.2.2.2.

offres américaines aux Hutu

L'hypothèse de travail de cette Il
compagnie 11 était basée sur
deux changements majeurs qui devaient intervenir ou étaient déjà
intervenus dans 11administration américaine.
D'une part, les
républicains venaient de gagner la majorité aussi bien au sénat
que dans la Chambre des Représentants.
D'autre part, d'après eux,
il était prévisible que ce serait plus que probable que ce soit un
président républicain qui soit élu en 1996, or toujours dtaprès
eux, les Républicains sont plus disposés que les Démocrates à
soutenir les actions envisagées.
Dominant le Parlement et
l'Administration, ils seraient plus à l'aise pour nous accorder ce
que nous avions à réclamer.
Mais qu'avons-nous donc réclamé?
1)
Le retour au pouvoir des Hutu:
Conscients du fait que le pouvoir du F.P.R. n'était comme on
lIa vu plus haut, stabilisable ni à court ni à moyen ou long
terme, celui-ci ne pouvait par conséquent pas garantir les
intérêts qu'ils recherchaient dans la région, et dont on

172
comprend mieux la portée à ce niveau de la réflexion.
Les américains semblaient donc naturellement bien disposés à
ramener
les
Hutu
au
pouvoir
parce
que
selon
toute
vraisemblance,
avec
eux,
la stabilité
était
quasiment
assurée.
Restée la question épineuse de savoir comment
conduire cette opération, d'une part, face à un régime fort
militairement
et soutenu
activement
par
la communauté
internationale, et d1autre part, face aux réfugiés Hutu
diabolisés sans distinction par cette dernière.
La première opération devait donc consister à redonner une
peau neuve aux réfugiés par la création d'un organisation
politique nouvelle dans laquelle n'apparaîtrait en principe

pas touS ceuX qui sont dans le collimateur de la communauté
internationale qui les accuse d1être des IIgénocidaires".
Je suis convaincu que le R.D.R. siest voulu être une telle
organisation avec cependant une erreur qui lui sera fatale;
celui dlavoir été en fait créée justement par les F .A.R.,
elles qui sont sensées avoir été l'instrument, dlaprès nos
détracteurs, qui a servi à perpétré le génocide.
J'y
reviendrai plus loin.
Des suggestions de texte à inclure dans la déclaration
fondamentale de ce nouveau parti politique des Hutu nous ont
même été livrées clé en main.
J1ai retenu notamment que le
nouveau parti politique se devait de fustiger les pratiques
néocoloniales
des puissances
occidentales
qui
se sont

partagées

l'Afrique

en ~895 à Berlin,

bien répéter le F.P.R.
Par ailleurs, les suggestions

qui

formule que sait si

suivent

nouS

ont

été

proposées pour être incluses dans la déclaration fondamentale
de ce nouveau parti politique:
la mise en place dlune commission vérité sur ce qui
s'est passé au Rwanda depuis 1990, qui ressemble comme
deux
gout tes
dleau
à
la
Il commis sion
véri té
et
réconciliationl1 de l'Afrique du Sud post apartheid;
la tenue d1une conférence internationale sur le Rwanda;
la mise
sur pied
dlun
conseil national
sur
la
réconciliation;
la mise
sur pied

d'un

conseil

national

sur

la

démocratisation, etc.
Dans ce cadre, les futurs responsables du Rwanda libéré se
devaient
de
ne
pas
apparaître
dans
les
opérations
d'intimidation des réfugiés visant à les empêcher de rentrer
au Rwanda, opérations qui sont désapprouvées par toute la
communauté internationale, même si pour les américains, le

KOl61324

173

retour des réfugiés au Rwanda ne servait pas à ce moment leur
cause.
Il nous avait été dit que les services secrets français et
belges avaient mis sur pied pour le compte du gouvernement du
F.P.R. un système de tri des réfugiés appelé ItScreening"
visant à en éliminer l'élite au moment du retour. Le nouveau
parti
politique
devait
utiliser
dans
ces
opérations
d'intimidation des réfugiés, recommandées, comme on vient de
le voir, par les américains, d'autre groupes beaucoup moins
visibles par la communauté internationale.
La prise du pouvoir par les Hutu était programmée pour être
une combinaison de deux opérations, à savoir, un Coup d'État
militaire suivi dans la confusion par une invasion du Rwanda
par les F.A.R.
Le Coup d'État devait être réalisé à Kigali à une date
convenue par des mercenaires infiltrés dans la capitale
rwandaise surtout par l'intermédiaire de certaines O.N .G.
déjà en place au Rwanda.
Ce Coup d'État devait être suivi
dans les 24 heures par l'attaque du Rwanda par les F.A.R. à
partir de la région.du Nord-Kivu et si nécessaire par le SudKivu.
Le matériel militaire nécessaire à cette opération
devait être fournie aux F.A.R. par la "compagnie" juste avant
le déclenchement de l'opération de Coup d'État à Kigali.
Tout ceci ntétait bien entendu réalisable que moyennant
l'accord et l'implication des autorités zairoises et on nous
avez assuré qu'il y avait une offre intéressante quton leur
ferrait et qu'elles ne pouvaient refuser.
Jusqu'à la prise
de Kigali par les Hutu, nos relations avec lait compagnie"
devaient rester très secrètes.
Une
fois
déclaration
nouvelles
médiatique
dirigeants,

le Coup
d'État
réalisé,
devait suivre
une
du gouvernement
amer1cain
reconnaissant
les
autorités
de
Kigali
et
une
vaste
campagne
d'explication et dlllangélisationtl
des nouveaux
juste comme on l'avait fait pour le F.P.R.

Pourquoi cette opération qui devait apporter le salut au
peuple rwandais a échoué?
Pour moi il y a deux raisons,
l'une
interne
aux
réfugiés,
l'autre
externe
lié
à
ltenvironnement extérieur.
i) La mésentente entre les intérlocuteurs:
Il me semble que les promoteurs du R.D.R. se sont précipités
dans l'exploitation, ne serait-ce que d'une partie des
informations
alors à notre
disposition,
ce qui a pu
apparaître à nos interlocuteurs comme une source de division

K0161325

174
au sein du groupe avec qui ils étaient en contact.
En effet, alors que lors de notre dernier contact en mars
1995, ils nous avez informés que d'après eux, l'opération
devait avoir lieu vers la mi-mai, compte tenu des difficultés
de dernières minutes liées notamment au refus du gouvernement
zaïrois de nous laisser utiliser son territoire comme basearrière, la réunion de création du R.D.R. fut déjà convoquée
le 23 mars 1995 par le Général-Major Augustin BIZIMtJNGU,
celui-là même
qui devait
servir
de
fer de
lance à
l'opération, c'est-à-dire le Chef d'Etat-Major des F.A.R.
J'ai eu l'impression que le Responsable militaire membre de
notre délégation, le Général de Brigade Gratien KABILIGI,
siest entendu avec le Commandant des F.A.R. pour qu'il se
positionnent seuls en nous évinçant, en mettant notamment nos
interlocuteurs devant un fait accompli.
Sinon comment
pourrait-on expliquer leur précipitation dans la mise sur
pied d'un nouveau parti politique juste dans la ligne des
recommandations
de la Itcompagniell; mis à part l'erreur
signalé plus haut?
Par ailleurs, des nombreux contacts que j'ai eus avec ces
deux chefs militaires après la création du R.D.R. pour tenter
d'aplanir le différend, il m'a été tout simplement dit
Ittwarabatanze nta kindi. n
Ce qui signifie qu 1 ils nous ont
devancé point et c'est tout.
Aussi, le type d'organisation qu'ils ont mis sur pied,
notamment avec le comité dit secret présidé par le chef
d'État-Major en personne reflette-t-il cette volonté des deux
chefs mil~taires d'avoir la main mise sur le R.D.R.
Ainsi,
la création de celui-ci a-t-il privé
la Il
compagnie Il
d'interlocuteur dans la mesure où le R.D.R. n'avait aucun
contact avec eux. Nous avons, quant à nous, essayé de
maintenir nos relations tout en minimisant nos divergences
alors qu'en réalité elles éclataient au grand jour, à travers
notamment, les déclarations tonitruantes des porte- paroles
du R.D.R. qui affirmaient haut et fort qu'il étaient les
seuls représentants lIattitrés"des réfugiés.
ii) Le manque de soutien du gouvernement MOBUTU à la cause des
Hutu
En ce qui concerne la cause externe qui a fait échouer notre
opération de prise de pouvoir à Kigali, elle est liée à
l'attitude du gouvernement zaïrois en général et du Président
MOBUTU en particulier envers la question du retour des
réfugiés au Rwanda.
Pour moi, ceux-ci devaient servir de fonds de commerce à ce
dernier, qu'il devait utiliser pour se faire une bonne image

KOl61326
175
à l'extérieur, il ne pouvait donc pas être question de s'en

débarrasser tant que cet objectif n'était pas atteint. Aussi
aurait-il refusé toutes les offres que lui a faites la
"compagnie", du moins si l!on en croît les déclarations
qu'ils nous ont faites. Il faut ajouter à ce point de vue la
méfiance, légitime par ailleurs, que pouvait avoir le Chef de
l'État zairois sur les intentions réelles des américains visà-vis du Zaire en général et de son Président en particulier.
2)

Faire du Rwanda un pôle de développement de la sous-région.
En plus du retour des Hutu au pouvoir à Kigali, nous avons
négocié et obtenu que le Rwanda devienne grâce aux
investissements des américains un pôle de développement de la
sous-région d'Afrique Orientale et Centrale à l'instar des
"sept dragons" de l'Asie du Sud-Est.
Notre demande visait surtout les industrie de pointe telle
que l'informatique, les télécommunications, l'électronique,
etc. De telles industries devaient, d'après nous, permettre
la créat ion de nombreux emplois au Rwanda, de même qu 1 une
formation technique accrue du peuple rwandais, au prix bien
entendu que l'on connait.
VIII. 8.

LA DÉFAITE

DE L'ARMÉE

RWANDAISE

D'aucun affirment sans preuves, que l'embargo militaire à
l'encontre du gouvernement rwandais, décrété par le Conseil de
Sécurité de l'O.N.U. le 17 mai 1994, comme on l'a vu, serait la
principale cause de la défaite des F.A.R.
Pourtant, une analyse
approfondie de cette défaite montre que 11 embargo militaire n'a
joué qu'un rôle mineur dans cette défaite par rapport aux causes
principales que nous avons relevé et qui sont de trois ordres:
les causes de la politique intérieure
les causes humaines
les causes de la politique internationale
VIII.a.l. Les causes de la politique intérieure
La perspective de la mise en application des Accords de Paix
d'Arusha, notamment son chapitre sur le partage du pouvoir au sein
des forces armées, a exacerbé les clivages politiques au sein des
Rwandais de l'intérieur du pays.
Cl est un fait connu
que dans
l'entourage du Président, un groupe restreint et tout puissant,
surtout pour s'enrichir, a discriminé les rwandais sur base de
leur appartenance régionale, et a développé un système basé sur la
famille de sang ou d'alliance avec le Président.

Kn~;.:.1~?7
tt .......•! v ~ :....•......

176
Cette discrimination a fortement touché les ressortissants du
Centre et du Sud du pays, mais a également progressivement touché
les ressortissants du Nord considérés comme non fidèles au
système.
Alors qu'au sein des Forces Armées Rwandaises, les
proches du Président de la République étaient généralement à des
fonctions de bureau, qui seules procuraient honneur et avantages
matériels, à la veille de la mise en application des Accords
d1Arusha, cette situation devait subitement changée.
Comme lesdits accords prévoyaient entre autres la réduction
des effectifs au sein des forces armées tant au niveau du
commandement que de la troupe pour laisser la place aux éléments
issus du F.P.R., llentourage du Président s'organisa pour ne pas
laisser leurs proches alliés touchés par cette mesure.
Ainsi du
jour au lendemain, les bureaucrates n'ayant jamais connu la guerre
, qui durait pourtant depuis près de quatre ans, se se vus confiés
les commandements des secteurs militaires.
Même au sein des hommes de troupe, les proches du Président
sont retirés des unités appelés à disparaître, telle que la Garde
Présidentielle, pour être affectés dans des unités combattantes,
les seules à avoir été sélectionnées pour entrer dans la
translation en cours de préparation.
Le régionalisme aidant, ce seront surtout les gens issus des
régions du Sud et Centre du pays qui seront programmés pour être
démobilisés, tout grade confondu, alors que justement ils sont les
seuls à avoir acquis llexpérience des combats pour avoir fait la
guerre.
Pour ce faire, les postes de bureau et autres fonctions
auxiliaires au sein des forces armées, qui hier encore, leur
étaient fermées, leur seront confiés après la signatures des
Accords
de Paix d'Arusha,
en attendant
leur démobilisation
effective.
Ce seront donc, surtout ces militaires
démotivés,
ces
bureaucrates sans expérience des combats, plus bourgeois que
militaires, qui devront affronter les troupes bien aguerries du
F.P.R., à la reprise des hostilités après l'attentat du 06 avril
1994 contre L' avion du Président Juvénal HABYARIMANA.
On les
verra effectuer des opération dites de repli avant tout contact
avec
l'ennemi,
laissant
derrière
eux
des
quantites
impressionnantes de munitions, d'armes et d'autres provisions en
toute nature allant des médicaments aux aliments sans oublier des
moyens de déplacement.
Le secteur militaire du MUTARA se rendra
tristement le plus célèbre dans cette accélération de la défaite
des F.A.R.
Toujours au niveau des causes de la politique intérieure
ayant influé sur la défaite des F.A.R., en rapport avec la
signature des Accords de Paix cl' Arusha, il y a lieu de signaler

K0161328

177
l'obligation leur imposée de consigner toutes leurs armes alors
que, selon toute vraisemblance, cette mesure ne touchait pas les
combattants du F.P.R.
En effet les Accords de paix d'Arusha prévoyaient qu'avant la
fusion des armées, il serait procédé à l'inventaire des armes et
munitions de chaque côté, lesquelles devaient préalablement être
consignées en des endroits contrôlés par la M.I.N.U.A.R.
L'on se
souviendra que certains soldats belges assassinés le 07 avril 1994
étaient notamment affectés à cette tâche à 11 intérieur du Camp
Kigali.
Compte tenu du climat de méfiance qui régnait déjà avant la
reprise
des
hostilités
entre
les
F.A.R.
et
lIA.P.R.,
le
commandement des F.A.R. décida de soustraire clandestinement
certaines armes et munitions au contrôle de la M.I.N.U.A.R. et de
les stocker en des endroits qu'elles contrôlent elles-mêmes.
Du fait que selon toute probabilité, toute reprise des
hostilités devait logiquement partir du Nord du pays où le F.P.R.
avait son quartier général et que par ailleurs le parc national de
l'Akagera offrait beaucoup de sécurité pour y cacher ces armes, il
fut décidé que ce .serait au Mutara où seraient entreposés les plus
gros lots d'armes et munitions soustraites du contrôle de la
M.I.N.U.A.R.

Mes investigations m'ont
permis de découvrir qu'il y avait
également un important cache d'armes dans la forêt de Gishwati et
même quelque part dans un des pays voisins du Rwanda.
LIon
comprendra donc le préjudice que subira l'armée rwandaise suite à
la débandade du secteur militaire du Mutara, comme on l'a décrit
ci-dessus.
La troisième cause de la politique intérieure ayant influé,
probablement de façon déterminante, sur la défaite des F.A.R. au
cours de la guerre dite d'avril 1994 est liée à la nature du
gouvernement
issu du protocole
d'entente
entre
les partis
politiques signé le 07 avril 1992. Cette cause est avec Itembargo
militaire dont on a déjà parlé et sur lequel on reviendra plus
loin, la plus souvent avancée par les militaires.
Sans en
minimiser
11 importance, je crois quant à moi qu'elle ne peut à
elle seule expliquer la déroute des F.A.R. en ce début juillet de
1994.

En effet, ce protocole d'entente entre les partis politiques
M.R.N.D.; M.D.R., P.S.D., P.D.C. et P.L. appelés à participer au
gouvernement de transition et signé le 07 avril 1992 a sonné le
glas de la cohésion au sein des forces armées
rwandaises
considérées, à tort, par les partis politiques de l'opposition à
cette époque, comme étant au service du seul Président HABYARlMANA
et non de la nation entière.

178
Ainsi verra-t-on apparaître au sein de cette armée, à partir
de la mise en place déjà du premier gouvernement de transition de
ce protocole d'entente, des tendances partisanes encouragées et
entretenues par des différents courants politiques.
Alors que,
comme au sein de la population, l'armée se divise en pro et antiHABYARlMANA dans un premier temps, sous un parfum à peine voilé de
régionalisme, avec ce que Monsieur Alain de BROWER appellera "le
Coup d'État au sein du M.D.R."3o dont nous avons déjà parlé,
l'armée se divise, tout comme son peuple en ceux qui sont pour ou
contre le F.P.R. suivant bien entendu en cela la tendance
désormais ayant pignon sur rue au sein du gouvernement.
À partir de ce moment, les choses vont s'accélérer.
On verra
des chefs militaires signer en toute hâte et sans nécessairement
l'accord de leur hiérarchie ou tout au moins un certain consensus
au sein de l'armée, ces chefs signeront donc ou avaliseront les
protocoles sur la fusion des armées , accepteront l'entrée dans
Kigali d'un bataillon de 600 hommes du F.P.R"
feront des
déclarations publiques qui accentueront le fossé idéologique entre
les deux groupes.
Bien qu 1 il ne soit pas établi que le F.P.R.
n'ait pas déjà infiltré les F.A.R. bien avant l'attaque du premier
octobre 1990 mais ce qui est certain c'est à cette époque que les
infiltrés deviennent de plus en actifs: ils transmettent au F.P.R.
tous les détails sur les réunions d'État-Major des F.A.R.,
assistent eux-mêmes à celles du F.P.R., lui envoient copies des
messages radios, etc.

Au niveau du gouvernement,
ils vont plus loin puisque
certains ministres dénigrent publiquement
les F.A.R. en les
invitant à se préparer à redevenir paysans et se moquent d'eux en
leur assurant que les houes sont déjà disponibles pour qu'ils
commencent le labour des marais. Un des ministres de l'opposition
se permettra même en toute impunité de rejeter tout seul, la
commande de matériel militaire pour la défense de la nation sous
prétexte qu'on ne se battra plus après la signature des Accords de
Paix d'Arusha, alors que le F.P.R. préparait tranquillement sa
guerre au vu et au su de tout le monde. Ce n'est certainement pas
un hasard s'il sera le seul ex-ministre des gouvernements issus du
protocole d r entente entre les partis politiques qu'on retrouvera
plus tard dans le gouvernement mis en place par le F.P.R. après sa
victoire militaire.
Enfin, les nominations et promotions partisanes opérées par
le gouvernement intérimaire au sein des F .A.R. ont accéléré la
déroute de celles- ci en exacerbant les clivages régionaux dtune
30

De BROUWER Alain, in IILaLibre Belgiquell du 2 septembre
1993 sous le titre
Un putsch au M.D.R. menace la paix
au Rwanda".
Il

179
part et les conflits de génération d'autre part.
En effet, alors
que dans une structure aussi hiérarchisée! certains disent même
Il féodale Il ,
comme l'armée 1 les promotions
se font quasiment
automatiquement en fonction de l'ancienneté, on assistera à une
lutte sans merci pour les promotions à la mort du Chef d'ÉtatMajor de l'armée.
Alors qulon nous aurait
toujours fait
comprendre, sauf cas de force majeure, qu'en cas de vacance de
poste, la promotion se fait au sein des armées d'apès un principe
simple selon lequel c'est Illeplus ancien dans le grade le plus
élevé Ilqui est promu! on sera obligét pour la nomination du chef
de l'État-Major de l'armée de parcourir pratiquement tous les
lauréats de la première à la quinzième promotion de l'E.S.M.
La logique aurait commandé que ce soit le Général-Major
Augustin NDINDILIYIMANA
qui soit nommé chef d'État-Major de
l t armée / même s'il occupai t semblable fonction au sein de la
gendarmerie. Il avait par ailleurs un atout en plust du fait qu'il
était Breveté dlÉtat-Major
(B.E.M.) et que d'après certaines
informations, il aurait été la grand artisan de la victoire
dtoctobre 1990. Mais, malheureusement pour lui et peut-être aussi
pour tout le peuplet il était de Butare d'où étaient issust tout à
fait par hasard, le Premier Ministre et le Président de la
République.
L'on verra débarquer en hélicoptère venant de Kigali, en
pleine séance du Conseil des Ministres à Gitarama, juste devant la
salle de xêunâ.cn , un colonel retraité et un autre colonel qui
devait y entrer.
Ces deux Colonels avaient été informés, par on
ne sait de quel canaIt que ce Conseil des Ministres devait
procéder à la promotion des officiers
supérieurs et à la
nomination des membres de l'État-Major de l'armée.
Le colonel en retraite avait un message simple à première
vuet qui consistait à rappeler sous les drapeaux tous les
officiers supérieurs retraités pour défendre la nation, tandis que
Il autre colonel, tenait à ce qu'il soit promu "général" pour ne
pas partir en retraite.
Rappelons que pour les officiers
généraux, 11âge de retraite se situe à 55 ans alors qu 1 il est de
45 ans pour les officiers supérieurs dont les colonels.
Pour faire passer leurs doléances, les deux officiers en
question commencerontt en pleine séance du Conseil des Ministres,
par interpeller leur ministre de tutelle qui interpellera à son
tour le chef du gouvernement pour lui proposer une suspension de
séance. s'entendant répondre négativement, il proposera de nommer
un triumvirat à la tête de Il État-Major pour ne pas hiriter les
différentes
susceptibilités
au
sein
des
F.A.R.
Devant
l'intransigeance du Président de la réunion, les participants
sortiront de la salle après avoir procédé à la promotion et à la
nomination des membres d'État-Major de l'armée, lesquels ne
manqueront pas de critique mais auront finalement eu le mérite de

180
ne pas
laisser
subsister
de vacance
à
des postes
aussi
stratégiques au moment le pays se trouvait en pleine guerre.
VIII.S.2. Les causes humaines
Outre les causes de politique intérieure, il y a bien entendu
des causes purement humaines qui sont à l'origine de la défaite
des F.A.R., parmi lesquelles les pillages et les massacres opérés
par ces dernières occupent une bonne place.
.
Bien avant la reprise des combats le 07 avril 1994, certains
membres des F.A.R. s'étaient livrés à des pillages systématiques
notamment dans les villes de Byumba, Ruhengeri, Mukamira et de
Gisenyi et ne rêvaient que de descendre sur Kigali pour parachever
leur oeuvre.
D'après des sources bien informées, certains
militaires auraient pris pour prétexte la perspective de la
démobilisation pour se livrer aux pillages et se constituer ainsi
un capital en nature à investir dans cette nouvelle vie, d'autres
par contre auraient suivi nIe bon exempleu de leurs collègues nous
envoyés par un pays ami lors de la. guerre d'octobre 1990.
Ceuxci, bien que très combatifs sur le plan militaire ne se seraient
pas ,montrés d'une discipline exemplaire.
Certains militaires ont purement et simplement abandonné
leurs positions pour se transformer en pilleurs et le malheur a
fait que ce ne fut pas seulement les sans grades mais on les
retrouvait pratiquement dans toutes les catégories bien que lIon
ne puisse en aucun cas affirmer que tous les militaires se sont
livrés à ces actes ignobles. Dans pratiquement tous mes discours
à la population en général et l'adresse des militaires en
particulier, je n'ai pas cessé d'appeler tout le monde à ne plus
se livrer aux pillages. J'avais prévenu que les billets de banque
se transformeront en simple papier une fois passé la frontière,
que les frigos, congélateurs et autres magnétoscopes n'ont aucune
valeur, si on n'a pas le pays. Je crois que l'histoire jugera un
jour.
Malgré
ces
différents
appels,
beaucoup
de
gens
tant
militaires que civils se livrèrent aux pillages et certains en
firent des prétextes pour massacrer les gens dont ils voulaient
s'approprier les biens.
Concernant les massacres dont nous avons déjà parlé, il est
aujourd' hui établi qu'ils furent l'oeuvre tant de la population
que des militaires et â certains endroits ces derniers en auraient
été les principaux instigateurs. Ce qui est sûr par contre, c'est
que ces opérations niétaient pas commanditées par les autorités
respectives aussi bien civiles que militaires.
Il est clair que
ces opérations de pillages ou de massacres distrayaient bon nombre
de militaires au lieu de se concentrer sur leurs tâches de défense

!(

fI.

I\·..
J

1 QI::;
1 ., 3 2
l'

181

de la patrie.
VIII.S.3. Les causes de la politique internationale
Parmi les causes de la politique intérieure ayant conduit à
la défaite des F .A.R., j'ai insisté sur les Accords de Paix
d'Arusha.
Mais il faut le reconnaî.tre, ceux-ci n'ont pas en
réalité été l'oeuvre des seuls rwandais, de l'intérieur et de la
diaspora, mais inspirés si pas imposés de l'extérieur. C'est donc
après coup que Iron se rend net tement compte des intérêts qui
étaient en jeu sous le couvert de ces accords.
Le regain d'intérêt pour le conflit rwandais par certains
pays, y compris les plus grands de ce monde, aurait dü nous faire
réfléchir bien avant la tragédie d'avril-juillet. À en juger par
le nombre
et
la qualité
de
"médiateur",
Il facilitateur" ,
Il observateur Il
et autres non autrement identifiés; tout cela
montrait bien que la guerre du Rwanda n'était pas rwando-rwandaise
mais était à la fois linguistique et géostratégique.
Les différents protocoles de cet accord de paix en général et
celui sur la fusion des armées en particulier, négociés contre le
peuple rwandais et ses forces armées portaient en eux-mêmes les
germes de la défaite de ces dernières pratiquement souhaitée et
organisée par la communauté internationale.
Celle-ci ne sera-t-elle pas compromise dans l'attentat contre
l'Avion du Président HABYARlMANA qui coûta la vie non seulement à
celui-ci, mais également au chef d'État-Major de l'armée, le
Général Major Déogratias NSABIMANA. La reprise instantanée de la
guerre par le F.P.R. contre une armée sans chef explique également
sa défaite, surtout si l'on sait, comme on vient de le voir, les
soubresauts qui ont prévalu dans la nomination de son successeur.
Faut-il rappeler que pour des conflits d'intérêt déjà
expliqués plus haut, ce fut un infiltré du F.P.R. qui sera placé
comme chef d'État-Major intérimaire? Si l'on se rappelle qu'on a
signalé que le régionalisme était une pratique courante au sein
des F.A.R., l'on comprendra mieux quel fut le désarroi, au sein de
ce corps à l'annonce du décès du Président HABYARIMANA et du
Général-Major Déogratias N8ABIMANA, tous deux issus des régions du
nord qui comptait le plus grand nombre de militaires en général et
de gradés parmi ceux-ci, en particulier.
L'on m'a rapporté que
certains se demandaient pour qui et pourquoi ils devaient encore
continuer à se battre, comme quoi l'adage selon lequel certains
militaires se considéraient comme une armée d'une personne plutôt
que de la nation, n'est pas dénoué de tout sens. La démotivation
pour la défense de la patrie était donc un fait réel chez
certains.

K016133~5
182
La communauté internationale paracheva, on lia vu, son oeuvre
d'organisation de la défaite des F.A.R. en décrétant un embargo
militaire unilatéral à 11encontre du seul gouvernement rwandais
pendant que l'autre partie en conflit, à savoir l'Ouganda et le
F.P.R., continuait à être approvisionnée
tant en matériels
militaires qu'en hommes. Bien que ltembargo militaire ait certes
joué un rôle clé dans la défaite des F.A.R., il est tout à fait
faux d'affirmer qutil en fut le seul détonateur.
Certains
observateurs avertis affirment qu'avec le seul matériel militaire
emportés dans les pays voisins par les F.A.R. lors de leur
retraite du Rwanda, celles-ci auraient pu continuer â mener les
combats si tous les autres facteurs que nous venons de développer
avaient été maîtrisés.
Bien plus, certains parlent d'embargo militaire en oubliant
les
autres
types
d'embargo
imposés
par
la
communauté
internationale qui ont eux aussi eu leur part de responsabilité
dans la défaite de nos F.A.R. Aussi dès la reprise des hostilités
certains pays décrètent-ils un embargo â la fois médiatique,
diplomatique
et
financier
à
l'encontre
du
gouvernement
intérimaire.
Ainsi pendant que les points de vue du F.P .R. sur
l'origine et la nature du conflit étaient largement diffusés par
les média internationaux, un knock out total était décrété sur les
informations en provenance de la partie gouvernementale sauf en ce
qui concerne les massacres pendant que ceux du F.P. R. étaient
volontairement tus.
Bien plus, les comptes du gouvernement rwandais furent
bloqués par certaines banques dans certains pays occidentaux et
aucune opération ni de versement et surtout de retrait n'était
plus autorisée.
Cet embargo financier visait à empêcher le
gouvernement rwandais d'acquérir les armes bien avant que l'O.N.U.
ne décrète llembargo militaire en son encontre.
La communauté internationale ira très loin dans son cynisme
jusqu'à imposer llembargo humanitaire afin d'affamer la population
déplacée par le F.P.R. pour la rendre hostile aux nouvelles
autorités sous prétexte qu 1 il y avait de 11 insécurité.
CIest
ainsi qu'alors qu'il n'y avait pas encore de combats à Butare, on
a vu un organisme humanitaire refuser d'ouvrir ses stocks de
vivres pour leur distribution dans des camps de déplacés de
Mubumbano en commune Gishamvu.
Ledi t organisme déclarait à qui
voulait l'entendre, que rien ne sortira de ses stocks avant
l'entrée du F.P.R. dans la ville de Butare.
Enfin, les officiels rwandais ainsi que leurs familles se
verront refuser des visas d'entrée dans certains pays dans le but
inavoué de leur refuser lloccasion d'expliquer la tragédie qui
était en cours dans le pays et l'implication de certaines
chancelleries.
Selon plusieurs sources concordantes, toutes ces

K0161334
183

mesures faisaient suite à l'assassinat des dix casques blues
belges, et étaient prises en guise de représailles contre l'armée
et le gouvernement rwandais, décisions gui ont dû peser lourd dans
la suite des événements tragiques qui ont endeuillé le Rwanda.
VIII.9.

L'EXODE

DE DIMENSION

BIBLIQUE

Dans une déclaration que j,ai faite à l'endroit de la
communauté internationale au mois de juin 1994, j'ai indiqué que
celle-ci pouvait laisser prendre le pouvoir au Rwanda par qui elle
veut, allusion bien attendu au F.P.R. Mais j'ai lancé une mise en
garde:
si la communauté internationale donne tout le pouvoir au
F.P.R., elle doit s'attendre à un exode massif de la population.
laquelle serait alors à sa charge.
À l'époque les média auxquels je mladdressais n'ont fait
aucune allusion à cette déclaration, pourtant l'histoire semble
m'avoir donné raison. J'ai prédit qu'heureusement la communauté
internationale ne devra pas supporter éternellement les réfugiés
rwandais dans la mesure où ceux-ci d'une façon ou d'une autre
s'organiseront pour un retour digne et en toute sécurité dans leur
pays; qui vivra verra!

Revenant sur cet exode massif du peuple rwandais, il faut
rappeler qu'en lançant son attaque contre le Rwanda, le F.P.R. se
considérait comme libérateur du peuple rwandais tantôt pour le
libérer du I1régime dictatorial du Président HABYAR lMANA Il tantôt
pour lui apporter la démocratie, la liberté et le développement
économique et social. pourtant, à chaque approche de ses soldats,
les habitants ont opté pour la fuite. De 1990 à 1993, il Y avait
déjà un million de déplacés qui avaient fui la zone occupée par le
F.P.R.
Ils pleuraient et pleurent encore plusieurs des leurs
auxquels les combattants du F.P.R. ont fait subir les traitements
inhumains et dégradants.
Ils frémissent encore d'horreur au
souvenir des massacres collectifs où certains de leurs proches ont
été amassés dans les maisons et déchiquetés à la grenade.
Ils
frémissent encore d'horreur quand ils se souviennent de ceux
qu'ils ont jeté encore vivants dans les fosses communes, des
femmes enceintes éventrées et de multiples barbaries, de viol, de
mutilations, d'empalement et la liste des sévices subis est encore
longue.
C'est donc à partir d'octobre 1990 que certains des exilés
actuels ont commencé à fuir leurs villages, puis leurs communes et
leurs préfectures. Et aujourd'hui, ils ont fui leur pays. Les gens
ont fui le F.P.R., parce qu'ils ne connaissent de lui que sa
barbarie et ses crimes contre l'humanité dont plusieurs des leurs
ont été victimes.

K• \'"' •.t 1 b·173r."
.).;J
184

Avec l'assassinat du président HABYARIMANA Juvénal le 6 avril
une folie collective s'est élevée dans toute la population
du pays, et chacun d'entre nous était candidat à la mort. Ceux qui
affirment que c'étaient les seuls Tutsi qui étaient visés
travestissent la vérité. Il est vrai que des Tutsi ont été
massacrés pour la simple raison que le fait d'être Tutsi était
perçu à tort ou à raison comme preuve dlintelligence avec le
F.P.R.; mais des Hutu sont morts pour avoir essayé de sauver des
Tutsi avec lesquelles ils vivaient en harmonie sociale basée sur
des considérations autres qu'ethniques.
1994,

Hutu et Tutsi confondus sont morts parce qu'ils possédaient
des biens que les tiers voulaient s'approprier en prenant soin de
ne laisser derrière aucun légataire susceptible de faire une
réclamation à l'avenir. Des Hutu sont morts parce qu'ils étaient
tout simplement Hutu.
Les réfugiés ne sont donc pas prêts à
oublier ces crimes contre l'humanité que le monde entier a su et
au sujet desquels un silence complice a été gardé pour des raisons
qui leur restent inconnues.
Le monde entier a su que ce sont des centaines de milliers de
cadavres tués par le F.P.R. et jetés dans la rivière Akagera, qui
ont été charriés jusque dans le lac Victoria jusqu'à ce que le
gouvernement ougandais déclarâ officiellement "zone sinistrée" les
districts avoisinant ce lac.
C'était le 22 mai 1994 et la
catastrophe avait déjà été dénoncée le 1er mai 1994 sur R.F.I. en
ces termes
À Byumba, les collines et les récoltes verdoyantes de
la région sont entachées de sang. Pourtant le sol est couvert de
centaines de millier de cadavres en attente d'être ensevelis dans
les fosses communes par les bulldozers ougandais. Ceux qui ont pu
échapper à l'holocauste se sont réfugiés en Tanzanie. Il
Il

Faut-il aller chercher loin des raisons qui nous ont fait
fuir en masse le F.P.R.? Après le 14 juillet 1994, jour de notre
passage massif à la frontière en exil sur Goma au Zaï.re, nous
avons eu la preuve que le F.P .R. n 'a pas été content que nous
ayons eu la possibilité de lui échapper et qu'il aurait voulu nous
anéantir tous pour de bon. Le 17 juillet 1994, sur le territoire
zaïrois, la foule des fugitifs que nous étions, a été bombardée et
nous avons enregistré plusieurs morts.
Ce même jour, quelques
heures après le premier bombardement, sur la cour de la cathédrale
de Goma où étaient amassés plusieurs réfugiés rwandais, une bombe
du F.P.R. y a tué 51 personnes, 11Abbé Jérôme SEMBAGARE qui avait
partagé avec nous l'exi1 y a trouvé la mort, et ce macabre
événement nous a rappelé le massacre revendiqué par le F.P.R. de
dix prêtres et leurs trois évêques à Kabgayi.
Concernant ce qu Ion a appelé

n

la guerre

des chiffres Il

au

K (\'/ l 0.' 1 7..) 3 6
185
sujet de l'effectif des réfugiés, j'ai annoncé le 1er novembre
1994
qu'après
la
victoire
militaire
telle
qu'annoncée
unilatéralement par le F.P.R. en date du 18 juillet 1994, la quasi
totalité de la population rwandaise a préféré le chemin de l'exil
plutôt que de se faire massacrer par ce dernier.
Ainsi, à cette
époque, on estimait que les réfugiés qui avaient fui les massacres
du F.P.R. approchaient les quatre millions de gens.
Par ailleurs, à ce moment il y avait une population estimée à
un million d'habitant qui était déplacée ou qui résidait dans
l'ancienne zone dite "zone turquoise", en attente, croyais-je, de
traverser la frontière en fonction de l'évolution de la situation
intérieure au Rwanda.
La suite on la connaît, ces gens
furent
massacrés â Kibeho, d'autres sont aujourd'hui portés disparus.
Si l'on sait qu'avant le déclenchement de la guerre par le
F.P.R. en octobre 1990, la population rwandaise était estimée
environ 7.5 million d'habitants et que cette guerre aura coûté la
vie â près d'un million de rwandais, on peut estimer la population
qui nia pas fui cette organisation
autour de 1.5 million
dlhabitants, à laquelle il convient d'ajouter un demi million de
rapatriés des années 1960, chiffre qui est loin des 6.5 millions
qu'avancent les autorités de Kigali.
â

On peut utilement consulter â ce sujet les annexes B10 et Cl,
qui montrent la répartion des réfugiés par camp au 30/06/1995 tels
qu 1 ils ont éte recencés par les organimes humanitaires, même si
lion connaît leur partialité dans le drame rwandais.
Il est clair que la réalité sur le nombre exact de réfugiés
doit se trouver quelque part entre les 4 millions que jlestimais â
la fin du mois d'octobre 1994 et le chiffre avancé par les
"humand.t.ad.r'es
", tout en reconnaissant qu'au 30 Juin 1995, il y
avait eu effectivement quelques rapatriements volontaires dont
certains échappaient même â ceux-ci.
Mais pourquoi les gens refusent-ils de rentrer si lion sait
les conditions dramatiques dans lesquelles ils vivent dans leur
exil?
Dans une interview que j'ai accordée à la revue belge
UTrait d'union" ou Il Umuhuza " au début de l'exil en 1994, j lai
avons longuement expliqué les raisons qui, selon moi, empêchent
les réfugiés de rentrer.
J'ai montré que contrairement â ce que
pensent
certaineo
organisations
soi-disant
humanitaires,
la
population rwandaise ne s'est pas exilée parce qu'elle avait faim
ou soif, parce qu'elle avait besoin des soins médicaux ou de
logement; mais qu'elle a fui les exactions du F.P.R. qui duraient
depuis près de quatre ans. Ce peuple préfère vivre dans l'extrême
misère plutôt que de se faire massacrer.
Je me demandais
cette époque par quelle propagande on
pouvait maintenir les gens dans des abris de fortune, ironiquement
â

186
appelés "blindés" par les réfugiés eux-mêmes, je me demandias donc
comment on pouvait y maintenir des opérateurs économiques, des
médecins, des professeurs d'Université et leurs étudiants, des
enseignants de tous les niveaux, des magistrats, bref, tout ce que
le Rwanda comptait comme élite.
Il était et reste clair que tout
le monde veut rentrer et le plus tôt possible et qu 1 il n'avait
même pas besoin nd'accélérateursl1 pour ça, à condition qu'on cesse
d'utiliser les artifices et les astuces mais qu Ion SI attelle à
résoudre le fond du problème.
Pour mois ce n'est pas des slogans du genre: "Je suis
rwandais, je veux retourner au Rwanda, mon pays, pour trouver
sécurité, soins médicaux, eau potable, etc. Tl qu'on ferra rentrer
les gens.
On peut ajouter aujourd'hui que ce n'est pas par les
films vidéo que l'on pourra convaincre les quelques millions de
réfugiés rwandais à rentrer. Ce n'est pas non plus en fabriquant
des solutions toutes faites à partir des hôtels en Europe, en
Amérique et même en J\frique qu'on pourra "accélérer le retour des
réfugiés" .
À la question de savoir si j 1 étais prêt à encourager et à
organiser le retour des réfugiés, j'avais répondu que je ne
pourrais le faire que quand les conditions de sécurité minimales
seront réunies mais jamais pour conduire le peuple à l'abattoir.
Ces conditions étaient et sont pour moi au nombre de neuf:
1)
Mise en place d'une force internationale d'interposition sous
le commandement d'un pays ou des pays qui se sont montrés
réellement neutres tout au long du conflit rwandais,
:2)
Désarmement et cantonnement des milices et de l'armée du
F.P.R.,

3)
4)
5)
6)
7)
8)
9)

Mise en place des institutions de large consensus,
Rapatriement des réfugiés et leur installation dans leurs
biens,
Rapatriement et cantonnement des F.A.R.,
Mise en place d'une commission vérité sur ce qui s'est passé
au Rwanda depuis 1990,
Mise en place d'une commission de réconciliation nationale,
Formation d1une armée nationale,
Organisation des élections à tous les échelons.

Par ailleurs, il se dit qu'il Y a des gens qui retiennent la
population rwandaise en otage, particulièrement dans les camps des
réfugiés au Zaïre et en Tanzanie.
Les auteurs présumés de cette
prise dtotage étant, insiste-t-on, les anciennes F.A.R., les
miliciens INTERAHAMWE et la propagande des anciens dignitaires.
Pour moi, ceux qui pensent qu'il y a des réfugiés auxquels on a
tout récemment donné le sobriquet d'intimidateurs qui retiennent
en otage leurs compatriotes dans des camps, peuvent être repartis
en deux catégories:
Ceux qui ont entendu parler du Rwanda à partir d'avril 1994

187
et n'ont retenu que ce qui a été véhiculé depuis cette date
par les média internationaux entièrement inféodés par la
perfidie médiatique du F.P.R. et sont à ce titre excusables.
Par contre ceux qui connaissent le Rwanda depuis toujours et
par conséquent connaissent la vérité mais ne veulent pas ou
ne peuvent pas l'exprimer sont coupables par action ou par
omission et ont une certaine responsabilité dans le drame du
peuple rwandais.
La réalité est que le Rwanda existait bel et bien avant le 06
avril 1994 et que la guerre y a été déclenchée par le F.P.R. le 01
octobre 1990.
Avant cette date, ce pays "des mille co'l.Li.nes "
était toujours présenté
sous des éloges du genre:
"Suisse
d'Afrique, modèle dans la gestion des fonds de la coopération
internationale, respect des droits de l'homme", etc. Depuis cette
date du 1er octobre
1990,
le Rwanda
est connu pour
son
régionalisme et son ethnisme, son AKAZU, le génocide des Tutsi et
le massacre des Hutu dits modérés, bref il y'en a même ceux qui
ont écrit que le diable est sorti de l'enfer pour s'installer au
Rwanda.
Que s'est-il passé depuis?
La date du 1er octobre
correspond au début du calvaire du peuple rwandais.
Chaque fois
que le P.P.R. gagnait du terrain, son avancée correspondait au
déplacement des populations civiles et surtout à l'extermination à
tel point qu'au 8 février 1993, on comptait trois cent mille
personnes de déplacées de leurs biens par le F.P.R.
De février 1993 au 06 avril 1994, le nombre de déplacés de
guerre a atteint le chiffre d'un million de gens et la communauté
internationale en est témoin, elle, qui les assistait dans les
différents camps éparpillés un peu partout dans la zone alors
gouvernementale.
Pourquoi donc on s'étonne aujourd'hui qu'il y ait plusieurs
millions de rwandais réfugiés si Iton suit ce qui s'est passé
avant la prise de tout le pays par le F.P.R. A-t-on vu les gens à
l'intérieur de la zone occupée par le F.P .R. depuis qu 1 elle a
déclenchée sa guerre meurtrière?
Bien entendu les gens ne
s'appellent plus des déplacés de guerres mais des réfugiés parce
qu'ils ont été refoulés hors de leur pays. Pourquoi jusque là on
ne se demandait pas qui maintenait en otage le million de déplacés
dans les camps avant le 06 avril 1994 ?
Les gens ne rentrent pas non pas parce qu'ils soient pris en
otage par une quelconque force occulte mais parce que pour eux le
pouvoir du F.P.R., pris par la force des armes, représente
l'institutionnalisation du mal qurils fuient depuis 1990, et
qu'aucune garantie de sécurité individuelle
et collective n'est
perceptible en ce pouvoir dont les responsables montrent qu'ils

:'(\1

t\u1t

,.,

7.39
J

188

craignent pour leur propre sécurité ainsi que celle de leurs
familles et de leurs proches.
Non seulement bon nombre de
dignitaires du pouvoir du F.P.R. ont préféré laisser les leurs en
sécurité à l'étranger, si ce n'est pas par eux-mêmes qu t ils ont
refusé l'offre de retour dans le pays de leurs fils et frères /
mais même ces derniers ou tous ceux qui ont pris le risque de ne
pas fuir ne sont pas sécurisés puisque s'ils ne sont pas tués, ils
croupissent en prison sans jugement.
VIII.10.

LE RÈGNE DU F.P.R.

VIII.10.1.L'organisation
VIII. 10 .1.1.

du F.P.R.

La structure politico-administrati ve31

Le centralisme démocratique (Democratie centralism) constitue
la base de la structure politico-administrative du F.P.R. Cette
structure se caractérise théoriquement, d'apès les idéologues du
P.P.R., par les éléments suivants:
Les idées et suggestions qui proviennent des structures de
base constituent le fondement même du fonctionnement de la
famille F.p.R.-Inkotanyi,
Toute décision prise par la majorité des membres du F.P.R. à
chaque niveau dans la voie légale, s'impose à chacun. À cet
effet, il doit y avoir eu des débats sans détour avant la
prise de décision pour que tout le monde puisse donner son
point de vue,
Les décisions prises par la majorité dans les structures de
base sont transmises au congrès qui en retirent les bases de
fonctionnement de l'organisation,
Pour arriver à un tel stade, les recommandations suivantes
doivent être respectées:
*
chaque membre à tous les niveaux de la structure doit
faire son auto-critique,
*
chaque membre doit accepter de suivre les formations
prévues dans l'organisation, de même qu t il accepte la
critique constructive.
Toute action au sein du F. P .R. doit accepter les méthodes
scientifiques de travail (scientific methods of work) .
Chaque membre du F.P.R. se caractérise par les faits suivants:
une application au travail,
mettre les intérêts de la
31

famille

F.P.R.

Amategeko n'imyifatire bigenga Inkotanyi

avant

les

189

siens propres,
une abnégation dans tout ce que l'on fait en évitant le
plus possible d'accumuler inutilement des richesses et
en acceptant le partage avec les membres plus pauvres,
apprendre en profondeur la ligne politique du F.P.R.,
être un homme de parole,
éviter à tout prix de Il courir les juponsll, pratiques à
110rigine de certains méfaits tels que:
le non respect de la société et une mauvaise
renommée pour le F.P.R.,
engrosser ou se faire engrosser sans le vouloir,
maladies sexuellement transmissibles,
éviter de prendre les drogues,
faire tout ce qui est possible pour ne pas prendre
les boissons alcoolisées responsables des faits
qui suivent:
radoter
non application au travail,
gaspillage du patrimoine propre et celui de la
famille F.P.R.
De leur côté, les responsables à tous les niveaux doivent
on les
avoir une conduite irréprochable.
En particulier
reconnaîtra par les attitudes qui suivent:
la ponctualité et le respect personnel,
le respect des subalternes,
la patience,
la gestion démocratique du pouvoir,
accepter les critiques (open criticism) .
Au sein de la famille F.P.R., certains critères peuvent aider
à déceler les écarts envers la ligne politique de l'organisation:

s'approprier le travail des autres,
les intrigues,
le népotisme, le régionalisme, etc.
le manque de secret,
la corruption,
l'ambition personnelle (unrevolutionary ambition) démesurée,
ne pas avoir confiance en soi et ne pas être persévérant,
faire semblant (Kwigira nyoni nyinshi),
se faire passer pour un expert en matière politique par la
parole alors qu'on est nul dans les actions,
goüt exagéré pour le luxe et les apparences.
Dans l'accomplissement des tâches au sein du F.P.R., les principes
suivants doivent être respectés:
chaque membre doit exécuter personnellement toute tâche lui
confiée.
S'il se sent incapable ou dans l'impossibilité de
le faire, il doit aviser au plus vite les responsables.
si

~\~);l o" l .•
.) 4' 1
;i

,...

190

par hasard ce travail est confié par lui à quelqu'un d'autre,
il doit rester conscient qu 1 il en reste seul responsable.
Dans tous les cas, ce travail ne peut être confié qu 1 à un
membre de l'organisation s'il comporte des secrets.
Sauf en cas de circonstances exceptionnelles, nul ne peut
accomplir aucune tâche au nom du F.P.R. sans en avoir reçu
l'autorisation, notamment:
.
percevoir des dons et/ou des cotisations,
conclure des contrat et/ou des ententes,
représentation du F.P.R"
s'adresser aux journalistes.
Au sujet du patrimoine du F.P.R.:
Tout membre qui perçoit de l'argent ou autre à son nom a
l'obligation d'en faire état à ses responsables.
Tout membre qui reçoit à titre personnel des dons importants
dans l'exercice de ses fonctions doit également les signaler
à ses supérieurs qui décideront si les biens peuvent lui
revenir ou s'ils doivent être cédés à la famille F.P.R.
Pour accepter les dons d'un non membre,
préalable du comité exécutif.
La famille a le droit d'exiger
provenance de ses biens.

de

il faut un accord

chaque

responsable

la

Pour ce qui est du secret au sein de la famille F.P.R.:
Chaque
membre
doit
éviter
de
dévoiler
les noms
des
responsables ou des membres de l'organisation.
S'il y a des secrets qui ont été dévoilés, il faudra
rapidement en chercher les causes et corriger au plus vite.
Toute personne en possession des documents ou autre chose de
secret doit tout faire pour qu'ils ne tombent pas dans les
mains de l'ennemi, de n'importe quel État ou parti politique
ou de tout individu non membre du F.P.R.
Les documents
secrets doivent être gardés par un seul
individu à chaque échelon de l 1 organisation, de préférence
une personne qu'on ne peut même pas soupçonner.
Toute décision prise en réunion doit faire l'objet d'un
rapport en Kinyarwanda.
Il est strictement interdit à tout Inkotanyi dlêtre membre
d'un parti politique aux idéaux opposés à ceux du F.P.R.
Celui-ci peut demander à n'importe quel membre de renoncer à
son travail habituel pour être entièrement à son service.
L'organisation
suit:

des tribunaux

du F.P.R. se présentent

comme

K f'\~..
1

r

r
!C

'

i 7:J -1" -~
t:

191
Il existe des tribunaux constitués par des comités locaux sur
la colline, dans les départements (équivalent de la commune)
et dans les régions (équivalent d'une préfecture) .
Il est prévu une cour supr@me au niveau du comité exécutif du
F.P.R. dont la composition est la suivante:
le chargé de la sécurité et de l'auto-défense,
trois membres du comité exécutif,
un délégué des régions.
Il est prévu un procureur responsable de la sécurité à chaque
échelon.
La Présidence du tribunal à chaque échelon est
assurée par le Président du comité dudit échelon, si le
litige porte sur ce dernier, il est remplacé par son VicePrésident.
Les décisions se prendront chaque fois à la majorité des 2/3
des membres présents à condition que 50% au moins des membres
effectifs y soient.
Chaque justifiable a le droit de faire
appel au tribunal directement supérieur à celui qui rendu le
jugement.
Il est ?révu la possibilité pour chaque.comité de désigner en
son sean un groupe restreint pour étudier au préalable un
jugement en cas de nécessité et chaque jugement ferra l'objet
d'un rapport écrit aux instances supérieures.
LI administration des tribunaux respecte
les principes gui
suivent:
Personne ne peut être jugée par contumace sauf cas
exceptionnellement grave.
Chaque justifiable a droit à l'auto-défense en
présence des accusateurs et présentera en cas de
nécessité ses témoins.
Le tribunal de la colline a droit de suspendre
pendant
trois
mois
toute
personne
reconnue
coupable,
délais
après
lequel
il peut
être
réintégré s'il se corrige; cette punition doit
être communiquée à la région qui pourra prendre
des mesures plus sévères en cas de récidive.
Le tribunal du département juge les responsables
du F.P .R. au niveau du département en première
instance et ceux de la colline en appel.
Il peut
suspendre toute personne reconnue coupable à son
niveau pendant une période niexcédant pas trois
mois et en avise directement le tribunal de la
région. Celui-ci juge les membres du comité de la
région
en
première
instance
et
ceux
des
départements en appel.
La cour suprême juge les membres des comités
régionaux en appel et ceux du comité exécutif en

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192
première instance.
Ses jugements sont sans appel.
Le comité exécutif et les comités régionaux ont
droit, chacun en ce qui le concerne, de suspendre
un membre pendant
six mois
sans qu'il
soit
préalablement averti afin de leur permettre de
mener à bien leurs enquêtes; le délais peut être
prolongé par le comité qui a prononcé la sentence
mais si celle-ci a été prononcée par le comité
régional, il a l'obligation de faire rapport tous
les trois mois au comité exécutif.
Le comité exécutif peut suspendre tout membre du
F.P.R. sans délai pour la réintégration.
Les peines prévues par les tribunaux du F.P .R. sont les
suivants:
blâme en public et obligation de demander pardon,
amande,
travail pour Itorganisation,
suspension dans les organes,
remboursement ou réparation des dégâts,
suspension en tant que membre de la famille F.P.R.
avec ou sans possibilité de réintégration,
la peine capitale.
Sont passibles de la peine capitale les cas qui suivent:
la trahison,
se mettre au servic~ de l'ennemi,
divulgation volontaire des secrets importants de
l'organisation,
participer
à la destruction de l'organisation
notamment
par
les
actes
répréhensibles,
la
destruction de son patrimoine, etc.
La personne
condamnée
devra
avoir
la capacité
réelle
de
détruire l'organisation,
la démission (gutoroka) de la famille F. P .R. qui
lui porte préjudice,
détournement important des fonds ou du patrimoine
de l'organisation,
diffamation de Itorganisation.
VI II. 10 . 1. 2 .

La défense populaire.

Comme l'attestent les documents saisis sur les soldats du
F.P.R. infiltrés dans la zone alors gouvernementale, le F.P.R.
avait organisé l'enseignement de ce qu 'il appelait sail défense
populaire Il , 11équivalent de la défense civile en trois phases
essentielles, à savoir:
explication
sur la nécessité
de
la
défense populaire,

193
l'information
sur
l'ennemi
et
ses
méthodes générales de travail,
l'organisation
proprement
dite de la
défense populaire.
Concernant la première phase, le F.P .R. cons idère que la
défense populaire est indispensable parce qu'il est conscient
qu'il existe un ennemi qu'il faut combattre par tous les moyens
mais qui dispose les structures lui permettant de se défendre
telles que les prisons, les endroits de torture et les agents de
sécurité.
L'ennemi utilise
toutes ces structures pour se
maintenir au pouvoir même SI il constate que le peuple n'en veut
plus et dans ce cas il cherche à exterminer tout le monde qui
sloppose à lui.
Pour le P.P.R., la deuxième raison qui explique la nécessité
dlavoir une défense populaire est que Il ennemi cherche par tous
les moyens à saper la "famille F.P.R.lf en utilisant divers
astuces comme:
l'infiltration et la corruption des membres du
F.P.R.,

l'utilisation de la désinformation,
l'usage de la calomnie en grossissant exagérément
les erreurs éventuels du F.P.R.,
l'assass inat des membres du F.P.R. en général et
de ses leaders en particulier.
Au sujet de la recherche de l'information sur l'ennemi, le
F.P.R. considère que le gouvernement en place n'est rien d'autre
qu'un instrument de l'impérialisme qui n'a d'autre visée que de
spolier le pays, ses habitants et ses richesses, raison pour
laquelle
tout doit
être mis
en oeuvre pour
détruire
ce
gouvernement fantoche. Pour y arriver, le F.P.R. doit slattaquer
prioritairement aux catégories suivantes:
l'armée,
la police et tous les agents de sécurité y compris les
agents de renseignement,
les ambassades qui servent de relais de propagande au
pouvoir en place.
Quant aux méthodes générales de travail de l'ennemi, celui-ci
passe par quatre canaux importants, à savoir:
la structure officielle du service de renseignement dont les
responsables sont généralement connus et qui exécutent les
tâches suivantes:
mise en place d'un plan stratégique opérationnel,
embauche du personnel de renseignement,
recherche du matériel nécessaire pour la réussite de
leur mission de renseignement tel que les armes, les
financements,
les
moyens
de
communication
et
de
transport ainsi que les documents de voyage tels que

:..ri
{
:'\',,.'t,.J

l 7). 4 5.

194
les passeports,
recherche et analyse de toute information reçue,
suivi
et
encadrement
du
personnel
attaché
aux
renseignement.
Les infiltrateurs qui sont des agents de pénétration et
d'intoxication,
ils
s'introduisent
dans
l'organisation
ennemie et sont difficiles à repérer pour des raisons
suivantes:
Ils sont bien formés en général.
Ils sont très stables parce qutils connaissent le
danger qu1ils
courent slils
sont découverts par le
groupe adversaire dans la mesure où ils sont bien
informés et bien coordonnés.
Ils sont très appliqués dans tout ce qu'ils font et
essaient de ne jamais se faire découvrir.
8'ils sont bien suivis, ils exagèrent généralement dans
l'accomplissement des tâches qui leur sont confiées,
ils font tout pour apparaître plus assidus que les
autres, de sorte que pour un non initié, il croirait
avoir seulement affaire à des ambitieux.
Ils sont très secrets dans leurs actes, ils évitent de
révéler leurs secrets même à leurs amis les plus
intimes. Ils montrent toujours le bon côté.
Les
informateurs
qui
de
leur côté
ne
sont pas
nécessairement toujours bien informés, sont en général
très nombreux, mal payés, prêts à trahir à tout moment
raison pour laquelle on les change assez souvent parce
que susceptibles de se faire facilement repérer.
La

défense

F.P.R.:

populaire

proprement

dite

a pour

objectif

pour

le

de combattre
l'ennemi
pour
l t empêcher
d'infiltrer
l'organisation,
de détruire les moyens que 11ennemi utilise pour que le
F.P.R. n'atteigne pas son objectif ultime,
d'apprendre aux membres l'auto-défense,
d'introduire la discipline aux sein des adhérents,
de mettre en place la structure dlorganisation de la
défense populaire.

Dans un document intitulé Il rndunduro y'intambarat1 ou "final
war" saisi à Kigali sur les soldats du F.P.R., la défense
populaire devait respecter deux recommandations essentielles à
savoir:
liseprotégerU
"protéger les nôtres".
Pour se protéger, des consignes précises étaient données aux
soldats du F.P.R. infiltrés.

y.nll.
1,,-,"
34l.l,
.\ ~,'
195
Tout le monde devait tout faire pour rester en groupe
telle sorte qu'aucun Tutsi ne se promène tout seul.

de

Tous les infiltrés devaient se replier dans les endroits
connus et sûrs pour leur sécurité surtout dans les couvents,
églises, mosquées, dans les établissements scolaires, dans
les stades et terrains de jeux, etc.
Cette opération était
destinée à faciliter aux combattants officiels du F.P.R.
l'évacuation des infiltrés et de leurs familles et la
consignation de ces derniers dans des endroits situés hors
des combats; ceci dans le souci de prévenir des massacres
lorsque l'ennemi saura que les attaques proviennent des lieux
précises.
Il était conseillé aux soldats infiltrés de ne pas détester
tout Hutu en qui le F.P.R. placerait sa confiance et qui
voudrait le suivre.
Étant donné qu'il s'agissait d'une
guerre pour libérer les Tutsi et pour récupérer le pouvoir
perdu en faveur des Hutu soutenus par les colons belges, il
ne fallait pas extérioriser les vrais sentiments.
Un tel
Hutu devait servir de justification pour prouver que la
guerre du F.P.R. était loin dtêtre ethnique.
Se défendre pour ne pas mourir; pour cela il faudrait vaincre
la peur car le F.P.R. disposait de beaucoup de munitions à
utiliser pour traquer tout Hutu qui le combat et n'importe
qui, qui ne collabore pas avec lui, même s'il est de l'ethnie
Tutsi.
Pendant les combats, tout sympathisant ou membre de la
famille F.P.R. devait maintenir la tête rasée.
C'était un
consigne qui devait permettre aux hommes du F.P .R. de se
reconnaître.
Ils avaient par ailleurs le consigne de
n'utiliser que leurs pseudonymes pour ne pas être identifié
par l'ennemi.
Dans le cadre de la protection des siens, le F.P.R. avait donné
les consignes suivants à ses soldats:
Pour llexécution de son plan, leur intervention ne
devait être qu 1 indirecte pour ne pas apparaître
comme les auteurs des actes criminels.
Ils étaient informés que faire couler du sang lors
de la guerre de libération ne constituait pas un
tabou, ce qui comptait était de tout faire pour ne
jamais faire couler le sien.
Lors des attaques, les soldats du F.P.R. devaient
tout faire par tous les moyens possibles pour

U

;{nl!'174"!~
~l'.' i 1")
.)

196

dissimuler le corps de toute personne tuée qu'elle
soit de son camp ou du camp ennemi.
Dans ce
cadre, une fosse profonde pouvait être présenter
comme une latrine et servir de lieu de cache pour
tout ce qui pouvait salir le nom du F.P.R.
Il était exigé de chaque membre de la famille du
F.P.R. de respecter à tout moment le secret de la
famille et de se conformer strictement à ses
directives.
Comme le signale Madame Valérie BEMERIKI, dans son livre ilLe
drame rwandais vu par une journaliste rwandaise 11 , ce document
contenant des directives était destiné selon les affirmations et
appellations du F.P.R'T à leurs antennes clés: chefs de brigades
et présidents des comités préfectoraux chargés de sensibiliser et
de recruter ses membres.
Il est tombé entre les mains de ladite journaliste dans la
deuxième quinzaine du mois de mars 1994, c'est-à-dire quelques
semaines seulement avant le déclenchement de la "guerre finalell•
Ce document provenait
du Major Philibert RWIGAMBA, un des
officiers et des dirigeants militaires du F.P.R., détaché à
l'époque
auprès
du
groupe
d'observation
militaire
neutre
(G.a.M.N.) tout d'abord et de la M.I.N.U.A.R. par la suite.
Il
fut responsable de la propagande des idéaux du F.P.R. et du
recrutement des ses membres. rI a dirigé les combats des éléments
du F.P.R. sur la colline de MBURABUTURa en commune urbaine de
Nyarugenge de la P.V.K. Après la prise du pouvoir par le F.P.R.,
il sIest vu confier le poste de commandant militaire en préfecture
de Gikongoro.
Il sera plus tard impliqué dans des massacres
perpétrés par les militaires du F.P.R. contre la population civile
de la commune Nshili de cette même préfecture.
VIII.10.2.Le

pouvoir du F.P.R.

Le pays du F.P .R. est non seulement dépeuplé et dépourvu de
main d'oeuvre, mais il est également économiquement dévasté.
Le
F.P.R. a mené une campagne tapageuse accusant les autorités
rwandaises de L'époque de mauvaise gestion et promis une entrée
triomphale au Rwanda, avec des hommes et des devises pour
construire un pays qu'il a lui même détruit.
Le climat
d'insécurité qu r il entretient ne permet ni aux nationaux de se
remettre au travail, ni aux investisseurs étrangers de se décider
à amener leurs capitaux.
Pour camoufler ses difficultés, le
F.P.R. crie au secours et accuse à tue-tête les anciennes
autorités rwandaises d'avoir pillé le pays et espère ainsi
susciter la sympathie et la compassion des pays étrangers et
pourvoyeurs de fonds.

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~

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~

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197
On l'a vu tout au long de cette guerre, chaque fois que le
F.P.R. a des difficultés ou un plan à exécuter, il crée un
événement bruyant pour détourner l'attention du public tant
intérieur qu'international, embarrasser les autorités à l'époque
et les réfugiés rwandais aujourd'hui et leur aliéner la sympathie
et If appui des pays étrangers.
Ainsi le dossier des Bagogwe de
janvier 1993 a été exploité pour justifier les massacres qui ont
suivi l'attaque du 08 février 1993 à Ruhengeri.
De même, les
événements dlavril 1994 pourtant commandés et provoqués par le
F.P.R., ont servi de prétexte pour l'attaque d'avril 1994.
Plus
récemment, le F.P.R. s'est servi du prétendu
réarmement et
l'infiltration
des F.A.R.
pour
camoufler
les massacres
de
plusieurs milliers de personnes à Kibuye en avril 1995 et une
fausse attaque des mêmes F.A.R. sut l'îlot IWAWA pour éliminer des
dizaines de gens à Iwawa même et à Kanama.
Aujourd'hui,
le F.P.R. s'agite
massacres avec plusieurs objectifs:

désespérément

autour

des

1)

Détourner l'attention de l'opinion nationale mais surtout
internationale sur le problème cuisant que constitue le
déplacement massif de la population
à chacune de ses
avancées.
La conséquence a été que les pays étrangers en
général et les C.N .G. en particulier au lieu de comprendre
les problèmes dl un peuple contraint à l'exil, ont préféré
plier leurs bagages décrétant ainsi un embargo humanitaire
contre des milliers de gens déplacés à l'intérieur du pays,
puis réfugiés au Zaïre, en Tanzanie, au Burundi et ailleurs
dans le monde.
Même aujourd'hui
certaines C.N.G. et
organismes
internationaux
y compris
le H.C.R"
tentent
vainement de rapatrier de force les réfugiés rwandais par
toute une série d'artifices,
allant de l'arme de la faim à
la campagne médiatique sur plusieurs
chaînes de radios
internationales, en passant par l'accusation de ce que l'on a
qualifié "d 1 intimidateurs" qui empêcheraient les autres de
rentrer.

2)

Jeter le discrédit sur les autorités rwandaise d'avant
l'exode et compromettre à jamais leur leadership.
Cette
manoeuvre ayant pour conséquence l'isolement politique et
diplomatique des leaders politiques les empêchant ainsi de
faire entendre leur voix et celle du peuple rwandais sur la
tragédie et les injustices dont il est victime.

3)

Justifier la mise en place par la force d'une dictature pour
venger les morts et remettre de l'ordre dans le pays. Ainsi
les massacres perpétrés
contre
les innocentes victimes
empêchées de fuir et la population rapatriée, sont commises
au nom des représailles et en toute impunité de la part de

K0161349
198

l'opinion internationale.
Le F.P.R. a lancée l'attaque contre le Rwanda sous prétexte
d'instaurer la démocratie mais il brille par l'autoritarisme.
Aujourd'hui tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains
d'un seul individu qualifié "d'homme fort à Kigali" par les
média, entouré de Hutu de service comme l'affirme un des
transfuges du F.P.R.
On imagine difficilement un VicePremier Ministre diriger un gouvernement où figure comme
membre un Vice-Président, tout comme il est difficile de
comprendre une institution où coexistent un Président, un
Vice-Président,
un Premier Ministre
et un Vice-Premier
Ministre. Qui nomme qui en définitive?
4)

Laver le F.P.R. des crimes odieux dont il s'est rendu
coupable pendant la guerre et justifier les "représaillesll•
L'opinion internationale aveuglée par l'agitation du F.P.R.
sur le dossier des massacres semble fermer les yeux sur les
massacres des dix prêtres et de trois évêques lâchement
assassinés à Kabgayi, les assassinats des leaders politiques
hostiles au F.P.R. tels que Félicien GATABAZI, Emmanuel
GAPYISI, Martin,BUCYANA, Fidèle RWAMBUKA, ..
Un événement grave, l'assassinat des Présidents rwandais
HABYARlMANA et Burundais NTARYAMlRA, le 06 avril 1994 a été
tout simplement banalisé.
Dès la reprise des hostilités en
avril 1994, les responsables du F.P.R. n'ont cessé d'appeler
les F .A.R. à déposer les armes et se soumettre à lui, en
vain.
Aujourd 1 hui le F.P.R. redoute non sans raison, un
éventuel retour par la force et s'emploie à ternir 11 image
des mêmes F.A.R. devant l'opinion internationale en leur
présentant
comme
des
massacreurs
et
donc
indignes
d'appartenir à l'armée du peuple.
À

cette fin, le F.P.R. met sur le dos des F.A.R. tous ses
forfaits, à l'instar des derniers massacres
du mois de mai
1996 dans la commune Bugarama en préfecture de Cyangugu.

Ainsi
Ir opinion
internationale
dégouttée
se
refuserait
d'appuyer une idée quelconque de fusion ni d intégration à
une future armée nationale, tout en acceptant l'armée du
F.P.R. comme la seule digne de soutien, en blanchissant ses
soldats des atrocités et des crimes macabres dont ils se sont
rendus coupables dès le début de la guerre.
f

Par ailleurs, le pouvoir de Kigali veut amener l'opinion des
décideurs internationaux
à croire que l'intégration
des
F .A.R. a déj à commencé.
Mais il nia pas l'honnêteté de
préciser que ses candidats à la réintégration sont deux

199

généraux qui n'ont même pas réussi à se faire suivre par 2%
des troupes qu'ils ont commandées.
Il n'a pas le courage de
signaler qu'il s'est rabattu sur les officiers qui ont
accepté sans broncher cet antécédent de démérite en se
faisant dégradés et en acceptant dt être astreints à quatre
mois de formation par les jeunes sergents instructeurs.
Le F.P.R. avait déclaré haut et fort à qui voulait l'entendre
qu'il avait pris les armes, en violation flagrante des conventions
internationales en matière des réfugiés, pour libérer le peuple
rwandais de la dictature d'un régime qui n'avait que
trop vécu:
celui du feu Président HABYARIMANA.
Celui-ci ayant été tué dans
un attentat contre son avion le 06 avril 1994 et les anciens
rebelles étant devenus les nouveaux maîtres du pays à partir du 19
juillet 1994, tous les espoirs étaient permis si l'onen croit la
propagande orchestrée de par le monde par le F.P.R. et ses
sponsors.
Mais plus de deux ans plus tard, ce petit pays est toujours
invivable: la sécurité, sous toutes ses formes y est étrangère et
tous les secteurs clés de la vie nationale restent paralysés32•
C'est ainsi que la peur règne partout sur les campagnes du Rwanda,
à telle enseigne que les hommes valides se terrent, nuit et jour
par crainte d'être surpris et tués par la milice "ABAKADA" et les
escadrons de la mort du F.P.R. (death squad units).
C'est
également suite à cette institutionnalisation de la terreur et la
peur traumatisante qui lui est consécutive que beaucoup de hauts
cadres et collaborateurs Hutu du nouveau régime, fortement déçus
et dégouttés par la politique et la gestion des affaires par
celui-ci ont commencé à quitter le pays par vagues successives
depuis octobre 1994. Au 31 décembre 1995, nous avons recensé plus
de 40 hauts cadres et collaborateurs ayant fait défection du
régime tyrannique du F.P.R., à savoir:
Nom et Prénom

Fonctions
EX-Ministre
des
Affaires
Étrangères
et
de
la
coopération Internationale

1)

NDAGlMANA J.M.Vianney

2)

NTAKIRUTlMANA J.Damascène Ex-Directeur
de
Primature

3)

MtJSANGAMFURA Sixbert

32

Cabinet

de

la

Ex-Directeur du Service Centrale de
Renseignement

ALTERNATIVE, Le Médiateur no1 du 1er - 15 novembre 1995,
Bukavu.

~,D!61351

200

4)

NKEZABERA J.M.Vianney

Ex-Directeur
de
Cabinet
Ministère des Finances

5)

RUBERANGEYO Eugène

Ex-Ordonnateur-Trésorier

6)

NSANZUWERA François X

Ex-Procureur Général

7)

AFRlKA Janvier

Journaliste

8)

MUJAWAMARIYA Monique

9)

MATATA Joseph

secrétaire
d'A.R.D.H.O.

10)

RUBANGORA Védaste

Commerçant Tutsi et
de fonds du F.P.R.

bailleur

11)

RWlGARA Assinapol

Commerçant Tutsi et
de fonds du F.P.R.

bailleur

12)

NDAHAYO Eugène

Auto-proclamé
exécutif du M.D.R.

13)

NKURIYINGOMA J.Baptiste

EX-Ministre de l'Information

14)

TWAGlRAMUNGU Faustin

15)

SENDASHONGA

16)

Colonel RIZINDE ThéonesteEx-député

17)

Colonel RUSATlRA Léonidas Ex-Général
de
brigade
dans
les
F.A.R. qui a rejoint le F.P.R.
après la prise de Kigali.

18)

UWIBAJIJE Sylvestre

EX-Ambassadeur
du
Rwanda
Bujumbura au Burundi

19)

BANGAGATARE Marcel

Avocat conseil

20)

KAREMANO Charles

Homme d'affaire
parti P.S.D.

21)

BIZIYAREMYE Sylvère

Ex-Directeur de l'Immigration
et de l'Émigration

22}

GAHAMANYI Célestin

Ex-Directeur

Seth

au

Fondatrice de l'A.D.L.
Général

secrétaire

Ex-Premier Ministre
Ex-Ministre de l'Intérieur
du Développement Communal
membre fondateur du F.P.R.

et
et

et membre du F.P.R.

du

et

membre

à

du

Développement

KO!61352
201

communal
23)

Ex-agent

MALISRO

(O.N.G.

BORNFONDEN

de

)

Ex-agent de S.N.V. (O.N.G.)

24)

MAZIMPAKA Innocent

25)

GATWABUYENGE vincent

Ex-Consul en Afrique du Sud

26)

SEMINEGA Eugène

27)

RUHAMANYA Vincent

Ex-Conseil d'Ambassade à Bruxelles
en Belgique
Ancien Ministre des Finances,
Ex-Conseiller à la Primature

28)

MUNYANGAJU Gabriel

Entrepreneur,
P.S.D.

29)

ISHYAKA Godefroid

Ex-Directeur au Ministère des
Affaires Étrangères et de la
Coopération Internationale

30)

RUGIRA Amandin

Ex-Directeur de l'Institut des
Finances Publiques

31)

Major NDAMAGE Jeanne

32)

MOSONI NDAMAGE Thaddée

Homme d'affaires

33)

KARUHlJE Emmanuel

Ex-Bourgmestre
de
Gishoma
préfecture de Cyangugu

34)

MUGABO Léopold

Ex-Directeur
de
llEau
au
Ministère des Travaux Publics
de l'Eau et l'Énergie

35)

MUNEZERO Rédempta
(Madame RUDAHUNGA Callixte)

Commerçante à Kigali

36)

Madame MUREKEZI SymphroseCommerçante

37)

MUJYAKERA Néhémie

38)

M. llAbbé MATEGEKO Amatus Ex-curé de la Paroisse Hanika
Préfecture de Cyangugu

39)

NIYITEGEKA Gérard

membre du parti

Ex-Major dans les F.A.R. qui a
rejoint le F.P.R. après la
prise de Kigali

à Butare

Ex-Directeur
Cyangugu

à

scolaire

Ex-Gouverneur
de la
Nationale du Rwanda

en

Banque

~{n

r..-'
j

1 " 1 ••
! \ \.' ~ 0 ! ,).'

202
40)

Mgr LINGUYENEZA vénuste

Ex-Recteur
de Kabgayi

du Grand

41)

MFIZI Christophe

EX-Ambassadeur
Paris'en France

42)

HABIYAMBERE Antoine

Ex-Conseiller
la Justice

43)

NYILINKINDI Antoine

EX-Ambassadeur
du
Kinshasa au Zaïre.

Séminaire
F.P.R.

à

au Ministère

de

du

F.P.R.

à

Ainsi jusqutaux plus hauts niveaux de l'administration voire
même à l'intérieur de gouvernement, des Hutu et même certains
Tutsi expriment cette peur de la menace pesant sur eux et
dont
plusieurs ont d'ailleurs placé leurs familles à l'étranger, C'est
dans ce contexte que la famille du Président Pasteur BIZlMUNGU se
trouvait réfugiée à Gema au camp de Katale où son père a préféré
mourir plutôt que d'aller se faire tuer par le F.P.R.
Il en est
de même des familles du Ministre Marc RUGENERA et du Représentant
légal de 11 Église presbytérienne au Rwanda, le Dr KARAMAGA qui
vivent en exil à Nairobi.
33
"Non moins' traumatisante est la manie que partage l'ensemble du
nouveau leadership rwandais de globaliser le crime de génocideque pourtant le tribunal international ad hoc n'a pas encore
établi- en faisant responsable l'ensemble des réfugiés rwandais.
Une telle accusation globalisante est portée contre eux par les
plus hauts responsables de l'État qui affirment sans vergogne que
les réfugiés ont véhiculé et mis en exécution une philosophie
génocidaire et que toute possibilité de dialoguer avec eux ou avec
leurs représentants en vue de résoudre le drame rwandais était
exclu,
En dehors des déclarations de ce genre faites par les
officiels rwandais, la radio nationale diffuse régulièrement,
agrémentées de commentaires sentencieux, des listes de personnes
actuellement réfugiées, ou encore présentes au Rwanda, voire déjà
décédées (tant pis pour leurs parents encore en vie) prétendument
responsables de l'holocauste rwandais.

Comme aucun jugement n'est encore intervenu au niveau du
T.P.I.R., ni même au niveau des tribunaux rwandais, de tels propos
sont de nature à entretenir un climat de peur et de traumatisme
psychologique.
Paradoxalement, c'est à partir de ces listes, qui
ont été distribuées à tous les gouvernements, que le Conseil de
Sécurité des Nations Unies a pris une résolution dans laquelle il
recommande aux États d'arrêter toutes les personnes dont les noms
y figurent et de les transférer à Arusha ou au Rwanda pour y être
33

ALTERNATIVE, Le Médiateur n08, mars 1996

Ki)161354
203
jugées.
Malheureusement, il apparaît gue le F.P.R. a pris soins d'y
faire figurer tous ceux qui sont en désaccord avec lui ou même en
indifférence à son égard et qui sont déclarés adversaires ou
ennemis qu'il faut éliminer par tous les moyens.
En parcourant attentivement ces listes, on retient trois
critères principaux: importance des fonctions exercées, région
d'origine de l'accusée et le degré de relations de parenté ou de
service avec le Président HABYARlMANA.
"Au niveau des fonctions et profession
exercées,
l'les
personnalités visées dans ce cadre sont les plus nombreuses.
Il
s'agit en réalité de l'essentiel de l'élite Hutu au niveau des
partis politiques et administrations de l'État.
11 Concernant
les reg~ons
d'origine
des
accusés" , telle
personnalité originaire de telle ou telle région sont accusées des
mêmes faits. C'est ainsi que les accusés originaires de Cyangugu
sont presque tous accusés d'être meneurs et massacreurs.
Cela
est particulièrement
remarquable
de la part
des personnes
originaires du Nord
(Gisenyi, Ruhengeri et Byumba) dont le
1I
Président HABYARlMANA était originaire.
Il

Quant au degré
de parenté ou de service avec le Président
HABYARIMANA, 1I1espersonnalités répondant à ce critère, sont, en
plus
des
accusations
communes,
particulièrement
accusées
d'appartenir soit au ItRéseauZéro", soit à "l'Escadron de la mort"
ou dlêtre des commanditaires et organisateurs du génocide". Parmi
ces personnalités, on rencontre curieusement des cas où un même
individu est accusé, sur une même liste, des faits différents en
qualités différentes.
De même, sur la même liste figurent des noms des
personnes
ll
assassinées
avant l'établissement
de ladite liste ,
ce qui
confirme l'existence des listes des personnalités à liquider par
le F.P.R. bien avant le 06 avril 1994, "ainsi que ceux des
3
personnes résidant au Rwanda. 11 .:1
Ces listes ont une importance politique capitale pour le
F.P .R. En effet, litant que le T.P. 1.R. ne commence pas encore
effectivement ses fonctions pour se prononcer définitivement sur
des accusations qu'elle contient, ltélite Hutu est, pour le F.P.R.
et ses supporters, bannie. Ce qui contribue, dans une certaine
3.:1

ALTEIù~ATIVE, Le Médiateur nO 5 & 6, Janvier 1996.

:. fI t
i\

',1

!'

0

l .)7. r::..J c-:)

204
mesure, à "légitimer"
le régime du F.P.R. et de tout
soustraire
ses partisans criminels de la justicen,

faire

pour

IX.

LE REMÈDE DU MAL RWANDAIS

IX.l.L'ÉTAT DES LIEUX
IX.LL

Des vérités qui doivent être dites

1.

Le peuple rwandais dans sa grande majorité est victime de la
crise actuelle.
Il se rend compte maintenant qu'il paie les
frais des intérêts hégémoniques et géostratégiques qui le
dépassent et qui se traduisent dans des ingérences et les
complicités qui sont venues influer dramatiquement sur le
cours de son histoire.

2.

Depuis l'éclatement de la guerre en octobre 1990, le peuple
rwandais
n'a pas cessé d'en appeler à
la communauté
internationale et à ses institutions censées être garantes de
l 1 ordre et du droit international.
Il n'a eu pour réponse
que dilettantisme, laisser-aller et même complicité.

3.

D'octobre 1990 à décembre 1993 plusieurs milliers de rwandais
avaient perdu la vie dans des circonstances créées par cette
guerre imposée au Rwanda depuis un pays voisin, l'Ouganda,
signataire
des
conventions·
internationales
qui
lui
interdisent que son territoire soit utilisé comme la base de
départ d'activités subversives ou terroristes dirigées contre
le peuple d'un autre État; bien plus, un million de citoyens
civils innocents étaient déplacés de leurs biens et vivaient
au vu et au su de tous les internationaux des droits de
l'homme, dans le dénuement total des camps de déplacés de
guerre à l'intérieur de leur propre pays.

4.

Le 06 avril 1994, avec l'assassinat du Président de la
République, son Excellence Monsieur Juvénal HABYARlMANA en
même temps que celui du chef d'État-Major des F.A.R., suivi
le lendemain par l'assassinat du Premier Ministre, son
Excellence Madame Agathe UWIRINGIYIMANA, il n'y avait plus de
pouvoir au Rwanda.
Un vide s'est automatiquement créé au
niveau des prises de décision, et aucune autorité ne s'est
manifestée pour gérer et arrêter le débordement de massacres
dont le monde entier a été témoin.

5.

Indépendamment
de son appartenance
ethnique,
il nry a
pratiquement aucune famille rwandaise qui ne déplore au moins
un mort parmi ses membres.

6.

Le gouvernement mis en place le 09 avril 1994,
après le
déclenchement des massacres 1 a trouvé la machine infernale
déjà en sa vitesse de croisière et a très vi te réalisé que
ses seules capacités ne suffiront pas à l'arrêter.
Après un
message de pacification adressé à la nation, il a sollicité

en date du 11 avril 1994, le secours des Nations Unies par le
biais du Commandant en chef de la M.I.N.U.A.R. déjà en place
à Kigali.
Au lieu d'un secours soutenu et renforcé pour
arrêter les massacres, il Y a eu plutôt une réponse de nonassistance à peuple en danger. Le 21 avril 1994, la décision
de réduire le personnel de la M. l .N .U .A.R. a été prise et
suivie d'effet immédiat.
7.

Par ailleurs, un embargo sur les armes a été voté par le
conseil de sécurité des Nations Unies contre le gouvernement
rwandais.
Cet
embargo
contre
l'agressé
pendant
que
l'agresseur continuait à être approvisionné en homme et armes
a annihilé la résistance de l'armée gouvernementale, qui n'a
plus pu faire ce qu'elle avait fait pendant les quatre années
de guerre pour protéger son peuple.
Le pays est tombé dans
les mains du F.P.R., et pour les mêmes raisons qui avaient
fait qu'un million de personnes aient fui les zones occupées
par le F.P .R., l'exode du peuple rwandais s'est produit à
très grande échelle.
Le Rwanda compte aujourd 1 hui le plus
grand taux de réfugiés de l'histoire.
IX. 1. 2.

situation actuelle des réfugiés.

1.

Plus de deux ans après leur exode, le Haut Commissariat des
Nations Unies pour des Réfugiés
{U.N.H.C.R.} continue à
refuser aux réfugiés rwandais le statut de réfugié qui leur
permettrait
de
réclamer
les
droits
internationalement
reconnus aux réfugiés.

2.

Par ailleurs, une politique globale de culpabilisation est
menée à l'encontre des réfugiés rwandais.
Lion a laissé
s'installer dans l'opinion internationale l'équation llréfugié
rwandais = Hutu = tueurll et tout réfugié rwandais est sous le
coup
permanent
d r une
condamnation
sans preuve
de
sa
culpabilité et sans aucun bénéfice de présomption d'innocence
reconnu par le droit international.

3.

Certaines personnes
estiment que ces nouveaux
réfugiés
rwandais ne rentrent pas parce qu'ils seraient pris en otage
par des "intimidateurs". Or la réalité est tout autre. Les
véritables
obstacles
au retour
des
réfugiés
sont
les
conditions de sécurité qui ne sont pas garanties dans le
pays, les droits de la personne qui sont complètement déniés,
les biens et les propriétés des gens qui sont occupés et les
conditions d'une justice saine non-réunies.
Après la prise
du pouvoir r le F.P.R. a continué et continue les massacres
des personnes innocentes appartenant aux ethnies Hutu et Twa.
Par ailleurs, d'innombrables arrestations arbitraires qui
continuent à ce jour, portent au moment où j'écris, à près de
cent mille personnes, le nombre de prisonniers, sans dossier
et sans jugement, dans des prison-mouroirs à raison de 4 à 5

207

personnes par m2•
4.

Toujours concernant la question des réfugiés, les plans et
les astuces les plus or~g~naux ont été utilisés, sans
résultats probables, pour forcer les réfugiés à rentrer
malgré eux sous la terreur du F.P.R. Il est très préoccupant
de constater que la communauté internationale continue à
traiter le problème des réfugiés du seul point de vue du
gouvernement de Kigali, et tombe, elle-aussi dans l'erreur de
traiter la question des réfugiés sans associer ces derniers à
la recherche d'une solution adéquate à leur problème.
Des
tentatives
sont actuellement en cours pour utiliser de
nouveau,
mais
d'une
manière
renforcée,
l'arrêt
de
l'assistance alimentaire, la fermeture des camps et le
rapatriement forcé sous escorte dl une force internationale
pour résoudre la question des réfugiés.
Ces différentes
mesures, qui ignorent les vrais obstacles au retour des
réfugiés, conduiraient, en cas de mise en application, à des
catastrophes humanitaires sans précédent.

5.

La situation des réfugiés rwandais se trouvant à l'Est du
Zaïre surtout devient aujourd 1 hui dramatique.
La guerre
actuellement y déclenchée sous le manteau de la lutte des
Banyamurenge
et sous d'autres prétextes,
est,en réalité
provoquée, appuyée, et entretenue par le Rwanda, le Burundi,
l'Ouganda et leurs alliés.
Elle vise entre autres à
déstabiliser les camps des réfugiés, soit pour provoquer la
dispersion des réfugiés, loin des frontières, soit pour les
encercler et les faire rentrer de force pour les contenir et
les mettre à la merci de leur tortionnaire, le système qui
gère maintenant le Rwanda.
Cette guerre va, en réalité,
provoquer
de nouvelles migrations
impénétrables
où les
réfugiés seront exposés à la mort par la faim, Il inanition,
la fatigue et les maladies.
IX.1. 3.

1.

La situation à Il intérieur au Rwanda

La situation à l'intérieur du Rwanda se résume dans l'acte de
démission du Directeur de Cabinet du Premier Ministre du
gouvernement de Faustin TWAGlRAMUNGU en ces termes: ilLe
F.P.R. qui domine à la fois le gouvernement et le parlement
pratique l'épuration ethnique, terrorise par son armée et ses
milices ABAKADA la population civile par les arrestations
arbitraires
et
les
exécutions
sommaires;
bloque
l'organisation de la justice et n'est pas prêt au dialogue et
à la réconciliation nationale" (déclaration du 12 juin 1995).
Cette situation est confirmée par dtautres faits, notamment
les massacres de Kibeho, de Kanama, dl Iwawa, et d'autres
encore
que
les
observateurs
sur
terrain
qualifient
d'opération de nettoyage ethnique, ainsi que les prisons

208

saturées jusqu'à ce que les gens meurent d'asphyxie et qui
font que les organismes humanitaires et de soi-disant droits
de 1 'homme oeuvrant au Rwanda sont plus préoccupés par des
opérations de construction de nouvelles prisons plutôt gue
par la libération des prisonniers dont ils ont des preuves de
détention arbitraire.
2.

Jusqu'à présent, certaines personnes et certaines puissances
ont pensé que le système F.P.R. pouvait être une solution à
la crise que vit le peuple rwandais depuis 1990; tout a été
essayé pour stabiliser et renforcer le système. Dans ce but,
certains membres de la communauté internationale sont allés
même jusqu 1 à adopter des attitudes étonnement inadaptées,
dont certaines ont été jusqu'ici entachées d'une partialité à
peine
voilée
et
en
contradiction
avec
les principes
d'humanité et de droit généralement défendus dans les arènes
internationales.

3.

Pourtant le pays est régi par l'absence de loi ou plutôt par
la loi de la jungle et de 11absurde; tout le peuple de
11 intérieur est comme dans un camp de concentration.
Les
clivages ethniques ont atteint leur paroxysme, et le,pouvoir
en place entretient et attise la haine et ravive les plaies
béantes consécutives aux atrocités infligées aux diverses
composantes du peuple, au lieu d'engager une véritable
politique de réconciliation basée sur la vérité et la justice
pour tous.
Le F.P .R. , ses militaires et ses barons et
généralement la population des anciens réfugiés, se sont rués
sur les propriétés des nouveaux réfugiés et des sans-voix de
llintérieur, sur leurs terres, leurs habitations,
leurs
négoces, leurs usines, et face à cette spoliation absolue et
à la paupérisation brutale qui sien suit, des fortunes
colossales se sont constituées ex nihilo, surtout parmi les
hautes autorités du F.P.R.
Les campagnes sont vides.
Le
déplacement massif et plusieurs fois renouvelé, puis l'exil
massif d'une grande partie de la population, le massacre de
personnes restées dans le pays, ont laissé de grandes
étendues du pays, habituellement valorisée dans la désolation
totale, qui entraîne la destruction des cultures pérennes, la
rareté des denrées alimentaires et la famine.
Pour la
population, aucune perspective de paix et de développement
n'existe, car, le pouvoir détesté par le plus grand nombre de
la population intérieure et par les réfugiés, est plus
soucieuse de sa sécurité et de guerre que de développement du
pays.
Aujourd' hui, le Rwanda est devenu le pays le plus
pauvre du monde.

IX.l.4.

Attitudes de la communauté internationale

f(0161560
209
1.

Les arbitres
externes
de la crise rwandaise
ont été
régulièrement informés de cette propension à la polarisation
ethnique.
Dans un document publié par le gouvernement en
exil intitulé ilLe Peuple rwandais accuae.": des preuves par
les faits ont été exposés.
Dans deux autres documents, "Le
non-dit sur les massacres au Rwanda Il et I1L'autre face du
génocidell, d'autres indications vérifiables ont été fournies.
Malgré toutes ces informations, certains yeux ont attendu la
tragédie comme celle de Kibeho, de Kanama ou dlIwawa ou
l'attaque des camps de l'Est du Zaïre pour s'ouvrir.
Il est
à se demander pourquoi ces yeux Si ouvrent quand les vies
humaines qu'il aurait fallu sauver sont déjà perdues.

2.

La communauté internationale s'est souvent compromise, comme
on l'a vu, avec le F.P .R., en le soutenant sans condition
jusqu'à sa prise du pouvoir au Rwanda en juillet 1994 i en
présentant ses violations des droits de l'homme comme des
faits normaux,
des bavures
commises par
des éléments
incontrôlés ou alors comme des actes de représailles quand il
s'agissait
de
l'accomplissement
de
cette
politique
d'épuration ethnique.

3.

Plusieurs observateurs. et enquêteurs
internationaux
ont.
manifesté une évidente partialité à blanchir le F.P.R. et le
gouvernement de Kigali. Citons pour l'exemple les experts du
Conseil de sécurité des Nations Unies qui parlent dans leur
rapport final d'informations abondantes des massacres et des
persécutions systématiques de Hutu par l'armée du F .P .R.
(par. 44) et qui n'ont aucune retenue de conclure leur
rapport en disant qu'ils n10nt pas pu trouver d'indices que
"1es massacres de Hutu perpétrés par les soldats du F.P.R.
avaient été systématiques" (par.98). C'est le cas également
du rapport sur les massacres de Kibeho et de celui du "Ruman
Right Watch
au sujet desquels des indignations se sont
élevées de la part de ceux qui connaissent la réalité de
terrain.
li

4.

La communauté internationale semble avoir pris fait et cause
pour la condamnation à priori, de manière dramatiquement
contraire
au
principe
universel
de
la
présomption
dlinnocence, de vastes composantes du peuple rwandais, par
des réflexes de globalisation que cette même communauté
relaie et entretient.
Elle ne semble pas par ailleurs
pressée de fustiger les simulacres de justice qui se met en
place au Rwanda.
La même communauté ne réagit pas aux atermoiements du
Tribunal pénal International pour le Rwanda (T.P.l .R. ) et
semble ignorer que ces enquêteurs ne font, jusqu'à date, au
Rwanda, que des enquêtes en sens unique, en partie à cause
des entraves de fait imposées par le régime de Kigali.

210

Plus grave encore, la communauté internationale, connaissant
des faits graves qui se sont déroulés sous les yeux de ses
représentants,
notamment
les massacres
des milliers
de
populations innocentes déjà cités, a pris la responsabilité,
non seulement de couvrir ou d'ignorer ces événements, mais
aussi de lever l'embargo sur les armes à destination du
Rwanda, alors que les raisons qui avaient justifié cet
embargo au Conseil de Sécurité, sont plus applicables encore
maintenant que le pouvoir en place, en l'absence de guerre,
tourne les armes contre son population.
IX.2.LES FAUSSES SOLUTIONS
IX.2.1.

À

l'intérieur
de
création du R.D.R.

la

communauté

des

réfugiés:

IX.2.1.1. Analyse de l'environnement global
Le R.D.R. est né après plusieurs tentatives de mise en place
d'une structure devant représenter les réfugiés en lieu et place
du gouvernement, tentatives initiées. dès août 1994, par bon nombre
de groupes de réfugiés ou d'individus isolés. C'est dans ce cadre
qu'en date du 20 août 1994, Monsieur Casimir BIZlMUNGU, jusque là
Ministre de la Santé, a adressé la lettre suivante à son
Excellence Monsieur le Président de la République Rwandaise, le
Docteur Théodore SINDlKUBWABO, pour lui présenter sa démission et
son projet de mise en place d'une structure pouvant mieux défendre
les intérêts des réfugiés.
Bukavu, le 20 août 1994
Docteur Casimir BIZlMUNGU
Ministre de la Santé
(Gouvernement du Salut National)
République Rwandaise
Son Excellence Dr Théodore SINDlKUBWABO
Président de la République Rwandaise
Excellence Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de présenter ma démission
du poste de Ministre de la Santé, étant donné que notre
gouvernement s'est révélé fort déficient dans la gestion des
problèmes vécus par la masse des réfugiés qui llont suivi en exil

211

et qu'il a perdu sa crédibilité sur le plan international.
À mon avis, il faut de toute urgence
mettre en place une structure politico-militaire
fonctionnelle
comprenant des personnes intègres, dynamiques, politiquement mfires
et jouissant d'une crédibilité suffisante tant au niveau de la
population qu'à l'extérieur.
Cette structure
devrait être
majoritairement composées de personnes politiquement "nouvelles".
Le rôle des anciens politiciens et hauts cadres ne serait pas
celui de s'effacer.
Ils continueraient à conseiller cette
direction politico-militaire, à encadrer et animer la population
et à remplir d'autres tâches qu'elle leur confierait.

Je reste
disposer
davantage ma pensée, si besoin en était.

à

vous

présenter

Veuillez agréer, Excellence Monsieur
Président, l'expression de ma plus haute considération.

le

Dr Casimir BIZlMUNGU
signé
Copie pour information:
Monsieur le Premier Ministre
Monsieur le Président du M.R.N.D.
C'est également dans le cadre de ces tentatives, qu'en date
du 23 mars 1995, une réunion conjointe- gouvernement en exil haut
commandement des F.A.R.- a discuté de l'opportunité de créer une
structure de représentation des réfugiés.
À l'issue de cette
réunion, une commission regroupant les membres du gouvernement et
des F.A.R., en l'occurrence, du côté du gouvernement les Ministres
KALlMANZlRA Callixte
et BlCAMUMPAKA
Jérôme et les Colonels
KANYAMANZA André et MU80NERA Venant pour les F .A.R., a été mise en
place. Le mandat de cette commission était:
d'étudier la formule la plus appropriée pour représenter les
réfugiés rwandais (gouvernement ou association des réfugiés)
de dégager les avantages ou inconvénients de chacune des deux
formules et
de proposer les modalités pratiques d'organiser un congrès
des réfugiés rwandais devant statuer sur la question, sur
base du document de travail que devait élaborer cette
commission.
Il convient de souligner qu'à cette date du 23 mars 1995, le
Général-Major Augustin BIZlMUNGU, commandant des F .A.R., signait
déjà des invitations à la réunion de Mugunga qui devait donner
naissance au R.D.R. en date du 03 avril 1995. Cette réunion a té

212

par le Général-Major Augustin BIZlMUNGU lui-même en
présidée
En date du 04 avril 1995, le haut commandement de
personne. publié une déclaration de soutien au R.D.R., né la
F.A.R.

a

veille.
À Burengo, le 09 avril 1995, siest tenue une réunion de
concertation entre les membres du comité exécutif du R.D.R., dont
son Président et ~elques membres du haut commandement des F.A.R.
dont le chef de l'État-Major et son adjoint et quelques membres du
gouvernement en exil. Cette réunion a conclu à la nécessité drune
collaboration entre le R.D.R. et le gouvernement, collaboration
qui doit être discutée au plus haut niveau, étant entendu qu'il y
a convergence des objectifs.

C'est dans ce cadre que le Président de la République et le
premier Ministre en exil ont eu des contacts avec le président du
R.D.R. le 09 et le 16 avril 1995, soit ensemble, soit séparément.
Il sied de rappeler que le Général-Major Augustin BIZlMUNGU et le
Général de Brigade Gratien KABILIGI avaient été invités à la
rencontre du 16 avril 1995, mais suite à leur absence, elle n'a pu
se tenir que le 17 avril 1995.
Et sans attendre l raboutissement de toutes ces démarches,
voilà que le "Haut Commandement des F.A.R.", de par sa déclaration
qui suit du 29 avril 1995, a décidé de se ranger du côté du R.D.R.
et de rompre unilatéralement avec le gouvernement en exil.
IX.2.1.2. Ruoture des
gouvernement

relations

entre

les

F.A.R.

et

le

Déclaration du Haut Commandement des F.A.R. à llissue de sa
réunion du 28 au 29 avril 1995 à Bukavu.
Suite à la confusion créée par la naissance du Rassemblement
pour le Retour et la Démocratie au Rwanda-R.D.R.- et à l'attitude
négative du gouvernement face à cette initiative
le Haut
Commandement des F.A.R. sIest réuni du 28 au 29 avril 1995 pour
faire le tour d'horizon de la situation socio-politique des
l

réfugiés.
La réunion du Haut Commandement des F.A.R. élargi de quelques
officiers fait le constat suivant:
1.

Le gouvernement depuis sa mise en place le 09 avril 1994 avec
le concours des F.A.R. reste victime d'un embargo médiatique
et diplomatique, et le remaniement ministériel du 01 novembre
1994 nla pas pu remédier à cette situation.

i( fi
!\ '.,'

l 0" 1 .3 6 't;

213
2.

LI absence

de l'action gouvernementale auprès des réfugiés
dans les camps en raison du manque de structures adéquates et
efficaces est toujours ressentie.

3.

Les
forces
armées
rwandaises
n'ont
cessé
d'attirer
l'attention du gouvernement sur ce blocage et donner leurs
propositions pour tenter de sortir de l'impasse en favorisant
l'émergence
d'une
structure
capable
de
représenter
valablement les réfugiés.
Faut-il rappeler qu'en décembre
1994, les F.A.R. ont transmis au gouvernement par note leur
soucis dans ce domaine et que, par ailleurs, plusieurs
démarches auprès de celui-ci par leurs délégués ont toujours
reçu une fin de non recevoir. Dans cette ordre d'idées, lors
de
la réunion
conjointe
du
gouvernement
et
du Haut
Commandement des F.A.R. tenue à Bukavu en date du 23 mars
1995. nous avons attiré l'attention du gouvernement sur le
danger d'éclatement
des réfugiés
suite à la naissance
désordonnée des associations et organisations à l'initiative
de personnes non satisfaites de l'action du gouvernement. Là
encore le gouvernement a adopté une attitude attentiste en
proposant une solution qui à tout l'air d'une manoeuvre
dilatoire.

4.

Dans cette dynamique de recherche d'une solution de rechange
pour sortir de cette impasse, à l'initiative des réfugiés, il
a été créé récemment le Rassemblement pour le Retour et la
Démocratie
au Rwanda dont les objectifs
répondent aux
préoccupations des réfugiés et mêmes des Rwandais opprimés à
l'intérieur du Rwanda.

5.

Après avoir apprécié le but et les objectifs du R.D.R., les
forces armées rwandaises ont salué cette heureuse initiative
mettant en place une organisation capable de garantir un
encadrement efficace de la population en exil, de lui assurer
un maximum de cohésion et d'avoir une ouverture diplomatique
et médiatique, conditions préalables au retour des réfugiés
dans notre pays.
C'est ainsi que les Forces Armées
Rwandaises ont signé une déclaration de soutien au R.D.R. en
date du 04 avril 1995.

6.

Après la naissance du R.D.R.. la nouvelle situation ainsi
créée a exigé des consultations entre le gouvernement et les
responsables du R.D.R. et le commandement des F.A.R. pour
dissiper la confusion et sauvegarder la cohésion au sein des
réfugiés.
En
dépit
de
ces
multiples
contacts,
le
gouvernement, au lieu de soutenir le R.D.R., s'emploie pour
le combattre dans les camps des réfugiés et à Il extérieur
sans toute fois proposer une autre alternative acceptable.
Le Haut Commandement des Forces Armées Rwandaises, conscient

214
de ses responsabilités et soucieux des intérêts supérieurs du
peuple rwandais, sur base de ce constat amer, a décidé ce qui
suit:
i)

Les F.A.R. se considèrent toujours être IIl'Armée du
peuple" et réaffirment leur ferme volonté de travailler
directement avec et pour lui.
Pour ce faire, elles
réitèrent leur soutien au R.D.R. qu'elles jugent mieux
placé que le gouvernement pour représenter et défendre
les intérêts des réfugiés.

ii)

Les F .A.R. estiment que le gouvernement doit prendre
conscience de ses responsabilités devant l'histoire, le
peuple
rwandais
en
général
et
les
réfugiés
en
particulier en soutenant cette heureuse initiative des
réfugiés et en s'effaçant pour laisser le R.D.R.
représenter et défendre les intérêts de ces derniers.
À cet effet, le gouvernement doit remettre au R.D.R.
tous les dossiers qu 1 il gère pour le compte du peuple
en exil.

iii) Les relations entre les F.A.R.
cessent à partir du 29 avril 1995.

et

le

gouvernement

Fait à Bukavu, le 29 avril 1995
Les signataires:
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.

Général-Major Augustin BIZIMUNGU
Général de brigade Gratien KABILIGI
Lieutenant Colonel BEM Phinées MUNYARUGARAMA
Major Bernard NTUYAHAGA
Lieutenant Colonel BEM Edouard GASARABWE
Major CGSG Aloys NTABAKUZE
Lieutenant Colonel BEM Juvénal BAHUFITE
Lieutenant Colonel BEM Antoine SEBAHIRE
Colonel BEM Venant MUSONERA
Colonel André KANYAMANZA
Lieutenant Colonel Ir Jean Bosco RUHORAHOZA
Colonel Tharcisse RENZAHO
Colonel BEM SG Aloys NTIWIRAGABO
Colonel Joseph MURASAMPONGO
Major Stanislas KINYONI
Lieutenant Colonel BEMS Augustin RWAMANYWA
Major BAM François Xavier NZUWONEMEYE
Major Pilote Jaques KANYAMIBWA
Lieutenant Colonel Médecin Froduald MUGEMANYI
Aumca Chef Antoine HATEGEKlMANA.
Cette déclaration qui a tout l'air d'une déclaration de Coup

K0161366
215
d'État a été signée en dépit d'une lettre adressée par le GénéralMajor Augustin BIZlMUNGU au Colonel BAGOSORA en date du 11 mars
1995 et qui réaffirmait l t attachement du Haut Commandement des
F.A.R. aux institutions en exil, en ignorant également les sages
recommandations du Ministre de la Défense en exil, le Colonel
Athanase GABARE au commandant des F.A.R. en date du 27 avril 1995.

Gama, 11 mars 1995
N° 014/0FFR.2
Au Colonel BEMS BAGOSORA,
sic: Monsieur le Ministre de la Défense
Objet: Discipline OFFR.
1.

2.

3.

4.

En date du 27 février au 03 mars 1995, une réunion du conseil
de commandement des Forces Armées Rwandaises s'est tenue à
Burengo (Mugunga) et vous y avez assisté sur désignation du
Ministre de la Défense en qualité de simple observateur.
Or avant même que le compte-rendu de la réunion ne sorte et
ne soit transmis à qui de droit, je suis peiné d'entendre que
vous avez organisé et poursuivez des tournées dans les
différents camps de réfugiés de Gema en vous faisant passer
pour le porte-parole du Haut Commandement des F.A.R. pour
annoncer les décisions qui avaient été prises dans ladite
réunion, en faisant fi de l'interdiction formelle que je vous
avais faite personnellement en date du 09 mars 1995 lors de
notre entretien, de continuer ces tournées pour le moins
insolites et aux visées non encore éclaircies.
Le commandement des F .A.R. siest toujours investi dans la
recherche de solutions adéquates et continue à lutter de
concert avec tous les esprits de bonne volonté, pour que tous
les réfugiés puissent rentrer dans leur pays dans les
conditions optimales de sécurité et de dignité au moment où
vous, parait-il, dans vos réunions, vous préconisez un
découplement net des institutions avec comme résultat de
créer la confusion dans la communauté des réfugiés et
d'annihiler les efforts qui se mènent pour atteindre notre
objectif.
S'il est vrai que nous ne disposons pas encore des outils de
répression des écarts aussi graves, force est de vous faire
connaître que la communauté des réfugiés ne pourra plus
continuer passivement à se voir narguée et si vous vous
décidez à poursuivre vos activités, je me dois de vous
signifier, que vous agissez isolement et que par conséquent,

Kn161~567
216

vous devez en supporter les conséquences.
Signé Augustin BIZlMUNGU
Général-Major
Commandant des F.A.R.
Copie pour information:
Son Excellence Monsieur
le Président de la République
en exil à Bukavu
Son Excellence Monsieur
le Premier Ministre du gouvernement en exil
à Bukavu
Quant à la lettre du Ministre de la Défense en exil, au
commandant des F.A.R. dont il est question ci-dessus, elle était
rédigée en ces termes:
Goma, le 27 avril 1995
N° 037/05.01

Au commandement des F.A.R.
Goma
1.

Dès la création du Rassemblement pour le Retour et le
Démocratie au Rwanda (R.D.R.), les Forces Armées Rwandaises
l'ont soutenu par leur motion de soutien du 04 avril 1995.
Complémentairement à ce soutien, les membres des Forces
Armées Rwandaises ont entrepris une campagne d'explication et
de propagande dans les camps de réfugiés pour encourager des
adhésions au R.D.R., selon certaines informations.

2.

Je vous demande de faire tout ce qui est possible pour éviter
tout dérapage pouvant engendre la division des réfugiés selon
que certains sont pour ou contre R.D.R. Il serait en effet
malheureux de voir le peuple divisé par l'institution
(gouvernement-armée) autour de laquelle il était rassemblé.

3.

Dans ce but, je vous demande de maintenir le dialogue avec le
gouvernement et essayer tous ensemble de faire montrer de
bonne volonté pour trouver un compromis acceptable dans
l'intérêt del:3réfugiés. Ce compromis pourra épargner à l'une
et l'autre partie de se sentir responsable de la division des
réfugiés.
signé Colonel GASAKE Athanase
Ministre de la Défense

Copie pour information:

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217
Son Excellence Monsieur le
Président de la République
en exil à Bukavu
Son Excellence Monsieur le
Premier Ministre du gouvernement
en exil à Bukavu
Ce sage conseil n'a bien entendu pas été SU1V1, comme on l'a
vu, par le Haut Commandement des F.A.R.
Poursuivant en réalité
les décisions déjà arrêtées lors de la réunion de Burengo du 27
février au 03 mars 1995 et dont il a été question plus haut, le
commandement des F.A.R. prit la décision unilatérale de rompre ses
relations avec le gouvernement.
Le R.D.R. ne pouvait pas être la réponse aux multiples
problèmes qui était posés au peuple rwandais en général et à la
communauté des réfugiés en particulier pour des raisons qui
suivent:
IX.2.1.3. Le R.D.R. ne constitue
problèmes posés

pas

une

solution

aux

La confusion créée par la naissance du R.D.R ..est le résultat
de l'absence
dtinformation et de clarification
sur ce
rassemblement quant à sa forme juridique, à son organisation,
à son programme et ses moyens d'action. Le R.D.R. ne pouvait
donc pas répondre
aux préoccupations des réfugiés et même
des rwandais opprimés à l'intérieur du pays" sans qu'il y ait
clarification sur ces éléments.
Il

Le R.D.R. n'était pas une structure née à l'initiative de
tous les réfugiés mais plutôt de quelques uns dtentre eux,
qui n 'avaient pas mandat de la communauté des réfugiés.
Ainsi relève-t-on parmi les présumés fondateurs du R.D.R. des
personnalités non identifiables autrement que par "une dame
de Bukavu", "un Monsieur de Tanzanien, ainsi que dtautres qui
bien que figurant dans le comité exécutif du R.D.R., n'ont
pas participé à la réunion constitutive et qui de surcroît
n'avaient pas été contactées.
Le mode d'adhésion au R.D.R., quasiment par
rappelait le beau vieux temps du parti unique et
que susciter une certaine résistance au sein de la
des réfugiés habituées depuis près de 5 ans à
plutôt démocratique du pouvoir.

la force,
ne pouvait
communauté
l'exercice

Le choix des responsables au haut niveau faisait clairement
comprendre à qui voulait l t entendre ou le voir r, èmequ 1 il
s'agissait bel et bien dlune métamorphose pour la nl. fois
d'un parti politique déjà connu au Rwanda avant l'exil, en
l'occurrence le M.R.N .D., auquel tous les réfugiés ne se

K0l61:S69
218
sentaient pas nécessairement attachés.
La déclaration de soutien au R.D.R. par les F.A.R. ou plutôt
la réunion de création du R.D.R. a été convoquée et présidée
par le Général-Major Augustin BIZlMUNGU, commandant des
F.A.R.
Que la campagne de sensibilisation pour l'adhésion au R.D.R.
soit essentiellement ou ostensiblement menée par les membres
des F.A.R., ne pouvait que tenir l'image de cette dernièrenée des associations.
En effet, dans toutes ses démarches,
le commandement
des F .A.R. fait
comme
si
nI' embargo
médiatique
et diplomatique Il
décrété
par
la communauté
internationale à l'encontre du gouvernement depuis sa mise en
place le 09 avril 1994 ne le concernait pas, oubliant du coup
le principe juridique selon lequel il est de principe que le
gouvernement dispose de l'armée.
Le manque de vision univoque de la tragédie rwandaise par
certains responsables de cette organisation n'a fait que
crottre des suspicions à son endroit à l'intérieur de la
communauté des réfugiés.
En effet, certains leaders du
R.D.R. ont affirmé sans embages que la tragédie rwandaise
était un double génocide, rejoignant à ce niveau les Hutu
transfuges du F.P.R., génocide de Tutsi par les F.A.R. et les
Interahamwe suivi de celui des Hutu par l'A.P.R. et ses
milices Abakada.
D'autres parlent de génocide de Tutsi par
les Hutu et des massacres des Hutu par les Tutsi du F.P.R.,
pendant que d'autres parlent de massacres résultant de la
guerre déclenchée par le F.P.R. en octobre 1990. Et comme si
cela ne suffisait pas , on observe une diversité de démarches
au sein du même groupe pour
assurer
la défense
des
éventuelles justiciables du T.P. 1 .R.,
en dehors de toute
concertation et harmonisation de positions.
Par ailleurs, des divergences persistent au sein de ceux qui
se réclament du R.D.R. sur la voie la mieux appropriée pour
le retour des réfugiés dans leur pays. Certains mettent leur
confiance dans les négociations avec le F.P.R., d'autres
préconisent une solution musculée, alors qu'une autre partie
opte pour la conjugaison de deux solutions.
Il Y en a même
qui prêchent la rentrée massive des réfugiés sans se soucier
des conditions dlaccueil, de sécurité, une fois arrivés au
Rwanda.
L'on en trouve enfin qui suggèrent que les paysans
rentrent les premiers au Rwanda tandis que les intellectuels,
les hommes d'affaires et les membres des ex-F.A.R. les
suivraient dans une seconde phase.
La perception par force de cotisations au sein de la
communauté des réfugiés, suivie de fallacieuses promesses de
retour dans les plus brefs délais, a fini par ternir

K0161370
219
davantage l'image,
pas déjà très bonne du R.D.R., tant à
l'intérieur
qu t à l'extérieur
des camps des réfugiés.
En
l'absence
d'actes
concrets visant
leur retour,
ces derniers
en sont arrivés
jusqu 1 à se demander si les cotisations
ne
servaient
pas à entretenir
les membres des familles
des
responsables du R.D.R. installés
presque toutes en dehors des
zones de turbulence.
certains
ont vu dans le R.D.R. une création
de ceux-là même
qui ont soutenu et soutiennent
encore le F .P.R., par la
manipulation
de certains
hommes politiques
ou même de
certains
militaires.
Lors de la création
du R.D.R., des
affabulations
du genre:
lion va régulariser
les salaires
de
tous
les
soldats
jusqu 1 au mois de juin
1995"
ont été
entendues.
De même, il m1a été rapporté que pour convaincre
les militaires
à adhérer,
certains
politiciens
occidentaux
auraient
fait la promesse de faire pression
sur le F. P. R. ,
pour qu'il
accorde l'amnistie
générale aux seuls militaires,
qui n'ont
tué que dans le cadre de 11 leur profession \1 , à
l'exclusion
de
ceux
qui
seraient
reconnus
coupables
d'homicide à titre
individuel
et de tous les politiciens
qui
auraient
incité
les civils
à se massacrer notamment par le
biais de la Défense Civile.
Pour cela, le commandementdes F.A.R. devait de la façon la
plus claire,
se désolidariser
du gouvernement qui resterait
ainsi,
seul responsable des massacres qui ont eu lieu sur le
territoire
alors
sous son contrôle
entre avril
et juillet
1994. Cette proposition
aurait été très bien accueillie
par
1'hiérarchie
des F.A.R. qui y trouvait
enfin une porte de
sortie.
Elle aurait
été
imaginée par certains
services
secrets
occidentaux
pour
séparer
à
jamais
le
tandem
gouvernement-F.A.R. à la base de la cohésion au sein de la
communauté des réfugiés,
jusque là, les relations
entre le
gouvernement et les F.A.R. ayant été plutôt
excellentes,
ce
qui était
corroboré par le fait que toutes les démarches en
vue de retour
au pays avaient
toujours
été
menées en
concertation
et lou conjointement.
Toute cette
démarche
visait
ltobjectif
ultime de séparer les coupables de ce que
Lt on appelait
la population
civile
innocente pris en otage
par ces dernier.
Enfin,
le choix des leaders
du R.D.R. dans les camps des
réfugiés,
en dehors de toute procédure démocratique et sans
tenir aucunement en compte leur moralité passée ou présente a
fini par convaincre les plus incrédules
sur les véritables
mobiles de cette organisation.

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220

IX.2.2.

La consolidation 'du pouvoir du F.P.R.35

Comme on l'a vu plus haut, le régime du F.P.R. se caractérise
non seulement par des massacres à grande échelle estimés à
plusieurs centaines de milliers de personnes d'ethnie Hutu et Twa,
mais également l'intérieur du pays que cette organisation contrôle
se caractérise par un nombre considérable de prisonniers estimées
à près de 100.000 personnes, entassées dans des prisons mouroirs
de 4 à 5 personnes par m2
sur présomption de participation aux
massacres.
f

Les arrestations arbitraires continuent en masse.
Bien que
le système judiciaire soit en état de délabrement et que bon
nombre de prévenus viennent de passer près de trois ans sans
jugement, le pouvoir en place refuse l'apport technique extérieur,
qui risquerait de juger les présumés en toute justice.
Les discours officiels et les comportements observés ne
laissent planer aucun doute sur le fait que les conditions d'une
justice saine et respectueuse des droits de la personne ne sont
pas remplis. En réalité, la justice du F.P.R. est une justice du
vainqueur et de la vengeance.
Pour.des millions de rwandais, les
droits les plus élémentaires sont décriés de manière flagrante.
Le pays est régi par l'absence de loi ou plutôt par la loi de la
jungle et l'absurde; tout le peuple, à l'intérieur, est comme dans
un camp de concentration.
Le F.P.R. pratique une exclusion ethnique éhontée. Entre 60%
et 100% des fonctions politiques, administratives, territoriales,
judiciaires et sécuritaires et tout le potentiel économique sont
accaparés au profit dtune seule ethnie représentant à peine 10 %
de la population.
Les clivages ethniques ont atteint leurs
paroxysmes et le pouvoir en place, entretient et attise la haine
et ravive les plaies béantes consécutives aux atrocités infligées
aux diverses composantes du peuple au lieu d'engager une véritable
politique de réconciliation basée sur la vérité et la justice pour
tous.
L'armée est monopolisée à plus de 95 % par cette ethnie et se
comporte comme ennemi du peuple.
Elle détient une main-mise
scandaleuse
sur toutes
les sphères
de
la vie
politique,
administrative,
sociale
et. judiciaire.
Il
s'agit
d rune
militarisation sans précédent des rouages de l'État, au moyen
d'une milice partisane qui n'est que l'instrument personnel entre
les mains d'un groupuscule dictatorial.
35

Mémo du comité d'initiative
solution (pp8-9)

pour

la

recherche

dtune

"1'-t) j72

Kf1f

f\'.'!

221
Pourtant malgré que le système F.P.R.:
- soit dirigé par plusieurs assassins et criminels contre
l'humanité qui doivent être poursuivis pour le massacre de plus
d'un million de rwandais;
soit constitué depuis la tête
pilleurs du patrimoine public et privé;

jusqu 1 à

la base

par

des

- soit bâti sur un noyau d'extrémistes basant leur politique
sur l'exclusion ethnique basée sur des complexes ethniques cl' un
autre âge et pratiquant à l'extrême le mensonge politique, la
haine ethnique, la dissimulation et la cruauté sur les populations
civiles;
- ait fait et fait encore preuve de mépris et d'arrogance à
l'égard des pays limitrophes et à l'égard de la communauté
exception
faite de ses alliés
internationale toute entière
inconditionnels;
l

- nie
à un joug
action et
terreur de

les droits les plus
sans précédent dans
sa légitimité que
l'armée patriotique

élémentaires du peuple et le soumet
l'histoire du pays; il ne base son
sur la force, la violence et la
rwandaise (A.P.R.);

soit détestée par la population intérieure et par les
réfugiés, et est plus soucieux de sa sécurité et la guerre que le
développement du pays;
- soit, par nature, incapable de résoudre la crise rwandaise,
de ramener la paix civile.
Il conduit à boucher les horizons à
faire du pays et de la sous-région une poudrière aux mèches
allumées, et à préparer un avenir sombre pour le peuple rwandais
dans son ensemble.
Malgré tout ça, il se trouve des gens voire même des pays qui
croient que sa consolidation pourrait être, tout compte fait une
solution à la crise actuelle de la sous région en général et du
Rwanda en particulier.
Ceux-là refusent de s'engager sur une
autre voie pour une sortie de crise rapide et durable.
l

On observe de la part de la communauté
internationale
représentée par les Nations Unies une mauvaise
appréciation
globale de la crise rwandaise qui est à l'origine de prise de
positions
inadaptées
aux problèmes
à
résoudre.
Certaines
organisations et certaines puissances ont un comportement qui
laisse supposer qu'il y aurait des jeux dlintérêts inavoués qui
les animent.
Le Gouvernement

rwandais de l t époque de la crise, c'est-à-

flnr"l-"?
!;
o
',.f



j 13

222
dire de 1990 à juillet 1994, a subi des pressions intempestives et
démesurées à sens unique qui ne cadraient pas nécessairement avec
les vrais problèmes Bocio-politiques du pays, ce qui a entraîné la
diabolisation du c6té du gouvernement et l'angélisation du côté du
F.P.R., alors que les deux pouvaient avoir des comportements
également contestables.
Le retrait de la communauté internationale au plus fort des
massacres en 1994 a été tout simplement la non-assistance à
personne en danger.
Par la suite, la communauté internationale non seulement a
adopté des positions tendancieuses dans la crise rwandaise et les
massacres, mais elle a également participé à la culpabilisation à
priori
de
millions
de
rwandais
comme
massacreurs
et
I1génocidaires". Elle a notamment pris des mesures d'embargo et de
déni de droits de toutes natures à l'encontre des groupes
culpabilisés sans jugement en même temps qu'elle contribuait ellemême à relayer et amplifier la version univoque des événements qui
ont eu lieu au Rwanda telle qu'elle était présentée par le F.P.R.
et ses alliés.
Cela a entraîné des rancoeurs de la part des
composantes de la communauté rwandaise à l'égard de la communauté
internationale, chacune lui rapprochant ses défaillances à son
encontre.
Fort cet appui, il y a donc eu une dérive machiavélique dans
l'action des hommes politiques au sein du F.P.R., si bien que
l'action politique a été déviée de ses objectifs qui sont
normalement la défense des intérêts de la nation: à la place des
appétits de pouvoir, de richesse et de gloire, la recherche
aveugle du pouvoir et tout l'échiquier politique du F.P.R. a fait
preuve d'une irresponsabilité historique qui a conduit au chaos,
en exposant le peuple trompé et finalement trahi.
Les
contradictions
graves
résultant
de
l'exclusion
multiforme, les blessures réciproques infligées à travers les
âges, les violences et les brutalités intervenus au cours de cette
guerre prolongée, et les autres comportements irresponsables de la
part du F.P.R. et de la communauté internationale ont convergé
vers le pourrissement du climat politique, économique et social.
Il s'est donc développé progressivement et se développe encore
aujourd 1 hui un potentiel de haine et de violence qui devra une
fois de plus exploser tôt ou tard, ce qui démontre si besoin en
est que la consolidation du pouvoir du F.P.R. ne peut constituer
une solution à la crise rwandaise actuelle.
IX.3.L ALTERNATIVE
1

Je réaffirme ici mon option pour une solution politique et
pacifique de la crise rwandaise.
La paix, la démocratie et les

l'

l\" '.,' l. \,.,
~:
1 .)"1 -;1 4
223

droits de l'homme ne peuvent jamais passer par la voie des armes.
Je rappelle, que le F.P.R. qui , depuis octobre 1990, a opté pour
cette voie, se rendra compte si ce n'est déjà fait, que la guerre
appelle la guerre, que la violence appelle la violence et que seul
le pouvoir légitime est celui du peuple, par le peuple et pour le
peuple.
Il faut que les Rwandais arrêtent de se regarder comme des
catégories ethniques avant d'être les membres d'une même nation:
la nation rwandaise.
Ils doivent par conséquent se considérer
comme des rwandais avant de se coller mutuellement l'étiquette de
telle ou de telle ethnie, de telle ou de telle autre région.
Il
faut que nous arrêtions de combattre les hommes mais que nous nous
engagions à combattre les idées si elles sont nuisibles pour les
intérêts du peuple rwandais.
Il est donc impératif et urgent de s'engager dans une autre
voie pour une sortie de crise rapide et durable.

Les grands principes et les grandes étapes pour résoudre la
crise rwandaise sont. les suivants:
.
la mobilisation pour la paix et la réconciliation des
Rwandais;
le rapatriement en toute sécurité et dans la dignité et
l'installation de tous les réfugiés dans leurs biens;
le renforcement
des
institutions
démocratiques
et
républicaines;
la reconstruction du pays.
IX.3.1.

La mobilisation pour la paix et la réconciliations
des Rwandais

rI faut opérer un révolution des mentalités au sein de toutes
les composantes de la population rwandaise en vue de l'éclosion
d1une nouvelle société rwandaise qui donne suffisamment de place à
la tolérance et à la cohabitation.
La population dans son
ensemble et la jeunesse en particulier doit être civiquement
mobilisée pour l'amener à enterrer la hache de guerre et cultiver
la volonté de vivre ensemble
en mettant
fin à tous les
débordements nourris â l'aune de l'exaltation ethnique et de la
vengeance.
La réorganisation de la société rwandaise doit porter
sur les principaux aspects dont la faillite est à l'origine des
déchirements sociaux ou dont les mauvaises performances ont
contribué au défaut d'harmonie entre les composantes de la
population rwandaise.
On l'a vu, si 11époque monarchique couplée successivement,
depuis la colonisation aux régimes de prétectorat allemand, de

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224

mandat puis de la tutelle belges, fut caractérisé par l'exercice
du pouvoir par la seule ethnie Tutsi, la République se singularisa
principalement par le monolithisme politique, le régionalisme et
par le népotisme.
IX.3.1.1. Pour un dépassement réel de l'ethnisme
À l'origine de ce phénomène se trouve, comme déjà signalé
plus haut, la lointaine conquête des principautés Hutu par les
Tutsi.
Ces conquérants instituèrent un système leur garantissant
l'exercice quasi exclusif du Pouvoir et rejetant les Hutu et les
Twa dans le statut perpétuel de serviteur. Et les mattres et les
serviteurs arrivèrent à considérer la situation comme immuable, de
fatalité divine.
Le système fut en quelque sorte entré par
l'évangélisation et la colonisation qui permirent, entre autres
une prise de conscience par les opprimés notamment grâce à
l'instruction, des possibilités d'amélioration de leur sort.
Habitués à être exclus de l'exercice du pouvoir, les leaders Hutu
n'envisageaient, dans leurs réclamations, que l'exercice partagé
du pouvoir entre les trois ethnies, réfutant par là le monopole
des Tutsi dans les domaines politique, économique et social.

Ce ne sera que le refus,persistant des Tutsi à consentir à un.
exercice partagé du pouvoir qui instaurera chez les Hutu, surtout
durant les premières années de l'indépendance, une aversion à ce
que les Tutsi occupent des places dans des secteurs aussi
sensibles que la sécurité et l'administration territoriale.
L'aristocratie Tutsi en revanche ntaccepta jamais l'idée de
partage, tenant coûte que coûte au maintien de la situation des
maîtres-Tutsi et serviteurs Hutu.
C'est cette même obsession qui l'empêche de se plier aux
résultats électoraux auxquels débouchant la Révolution Sociale de
1959 et l'amena plutôt à prendre le chemin de l'exil.
Les
aristocrates Tutsi optèrent, entre 1960 et 1967 pour la voies des
armes en vue de reconquérir le monopole du pouvoir perdu.
Leurs
descendants devaient prendre les armes le 01 octobre 1990 malgré
l'évolution positive des négociations triangulaires - Gouvernement
rwandais - Représentants des réfugiés - U .N.H. C.R. - en vue du
retour des exilés rwandais.
Le refus jusqu'ici affiché d'engager le dialogue avec qui que
se soit parmi les réfugiés Hutu, la politique de neutralisation
des branches dissidentes des partis politiques se trouvant à
l'intérieur du pays, la fixation de la période réputée de
transition à 5 ans et enfin le discours tendant à exclure la
consultation
populaire
des
formes
incontournables
de
la
démocratie, dénotent une volonté de perpétuer l'exercice exclusif
du pouvoir par une seule ethnie.
Et ce n'est pas la cooptation de quelques Hutu à inclure dans

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1 .) / 0

225
le système qui porterait un démenti puisque les collaborateurs qui
ont tenté de dénoncer les exactions commises au non de Il ethnie
Tutsi ont été écartés sans ménagement.
Somme toute, le passé a
démontré qu 1 un système favorisant Il exercice ethnique du pouvoir
ne garantit jamais l'harmonie de la société rwandaise.
Il est
donc sans issue de chercher à le perpétuer.
Le problème du Rwanda est donc d'abord celui de groupuscules
politiques
qui exploitent
11argument
ethnique.
À
l'heure
actuelle, la polarisation est maximale, mais le peuple Hutu et
Tutsi peut se réconcilier si les manoeuvres divionnistes des
groupuscules qui ont opposés les ethnies sont mises à jour et si
la nature réelle des massacres effectués par les différents groupe
est portée à la connaissance de chacun.
La solution a la crise rwandaise doit bien sûr comporter des
garanties et des protections des minorités, mais le problème
rwandais est politique avant d'être ethnique.
C'est d'ailleurs
pourquoi ils se trompent ceux qui croient que la création de
Hutuland et Tutsiland constituerait une solution à la crise
rwandaise.
Dans tous les cas, il faut bannir l'ethnisme, en tant
que pratique visant à utiliser l'ethnie pour diviser le peuple et
mieux l'exploiter.
IX.3.1.2. Pour l'éradication du régionalisme
La formation des premiers gouvernements de la République nuit
apparemment et ce presqul[:!constamment, à contribution,
les
préfectures desquelles ressortissaient les grands leaders de la
Révolution. Ainsi, Gitarama, Ruhengeri et Butare eurent chacune à
un moment ou à plusieurs reprises, une représentation dans le
Gouvernement jugée excessive par les autres préfectures.
Gitarama
eut dans les gouvernements formés en janvier 1964 et en février
1972, 5 ressortissants sur respectivement les 13 et 17 ministres
que comptait alors ladite institution.
De même, Ruhengeri eut
dans les gouvernements formés en octobre 1961, en mai 1962 et en
janvier 1964, 4 représentants sur un total respectivement de 12,
13 et 13 ministres.
Ce fut un des reproches majeurs fait au Président KAYIBANDA
par la Deuxième République dominée par les ressortissants des
Préfectures
Gisenyi
et
Ruhengeri.
Malheureusement,
cette
République, loin de corriger la situation, llaccentua sensiblement
dans plusieurs échelons de lladministration et des services paraétatiques.
Cette réservation, régionalisée de postes publics
s'accompagna
d'une
persécution
relativement
ouverte
des
ressortissants dtautres régions.
Après près d'une décennie de
pouvoir, soit exactement avec la tentative réelle ou simulée du
Coup d'État de 1980 dans lequel figuraient plusieurs personnes

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226
originaires
de
Ruhengeri,
la
Deuxième
République
s'appuya
essentiellement sur la seule préfecture du Président HABYARlMANA
et plus particulièrement sur sa région natale de Bushiru.
À la
préfecture de Ruhengeri se substitua progressivement celle de
Byumba.
Il apparaît de toutes les façons que parmi les facteurs
qui firent à l'origine de la diversification politique apparue dès
la réadmission du multipartisme en 1991, figure en bonne place le
régionalisme outrancier du régime.
Le même phénomène explique du reste l'érosion pendant un
temps de l'unité nationale face à l'ennemie pourtant commun
qu'était le F.P.R.
Ce mouvement a substitué dès sa conquête du
pouvoir, au régionalisme les critères du pays de provenance des
anciens réfugiés ou plus globalement du pays d'asile avant juillet
1994.
Ces critères qui Siappliquent aux seuls Tutsi, les Hutu
étant
visés
par
la
référence
ethnique,
permettent
la
discrimination des Tutsi ayant vécu au Rwanda sous les régime
républicains par rapport aux Tutsi de la diaspora ainsi que le
traitement favorable des Tutsi rapatriés de 1iOuganda et du
Burundi par rapport aux autres.
Cette discrimination a abouti à
ce qui est appelé la quatrième ethnie au Rwanda.
Mais on perçoit une tentative de confusion entre l'ethnisme
et le régionalisme.
Cela ressort de la "Tutsi1andisation" des
préfectures de Byumba, Kibungo et des régions du Bugesera et du
Mayaga.
Il en est de même de la création de la préfecture
d'UMUTARA censée regrouper des Tutsi exclusivement.
En réalité, comme pour llethnisme, l'utilisation de la région
comme moyen d'identification et dl exclusion des composantes dlun
peuple est une pratique
anti-démocratique
utilisée
par des
groupuscules qui veulent s'approprier le pouvoir et en jouir au
détriment des autres composantes de la nation.
En réalité, même
les personnes appartenant à la région monopolisant le pouvoir ne
sont que des acolytes au service du groupuscule
profitant
réellement du pouvoir et ne leur donnant que des retombées parfois
liées aux services effectifs
accomplis
pour
le compte
du
groupuscule.
Les ressortissants de la région dont est issu le
groupusc\lle exerçant le pouvoir servent alors comme base pour
appuyer l'exclusion des autres régions.
Il est clair qu 1 il faut bannir de telles pratiques qui ne
sont qu'une forme facile d'exclusion des composantes d'un peuple
sur base de leur région d'origine.
À la place du régionalisme,
c'est un développement harmonieux de toutes les régions, en
rationalisant les décisions en fonction des potentialités.
La
pratique de la démocratie, la justice distributive, de même que la
promotion basée sur le mérite, permettront de rompre avec les
pratiques régionalistes d'appropriation des biens et des fonctions
au profit d'une région.

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227

IX.3.1.3. Le monolithisme politique
Les deux Républiques se sont en outre illustrées par la
volonté d'imposer une seule voie de gestation, de canalisation et
d'expression des choix politiques.
Ainsi, dès 1965, le parti
sorti vainqueur des consultations populaires auxquelles déboucha
la Révolution sociale de 1959, le M.D.R.-PARMEHOTU absorba-t-il
les formations
rivales
et
laissa s'effacer
les formations
adverses.
Et lorsqu'en 1968 s'expriment timidement en son sein des voix
remettant en cause les pratiques de la direction suprême du parti,
celui-ci les exclut carrément.
D'un monopartisme de fait de la
Première République, le Rwanda passa avec la Deuxième République,
à un monopartisme
de droit.
La méthode d'exclusion
pour
sanctionner les dissidents fut remplacée par l'intimidation et la
mise en index.
En soi, la monolithisme politique n'emporte pas toujours
l'étouffement des divergences.
À un certain moment, la Tanzanie
avec son parti unique d'alors (T.A.N.U.A.) a donné un exemple,
rare il est vrai, de monopartisme "pluraliste". Mais on se heurte
dans de tels cas au problème de gestion dans une même formation,
d'une multitude de choix des fois contradictoires à moins que tout
le monde n'adhère rigoureusement à la discipline du parti.
Ce ne fut pas toujours le cas au Rwanda puisque l'on assista
plutôt à la prévalence des points de vue du président et de ses
proches devenus à l'occasion des éminences grises du régime.
Â
titre d'exemple, l'on a toujours en mémoire, le rôle joué par le
secrétaire Exécutif du parti M.D.R. -PARMEHUTU lord du rejet du
rapport d'une commission parlementaire sur l'état de la marche
générale du pays, puis dans la punition dudit document.
De même
la réforme scolaire fut pratiquement imposée contre l'avis de la
plupart des organes préfectoraux du M.R.N.D., yarti unique, ce, à
l'instigation des co-régionnaire du chef de l'Etat.
La prise du pouvoir par le F.P.R. n'a pas non plus favorisé
le pluralisme politique.
Ce front est plutôt entrain d'étouffer
celui naissant et que les Accords de Paix d'Arusha avaient appelé
à renforcer.

pour combattre efficacement l'exclusion, il faut s'assurer de
sans entraver des libertés démocratiques.
Tout doit
donc être fait pour former et éduquer la population
à la
connaissance et à l'exercice des droits et libertés découlant des
principes démocratiques.
Tout doit être fait pour que la liberté
de presse
s'exerce
et pour que la presse
soit un outil
d'information et de formation de la population au lieu d'être un
outil de la haine et de zizanie parmi la population.
11 exercice

;'n'
~,' '
-;

,:., -179

,.)

.)

,

228

IX.3.1.4. Le népotisme
Cette forme d'exercice du pouvoir à travers les membres de la
famille du Chef pourtant élu, a été exprimée par l'opinion
rwandaise dans le vocable uAKAZUI1•
La nocivité du système s'est
révélée moins dans l'octroi direct de privilège indus, mais plus
dans
Il orientation
de
décisions
intéressant
la
communauté
nationale et dans l'exploitation abusive de la position que l'on
croyait tirer de ses relations familiales avec le Président de la
République, ainsi que dans l'affectation des proches dans les
services de l'État même à titre de simple subalterne pour
intimider les responsables dans l'exercice de leurs prérogatives
légales.
Le système F.P.R, s'inspire de ce procédé applicable pour son
cas, non pas à la famille consanguine mais à la famille politique.
Il en est arrivé à doubler les responsables d'autres tendances
politiques dans les services de l'État, de ses agents, même en cas
de mission en étranger.
Même à l'échelon gouvernemental, il est question d'existence
d'un gouvernement parallèle, véritable détenteur du pouvoir de
décision et regroupant les principaux ténors du Front, Du reste,
ce système généra naturellement une clientélisme rampant, les
propositions
aux nominations
ou l'octroi d'autres
types de
traitements étant souvent, et de facto, du ressort des proches
parents et de leurs courtisans.
Somme toute, le népotisme, à l'instar du régionalisme, fut
aussi à l rorigine de l'effritement de l'Unité Nationale face à
l'agression du F.P.R.
Au Rwanda, le système d'exercice du pouvoir fortement marqué
par lrethnisme, le régionalisme et le népotisme est allé de pair
avec des crimes surtout économiques, une justice chancelante et
une tendance à l'impunité.
De ce fait, la justice fut paralysée
et l'appareil judiciaire s'en ressentit dans sa crédibilité et
dans son autorité.
IX.3.2.

La guestion des réfugiés

La paix et la réconciliaticn entre tous les Rwandais sont
conditionnées par le rapatriement en toute sécurité et dans la
dignité et l'installation de tous les réfugiés dans leurs biens.
pour que ce rapatriement soit pacifique et volontaire, il
faut que les réfugiés puissent sentir que des garanties de
sécurité individuelle et collective sont offertes, et qu'une fois
rentrés dans leur pays, ils pourront jouir de leurs droits civils
et politiques.

229

La sécurité individuelle et collective exige des garanties
selon lesquelles les soldats et les milices qui terrorisent les
populations à l'intérieur du Rwanda soient séparés d'elles et
placés sous un système transparent et efficace de contrôle.
Bien plus, il faut que les réfugiés se sentent représentés
aux différents niveaux de prise de décision et des forces armées.
Les Accords de Paix d'Arusha, qui, jusqu'à ce jour tiennent lieu
de Loi Fondamentale régissant la République Rwandaise, constituent
en cette matière une base valable de discussion.
Au sujet de cette représentativité aux différents niveaux de
prise de décision et des Forces Armées, il faut impérativement
éviter de rééditer l'erreur qui a compliqué la mise en application
desdits accords, à savoir l'ingérence de l'une des parties dans le
choix des représentants de l'autre partie.
Par ailleurs, les réfugiés rwandais ont leurs propriétés au
Rwanda qui ont été occupées par des tiers comme butin de guerre.
Leur droit à la propriété doit rester inaliénable et par
conséquent leur propriétés doivent être libérées sans condition.
Les anciens réfugiés rentrés anarchiquement au Rwanda doivent être
assistés selon les modalités prévues dans les Accords de Paix
dlArusha.
Plusieurs
personnes
sont
détenues
illégalement
et
arbitrairement dans les prisons au Rwanda.
Toutes celles qui ne
sont pas déclarées coupables par un jugement d'un tribunal dûment
constitué et légalement reconnu doivent
être libérées
sans
condition. Les autres doivent jouir du droit d'appel.
Le retour des réfugiés doit être assorti de garanties
explici tes quant à leur droit de se choisir les dirigeants.
En
conséquence, les délais pour les élections libres et démocratiques
doivent être précisés et ne doivent pas dépasser
ceux fixes
36
initialement dans les Accords de Paix d'Arusha •
Malgré ces retours forcés, la question des réfugiés est et
reste d'actualité tant qu'une solution appropriée qui se base sur
les raisons profondes du problème n'est pas trouvée.
Tant que les vraies obstacles au retour des réfugiés dont le
principal est celui de leur sécurité ne sont pas levés, il ne peut
y avoir de retour volontaire et leur question restera toujours
36

Ce texte a été rédigé avant les retours forcés
réfugiés au Burundi, au Zaïre et en Tanzanie

des

,1;\

Il
il'
t,~
1

\,;'

3~1
",)

230
posée.

IX.3.3.

Le renforcement
Républicaines

des Institutions Démocratigues

et

Le
renforcement
des
institutions
démocratiques
et
républicaines constitue une garantie sûre des droits civils et
politiques des citoyens. La crise institutionnelle est llune des
causes de Il enlisement de la guerre au Rwanda.
La remise en
marche des institutions du pays à tous les niveaux et leur
renforcement en vue de les rendre plus opérationnelles et plus
efficaces constitue une priorité.
Le respect des droits civils et politiques s'appuie sur un
dispositif
législatif doté de mesures coercitives bannissant
l'impunité pour toute personne physique ou morale, qui se rend
coupable
de
discrimination
à
caractêre
racial,
ethnique,
régionaliste ou autre.
Dans ce contexte t il est recommandé la
mise
en place
à
différents
échelons
de
l'administration,
d'observatoires pour l'équité sociale et contre la discrimination
sous toute forme.
Ces observatoires seraient coiffés par "Un
Conseil National de la Réconciliation Il ayant compétence dans le
domaine des formes de discrimination sociale.
Les membres de ce
conseil devraient être des personnalités ayant fait preuve par le
passé dtun sens élevé du droit, de la mesure et de l'intégrité et
devraient être représentatifs des différentes composantes de la
société rwandaise.
Par ailleurs la gestion démocratique du pays constitue un des
remèdes, peut-être le plus important contre le mal rwandais.
C'est dans ce cadre qu'il faut préconiser la mise en place tld'un
conseil National de la Démocratisation Il chargé d'assurer le
monitoring permanent du processus de démocratisation au Rwanda.
De ce fait, la poursuite du processus de démocratisation commencée
avant la guerre d'agression du F.P.R. constitue un impératif
auquel la Communauté Internationale devrait continuer à apporter
sa contribution.
En
particulier
j 1 estime
que
la
mise
en
place
des
institutions
émanant
des
consultations
démocratiques
de
la
population
constitue
une
condition
incontournable
à
la
stabilisation politique du pays et donc à une paix sociale
durable.
Tout démocrate devrait oeuvrer à la mise en place de
mécanismes qui permettraient à la base de participer à la gestion
de la chose publique.
1

Actuellement,
bien que le recours au scrutin pour la
désignation des gouvernants était prévu par les Accords d'Arusha,
ce
à l'issue de la transition, le F.P.R. tend à exclure
r
définitivement
les consultations populaires comme système de
gouvernement
du Rwanda.
Le prétexte avancé est le risque

Kr'lf
.\~. . b"170"'
,) U 1..•

231
d'aboutir à une majorité plutôt ethnique quI idéologique.
Réflexe
naturel des minorités, l'argument ne recherche que l'appropriation
par des groupes de la souveraineté revenant au peuple; ce qui ne
peut être admis37•
Le Rwanda a connu jusqU'ici, comme postes à mandats électifs
au
suffrage
universel
direct,
les
conseils
communaux,
la
députation et la présidence de la République.
LIon connaît aussi
pendant
la
Première
République
le
système
dlélection
des
bourgmestres au suffrage universel.
En tout état de cause r
certains de ces postes sont purement délibératifs, d'autres,
principalement poli tiques tandis que la fonction de bourgmestre
est essentiellement administrative.
La Deuxième République avait en toute logique, laissé à la
consultation
populaire,
les
seuls
postes
délibératifs
et
politiques.
Elle avait manifestement
perçu
le danger du
bourgmestre élu, porté plus, à soigner ses électeurs aux besoins
éphémères, réduits aux bonnes relations qu'à s'occuper de ses
administrés soucieux du développement.
Vue sous cet angle , la
mise à l'écart du bourgmestre des tractations politiciennes était
parfaitement justifiée.
Au demeurant, 11urgence de la promotion de la coexistence
harmonieuse, la nécessité de normalisation rapide de la vie
sociale au sortir de
la guerre et des conflits
sociaux,
imposeront, dans un premier temps, un bourgmestre non partisan et
doté d'un pouvoir incontestable.
En conséquence, le bourgmestre
devrait être nommé.
Ce procédé ne serait toute fois valable que
pour cinq ans; à l'issue desquels le bourgmestre serait élu au
suffrage universel direct, à l'instar des conseillers communaux.
Les mandats électifs en général pourraient être portés à cinq ans;
délai suffisant pour la réalisation d'un programme.
Enfin, pour extirper la tendance à se perpétuer au pouvoir à
tout prix et à susciter le culte de la personnalité, exercices
auxquels les Rwandais se prêtent aisément à cause de l'expérience
féodale et monarchique,
il est ici préconisé
le principe
d'interdiction d'exercer plus de deux mandats électifs successifs.
L'option permet en outre d'éviter la tentation de recourir à des
violences pour renverser les tenants du pouvoir.
En cas de
nécessité, soit l'on fera usage de l'arsenal juridique prévu par
la constitution et les lois, soit l'on attendra la fin du mandat.
Au niveau du pouvoir
37

législatif,

Voir cas aussi du Burundi des Grands Lacs en crise,
1994, pp. 239, 240 et 241

tout doit

être

fait pour

F.
REYNTJENS, L'Afrique
Éditions Carthala, Paris

232
décourager la corruption des électeurs.
À cet effet, il faut
prévoir des commissions électorales indépendantes et leur doter de
services dlinformation agissant au cours des campagnes et dans le
dépouillement, avec pouvoir de sanction des candidats corrompant
les électeurs ou pratiquant des fraudes.
Il faut aussi prévoir
des mesures particulières de contrôle du financement des partis
politiques, de contrôle de dépenses de campagne des candidats et
soumettre
les
candidats
à
des
conditions
de
moralité
et
d'honorabilité et à la publicité de leur patrimoine.

IX.3.4.

La reconstruction du pays

Tous les efforts déployés par le peuple rwandais au cours des
trois premières décennies d'indépendance nationale viennent d'être
annihilés par une guerre absurde.
Des infrastructures ont été
détruites en masse et la reprise de la vie normale exige que tous
les rwandais soient pris à contribution sans exclusion et que des
moyens soient rassemblés pour leur reconstruction.
Dans ce
contexte, le retour de tous les réfugiés et leur réinstallation
dans leurs biens
signifie
la reconstitution
des capacités
nationales de .production et de gestion pour la reconstruction du
pays.
Une autre question à considérer pour la reconstruction du
pays est celle de la pauvreté de la population.
Des problèmes
socio-économiques touchant en particulier la jeunesse, ont joué un
rôle réel dans l'éclatement et les comportements au cours de la
crise.
La situation actuelle au Rwanda, quant à elle, se caractérise
par la spoliation absolue et l'accaparement des biens de la
population. 80% des propriétés privées surtout dans les villes et
les centres principaux ou secondaires ont été tout simplement
accaparés tandis que dans certaines campagnes, après une épuration
ethnique en bonne et due forme, de nouvelles populations ont été
installées dans les propriétés mais il Y a aussi des ayant-droits
qui subsistent.
La chose publique quant à elle, est considérée
comme inexistante tant toute notion de gestion semble absente à ce
niveau.
CI est Il appropriation pure et simple.
Pour relancer
l'économie et le développement, il y a des problèmes graves de
propriété à résoudre, pour que la population qui était déjà pauvre
ne soit pas réduite à l'état de prolétaires par le fait même que
des aventuriers ont pris le pouvoir par des armes et se sont
appropriés de leurs biens.
Des choix économiques doivent être opérés pour tenir en
compte la nécessité de réduire au maximum la fracture sociale
entre les nouveaux riches et les pauvres.
Ces choix doivent se
baser sur les structures traditionnelles
de lléconomie mais

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o ~(
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v- ••.•. ' • ,
;1

.J

233

explorer les nouvelles orientations en fonction des potentialités
réelles du pays.
La terre ne devrait plus continuer à constituer
la référence pour la création de la richesse
alors que, même
après la catastrophe
il niy en aura pas assez.
Une recherche
prospective, et l'utilisation des ressources réelles disponibles
sont nécessaires.
1

1

La productivité et l'efficacité des projets et des dépenses
publiques doivent être recherchées tout au long de leur conception
et leur gestion, de manière à en faire des outils pour accroître
la production, créer des emplois et réduire les clivages sociaux.
Le peuple rwandais ne pourra pas résoudre ses problèmes,
particulièrement les problèmes économiques et reconstruction du
pays,
sans
qu 1 il
recoure
à
la
coopération
régionale
et
internationale.
Dans ce cadre, les pays de la sous-région sont
interpellés pour une coopération qui devrait s'exercer activement
dans des actions visant à ramener la paix et la concorde au
Rwanda.
Ainsi donc, si tous les Rwandais unissent leurs efforts pour
accomplir ensemble ces quelques grands principes qui viennent
d'être énoncés plus haut, à nous la victoire sur la haine folle et
aveugle; nous pourrons alors consacrer nos énergies à combattre la
pauvreté, la faim, les maladies, 11 inculture et tous les autres
maux qui accablent notre peuple depuis des décennies.
Fait à Bukavu, le 17 août 1996.

234

~XES

'K' ('tJ\ tr

i

ANNEXE

Al:

AMABWIRIZA
PEREFB

BOSE

YA

MINISTIRI

YEREKEYE

W' INTEBE
KUGARURA

o,. 17.81'
..) 0

KU

BA

UMUTEKANO

MU GlHUGU.
REPUBULlKA Y'U RWANDA
IBIRO BYA MINISTIRI W'INTEBE

Kigali, kuwa 27 Mata 1994

Bwana perefe wa
Perefegitura (bose)
Impamvu:

Amabwiriza yo kugarura
umutekano mu gihugu
Bwana perefe,

Ku italiki ya 6 mata 1994,
indege yari itwaye umukuru wl igihugu cyacu Nyakubahwa Generali
Majoro
HABYARIMANA Yuvenari na Nyakubahwa NTARYAMIRA Sipiriyani,
perezida wa Repubulika y'u Burundi hamwe n'intumwa bari bayoboye,
yarashwe n'ababisha ubwo bari bavuye mu butumwa bwo kudushakira
amahoro i Daresalamu muri Tanzaniya.
Umutwe wa F.p.R.-Inkotanyi
wirengagije amasezerano y'amahoro y'Arusha, wahise wubura imirwano
utera ibirindiro by ' ingabo z 'u Rwanda, ndetse n'abasirikari bawo
bari barinze abakuru b'Inkotanyi basohoka aho bari bagenewe kuba
muri C.N.D., bakwira mu mugi wa Kigali, batangira
ibikorwa
bY'ubwicanyi no gushaka gufata ibigo by'ingabo z'igihugu.
Inkuru y'incamugongo y'iyicwa
rya Perezida wa Repuburika n'isubukurwa ry'imirwano ya F.P.R.
yahise ikwira mu gihugu imvururu zihita zitangira hirya no hino,
zangiza ibintu byinshi ndetse n'abantu benshi bazigwamo, abandi
bavanwa mu byabo.
Nyuma y' ibyo byago, ingabo
z'igihugu zahise zihaguruka, zihangana n1umwanzi kandi zikora uko
zishoboye kugira ngo umutekano w'abantu n'ibintu wubahirizwe.
Amashyaka
atanu yari muri
guverinoma, ariyo M.R.N.D., M.D.R., P.L., P.S.D. na P.D.C., amaze
kubona ko perezida wa Repubulika yitabye imana, na Minisitiri
w'Intebe agahitanwa n'imvururu, yahise aterana asuzuma uburyo
igihugu cyava mu gihirahiro cyari gitewe no kubura Abayobozi
bakuru b'igihugu.
Nkuko
Itegeko-Nshinga
rya
Re!?uburika y'u Rwanda ryo. kuwa 10 kamena 1991 ribiteganya mu
ng1.ngo yaryo
ya
42,
Perezida
w' Inama
y' Igihugu
Iharanira
Amajyambere yahise asimbura by'agateganyo Perezida wa Repuburikai

bityo Nyakubahwa SINDIKUBWABO Tewodori aba Perezida wa Repuburika.
Ashyiraho Minisitiri w'Intebe KAMBANDA Yohani nawe amushyikiriza
lisiti y'abagize Guverinoma, byumvikanyweho n'amashyaka M.R.N.D.,
M.D.R"
P.L., P.S.D. na P.D.C.
Iyo

Guvernoma

yahawe

inshingano eshatu zikurikira:
1}

Gutegeka no kuyobora igihugu mu buryo buhamye kandi
buboneye, cyane cyane ikihutira kugarura no kubumbatira
umutekano w'Abaturarwanda n'uw'ibintu byabo.

2}

Gukomeza
imishyikirano
na
F .P.R.
kugirango
inzego
z'inzibacyubo
yaguye
zijyeho
bitarenze
ibyumweru
bitandatu nk t uko Inama ya a.N.U. ishinzwe amahoro ku
isi yabisabye Leta y'u Rwanda.

3)

Gukemura ikibazo cy ' inzara yugarije abaturage
cyane cyane abavanywe mu byabo n'intambara.

benshi,

Nshingiye
k'ubutumwa
Nyakubahwa Perezida wa Repubulika. yagejeje ku Banyarwanda, cyane
cyane .kumataliki ya 8, 13, 14 na 17 mata 19.94;
Nshingiye
nanjye ubwanjye maze iminsi ngeza ku Banyarwanda;

ku

butumwa

Nshingiye
ku
byemezo
by'inama z'Abaminisitiri zitahwemye gusuzuma ikibazo cy1umutekano
no kugeza ku Banyarwanda ubutumwa bugamije kubumbatira umutekano
mu gihugu, cyane cyane mu nama yahuje Abaminisitiri n'Abaperefe yo
kuwa 11 mata 1994, Inama y'Abaminisitiri yo kuwa 23 mata 1994,
n'Inama y'Ahaministiri yo kuwa 27 mata 1994;
Mu izina rya Guverinoma
y'u
Rwanda,
nshimishijwe
no
kubagezaho
amabwiriza
agomba
gukulikizwa n 'inzego zose zishinzwe umutekano n 'abaturage bose,
kugirango umutekano n'ituze byahungabanye hirya no hino mu gihugu
bigaruke vuba.
1}

Nkuko ahenshi mu ma Perefegitura byatangiye gukorwa,
musabwe kwihutira gukoresha kenshi inama z'umutekano mu
rwego rwa Perefegitura mushinzwe kuyobora.
Muri izo
nama hagomba gufatirwamo ingamba zihamye zigomba guhita
zishyirwa mu bikorwa hakulikijwe ibibazo by'umutekano
byabonetse
muli
Perefegitura.
Buli
nama
ya
Perefegitura
ishinzwe
umutekano,
igomba
guteganya
uburyo bwo kugenzura
uko izo ngamba zishyirwa mu
bikorwa kugira ngo ishobore gukurikiranira hafi uko
umutekano ugenda ugaruka.

\,(t'11
t\

\j

l

l,i
t ••

1

"lCn

J cl 0

237

2)

Kubera ko gushimangira
umutekano bireba
buri
wese,
musabwe, mu nzego zose zisuzuma ikibazo
cY'umutekano
kwifashisha
inzego n'abantu
bose bashobora kubunganira:
abahagarariye
amashyaka,
abahagarariye
amadini,
abahagarariye
ubutegetsi
bwite
bwa Leta,
ubucamanza
n'ingabo

3)

z'igihugu.

Umwanzi wateye u Rwanda arazwi:
ni F.P.R.-INKOTANYI.
Musabwe rero gusobanurira
Abaturage ko bagomba kwirinda
icyo ari cyo cyose cyatuma basubiranamo bitwaje
amoko,
uturere,
amadini, amashyaka, inzangano n'ibindi,
kubera
ko iryo
subiranamo
ry'Abaturage
riha
umwanzi icyuho
yameneramo.
Al iko kandi,
Abaturage bagoroba gukomeza
kuba maso, kugirango batahure umwanzi n'ibikoresho
bye,
bamushyikirize
ubutegetsi,
batabishobora
bakitabaza
ingabo z 1 igihugu.
Abategetsi
ba Komini, aba segiteri,
n'aba
Selire,
bifashishije
Ingabo
z'Igihugu
aho
bishoboka,
basabwe kugena aho amabariyeri
azwi kandi
yemewe yashyirwa
no kugena
uko amarondo yakomeza
gukorwa, kugira ngo umwanzi abure aho amenera.
Kuli
ayo mabariyeri
n' amarondo, abaturage
bagomba kwirinda
guhohotera inzirakarengane.
,

4)

5)

6)

'

Ibikorwa
byo
guhohotera
abantu,
gusahura
n ' ubundi
bugizi bwa nabi bigomba guhita bihagarara.
Niyo mpamvu
ingabo
z' Igihugu,
za
Parike,
n' izindi
nzego
z'ubueamanza
zigomba guhana
zihanukuliye
buli
wese
uzatahurwaho ibyo bikorwa.
Igihe cyose bibaye ngombwa
mushobora
kwifashisha
ingabo
z'Igihugu
n'inzego
z 'Ubueamanza mu guhosha imvururu, mu kurwanya ibikorwa
bY'ubusambo n'ubusahuzi,
no gutoza abaturage
gukomeza
umueOmwiza wo gutabarana no kwirwanaho.
Musabwe gukangurira
abaturage
kwima amatwi abakwiza
ibihuha
bagamije
gue a intege
abaturage
no kubacamo
ibice,
mukabakangurira
ahubwo gushyigikira
byimazeyo
guverinoma yabo no gufatanya n'Ingabo z'Igihugu
zili
ku
rugamba
ziharanira
ubusugire
bw1 igihugu
cyaeu
no
kugarura amahoro mu Rwanda.
Imodoka zose,
ali
iza Leta,
ali
ni iz 1 abantu ku giti
cyabo
ziva
muli
Komini
zijya
mu yindi,
muli
Perefegitura
iï.\we,
zigomba
kuba
zifite
urupapuro
rw'inzira
(laissez-pasaser)
rutanzwe
na Burugumestiri
wa Komini ziturutsemo.
Imodoka za Leta, eyangwa iz' abantu ku giti
eyabo ziva
muli Perefegiture
zijya
mu yindi,
zigomba kuba zifite
urupapuro rw ' inzira
rutanzwe na Perefe wa perefegitura
ziturutsemo.

23B

Imodoka za Leta zili mu butumwa zigomba kuba zifite
urupapuro rw'ubutumwa (ordre de mission) rusinyweho na
Minisitiri cyangwa umufasha we wa hafi (Directeur de
cabinet, cyangwa Directeur général) .
zigomba
kuba
Imodoka
z'Ingabo
z'Igihugu
de
route)
urwandiko
rw1inzira
(feuille
n'ubutegetsi bwa gisilikare.
Abantu bose bagenda muli
banditse kuli izo mpapuro.

izo

modoka

zitwaje
rutanzwe

bagomba

kuba

7)

Imiryango itabara imbabare igomba kworoherezwa mu kazi
kayo ko kugoboka abaturage bali mu kaga.
Imodoka
zishinzwe
ako
kazi
zigomba
kuba
zifite
impapuro
zlinzira (feuilles de route) zitanzwe n1abayobozi b'iyo
miryango,
kandi
izo
mpapuro
zikagaragaza
lisiti
y'abantu cyangwa y'ibintu zitwaye.

8)

Oko umutekano w1abantu n1ibintu
ugenda ugaruka mu
makomini, no mu maperefegitura yanyu, mugomba gusuzuma
ku buryo bwihutirwa uko abakozi basubira ku milimo,
amasoko akarema uko bisanzwe, inganda zikongera gukora,
abahinzi-borozi bakitabira imilimo yabo ya buli munsi
kugirango
bashobore
kurwanya
icyorezo
cy'inzara
kitwugalije.

9)

Musabwe gukora gahunda igaragara yo gukoresha amanama
yiabaturage mu makomini, kugira ngo mushakire hamwe
uburyo buboneye bwo kugarura no kubumbatira umutekano.

ID}

Ndabasaba
nkomeje ko aya mabwiriza
mwayashyira mu
bikorwa
mudatinze,
kandi
inama
za
Perefegitura
zishinzwe umutekano zikayashingiraho kugirango zigene
ingamba
n'ibikorwa
bigamije
kugarura
amahoro
n'umutekano mu Banyarwanda.

Mboneyeho
umwanya
wo
gushimira byimazeyo ingabo z'Igihugu ubutwari n'ubwitange zikomeje
kugaragaza kandi nkazisaba gukomeza umurego mu kurengera ubusugire
bw'igihugu n'umutekano w'Abaturarwanda bose.
Ndangije
mbashimira
uruhare
rukomeye
mufite
nurnurava
mukomeza
kugaragaza
mu
kubungabunga umutekano w1Abaturage
n'ibintu byabo, mufatinije
nI Ingabo z'Igihugu n'inzego z'ubucamanza.
Mugire amahoro.
KAMBANA Yohani

239

Minisitiri w'intebe.
Bimenyesheiwe:
Nyakubahwa Perezida wa
Repubulika
i Kigali
Madamu, Bwana Ministiri (Bose)
Perezida w'Ishyaka (Bose)

KCl16l391
ANNEXE A2:

LISTE DES HUTU À LIQUIDER
FRONT PATRIOTIQUE

RWANDAIS

RWANDES PATRIOTIC FRONT

PAR LE F.P.R.
F.P.R.
R.P.F

Rwandese Patriotic Front
3. av. de Il Observatoire, Box 8
1180; Brussels, Beligium

Byumba, January, 14th 1994
The Rwandese Patriotic Front has the honor to convey greetings to
aIl its members residing in Rwanda and overseas.
It thanks to
those who contribute money, ideas and manual work to make it
going. The RPF Executive members want to reassure its supporters
and sympathizers that plans to oust HABYARIMANA and his Hutuclique from power and Rwanda are running smoothly but cautiously.
The intensification of the security of HABYARlMANA did not change
the plans neither detered the members and supporters. We examine
with our advisers how to destroy his aircraft.
RPF troups in
Kigali report that most of the indigenous rwandese Hutu, are
directly and indirectly supporting the HABYARIMANA-tyranny.
The
Hutu who lived overseas, espacialy in North America, conduct now
activities to stop our plan.
You are urged to initiate somme
actions against them and those of theirs members families.
We received from Kigali the other Hutu opposed to our plan.
We
need to know exactly their ethnie group, the number of their
families and where they reside, it is urgent because our plan will
be accomplished in a few days.
MANIRAGABA Bernard
MANIRAGABA Thaddée
MAYIRA Ephrem
MPORE Jean Chrisostome
MPUNGlREHE Gabriel
MUGENZI Justin
MUGESERA Léon
MUGIMBA Jean Baptiste
GATABAZI Félicien
MUHAWENlMANA Aloys
MUHutu Jean Damascène
MUJAWAMARIYA Christine
NKUNDlYE
MUJAWAYEZU M. Marthe

SIBOMANA Nabantu
MBONAMPEKA Stanislas
BIZlMUNGU Augustin
NIZEYIMANA Emmanuel
BUTERA Jean Baptiste
SIMBA Robert
SIMBIZI Stanislas
SINARUGURIYE J. Croix
SINYOBEWE Marc
TEMAHAGARI Ignace
UKUNDANKWAYA Manassé
USABUWERA Rose
BAGOSORA Théoneste
NYIRIMBIBI Elie

MUJYAMBERE Félicien
BIZlMANA Augustin
MUKAMBONERA Drocella
NDINDABAHIZI Emmanuel
MMULIHANO Isaac
HABIMANA Jean
MUNYANEZA Bosco
UWERA Céline
MUNYANEZA Sylvère
NTAWURIKURA Froduald
MUNYANGANIZI Donat
NTAWUMENYUMUNSI Daniel
MURENGEZI Ildéphonse
NTILIVAMUNDA Alphonse
MURBGO Donat
NYlRAMASUHUKO Pauline
MURERAMANZI Félix
NTIZlHABOSE Aaron
MURERAMANZI silas
NTAMABYARIRO Agnès
MURWANASHYAKA Jean Népo
KAMBANDA Jean
MUSABE Pasteur
NZABONIMPA Callixte
MUSENGlMANA S.
NYANDWI Charles
MUSHYANDI Joseph
NTEZIRYAYO Siméon
MUTAGOMA Denys
BAHIGIKI Emmanuel
MUTWEWINGABO Bernard
HITlMANA Noel
NDAGIJlMANA Cyprien
BANYERETSE François
NDAGIJlMANA Jean Damascène
GAHIGI Gaspard
NDAMIYE Claude
GAKERI Georges
NDAYISABA Faustin
GATSINZI Théophile
NDUTIYE François
HABlMANA Jean Pierre
NEMEYABAHIZI Jean Baptiste
HABIMANA Kantano
NGEZE Hassan
HABlMANA Nyirasafari
NGIRABATWARE Augustin
HABUMUGUSHA Innocent
NGIRUMPATSE Mathieu
HABYARIMANA Jean
NGIRWANABAGABOEmmanuel
BANZI Wellars
NGUNDA Théogène
BANZUBAZE Marie
NIBAMWE Providence
BARAYAGWIZA Jean Bosco
NIYITEGEKA Dieudonné
BICAMUMPAKA Jean Bosco
NIYONZlMA Gaspard
BICAMUMPAKA Jérôme
NIYITEGEKA Eliezer
BIGIRlMANA Ignace
NIZEYlMANA Bonaventure
BIGWANEZA Pierre Célistin
NKEZABERA Ephrem
BIKINDI Simon
NKURUNZIZA Ananie
BlRAMAHIRE Jean
NSABlMANA Déogratias
BIZlMUNGU Casimir
NAHlMANA Eugène Clément
MUTOMBO Raphael
SEBAZUNGU Evariste
KARANGWA Wellars
BIZIMANA Jean Marie Vianney
MBARAGA Paul
BANGAMWABO François Xavier
MANIRAGABA BARIBUTSA
NDUWAYEZU Jean Damascène
NYAGAHENE Antoine
MUNYANTWALI Eustache
RUKIRAMAKUBA Emmanuel
BARAHINYURA-SHYlRAMBEREJean MBONYUMUHlRE Pierre
NDINDABAHIZI Jean
BARAHINYURA M. Immaculée
NSABIMANA Jean Marie Vianney BIZlMUNGU Télésphore
NSANZlFURA Gaspard
BIZlMUNGU Deogratias
NSENGAMUNGU Bernardin
BAPFAKURERA Cassien
KARINGANlRE Joseph
NSENGIYAREMYE Dismas
TWAGIRAYEZU Evode
NGABOYAMAHINA Papias
MORAYI Paulin
SAKINDI Pontien
NIYIBIZI Schadrack
NDANGIZA Aphrodis
NSENGlYUMVA Oswald
BUROKO Ernest

v 'j() ,;~...'
i'\
"
"
... v

242

NSENGlYUMVA Thaddée
CYAMUKUNGU Mathias
NSENGlYUMVA Philibert
CYlCARO Pierre Celestin
CYUBAHIRO François
NSHAMIHIGO Augustin
HAGUMA Pierre Célestin
NSHIMYlMANA J Damascène
BANYANGA Augustin
SINGAYE Fabien
HAKIZAMUNGU Etienne
NSHIMYUMUREMYI J.B
HAKIZAMUNGU Jean BaptisteNTAGANDA Charles
HAKlZAYEZU Mathieu
NTAHOBARI Maurice
HARELlMANA Fidèle
RUGENZA Védaste
HARELlMANA Stanislas
RUGIRA Jean Bernard
HATEGEKlMANA Jean Baptiste
RUHUMULIZA Phénéas
HATEGEKIMANA Juvénal
RUTAGANDA Géorges
HIGANIRO Ildéphonse
RWABUHUNGU Innocent
IRYlVUZE Cyprien
RWANYAGATARE Léonard
SEGASAYO M. Maximin
ZIGlRANYIRAZO Protais
SERUGENDO Joseph
IYAMUREMYE Innocent
SERUSHYANA François
KABUGA Félicien
BUTARE Jean Baptiste
NYlRAHABINKA Patricie
HAKIZAYEZU Déo
NAHIMANA Ferdinand
NYlRABAGENZI Laurence
KALISA Victor
KAYlHURA Gilbert
GAHINDA Gratien
TWIZEYlMANA Faustin
KANDEKWE Papias
NYlRABARINDA Béatrice
KANYARUBlRA Laurent
NZABAGERAGEZA Charles
KARAMIRA Froduald
MZIRQRERA Joseph
NTAMBARA Augustin
PARMEHUTU Justin
KATABARWA J. Baptiste
NGIRUWONSANGA Viateur
KWILINDA Abijah
RANGISABA Epimaque
BUCYANA Martin
RENZAHO Juvénal
MOHATURUKUNDO Norbert
RUCAGU Boniface
KANYAMIBWA Samuel
RUDATSIKlRA Ildéphonse
NDALIHORANYE J. B.
RUHIGlRA Enock
NTAGERURA André
MVUKlYUMWAMI Joseph
BAMWANGA Jean Baptiste
MVULIRWENANDE J.M.V
BANGUWlHA Edison
SINDlKUBWABO Théodore
MUNYAZESA Faustin
RWABUKUMBA Séraphin
BARARENGANA Séraphin
SAGATWA Elie
This list is not exhaustive
Please accept the assurance of my highest regard.
Rwandese Patriotic Front
Colonel Alexis KANYARENGWE

1 J7" c ~,..
J,)

243

ANNEXE Bl:

BRIGADES DU F.P.R.

:..:.9

'\

i:

i;;

f

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h.,' ,17.)(;14
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k' ,.,

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I\ure

244

ANNEXE 82:

LISTE DES COTISATIONS

AU F.P.R.

.'

1 ..•

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K' "

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i.'
o 1 .)
96

, "
i

245

ANNEXE B3:

TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES
AU RWANDA AU 06 AVRIL 1994

EN

PLACE

246

ANNEXE B4:

TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES
AU RWANDA AU 06 AVRIL 1994

EN

PLACE

K n i 61 "'08
.J i
~

~"!

247

ANNEXE BS:

TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES
AU RWANDA AU 06 AVRIL 1994

EN

PLACE

K016tj99
248

ANNEXE B6:

TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES
AU RWANDA AU 06 AVRIL 1994

EN

PLACE

K016t400
249

ANNEXE B7:

TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES
AU RWANDA AU 06 AVRIL 1994

EN

PLACE

k'

nt'·

!\ ',' 1

0 1 1.1
"0
l 1

250

ANNEXE Ba:

TEMOIGNAGES SUR LES FOSSES
AU RWANDA AU 06 AVRIL 1994

EN

PLACE

il t\ 1 ••"
!\ -,.' ! 0

1 lt, r.:
Il (') -.

251

ANNEXE B9:

TEMOIGNAGES SUR

LES

FOSSES

AU RWANDA AU 06 AVRIL 1994

EN

PLACE

252

ANNEXE B10:

RÉPARTITION
31/12/1994
CAMP



DES

AU

POPULATION

1

KAYINDO

112.675

2

KIBUMBA

194.986

3

MUGUNGA

156.115

4

KATALE

202.566

5

LAC VERT

6

S/TOTAL

7

ClMANGA

20.736

8

IDJWI

36.947

9

IZIRANGABO

10

KALEEE

18.660

11

KATANA

3.346

12

KATANA (E.N.A.)

13

MUKU

2.442

14

MUSHWESHWE

1.288

15

!NERA

16

MUDAKA

6.678

17

NYANGEZ! r

8.465

18

NYANGEZI MULUWA

19

NYANTENDE

20

KABlLA

28.998

21

NYAMIRANGWE

20.530

22

KASHUSHA

47.282

23

KASHUSHA (E.N.A.)

24

ADI~KlVU

6.836

25

NYAKAVOGO

6.274

38

RÉFUGIÉS

l

49.449
GOMA

715.991

1.273

327

52.939

26.400
8.766

116

Chiffre
des
Organismes
humanitaires:
Information Bulletin, April 1996, pp 6-8.

U.N.H.C.R.-

1\0161404

o

253
4.797

26

SHABARABE

27

BIDEKA

28

BIDEKA (E.N.A.)

267

29

KARAMBO (E.N.A.)

565

30

S/TOTAL BUKAW

31

LUBERIZI

923

32

KIBOGOYE

1.082

33

KAJEMBO

5.844

34

BIRIBA

35

RUNINGO

11.472

36

KAGUNGA

1.427

37

LUVUNGI

6.965

38

KAMANYOLA

39

VULNE/UVlRA

40

KANGANIRO

41

LUBARlKA

42

S/TOTAL WIn

43

BENACO

158.521

44

BURIGI

294

45

LUMASI

112.565

46

LUKOLE

803

47

MUSUHURA HILE

76.829

48

CYABALISA

43.170

49

CYABALISA II

32.012

50

KAGENYI

15.462

51

MURONZI

185

52

KEZA

24.044

53

RUBWERA

22.897

54

OMUKARIRO

55

S/TOTAL TANZANIE

970

304.902

4

11.339
334
21.598
6.556

l

67.584

8.893
531.505

K0161405

254
56

RUKURAMIGABO

26.613

57

RUVOMO

17.224

58

MAGARA

38.699

59

KIBEZI

22.635

60

MAJURI

16.425

61

MtJGANO

26.561

62

NTAMBA

26.340

CIBITOKE

15.000

1163

S/TOTAL BURUNDI

64

TOTAL CAMPS

65

39

189.49739
1. 809.479

Statistiques transmises par les réfugiés sur place.

.

l' (, i s:
'fi.
• JI;"'.~ .•..

lI'!"
b'
1 W. I,. ;

.

255

ANNEXE Cl:

LE RWANDA AVANT LE TRAITÉ DE BERLIN

K'nl"t
4!(,
;.'fC.'l7
ll

256

ANNEXE C2:

LE RWANDA AVANT LE TRAITÉ DE BERLIN

1\0161408

257

ANNEXE C3:

REPARTITION

31/12/94

DES

RÉFUGIÉS

PAR CAMP AU

1,(

ri

t ." }. ~

i\ 1... !

258

ANNEXE C4:

LE

RWANDA APRÈS LE DÉCOUPAGE

b

.;.09

K0161410
259

ANNEXE

cs:

LES

DIFFÉRENTS

DES INYENZI

POINTS

DES

ATTAQUES

1\0161411

260

ANNEXE C6:

CARTE DU PROJET DE LA DÉFENSE CIVILE

261

ANNEXE C7:

CARTE DE LIAFRIQUE DE LIEST

1<0161413
262

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1994:

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Agathe

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Le

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Information aux fins de poursuivre des crimes de droit
international commis par le F.P.R. : Première partie
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de

la

Réconciliation

Information aux fins de poursuivre des crimes de droit
international commis par le F.P.R. : Deuxième partie
Bukavu, Zaïre, décembre 1995.
Le manifeste de la paix
renouveau au Rwanda
Nairobi, juillet 1995.

de

Mémorandu sur les conditions
dans leur pays.
Bukavu, le 14 novembre 1995.

la

de

reconciliation

retour

des

et

du

réfugiés

Le peuple rwandais en exil: analyse et perspectives.
Bukavu, mai 1995.
Amateka y'ubutegetsi mu Rwanda n'amasomo twayakuramo
Bukavu, Gicurasi 1995.
Le peuple Rwandais accuse ...
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21.

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22.

INGOBOKA - The New Thinkings n02, Ambassaderi
Antoine yifuje itsembabwoko muw'1989.

Rwanda:

De

la féodalité

à

la démocratie

NYIRINKINDI

l/(\1

r \ ''.' ,

1

'1.1''t,
l .!.J ''"
1..

264

RÉPUBLICAIN

Républicain

(Roméo

23.

INQUISITEUR
Belgique)

24.

JEUNE AFRIQUE
n01798 du 22 au 28 Ju~n
1995: Dérive
autoritaire
à
Kigali
menace
de
Hreconquête
aux:
frontières ..."
La "reconstruction" relève de la mission impossible, Rwanda
un an après.

25.

KAGAME Alexis; Un abrégé de l'histoire du Rwanda, 543 pages
de 1853 à 1972, Tome deuxième
Éditions universitaires du Rwanda
Butare, 1975.

26.

KAYIBANDA Gré~oire, Adresse du Président KAYIBANDA
aux Rwandais Emigrés ou réfugiés à l'Étranger.
Kigali, mars 1963.

27.

C. Mc KINLEY Jr, James, in The East AFRICAN nOl06
Hutus dying of hunger and thirst as Zaïre
mounts.

DALLA IRE

Grégoire

conflict

28.

KITHAMA Joseph, special correspondent, in The
n00086: Company to Evict 7,000 Illegal Miners.

East African

29.

KLOTCHEKOFF, Jean-Claude, Le Rwanda aujourd'hui, 199 pages,
les Éditions j.al les éditions du Jaguar, 1990, 3 rue
Roquéfine - 75008 Paris

30 .

LIRDHO: Témoignages de nouveaux réfugiés sur les violations
des droits de l'homme perpetrés par le F.P.R., Partie I;
Bukavu, décembre 1994.

31.

MISSI n022, Octobre 1994

32.

Le MONDE du samedi 2 et du dimanche 3 septembre 1995: Le
retour en grâce négocié de Mobutu; Le Président Zaïrois
promet d'aider à régler lee crises au Rwanda et au Burundi.

33.

MUHAMYANKAKA Bambanza Damien; INZIRA - La voie des Intwali,
Tiré sur les presse de l'Imprimerie Nationale du Rwanda.

34.

MUTUMBU Juvénal, Le Rwanda totalitaire du F.P.R. avec
les écrits
de
Hannibal
ARENDT
sur
les
régimes
fascistes) .

35.

NKURUNZIZA Charles, Vade mecum des juristiables
Pénal International pour le Rwanda.
Bukavu, 1996.

du Tribunal

vn1"11 t1e16 ,

1\ ,)

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mes frères, Vie de Grégoire KAYIBANDA, Premier Président élu
du Rwanda,
Éditions TEQUI, 1994.

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PERRAUDIN André, Mgr, in La croix du 19 octobre 1995, Rwanda:
Rétablir la vérité.

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PHILIPOT Johni American Association of Jurists.

39.

REYNTJENS Filip; L1Afrique des grands lacs
1988-1994) en crise
Éditions KARTHALA
22-24 Boulevard Arago / 75013 Paris

40.

REYNTEJENS Filip; Rwanda:
monde
Éditions l 1Harmattan.

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définitive du problème rwandais,
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42.

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rère partie, Bukavu, octobre 1994.
IIême partie, Bukavu, décembre 1994.
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batababwiye ku nkomoko y'isubiranamo ry'abahutu n1abatutsi.

45 .

UNION DES FORCES POUR LA LIBéRATION
(U.L.P.R.); Déclaration fondamentale.

Trois

jours

(Rwanda, Burundi

qui

ont

Pour

les

DU

basculé

une

solution

massacres

PEUPLE

le

au

RWANDAIS

266

LISTE DES ABRÉVIATIONS
et
l'homme
Droits
de
les
Association
pour
Libertés.
A.G.I.:
Agisiyo Gatolika ytlngo.
APROSOMA.:Assossiation pour la Promation Sociale de la Masse.
A.J.P.R.:
Association Justice et Paix pour la Réconciliation
au Rwanda.
Armée Patriotique Rwandaise.
A.P.R. :
A.R.D.H.O. :
A.R.C.!. :
Alliance pour la Renaissance Nationale du Rwanda.
A.R.E.N.A.
:
Assossiation des Éleveurs du Rwanda.
A. 8 • S • E . RU. :

A.D.L.

:

B.E.M.:
Breveté d'État Major.
B.N.R.:
Banque Nationale du Rwanda.
B.U.N.E.P.Bureau National d'Étude des Projets
C.A.P.
C.D.R.
C.E.C.
C.R.K.
C.I.A.:

:
:
:
~

Centre d'Accueil Protestant.
Coallition pour la Défense de la République.

C.N.D.:
C.N.D.D. :

Centre Hospitalier de Kigali.Central Intelligence Agency.
Comité Internationale de la Croix Rouge.
Conseil National pour le Développement.
Conseil National pour la Défense de la Démocratie.

COFORWA:
CONFIGI:

Confiserie de Gihindamuyaga.

C.I.C.R. :

D.D.A.8.S.
:
D.D.S. :
D.D.T.E.
:

E.T.a.

:

Executive Intelligence Review.
Enfant Non Accompagné.
École Supérieure Militaire.
École des Sous-Officiers.
École Technique Officielle.

F.A.R.
F.P.R.

:
:

Forces Armées Rwandaises.
Front Patriotique Rwandais.

E.I.R.

:

E.N.A.
E.S.M. :

E.S.O. :

G.E.M.E.C.A. :
G.O.M.

:

G.O.M.N. :
I.C.A.:
I.D.C. :

INADES:

Groupe des Observateurs Militaires.
Groupe des Observateurs Militaires Neutres.
Institut Catéchétique Africain.
Internationale Démocrate-Chrétienne.

k {",

l " ,

~·,"-'t()t

L1....•'1 ,r.;.'

267

J.E.C.:
J.O.C. :

Jeunnesse
Jeunnesse

L.I.R.D.H.O. :

Ligue des Réfugiés Rwandais pour les Droits de
l'Homme.
Mutualité des Agriculteurs des Virunga.
Mouvement Démocratique Républicain.
Ministère
de
l'Industrie,
Commerce,
Mines
et
Artisanat.
Mission des Nations Unies pour l'Assistance au
Rwanda.
Magazine
d'Information
Spirituelle
et
de
Solidarité Internationale.
Mission d'Observation des Nations Unies sur la
frontière Ougando-Rwandaise.
Mouvement
Révolutionnaire
National
pour
le
Développement.
Mouvement Républicain National pour le Démocratie
et le Développement.
Mil-Tee Corporation Limited.

MAGRIVI:
M.D.R.

:

MINICOMART:
M.I.N.U.A.R. :
M.I.S.S.I. :
M.O.N.U.O.R. :
M.R.N.D. :
M.R.N.D. :
M.T.C.

:

,National Resistance Arroy.

N.R.A.:

O.A.C.I. :
O.M.I.:
O.N.A.P.O.
O.N.G.:

:

O.N.U.:

O.P.S.

Organisation de l'Aviation Civile Internationale.
Oriental Machineries Inc.
Office National de la population.
Organisation Non Gouvernementale.
Organisation des Nations Unies.

:

Office Rwandais de l'Information.
Organisation de l'Unité Africaine.

ORINFOR. :
O.U.A.

Estudiantine Catholique.
Ouvrière Catholique.

:

PARMEHUTU:Parti du Mouvement de l'Émancipation Hutu.
P.O.C.:
Parti Démocrate Chrétien.
P.D.R. :
Parti Démocrate Républicain.
P.L.:
Parti Libéral.
P.S.D.:
Parti Social Démocrate.
P.S.R.:
Parti Social Rwandais.
P.V.K.:
Préfecture de la Ville de Kigali.
R.A.D.E.R.
R.A.N.U.

R.D.R.

:

R.F.I.
R.P.A.

:
:

:

Rassemblement Démocratique Rwandais.

:

S.A.R.L. :
SAPERWA:
S.E.C.A. :

Rassemblement
Démocratique
Réfugiés au Rwanda.
Radio France Internationale.
Rwandese Patriotic Arroy.

pour

le

Retour

société à Responsabilité Limitée.
Salut du Peuple Rwandais.
Secrétariat des Étudiants en Centre- Afrique.

des

K'f)f"lL1 0


\)

1

.

19

268
S.I.D.A.
S.N.E.C.

syndromme dl Immino-Déficience Acquis.
Secrétariat National de l'Enseignement Catholique.
Société Nationale, ..•..
Société des Transports Internationaux au Rwanda.

:
:

SONATUBE:
S.T.I.R.
:
S.Y.N. :
T.A.N.U.A.
T.P.I.R.
:

:

TRAFIPRO:
U.B.P.R.
:
U.L. P.R. :
U.G.A. :
U.N.A.R.:

U.N.H.C.R. :
U.R.S.S. :
U.S.A. :

Tanzania,
Tribunal Pénal International pour le Rwanda.
Travail Fidélité Progrès.
Union des Banques Populaires du Rwanda.
Union des Forces pour la Libération du Rwanda.
Umuryango Gatolika w'Abakozi.
Union Nationale Rwandaise.
United Nations High Commission for Refugees.
Union des Républiques Socialistes Soviétiques.
United States of America.

(l r.

1 ;.

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!

t:

i 420

269

LIAUTEUR
Nom
Prénom
Lieu de naissance
Date de naissance
État civil

KAMBANDA, SEGASHI dit MUTABAZI
Jean Yves
Secteur MOBUMBANO
Commune GISAMVU
Préfecture BUTARE
1956
Marié et père de deux enfants.

FORMATION SCOLAIRE ET ACADÉMIQUE

PRIMAIRE:
De 1962 à 1965: École de MUBUMBANO (GISHAMVU-BUTARE)
De 1965 à 1969: École de NYUMBA (GISHAMVU-BUTARE)
SECONDAIRE:
De 1969 à 1972: Trond

Commun
au
Collège
des
Humainités
Modernes de BYlMANA (MUKINGI-GITARAMA)
De 1972 à 1976: Humanités Pédagogiques au Groupe Scolaire de
BUTARE (NGOMA-BUTARE)
Obtention du Diplôme d'Instituteur

SUPÉRIEUR:
De septembre à décembre 1976:
École
Supérieur
Militaire
(E.S.M.).
Interruption pour cause de maladie.
De 1978 à 1982: École
des
Hautes
Études
Commerciales
de
Liège, en Belgique.
Obtention
du
Diplôme
de
Candidat
"Ingénieur Commercial".
De 1981 à 1984: École
des
Hautes
Études
Commerciales
de
Liège, en Belgique.
Obtention
du
Diplôme
dlIngénieur
Commercial.
FORMATION EXTRA-ACADÉMIQUE
1985:

Visite, pendant une semaine, du
Logements sociaux en milieu
BUJUMBURA, au BURUNDI.

projet
urbain

de
de

1986:

Séminaire
sur le financement du logement
social
en milieu
urbain
en Afrique
Subsaharienne, à HARARE, ZIMBABWE.

1986 (Octobre-Novembre):
Formation sur le mode de financement de
l'habitat
social
à
l'École

1./ ,~



••

(\ 1) 1 0

1 421

270

Internationale de BORDEAUX, en France.

1990 (Janvier)

Séminaire des Directeurs
des Banques
Africaines tenu à LIBREVILLE, au GABON.

1990 (Septembre):

Séminaire sur la gestion des stastiques
dans les Coopératives d'Épargne et de
Crédit en Afrique, tenu à NAIROBI, au

KENYA.
1992 (Mars)

Voyage
d'Études
au
TOGO
pour
la
comparaison
entre
les
systèmes
de
gestion des Coopératives d'Épargne et de
Crédit au TOGO et au RWANDA.

1993 (Mars)

Séminaire
sur
les
différentes
législations existantes ou à créer de
par
le monde,
sur
la
gestion
des
Coopératives dlÉpargne et de Crédit, à
PARIS en FRANCE.

1993 (Octobre-Novembre):
Séminaire sur la gestion des Tontines
tenu à OUYlGOUYA, au BURKINA FASO, su~v~
d'un voyage d'étude dans le pays DOGON
(sud du MALI) .
J'aurais dû participer à un Séminaire
sur le système de
crédit
dans
les
Coopératives d'Épargne et de Crédit qui
devait se tenir à DAKAR au SÉNÉGAL.

1994 (Avril):

EXPÉRIENCE PROFESSIONNELLE:
Ministère de
Octobre 1978)

l'Éducation

Nationale

(Janvier

Bureau de Bourses dlÉtudes (Chargé de
dossiers de Bourses d'Études) .
Ministère
des
Travaux
Publics
(Septembre à Décembre 1984)

1977

la gestion

et

de

à
des

l'Énergie

Études sur l'utilisation de la briquette de papyrus et
de la tourbe comme substitut au bois et potentialités
des énergies nouvelles et renouvelables au Rwanda.
Caisse
1989) .

Hypothécaire

du

Rwanda

(Janvier

1985

à Avril

271

1985

(Janvier à Juin): service Financier.
Attaché de Service chargé de la mobilisation des ressources
financières pour le financement de l'habitat social.

Juin 1985 à Février 1987:
Service de la Planification et de la programmation.
Attaché de Service chargé des Études de faisabilité
projets de construction de logements sociaux.

des

Février 1987 à Avril 1989:
Service Financier et Service des crédits.
Les deux services ont été réunis sous ma supervision en tant
que Chef de l'un et de l'autre.
Union des Banques
Avril 1994).

populaires

du

Rwanda

(Mai 1989

à

Tour à tour Chef de Département et puis Directeur du
Réseau chargé de l'encadrement dlenviron 140 Banques
populaires au 31 mars 1994.
AUTRES ACTIVITÉS EXTRA-PROFESSIONNELLES.

*

Vice-Président,
puis
Président
du
Conseil
de
Surveillance de la Banque populaire des Artisans "KORA"
dès sa création en 1986 jusqu'à
la date de ma
nomination comme Chef du Département
Il
Développement
participatif"
à l'Union des Banques
populaires du
rwanda
(Raison d'incompatibilité
des fonctions)
en
1989.

*

Président du Comité de Rédaction du Journal de 11Union
It
des Banques populaires du Rwanda, dénommé lIIHULIRO , de
mai 1989 â décembre 1991.

*

Membre
du
Conseil
d'Administration,
puis
Deuxième
Représentant légal suppléant du Centre IWACU de Mai
1989 au 09 Avril 1994.

*

*

d'Admnistration du Journal du
Secrétaire du Conseil
1990
sa création
en
lIIMBAGAI1 depuis
Monde
Rural
jusqu'en 1993.
Trésorier du Comité de Rédaction du Journal d'Opinion
"LE DÉMOCRATE-IMPIRIMBANYI
YA DEMoKARASI", depuis sa
création en 1990.

u ,....


272

*

Président du conseil de surveillance de l'Association
des Parents qui ont fondé le Groupe Scolaire de Nyumba
à GISHAMVU en Préfecture de BUTARE.

*

Membre
de l'Association
des
(A.D.B.) sise à Nyarutarama.

*

IlNYUMBAKUMIu
c'est-à-dire
auxiliaire
élu
de
l'administration de la cellule, Responsable d'environ
une
dizaine
de ménages
pour
particulièrement
les
matières
de sécurité,
de tribunal
populaire,
les
affaires sociales, le développement communautaire, etc.
C'était dans la cellule KAMUTWA,
Secteur KACYIRU,
commune KACYIRU, P.V.K., de 1987 à avril 1994.

Anciens

de

Don

Bosco

EXPÉRIENCE POLITIQUE:

*

Association Générale des Étudiants Rwandais

(A.G.E.R.)

Membre de llA.G.E.R., dès le début de mes études
supérieures en Belgique, en 1978.
De 1982 à 1984: Vice-Président de l'A.G.E.R. et de
la revue "Rwanda de demain- Rwanda rw'ejo".

*

Groupe des 33.
L'un des 1133 intellectuelsJ! qui ont signé puis
adressé, en date du Q1 septembre 1990, une lettre
ouverte au Président de la Commission Nationale de
Synthèse pour réclamer le Multipartisme et plus de
Démocratie au Rwanda.

*

Relance et Rénovation du parti M.D.R.-PARMEHUTU.
L'un
des
six
membres
du
Comité
Directeur
Provisoire du Parti jusqu'à l'élection des organes
définitifs en Août 1992.
Vice-Président du M.D.R. en Préfecture de Butare
et membre du Bureau Politique du M.D.R. jusquren
août 1993.
Gouvernement
de
Candidat
Premier
Ministre
du
Transition à Base élargie par le Bureau Politique
du M.D.R., décision
confirmée par le Congrès
Extra-ordinnaire du Parti tenu à Kigali, les 23 et
24 juillet 1993.
Élu

Président

du

Parti

M.D.R.

en

Préfecture

de

:,<'ntL'4")J!

~\ \) ra'

["t',ur

273

Butare après la
parti de 11ancien

démission par le congrès
Président en août 1993.

dudit

Proposé par le Bureau Politique du M.D.R.
comme
candidat Ministre de l'Enseignement Primaire et
Secondaire du Gouvernement de Transition à Base
Élargie.

*

Premier

Ministre

intérimaire

du Gouvernement

Rwandais.

Nommé Premier Ministre du Gouvernement de Salut
National
(Gouvernement Intérimaire Rwandais) mis
en place le 9 Avril 1994.
Reconfirmé comme Premier Ministre du Gouvernement
Rwandais en Exil, mis en place le 01 Novembre 1994
à Bukavu au Zaïre.
Depuis le 17 août 1996 j 1 ai
Il une
destination inconnuell•

\

"

\,

quitté

Bukavu

pour
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024