Fiche du document numéro 9257

Num
9257
Date
Jeudi 11 juin 1998
Amj
Taille
2648144
Titre
Le FPR possédait des missiles SA-16 dès 1991
Mot-clé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
EN MAI 1991, l'état-major particulier de la présidence de la République a transmis à François Mitterrand une note des services de renseignement français informant le chef de l'Etat que les unités du Front patriotique rwandais (FPR) étaient en possession de missiles sol-air SA-16, du modèle de l'engin qui a abattu, le 6 avril 1994, le Falcon-50 du président rwandais, Juvénal Habyarimana. Jusqu'alors les instituts d'évaluation stratégique, tel l'Institut international des études stratégiques (IISS), à Londres, créditaient les forces armées propres à l'Ouganda d'une dizaine de postes de tir de missiles sol-air SA-7 d'origine ex-soviétique et baptisés Strela ou Grail par l'OTAN. En revanche, ces mêmes instituts, qui comptaient le FPR dans des « forces paramilitaires » basées en Ouganda, ne détaillaient pas l'armement de ces unités et ne faisaient aucune allusion à la présence de SA-16 dans leurs rangs. Dans la note transmise, le 19 mai 1991, à François Mitterrand par son état-major particulier, il est indiqué que les premiers SA-16 ont été repérés dans l'arsenal du FPR, au Rwanda même, à l'occasion de combats particulièrement meurtriers on évoque des bilans de plusieurs milliers de morts et de blessés avec les Forces armées rwandaises (FAR) du président Habyarimana, lesquelles disposaient d'hélicoptères et d'avions français. La note ajoute que le SA-16 a une portée de 5 kilomètres.

LA PISTE IRAKIENNE

Le missile sol-air SA-16 est une amélioration des différentes versions du SA-7 mis en service au début des années 60. Comme le SA-16, le missile SA-7 est portable et il se tire à l'épaule. Cependant, au fil des années, le SA-7 avait montré ses limites : son temps de réaction est très long, sa portée et sa vitesse font que les cibles ne se découvrent que durant quelques secondes dans la zone d'engagement, son autodirecteur ne permet pas d'atteindre des hélicoptères à basse altitude ou des avions volant à plus de Mach 0,7, et, surtout, le SA-7 est configuré pour des tirs uniquement sur l'arrière des avions, lorsque ceux-ci s'éloignent. Les performances médiocres du SA-7 ont obligé les Soviétiques, à l'époque, à imaginer une série de missiles nouveaux, parmi lesquels figure le SA-16 dont les caractéristiques permettent de remédier aux défauts du premier.

Dans la note qui a été transmise à François Mitterrand trois ans avant l'attentat contre le Falcon-50 et qui porte, en retour, un simple paraphe présidentiel, les services de renseignements français se contentent d'indiquer que l'Ouganda possédait des missiles sol-air de cette catégorie. Ils rapprochent cette information du fait que des SA-16 équivalents ont été répertoriés aux mains du FPR en 1991.

Lors de son audition, à l'Assemblée, par la mission d'information parlementaire, Bernard Debré, ancien ministre de la coopération, s'est déclaré persuadé que des SA-16 avaient été livrés à l'Ouganda par les Etats-Unis (Le Monde du 4 juin). Les Américains auraient pu les avoir récupérés en Irak pendant la guerre du Golfe entre 1990 et 1991. A l'époque, l'IISS de Londres indiquait, dans ses analyses antérieures à la guerre du Golfe, que l'Irak détenait, entre autres missiles, des SA-7 et des SA-16 dans son arsenal antiaérien. Cependant, la note des services français n'établit pas de lien avéré entre les deux considérations.

JACQUES ISNARD

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