Fiche du document numéro 849

Num
849
Date
Dimanche 22 novembre 1992
Amj
Taille
662433
Titre
Discours prononcé par M. Mugesera Léon devant des militants du M.R.N.D. S/Préfecture de Kabaya Gisenyi : 22/11/1992 [fr]
Lieu cité
Lieu cité
Source
Fonds d'archives
VdM
Type
Discours
Langue
FR
Citation
Pérennité au M.R.N.D. !
Notre cher Mouvement sois pérenne, étends-toi
toujours davantage!
Nous te soutenons tous



Pérennité au président Habyalimana!

Pérennité aux militants du M.R.N.D.

......

(Slogans du parti)

Militantes et militants de notre cher mouvement. je suis
persuadé que le mot que j'ai vous dire touchera votre coeur
que je sais bien sensible. J'aborderai quatre points importants
seulement. Je vous ai dit dernièrement que nous n'aimons pas
le mépris et que nous n'en voudrons jamais. C'est entendu, je
n'y reviendrai plus. A voir votre allure, militantes et militants ici réunis, il me semble qu'il n'est point besoin de vous rappeler que vous devez éviter l'infiltration du M.D.R.
agonisant. C'est là mon premier point. Deuxième point: je
vous invite à la vigilance la plus ferme, que ce soit ici
où nous sommes ou dans tout le pays. Fermons leur la porte,
aucune incursion parmi nous. Troisième point: la stratégie
à adopter pour lutter contre nos traitres et nos ennemis.


La première chose donc est que vous devez faire attention
à ces coups de pattes convulsifs du M.D.R., P.L. , F.P.R.,
P.S.D. et P.D.C., pauvres partis aujourd'hui agonisant. Il
faut que vous compreniez la raison de cette convulsion.
Figurez vous que ces partis jettent leurs petites pattes en l'air dans
l'espoir que les ongles au moins peuvent atteindre le président
de la République, président de notre parti. Et ils espèrent
que leurs coups de pattes convulsifs peuvent atteindre nos
militants. Vous savez, on se fait toujours miner par la maladie
avant de mourir. Le voleur TWAGIRAMUNGU s'en est allé à la
Radio en sa qualité de chef de parti dans l'espoir d'y abattre
le C.D.R., mais c'est lui qui s'est fait avoir plutôt. Après
sa déconfiture, les militants de son parti M.D.R, ceux du
P.S.D. et tous ces partis-relais des Inyenzi (FPR) étaient
visiblement refroidis, décomposés ainsi que l'on pouvait le
remarquer dans les taxis/bus à Kigali. TWAGIRAMUNGU, lui, a
choisi de disparaître sans laisser de traces, n'osant même
plus se présenter en son bureau, vous voyez ça d'ici? Je vous
dis que c'en est fini de cet homme et son parti. Ses militants
ne sont plus aujourd'hui que des ombres transies de peur. Un
bonhomme du nom de MUREGO. issu de ces partis-relais-des
Inyenzi, s'avisait dernièrement d'aller à Kibungo où il prit la parole
en disant entre autres choses: "Nous, nous sommes des Bahutu
pur sang, issus des Bahutu pur sang...". Les gens de Kibungo
lui ont vite fait avaler sa langue en ces termes: "Boucle-là,
idiot. De qui tiens-tu ce langage. espèce de malappris?".
Il y a aussi ce sacré Premier Ministre qui s'appelle je ne
sais plus si c'est Je-prie-le Diable ou le bon Dieu:
le voilà

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qui se catapulte à Cyangugu pour empêcher les Bahutu de se
défendre au moment où les Batutsi les font sauter avec des
mines, comme vous l'avez appris à la Radio. Eh bien, on
s'est joliment moqué de lui et le pauvre bonhomme ne savait
plus à quel saint se vouer! Ses propres militants comme les
militants des partis amis se sont tous moqués de lui,
figurez-vous! Vous avez par la suite entendu vous-mêmes
le discours que le chef de notre parti, son Excellence
la général-major HABYALIMANA Juvénal,a prononcé à Ruhengeri.
Eh bien, ce discours a réglé pour de bon le sort de ces bonshommes à qui il
ne restait plus d'autre alternative que de s'en aller sous
terre. Ils ont commencé à jeter leurs petites pattes dans tous
les sens, en signe d'agonie, quand ils se sont aperçu que.
aussitôt après le discours de notre chef, leurs militants et
le Rwanda entier réintégraient notre parti.

Vous devez. cependant vous garder de ces coups de pattes déséspérés du M.D.R.
et compagnie qui agonisent. Mais tels que
je vous voie, nombreux et décidés, ils ne sauront même pas
vous effleurer de leurs ongles. C'est là la première chose.

La deuxième chose, c'est la vigilance la plus ferme.
Vous devez tous en partant d'ici vous pénétrer de cette idée de
vigilance.

Dites-moi, messieurs-dames, accepterez-vous jaais à qui-
conque aura chié dans votre aison d'y rentrer? N'est-ce pas
là un grand tabou?

Il est très important de noter ici la présence de nos frères
de Gitarama arborant notre drapeau. Ces drapeaux flottent à
Gitarama, et c'est moi qui les ai distribués,
car je travaille au bureau de notre parti.

Mais quand vous entrez dans la région de Kibilira en provenance
de Kigali, vous voyez qu'il n'y a aucun drapeau du MRND.
Vous comprenez bien que, malgré les bons enseignements
des prêtres et en dépit de l'idéal de paix de notre mouvement,
nous avons le devoir impérieux de nous défendre. Rappelez-vous
cet adage qui dit que "Qui veut la paix prépare la guerre".
Ecoutez bien, c'est la quatrième ou cinquième fois que je
dis ceci dans notre préfecture de Gisenyi: ce sont eux qui
ont amorcé la bagarre ; on dit dans l'évangile qu'il faut tendre
l'autre joue quand vous avez déjà reçu une giffle: mais moi
je vous dis que l'évangile a déjà changé dans notre mouvement.
Si on vous donne une giffle, donnez-en deux en retour, deux
mortelles. Comprenez bien: nous ne voulons plus voir sur notre
terre un militant du MDR et compagnie; on ne doit plus en
entendre parler ici, et dans tout Gisenyi. Plus question de
leurs petits drapeaux ici. Pas d'infiltration dans notre fief;
c'est interdit!

Une autre chose que j'ai à vous dire concerne les inspecteurs
de l'enseignement récemment expulsés, comme vous l'a dit notre
grand frère Munyandamutsa. On en a expulsé 59 dans tout le
pays; 8 dans notre préfecture de Gisenyi. Mais dites~moi, vous
les parents des écoliers, est-ce que cette femme-ministre
de l'Education saura faire le travail de ces inspecteurs?
Saura-t-elle si vos enfants étudient ou pas? N'a-t-elle même pas dit
qu'il ne faut plus étudier? La voilà maintenant qui s'en prend
aux éducateurs. Je vous apprends qu'elle a fait venir les
inspecteurs à Kigali et leur a dit qu'elle ne veut plus entendre

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qu'ils militent dans les partis. Les inspecteurs lui ont
répondu en disant qu'elle quitte d'abord son parti avant
qu'ils ne fassent de même. Et la brave continue à militer
dans son parti, et vous pouvez même l'entendre insulter de
temps en temps le président de la République à la radio.
Quelle affaire ! Ecoutez bien, ce que je vous dis ici n'a
rien de mensonger, c'est de la pure vérité. Le seul tort
qu'ils ont, ces inspecteurs, c'est d'être des militants
du MRND. Vous comprenez ça? Leur faute, c'est d'être dans
le MRND! Allons-nous accepter cela? Accepterons-nous
que certains éléments parmi nous soient frappés impunément?


Je vais vous demander deux choses. La première, c'est d'écrire
à cette éhontée de femme, et lui dire que nos inspecteurs
sont irréprochables et qu'ils doivent rester en poste. Vous
écrivez la lettre et vous la signez tous, ce n'est pas le
papier qui manquera. La lettre lui sera remise en mains
propres, et si dans sept jours elle n'a pas répondu, vous
ferez déguerpir toute personne qui aura le culot de venir
remplacer ces inspecteurs. Dites leur d'aller se faire inspecteurs
à Nyaruhengeri. Cette femme-ministre est originaire de Nyaruhengeri, près
du Burundi, en préfecture de Butare. Que tous les remplaçants
nommés par elle s'en aillent éduquer ses enfants à Nyaruhengeri.
Nos enfants seront éduqués par nos inspecteurs.
C'est une affaire très importante.

Nous devons aussi étendre notre vigilance sur tout le pays;
nous sommes en guerre contre les Inyenzi comme vous le savez,
il ne faut plus les appeler Inkotanyi. Ce sont des Inyenzi
(des Cancrelats). Le général-major Habyalimana Juvénal, aidé
de son adjoint le colonel Serubuga se sont vite affairés à
rejeter ces cancrelats hors du pays. Et ces cancrelats
sont rentrés chez eux bredouil1es.


Je vous ferai rire un peu. Il y a ces bonshommes qui ont
cherché le pouvoir. Ils l'ont à peine eu qu'ils se sont empressés d'aller à Bruxelles
comploter. Je parle du MDR, du PL et du PSD. Leur complot, c'est lequel? Céder la préfecture
de Byumba aux Inyenzi, et comme si cela n'était pas trop, couper
l'herbe sous les pieds de nos combattants des forces gouvernementales.
Vous avez vous-mêmes entendu ce que le premier
ministre a dit. Il ne s'est pas gêné de parler de démilitarisaion au plus fort de la guerre.
Quelle a été la réaction des soldats décontenancés?
Ils se sont retirés du front pour
a11er piller Byumba, Ruhengeri et Gisenyi. C'est ainsi que
Byumba est tombé entre les mains des Inyenzi. Et maintenant
l'état doit une énorme somme d'argent à nos commerçants.
Et lui, le ministre ne veut pas entendre parler de ça; il n'est
pas commerçant. Eh bien, ces gens qui se paient le loisir de
désamorcer notre vijilance , comme Nsengiyaremye,doivent
être punis comme il se doit, conformément à
la 1oi. Leur peine, c'est la mort et pas moins. Ne vous effrayez pas de ce qu'il
est premier ministre, vous avez entendu que même en France
les ministres sont appelés à la barre pour répondre de leurs
forfaits. Il est passible de la peine de mort quiconque aura
en temps de guerre aliéné une partie, fût-elle infime, du
territoire national. Twagiramungu est venu radoter à la radio
et CDR l'a ramassé, défait.


Comprenez-moi bien, je veux que cet homme qui a aliéné Byumba
au vu et au su de tous soit jugé. On devra exécuter cet homme,
comme c'est écrit dans nos lois. Les hommes de loi peuvent vous


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montrer où cela est écrit dans le code, ce n'est pas du
bluff. On n'a que trop attendu du reste.



La vigilance, vous savez ce que c'est, Mesdames et Messieurs.
Il y a des Inyenzi dans le pays. Ils ont envoyé leurs enfants
au front pour prêter main forte aux Inkotanyi.
Je ne vous apprends rien de neuf. Hier je suis revenu de Nshili, Gikongoro,
près du Burundi, passant par Butare, partout on me
disait, le nombre des enfants partis; et partout on se pose
la même question: pourquoi ces jeunes gens et leurs familles
ne sont-ils pas arrêtés? Sachez bien que c'est écrit dans
nos codes de loi que: "Est passible de la peine de mort toute
personne qui lèvera des milices pour renforcer des armées
étrangères attaquant la République" .Pourquoi n'arrête-t-on
pas ces parents pour les exterminer. Pourquoi n'extermine-t-on
pas tous ces gens qui convoient les jeunes au front?
Dites-moi vraiment, attendez-vous béatement qu'on vienne
vous massacrer? Ecoutez bien ceci: nous demandons instamment
qu'on fasse une liste de tout ce monde, que tous ces gens
soient traduits en justice et qu'on entende publiquement
leur procès. Si cela n'est pas fait ainsi que le veut la
loi -- souvenez-vous qu'il est dit dans notre constitution
que 1a justice est rendue au nom du peuple -- nous, nous
occuperons nous-mêmes de massacre r cette bande de sa1auds.
C'est dit dans l'évangile, vous le savez, que le serpent
vient vous mordre et que vous le laissez traîner parmi vous,
c'est vous qui périrez. Je vous apprends que, il y a presque
24 heures, une bande de jeunes armés s'est introduite
dans un cabaret à Kigali et a demandé de voir les identités des
gens qui, s'y trouvaient. Les militants du MDR et du PL n'ont
pas été inquiétés, les fameux chrétiens du PDC non plus; mais
quand quelqu'un a produit sa carte du MRND un flot de balles
s'est abattu sur lui à la minute. Je n'invente rien, vous
l'apprendrez à la radio; ces gens ont abattu notre militant
et se sont volatilisés, mais non sans s'être identifiés
comme des Inkotanyi. Comprenez donc bien: ces jeunes s'en
vont au front avec en poche notre carte d'identité nationale,
ils nous reviennent avec des armes à feu pour nous abattre.
Moi je vous dis que je n'accepte pas cela. Tout représentant
du MDR se trouvant ici n'a désormais plus droit de cité dans cette colline
ni dans la préfecture parce que c'est un agnet déguisé des Inkotanyi.
Ces représentants des partis qui sont de mèche avec les Inkotanyi ne veulent
en tout qu'une seule chose nous massacrer.
Nous devons leur dire la vérité. Moi je ne cache rien. La seule ambition qu'ils
ont, c'est bien cela. . Alors , je voudrais maintenant dire à ces
gens représentant les partis alliés aux Inkotanyi, savoir
le MDR, le PSD, le PL, le PDC et d'autres groupuscules qui
tournent autour, qu'ils doivent aller habiter à Kayenzi chez
NSENGIYAREMYE; ainsi nous saurons bien ou campe notre ennemi.


Mes chers frères, militantes et militants de notre mouvement,
ce que je vous dis ici, ce n'est pas de la blague. c'est très
sérieux , l'heure est grave. Il ne faut pas que demain vous
vous fassiez abattre et clamer que vous êtes pris de court
par les événements, que les représentants de votre parti ne
vous ont rien dit de la menace qui pèse sur vous. Tenez-le
vous pour dit; tout celui lui a envoyé ses enfants chez les
Inyenzi, doit les y rejoindre avec toute sa famille sans
plus traîner. Il est temps que nous aussi, nous assurions
notre défense à défaut de ce11e devant nous être assurée par
la loi. Nous ne devons nous laisser conduire à la mort parce-



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que le dispositif légal a cessé de fonctionner.
Sachez que les soi-disant chrétiens du PDC ont fait une manifestation
Jeudi et qu'ils ont battu nos militants dont certains se
sont réfugiés dans l'église en dessous du rond-point,
et d'autres dans le centre culturel français. Ces fameux chrétiens
ont poursuivi nos militants jusque dans l'ég1ise, figurez-vous,
pour continuer à les battre! Telle est la situation à présent.
ils entrent dans les maisons et tuent. Vous êtes du MRND, on
vous bat à mort. Voilà, c'est cela, et je veux que vous en
soyez bien informés. Il faut maintenant que tous ces représentants des partis relais des Inyenzi emballent et s'en aillent rejoindre les Inyenzi. Nous ne voulons plus de ces
ennemis dans nos murs.

Une autre question importante relative à notre vigilance
concerne cette affaire d'Arusha dont vous entendez parler.
Je vais vous en parler, mais je ne m'y étendrai pas longtemps.
Le représentant du secrétaire général de notre mouvement
pourra, lui, vous en parler plus longuement.
Ce que j'ai à vous dire là-dessus, cependant,
c'est que ces délegués du Rwanda dont on vous parle ne représentent
pas au tout le Rwanda. Ils représentent les Inyenzi plutôt, et eux-mêmes
sont des Inyenzi. C'est comme on dit dans la bonne chanson:
"le vrai Dieu né du vrai Dieu"; eux aussi sont de vrais
Inyenzi nés de vrais Inyenzi. Des Inyenzi s'en vont à Arusha
s'entretenir avec d'autres Inyenzi, voilà tout en bref. Ce
sont ces agents camoufflés des Inyenzi qui, se rendaient à
Bruxelles il n'y a pas longtemps, qui s'en vont aujourd'hui
continuer leur complot à Arusha. C'est le même complot de
Bruxelles qui se poursuit tout simplement. De tout ce qui
se dit à Arusha, rien n'émae du gouvernement rwandais.
Sachez-le bien donc: ce qu'on appelle aujourd'hui
"négociations d'Arusha", c'est une affaire interne des Inyenzi, et
naturellement ça n'engage que les Inyenzi. Telle est la situation;
mais cela ne veut pas dira que nous refusons de négocier.

Retenez bien ceci: nous devons assurer notre défense.
Je n'ai peut-être pas tout dit, mais je vous dis qu'il est
temps de nous mettre à l'ouvrage. On vient tantôt de me
souffler à l'oreille que la question de nos inspecteurs
concerne seulement les parents des écoliers et les instituteurs.
Mais je vous dis que même ceux qui n'ont pas d'enfants
à l'école doivent se joindre aux autres, parce que demain ou après-demain
ils auront à scolariser leurs enfants ou ils l'ont peut-être
fait par le passé. Allons-y ensemble d'un même élan. Signons tous ensemble la lettre
dont il vient d'être question.

Autre chose: nous avons 5 (?) ministres au gouvernement.
Ces gens commencent à se servir de 1eur ministre pour expulser
nos inspecteurs.
Vous entendez depuis un certain temps que
cette femme effectue des tournées dans des
écoles : c'est dans le seul but d'y purger les instituteurs
qui ne sont pas de son parti.
Vous avez appris ce qui se fait au ministère des travaux publics: on n'y pratique non seulement le
vol mais aussi l'expulsion de nos militants qui y travaillent.
Alors, nous devons d3mandar à nos ministres de leur rendre la
pareille. Vous connaissez le militant ministre NGIRABATWARE,
qui n'est pas ici parce que le pays 1'a envoyé en mission.
Je me suis rendu dans son ministère Jeudi, et j'ai vu qu'il


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y a très peu d'éléments du MRND, le gros de ses aqents , ce
sont des Inyenzi du PL et du MDR. Que se passerait-il si ce ministre menaçait de balancer les salauds dehors si on touche à nos inspecteurs ? Nos ministres doivent chasser toute cette bande de salauds qui travaillent chez eux ; qu'ils aillent travailler dans les ministères de leurs frères.


Je prie instamment toutes les personnalités importantes et tous les hauts fonctionnaires du MRND de collaborer. Celui qui est au trésor public, qu'il nous apporte l'argent:
l'argent est fait pour être employé, nous allons l'employer.
L'homme d'affaires doit toucher à sa caisse et nous passer
de l'argent, cet argent il le tient du MRND qui l'a aidé à
ses débuts en affaires; et il doit savoir qu'il court le
danger de se faire trancher la tête; alors, il faut qu'il
nous donne de l'argent pour que nous allions trancher les
têtes de ces salauds aussi.
Rappelez-vous que notre mouvement a ses racines dans les cellules et les secteurs. Le
président vous a bien dit qu'un arbre bien en branches et
en feuilles seulement, mais sans racines, est un arbre mort.
Nos chefs de cellules doivent se remettre au travail, même
s'ils ne sont plus payés. Tout élément étranger à la cellule
doit être noté; si c'est un connivent des Inyenzi, il doit
y périr sans autre forme de procès. Je disais dernièrement à
un soi-disant militant du PL que la faute que nous avons
faite en 59. c'est que j'étais enfant, c'est que nous vous
avons laissé sortir sains et saufs. Et puis je lui ai demandé s'il n'a pas entendu la récente histoire des Falasha qui sont rentrés chez eux en Israël partant d'Ethiopie.
Il me répondit qu'il n'en savait rien. Et moi de repartir: "Tu
dois être sourd et illettré, moi, je t'apprends que votre
pays c'est l'Ethiopie, et nous allons vous expédier sous
peu chez vous via Nyabarongo en voyage express."- Voilà. Je
vous répète donc que nous devons vite nous mettre à l'ouvrage.

Pour conclure, j'ai à vous dire une chose importante. Hier
j'étais à Nshili; vous avez appris que les Burundais nous
ont calomniés, j'étais allé m'assurer des faits. A mon
départ, des gens m'ont effrayé en ne disant que j'allais
y laisser ma peau. Je leur ai rétorqué que je n'allais pas
ainsi être la première hostie.

A Nshili on a limogé le bourqmestre qui y était sous prétexte qu'il était vieux, qu'il a commencé dans les années 60. Je l'ai même vu hier: je vous jure qu'il est encore
dans la fleur de ses ans, ce monsieur. Son seul tort, c'est
d'être un militant du MRND. On y a nommé un voleur, mais
ça non plus ça n'a pas marché. On y a ensuite affecté un
homme honnête , il n'a pas été agréé. Maintenant cette commune se trouve entre les mains d'un conseiller communal dépassé. A Nshili, nous
avons un contingent de l'armée nationale qui as~ure la sécurité de la frontière. Nos soldats
sont paisibles, ils ne peuvent pas ouvrir le feu sur un
rwandais à moins qu'il ne soit un inyenzi. Mais nos soldats
ne savent pas que tout le MDR s'est mué en inyenzi. Alors,
là il y a des gens qui se disent des JDR; ils sequestrent nos
gendarmes et les ont malmenés. Un paysan de là qui n'est
même pas dans notre parti m'a dit, en effet, qu'il n'y a
qu'une seule chose à laquelle tout le monde aspire: les


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élections. L'élection du bourgmestre ou à défaut la remise
en fonction de l'ancien. car au train où vont les choses.
la commune risque bien d'être ingouvernable à l'avenir.

Chers parents, chers frères, je dois vous dire une chose
très importante. Nous devons aller aux élections.
N'est ce pas que vous vous promenez tranquillement dans ce pays?
N'est-ce pas que vous allez à la messe le dimanche? Alors
où est, cette insécurité au nom de laquelle on prétexte qu'il ne saurait avoir d'élections ?
Vous avez élu vos dirigeants à tous les échelons au sein du MRND. Eux aussi ont fait de même
dans leurs partis. C'est une fausse excuse que cette prétendue insécurité.
D'ailleurs, nous pouvons passer au vote ici où nous sommes.


Un autre prétexte qu'on fabrique de toute pièce, c'est cette
affaire des déplacés la guerre. Personne n'a été leur demander s'ils ne veulent pas aller aux élections. Ces gens m'ont dit personellement qu'ils avaient des conseillers
et un bourgmestre paresseux, qu'ils veu1ent en élire d'autres
dans leurs camps pour mieux gérer leur situation.
Ils m'ont aussi dit quelque chose qui m'a coupé le souffle: "on nous
tire derrière et vous, vous nous tirez devant en nous envoyant
des Inkotonyi
pour s'occuper de nos approvisionnements?".
Et c'est bien vrai que le ministère qui s'occupe de leurs approvisionnements
se trouve entre les mains de l'inyenzi Lando.

Bref, ces gens veulent les élections , les pays entier désire aller aux élections pour être dirigés par un homme au courage jamais démenti comme vous le savez.

Pour terminer, je vous rappelle l'essentiel de ce que je vous ai dit : la vigilance au premier chef.
Sachez gue celui à qui vous n'avez pas encore tranché la tête, c'est lui qui vous
tranchera la votre. Ces salauds doivent disparaître au plus vite. Nous devons nous mettre
au travai1 tous ensemble, et former une armure impénétrable autour de nous. Personne na
doit toucher à nos inspecteurs. madame le ministre Agathe n'a qu'à nommer les inspecteurs
chez elle à Nyaruhengeri.

Ma conclusion enfin, c'est que nous devons aller aux élections.

Je vous remercie.



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fgtquery v.1.9, 9 février 2024