Titre
Rapport de visite fait auprès de la maison militaire de coopération à Paris
Tres
Général Huchon : « Il faut sans tarder fournir toutes les preuves prouvant la légitimité de la guerre que mène le Rwanda de façon à retourner l'opinion internationale en faveur du Rwanda »
Résumé
In his report on his visit to the military cooperation office in Paris, Colonel Ephrem Rwabalinda writes that General Huchon would have advised him without delay to "provide all the evidence proving the legitimacy of the war that Rwanda is carrying out in order to turn international opinion in favor of Rwanda and to be able to resume bilateral cooperation".
Commentaire
A month after the beginning of the massacres organized by the army and the Rwandan interim government, France, through the mouth of General Huchon, offered help to this army, gave sound advice on communication, and assured them of its support. At the highest level, while the dead already number in the hundreds of thousands, France is more concerned about the opinion that the public might have of the killings, than by the killings themselves. "We must without delay provide all the evidence proving the legitimacy of the war that Rwanda is waging in order to turn international opinion in favor of Rwanda and be able to resume bilateral cooperation", declared the general to him. Huchon who provided him with secure means of communication to talk to General Bizimungu, Chief of Staff, who was convicted of genocide in 2011 by the ICTR. This report describes the different aspects of a covert operation to provide relief resources to an army that is pursuing genocide either directly or through militias. This document was provided to the Parliamentary Information Mission, which did not publish it. This report is authentic:
- on the one hand, the meeting between Rwabalinda and Huchon is attested by the order of Judge Bruguière of November 17, 2006 and by his interrogation of Bagosora on May 18, 2000 in Arusha. Rwabalinda brought evidence to Huchon concerning the attack on Habyarimana's plane;
- on the other hand, numerous facts come to confirm the reality of the secret cooperation described in this report: instruction of discretion given to the killers by the RTLM in order to show outside that the massacres have stopped; transfer of orphans to France by Bernard Kouchner; ex-captain Barril's contract; arms purchases from Paris by Colonels Ntahobari and Kayumba; provision of means of communication for the FAR; clearing of spies in the vicinity of Kamembe airport with a view to landing relief there; letter from President Théodore Sindikubwabo dated May 22, 1994 to François Mitterrand thanking him for his help "until today".
Citation
Rapport de visite fait auprès de la maison militaire de
coopération à Paris
Colonel Ephrem Rwabalinda
9-13 mai 1994
Source : Dossiers Noirs de la politique africaine de la France no 1, Agir ici et Survie, L’Harmattan,
1996.
République Rwandaise
Ministère de la défense nationale
Armée rwandaise
Gitarama, le 16 mai 1994
Au ministre de la Défense
Au chef EM AR
Objet : Rapport de mission.
J’ai l’honneur de vous faire parvenir ci-joint
le rapport de visite que j’ai effectuée auprès de la maison militaire
de coopération Française à Paris du 09 au 13 mai 94.
Les promesses à court et à long terme contenues
dans le document sont à poursuivre activement.
RWABALINDA Ephrem
lieutenant-colonel BEM
Conseiller du chef EM AR
Fig. 1 – Lettre d’accompagnement du rapport de mission du colonel Rwabalinda. Source : Dossiers Noirs
de la politique africaine de la France no 1
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RAPPORT DE VISITE FAIT AUPRES DE LA MAISON MILITAIRE DE COOPERATION A PARIS.
1. J’ai été reçu au bureau du Général HUCHON, lundi le 09 mai 1994 de
1500 h à 1700 heures.
2. Au cours de l’entretien, je lui ai fait le tour d’horizon sur la
situation Politico-Militaire de l’heure au Rwanda, en insistant
sur la reprise des hostilités initiées par le FPR, hostilités qui
ont alimenté vivement les affrontements inter-ethiniques...
[illisible]. J’ai insisté également sur le fait que la MINUAR a
exercé ... empêchant le ... de procéder au recrutement de
nouvelles troupes, de s’approvisionner en armes et munitions tandis
que le FPR agissait en toute liberté en préparation de l’offensive
générale qu’il mijotait.
3. Les priorités suivantes ont été abordées :
a. Le soutien du Rwanda par la France sur le plan de la politique
internationale.
b. La présence phyisique des militaires Français au Rwanda ou tout
au moins d’un contingent d’instructeurs pour les actions de coups
de main dans le cadre de la coopération.
c. L’utilisation indirecte des troupes étrangères régulières ou non.
d. Besoins urgents :
- Munitions pour la Bie 105 mm (2.000 coups au moins).
- Compléter les munitions pour les armes individuelles au besoin en
passant indirectement par les pays voisins amis du Rwanda.
- Habillement.
- Matériel de transmission.
e. Participation aux enquêtes visant à faire la lumière sur la mort
tragique du Président de la République rwandaise et celui du
Burundi.
4. Avis et considérations du général Huchon :
a. Il faut sans tarder fournir toutes les preuves prouvant la
légitimité de la guerre que mène le Rwanda de façon à retourner
l’opinion internationale en faveur du Rwanda et pouvoir reprendre la
coopération bilatérale. Entre-temps, la maison militaire de
coopération prépare les actions de secours à mener à notre faveur.
Le téléphone sécurisé permettant au Général BIZIMUNGU et au Général
HUCHON de converser sans être écouté (cryptophonie) par une tièrce
personne a été acheminé sur KIGALI. Dix-sept petits postes à 7
fréquences chacun ont été également envoyés pour faciliter les
communications entre les Unités de la ville de Kigali. Ils sont en
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attente d’embarquement à Ostende. Il urge de s’aménager une zone sous
contrôle des FAR où les opérations d’atterrissage peuvent se faire en
toute sécurité. La piste de KAMEMBE a été retenue convenable aux
opérations à condition de boucher les trous éventuels et d’écarter les
espions qui circulent aux alentours de cet aéroport.
b. Ne pas sous-estimer l’adversaire qui aujourd’hui dispose de grands
moyens. Tenir compte de ses alliés puissants.
c. Placer le contexte de cette guerre dans le temps. La guerre sera longue.
d. Lors des entretiens suivants au cours desquels j’ai insisté sur les
actions immédiates et à moyen terme attendues de la France, le
Général HUCHON m’a clairement fait comprendre que les militaires
Français ont les mains et les pieds liés pour faire une intervention
quelconque en notre faveur à cause de l’opinion des médias que seul le
FPR semble piloter. Si rien n’est fait pour retourner l’image du pays
à l’extérieur, les responsables militaires et politiques du Rwanda
seront tenus responsables des massacres commis au Rwanda.
..../...
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-2Il est revenu sur ce point plusieurs fois. Le gouvernement Français,
a-t-il conclu, n’acceptera pas d’être accusé de soutenir les gens que
l’opinion internationale condamne et qui ne se défendent pas. Le
combat des médias constitue une urgence. Il conditionne d’autres
opérations ultérieurs. Dès que le contact téléphonique protéjé sera
établi, une appréciation des problèmes relatés au point 3 ci-dessus
sera affinée et concrétisée en tenant compte de la position du
gouvernement Français sur le cas du Rwanda.
5. Conclusions :
a. Ces contacts m’ont permis de sonder combien la coopération
militaire Française est gênée de nous expliquer sa retenue en matière
d’intervention direct par souci de solidarité à l’opinion politique
Europèenne et Américaine.
b. Les essais de relance de médiatisation faits à Paris par la cellule
du Col NTAHOBALI, que j’ai enrichie par les articles ci-annexés
sont à stimuler et renforcer. A ce sujet, il urge d’y dépêcher un
attaché de presse à la hauteur de la situation. Soigner davantage
l’image du pays à l’extérieur constitue une des priorités à NE PAS
perdre de vue.
c. Les 2 appareils téléphoniques que j’apporte devraient nous aider à
sortir de l’isolement vis-à-vis de l’étranger.
d. Le comité consultatif de crise devrait épauler davantage l’autorité
politico-militaire par des propositions concertées allant même
au-delà du court terme.
e. Les amis contactés nous conseillent de faire un effort pour mettre
à l’oeuvre des équipes aux effectifs réduits pour saboter les arrières
de l’Eni et briser ainsi son élan.
f. Il est à remarquer tant du côté Belge que du côté de la France,
l’hésitation d’envoyer tous les stagiaires au Rwanda même ceux pour
qui les cours prennent fin au début de juillet 94.
g. Une visite de haut niveau politique pourrait mieux cadrer les
orientations et les actions attendues.
RWABALINDA Ephrem
Lt-Col BEM
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