Fiche du document numéro 450

Num
450
Date
Lundi 25 octobre 1993
Amj
Auteur
Taille
99941
Titre
Note à l'attention de Monsieur le Président de la République. Objet : Burundi
Résumé
Following the assassination of the President of Burundi and the massacres between Hutu and Tutsi, the Arusha Accords in Rwanda should not withstand the unleashing of ethnic violence in the neighboring country.
Type
Note
Langue
FR
Citation
PRÉSIDENCE
DE LA

RÉPUBLIQUE
Paris, le 25 octobre, 1993
Le Conseiller à la Présidence

à l'attention de Monsieur le Président de la République

(Sous/couvert de Monsieur le Secrétaire Général)

OBJET : BURUNDI

1 - SITUATION
* La situation reste très confuse.

- L'assassinat du Président de la République, du Président et
du vice-président de l’Assemblée nationale a été confirmé par le
Premier ministre, Mme Kinigi. Celle-ci est réfugiée à l'ambassade de
France avec un certain nombre de ses ministres.

- Ni le Comité national de salut public, mis en place au
lendemain du coup d'état militaire et qui cherche à obtenir l’amnistie
des rebelles, ni le Premier ministre, ni le gouvernement en exil, mis en
place à Kigali ne sont en mesure de peser sur la situation dans le pays et
aucune sortie de crise ne se dessine.

- Les massacres entre Tutsis et Hutus se poursuivent
partout dans le pays et près de 200.000 personnes se sont réfugiées au
Rwanda.
- Pour l'instant, les expatriés ne seraient pas, selon notre
ambassade inquiétés. L'évacuation de nos ressortissants n'a pas été
demandée.

* La communauté internationale n’est guère mobilisée face
au drame burundais.

- Le Secrétaire Général de l'ONU a toutefois demandé à M.
Jonah, secrétaire général adjoint pour l'Afrique de se rendre à
Bujumbura pour une évaluation de la situation.

- Les pays africains qui, dans l’ensemble, ont condamné ce
coup d'état, observent avec la plus grande attention notre attitude.

- Au Rwanda, l'inquiétude est vive. Les accords d’Arusha ne
devraient pas résister au déchaînement de la violence ethnique dans le
pays voisin.

2 - Demande d'intervention militaire française

Le Premier ministre, Mme Kinigi, vous a écrit la lettre ci-
jointe, dans laquelle elle vous demande une intervention militaire
française pour assurer la sécurité des institutions démocratiques- et
rétablir l’ordre dans tout le pays.

Elle a écrit également en ce sens au Roi du Maroc.

Le gouvernement en exil a demandé, lui aussi, une
intervention militaire qu'il estime indispensable avant d'entamer un
dialogue éventuel avec les rebelles.

3 - Position française

- Lors d’une réunion interministérielle qui s’est tenue au Quai
d'orsay cet après midi, le représentant de Matignon a clairement fait
savoir que le Premier ministre était opposé à l’envoi de troupes
françaises au Burundi et qu’une intervention militaire ne pouvait être
envisagée que dans le cadre de l'évacuation de nos ressortissants.



Le Quai d’orsay souhaiterait pour sa part que l’on appuie, en
liaison avec nos partenaires belges et américains, la mission de M. Jonah,
éventuellement par l'envoi d’émissaires à Bujumbura et que l’on
réfléchisse à la constitution d'une force de sécurité multilatérale chargée
de protéger les membres du gouvernement et les parlementaires à
laquelle nous pourrions apporter un appui logistique ou financier.

- Le ministère de la Défense a, pour sa part, proposé un
prépositionnement de deux ou trois hélicoptères au Rwanda pour porter
secours rapidement à nos ressortissants dispersés à l'intérieur du
Burundi et qui pourraient être menacés. Ce prépositionnement pourrait
poser problème avec le Front patriotique rwandais (F.P.R.) car il
nécessite la présence au Rwanda d’une soixantaine d'hommes
(maintenance, protection, transport...).

Le Burundi est inscrit à l’ordre du jour du Conseil restreint
du 27 octobre.



Général QUESNOT Bruno DELAYE

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