Fiche du document numéro 4114

Num
4114
Date
Mardi 19 décembre 2006
Amj
Taille
74360
Titre
Lettre à Monsieur Jean Louis Bruguière. Objet : Me secerno vulgus et arceo !
Sous titre
Me distancer de vos actions politiquement motivées et des fausses allégations contenues dans votre Mandat d'Arrêt International contre les proches du président Rwandais, dans le cadre de votre enquête sur l'attentat contre le président Habyarimana.
Tres
Proteste contre l'utilisation que Bruguière a fait de son témoignage
Nom cité
Type
Lettre
Langue
FR
Citation
Kagiraneza Deus
9 Résidence Renaissance
7760 Celles
Belgique

Celles le 19 Décembre 2006

Monsieur Jean Louis BRUGUIERE
1er Vice Président au Tribunal de
Grande instance de Paris
4 Boulevard du Palais
75055 Paris RP
France

Objet :Me secerno vulgus et arceo !
Me distancer de vos actions politiquement motivées et des fausses allégations contenues
dans votre Mandat d’Arrêt International contre les proches du président Rwandais, dans
le cadre de votre enquête sur l'attentat contre le président Habyarimana.
Monsieur,
Ayant lu avec intérêt l’instruction du dossier portant sur la mort de Juvénal
Habyarimana et son équipage, en tant que témoin cité, j’ai l’honneur de me désolidariser
de vous dans l’argumentation et surtout dans votre méthodologie de travail de
négationniste du génocide tutsi.
Bien que je sois un opposant au régime en place au Rwanda, il serait pour moi
lâche de passer sous silence les allégations mensongères contenues dans votre rapport
d’instruction dont le seul but consiste à gommer la responsabilité du régime génocidaire
et celle de la France dans le génocide TUTSI.
En plus des lacunes, de l’arrogance et du cynisme qui apparaissent sur chaque
page de l'ordonnance, votre rapport contient des erreurs scandaleuses d'évaluation et des
abus de procédure. Votre approche est corrompue par le fait d’être dans le sillage des
grands de la France couverts d’opprobre pour avoir délibérément soutenu et exécuté une
politique d’extermination ethnique au Rwanda de 1994. En effet, il n’est plus à démontrer
que la France a entraîné et armé les INTERAHAMWE pour exécuter génocide TUTSI. Je
m’étonne de voir toujours la France égarée par les analyses étriquées et biaisées et,
surtout, toujours avide de déstabiliser la région des Grands Lacs. Cfr ANNEXE 1.

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Quoiqu’il arrive, cette honte de la FRANCAFRIQUE ne s’efface pas d’un coup
de revers de la main : la mémoire d’un peuple meurtri et le monde vous interpellent
d’assumer politiquement et pleinement ce forfait. La thèse du double génocide que vous
accréditez, n’atténue en rien la responsabilité de la France. Suborner les témoins ou
accumuler les apories d’analyse ne soulage en rien les crises répétées et subintrantes de
FRANCAFRIQUE.
Vous vous efforcez de crédibiliser les théories négationnistes et révisionnistes du
génocide Tutsi pour endosser toute la responsabilité de cette hécatombe sur le dos du
Front Patriotique Rwandais. Ainsi, Monsieur BRUGUIERE, tout au long de votre
argumentation, vous reprenez les thèses relayées par les « médias du génocide » (RTLM,
Kangura, etc.) pour affirmer que FPR est à l’origine de tous les malheurs qui se sont
abattus sur le Rwanda et vous martelez sans sourciller qu’il a toujours été contre le
processus de paix au Rwanda pour s’emparer du pouvoir tutsi perdu en 1959. Référonsnous à l’histoire du Rwanda : en 1959 le génocide tutsi a été consommé avant l’existence
du FPR. Au grand silence de la Communauté Internationale, les tutsi ont été massacrés en
1963, en 1966, en 1967 et en 1973. Vous dites alors que le FPR est coupable d’avoir
mené une guerre contre le régime génocidaire.
Point n’est besoin de rappeler qu’en 1990 et en 1991 le FPR a fait montre de
grandeur pour arriver à adopter les différents protocoles avec l’Etat Rwandais compilés
sous le vocable des Accords de Paix d’Arusha en 1993 pour mettre fin à la guerre et au
génocide TUTSI. Vous connaissez mieux que moi que la France a toujours boycotté ce
processus, en entraînant et en armant les miliciens INTERAHAMWE dressés contre les
Tutsi.
Vous épousez la théorie chère aux révisionnistes selon lesquelles le génocide est
le résultat d’une réaction spontanée causée par la mort de Habyarimana, comme si la
mort d’un président justifiait l’extermination d’une partie de la population qui n’a rien à
voir avec cette affaire. Si nous cette hypothèse tenait debout, comment expliquer,
monsieur le juge, qu’au Burundi voisin, nous n’avons pas assisté au génocide puisque le
Président NTARYAMIRA avait également été tué? En effet, Monsieur le juge, le
génocide au Rwanda est le résultat d’une planification minutieuse par l’Etat dans le but
d’exterminer les tutsi.
Plusieurs indices sérieux ,graves et concordants montrent à suffisance que ce
génocide aurait lieu indépendamment de la mort de Habyarimana et que sa planification
est antérieure à sa mort : la définition des TUTSI comme des ennemis naturels (cfr.
Colette Braeckman, Rwanda. Histoire d’un génocide, p. 153), la formation d’une milice
Interahamwe, la mise en place des « médias de la haine » (la RTLM, Kanguka,
Nyiramacibiri, Intera pour ne citer que ceux -là), les massacres à caractère génocidaire à
Kibirira, à Bigogwe , au Bugesera… Pour rappel,Mr Janvier AFRICA, qui fut membre de
l’escadron de la mort, a affirmé que les militaires Français ont entraîné les escadrons de
la mort et les miliciens entre 1991 et 1992 (le Courrier International du 30/06/1994). Par
ailleurs, un milicien témoin dans l’affaire Georges RUTAGANDA, détenu par le
Tribunal Pénal International pour le Rwanda, affirme qu’il a été entraîné par les militaires
Français. Il a affirmé en substance que les militaires Français lui ont appris à tuer (Jean
Paul Gouteux, Un génocide sans importance, p. 28).

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Dans un rapport réalisé en 1993, une commission d’enquête réunissant la
Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH) et l’organisation
américaine Human rights watch Africa a dévoilé la dérive génocidaire régime
Habyarimana. Par ailleurs, dans une demi-heure après l'accident et bien avant l'annonce
officielle de l'assassinat sur la radio nationale, le nettoyage ethnique avait commencé à
l'intérieur du pays, sur base des listes préétablies.
Malgré cet état de fait, la France a soutenu avec acharnement le régime
génocidaire jusqu’à la défaite totale de ce dernier. Vous savez que l’opération
AMARYLLIS (France) du 09/04/1994 a déchargé des caisses de bombes et munitions à
l’aéroport International de Kanombe, en dépit des protocoles de paix d’Arusha. Pour vous
conforter dans vos positions, je citerai votre protégé ABDUL RUZIBIZA JOSHUA in
Rwanda, l’histoire secrète (p.256) et les français sont repérés à Mukamira et Gisenyi le
09/04/1994 pour planifier les attaques avec les FAR (p.257) et entendre leurs prouesses à
SATINSKI le même jour!
Monsieur BRUGUIERE, votre RUZIBIZA parle du pilonnement des positions du
FPR au CND à Kigali déjà à l’aube du 7 avril 1994, les raffles et les assassinats des
opposants politiques par les extrémistes hutus s’intensifiaient. Et vous accusez le FPR
d’être sorti de ses retranchements à 16h00 pour aller au secours du Bataillon BENGALI
désarmé par la Garde Présidentielle des FAR et procéder aux missions périlleuses de
défense et de sauvetage des populations civiles ? (Cfr. p. 252 Op.cit)
Vous passez sous silence le fait que ce sont les FAR par la branche des GP et les
Interahamwe appuyés par la France qui ont même mis en échec l’initiative du Haut
Commandement militaire de crise des 9 colonels des FAR pour mettre fin à la guerre.
Pour vous, la faute est aux Tutsis d’avoir résisté vaillamment à leur extermination.
J’aimerais aussi faire un petit commentaire sur le choix de vos témoins
privilégiés :
1. Mr CHRISTOPHE HAKIZABERA


Militaire FAR de formation, il quittera définitivement l’armée en 1973 avec le
grade de Sous Lieutenant pour se réfugier à JINJA-UGANDA.



Ce ne sont pas les occasions qui lui ont manqué pour rejoindre l’armée : en 1979
chute d’Idi Amin Dada, 1981 Rébellion NRA de MUSEVENI, 1987 LRA d’Alice
LAKWENA ou de Joseph KONY, 1990 RPA au Rwanda, 1996 la guerre du
Congo et 1997 la rébellion Hutu (P)ALIR au Nord-ouest du Rwanda.



Vos barbouzes savent pertinemment qu’il n’a jamais réintégré les activités
politiques et/ou militaires au FPR/APR. En effet, il est incapable de dire quand et
où il a débuté cette carrière où il ne connaît ni chef ni subalterne ni collègue dans
ses pseudo fonctions au département de la logistique (G 4) comme il le prétend.

3



Par contre, je lui connais son épithète de mythomane qui lui a permis de gagner la
confiance de la DGSE pour recruter les gens qui peuvent l’aider à parler de
l’avion HABYARIMANA et de se coller le grade de Lt Colonel FDLR. Comment
ose-t-il déclarer que le FPR est allé à Bobo Dioulasso, fief des Français coloniaux
pour préparer la chute du Falcon 50 de HABYARIMANA alors que nous avions
des arrière-pays plus sécurisés ? (Cfr mon PV 23641/01 du 20 nov. 2001 par le Lt
PIWOWARCZYK Frédéric).



Qu’avait-on à envier en logistique, en lobby ou en recrutement si pareille bêtise
était à faire ?! Mail il reste quand même le pilier des FDLR et l’homme de contact
de la DGSE pour les faux visas. (Cfr Annexes 1 et 2).
2. Mr RUZIBIZA ABDUL JOSHUA, l’écrivain !



Il arrive au front en juillet 1991 (Ruzibiza, Op.cit p., 141.) et se retire des
opérations en février 1992 après les durs contacts avec les Français et leurs
bombes ionisantes des mortiers 105mm DIMBAHASI du Colonel Didier
TAUZIN (pp. 192-194), Français spécialiste des guérillas pour rester au SICK
BAY de RUNABA-BUTARO. Jusqu’au 7 avril 1994, il sera auxiliaire de santé
jusqu’à la fin de guerre.



Dans sa riche documentation sur la formation et la fusion des bataillons (p. 109,
132, 135, 136, 141, 146, 157, 173, 278, 316, 339, 345, 349, 401, 402, 406, 413,
437), il ne fait jamais mention de la naissance ni de la structure de
commandement, ni de l’évolution du bataillon fantoche « NETWORK
COMMANDO ». Et pourtant, il se réclame de ce bataillon sans chef ni adjoint, ni
autres structure de la chaîne de commandement militaire. C’est du bluff !



Ruzibiza a déserté l'armée en 2001 à la suite de son implication dans le
détournement de fonds de 3 millions de Francs rwandais destinés à la ration des
militaires. En 2000, il a été condamné à 10 ans d’emprisonnement et déchu de ses
grades. En janvier 2001, il s'est enfui en Ouganda et est devenu l’agent de la
DGSE française pour ternir l’image des Forces Rwandaises de Défense, et celle
du leadership rwandais en général. Compte tenu de son implication dans le
détournement des fonds et de ses fréquentes visites à hôpital Psychiatrique
NDERA dues à sa maladie mentale, Ruzibiza n’est crédible que par les gens du
même acabit.

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3. M. Jean Pierre MUGABE
-Ancien journaliste de « LE TRIBUN DU PEUPLE », se présente faussement comme un
ancien officier de l’APR. Cet « officier » sans grade ni solde répertoriés au Ministère de
la Défense au Rwanda, il aura brillé par sa déclaration sur le Falcon 50. Il a fui la justice
de son pays en 1999 peu importe s’il était coupable ou pas. Il était accusé de publier des
articles diffamatoires. Son beau-père est accusé des crimes de génocide. Il a été découvert
dans domicile de ce dernier une fosse commune où plusieurs corps ont été exhumés.
Même si chacun est pénalement responsable de ces actes, un ancêtre pareil ne donne
sûrement pas gloire à sa descendance si la culpabilité est réellement établie.
MUGABE a affirmé, dans un article publié dans son journal « Le Tribun du Peuple »
n°33, octobre 1994, page 15 que Habyarimana avait été tué par les ex-FAR. Je me
demande comment il arrive à concilier ces deux affirmations contradictoires sans
transition ni connecteur logiques.
-Par ailleurs, comment se fait-il que ses dires ne concordent pas avec ceux de Mr
HAKIZABERA Christophe alors que les deux attestent qu’ils étaient les témoins
privilégiés ? Comment un type comme MUGABE qui était en détention disciplinaire
pour avoir, pour sa légèreté, perdu la campagne électorale lors des élections de
KIRAMBO (Zone démilitarisée 92) aurait-il eu accès aux conseils du Haut
Commandement militaire du F.P.R.?
4. MUSANGAMFURA SIXBERT
-En tant qu’ancien Directeur Général de la Sécurité Intérieure qui s'est enfui en 1995, il
n’a jamais été secrétaire de la Commission Nationale de Sécurité car cette structure
n’existait pas. A ma connaissance, le « Conseil National de Sécurité » date de
l’année2000.
-J’aimerais vous préciser que le 31 mars 1994, le Colonel LIZINDE était avec moi et
avec le Lt- Colonel KAYONGA, le Major Rose KABUYE (Candidate député) et une
autre équipe pour préparer Pâques 94 avec nos supporters. Notre confinement du CND
était toujours ouvert au public jusqu’au 6 avril 1994 au soir. Mr Philippe GAILLARD du
Comité International de la Croix Rouge reste un témoin privilégié car il était avec moi
lors de l’accident du Falcon 50.
-Pour démontrer que votre rapport est fondé sur des mensonges, Ruzigana Emmanuel, un
des témoins que vous avez cités dans votre rapport, vous a adressé une lettre ouverte pour
vous signifier que vous êtes un menteur. Ruzigana a réfuté les affirmations contenues
dans votre rapport qui suggèrent qu’il a fait partie du fameux « Commando Network »,
(dont il déclare ignorer l’existence) auquel vous attribuez la responsabilité d’avoir tiré sur
l’avion qui transportait Habyarimana le 6 avril 1994. Il a exprimé son indignation après
que son nom ait apparu sur les pages 23 et 25 de votre rapport où vous le considérez
comme une source clé dans votre pseudo enquête.

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5. AUTRES TEMOINS
Une autre catégorie de vos témoins est constituée des personnes accusées de génocide qui
sont soit détenus et jugés par Le TPIR (Bagosora, Renzaho, Ntabakuze etc.) ou encore en
libres (Aloys Ntiwiragabo, un des chefs actuels de la branche armée des FDLR).
Naturellement, de tels témoins ne peuvent rien dire bon au sujet des hommes FPR qui les
ont battus et empêchés de terminer leur plan macabre d’extermination totale des TUTSI.
Quant à Ntiwiragabo, c'est encore pire compte tenu du fait qu'il est à la tête d’une branche
armée basée au Congo qui n'a jamais abandonné son idéologie du génocide.
Conclusion
En guise de conclusion, Monsieur Bruguière, vos allégations ne sont rien d’autre qu’une
compilation des fabrications existantes et relayées par des milieux négationnistes et
révisionnistes du génocide des TUTSI. Votre rapport d’instruction est faux et manque de
rigueur au niveau d’analyse. Toutes vos allégations sont basées sur des ouï-dires et des
suppositions, ainsi que sur des sources manipulées dont la crédibilité ne saurait
convaincre même un gamin .
La plupart des allégations ont été fabriquées avec l'intention de disculper les
planificateurs du génocide et de cacher le rôle de la France dans le génocide des TUTSI.
En tout état de cause, la France, qui refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans
ce génocide, n’est pas mieux placée pour juger les actes en rapport avec les événements
qui ont précédé le génocide de 1994, en se cachant derrière la pseudo indépendance
judiciaire. Nul n’est juge en sa propre cause…
Mis à part le support accordé au régime génocidaire, la France est intervenue
militairement dans la guerre et a occupé la partie sud-ouest du Rwanda, lorsque l’APR,
branche armée du FPR, gagnait du terrain contre les tueurs. Le territoire occupé par les
troupes de l’armée Française a été utilisé par les ex-FAR et la milice interahamwe pour se
réfugier vers l’ex-Zaïre là où ils continuent d’échapper à la justice.
Compte tenu de ce qui précède, je voudrais, dans l’intérêt de la Justice Internationale, me
distancer de vos actions politiquement motivées sous prétexte de servir la justice. Je serai
toujours prêt à témoigner devant toute justice impartiale visant à établir la vérité
authentique dans son entièreté et susceptible de mener à la vraie justice internationale
dans la mesure où celle-ci constitue la vraie pierre angulaire pour construire la paix
durable dans mon pays bien-aimé le Rwanda, dans la Région de Grands Lacs et dans le
monde entier.
Deus Kagiraneza

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