Citation
La présidence à Kigali étant devenue une passoire, la dernière lettre
de François Mitterrand adressée au général Habyarimana, le 16 janvier
dernier, est largement photocopiée et diffusée. Embarrassante, elle
explique notamment que le détachement militaire français (Noroit), ne
sera retiré qu'en accord avec les autorités rwandaises. Ce qui dément
non seulement sa mission officielle de pure protection des
ressortissants français mais heurte aussi, comme le relève lui-même le
président français, l'esprit et la lettre des engagements pris à
Arusha. « J'ai pris note des termes de l'accord de cessez-le-feu
d'Arusha. Je ne veux pas qu'on puisse reprocher à la France d'avoir
nui à une bonne application de l'accord » note à ce sujet François
Mitterrand, qui confirme par ailleurs le maintien à Kigali - pour
trois mois encore - de l'ambassadeur Georges Martres, parvenu à l'âge
de la retraite. Le chef de l'Etat rappelle le rôle de l'ambassadeur
« en tant qu'observateur de la vie politique rwandaise et instrument de
l'action de la France... ». Une petite perfidie diplomatique tempérée
par un ajout chaleureux manuscrit à la formule de politesse, exprimant
son « souhait de pouvoir vous aider au mieux dans votre tâche ».