Citation
DELEGATION
AUX AFFAIRES
STRATEGIQUES
Colonel MOURGEON
OBJET : Situation au Rwanda.
NOTE
Paris,le 24 novembre 1993.
N° 537/DEF/DAS/SDQR/JM/CD
Déclassifié par décision
du ministre de la
N° OU1153 du 1242021
OBJET : Situation au Rwanda.
L'évolution récente de la situation au Rwanda présente deux caractéristiques
- D'une part la lenteur de la mise en place de la MINUAR commandée par le général (canadien) DALLAIRE, déjà en place avec quelques personnels du détachement belge. La force devrait comprendre 170 Belges dont la mise en place est en cours, 400 militaires du Bangladesh qui devaient arriver à la fin de l'année. Un bataillon ghanéen doit être mis en place début 1994. Enfin un contingent tunisien à 60 est également prévu (sans précision sur la date d'arrivée).
- d'autre part les dificultés d'application des accords d'Arusha: à la méfiance initiale entre les gouvernementaux et le FPR a succédé une tension trés vive liée notamment aux évènements du Burundi ainsi qu'à l'approche des échéances de la transition.
Cette tension s'est traduite par une tentative d'assassinat à l'encontre du procureur général de la Cour d'Appel de Kigali (nuit du 14 au 15 novembre) et surtout l'assassinat de 65 civils dans la zone démilitarisée dans la nuit du 17 au 18 novembre, les victimes sont pour la plupart membres du MRND (ex-parti unique) et le FPR semble bien être l'auteur de ces exécutions.
Ne disposant pas pour l'instant de forces suffisantes le chef de la MINUAR n'est certainement pas en mesure d'imposer un retour au calme. L'arrivée du contingent belge ne sera pas forcément un facteur apaisant, les Hutu ayant déjà violemment
exprimé leur opposition à ce contingent.
La mise en place du gouvernement de transtion à base élargie pour le 15 décembre ne sera certainement pas possible, Une aggravation de la situation malgré la présence de la MINUAR doit donc être envisagée. Dans ces conditions, le détachement NOROIT apparaît comme la seule force fiable à Kigali.
Deux options se présentent à nous:
- un maintien du détachement pour assurer au mieux la sécurité et, le cas échéant, l'évacuation des ressortissants. Nous risquons alors d'être à nouveau totalement impliqués dans la crise à venir, avec d'énormes difficultés pour nous dégager.
- une application stricte des accords d'Arusha et le retrait de nos forces dès la
la mise en place du contingent belge. Simultanément notre coopération devrait être ramenée à son niveau d'avant la crise.
Cette deuxième solution est pour nous une opportunité de nous retirer du bourbier rwandais.