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La semaine écoulée a été essentiellement marquée par l'entrée en vigueur, de
principe, du cessez-le-feu le 31 juillet, et par un tension croissante à l'intérieur du pays entre
les éléments proches du Front patriotique rwandais (FPR) et les extrémistes hutu.
Jusqu'à l'instauration du cessez-le-feu, la ligne de front est restée stable, si ce n'est un
léger gain territorial au profit du FPR dans le secteur de Ruhengeri (région de Rugendabare).
Grâce à l'utilisation intense de leurs batteries du 105 mm et 122 D 30, les Forces armées
rwandaises ont pu soutenir la poussée des rebelles, sans jamais toutefois être capables de
réussir une seule de leurs contre-attaques.
Dans les jours à venir, les FAR, dont le moral est extrêmement bas, devraient recevoir
le renfort de cinq nouveaux bataillons (4 000 recrues instruites) alors que le FPR connait des
problèmes en matière d'approvisionnement de munitions d'artillerie.
À l'intérieur, les clivages s'accentuent et pourraient déboucher sur de violents
incidents etniques entre Hutu et Tutsi. L'attitude des partis politiques favorables au FPR, et
en particulier celle du Parti libéral, entraînent, en retour, le durcissement des Hutu opposés
aux accords d'Arusha.
Le FPR, qui se montre intransigeant dans les réunions internationales, mène une
propagande habile dans le pays pour faire accréditer l'idée que ses revendications sont
relativement modestes, et qu'elles se limiteraient en fait à une simple participation au
gouvernement et à l'administration. Le but visé est d’accentuer la démoralisation des FAR et
de gagner à sa cause une population lassée de la guerre.
Les militants de la CDR (Coalition pour la défense de la république) et des jeunesses
du MRNDD (Mouvement républicain national pour le développement et la démocratie) s’en
prennent de plus en plus violemment au gouvernement accusé de trahison, et aux Tutsi. Ces
radicaux, hostiles à la rébellion, pourraient être tentés de refaire l'union des Hutu en
provoquant des incidents ethniques débouchant sur une chasse aux Tutsi.
La conséquence en serait une remise en cause des accords d'Arusha, et une reprise
des combats pouvant déboucher sur une guerre civile généralisée.
Quant au Groupe d'observateurs militaires neutres (GOMN), supervisé par le
secrétaire général adjoint de l'OUA, le FPR a obtenu une première satisfaction avec la
nomination, à sa tête, d'un officier nigérian. Les premiers contingents sénégalais et
zimbabwéen devraient arriver, respectivement, les 3 et 4 août. De son côté, le Nigéria n'a
fourni aucune précision sur le sien, et l'Egypte n'a toujours pas annoncé officiellement sa
participation.
Toutefois, en dépit de l'accord intervenu à Addis Abéba pour la mise en place du
GOMN, l'avenir reste incertain.
L'attitude du FPR demeure ambiguë. Un respect du cessez-le-feu de sa part pourrait
signifier :
+ qu'il entend obtenir des avantages substantiels lors des futures négociations, et cela
sans recourir aux élections dont il sortirait fatalement marginalisé ;
+ qu'il attend un départ dés éléments français pour lancer à nouveau une vaste
offensive, que les FAR, en raison de leur faible combativité, auraient le plus grand mal à
contrecarrer. Il semble que la prise de Byumba demeure l'objectif principal du FPR.
A noter que l'accord intervenu à Addis Abéba concernant les règles de conduite du
GOMN, stipule que les observateurs pourront se déplacer sur l'ensemble du territoire
rwandais, sans aucune restriction.
La délégation rwandaise n'est pas parvenue à obtenir l'extension de cette mission aux
confins ougandais, où la dissidence dispose de facilités octroyées par les autorités de
Kampala.
