Date
Lundi 18 juillet 1994
Uptitle
Journal de 20 heures [2:43]
Title
Hier soir [17 juillet] plusieurs centaines de personnes ont été tuées ou blessées par des tirs d'obus de mortier du Front patriotique rwandais
Subtitle
En provoquant la fermeture de la frontière, la chute de Gisenyi a interrompu le flot des réfugiés rwandais.
Abstract
- Since this morning 100,000 new refugees have come to swell the camps on the Zaire border. And last night several hundred people were killed or injured by mortar shell fire from the Rwandan Patriotic Front guerrillas. Witnesses helplessly witnessed scenes of indescribable panic.
- This morning, the capture of Gisenyi is no longer in doubt. Despite sporadic fire, the battle is over and the border closed. The only vestiges of the fighting are the weapons that the last Rwandan soldiers who crossed into Zaire since yesterday [July 17] have returned to the authorities.
- But the bodies of the victims are still there to bear witness to yesterday's [July 17] tragedy: the shells hit them when they had just arrived in Zaire. The explosions, the panic killed at least 60 people, mostly women and children.
- We hardly see any more wounded: the French army, the Red Cross passed by there in the morning. Between these wounded from the border and those from the airport, also victims of indiscriminate shells, the doctors of the French branch have not known a respite. Once healed, they will be handed over to humanitarian associations responsible for organizing the exodus of refugees to Zaire.
- By causing the border to be closed, the fall of Gisenyi interrupted the flow of Rwandan refugees. But there are already several hundred thousand, perhaps even a million people on the road to Zaire who are waiting for international aid in a country which does not have the means to welcome them.
- The Rwandan Patriotic Front said in the afternoon that it did not intend to attack French troops in the security region it controls. The RPF also announces that a new Rwandan government will be sworn in tomorrow [July 19] in Kigali. Finally, the RPF chief of staff announced this evening that the war was over.
Citation
[Jean-Claude Narcy :] Au Rwanda aujourd'hui l'ampleur du désastre humanitaire est bien difficile à décrire. Depuis ce matin 100 000 nouveaux réfugiés sont venus grossir les camps à la frontière du Zaïre. Et hier soir [17 juillet] plusieurs centaines de personnes ont été tuées ou bien blessées par des tirs d'obus de mortier de la guérilla du Front patriotique rwandais. Les témoins ont assisté impuissants à des scènes de panique indescriptibles. Sur place, le reportage de nos envoyés spéciaux Isabelle Marque et Gérard Ramirez.
[Isabelle Marque :] Lorsque ce dépôt de munitions explose la nuit dernière, la [inaudible] Gisenyi ne fait plus aucun doute. Et ce matin, malgré des tirs sporadiques, la bataille est terminée et la frontière fermée. Seules vestiges des combats, ces armes que les derniers soldats rwandais passés au Zaïre depuis hier [17 juillet] ont rendu aux autorités [on voit des monticules d'armes surveillées par des militaires zaïrois].
Mais les corps des victimes sont toujours là pour témoigner de la tragédie d'hier [17 juillet] [on voit une foule de civils qui entoure un tapis de cadavres]. Les obus les ont frappés alors qu'ils venaient d'arriver au Zaïre. Les explosions, la panique ont fait au moins 60 morts, surtout des femmes et des enfants [gros plans sur des cadavres, adultes et enfants].
Depuis ce matin, les rescapés sont revenus chercher des traces des leurs. Cette femme n'a plus qu'un bébé, elle pleure la disparition des trois autres. Plus loin, c'est le récit d'un père qui n'a eu qu'une machette à opposer aux obus et à la foule terrorisée qui ont décimé sa famille. Enfin, cette mère nous raconte que tous ses enfants ont été abattus juste au moment où elle quittait Gisenyi. Mais il faut survivre et certains sont ici pour récupérer ce qu'ils peuvent, de la nourriture ou des objets. Tout ce qui peut être [inaudible] les réfugiés.
On ne voit plus guère de blessés : l'armée française, la Croix-Rouge sont passées par-là dans la matinée [on voit des médecins militaires en train de soigner des enfants]. Entre ces blessés de la frontière et ceux de l'aéroport victimes aussi d'obus aveugles, les médecins de l'antenne française n'ont pas connu de répit [on voit un médecin militaire en train de jouer avec un bébé]. Une fois guéris, ils seront remis aux associations humanitaires chargées d'organiser l'exode des réfugiés au Zaïre.
[De Goma, Isabelle Marque, face caméra, devant un camp de réfugiés : "En provoquant la fermeture de la frontière, la chute de Gisenyi a interrompu le flot des réfugiés rwandais. Mais ils sont déjà plusieurs centaines de milliers -- peut-être même un million de personnes -- sur les route du Zaïre qui attendent une aide internationale dans un pays qui n'a pas les moyens de les accueillir".]
[Jean-Claude Narcy :] Sachez encore que le Front patriotique rwandais a fait savoir dans l'après-midi qu'il n'avait pas l'intention d'attaquer les troupes françaises dans la région de sécurité qu'elle contrôle. Le FPR annonce, euh…, d'autre part qu'un nouveau gouvernement rwandais prêtera serment demain [19 juillet] à Kigali. À cette occasion d'ailleurs, un cessez-le-feu pourrait bien être annoncé. Et puis le chef d'état-major du FPR a annoncé ce soir : "La guerre est finie même si elle n'est pas encore proclamée".
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