Promesse politique, gain économique, jeu international : la paix peut-elle advenir dans une région dont l’instabilité s'accroît ? Quels sont les véritables intérêts de la communauté internationale ? La paix peut-elle vraiment venir d'accords par le haut ? Comment construire la paix sur le terrain ?
Séverine Autesserre revient dans un premier temps sur les difficultés liées à la situation locale : "
toutes les divergences sont dues au fait que la partie est du Congo est un endroit très difficilement accessible. C'est un endroit où il y a peu de routes. On se déplace par moto, par bateau, sur des chemins de terre qui sont coupés". Tous les experts s'accordent à dire qu'il s'agit d'"
un des conflits les plus meurtriers depuis la deuxième Guerre mondiale". On compte près de 2 à 3 millions de morts, il y a énormément de violences ; "
c'est une des plus grandes crises humanitaires au monde". Enfin, les causes du conflit sont internationales, nationales et locales. Et c'est cette imbrication qui envenime le conflit.
Selon elle, certes, les deux accords promeuvent la paix, mais il s'agit d'accords "
entre élites, pilotés de l'extérieur, qui n'impliquent pas les gens qui vivent le conflit, et ne prennent pas en compte les conflictualités locales, à savoir la terre, le village, etc.".
Pour Maria Malagardis, on voit dans ces accords l'attitude très ambiguë de Kinshasa. Pour les accords de Washington, Tshisekedi avait perdu en février, et a donc envoyé ses émissaires à Washington en proposant ses minerais contre un soutien diplomatique et militaire. Mais en fait, "
le gouvernement de Tshisekedi n'a aucune intention de reprendre le contrôle et veut maintenir le chaos. D'ailleurs, tous les ténors de l'opposition ont tous quitté le pays".
Enfin, le véritable problème, pour Bob Kabamba, est que l'"
on a commencé à politiser la dynamique communautaire, en soulignant le fait d’appartenir à une ethnie plutôt à une autre". Pour lui, "
il y a une campagne de stigmatisation, qui remonte au génocide de 1994, et qui pose un terreau fertile à la propagande anti-tutsi".