Fiche du document numéro 35292

Num
35292
Date
Dimanche 10 juillet 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Auteur
Taille
23761
Sur titre
Journal de 20 heures
Titre
Pour les extrémistes hutu compromis dans les massacres et qui sont restés pris au piège dans la ville de Butare, des exécutions sommaires remplacent arrestations et jugements
Sous titre
Beaucoup de Rwandais continuent à se réfugier dans la zone contrôlée par les militaires français, fuyant l'avancée des troupes du Front patriotique.
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Mot-clé
Mot-clé
Mot-clé
ZHS
Résumé
- At the G7, France received moral support for the humanitarian action of its soldiers in Rwanda. The final communiqué praised "France's meritorious action." This phrase was not mentioned in the initial draft.

- Tomorrow [July 11], Edouard Balladur and Alain Juppé will appear before the United Nations Security Council in New York to call for the earliest possible deployment of peacekeepers.

- On the ground, the situation of hundreds of thousands of displaced people is increasingly precarious. Many Rwandans continue to take refuge in the area controlled by the French military, fleeing the advance of Patriotic Front troops. A report from the city of Butare, Rwanda's second largest city, which is now controlled by the RPF.

- Just a few weeks ago, Rwanda was the most densely populated African country. And Butare was the country's second largest city. Here's what remains today.

- Since the capture of this town last Sunday [July 3], this is the first time the Rwandan Patriotic Front, the RPF, has allowed the press to enter. A visit under heavy escort, officially for security reasons, the government officials are only about twenty kilometers away.

- Moreover, like the captain who commands the town, and despite a displayed relaxed attitude, the watchword is to avoid any triumphalism. Théoneste Rurangwa, Commander of the Butare town: "I can't comment on that. They may come back, they may want to fight again. And if they decide to do so, we will push them back".

- The capture of the town was achieved without any major fighting in reality. The government left a lot behind when they fled and only had time to make rudimentary poisoned chalices.

- Butare seems to have been the plaything of looters rather than an army on the march. Looting, then, but also settling of scores. Summary executions here replace arrests and trials for the Hutu extremists involved in the massacres and who remained trapped in the city.

- Because not all the militiamen could have escaped. This is, at least, the official reason why the RPF is emptying the neighborhoods and gathering all its inhabitants, those who remain, into camps. In this stadium, for example, 2,000 or 3,000 people who, under the gaze of their liberators, admit to understanding this inconvenience.

- "The situation is calm but not normalized", the military would say. The inhabitants of Butare don't know how long they will spend here. But in Butare at least the guns have fallen silent.
Source
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Bruno Masure :] [Le début de son intervention est coupé] […] partenaires du G7, ou plus exactement du G8 avec Boris Eltsine, un appui moral à l'action humanitaire de ses soldats au Rwanda. Le communiqué final salue en effet "l'action méritoire de la France". Une formule qui n'était pas mentionnée dans le projet initial.

Demain [11 juillet], Edouard Balladur et Alain Juppé seront devant le Conseil de sécurité des Nations unies à New York pour rappeler à un relais le plus rapide possible des Casques bleus.

Sur place en effet, la situation de centaines de milliers de personnes déplacées est de plus en plus précaire. Beaucoup de Rwandais continuent à se réfugier dans la zone contrôlée par les militaires français, fuyant l'avancée des troupes du Front patriotique. Reportage de nos envoyés spéciaux Éric Monier et Pascal Stelletta dans la ville de Butare, la seconde ville du Rwanda, qui est désormais contrôlée par le RPR…, le FPR.

[Éric Monier :] Il y a quelques semaines encore, le Rwanda était le pays africain le plus densément peuplé [une incrustation "Butare" s'affiche en haut de l'écran]. Et Butare la deuxième ville du pays. Voici ce qu'il en reste aujourd'hui [on voit des bâtiments vides et une rue déserte].

Depuis la prise de cette ville dimanche dernier [3 juillet], c'est la première fois que le Front patriotique rwandais, le FPR, permet à la presse d'y pénétrer [on voit des militaires du FPR entourés de journalistes marcher dans la ville]. Une visite sous bonne escorte, officiellement pour raison de sécurité, les gouvernementaux ne sont qu'à une vingtaine de kilomètres.

D'ailleurs, à l'image du capitaine qui commande la place, et malgré une décontraction affichée, le mot d'ordre est d'éviter tout triomphalisme [gros plan sur le capitaine Théoneste Rurangwa en train d'inspecter avec ses hommes un bureau qui a été saccagé].

["Cap. Pheonest [Théoneste] Rurangwa, Commandant de la place de Butare" [il s'exprime en anglais devant des journalistes et ses propos sont traduits] : "Je n'peux pas faire de commentaire là-d'ssus [il arbore un grand sourire]. Ils peuvent revenir, ils peuvent vouloir se battre encore. Et s'ils décident de l'faire, nous les repousserons".]

La prise de la ville s'est faite sans grands combats en réalité. Les gouvernementaux ont beaucoup laissé en s'enfuyant et n'ont eu le temps que de confectionner de rudimentaires cadeaux empoisonnés [gros plan sur un petit engin explosif placé sous des caisses de munitions].

Butare semble avoir été le jouet de pillards plus que d'une armée en marche. Pillages donc, mais aussi règlements de compte. Des exécutions sommaires remplacent ici arrestations et jugements pour les extrémistes hutu compromis dans les massacres et qui sont restés pris au piège dans la ville [gros plans sur des scènes de crime et sur des cadavres].

Car tous les miliciens n'auraient pas pu s'enfuir. C'est la raison en tout cas officielle qui explique que le FPR vide les quartiers et regroupe tous ses habitants -- ceux qui restent -- dans des camps. Dans ce stade par exemple, 2 000 ou 3 000 personnes qui, sous le regard de leurs libérateurs, avouent comprendre ce désagrément [on voit des réfugiés à l'intérieur d'un stade].

[Un réfugié du stade : - "Y'avait des gens qui étaient vraiment menacés au…, au niveau des villages. Ils ont préféré nous…, nous mettre ici ensemble pour mieux organiser les villages, pour que les gens soient…, euh, plus ou moins…, euh…, bien sur leurs villages au lieu d'être menacés ou bien…". Éric Monier : - "Et vous êtes là de…, depuis le…, la chute de la ville, donc ?". Le réfugié : - "Oui, depuis la…, euh…, la prise de la ville lundi [4 juillet] nous sommes ici".

Un autre réfugié : - "Maint'nant on n'a pas encore fouillé dans les maisons…, dans toutes les maisons. On attend…, c'est c'que nous attendons". Éric Monier : - "Et c'est pour ça qu'on vous a amené ici, pour fouiller les maisons ?". Le réfugié : - "Oui, comme ça les gens fouillent les maisons. Quand ils voient que nous avons la sécurité totale [sic], nous allons rentrer chez nous".]

"Situation calme mais pas normalisée" diraient les militaires. Les habitants de Butare ne savent combien de temps ils passeront ici. Mais à Butare au moins les armes se sont tues [on voit notamment des réfugiés du stade en train de préparer leur repas ; le dernier plan montre un enfant jouant du banjo].

Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024