Fiche du document numéro 35206

Num
35206
Date
Mardi 17 juin 2025
Amj
Taille
1252361
Titre
Le sujet corrigé d’HGGSP pour le jour 1 et 2 du bac 2025 [Le texte de Paul Kagamé au baccalauréat]
Mot-clé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
CORRIGÉ EXCLUSIF - Découvrez les sujets corrigés de l’épreuve de spécialité en histoire, géographie et géopolitique du bac général.
Sommaire
Sujet HGGSP jour 1 : le texte de Paul Kagamé
Corrigé HGGSP du bac 2025 (jour 1) : Les usages du patrimoine en France
Sujet de dissertation 2 corrigé : La puissance des États dans les espaces maritimes et extra-atmosphériques
Corrigé de l’étude de documents du jour 1 : le jugement des génocides
Sujets corrigés en PDF HGGSP du bac 2025 jour 1 en PDF
Sujet HGGSP du jour 2 du bac 2025 : le texte sur la marine en Chine
Sujet HGGSP du jour 2 en PDF
Sujet-corrigé HGGSP étude de document du jour 2 en PDF
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Le bac 2025 se poursuit cette semaine avec le premier jour des spécialités. L’épreuve de spécialité en histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques du bac général (HGGSP) se tient les 17 et 18 juin 2025. Le premier jour, les candidats ont eu deux sujets de dissertation au choix, sur le patrimoine et les espaces maritimes, et une étude de documents sur le jugement des génocides. «Cette année, les sujets ne posaient aucune difficulté particulière, ils étaient très classiques. La difficulté majeure était donc de se démarquer en proposant une démonstration qui aille un peu plus loin que le simple "catalogue" ou "réponse tableau" aux sujets proposés», commente notre correctrice, professeur agrégée d’histoire-géo. Le jour 2, les candidats ont eu le choix entre deux dissertation, l’une sur l’enjeu géopolitique du changement climatique, la deuxième sur la construction de la paix depuis le XVIIe siècle. Enfin, ils devaient commenter un article du Monde sur la montée de la puissance de la Chine dans la zone Indo-Pacifique.

Les résultats du bac auront lieu le 4 juillet 2025.

Sujet HGGSP jour 1 : le texte de Paul Kagamé
Le candidat traitera un sujet de dissertation, au choix parmi les sujets 1 et 2, et l’étude critique de document.

Sujet de dissertation 1 : Les usages du patrimoine en France.

Sujet de dissertation 2 : La puissance des États dans les espaces maritimes et extra-atmosphériques.

Étude critique de document :

Consigne – Le candidat traitera l’étude critique de documents suivante : En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez comment et pourquoi la justice juge les génocides et les crimes contre l’humanité.

Document 1 :

« Comme nous le savons tous, le génocide et les massacres ont détruit et endeuillé ce pays et l’ont laissé face à des problèmes insurmontables, dont certains liés à la justice. Les rescapés du génocide et des massacres ont été torturés de manière épouvantable. Les péchés commis doivent être réprimés et punis, mais aussi pardonnés. Le nombre de gens qui ont commis le génocide est très élevé. Il est bien connu que les tribunaux classiques ne peuvent traiter tous ces dossiers. C’est pour ça que les Rwandais sont allés chercher un autre moyen pour régler le contentieux du génocide. […] Il faudrait analyser minutieusement ce qui s’est passé dans notre pays. Établir la différence entre le génocide et les autres crimes commis pendant ou après la guerre. Il ne faut pas faire l’amalgame. Il y a des gens qui ont été tués par des actes de vengeance commis par des individus, et lorsque ces derniers ont été identifiés, ils ont été punis sévèrement. Donc, qu’on prouve ces crimes et nous poursuivrons leurs auteurs. On sait que les bourreaux de l’époque ont entraîné la population dans la guerre et les actes de tueries. […] Je demande que les tribunaux gacaca soient respectés comme les tribunaux classiques. Je demande à tous les Rwandais à tous les échelons d’appuyer les tribunaux gacaca, notamment en disant la vérité. Je voudrais inviter tout particulièrement les victimes du génocide à faire preuve de tolérance et de patience envers le témoignage de ceux qui savent. J’invite les bourreaux à faire preuve de courage et d’avouer, de se repentir et de demander pardon. Je demande aux personnes élues d’être vraiment des personnes intègres. Je leur demande d’éviter les discriminations basées sur les relations de famille, sur les tribus, sur l’origine ou sur les gains qu’ils ont faits (dans le cadre du génocide). En appuyant la gacaca, nous montrons notre patriotisme et notre amour du Rwanda. La justice est la levure de l’unité et la fondation du progrès. »

Source : extrait du discours de Paul Kagamé, Président de la République du Rwanda, à l’occasion du lancement officiel des juridictions gacaca, le 18 juin 2002.

Document 2 : Salle d’audience du procès Eichmann, Jérusalem, 1961, consultable sur le site internet de l’institut Yad Vashem-Institut international pour la mémoire de la Shoah (Jérusalem).


Salle d’audience du procès Eichmann, Jérusalem, 1961, consultable sur le site internet de l’institut Yad Vashem-Institut international pour la mémoire de la Shoah (JérusalemMEN

Corrigé HGGSP du bac 2025 (jour 1) : Les usages du patrimoine en France
S’interroger sur les usages du patrimoine en France c’est se poser la question des finalités de protéger et valoriser celui-ci : quels usages ? (pourquoi ?) quels usagers ? (qui ?) et existe-t-il des débats concernant ces usages (trop d’usages ? pas assez ?). Il ne fallait pas se contenter de présenter les usages politiques, économiques, sociaux ...même si cela restait possible à condition que pour chaque usage vous en présentiez les acteurs et les limites (tensions ? concurrences ?)

Introduction

Le patrimoine est une passion française. Qu’il soit matériel ou immatériel, culturel, historique, architectural ou naturel, il est l’héritage du passé qui doit être transmis aux générations futures. En France, pays riche d’un patrimoine diversifié, pays hôte de l’Unesco, le patrimoine revêt une importance particulière tant pour la mémoire collective que pour l’identité nationale. Mais au-delà de sa simple conservation, le patrimoine fait l’objet de multiples usages : touristiques, éducatifs, économiques, et même politiques. Ces usages soulèvent des enjeux parfois contradictoires entre préservation et valorisation mais aussi instrumentalisation, entre intérêt public et exploitation commerciale . Dès lors, en quoi les usages du patrimoine en France reflètent-ils les tensions entre conservation et valorisation ?
Pour répondre à cette question, nous verrons d’abord comment le patrimoine est préservé et valorisé pour des usages politiques et sociaux (I), mais aussi économiques (II), et en quoi ces usages sont parfois controversés et sources de tensions (III).

I- Les usages politiques et sociaux du patrimoine : un outil dans les mains de l’État

A- Le patrimoine comme élément de cohésion sociale

Le patrimoine (monuments, traditions, savoir-faire, fêtes, etc.) contribue à forger une identité commune. Il rappelle des éléments historiques, culturels ou symboliques que les citoyens peuvent partager, quelles que soient leurs origines sociales ou géographiques. Il permet de transmettre une mémoire collective, essentielle à la construction du "vivre ensemble". Les lieux patrimoniaux sont des espaces accessibles à tous, où différentes générations et milieux sociaux peuvent se croiser. Ils favorisent l’éducation citoyenne, ils sont également des éléments d’aménagement du territoire.

Vous pouviez dans cette première sous-partie développer plusieurs exemples vus en classe : Versailles (musée de l’histoire de France) mais aussi le bassin minier (cohésion sociale, aménagement du territoire), les journées Européennes du patrimoine etc. Insister sur le fait que ce rôle social du patrimoine est favorisé par une politique patrimoniale qui se décline de l’échelle nationale et à l’échelle locale. Le patrimoine est utilisé pour rassembler par exemple lors de crises ou de conflits, autour de symboles partagés (donc un enjeu politique que vous abordez en 2eme sous partie)

B- Les usages politiques du patrimoine: le patrimoine au service de la puissance

Les éléments patrimoniaux sont également des outils au service de l’Etat français

- une façon de légitimer son pouvoir à l’intérieur des frontières (ex : les regalias sous la monarchie absolue, musée de l’histoire de France sous Louis Philippe).

- un levier du rayonnement international : Grâce à ses sites classés à l’ UNESCO, ses musées (Louvre, Orsay), son architecture, sa gastronomie ou ses traditions, la France influence culturellement le monde sans recourir à la force (soft power). L’exemple de la mise en scène du patrimoine parisien pendant les JO est un cas d’école !

- un outil diplomatique: vous pouviez développer l’exemple de la diplomatie culinaire (voyages officiels)

II- Les usages économiques du patrimoine

A- le tourisme patrimonial: secteur clé de l’économie française

Le patrimoine est devenu aujourd’hui un atout économique, un produit à valoriser dans une logique commerciale : la fréquentation des musées et des monuments ne cesse d’augmenter. Cet engouement correspond au développement des visites individuelles grâce: à une plus grande curiosité des citoyens (éducation) , à la démocratisation du tourisme (congés payés, vols low cost), à une volonté des responsables de collections de créer des événements (exposition Léonard de Vinci au Louvre, exposition Toutankhamon).

En 2023, le tourisme culturel représentait environ 40 % des motivations de séjours touristiques en France. La restauration et l’entretien du patrimoine font vivre tout un secteur : tailleurs de pierre, couvreurs, ferronniers, menuisiers, architectes, etc. Ces métiers d’art participent à la transmission de savoir-faire rares, et soutiennent l’artisanat local.

B- Le patrimoine comme élément de reconversion économique et revitalisation territoriale

Le patrimoine est un levier d’attractivité et de développement local, en particulier dans les zones rurales ou en reconversion comme le bassin minier du Nord Pas de Calais qu’il fallait évidemment évoquer (friches industrielles transformées en parc de loisir, lieux d’exposition ou de création). Il peut relancer des centres-villes, attirer de nouveaux habitants, ou soutenir le commerce de proximité, être couplé à une construction culturelle (Louvre-Lens), bénéficier des programmes comme "Action cœur de ville", ou "Patrimoine en péril" (mission Stéphane Bern).

III- Des usages controversés et sources de tensions

A- Des usages politiques controversés, sources de tensions

Les grands sites patrimoniaux (Versailles, Mont-Saint-Michel...) concentrent les investissements publics et les flux touristiques mais les territoires ruraux ou moins connus peinent à valoriser leur propre patrimoine, ce qui creuse les écarts régionaux.

Lors de travaux sur des monuments, le débat oppose souvent authenticité historique et mise en valeur touristique (Notre-Dame de Paris à l’identique selon la charte de Venise).

Enfin, certains usages politiques du patrimoine (commémorations, discours, panthéonisations) sont perçus comme sélectifs. Le choix de ce qu’on célèbre ou oublie peut renforcer des tensions mémorielles

B- Des usages économiques sources de menaces et de concurrences

La commercialisation du patrimoine est parfois perçue comme une dénaturation de son sens culturel. On critique la logique de rentabilité qui prime sur l’accès universel ou la mission éducative.

Vous devrez dans cette sous-partie évoquer évidemment les effets du surtourisme et les menaces qu’il représente (muséification, gentifrication). Cela engendre des concurrences entre différents acteurs publics et privés (rôle accru des mécènes privés).

Conclusion: En France, le patrimoine ne se limite pas à un héritage du passé : il est un outil au service de multiples usages. Qu’il s’agisse de renforcer la cohésion sociale, de soutenir l’économie de valoriser les territoires ou d’affirmer l’identité nationale, le patrimoine joue un rôle central dans la vie politique, culturelle et économique du pays. Mais ces usages soulèvent aussi des débats et des tensions: entre valorisation et marchandisation, mémoire partagée et conflits mémoriels. La gestion du patrimoine doit donc rester équilibrée et démocratique, pour que ce bien commun continue de rassembler, d’émanciper et de faire sens pour l’ensemble de la société. L’Etat ne doit donc pas se désengager dans ce domaine.

Sujet de dissertation 2 corrigé : La puissance des États dans les espaces maritimes et extra-atmosphériques
Problématique : dans quelle mesure les nouveaux espaces de conquête sont-ils le théâtre de l’affirmation de la puissance des États ?

I- la puissance des États passe par la connaissance et l’appropriation des espaces maritimes et extra-atmosphérique

A- Connaitre et s’approprier les océans

Le contrôle des routes maritimes permet de sécuriser les échanges commerciaux : 90 % du commerce mondial transite par la mer. Les grandes puissances navales (États-Unis, Chine, France, Russie...) déploient des flottes militaires pour défendre leurs intérêts : bases navales, porte-avions, sous-marins nucléaires. La maîtrise des détroits stratégiques ( Malacca, Ormuz, Bab el-Mandeb) donne un avantage géopolitique décisif.

Jusqu’à 200 milles marins (370 km) des côtes, un État peut exploiter les ressources (ZEE). Certains États cherchent à étendre leur ZEE (ex. : revendications dans l’Arctique ou autour des îles inhabitées). Les ressources des océans sont convoitées : pétrole offshore, gaz, minerais sous-marins, ressources halieutiques.

La puissance maritime repose sur la cartographie des fonds marins, l’exploration des grands fonds, l’observation climatique (ex. : rôle des océans dans le réchauffement). Les États et entreprises investissent dans des programmes de recherche océanographique (ex. : Ifremer en France, NOAA aux États-Unis).

B- Connaître et explorer l’espace

L’espace est devenu une dimension clé de la puissance militaire : satellites d’observation, de communication, de géolocalisation (ex. : GPS américain, Beidou chinois, Galileo européen).

Les satellites sont essentiels pour les opérations militaires, la surveillance, les drones, le renseignement. La militarisation de l’espace est en marche : création de forces spatiales (ex. : Space Force aux États-Unis, Commandement de l’Espace en France).

L’espace est aussi une arène économique : lanceurs réutilisables (SpaceX), méga-constellations de satellites pour internet (Starlink), tourisme spatial (Blue origin). Les États et les entreprises privées investissent massivement (New Space). L’exploration de la Lune ou de Mars est redevenue un objectif, avec des enjeux scientifiques, mais aussi de prestige et d’accès aux ressources (ex. : eau lunaire, minerais rares).

La capacité à lancer des satellites, à maîtriser les télécommunications spatiales et à sécuriser ses données est devenue un marqueur de puissance. Les puissances spatiales cherchent à préserver leur autonomie stratégique : éviter la dépendance à d’autres pour les données ou les systèmes de navigation.

Les espaces maritimes et extra-atmosphériques, longtemps considérés comme des « biens communs de l’humanité », sont désormais convoités et exploités par les grandes puissances. Ces logiques d’appropriation, de contrôle et de rivalité suscitent des tensions croissantes, tant sur les océans que dans l’espace.

II- L’exercice de la puissance des États dans les nouveaux espaces de conquête entraine des tensions

A- Sur les océans

La délimitation des zones économiques exclusives (ZEE) donne lieu à de nombreux litiges entre États : les revendications territoriales se multiplient, notamment en mer de Chine méridionale. La Chine revendique la quasi-totalité de la mer de Chine via la « ligne en neuf traits », ce qui provoque des tensions avec les Philippines, le Vietnam, la Malaisie et Brunei. Ces tensions prennent une tournure militaire : îles artificielles militarisées, patrouilles navales, démonstrations de force.

Les grandes puissances maritimes (États-Unis, Chine, Russie, France...) multiplient les exercices navals et les présences militaires dans les zones disputées.

Surpêche, hydrocarbures offshore, minerais des grands fonds suscitent des intérêts croisés, parfois conflictuels. La ruée vers l’Arctique, facilitée par le réchauffement climatique, attise les convoitises : États-Unis, Russie, Canada, Danemark et Norvège revendiquent chacun des zones potentielles riches en ressources.

B- Dans l’espace

De plus en plus de satellites ont un usage militaire ou dual (civil/militaire) : géolocalisation, espionnage, guidage des missiles, cybersécurité.La menace de "guerre des étoiles" ressurgit : attaques cyber contre des satellites, tests de missiles antisatellites, brouillage des communications.

Le droit spatial international (Traité de 1967) interdit l’appropriation de l’espace ou des corps célestes, mais il est devenu obsolète face à la privatisation croissante et à l’exploitation future de la Lune ou des astéroïdes. La mise en place de constellations privées (ex. : Starlink d’Elon Musk) pose des problèmes de saturation de l’orbite terrestre basse et de sécurité (collisions, débris spatiaux).

III- C’est pourquoi il est nécessaire pour les puissances de coopérer dans ces nouveaux espaces

A - La coopération maritime

La coopération maritime vise à préserver les équilibres et partager les ressources. Signée en 1982, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) définit les droits des États sur les mers (ZEE, haute mer...).Elle vise à prévenir les conflits en clarifiant les zones de souveraineté et en organisant le partage des ressources marines. L’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) gère l’exploitation des grands fonds marins dans les zones internationales.

La coopérations est nécessaire pour maintenir la sécurité maritime : lutte contre la piraterie (ex. opération Atalante dans le golfe d’Aden avec l’UE), contre les trafics illégaux (drogue, armes), surveillance des zones de pêche, partage d’informations entre marines nationales (ex. : systèmes d’information maritimes communs).

Les enjeux environnementaux son globaux et nécessitent une coopération internationale: pollution marine, dégradation des écosystèmes, surpêche. La coopérations se matérialise par des conventions internationales : Accord de BBNJ (2023, sur la haute mer), aires marines protégées internationales.

B- La coopération spatiale

Le Traité de l’espace de 1967 (ONU) interdit toute appropriation nationale de l’espace, ainsi que le déploiement d’armes nucléaires. Il affirme que l’espace est l’"apanage de l’humanité", à utiliser à des fins pacifiques. Des discussions sont en cours à l’ONU pour adapter ce cadre aux réalités actuelles (privatisation, militarisation...).

La Station spatiale internationale (ISS) est un projet emblématique de la coopération internationale entre les États-Unis, la Russie, l’Europe, le Japon et le Canada. Malgré les tensions politiques, elle a perduré jusqu’à récemment comme modèle de gouvernance scientifique partagée.

L’irruption des entreprises privées (SpaceX, Blue Origin, OneWeb...) impose de nouveaux défis : gestion du trafic spatial, réglementation des activités commerciales, pollution orbitale.

La puissance dans les espaces maritimes et extra-atmosphériques se joue certes dans la compétition et l’innovation, mais elle ne peut se maintenir durablement sans coopération internationale. La sécurité, la préservation de l’environnement et la régulation des nouveaux acteurs imposent de renforcer les cadres juridiques existants et de favoriser les collaborations entre États — faute de quoi ces nouveaux territoires deviendraient des zones de tensions incontrôlables.

Corrigé de l’étude de documents du jour 1 : le jugement des génocides
Le sujet invitait clairement à s’interroger sur "comment" et "pourquoi" juger les génocides et crimes contre l’humanité.

L’introduction devait comporter la définition de ces termes

Crime contre l’humanité: Un crime contre l’humanité concerne « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre les populations civiles avant ou pendant la guerre » (ONU) Le concept de crime contre l’humanité est précisé par le juriste Hersch Lauterpacht et adopté comme chef d’accusation au tribunal militaire international de Nuremberg (1945-46)

Génocide: Un génocide est un acte « commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Il est donc dirigé intentionnellement contre un groupe. C’est le juriste Raphaël Lemkin qui élabore, en 1944, le concept de génocide, mais le tribunal militaire de Nuremberg ne le retient pas juridiquement. Les actes commis contre les Juifs et les Tsiganes ne sont pas dissociés des autres crimes commis par les nazis.

La présentation des documents (dont l’un était tombé en Asie le jour 1 soit quelques jours avant cette épreuve), de leurs auteurs (le président rwandais pour le premier). Vous ne pouviez ignorer le rôle central du procès d’Eichmann dans le réveil de la mémoire juive de la Shoah, "Nuremberg du peuple Juif".

Vous pouviez donc choisir ce plan

I- Les modalités de la justice (à différentes échelles)

A- Punir à l’échelle internationale et nationale

Le procès Eichmann intervient plus de 15 ans après les faits et après le procès de Nuremberg. Il vise à juger un haut responsable nazi dans une logique de justice "internationale" tardive (retransmis dans le monde entier). Il symbolise la volonté d’Israël de faire entendre la voix des survivants de la Shoah. Il se tient à Jérusalem (doc 2) capitale du nouvel État crée en 1948.

B- Punir à l’échelle locale

Les gacaca (procès "sur l’herbe") ont permis de juger plus de 1 million de personnes impliquées dans le génocide des Tutsi afin de répondre à l’insuffisance du TPIR et des cours nationales, faire face au nombre impressionnant de dossier et mette fin à l’impunité à un niveau local: "le nombre de gens qui ont commis le génocide est très élevé. Il est bien connu que les tribunaux classiques ne peuvent traiter tous ces dossiers"

II- Les finalités de la justice

A- Pour écrire l’histoire

A Jerusalem en 1961, pour la première fois, un criminel nazi est jugé par un tribunal civil et de nombreux témoins sont appelés à la barre. Sur la photographie du document 2, Eichmann est à gauche, protégé par un cube en verre. Leurs récits, diffusés à la radio et à la télévision, provoquent l’identification aux souffrances des victimes et une prise de conscience mondiale de la Shoah. Annette Wiewiorka évoque l’avènement de "l’ère du témoin".

Les procès gacaca sont également l’occasion de construire un récit historique, une histoire collective du pays, de mettre à jour des charniers et de commencer un processus de deuil. Ils se tiennent parfois sur les lieux même des massacres afin de pouvoir reconstituer dans les détails le déroulement des événements, de rappeler leurs circonstances: "il faudrait analyser minutieusement ce qui s’est passé dans notre pays".. Ils mettent également à jour des formes de résistance au génocide : sauvetages de Tutsi par leurs voisins hutu, tentatives d’élus locaux pour limiter la violence dans leur commune, résistance des victimes elles-mêmes. (Hélène Dumas)

B- Pour apaiser les mémoires et favoriser la réconciliation nationale

En Israël, le procès Eichmann renforce la cohésion nationale mais aussi les liens avec la diaspora autour du traumatisme commun de la Shoah.

Au Rwanda, l’objectif explicite des gacaca est de réintégrer les coupables repentis dans la société, ("la justice est la levure de l’unité"), éviter la vengeance: "les pêchés commis doivent être réprimés et punis, mais aussi pardonnés". Les accusés ont la possibilité de voir leur peine commuée en travaux d’intérêt général s’ils plaident coupable. Leur peine est souvent plus courte s’ils avouent.

III- Des objectifs atteints ?

A- Les limites historiques et mémorielles

Le procès Eichmann est critiqué par certains comme étant une justice des vainqueurs, ou un procès à visée politique. Certains historiens comme Hannah Arendt ont souligné que le procès a aussi servi à renforcer la légitimité de l’État d’Israël en tant que protecteur du peuple juif, et à consolider l’unité nationale autour du traumatisme de la Shoah.

Au Rwanda, les violences commises par le Front patriotique rwandais ont été souvent occultées, la vérité en a été déformée. Seule la mémoire des victimes tutsi a été reconnue, tandis que les souffrances d’autres groupes ont été niées ou tues, Kagame l’évoque à demi mot : "Etablir la différence entre le génocide et les autres crimes commis pendant ou après la guerre. Il ne faut pas faire d’amalgame"

B- Les limites juridiques

Eichmann a été capturé clandestinement en Argentine par le Mossad, ce qui pose des questions de légalité internationale. Israël n’existait pas au moment des crimes mais a revendiqué le droit moral de juger au nom du peuple juif.

Les gacaca sont saluées pour leur efficacité, mais critiquées pour le manque de garanties juridiques : peu d’avocats, pression communautaire, erreurs judiciaires possibles, intimidations des témoins. Le président Kagame évoque indirectement ces limites : "être vraiment des personnes intègres", "éviter les discriminations basées sur les relations de famille, sur les tribus".

Sujets corrigés en PDF HGGSP du bac 2025 jour 1 en PDF

Sujet HGGSP du jour 2 du bac 2025 : le texte sur la marine en Chine
Dissertation 1 : Le changement climatique, un enjeu géopolitique.

Dissertation 2 : Construire la paix depuis le XVIIe siècle.

Étude critique de documents – L’affirmation de la puissance chinoise

Consigne – En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, vous analyserez les moyens et les conséquences de l’affirmation de la puissance chinoise dans les nouveaux espaces de conquête.

Document 1


La Marine française a effectué en 2021 des déploiements significatifs dans l’Indo- Pacifique, où s’observe une montée en puissance de la Chine. L’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine nationale, a répondu aux questions du journal Le Monde pour en dresser le bilan. « L’armée chinoise a récemment multiplié les démonstrations militaires en Indo- Pacifique : elle a massé 200 bateaux devant l’îlot Whitsun revendiqué par les Philippines, cartographié les fonds de l’océan Indien avec des drones, envoyé
vingt chasseurs J-20 dans la zone de défense aérienne de Taïwan…

Comment analysez-vous ces comportements ?

Nous avons beaucoup d’éléments qui montrent un changement de posture. Nos bateaux sont systématiquement suivis, parfois contraints demanoeuvrer face à des navires chinois pour éviter une collision, au mépris des règles de la liberté de navigation que nous défendons. Certaines de nos escales dans des pays de la région où nous avions des habitudes de passage sont annulées au dernier moment, sans explications claires. Une pression « sanctuarisante » s’étend au-delà de la première chaîne d’îles en mer de Chine [la ligne dite des « neuf traits » considérée par la Chine comme sa frontière immédiate]. Cette chaîne a été poldérisée, des porte-avions fixes sanctuarisent l’espace, et viennent en quelque sorte fissurer la compréhension du droit international qui était partagée par tous. Au-delà, des logiques de contrainte s’exercent sur certains pays, ici pour ne pas forer, là pour ne pas accueillir de navires étrangers… Le développement militaire chinois répond évidemment à une volonté politique, et le livre blanc de la défense chinoise en a exposé les objectifs stratégiques. Le durcissement atteint une nouvelle phase, il était prédictible.

Vous voyez donc plus une logique de bastion que de perturbation des flux maritimes ?

L’approche est essentiellement territoriale au départ, et commerciale. Nous sommes face à une puissance qui a tourné le dos à la mer pendant cinq siècles mais qui, devenue une puissance commerciale mondiale, va devoir se « maritimiser ». Nous devons trouver les moyens de discuter avec une puissance qui occupe son espace et s’essaie au rapport de forces. Nous affrontons une logique d’étouffement. L’approche est multidomaines, elle utilise des leviers financiers, économiques, diplomatiques, militaires, et peut exercer sa pression par la guerre hybride, le cyber ou de nombreux autres moyens.

On vient d’apprendre que la marine chinoise va équiper son porte-avions d’un nouvel avion dédié, le FC-31. Est-ce le signe de cette maritimisation et une menace ?


Pour une marine de guerre, plusieurs étapes conduisent à la maîtrise d’un porte-avions : avoir un porte-hélicoptères, puis un navire allongé pour y placer un avion à décollage vertical, ensuite un pont permettant de propulser un avion terrestre « navalisé » à peu de frais. Enfin, pour avoir un véritable avion de combat, il faut une catapulte et un avion spécialisé, conçu pour le navire. Cette ambition avance sous nos yeux. Un conflit peut-il survenir à Taïwan, comme le pensent certains analystes américains ?
Je resterais prudent. Mais l’accumulation des moyens militaires dans la région est telle que le Rubicon est de moins en moins difficile à franchir. Et chaque jour qui passera d’ici à 2030 rendra cela un peu plus vrai, avec plus de bateaux, plus de missiles… Le coût d’une réaction militaire à une action militaire chinoise à Taïwan augmentera avec le temps, et c’est probablement ce qui est recherché, dans un effort de dissuasion. »

Source : propos recueillis par Nathalie Guibert et Elise Vincent, « Amiral Pierre Vandier : En Indo-Pacifique, “nous affrontons une logique d’étouffement” », Le Monde, 10 juin 2021.

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