Résumé
- On tour in Africa, Mr. Léotard, the French Defense Minister, convinced Chad to join Operation Turquoise.
- On the ground, without it being made official, RPF troops have decided to maintain their distance from the French forces, which have taken up positions around the security zone in the southwest of the country.
- Inside this zone, the French army is trying to restore a semblance of normal life.
- A Tutsi woman has taken refuge with a Hutu woman. The latter offers her her sandals, a final gift before the evacuation of this teacher and her four children by the French military. The Hutu neighbors have gathered. They are watching. For three months, they were the ones protecting them from the militiamen's repeated attacks.
- A little further on, the patrol captain tries to get the roadblocks lifted: "If anyone tries to harm a displaced person, we will stop it by force. And if necessary, we will shoot". The guards listen; they are young, and sometimes belong to the militia. And as soon as the French soldiers leave, they start the checks again.
- To try to impose a return to calm, Colonel Sartre himself goes to the town hall. He asks the deputy mayor to disavow the militias. His interlocutor listens too, that's all. The Deputy Mayor: "It's a question that seems difficult to answer because these militias are the government's decision".
- In Kibuye, while the French military may soon be confronted by the advancing front, their main problem for the moment is whether they will be able to impose their authority on the local representatives. Today they didn't have the answer.
- Benoît Duquesne: "The situation has become very, very calm here. The French are maintaining their position. But the atmosphere here has largely relaxed. You can feel it among the population, you can feel it when you pass the checkpoints where the French are once again very, very well received. […] We see people returning to their more or less normal activities. And then there's the refugee problem. The camps are being organized, they're getting bigger and bigger. We're going to have to find a solution for these populations. But nowhere here is there the concern that we could see on people's faces about two or three days ago".
Citation
[Daniel Bilalian :] Mais d'abord le Rwanda. En tournée en Afrique, Monsieur Léotard, le ministre de la Défense français, a convaincu le Tchad de se joindre à l'opération Turquoise.
Sur place, sans que cela ne soit officialisé, des troupes du FPR ont décidé de rester à distance des forces françaises qui ont pris position autour de la zone de sécurité au sud-ouest du pays.
À l'intérieur de cette zone, eh bien, l'armée française tente de rétablir un semblant de vie normale. Reportage Philippe Boisserie.
[Philippe Boisserie :] Une femme tutsi réfugiée chez une femme hutu [une incrustation "Kibuyé" s'affiche à l'écran]. Cette dernière lui offre ses sandales, un dernier don avant l'évacuation de cette institutrice et de ses quatre enfants par les militaires français [on voit l'institutrice et ses enfants se faire escorter par des soldats français au béret noir].
Les voisins hutu se sont rassemblés. Ils observent. Pendant trois mois ce sont eux qui les ont protégés contre les tentatives d'agressions répétées des miliciens [on voit en effet des villageois observer les soldats français en train de faire monter la femme et ses enfants dans une jeep].
[Une femme hutu : "Beaucoup, beaucoup sont venus chez nous… chercher. Et puis nous autres disaient : 'Non, laissez ces enfants, laissez cette femme, vraiment. Son mari il était gentil, il vivait avec tout le monde. Vous allez la laisser'. Mais [inaudible] ont dû quitter. Puis les autres venaient aussi. Les autres, euh…, donc on…, on se mettait nombreux pour nous défendre".]
Un peu plus loin, le capitaine de la patrouille tente d'obtenir la levée des barrages [gros plan sur une arme à feu jonchant le sol].
[Le capitaine français au béret noir explique à un milicien [le début de son intervention est tronquée] : - " […] essaie de faire du mal à une personne déplacée, nous l'empêcherons par la force. Et si il faut, on tirera". Le milicien acquiesce [ses propos sont inaudibles]. Le capitaine poursuit : - "D'accord ? L'armée française tirera. Donc dis-le lui [il demande au milicien de traduire ses propos à l'un de ses camarades]".
Les gardes écoutent, ils sont jeunes, ils appartiennent parfois à la milice. Et dès que les militaires français sont partis, ils recommencent les contrôles [gros plan sur un milicien en train de contrôler les papiers d'identité du chauffeur d'un véhicule].
Pour tenter d'imposer le retour au calme, le colonel Sartre en personne se déplace à la mairie [on le voit entrer dans un bâtiment administratif]. Il demande à l'adjoint du bourgmestre de désavouer les milices [on entend le colonel Sartre dire seulement ces mots : "[…] sauvé par la population jusqu'à […]"]. Son interlocuteur écoute lui aussi, c'est tout.
[L'adjoint du bourgmestre, assis derrière son bureau en face du colonel Sartre : "C'est une question qui…, qui me semble difficile à répondre parce que, euh…, en [inaudible] ces milices, c'est…, c'est la décision du…, du gouvernement".]
À Kibuye, si les militaires français risquent d'être confrontés rapidement à l'avancée du front, leur principal problème est pour l'instant de savoir s'ils pourront imposer leur autorité aux représentants locaux [on voit un camion militaire français passer devant un barrage de miliciens]. Aujourd'hui ils n'avaient pas la réponse.
[Daniel Bilalian interroge à présent Benoît Duquesne en duplex de Gikongoro.]
Daniel Bilalian : Benoît Duquesne en direct avec nous, euh…, de la frontière rwandaise. Benoît, euh, est-ce qu'il se confirme sur le terrain -- je crois que… vous y étiez ce matin -- que les troupes…, les forces du FPR n'ont pas l'intention, euh, de se frotter aux forces françaises ?
Benoît Duquesne : [On le voit face caméra, devant une jeep militaire française ; une incrustation "Gikongoro, direct" s'affiche en haut de l'écran] Bah, c'est ce qui se confirme sur l'terrain. C'est qu'la situation est d'venue, euh, très, très calme ici. Les Français bien sûr, euh, prennent position et assurent leur position, prennent toutes les dispositions possibles pour faire face à toute éventualité, comme on dit. Mais, euh, l'ambiance ici s'est largement, euh, décontractée. On le sent dans la population, on le sent quand on passe aux barrages où les Français sont à nouveau très, très bien accueillis. Et, euh, pour vous citer une anecdote, ce matin, on a assisté à…, au premier mariage qui avait lieu ici. Un mariage qui n'aurait bien sûr pas pu avoir lieu si, euh, le FPR avait prog…, avait poursuivi sa progression.
Daniel Bilalian : Bien. Alors, à votre avis, comment va évoluer la situation, donc : calme et, comme on l'a vu dans l'reportage de Philippe, les Français sont en train de donner un semblant de vie normale à cette région ?
Benoît Duquesne : Bah, tout à fait. On voit rev'nir les choses. On voit les gens re…, retrouver un peu leurs activités à peu près normales. Le marché était très animé c'matin. Et puis il y a quand même ce problème des réfugiés. Vous savez que les camps s'organisent, qu'ils sont de plus en plus importants. Et qu'il va bien falloir trouver une solution pour ces…, pour ces populations-là. Mais il n'y a plus, euh, nulle part ici l'inquiétude qu'on pouvait lire sur les visages il y a environ deux, trois jours.
Daniel Bilalian : Merci Benoît.