Fiche du document numéro 35099

Num
35099
Date
Thursday May 22, 2025
Amj
Auteur
Taille
47995
Sur titre
Opinions
Titre
Pourquoi le Rwanda a expulsé les chirurgiens charlatans de Belgique (traduction)
Source
Type
Article de journal
Langue
EN
Citation
Face à cette persécution continue, le Rwanda a fait le seul choix
rationnel : couper les ponts avec la Belgique. La décision de rompre les
relations diplomatiques avec le Royaume n’était pas un acte d’agression, mais
un acte d’auto-préservation.

Il ne s’agissait pas d’un acte impulsif, mais d’un rejet nécessaire d’une
relation toxique.

La réaction de la Belgique fut, comme on pouvait s’y attendre, théâtrale :
indignation choquée, innocence blessée, et les habituelles lamentations face à
« l’hostilité » du Rwanda. Mais la vérité est simple : le Rwanda ne doit rien à
la Belgique. Ni gratitude, ni obéissance, ni silence.

Comment le Rwanda peut-il continuer à dialoguer avec un pays qui abrite des
fugitifs coupables de génocide, qui promeut les négationnistes du génocide et qui porte
constamment atteinte à la souveraineté du Rwanda ? Aucune nation ne le
tolérerait.

Imaginons un instant que le Rwanda ait fait à la Belgique ce que la Belgique a
fait au Rwanda. Imaginez une administration coloniale rwandaise arrivant à
Bruxelles en 1920 et décidant que les Belges devaient être divisés en races
supérieure et inférieure.

Imaginez aussi des bureaucrates rwandais mesurant des crânes belges et décidant
que les Wallons étaient « plus proches des Africains » et donc aptes à
gouverner, tandis que les Flamands étaient des « travailleurs primitifs » à
faire disparaître.

Imaginez qu'après des décennies à propager cette hiérarchie raciale, le
Rwanda change soudainement de politique, incite les Flamands à massacrer les
Wallons, puis se retire, laissant derrière lui un bain de sang.

Imaginez maintenant que, 70 ans plus tard, le Rwanda ait l'audace de faire la
leçon à la Belgique en matière de démocratie, de Droits de l'homme et de bonne
gouvernance, tout en refusant de reconnaître ses propres crimes.

La Belgique accepterait-elle une telle hypocrisie ? Filip Reyntjens
trouverait-il plaisant cet exercice intellectuel ? Bien sûr que non.
L'esprit belge répugne à une telle idée. Car la Belgique s'accroche au mythe de
sa supériorité morale, même lorsque l'histoire prouve le contraire.

Revenons au temps présent. Imaginez un hôpital unique en son genre : un lieu où
médecins et infirmières ne sont pas là pour soigner le patient, mais pour
veiller à ce que la maladie se développe, que les plaies s'enveniment et que le
corps se dégrade lentement, tandis que des visiteurs souriants applaudissent
leur exploit à son chevet.

Dans ce service, le patient est le Rwanda : un organisme autrefois robuste,
doté d'une vitalité et d'une cohésion ancestrales, aujourd'hui devenu,
meurtri et respirant à peine après avoir enduré les longs tourments de la
chirurgie coloniale, de l'infection idéologique et des erreurs médicales
post-génocide.

Penchés sur ce patient, en blouse blanche et armés des bistouris de la vertu,
on ne retrouvent personne d'autres que les héritiers de l'administration
hospitalière du roi Léopold : les Belges.

Il est important de rappeler que le Rwanda d'avant le colonialisme n'a pas
toujours été dans cet état de sujétion. C'était autrefois une société
remarquablement bien organisée, dotée d'un système de gouvernance complexe et
avancé.

Bien avant que le scalpel européen ne le tranchât, le Rwanda possédait une
monarchie centralisée, un système juridique structuré et un puissant sentiment
d'unité.

Mais lorsque le gouvernement colonial belge est arrivé – ayant déjà
perfectionné sa doctrine de cruauté et de contrôle au Congo –, il n'était pas
muni d'instruments pour guérir.

Il est arrivé avec un catalogue d'ordonnances déjà rempli d'anthropologie raciste, d'arrogance ecclésiastique et d'une soif de domination totale. Le mal à diagnostiquer ? L'identité tutsi. Le remède ? Diviser pour régner.

La Belgique a hérité le Rwanda de l'Allemagne après la Première Guerre mondiale
et n'a pas tardé à ouvrir le corps de la nation lors d'une opération chirurgicale
plutôt contraire à l'éthique.

Le Royaume s'est mis au travail avec bistouris et seringues, désireux de
remodeler la société rwandaise conformément à son image raciste. Il a injecté
au Rwanda le pathogène le plus mortel de tous : l'idéologie de la supériorité
raciale.

Avant que la Belgique s'en mêle, l'identité rwandaise était fluide. Hutu,
Tutsi et Twa étaient des classifications sociales et économiques, et non des
catégories raciales rigides.

Mais la Belgique, forte de ses théories raciales européennes et de son besoin
pathologique de contrôle, déclara que les Rwandais avaient besoin d'une classification « scientifique ».

Elle mesura les crânes, examina les nez et déclara que les Tutsis étaient «
grands, aristocratiques et plus proches de l'idéal européen », tandis que les
Hutus étaient « petits, trapus et mieux adaptés au travail manuel ». Les Twa ?
Une réflexion après coup.

Cette classification raciale absurde n'était pas une observation, mais
l'injection d'un agent pathogène importé destiné à attiser des divisions là où
il n'y en avait pas auparavant.

Pour officialiser cette théorie démente, la Belgique délivra en 1935 des cartes
d'identité qui figèrent ces distinctions sociales dans des catégories raciales
rigides.

Les conséquences furent immédiates et désastreuses. Le régime colonial belge
éleva les Tutsis au rang d'élite dirigeante tout en opprimant systématiquement
les Hutus, créant ainsi les conditions idéales pour le ressentiment, la
discorde et, à terme, la catastrophe.

Puis, tel un médecin dévoyé de plus en plus ennuyé par sa propre expérience,
la Belgique changea de cap dans les années 1950 et commença à attiser le
ressentiment des Hutus contre les Tutsis, encourageant la violence et
orchestrant les premiers massacres de Tutsis en 1959.

Voici le chirurgien, scalpel toujours à la main, feignant maintenant l'horreur
devant le patient ensanglanté.

Le Congo du roi Léopold servit de terrain d'entraînement à cette médecine
toxique. C'est là que le serment du médecin fut réécrit pour privilégier le
profit à la vie.

On coupait des mains non pas pour sauver des vies, mais pour rappeler aux
esclaves que même le travail sans membres était attendu. Ce que le Congo avait
connu dans les chaînes, le Rwanda allait le subir idéologiquement.

Les colonisateurs belges, avec leurs assistants administratifs, abordaient le
Rwanda non pas comme des gardiens de la dignité humaine, mais comme des
taxonomistes de la biologie raciale.

Ils arrivèrent avec des mètres à ruban phrénologiques, des compas crâniens et des
livres affirmant que les Tutsis étaient plus « nobles » et les Hutus
plus « terre-à-terre », sur la base de théories raciales farfelues importées
d'Europe.

Mais ce diagnostic n'a jamais été une question de vérité. Il s'agissait de
créer des fractures permanentes, figeant les gens dans des catégories raciales
rigides. Le Rwanda était condamné à une pathologie de division à long terme.

La Belgique ne s'est pas contentée de coloniser le Rwanda ; elle l'a infecté.
Elle a joué le rôle d'un savant fou, injectant ses propres théories raciales
perverses dans le sang de la société rwandaise.

Les classifications pseudo-scientifiques imposées par la Belgique – distinguant
Hutus et Tutsis selon des critères raciaux fabriqués de toutes pièces –
n'étaient pas de simples bizarreries administratives. C'était une condamnation
à mort ; une bombe à retardement inscrite dans le temps.

Dès les années 1930, les administrateurs belges, avec le soutien enthousiaste
des missionnaires catholiques, entreprirent une campagne d'ingénierie ethnique.

Ils ont dépouillé les Tutsis de leur identité autochtone et les ont requalifiés
en une race venus de loin – une aristocratie étrangère qui aurait prétendument
soumis les Hutus « autochtones ».

L'absurdité de ce récit était sans importance ; ce qui comptait, c'était son
utilité. Il offrait à la Belgique un levier pour diviser afin de mieux régner, un
mécanisme pour fracturer la société rwandaise en camps irréconciliables.

Les tristement célèbres cartes d'identité n'étaient pas de simples documents ;
c'étaient des incisions chirurgicales contaminées, classant les Rwandais dans
des catégories raciales rigides.

D'un trait de plume, la Belgique a institutionnalisé la division, garantissant
que les Rwandais ne se percevraient plus comme un seul peuple.

Ces documents serviraient plus tard de listes de personnes à tuer lors du génocide des Tutsis de 1994, lorsque les tueurs exigeraient une identification avant de décider qui vivait et qui mourait.

Les Belges – ce même empire qui avait organisé un zoo humain à Bruxelles – avaient réussi à injecter au Rwanda une maladie étrangère : le racisme comme politique d'État.

Et puis, dans un acte de détachement cynique propre à tous les mauvais
médecins, la Belgique s'est tout simplement retirée.

Lorsqu'ils ont quitté le Rwanda au début des années 1960, ils n'ont pas renvoyé
le patient avec des instructions de soins. Ils ont confié le scalpel à ceux
qu'ils avaient déjà formés à la dissection.

Au lieu d'un peuple souverain, ils ont laissé derrière eux une société
fracturée, affaiblie par l'idéologie.

Au lieu d'un peuple souverain, ils ont laissé derrière eux une société
fracturée, affaiblie par l'idéologie et manipulée par la peur.

Ils ont renforcé des factions extrémistes qui avaient intériorisé la hiérarchie
raciale, leur ont fourni des instruments de répression, puis ont documenté les
pogroms qui en ont résulté comme s'il s'agissait de symptômes sans rapport avec
le « racisme africain ».

Si le colonialisme avait eu une composante hospitalière, le Rwanda en aurait été le patient le plus tragique. Le médecin colonial n'était jamais seul dans ses erreurs médicales. Il avait des infirmières – fidèles – en soutane et se signant en murmurant des bénédictions sur le poison.

La Belgique était le médecin principal, cisailles à la main, avec une
infirmière nommée Église catholique dosant le kit intraveineux d'idéologie et
de sédation. L'Église catholique n'était pas un spectateur passif de la
pathologie coloniale du Rwanda. Elle en était, dans bien des cas, la main
agissante.

Même après le génocide, nombre de ces « infirmières » ecclésiastiques
refusèrent d'avouer. Certains ont fui vers l'Europe, notamment en Belgique et
en France, où ils ont été protégés ou ignorés, malgré les accusations de
complicité de crimes contre l'humanité. D'autres sont restés, s'abritant dans
leur fonction sacerdotale, évoquant le pardon tout en refusant de rendre des comptes.

Ensemble, ils ont élaboré un plan de traitement qui n'avait rien à voir avec la
guérison, mais tout à voir avec la déformation de l'âme d'une nation. Ils ne
voulaient pas que le Rwanda soit guéri.

Ils voulaient qu'il soit dépendant, soumis et irrémédiablement brisé. Et
aujourd'hui, alors que le Rwanda commence – contre toute attente – à panser ses
plaies, les mains mêmes qui autrefois resserraient le bandage sur ses plaies
sanguinolentes sont revenues, non pas pour s'excuser, mais avec un manque de
respect envers le chirurgien qui voulait sauver le patient.

Le génocide des Tutsis de 1994 n'était pas une fièvre soudaine, mais un échec
catastrophique dû à un empoisonnement long et délibéré.

La Belgique, avec l'arrogance d'un médecin dont la distance et la couleur de
peau protègent des erreurs médicales, a instrumentalisé les classifications
ethniques comme des scalpels, dépeçant une société qu'elle prétendait
diagnostiquer.

Elle a fait des Hutus et des Tutsis des catégories immuables et a insufflé au
Rwanda haine, division et distorsion spirituelle. Lorsque le corps a finalement
été pris de convulsions dans une agonie génocidaire, le médecin a haussé les
épaules, plié bagage et quitté l'hôpital.

Telle est la tragédie du Rwanda : son génocide n'a pas commencé en 1994. Il
n'était que l'apogée d'une longue maladie non traitée, délibérément mal gérée
par les acteurs coloniaux et postcoloniaux. Et la Belgique, le médecin colonial
qui a semé le cancer, siège désormais dans les forums internationaux pour
donner des conférences sur les « droits de l'homme » et la « démocratie »,
comme si elle était une autorité en matière de guérison.

Le relèvement du Rwanda



Le Rwanda, meurtri mais pas brisé, a entamé son propre redressement. Contre
toute attente, il a réussi à se reconstruire grâce à la vérité, à la
réconciliation, à la réforme économique et à la diplomatie régionale. Il a mis
en place des mécanismes de responsabilisation, reconstruit ses institutions et
refusé d'accepter le statut de victime comme identité.

Pourtant, les anciens médecins et infirmiers ne sont pas satisfaits. Ils
froncent les sourcils face à la volonté du patient. Ils reprochent au Rwanda de
s'affirmer, de rechercher la justice, de refuser d'être manipulé. Ils murmurent
que le Rwanda est « autoritaire », qu'il réprime « l'opposition », comme si
l'alternative était un retour au pluralisme malsain qui a conduit au génocide.

Pendant ce temps, la même Belgique qui accueille des négationnistes du génocide
tolère également la vente de littérature incitant à la haine, accorde un
laissez-passer aux prêtres en fuite et donne la parole à des « experts » qui
affirment que le génocide n'en était pas vraiment un, mais simplement une
guerre civile aux excès regrettables.

Certains de ces « experts » vont même jusqu’à affirmer que le Front patriotique
rwandais (FPR), qui a mis fin au génocide, ne faisait que « prendre le
pouvoir ». C’est comme accuser le chirurgien qui arrête une hémorragie de
vouloir monopoliser le bloc opératoire.

Nous devons donc nous demander : que veut le médecin ? Que prie l’infirmière ?
Il devient évident, de manière troublante, que la guérison n’est pas
leur objectif. Un Rwanda en bonne santé révèle leur propre complicité. Un Rwanda
prospère et sûr de lui contredit le discours selon lequel l’Afrique doit être
gérée, sermonnée ou sauvée par ses anciens colonisateurs.

Le refus du Rwanda de s’incliner est perçu non pas comme une guérison, mais
comme un acte de défiance. Et le défi, pour ceux qui se croyaient auteurs de
l’histoire de l’Afrique, est la trahison ultime.

Dans ce drame, la RDC joue le rôle d’un service voisin du même hôpital. Mais
ici, on a laissé la maladie se propager. L'État congolais, sous ses dirigeants
successifs, a laissé prospérer les idéologies génocidaires, notamment contre
les Tutsis congolais.

Des milices comme les FDLR, composées des derniers génocidaires rwandais,
circulent librement et sont même intégrées à l'armée congolaise. Des discours
de haine sont diffusés, les communautés tutsies sont attaquées et la communauté
internationale détourne la tête.

Et la Belgique ? Elle publie des déclarations soigneusement équilibrées,
exhortant « les deux camps » à la retenue, comme si le Rwanda était également
responsable du réveil de son propre traumatisme dans un pays voisin.

Cette même Belgique, incapable d'arrêter des suspects de génocide connus sur
son territoire, donne des leçons au Rwanda en matière militaire et de paix
régionale. Ce n'est pas de la diplomatie. C'est de la malhonnêteté
intellectuelle.

Dans un véritable hôpital, le médecin présenterait ses excuses et
l'infirmière avouerait. Ils accompagneraient le patient dans sa guérison sans
arrogance ni sabotage. Mais à l'hôpital des relations internationales, le
Rwanda est souvent traité non pas comme un survivant, mais comme un sujet
problématique, qui insiste sur l'autodétermination, la responsabilité et la
mémoire.

Pourtant, le Rwanda persiste. Il est devenu son propre médecin. Il a rédigé de nouvelles prescriptions, privilégiant l'unité plutôt que la division, la compétence plutôt que la dépendance, et la vérité plutôt que les astuces rhétoriques. Et il a averti le monde : « plus jamais ça » n'est pas un slogan. C'est un engagement.

Pourtant, les anciens médecins refusent de quitter la pièce. Ils rôdent au pied
du lit, insinuant des diagnostics qui servent leur réputation, et non celle du
patient. Mais le Rwanda n'écoute plus. Il se rétablit. Non pas grâce à eux,
mais malgré eux.

Et c'est là le véritable scandale. Mais la tragédie, pour eux, c'est que le
patient n'est pas mort.

Sous le Front patriotique rwandais (FPR), les nouveaux soignants ont refusé de
laisser le corps pourrir. Ils n'ont pas suivi les prescriptions qui mènent à la
décomposition. Au lieu de cela, ils ont nettoyé les plaies, cautérisé les
foyers d'infection et exigé des comptes de ceux qui avaient transformé les
scalpels en machettes. Pour ces médecins dévoyés, c'était une hérésie.

Voyez-vous, si le patient guérit sans eux, si le corps retrouve des forces sans leur aide, alors toute leur carrière – tout leur mythe – s'effondre. Ils deviennent les méchants, et non les sauveurs. C'est ce que la Belgique ne peut pas supporter.

D'où le besoin obsessionnel de saper le redressement du Rwanda. Les médias
occidentaux, nourris par l'inquiétude et la nostalgie coloniale, diagnostiquent
de l'autoritarisme là où règne la discipline, la répression là où règne la
justice, et le silence là où règne une guérison digne.

La Belgique, en particulier, a conçu le langage du paternalisme post-génocide.
Elle ne crie plus ; elle murmure ses inquiétudes lors des conférences, rédige
des résolutions et salue d'un hochement de tête approbateur les révisionnistes
et les négationnistes déguisés en opposants.

Ils amplifient des voix pestilentielles comme celle de Victoire Ingabire, une
promotrice condamnée de l'idéologie génocidaire, non pas parce qu'ils croient
en la liberté d'expression, mais parce que chaque mot qu'elle prononce rouvre
une cicatrice.

Ils soutiennent des groupes comme Jambo Asbl, non pas malgré leurs liens avec
des génocidaires, mais grâce à eux. Jambo Asbl est un groupe qui blanchit les
meurtres de masse avec des intonations académiques et un charme juvénile.

Il ne s'agit pas de négligence. Il s'agit de la continuation d'une faute
professionnelle. L'infirmière se fait désormais passer pour une lanceuse
d'alerte, accusant le FPR de maltraiter le patient, tout en distribuant
discrètement du poison sous la table.

Et où circule ce poison ? Dans l'arène internationale, le Rwanda est
réprimandé pour son « implication » en RDC, tandis que les FDLR – descendants
de génocidaires – opèrent librement, sous le regard aveugle du monde entier.

Lorsque le Rwanda renforce ses frontières, on l'accuse de militarisme.
Lorsqu'il parle de justice, on lui demande de se réconcilier. Lorsqu'il refuse
de mourir, on l'accuse d'arrogance.

Le mécontentement de la Belgique envers le FPR n'est pas politique, il est
psychologique. Ils ne supportent pas de voir leur ancien patient marcher. Pire
encore, ils ne supportent pas que le patient refuse de les remercier.

Un Rwanda guéri, debout et parlant sans trembler, est insupportable pour un
système qui a bâti son ego sur l'effondrement africain.

N'oublions pas le Congo du roi Léopold, ce théâtre cauchemardesque où la même
doctrine d'extraction et de mutilation a été perfectionnée. La même illusion
médicale a guidé ce régime : la croyance que les Africains sont une matière
première, et non des êtres humains.

Au Congo de Léopold, les membres étaient amputés pour non-respect des quotas ; au Rwanda colonial, les esprits étaient amputés de l'accès à la vérité. Aujourd'hui, lorsque la Belgique affiche son engagement en matière de Droits humains, elle le fait au-dessus des tombes qu'elle a creusées et abandonnées.

La preuve la plus accablante de cette hypocrisie réside dans son traitement de
la justice. La Belgique accueille, protège et parfois même donne la parole à
des négationnistes et sympathisants notoires du génocide. Le gouvernement belge
donne la parole à des hommes comme Gaspard Musabyimana, le cerveau des émissions
de la RTLM, qui transforment la douleur d'un million de morts en un fléau
conspirationniste.

Le médecin qui a supervisé la mutilation remet désormais en question les
méthodes de celui qui a recousu les plaies.

Non, le Rwanda n'est pas parfait. Aucun chirurgien n'opère sans risque. Mais il
est obscène de prétendre que ceux qui ont saigné le pays pendant des décennies
aient désormais l'autorité morale pour critiquer son rétablissement.

Le FPR a refusé de traiter le Rwanda comme un cadavre. Il a remis en question l'obsession universelle et malsaine de la fragilité africaine. Il a déclaré : nous ne mourrons pas en silence pour remettre de l'ordre dans vos manuels scolaires.

Le Rwanda guérit – lentement, douloureusement, volontairement. Et ceux qui sont
le plus bouleversés par cette situation ne sont pas les victimes, mais les
anciens médecins qui croyaient avoir posé le diagnostic final.

Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Le ressentiment de la Belgique
envers le FPR ne concerne ni la démocratie, ni la justice, ni les Droits
humains. Il est question de contrôle, de refus d'accepter que les Africains
puissent être les artisans de leur propre résurrection. Le scalpel colonial a
peut-être changé de mains, mais son appétit demeure.

Il n'est pas nécessaire que le Rwanda meurt pour que la Belgique se sente moins
coupable. Il n'est pas nécessaire d'apaiser les egos européens par le silence
ou de déformer son système judiciaire pour satisfaire des tueurs qui portent
aujourd'hui de nouveaux costumes.

L'histoire du Rwanda est celle d'une résistance miraculeuse. C'est l'histoire
d'une patiente qui, refusant l'anesthésie, s'est réveillée pendant l'opération,
a pris les instruments des mains des médecins et a commencé à se soigner elle-même.

Cette histoire est trop puissante, trop dangereuse pour ceux qui ont bâti leur
réputation sur sa mort.

Aujourd'hui, la Belgique se pose en infirmière bien intentionnée. Elle fronce
les sourcils solennellement face aux défis du Rwanda, hochant la tête avec
inquiétude. Mais derrière les gants blancs se cache une main qui finance,
héberge et protège les négationnistes du génocide, les génocidaires en fuite et
des organisations comme Jambo Asbl, un groupe qui blanchit les meurtres de
masse avec des intonations académique et un charme juvénile.

Ce qui blesse le plus la Belgique et ses sympathisants, c'est que le Rwanda
n'est pas resté mort. Le Front patriotique rwandais (FPR), né des camps de
réfugiés ougandais et des cendres d'un génocide que le monde observait en
silence, a refusé ce pronostic.

Le FPR a mis fin au génocide – pas l'ONU, ni la France, et certainement pas la
Belgique.

Il a bâti un système de santé, sorti des millions de personnes de la pauvreté,
instauré l'éducation universelle et créé l'une des sociétés les plus sûres du
continent. Il a appris à la patiente à remarcher, à parler et à être fière de
ses cicatrices.

La culpabilité du médecin et l'envie de l'infirmière



Si le Rwanda saignait encore, ils organiseraient des conférences au sommet. Si le Rwanda était un État en faillite, ils organiseraient des think-tanks. Si le Rwanda restait plongé dans le chaos, la Belgique resterait le médecin-chef, faisant occasionnellement la charité tout en veillant à ce que la patiente ne menace jamais le système qui l'a rendue malade.

Mais le Rwanda d'aujourd'hui est un miroir – et la Belgique y voit son propre
visage, déformé par la culpabilité, l'envie et la lâcheté morale.

Le patient non seulement survit, mais il s'épanouit d'une manière qui remet en
question les méthodes obsolètes du médecin. Cela les effraie. Car si le Rwanda
peut s'élever, les questions le peuvent aussi : pourquoi la Belgique a-t-elle
menti ? Pourquoi le monde a-t-il abandonné le Rwanda ? Pourquoi abrite-t-elle
encore ceux qui ont assassiné son peuple ?

La colère de la Belgique envers le Rwanda n'est pas liée aux Droits humains,
mais au droit des colonisés à guérir avec leurs propres méthodes.

La réalité est qu'il y a une patiente, qui rédige désormais sa propre
ordonnance. Aujourd'hui, le Rwanda est à la fois patient et médecin. Elle est
prudente, consciente des ombres qui planent. Elle construit des hôpitaux, pas
des armées d'experts d'ONG. Elle parle doucement, mais porte les cicatrices
d'un million de voix.

Ce que le Rwanda exige, ce n'est pas la sainteté, mais l'équité. Pas le
silence, mais la vérité. Il veut que le monde comprenne que guérir ne signifie
pas oublier, que la résilience ne signifie pas consentir aux abus, et que la
justice ne signifie pas tolérer le déni au nom du « débat ».

La Belgique et ses alliés peuvent choisir de devenir de véritables partenaires
de la guérison. Mais cela impliquerait qu'ils reconnaissent ce qu'ils ont fait
– et pire, ce qu'ils permettent encore.

D'ici là, le Rwanda a parfaitement le droit de préserver son rétablissement, de
protéger son récit national et de rejeter le remède de l'hypocrisie morale.

Cette patiente vit. Et elle ne sera plus jamais l'objet d'une expérience pour
qui que ce soit.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024