Il a inspiré de nombreux hommes politiques. Et a su créer un fort courant de pensée au sein du parti socialiste. Nombreux sont ceux encore qui se réclament de son héritage. Lorsqu’on pense à Michel Rocard, décédé en 2016, on associe son image aux accords de Matignon, longtemps qualifiés de «
miracle calédonien ». Mettant fin à une crise inextricable en 1988.
On connaît moins son rapport écrit alors qu’il était inspecteur des finances, dans une Algérie en guerre. Une enquête indépendante menée alors qu’il est jeune haut fonctionnaire, dénonçant la politique des camps de regroupements menée sous le gouvernement Mollet.
Encore moins connue, son implication dans le dossier rwandais. Un dossier dont il avait été soigneusement écarté alors qu’il était à la tête du gouvernement français, de 1988 à 1991, apprenant à la télé l’arrivée de troupes françaises dans le pays aux mille collines. Domaine réservé du président Mitterrand, avec qui Michel Rocard cultivait une profonde rivalité, le Rwanda a connu un terrible génocide en 1994. «
Une responsabilité lourde et accablante » de la France est alors pointée dans un rapport scientifique en 2021, dirigé par l’historien Vincent Duclert qui, dans ce livre, revient longuement sur ce scandale d’État brûlant.
S’appuyant sur le fonds privé d’archives de Michel Rocard, il montre comment l’homme politique, alors en poste au parlement européen, a proposé une nouvelle vision de la politique française en Afrique. On voit comment ses efforts sont balayés par les anciens ténors de sa propre famille politique. Une biographie éclairante.
Rocard, une biographie internationale, de Vincent Duclert, aux éditions Passés composés. 364 pages, 23 €.