Citation
En 1994, plus de 800 000 personnes,
principalement Tutsi, ont été massacrées
au Rwanda. Forces armées rwandaises
(FAR), gendarmerie, garde présidentielle
et milices furent secondées dans cette
œuvre de destruction par des millions
de simples citoyens, nourris de fanatisme
par l’idéologie extrémiste du Hutu
Power1. Ce génocide revêt des singularités désormais bien identifiées par
la recherche française et internationale:
fulgurance, diversité des modes d’extermination, dimension religieuse des
massacres et mobilisation de l’ensemble
des rouages de l’État pour tendre vers
la plus grande efficacité possible2, autant
de spécificités qui ont à l’époque en
partie échappé à nombre d’observateurs3.
Loin d’être étrangère à ces événements, la France s’est trouvée impliquée
au Rwanda selon des modalités diverses.
Dès octobre 1990, François Mitterrand
décide d’apporter le soutien de deux
régiments français aux FAR engagées
dans une guerre contre le Front patriotique rwandais (FPR). Il s’agit alors
de soutenir le régime de Juvénal
Habyarimana, considéré comme allié
de la France, contre un FPR jugé trop
proche des intérêts anglo-saxons. Malgré
les alertes lancées par certaines organisations de défense des droits de
l’homme, cette présence française se
maintient dans le pays jusqu’en décembre 1993 dans un contexte de radicalisation du régime, de massacres à
répétition et d’une difficile mise en
place des accords d’Arusha. Pendant
les mois du génocide, la France reste
un acteur central de la crise : opération
Amaryllis en avril 1994, pour évacuer
les ressortissants ; soutien à l’ONU
d’une politique de désengagement de
la communauté internationale ; organisation de l’opération «militaro-huma-
* Maître de Conférences en histoire, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Centre d’histoire
culturelle des sociétés contemporaines, co-secrétaire de rédaction duTemps des Médias.
nitaire » Turquoise à partir du 21 juin
1994, une implication qui a fait l’objet
de nombreuses publications de nature
scientifique4. La relation ambiguë entretenue avec le régime Habyarimana,
puis avec le Gouvernement intérimaire
rwandais (GIR) qui prend en charge
la politique d’extermination, explique
que cette histoire commune ait été
depuis 1994 à l’origine d’une violente
controverse politique et médiatique.
À travers une étude des discours
produits sur le rôle joué par la France,
cette contribution s’attachera à comprendre comment un tel événement,
passé relativement inaperçu durant les
premières semaines des massacres, s’est
ensuite inscrit de manière durable dans
le paysage politique français, au point
de donner lieu à une véritable guerre
de mémoire comparable, à certains
égards, aux autres grands conflits mémoriels que la France a traversé au cours
du XXe siècle (l’affaire Dreyfus, Vichy,
la guerre d’Algérie…)5. Fortement
critiqués pour la couverture effectuée
en 1994, comment les journalistes
sont-ils revenus sur les faits a posteriori ?
Les médias ne constituent-ils ici que
des relais, des chambres d’écho ou des
filtres de mémoires en circulation en
France et à l’étranger ? Dans quelle
mesure ne sont-ils pas aussi producteurs
de mémoire au sens où certains d’entre
eux peuvent porter et diffuser leur
propre récit des événements ?
Cet article synthétise les résultats
de plusieurs temps de recherche6. Différents sous-corpus ont été mobilisés
avec une triple focalisation. Focalisation
sur les moments où le sujet occupe
durablement la « une » de l’actualité
comme ce fut le cas en 1998, 2004 et
2014. Focalisation sur les médias d’information et sur leurs logiques propres,
ce qui n’exclut pas la mise en relation
avec d’autres formes de productions
culturelles (romans, essais et témoignages, films de fiction) susceptibles
d’influencer le contexte de la production de l’information. Focalisation
enfin sur la circulation des discours
entre la télévision7 – considérée ici
comme un vecteur primordial de
mémoire – et d’autres formes de productions médiatiques (articles de presse
écrite, journaux parlés de France Inter)8.
Il est difficile de proposer dans les
limites de cet article un récit exhaustif
de la construction de la mémoire des
faits par et via les médias. Aussi la
démonstration sera-t-elle centrée sur
l’identification de différentes périodes
de retour sur l’événement, en se fondant
sur les critères suivants: 1) le nombre,
la nature et la durée des productions
recensées; 2) les contextes et logiques
de programmation; 3) les sources, les
témoins et les médiateurs mobilisés
pour décrire, raconter ou expliquer le
rôle joué par la France; 4) les caractéristiques des discours et récits produits
sur les événements. Les récits médiatiques diffusés depuis 1994 témoignent
de la persistance de mémoires rivales
et antagonistes et d’une controverse
durable sur le sujet. Ces mémoires
conflictuelles s’enracinent dans les représentations et récits nés en 1994 et ce
malgré le travail de pédagogie, de
déconstruction et de clarification opéré
au gré des enquêtes journalistiques, de
la diffusion du savoir scientifique et de
la mise en valeur de témoignages selon
des temporalités où les périodes de
commémoration jouent un rôle crucial.
peinent à préciser la nature des massacres
et les responsabilités des différents
acteurs. Le prisme de la guerre ethnique
et de massacres générés par la guerre
civile domine et ce sont les doutes, les
approximations et les confusions qui
imprègnent la plupart des discours
médiatiques. Après une période de
net recul de la couverture en plein
cœur du génocide, à la suite du départ
des Occidentaux, une deuxième phase
de médiatisation s’ouvre à la mi-mai.
Les rédactions françaises profitent de
l’arrivée dans les zones libérées par le
FPR et dans les camps de réfugiés à la
frontière tanzanienne de plusieurs
envoyés spéciaux pour proposer des
sujets décryptant les modalités des
massacres et l’identité des victimes. Le
terme de génocide commence à être
employé alors que s’impose un cadrage
centré sur la montée de la préoccupation humanitaire.
C’est dans ce contexte qu’émerge
une polémique sur la responsabilité
des autorités françaises dans les événements en cours. Dans une lettre
ouverte adressée à François Mitterrand
le 18 mai 1994, Médecins sans Frontières (MSF) évoque la « responsabilité
écrasante » et l’« extermination systématique et programmée des opposants
à une faction soutenue et armée par
la France »11. Ces accusations sont également portées par Jean-Hervé Bradol,
responsable des programmes de MSF
Une controverse enracinée
dans le récit dominant de 1994
Au fondement des récits qui circulent
depuis 1994 se trouvent les discours,
les images et les interprétations qui se
sont imposés dans l’espace public au
moment des faits. Rappelons quelques
jalons précieux à l’heure d’analyser les
récits postérieurs9.
Valorisations médiatiques de
l’action salvatrice de la France
La médiatisation proposée en 1994
connaît plusieurs phases distinctes.
Dans un premier temps, du 7 au 15
avril 1994, le Rwanda bénéficie d’une
attention soutenue de la part des
médias français et occidentaux10. Les
journalistes se focalisent sur les opérations d’évacuation des ressortissants et
France au Rwanda qui, de retour de
Kigali, déclare lors du 20 heures de
TF1 face à Patrick Poivre d’Arvor :
partir du 21 juin 1994, l’opération
« militaro-humanitaire » Turquoise14.
S’engage alors une troisième phase de
la couverture, marquée par une très
forte intensification de la médiatisation.
Si les ambiguïtés de l’opération sont
dénoncées dès l’origine par des organisations humanitaires et par quelques
journalistes15, la majeure partie des
rédactions inscrivent leurs productions
dans un récit dominant qui place les
soldats français dans le rôle de sauveurs
d’une population rwandaise poussée à
l’exil vers le Zaïre. Dès lors, les principales victimes de ce récit sont les civils
hutu qui fuient les combats et l’avancée
du FPR, puis luttent contre l’épidémie
de choléra touchant les camps de réfugiés. Le génocide des Tutsi est largement
relégué à l’arrière-plan et l’événement
se résume le plus souvent à une mission
salvatrice menée par la France dans
un contexte de catastrophe humanitaire. Ce récit médiatique dominant
aboutit ainsi : 1) à instiller le doute
quant à la nature et à l’origine des
victimes ; 2) à rendre confuses voire à
inverser les responsabilités des massacres
(les génocidaires hutu deviennent des
victimes quand le FPR qui met fin au
génocide devient l’agresseur) ; 3) à
héroïser le rôle de la France, de ses
responsables politiques et de ses soldats.
Tel est le socle à partir duquel les souvenirs communs sur l’événement vont
se construire, se déployer, se reconfigurer.
« Le rôle de la France dans ce pays
et les responsabilités de la France sont
particulièrement écrasantes [sic]. Les
gens qui massacrent aujourd’hui, qui
mettent en œuvre cette politique planifiée et systématique d’extermination
sont financés, entrainés et armés par
la France (…). On n’a entendu aucun
responsable français condamner clairement les auteurs de ces massacres.
Et pourtant ces gens sont bien connus
de l’État français puisqu’ils sont entrainés
et équipés par eux »12.
Cette campagne de MSF initie une
série de publications très critiques à
l’égard du soutien accordé par Paris13 :
des journalistes spécialistes du dossier
mettent alors en avant l’assistance
financière de la France, les liens familiaux entre les familles Mitterrand et
Habyarimana, des livraisons d’armes
effectuées par Paris au profit de Kigali
ou encore l’évacuation par la France
d’une partie de l’entourage présidentiel
rwandais en avril 1994. Ces éléments
sont d’autant plus gênants pour l’Elysée
et Matignon qu’ils sont rendus publics
au moment où plusieurs ONG reprochent à Paris sa passivité.
La mise en cause croissante de la
France est une des motivations qui
pousse Paris à agir et à organiser, à
accords d’assistance de 1975 et de
1992, sur l’intervention française pour
s’opposer au FPR en octobre 1990,
sur l’aide matérielle apportée dans un
contexte de militarisation du régime.
À cette occasion, des images d’archives
de Juvénal Habyarimana dans la cour
de l’Élysée, aux côtés de François Mitterrand, ou de soldats français en opération au Rwanda sont diffusées et
constitueront un des matériaux de
base – avec les images tournées en
1994 – des retours effectués par la
télévision sur le sujet. Quelques mois
plus tard, le magazine Géopolis consacre
également une de ses éditions au rôle
de la France et qualifie l’opération
Turquoise d’« alibi humanitaire pour
une manœuvre politique »23. Malgré
ces quelques productions marquantes,
le sujet reste toutefois relativement
souterrain jusqu’en 1998.
La circulation persistante de
lourdes accusations contre les
responsables français (1994-1998)
Durant les mois qui suivent le génocide, les rédactions françaises restent
en alerte sur le Rwanda et sur la situation dans la Région des Grands lacs
du fait de la situation dans les camps
de réfugiés, de certaines exactions
commises par le FPR16 puis, à partir
d’octobre 1996, du déclenchement de
la 1ère Guerre du Congo17.
En dépit de la couverture relativement uniforme du mois de juillet
1994, la polémique ne semble pas
close. Dans une démarche visant à
comprendre les conditions de possibilité
d’un tel événement, quelques productions journalistiques et/ou militantes
tentent de clarifier les responsabilités
françaises18. C’est le cas d’articles, de
témoignages, d’essais et d’enquêtes
proposés par des journalistes français
engagés (Pascal Krop ; Mehdi Ba)19 ou
par certains de leurs confrères étrangers
(Colette Braeckman)20. Des enquêtes
sont également menées dans la presse
écrite sur les génocidaires qui se sont
réfugiés en France et sur la tolérance
voire le soutien accordé par les autorités
françaises et/ou l’Église catholique21.
À la télévision, La Marche du siècle
consacre dès le 21 septembre 1994 un
volet complet à l’historique de la coopération entre la France et le Rwanda22.
Les journalistes reviennent sur les
Le rôle de la France au cœur
du débat public (1998)
Il faut en effet attendre l’année
1998 pour que la controverse occupe
de manière durable la « une » de l’actualité. L’enquête de Patrick de SaintExupéry publiée en quatre volets du
12 au 15 janvier 1998 dans Le Figaro
joue à cet égard un rôle remarquable. Celle-ci est présentée par
Charles Lambroschini comme étant
centrée sur le rôle de la France dans le
génocide :
«Dans ce dossier, la France se prétend
vertueuse et dégage toute responsabilité,
voire même tout examen de responsabilité. Pire, elle entend donner des
leçons. (…). Accusée de complicité,
mise en cause dans des ventes d’armes,
soupçonnée de soutenir un régime
génocidaire, la patrie des droits de
du génocide et que certains responsables
rwandais ont été reçus à Paris après le
7 avril28. L’enquête s’achève par un
retour sur les ambiguïtés de l’opération
Turquoise qui a, selon lui, certes sauvé
des vies, mais a aussi couvert la fuite
de membres du GIR, tout en préservant
leur principal moyen de communication, la Radio des Mille Collines29. Si
certains de ces faits sont parfois déjà
connus des spécialistes du dossier30, la
cohérence que leur confère Patrick
de Saint-Exupéry et la place que leur
réserve Le Figaro – dont la rédaction
en chef avait pourtant largement soutenu l’opération Turquoise – donnent
à ces informations un écho important,
comme en attestent les nombreuses
citations et reprises par les autres rédactions et l’attitude d’enquête qui prévaut
désormais dans les quotidiens étudiés31.
L’impact de cette enquête est sans
aucun doute renforcé par un contexte
favorable (témoignage du général canadien Dallaire devant le TPIR; publication, en décembre 1997, des conclusions
des travaux de la commission d’enquête
du Sénat belge ; reconnaissance des
erreurs de la communauté internationale
par Kofi Annan et Bill Clinton…).
Dans ce contexte polémique, est lancée
en mars 1998 à l’initiative d’un petit
groupe de députés une mission d’information parlementaire «sur les opérations militaires menées par la France,
d’autres pays et l’ONU au Rwanda
l’homme a choisi de se taire.»24
Mentionnée en «une» pour les quatre éditions citées, l’enquête est successivement consacrée au rôle de la
France pendant le génocide25, à sa
collaboration avec le régime Habyarimana (1990-1993), à la politique menée
de 1993 à 1994 à la suite des accords
d’Arusha et à l’opération Turquoise26.
Entre compilation d’informations déjà
connues et « révélations », l’enquête
vise à montrer que la France porte
une lourde responsabilité dans les événements de 1994. Patrick de SaintExupéry appuie son récit sur des
témoignages d’acteurs proches du dossier. Il établit que la France est engagée,
dès octobre 1990, dans une guerre
contre le FPR qui vise à contrer les
supposées visées expansionnistes de la
Grande-Bretagne27. Dans ce contexte,
l’Élysée ferme les yeux sur les remontées
d’informations évoquant des massacres
et la dérive génocidaire du régime
d’Habyarimana. Il rappelle que la
France a poursuivi ses livraisons d’armes
au Rwanda après le déclenchement
entre 1990 et 1994»32. Celle-ci bénéficie
d’un intérêt conséquent de la part des
rédactions qui tentent, à partir de la fin
mars 1998, de répondre à une question
principale: quelle est la responsabilité
de la France dans le génocide33 ? Elles
suivent durant trois mois les travaux
des parlementaires, relaient les témoignages des humanitaires, des responsables
politiques, des militaires et des chercheurs
interrogés. En dépit d’analyses parfois
contradictoires et de la présentation
très euphémisée des responsabilités
françaises à la télévision par le président
de la mission Paul Quilès34, cette médiatisation engendre une véritable reconfiguration du récit sur le rôle de la
France: tandis qu’en juillet 1994 les
récits critiques s’étaient trouvés marginalisés par une communication officielle française imposant l’image d’une
France engagée au service des vies
précaires, les productions journalistiques
de l’année 1998 tendent désormais à
mettre en valeur les responsabilités
françaises, la neutralité coupable des
autorités françaises voire, pour les positions les plus tranchées, des formes de
complicité.
de multiples occasions de s’altérer, de
s’enrichir ou de se reconfigurer. Quelles
sont les principales étapes de ces reconfigurations et quels acteurs en sont à
l’origine ?
Les commémorations de 2004 :
vers la fin des polémiques ?
De 1998 à 2004, la question française
reste présente de manière diffuse dans
les médias hexagonaux.
Le thème du jugement des génocidaires fait l’objet d’un nombre d’articles
et de sujets non négligeable dans la
mesure où se mettent en place le Tribunal pénal international pour le
Rwanda, les Gacaca35 ainsi que des
procès en Suisse et en Belgique. Cette
actualité donne lieu à la diffusion d’enquêtes à des heures de forte audience36,
y compris à la télévision : un dispositif
télévisuel récurrent croise recherche
de preuves et interviews de témoins
en France et au Rwanda afin de révéler
l’ampleur des charges qui portent sur
les présumés génocidaires. A priori
éloignés du rôle de la France, ces dispositifs sont cependant fondamentaux
en ce qu’ils mettent en valeur le rôle
d’accueil joué par la France dès 1994
et permettent de replacer les génocidaires dans le même espace et dans la
même temporalité que les publics auxquels s’adressent ces émissions. Cette
période donne également lieu à l’émergence de figures nouvelles dans la
Commémorations,
reconfigurations des récits
et aléas politiques
De la fin des années 1990 au début
des années 2010, ces récits trouvent
transmission d’une mémoire de l’événement. C’est par exemple le cas du
journaliste-écrivain Jean Hatzfeld qui
publie le premier ouvrage, Dans le nu
de la vie (2000), d’une série consacrée
au génocide37. Si Jean Hatzfeld s’intéresse d’abord au recueil de la parole
des rescapés puis des bourreaux, son
œuvre contribue surtout à sensibiliser
le public aux singularités du génocide
ainsi qu’à sa portée universelle38.
Il faut cependant attendre l’année
2004 pour retrouver une médiatisation
proche du niveau de celle de 1998.
Ce retour sur l’événement est lié aux
commémorations du 10e anniversaire
mais aussi à certains faits d’actualité et
au désir de quelques journalistes de
rouvrir la controverse. Dès le 10 mars
2004, Stephen Smith, désormais au
service Afrique du Monde, publie une
série d’articles fondés sur des éléments
de conclusions du rapport de l’enquête
du juge Bruguière39. Quatre grands
axes structurent la vision que Smith
diffuse des événements : 1) le FPR
serait responsable de l’attentat qui a
coûté la vie à Habyarimana, attentat
qu’il considère comme l’événement
déclencheur du génocide40 ; 2) il insiste
sur les massacres perpétrés par le FPR
avant, pendant et après le génocide et
souligne régulièrement le caractère
autoritaire du régime de Kigali41 ;
3) un autre leitmotiv correspond à la
mise en cause de l’ONU accusée de
ne pas avoir enquêté sur l’attentat et
de chercher à protéger le régime de
Kigali42 ; 4) le rôle joué par la France est
presque totalement évacué de la vision
donnée de l’événement43.
Si la rédaction du Monde est plutôt
au diapason de son journaliste44, les
autres rédactions ont des réactions
contrastées. Seul Libération, par la plume
de Christophe Ayad, questionne prudemment ces affirmations, souligne
l’opportunité de leur divulgation à
quelques semaines des commémorations
et estime que «cette fuite en dit long
sur l’état d’esprit d’une partie des dirigeants français, qui continuent à ne
pas pardonner à Kagame, anglophone,
d’avoir pris le pouvoir au Rwanda»45.
Les autres rédactions accordent peu de
crédit aux allégations de Smith qui
sont seulement rapportées, voire le plus
souvent passées sous silence. Plusieurs
journalistes manifestent leur méfiance
envers ce qui apparaissait déjà à l’époque
comme une tentative de déstabilisation
de Kagame46. En contradiction avec la
ligne éditoriale du Monde en 1998 et
avec celle de nombre de ses confrères
en 2004, Smith et Le Monde semblent
vouloir profiter des commémorations
pour réécrire l’histoire du génocide,
ou en tout cas imposer une mémoire
différente des événements, un changement de perspective qui va se heurter
au travail d’investigation et de réflexion
mené par leurs confrères.
France de « complicité » de génocide49.
À l’inverse,Vincent Hugeux de L’Express et la rédaction de Libération semblent assez proches de la vision que
Patrick de Saint-Exupéry livre de
l’événement et produisent, dans la
continuité de la tonalité critique qui
avait marqué la couverture d’avril
1998, des enquêtes très fouillées sur
les responsabilités françaises50.
Plusieurs réactions indignées de responsables politiques français aux propos
de Kagame attestent de la persistance
du climat polémique qui entoure la
participation des médias au processus
de construction mémorielle. Marc
Nexon synthétise ces réactions de la
manière suivante: «Formuler la question
[ndlr : du rôle de la France] suffit à
enflammer la classe politique. “Scandaleux !” s’indigne Michèle AlliotMarie, la ministre de la Défense. “Non,
non et non, je m’inscris en faux contre
ça”, tempête Alain Juppé, à l’époque
ministre des Affaires étrangères.“Nous
étions engagés dans une course de
vitesse contre les extrémistes”, se
défend Hubert Védrine, l’ex-secrétaire
général de l’Elysée. »51 Une tribune de
Dominique de Villepin, publiée dans
Libération, le 25 mars 2004, tente de
réactiver l’argumentaire présenté par
les responsables politiques français en
juillet 1994: il réaffirme les buts humanitaires de Turquoise, la durée limitée
de l’opération, la légalité internationale
Les commémorations de 2004 bénéficient d’une couverture relativement
conséquente. Les rédactions proposent
des formats spéciaux, des reportages,
des entretiens et n’hésitent pas à placer
l’événement à la « une ». La volonté de
mettre en avant des témoins des événements, de faire preuve de pédagogie
et de proposer un récit relativement
proche du récit historique tel qu’il
était consolidé à l’époque sont trois
tendances remarquables des productions
diffusées en ce mois d’avril 2004.Trois
thématiques dominent la couverture :
les célébrations organisées à Kigali,
l’étude des origines et des modalités
du génocide et enfin le rôle joué par
la France. Certes moins visible qu’en
1998, ce dernier thème reste présent
et ce d’autant plus qu’un incident
diplomatique perturbe les célébrations,
puisque Paul Kagame réitère en public,
en présence du secrétaire d’État aux
Affaires étrangères Renaud Muselier,
ses accusations contre la France, lui
reprochant notamment d’avoir « armé
et entraîné sciemment les soldats gouvernementaux et les milices qui allaient
commettre un génocide »47.
La controverse se poursuit à l’issue
des célébrations. Stephen Smith produit
par exemple quatre articles qui tentent
de discréditer l’ouvrage de Patrick de
Saint-Exupéry sorti le 1er avril 200448.
Il reproche notamment au journaliste
du Figaro l’accusation portée contre la
dans laquelle elle s’inscrivait ainsi que
la participation d’autres pays africains52.
Conscient du tournant qu’a constitué
le génocide pour l’image de la diplomatie française en Afrique53 et de la
gêne que la mémoire de ces événements peut encore provoquer, à un
moment où Paris se réengage sur le
continent54, le Ministre n’hésite pas à
valoriser le rôle de la France et à
reconstruire au moins partiellement la
mémoire des événements55.
plus médiatique est sans aucun doute
Pierre Péan qui publie en 2005 un
ouvrage qui fait grand bruit, Noires
fureurs, blancs menteurs57. Péan y réactive
la grille de lecture ethnique, fait porter
la responsabilité de l’attentat et du
génocide sur Kagame et dénonce les
crimes de ce dernier et de ses alliés
anglo-saxons. Invité sur les plateaux
de télévision ou interviewé dans la
presse, face à des journalistes parfois
peu aux faits de l’histoire rwandaise, il
peut développer sa vision du génocide
et inverser à l’envi les responsabilités58.
La construction d’une vision des
faits déresponsabilisant les autorités
françaises bénéficie de différents facteurs
favorables : 1) la tension entre Paris et
Kigali est forte puisqu’à la suite du
lancement par le juge Bruguière de
neuf mandats d’arrêt contre des personnalités rwandaises, les relations diplomatiques sont rompues entre les deux
pays de 2006 à 2009 ; 2) une série de
publications d’anciens militaires membres de l’association France-Turquoise
est publiée pour contester les accusations
portées contre la France et mettre en
valeur le rôle exemplaire des soldats
français59 ; 3) des rapprochements s’opèrent entre journalistes tentant de réviser
l’histoire du génocide, membres de
l’association France-Turquoise, d’anciens
responsables politiques français60 et un
historien controversé61. Cette vision
des faits trouve de manière durable
Hésitations et retour sur le devant
de la scène des récits révisionnistes
et négationnistes (2005-2009)
La période qui suit est une période
charnière au sens où la controverse
reste présente mais ne ressurgit que
de manière épisodique dans les médias,
une période durant laquelle apparaissent
de nouveaux acteurs et de nouvelles
formes de reconfiguration des récits.
S’affirment tout d’abord, dans la
continuité des discours officiels ou
des écrits de Smith, une série de productions qui visent à déculpabiliser la
France et à proposer une vision alternative de l’histoire du génocide. Si on
en connaît aujourd’hui les biais, les
erreurs et les partis pris56, l’enquête du
juge Bruguière est souvent une des
sources à laquelle s’abreuvent des journalistes et essayistes gravitant autour
de cette mouvance qui bénéficie d’une
visibilité accrue de 2005 à 2009. Le
des relais parmi certains titres de presse
comme Marianne ou Causeurs qui valorisent un récit qui charge l’ONU, les
États-Unis et Kagame pour mieux
dédouaner la France62.
Les représentants de cette « galaxie »
– Paul Quilès, Pierre Péan, le lieutenant-colonel de gendarmerie Michel
Robardey, le général Jean-Claude
Lafourcade, l’ancien officier de la
Légion étrangère Jacques Hogard, le
sénateur Xavier de Villepin, l’ancien
ambassadeur du Rwanda en France
Jean-Marie Vianney Ndagijimana, ou
encore Victoire Ingabire Umuhoza
(présidente des Forces Démocratiques
Unifiées) – se réunirent par exemple
au Sénat à l’initiative du Club démocratie le 20 octobre 2007. S’ils peuvent
porter des points de vue et des récits
différents, tous se retrouvent sur l’euphémisation des responsabilités françaises, sur la désignation de Kagame
comme principal responsable des événements et sur l’idée d’une tendance
de l’historiographie à minimiser les
massacres de Hutu63. S’ajoutent à cela,
pour certains d’entre eux, l’attention
portée aux témoignages d’anciens
génocidaires, de leurs proches ou d’opposants au régime en place à Kigali,
ainsi que le désir de défendre la
mémoire de François Mitterrand.
Depuis 2005, émerge ainsi, une
autre mémoire des faits qui bénéficie
d’une visibilité du fait de la complai-
sance de certains journalistes, des relais
qu’elle trouve au sein de certains
réseaux militants et de blocages mémoriels au sommet de l’État. Que restet-il de cette mémoire au moment de
célébrer le 20e anniversaire du génocide ?
Les commémorations de 2014 :
entre poursuite de la démarche
d’enquête et posture
d’indignation morale
À partir de 2009, la télévision
revient ponctuellement sur le sujet à
travers la programmation de documentaires spécifiquement consacrés à
la question française64 ou par le biais
d’enquêtes sur la situation du Rwanda
contemporain. Dans la presse écrite,
la controverse ressurgit également de
manière épisodique au gré de l’actualité65. Apparaissent alors durant
cette période charnière certaines thématiques et certains médiateurs placés
au cœur de la couverture des commémorations du 20e anniversaire.
Placé sous la devise «Souvenir, unité,
renouveau », le vingtième anniversaire
du génocide des Tutsis donne lieu à
des commémorations ayant une envergure particulière au Rwanda. Durant
100 jours – le temps du génocide – le
pays vit au rythme des cérémonies,
des témoignages de rescapés et des
hommages rendus aux victimes. Un
des points d’orgue de ces célébrations
correspond aux cérémonies du 7 avril
au stade Amahoro, qui réunissent près
de 30 000 spectateurs en présence de
huit chefs d’États africains et d’une
trentaine de délégations étrangères. Si
de nombreux événements ont lieu
en France, aucune célébration officielle
n’est organisée par l’exécutif français. Pourtant, l’écho médiatique rencontré par ce vingtième anniversaire
est assez remarquable.
truction d’un vivre ensemble entre
victimes et bourreaux ; les thèmes du
pardon, de la réconciliation et de la
reconstruction personnelle sont ainsi
centraux. La thématique du « nouveau
Rwanda » donne aussi l’occasion de
louer la croissance économique et la
modernisation du pays, de faire référence au « Singapour africain » ou aux
résultats du projet Rwanda Vision
202066. Enfin, le regard est centré sur
la jeunesse – parfois nommée la «génération Kagame » – et sur les témoignages d’une génération qui n’a certes
pas connu le génocide mais dont l’expérience de vie reste traversée par les
échos, les secousses et les répliques de
celui-ci67.
Pourtant, au-delà de ces questionnements sur l’identité rwandaise et
sur la présence indépassable du génocide dans ce présent partagé68, la question française revient pendant plusieurs
jours au cœur de la couverture. Ce
retour s’explique notamment par les
usages politiques de ce passé que font
Paul Kagamé et d’anciens responsables
français durant les commémorations.
Si les observateurs ont surtout retenu
les déclarations de Paul Kagame au
stade Amahoro69 ainsi que les réponses
apportées par Edouard Balladur puis
par Gérard Longuet70, force est de
constater que ce sont Hubert Védrine
et Alain Juppé, qui ouvrent les hostilités
dès les 4 et 5 avril71. Face à un président
« Génération Kagame »,
« nouveau Rwanda »
et « question française »
Conscientes du statut spécifique de
l’événement, les rédactions et les directions de programme offrent des productions relativement nombreuses,
visibles et diverses dans leurs formes.
Les trois chaînes étudiées programment
une dizaine d’émissions et de sujets –
hors JT –, tandis que la presse écrite
consacre plusieurs « unes » au Rwanda,
des formats spéciaux (cahier spécial
dans Le Monde du 8 avril 2014), des
reportages à Kigali. Loin d’être en
reste, les JT de France 2 proposent
également quelques sujets sur les commémorations.
Plusieurs thématiques dominent la
couverture. La première porte sur une
des interrogations récurrente depuis
1994, à savoir le défi que constitue
pour la société rwandaise la recons-
rwandais accusateur, les autorités françaises d’hier adoptent une même posture d’indignation pour dénoncer les
outrances de Kagamé, défendre la
politique menée par François Mitterrand et son état-major en 1994 et
rappeler « le rôle exemplaire joué par
Paris à l’époque »72. Face à ces récits
divergents, quels furent les cadrages
dominants de la couverture proposée
par les rédactions étudiées ?
accordé par le capitaine d’artillerie
Guillaume Ancel à Laure de Vulpian
de France Culture75.
Face à ces enquêtes, les personnalités
politiques en responsabilité en 1994
tentent d’imposer un tout autre récit.
Hubert Védrine, Alain Juppé, Edouard
Balladur ou Gérard Longuet se disent
« indignés », « consternés », dénoncent
la « falsification de l’histoire », en appellent au rétablissement de la vérité au
nom de « l’honneur de nos soldats »
ou de « l’honneur de la France ». La
France aurait, selon eux, joué un rôle
exemplaire du fait de sa dénonciation
du génocide et de l’intervention Turquoise, alors que la communauté internationale aurait failli par son inaction.
Les apports des historiens, de travaux
de la Mission parlementaire ou d’enquêtes journalistiques ou militantes
ne sont pas mobilisés, et c’est un
récit replaçant la France dans le rôle
de puissance salvatrice qui est de nouveau proposé à l’opinion76.
Cette crispation persistante d’anciens
responsables, cherchant à réactiver un
récit pourtant déconstruit par les
témoignages et la documentation existante, se trouve revivifiée par les relais
trouvés au sein de l’exécutif en place.
En effet, les prises de position de
Manuel Valls77 et de Jean-Yves Le
Drian78 sont reprises par la grande
majorité des rédactions qui optent
parfois pour une mise en perspective
Des tentatives de clarifications
qui se heurtent à d’autres récits
La tonalité générale des productions
médiatiques choisissant de faire retour
sur le rôle de la France est très accusatrice. Les journalistes mobilisent de
nouveau un vocabulaire mettant en
valeur les « erreurs », les « fautes », la
« responsabilité » voire la « culpabilité »
française. Représentatif de ce regard
critique, l’article de Jean-Baptiste Naudet et de Christophe Boltanski – « La
France a-t-elle mené une guerre secrète
au Rwanda ? »73 – revient sur le dossier
à travers une série d’interrogations :
« la France a-t-elle épousé la vision
complotiste et raciale du pouvoir rwandais ? » ; « la France a-t-elle œuvré pour
la paix ? » ; « la France s’est-elle rendue
coupable de non-assistance à personne
en danger ? ». Ces prises de positions
critiques mobilisent les apports de
publications récentes74 ainsi que des
témoignages inédits, comme celui
révélant les erreurs, omissions et simplification du discours officiel, ou qui
rappellent par contraste les avancées
du discours officiel sous Nicolas Sarkozy. Les confusions entretenues par
les discours politiques se retrouvent
dans les articles de Marianne ou de
Causeur, qui prennent prétexte des
exactions commises par Kagame et le
FPR pour porter un regard sur le
Rwanda focalisé sur la figure de son
dirigeant, accusé d’être le commanditaire de l’attentat qui a couté la vie
au Président Habyarimana – et donc
d’être directement responsable du
déclenchement du génocide79.
moteurs de l’intérêt des médias français
pour l’événement. À ce titre, le génocide des Tutsis est désormais considéré
par la profession comme un événement
au statut singulier et les temps de
commémorations donnent lieu à un
réel effort de pédagogie et de clarification.
Cet effort est d’autant plus remarquable qu’il fait suite à une couverture
qui, en 1994, avait globalement échoué
à restituer la véritable nature de l’événement, et qu’il s’inscrit dans un
contexte où les autorités françaises,
d’hier et d’aujourd’hui, portent une
interprétation des faits bloquée sur la
vision fantasmée d’un engagement
français qui aurait été salvateur et
exemplaire. Ce récit, calqué sur le
récit dominant de 1994, focalise par
ailleurs les regards sur la figure de
Kagame et sur les exactions commises
par le FPR à la suite du génocide
dans le but d’équilibrer voire de renverser les responsabilités. La réussite
de ces opérations de brouillage de
l’intelligibilité est permise par la persistance de faits encore mal connus,
par le soutien de certains journalistes
et essayistes et par la persistance dans
les imaginaires de représentations traditionnelles valorisant l’action de la
France dans le monde. Cette crispation
rend difficile la construction d’une
mémoire apaisée de l’événement et
nourrit une controverse durable.
En définitive, durant ces vingt
années, un groupe de journalistes français aura contribué aux progrès de la
connaissance sur les modalités des
engagements français au Rwanda. En
dialogue avec des journalistes étrangers,
des milieux militants, les travaux de
certains chercheurs et les avancées de
la justice, ils auront permis d’attirer
l’attention sur un certain nombre de
faits, de témoignages et de documents.
Si les motivations de ce groupe de
journalistes restent à éclairer de manière
précise et si la cohérence qu’ils donnent
parfois à l’enchaînement de certains
faits peut être discutée – tout comme
certaines qualifications des responsabilités françaises –, force est de constater
que ces travaux ont constitué l’un des
Au sein de cette guerre des
mémoires, les historiens – et plus
généralement les chercheurs – ont
plusieurs rôles à jouer. Le premier est
d’enrichir les travaux existants sur les
modalités d’exécution du génocide,
sur ses conditions de réalisation ou
sur les récits construits sur l’événement
pendant celui-ci et a posteriori. Le
second est d’ouvrir plus largement
les chantiers consacrés à l’étude des
processus de décision de l’exécutif
français, à la diversité des positions
qui existent au sein de celui-ci, aux
différentes temporalités et dimensions
des opérations Turquoise et Amaryllis
ou aux rapports complexes entre la
France et le FPR80. Le dernier rôle
est de contribuer à la prise de
conscience que cette histoire est aussi
une histoire française : au sens où les
choix de l’État français et de certains
de ses responsables ont pesé sur le
destin des Rwandais ; au sens où résident sur notre sol, dans notre immédiate
proximité, des hommes qui ont fait
partie des assassins ; au sens enfin où
vivent aujourd’hui en France un certain
nombre de descendants et d’héritiers
de cette histoire rwandaise.
Notes
n°99, 2006, p.49-71 ; O. Lanotte, La France
au Rwanda (1990-1004). Entre abstention
impossible et engagement ambivalent, Bruxelles,
Peter Lang, 2007, 533 p. ; J. Morel, La France
au cœur du génocide des Tutsis, Paris, Izuba
édition/L’Esprit frappeur, 2010, 1565 p.
1
J.-P. Chrétien, M. Kabanda, Racisme et
génocide. L’idéologie hamitique, Paris, Belin,
2013, 304 p.
2
S. Audoin-Rouzeau, H. Dumas, Le génocide
des Tutsis rwandais. 20 ans après, in Vingtième
siècle, Revue d’histoire, n°122, avril-juin 2014,
p.3-16.
5
I. Veyrat-Masson, P. Blanchard, Les guerres
de mémoire. La France et son histoire, Paris, La
Découverte, 2008, 336 p.
3
L. Melvern, A people betrayed.The role of the
West in Rwanda’s genocide, Londres, Zed
Books, 2000, 288 p.
6
De premiers résultats ont été présentés
lors des colloques « Récits, constructions
mémorielles et écriture de l’histoire »
(Paris/Saint-Quentin-en-Yvelines; novembre
2014) et « Conflict and Commemoration
in the Postcolonial Francophone World »
(Londres ; novembre 2014) ainsi que dans
l’article: «L’empreinte des récits médiatiques.
Mémoires françaises du génocide des Tutsis
du Rwanda », in Les Temps Modernes, octobre-décembre 2014, p.166-188.
4
A. Des Forges, Aucun témoin ne doit survivre,
Paris, Karthala/FIDH, 1999, 936 p. ; D.
Ambrosetti, La France au Rwanda. Un discours
de légitimation morale, Paris, Karthala, 2001,
153 p. ; C. Coquio, « Guerre coloniale française et génocide rwandais : la responsabilité,
l’implication de l’État français et sa négation»,
Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique,
L’étude de l’ensemble des documentaires
et magazines d’information diffusés sur TF1,
FR2 et Arte depuis 1994 (137 documents
pour 75h37 de programmes) a été effectuée
et croisée avec celle des sujets diffusés dans
le JT de France 2 principalement en 1994
(242), 1998 (14), 2004 (5) et 2014 (5).
Ses objectifs officiels sont de mettre fin
aux massacres et de venir en aide aux populations civiles. A des Forges, op. cit., p.778.
V. Hugeux, « France : opération rachat »,
L’Express, 23/06/1994, p. 81-82 ; J.-P. Mari,
« Une intervention impartiale ? », Le Nouvel
Observateur, 23/06/1994, p. 45.
8
16
15
L’analyse est exhaustive lors des périodes
d’intensification de la couverture pour Le
Monde, Libération, Le Figaro, Le Point, L’Express,
Le Nouvel Observateur, Paris Match avec 248
productions étudiées en 1998, 139 en 2004
et 67 en 2014. Les rédactions suivantes L’Humanité, La Croix, Marianne, Le Monde
Diplomatique, Jeune Afrique, Causeur – ont
été prises en compte de manière plus ponctuelle.
Plusieurs milliers de réfugiés ont été
massacrés à Kibeho en avril 1995 par les
soldats de l’Armée patriotique rwandaise.
17
Sur la couverture de cette guerre : Silences
et récits, op. cit.
18
Les déclarations de F. Mitterrand à Biarritz
en décembre 1994, évoquant l’existence de
plusieurs génocides (Lanotte, op. cit., p.310)
et l’engagement de l’association Survie et
de ses présidents J. Carbonare (1988-1994)
et F.-X.Verschave (1995-2005) sur la question
française, contribuent à entretenir la controverse : F. –X.Verschave, Complicité de génocide ?
La politique de la France au Rwanda, Paris, La
Découverte, 1994, 175 p.
9
Nous renvoyons à notre ouvrage : Silences
et récits. Les médias français à l’épreuve des
conflits africains (1994-2015), Paris, Ina Editions, 2016. Voir également : J.-P. Chrétien,
« Dix ans après le génocide des Tutsis du
Rwanda. Un malaise français ? », Le Temps
des Médias, n°5, 2005/2, p.59-75 ; N. Réra,
Rwanda, entre crise morale et malaise esthétique,
Dijon, Les presses du réel, 2014, 648 p.
19
P. Krop, Le génocide franco-africain, faut-il
juger François Mitterrand ?, Paris, Lattès, 1994,
162 p. ; M. Ba, Rwanda. Un génocide français,
Paris, L’Esprit frappeur, 1997, 111 p. Citons
également : M. Sitbon, Un génocide sur la
conscience, Paris, L’Esprit frappeur, 1998, 159
p. ; J. -P. Gouteux, Un génocide secret d’État.
La France et le Rwanda, 1990-1997, Paris,
Editions sociales, 1998, 254 p.
10
Sur la couverture des médias étrangers :
A. Thompson, The media and the Rwanda
genocide, London, Pluto Press, 2006, 480 p.
11
« Lettre ouverte au Président de la République », MSF, publiée dans Le Monde le 18
mai 1994.
12
20 C. Braeckman, Rwanda, histoire d’un
génocide, Paris, Fayard, 1994, 341 p.
INA, JT, 20h, TF1, 16 mai 1994
21
En guise d’exemple : A. Frilet : « Accusé
de génocide, le Père Wenceslas Munyeshyaka
s’est réfugié en France », Libération,
20/06/1995.
13
Voir notamment : « Rwanda : les amitiés
coupables de la France », Libération,
18/05/1994, p.1; P. de Saint Exupéry, «ParisKigali : le virage de 1993 », Le Figaro,
3/06/1994, p.6 ; M.-P. Subtil, « La France
s’efface au Rwanda », Le Monde, 7/06/1994,
p.1.
22
« Autopsie d’un génocide », INA, La
Marche du Siècle, France 3, 21/09/1994.
polis, France 2, 9/02/1996.
FR2, 15/12/1998. Ces conclusions sont
violemment attaquées par A. Glucksmann qui
écrit : « Si notre pays s’était acoquiné avec
les tueurs outre-Rhin comme il le fit à
Kigali, M. Quilès aurait-il rendu une copie
aussi confuse, quatre ans après Auschwitz ? »
(« À pleurer », L’Express, 24/12/1998, p.44).
24
C. Lambroschini, P. de Saint-Exupéry,
« France-Rwanda : un génocide sans importance… », Le Figaro, 12/01/1998, p.4.
25
Ibid.
26
« Le syndrome de Fachoda », 13/01/1998,
p.4 ; « Des silences d’État », 14/01/1998,
p.4 ; « Le temps de l’hypocrisie», 15/01/1998,
p.5.
27
« Le syndrome de Fachoda », op. cit.
28
« Un génocide sans importance… », op.
35
Mises en place depuis 2001, les Gacaca
sont des assemblées populaires chargées traditionnellement de régler certains litiges au
sein d’un village ou d’une communauté et
qui ont été utilisées pour juger les personnes
suspectées d’avoir participé au génocide
cit.
36
29
En guise d’exemple : « Génocide sans
coupable », INA, Envoyé spécial, 26/04/2001.
« Le temps de l’hypocrisie », op. cit.
30
La plupart des faits avancés par P. de
Saint-Exupéry dans son enquête ont été
confirmés par des travaux ultérieurs et
notamment par l’enquête dirigée par A. des
Forges pour HRW et la FIDH : Aucun
témoin ne doit survivre, op. cit., p.757-798.
37
J. Hatzfeld, Dans le nu de la vie. Récits des
marais rwandais, Paris, Seuil, 2000, 233 p.
38
A. Alvès, La fabrique du témoignage : la
trilogie rwandaise du journaliste-écrivain Jean
Hatzfeld, soutenue en 2012 à l’Université
de Lorraine.
31
« La France aurait fourni des armes au
Rwanda pendant le génocide », Le Monde,
13/01/1998, p.5; M.-L. Colson, «Les Français
entraînaient les miliciens hutus », Libération,
28/02/1998, p.8.
39
De mars à mai 2004, S. Smith est à
l’origine de 43% des articles du quotidien
du soir. J.-P. Chrétien propose une analyse
éclairante des thèses véhiculées dans le
dossier du Monde du 10 mars 2004 : pour
lui, le quotidien du soir a choisi de « se
positionner dans un combat idéologique
entre Paris et Kigali » : « Dix ans après le
génocide des Tutsis du Rwanda… », op. cit.,
p.68-69.
32
Les travaux des parlementaires débutèrent
le 24 mars pour s’achever le 9 juillet 1998.
Les conclusions furent présentées par P. Quilès, le 15 décembre 1998. Sur les avancées
et les limites de ce rapport : « Rwanda.
Réflexions sur les rapports parlementaires
de la Belgique et de la France », Politique
africaine, n° 73, 1999/1, p.159-176.
40
S. Smith, « Le juge antiterroriste JeanLouis Bruguière a bouclé l’instruction sur
le crash de l’avion du président Habyarimana », Le Monde, 6/04/1994, p. 2. Si à
l’heure actuelle, les travaux des historiens
n’ont pas permis de trancher entre les différentes thèses en présence – les deux pistes
principales restant la responsabilité du FPR
ou d’extrémistes du Hutu power, l’enquête
des juges Trévidic et Poux établit en janvier
33 L’historien J.-P. Chrétien considère que
le prisme de la culpabilité n’est pas le
meilleur moyen de permettre à la commission
d’établir toutes les responsabilités : « Au
Rwanda, « la France » n’est pas coupable »,
Le Monde, 14/03/1998, p.17.
34
« Plateau Paul Quilès », INA, JT, 20h,
8/04/2004, p.8.
2012 que les missiles ont été tirés depuis le
camp de Kanombe alors aux mains des
FAR et de la garde présidentielle.
48
Dans cet ouvrage, P. de Saint-Exupéry
revient notamment sur l’épisode de Bisesero
déjà évoqué en 1994 et 1998. Il s’agit là
d’un point de cristallisation de la controverse
puisque l’armée française est accusée d’avoir
attendu trois jours avant de porter secours
à des réfugiés tutsi menacés : L’Inavouable, la
France au Rwanda, Paris, Les Arènes, 2004,
287 p.
41
Sur ce point, la différence entre la couverture du Monde et celles de Libération et
du Figaro est statistiquement flagrante : Le
Monde consacre 21% de ses articles aux
exactions du FPR ou à son rôle dans
l’attentat contre 9% pour Libération et 5%
pour Le Figaro (pour les mois de mars, avril
et mai 2004).
49 S. Smith, « L’infamante accusation de
« complicité » de la France est portée sans
preuves », op. cit.
42
S. Smith, « La « boîte noire » du Falcon
aurait été transférée, il y a dix ans, au siège
de l’ONU, à New York », Le Monde,
10/03/2004, p.3.
50
V. Hugeux, « Retour à Bisesero », L’Express,
12/04/2004, p.68-75 ; P. Sabatier, « Indécence », Libération, 7/04/2004, p. 3 ; C. Ayayd,
«Le silence coupable de la France», Libération,
7/04/2004, p.4.
43
Là encore, les statistiques sont frappantes :
9% des articles sont consacrés au rôle de la
France par la rédaction du Monde contre
33% pour Le Figaro et 35% pour Libération.
Lorsque Smith revient sur ce thème, c’est
le plus souvent pour contrer les accusations
qui pèsent sur la France.
51
« Rwanda : Le procès fait à la France », Le
Point, 15/04/2004, p. 47.
52
D. de Villepin est alors encore ministre
des Affaires étrangères pour quelques jours.
Il devient ministre de l’Intérieur le 31 mars
2004 : « Rwanda, les leçons d’un génocide »,
Libération, 25/03/2004, p.33.
44
Voir l’éditorial : « L’abîme rwandais », Le
Monde, 10/03/2004, p.15.
45
C. Ayad, « Kagame, la mèche du génocide
rwandais », Libération, 10/03/2004, p.10.
53
Y. Gounin, La France en Afrique, Paris, De
Boeck, 2009, p.43-47.
46
S. Klinkemallie a comparé les réactions
des journaux français et belges aux « révélations » de Smith : elle établit la méfiance
des journalistes belges qui soulignent dès
2004 – et confirment a posteriori – l’opportunité de la diffusion de telles informations,
quelques jours avant les commémorations.
M.-F. Cros, du Soir, considère par exemple
que « la fuite était organisée par les autorités
françaises » : Rwanda. La presse en question,
Villeurbanne, Golias, 2007, p.166-173.
54
Il s’agit là d’un des éléments expliquant
le relatif consensus de la part des anciens
responsables socialistes et du principal parti
de droite (RPR puis UMP). Rappelons
par ailleurs qu’E. Balladur, A. Juppé, D de
Villepin ou H. Védrine étaient associés au
pouvoir durant la deuxième cohabitation
(1993-1995) respectivement en tant que
Premier ministre, Ministre des Affaires étrangères, directeur de cabinet du Ministre des
affaires étrangères et Secrétaire général de
l’Elysée. Du côté de certains socialistes,
cette crispation sur la version officielle de
47
Propos rapportés par Francesco Fontemaggi
de Libération : « Kagame accuse la France en
la « regardant dans les yeux » », Libération,
B. Lugan, François Mitterrand, l’armée
française et le Rwanda, Paris, éd. du Rocher,
2005, 288 p.
1994 vise aussi défendre la mémoire de
François Mitterrand.
55
S’il rappelle les bienfaits de la mission
Quilès, il ne s’appuie pas sur les apports de
cette mission quant aux liens entretenus
par la France avec Kigali avant et pendant
le génocide. La réponse de Libération est
d’ailleurs cinglante : sous la plume de Jacques
Amalric, Libération évoque « un article aussi
convenu que discutable » et établi un lien
entre cet article et ce qu’il considère comme
« des fuites organisées pour faire connaître
les conclusions de l’enquête menée depuis
des années par le juge Bruguière ». Ce lien
est selon Amalric de tenter de replacer sur
le devant de la scène la version officielle
des faits afin « de faire oublier les responsabilités françaises»: «L’Afrique, une impossible
neutralité », Libération, 1/04/004, p.41.
62
Voir pour Marianne les articles de P. Girard,
P. Péan, R. Soubrouillard et A. Léauthier.
63
Ils profitent en cela des zones d’ombre
qui entourent encore les deux guerres du
Congo : G. Prunier, Africa’s world war, Oxford
University Press, 2011, 576 p.
64
Ont été recensés : « La France coupable »,
INA, France 5, Les détectives de l’histoire,
8/12/2010 ; « Rwanda, une intoxication
française », INA, Spécial investigation, Canal+,
8/04/2013. La fiction d’Alain Tasma, Opération Turquoise est diffusée en 2007 sur
Canal +.
65
Outre Bisesero, citons parmi les principaux
thèmes qui cristallisent les tensions durant
cette période : la polémique autour du
témoignage d’Abdul Ruzibiza ; les apports
de l’enquête du juge Trévidic sur l’attentat
du 6 avril ; les rencontres entre Kagame et
Sarkozy ; la publication de l’ouvrage de
Péan sur Kouchner (Le Monde selon K,
Paris, Fayard, 2009) ; les lenteurs de la justice
française…
56
Voir par exemple : R. Maison, G. de La
Pradelle, « L’ordonnance du juge Bruguière
comme objet négationniste. », Cités, n°57,
2014/1, p. 79-90.
57
Journaliste et écrivain, P. Péan est l’auteur
d’une vingtaine d’ouvrages dont Affaires
africaines (Fayard, 1983). P. Péan, Noires
fureurs, blancs menteurs, Paris, Mille et une
nuits, 2005, 544 p.
66
R. Moussaoui, « Le Rwanda, ente travail
de mémoire et désir de vivre », L’Humanité,
7/04/2014.
58
Voir notamment : « Rwanda, la France
accusée », INA, C dans l’air, France 5,
6/12/2005.
67
C. Bensimon, « La jeunesse rwandaise
veut refermer définitivement le livre noir
du génocide », Le Monde, 8/04/2014.
59
Sur cette littérature : E. Smith, « Les
derniers défenseurs de l’Empire : quand
l’armée française raconte son Rwanda »,
Les Temps modernes, n°680-681, p.66-100.
68
Un autre thème possède une centralité
forte : celui de la « traque » des génocidaires
(« Rwanda, des prêtres accusés », INA, Pièces
à conviction, 23/04/2014). Dans le genre
très codifié du reportage d’investigation, la
logique de programmation liée aux commémorations rencontre ici une logique
plus en connexion avec l’actualité, puisque
60
. Sur les récits négationnistes: J.-P. Chrétien,
« France et Rwanda : le cercle vicieux », Politique africaine, n°113, mars 2009, p.121-137 ;
H. Dumas, «Banalisation, révision et négation:
la « réécriture » de l’histoire du génocide des
Tutsis », Esprit, 2010/5, p.85-102.
ces programmations sont en partie la conséquence de l’action du Collectif des parties
civiles pour le Rwanda et du procès de
Pascal Simbikangwa qui s’est tenu à Paris
en mars 2014.
69
Dans Jeune Afrique (n° 2778, 6/04/1994),
P. Kagame évoque « le rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation
politique du génocide et la participation
de cette dernière à son exécution même ».
70
E. Balladur, L’Interview de Jean-Pierre Elkabbach, Europe 1, 7 avril 2014 ; le communiqué
de G. Longuet est notamment repris par
l’AFP (Dépêche, 9/04/2014, 12h23).
71
H. Védrine, « La France et le génocide
rwandais », France Culture, 4/04/2014 ; A.
Juppé, « L’honneur de la France », article
publié le 5 avril sur le blog de l’auteur.
72 Déclaration du porte-parole du Ministère
des Affaires étrangères reprise par Reuters
le 8 avril 2014.
73
Le Nouvel Observateur, 6/04/2014. Voir
également « Polémiques à tombeau ouvert »
publié en « une » du Canard enchaîné du 9
avril 2014.
74
Nous pensons ici aux ouvrages des journalistes J.-F. Dupaquier (Politiques, militaires
et mercenaires français au Rwanda, Paris,
Karthala, 2014), B. Collombat et D. Servenay
(Au nom de la France, guerres secrètes au
Rwanda, Paris, La Découverte, 2014).
75
Auteur de Vents sombres sur le lac Kivu,
G. Ancel confirme la dimension militaire
et offensive de l’opération Turquoise durant
ses premiers jours : « Nouvelles révélations
sur l’opération humanitaire française au
Rwanda en 1994 », site de France Culture,
http://www.franceculture.fr/2014-04-07nouvelles-revelations-sur-l-operation-humanitaire-francaise-au-rwanda-en-1994,
7/04/2014. À noter que L. de Vulpian avait
déjà recueilli le témoignage de Thierry
Prungnaud, ancien membre du GIGN qui
a participé à Turquoise et qui décrit les
conditions d’intervention de l’opération :
L. de Vulpian,T. Prungnaud, Silence Turquoise.
Rwanda 1992-1994. Responsabilités de l’État
français dans le génocide des Tutsis, Paris, Don
Quichotte, 2012, 348 p.
76
A. Juppé ose évoquer « l’accueil enthousiaste » des populations alors que, dès 1994,
quelques journalistes avaient dénoncé la
manière dont les autorités génocidaires
avaient préparé cet accueil pensant que les
soldats français venaient les aider à remporter
la guerre contre le FPR : « L’honneur de la
France », op. cit.
77
Déclaration de politique générale prononcée devant l’Assemblée nationale le
8 avril 2014.
78
Message cité par l’AFP (« Le Drian défend
le rôle de l’armée française en 1994 au
Rwanda», dépêche AFP, 11/04/2014, 9h28).
79
Pour une production en ce sens : G.
Mihaely, T. Le Méné, « La France n’a pas à
rougir de son action au Rwanda », Causeur,
10/04/2014, consultable en ligne,
http://www.causeur.fr/rwanda-operationturquoise-paul-kagame-27032.html.
80 Ajoutons la nécessité de ne pas laisser
l’étude de certains événements comme les
deux guerres du Congo à ceux qui font un
usage et une lecture idéologique de l’histoire.