Un jour de l'année 1994, Claude débarque dans la vie de Milan, ils ont 12 ans tous les deux. Enfin un frère ! Claude sait juste qu’il est venu du Rwanda jusqu’en France, pour soigner une blessure à la tête, mais l’enfant repart. Il ne gardera de lui que l'ours en peluche gagné à la fête foraine, et qu'il n'a pas eu le temps de lui offrir.
Comprendre les racines du mal
Après le divorce de ses parents, et quelques années plus tard, en 1998, sa mère d’origine rwandaise emmène Milan dans son pays d’origine. À part les informations télévisées, Milan n’en sait pas plus. Sa mère est totalement mystérieuse, Venancia a complètement "étanchéisé" sa vie du passé, et Milan n’aura de cesse d’essayer de comprendre.
Et c’est finalement sur lui-même que devra compter Milan pour découvrir que sa famille a littéralement explosé à cause de la guerre, celle qui a conduit au génocide des Tutsis par les Hutus, en avril 1994. Il fait connaissance avec sa grand-mère, Rosalie, dont il ne soupçonnait même pas l’existence, et surtout resurgit, grandi, Claude. La blessure à la tête a disparu, mais il est resté fracassé dans l'âme. Avec lui, Milan sort de son confort, il côtoie une bande d'orphelins, encadrée par un original, surnommé Sartre, qui récupère des livres qu'ils ont laissés chez les expatriés, partis en urgence.
Et puis il y a l’amie de sa mère, Eusébie, et sa petite fille, Stella. Stella qui, dès qu’elle le peut, grimpe dans son arbre, un magnifique Jacaranda. C’est avec elle que l’on ouvre les premières pages de cette histoire pleine de secrets, et que chacun va découvrir, pour comprendre ses racines.
Quand l'horreur ne permet plus aux rescapés de dire
Imprégnée, l'horreur a du mal à surgir, et c’est toute l’histoire de Milan et Stella en premier lieu, puis des autres personnages marquants de ce récit. Qu’ils s’appellent, Venancia, Claude, Rosalie, Eusébie, ou Sartre, chacun dans sa solitude, son silence face à la souffrance, ou attendant la vérité. Les réponses finissent par arriver dans l’intimité familiale, lors des juridictions ou des commémorations de cette guerre, dont on fête cette année le trentenaire, et que Gaël Faye nous aide à comprendre.
Quels destins ! On a du mal à reprendre son souffle après avoir lu cette histoire qui court sur plusieurs générations. Là où les marques indélébiles laissées par la barbarie du génocide et "la société de défiance" qui en a résulté, côtoient une infinie douceur, celle du temps de la réparation, et des mots choisis de Gaël Faye.