Fiche du document numéro 34517

Num
34517
Date
Mercredi 31 juillet 2024
Amj
Auteur
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Taille
195341
Sur titre
Diplomatie
Titre
Crise entre le Rwanda et la Belgique : plus d’ambassadeur, ni à Kigali ni à Bruxelles
Sous titre
Selon les informations de « Jeune Afrique », Bruxelles a retiré sa demande d’agrément du nouvel ambassadeur proposé à Kigali. Les tensions diplomatiques entre les deux pays montent d’un cran.
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Paul Kagame, le 14 mars 2024. © Vincent Fournier pour JA

Si Bert Versmessen, ambassadeur belge en poste depuis 2021 à Kigali, a célébré le 30 juillet son départ du pays avec le personnel diplomatique, son bureau restera inoccupé.

Selon nos informations, Bruxelles a en effet retiré le 19 juin, faute de réponse côté rwandais, sa demande d’accréditation pour un nouvel ambassadeur, laquelle avait été transmise à Kigali le 11 décembre 2023. Cette note, que Jeune Afrique a pu consulter, a été adressée par le Service public fédéral belge des Affaires étrangères belges à son homologue rwandais, via l’ambassade du Rwanda à Bruxelles.

Ultime réunion

Le 18 juin, les parties s’étaient réunies à Bruxelles. La représentation rwandaise a alors été « informée que le délai raisonnable de traitement de la demande […] était dépassé », et Bruxelles a laissé vingt-quatre heures à Kigali pour revenir sur ce que les Belges considèrent comme un « refus ». « Cette ultime demande étant, elle aussi, restée sans réaction ni explication, nous avons donc communiqué au Rwanda le retrait de notre demande d’agrément », explique le service public fédéral belge des Affaires étrangères à JA.

Est-ce une manière, pour le gouvernement de Paul Kagame, de rendre la pareille à la Belgique ? Depuis plus d’un an, le poste d’ambassadeur du Rwanda au royaume de Belgique est en effet vacant, Bruxelles ayant refusé d’accréditer Vincent Karega, ancien ambassadeur en Afrique du Sud puis en RDC. « Nous avons mis leur demande dans un tiroir, par réciprocité », qui ajoute qu’il s’agit d’un « refroidissement diplomatique » plus que d’une véritable « crise ». « Les autorités belges ont démontré au Rwanda quel type de relations bilatérales elles entendaient avoir avec nous. Le Rwanda en a pris acte », commente en écho, off-the-record, une source gouvernementale à Kigali.

Le diplomate rwandais est soupçonné par la Belgique d’être impliqué, dans le cadre de sa mission à Pretoria, dans la mort, jusque-là non élucidée, de deux ressortissants belges – dont l’un est d’origine rwandaise – Pieter Jan Staelens et Thomas Ngeze. Survenus en 2018, près du Cap, pour le premier, et à Johannesburg, pour le second, ces deux décès suspects donnent lieu en Belgique à des soupçons orientés contre le régime rwandais du fait de la filiation de Thomas Ngeze avec l’ancien journaliste Hassan Ngeze (condamné en appel à trente-cinq ans de prison par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, en 2007, pour son implication dans le génocide contre les Tutsi). Mais, aux yeux de Kigali, ce refus est avant tout lié au conflit entre Paul Kagame et son homologue et voisin congolais, Félix Tshisekedi.

Interrogé par Jeune Afrique à ce propos en mars dernier, le président rwandais avait indiqué que le problème « venait de Kinshasa ». « La RDC peut dicter sa conduite à la Belgique parce que la Belgique l’accepte », a affirmé Paul Kagame, réélu le 15 juillet pour un quatrième mandat à la tête du pays avec 99,18 % des voix. Et d’ajouter : « Nous ne proposerons pas d’autre ambassadeur que lui. »

Pas de rupture des relations diplomatiques

« Les relations diplomatiques ne sont pas rompues, les ambassades continueront à fonctionner au ralenti jusqu’à nouvel ordre », indique à JA une source officielle à Kigali. Les relations seront donc gérées, en interne, par des chargés d’affaires. Du côté rwandais, l’ambassadeur en poste à Berlin, Igor César, effectue des séjours réguliers à Bruxelles, puisqu’il a été accrédité en décembre 2023 auprès de l’Union européenne.

Cette situation « ne reflète pas de très bonnes relations, mais pas une grande crise non plus », poursuit notre interlocuteur à Kigali. Un avis partagé du côté belge. « Ce n’est pas une rupture des relations bilatérales, assure une source diplomatique. Mais ce downgrade intervient dans un contexte chargé qui a connu des crispations, malgré les multiples efforts de la Belgique en faveur d’une relation sereine. »

« L’attitude de la Belgique envers le Rwanda est généralement négative, réplique une source diplomatique rwandaise. Sur la RDC, la Belgique est le pays qui bloque le soutien du fonds européen pour la paix à nos troupes au Mozambique. » Le Rwanda y voit une volonté pour le royaume de maintenir de bonnes relations avec la RDC de Félix Tshisekedi.

Ex-puissance coloniale, la Belgique entretient par ailleurs des relations anciennes, diplomatiques comme économiques, avec le pays des Mille Collines. Mais l’exécutif belge, proche du régime du président Habyarimana avant le génocide des Tutsi en 1994, est divisé de longue date sur les dossiers relatifs au Rwanda. Les chrétiens-démocrates flamands et les socialistes wallons, notamment, sont jugés par Kigali trop hostiles au pays, voire franchement favorables à certains opposants en exil ou à leurs satellites, comme le média associatif Jambo News, basé en Belgique, qui avait révélé il y a tout juste un an le refus de Bruxelles d’accréditer Vincent Karega.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024