Fiche du document numéro 34442

Num
34442
Date
Vendredi 12 juillet 2024
Amj
Auteur
Taille
2045451
Titre
Le Rwanda ne cesse d’aduler le président Kagame
Sous titre
Après vingt-quatre ans au pouvoir, l’homme fort du pays mène une campagne gagnée d’avance pour sa réélection le 15 juillet. Des observateurs internationaux dénoncent un manque de pluralisme.
Nom cité
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Lieu cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Paul Kagame, lors d’un meeting dans le district de Musanze le 22 juin. Guillem Sartorio, AFP

Les tambours et les chants ont retenti toute la nuit dans les rues de terre rouge de Kayonza, à 100 km de Kigali. Et pour cause : au petit matin, la ville de l’est du Rwanda doit accueillir la personnalité la plus adulée du pays, son excellence Paul Kagame, le tombeur du régime génocidaire en juillet 1994 et omni-président du Rwanda depuis vingt-quatre ans. En campagne pour sa réélection, il devrait entamer, sans surprise, un quatrième mandat à la tête du pays des mille collines, après les élections générales du 15 juillet.

Trente ans après le génocide perpétré contre les Tutsi, l’adoration quasi-religieuse pour celui qui a fait du Rwanda l’un des pays les plus développés du continent (avec une croissance de 7 % depuis dix ans) ne semble pas faiblir. Score attendu : entre 90  % et 98 %. Seuls deux opposants sans illusion – Frank Habineza, chef du Parti démocratique vert et Philippe Mpayimana, candidat indépendant – sont autorisés cette année à se présenter face à Paul Kagame. Dix autres partis politiques se sont ralliés au Front patriotique rwandais (FPR), le parti au pouvoir fondé en 1987.

Sur des affiches de plusieurs mètres de haut installées dans les principales villes du pays, l’Inkotanyi (« invincible guerrier ») salue le peuple rwandais.

« Nous sommes là pour le célébrer »



Comme partout ailleurs, Kayonza s’est préparée depuis des semaines pour montrer son meilleur jour au « père de la nation » et homme (très) fort du pays. Le long des routes, façades et bordures de trottoirs sentent la peinture fraîche. « Il faut que ça soit beau pour notre Président. Il a tout fait pour nous », s’enthousiasme un travailleur municipal, pinceau à la main. Partout, les couleurs du parti présidentiel inondent le chant de vision : pas un rond-point ni un lampadaire n’échappent aux drapeaux rouge, blanc, bleu.

Ils sont plusieurs dizaines de milliers (jusqu’à 280 000 assure le FPR) à s’être déplacés pour assister au meeting, dont des milliers convoyés depuis d’autres districts par des bus affrétés par le parti. Certains sont arrivés au milieu de la nuit pour avoir une place au plus proche de l’estrade présidentielle. « Nous ne sommes pas là pour convaincre les gens de voter Paul Kagame, ils le feront déjà. Nous sommes là pour le célébrer », assure Alice, militante politique de 22 ans. « Il est plus qu’un Président. C’est un père pour les Rwandais. Il m’a sauvé la vie », renchérit, à côté d’elle, Pacifique, 33 ans et survivant du génocide, casquette « Paul Kagame » sur la tête.

« Notre pays a besoin de stabilité »



Alors qu’Amnesty International met en garde contre des « restrictions sévères » de l’activité politique et de la liberté d’expression, que répondent ces jeunes partisans aux accusations de manque de pluralisme lancées par les observateurs internationaux ? « Les gens ne comprennent pas, qu’avec notre histoire, nous avons besoin de stabilité, juge Alice. D’autres politiciens viendront après lui et pourront diriger le pays en paix grâce à Paul Kagame. »

Ce jour-là, comme lors d’autres meetings, la foule des Rwandais attendra jusqu’à 15 h 30, parquée debout dans la chaleur de la saison sèche. Pour la faire patienter, des chansons composées à la gloire de Paul Kagame résonnent sans interruption, tandis que les jeunes militants du FPR entonnent des slogans que la foule fatiguée peine à reprendre. Jusqu’à l’arrivée de leur leader, fendant une marée de drapeaux brandis par ses partisans. Il prononcera un discours d’une vingtaine de minutes, avant de disparaître.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024