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Il y a trente ans au Rwanda, les populations tutsies étaient massacrées par les Hutus. Un génocide commémoré officiellement pour la première fois à Lille, hier.
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plflamen@lavoixdunord.fr
LILLE. « Il n’y en a pas beaucoup qui ont fui. On était terrés quelque part. Sur la radio des 1000 collines, ils donnaient le nom des gens et leur lieu de résidence. Ils ont donné mon nom. Ils m’ont cherché chez moi, je n’y étais pas heureusement. » Thérèse avait 23 ans en 1994. Elle était enceinte, elle était Tutsie. Au Rwanda, il y a 30 ans, des gens l’ont recherchée pour la tuer.
Hier après-midi, elle a revêtu comme d’autres la robe traditionnelle rwandaise, l’umushanana, et s’est rendue, rose blanche à la main, sur le monument aux morts de la place Rihour. Une cérémonie qui avait le mérite, pour la première fois, d’être officielle avec des représentants du préfet, du conseil régional, de la ville, du Sénat. L’ambassadeur du Rwanda en France aussi.
Mais il y avait surtout ces victimes. Celles qui ne sont plus là et dont on a cité le nom. Et les rescapées comme Thérèse : « Là, ils donnent le nom de familles où il n’y a plus personne. Moi, j’ai perdu plein de gens. » Sylvie Ella Imeninema, présidente de l’association des étudiants rwandais de Lille, a aussi connu le génocide : « j’avais quatre mois. ma mère m’avait moi et trois sœurs plus âgées. ils ont trouvé refuge au centre pastoral saint-paul à kigali. aujourd’hui, je ne me sens pas tutsie. je me sens rwandaise et rescapée. j’ai perdu des membres de ma famille mais ce n’est rien par rapport à d’autres. il y a beaucoup de gens qui restent comme un seul arbre dans une forêt rasée. les derniers survivants de leur famille. c’est pour cela qu’il faut s’en souvenir trente ans après. »