De notre correspondante à Kigali.
Au milieu d’une salle d’hôtel, deux formateurs montrent les techniques d’évacuation à un groupe de jeunes volontaires. Parmi eux, Alice Tuyizere, 22 ans, étudiante dans la ville de Musanze, dans le nord du pays. «
C’est ma première fois comme volontaire. Je suis Rwandaise, donc je veux aider mes concitoyens, je veux pouvoir les aider du mieux possible. »
Cent-vingt étudiants de 40 universités du pays seront déployés pendant les commémorations. À tour de rôle, chacun pratique les techniques de premiers secours enseignées : position latérale de sécurité en cas d’évanouissement, évacuations vers les centres dédiés à la santé mentale dans les cérémonies... Une prise en charge particulière, explique Alice Tuyizere :
«
J’ai appris beaucoup de choses sur comment aider quelqu’un en crise traumatique pendant les commémorations, comment le calmer, comment lui parler, et l’aider de plusieurs façons. Certaines personnes qui sont traumatisées ne sont pas prêtes à surmonter ce qu’il leur est arrivé. »
Crises de panique, hallucinations, flashbacks… L’année dernière, les autorités ont enregistré plus de 2 800 interventions au cours de la première semaine de commémoration. Dans la salle, Athanase Nsengiyumva, psychologue, donne des conseils aux jeunes volontaires sur la prise en charge des crises traumatiques.
Formations en cascade
Ces besoins périodiques sont trop importants pour les 16 psychiatres, 2 000 psychologues et 500 infirmières psychiatriques pratiquants au Rwanda. Depuis février, des formations de personnels soignants généralistes et de volontaires sont organisées pour préparer les commémorations. Des formations en cascade, explique Audace Mudahemuka, coordinateur national du groupe d’étudiants :
«
On forme trois personnes par université, et ces trois personnes deviennent à leur tour des formateurs. Ils forment à leur tour des étudiants dans leur université pour avoir un grand nombre de personnes avec des compétences de base pour soutenir. »
Plus d’un quart des rescapés du génocide souffrent encore de stress post-traumatique. Les besoins en accompagnement psychologique ne s’arrêtent pas à la période de commémoration : selon les autorités, un Rwandais sur cinq est affecté par des problèmes de santé mentale, en majorité par la dépression.