Ce dimanche 7 avril, le message d'Emmanuel Macron s'éloigne du message préalable transmis par l'Élysée il y a trois jours. «
Le passé devait être nommé, le passé doit continuer d'être analysé, étudié par [les] historiens dans les meilleures conditions », affirme le chef de l'État.
Le président français a «
tout dit » le 27 mai 2021 lors de son déplacement à Kigali, où il avait déclaré «
reconnaître » les «
responsabilités » de la France, dans l'abandon de «
centaines de milliers de victimes ».
Dans une vidéo diffusée à l'Unesco lors d'une cérémonie en présence de l'ambassadeur rwandais à Paris, le chef de l'État a réaffirmé ce dimanche la volonté de la France de «
continuer à avancer ensemble, main dans la main », avec le Rwanda, «
avec une volonté d'espérance, qui ne peut se bâtir que lorsque le passé est regardé en face et assumé ».
Message très éloigné de celui transmis par l'Élysée jeudi
On est tout de même très loin du message préalable transmis par l'Élysée à la presse, jeudi dernier, qui énonçait que «
la France aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, mais n’en a pas eu la volonté ». Elle en avait les moyens en raison de «
sa connaissance des génocides que nous avaient révélés les survivants des Arméniens et de la Shoah ».
Des mots forts, qui marquaient un pas supplémentaire dans la reconnaissance des responsabilités de la France, qu'Emmanuel Macron n'a finalement pas utilisés.
Est-ce un rétropédalage qui ne dit pas son nom, ou une erreur de communication ? Difficile de comprendre à cette heure ce qui s'est réellement passé. À l'Élysée, on parle de «
surinterprétation » par les médias des éléments envoyés à la presse et l'on reconnaît que «
l'on s'est peut-être mal fait comprendre ». Il n’y avait jamais eu «
de changement par rapport à ce discours », «
c’est peut-être une erreur de notre part dans le choix des mots, mais l’intention, insiste notre source, était bien de parler de l’abandon des victimes ».
L'historien Vincent Duclert, qui a présidé une commission ayant rendu un rapport historique sur les responsabilités de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda, estime qu'il n'y a «
pas de recul » entre le message transmis par l'Élysée jeudi 4 avril et les déclarations du chef de l'État français ce dimanche. L'historien préfère souligner la force du discours de mai 2021, dans la lignée duquel Emmanuel Macron continue de s'inscrire, tout en encourageant la recherche.