Date
Tuesday April 26, 1994
Titre
Letter to The Honorable Bruno Delaye, counsellor to the President of the Republic of France
Tres
La directrice de Human Rights Watch exprime à Bruno Delaye sa préoccupation alors que la France s'apprête à recevoir un ministre du gouvernement autoproclamé du Rwanda et un dirigeant du parti CDR dont la milice mène une campagne de massacres que HRW et la Croix-Rouge internationale qualifient de génocide des Tutsi. Elle l'informe que la Maison-Blanche a dressé une liste de chefs militaires qui ont déclenché les massacres.
Résumé
On April 26, 1994, Human Rights Watch sends a letter to Bruno Delaye, advisor to French President François Mitterrand, expressing concerns because the French government officially received a delegation from the "self-proclaimed government of Rwanda", and asks the French government to use his considerable connections with the Rwandan army officials to publicly urge them to put an end to the genocide that they put in motion.
Traduction
Son Excellence Bruno Delaye
Conseiller du Président de la République française
Elysée
Paris, France
Cher Monsieur Delaye
J'ai eu l'honneur de vous rencontrer à Human Rights Watch lorsque vous étiez à Washington au début de cette année, et je crois que vous avez reçu une membre de mon conseil d'administration, Mme Alison Des Forges, lorsqu'elle était à Paris il y a plusieurs mois. Je vous écris maintenant pour solliciter votre attention personnelle sur un sujet important. Je suis informée que votre gouvernement a reçu une délégation du gouvernement autoproclamé du Rwanda, comprenant M. Jérôme Bicamumpaka, le « Ministre des Affaires étrangères », et Jean Bosco Barayagwiza, le Président de la CDR (Coalition pour la Défense de la République) parti politique. Comme vous le savez sûrement, ce sont les milices affiliées à la CDR et au MRND qui ont mené une extraordinaire campagne d'exactions contre des personnalités politiques modérées et contre la population tutsi du Rwanda. Human Rights Watch et le Comité international de la Croix-Rouge ont qualifié le massacre des Tutsi de génocide.
Je suis très troublée d'apprendre que votre gouvernement reçoit ces personnes. J'ai été informée qu'ils ont rencontré aujourd'hui M. Simon de votre Direction de la Coopération, et que demain ils rencontreront M. de la Sablière du Ministère des Affaires étrangères, et qu'ils seront également reçus à l'Elysée.
J'ai pensé que vous seriez intéressé de savoir que la Maison Blanche a publié une déclaration le vendredi 22 avril, dans laquelle elle identifie nommément un certain nombre d'individus de l'armée rwandaise qui sont directement responsables des massacres, et les appelle à mettre un terme à ces atrocités. Une copie de cette déclaration est jointe.
Human Rights Watch/Afrique a reçu de nombreuses informations sur la nature bien planifiée et ciblée de cette campagne de massacres, qui a dévasté le Rwanda en quelques semaines seulement. (Le Département d'État affirme maintenant que le nombre de morts dépasse largement les 100 000.) Nous pensons que les individus cités dans la déclaration de la Maison Blanche ainsi que le colonel Mpiranya, le chef de la Garde présidentielle, a déclenché la violence et qu'ils peuvent y mettre un terme. Il suffit de regarder la préfecture de Butare pour constater comment délibérément cette campagne a été organisée et menée par l'armée et les milices : jusqu'au mercredi 20 avril, Butare était calme, sans meurtres. Ce jour-là, cependant, le gouverneur modéré du préfet a été démis de ses fonctions et un militaire pur et dur a pris la relève. Immédiatement, les massacres ont commencé, des responsables de l'armée rwandaise accompagnant les milices pendant qu'ils massacraient. Veuillez consulter ci-joint notre communiqué de presse d'hier sur les récents développements à Butare.
Lors de nos réunions avec le conseiller à la sécurité nationale et d'autres hauts responsables du gouvernement américain, je leur ai demandé de contacter directement le gouvernement français pour l'exhorter à utiliser ses liens considérables avec l'armée rwandaise pour les exhorter publiquement à mettre fin à la campagne de génocide qu'ils ont déclenchée. Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir considérer cette demande et d'user de votre influence pour que ce message soit transmis aux visiteurs que vous recevrez demain à l'Elysée.
Merci de l'attention que vous portez à cette importante question.
Trés respectueusement,
Holly Burkhalter
Directrice à Washington
Human Rights Watch
Citation
The honorable Bruno Delaye
Counsellor to the President of the Republic of France
Elysée
Paris, France
Dear Mr. Delaye
I had the honor of meeting with you at Human Rights Watch when you were in Washington earlier this year, and I believe you received a member of my board, Ms. Alison Des Forges, when she was in Paris several months ago. I am writing now to request your personal attention to an important matter. I am informed that your government has received a delegation of the self-proclaimed government of Rwanda, including Mr. Jerome Bicamumpaka, the "Minister of Foreign Affairs," and Jean Bosco Barayagwiza, the President of the CDR (Coalition for the Defense of the Republic) political party. As I am sure you are aware, it is the militias affiliated with the CDR and the MRND which have carried out the extraordinary campaign of abuses against moderate political figures and Rwanda's Tutsi population. Human Rights Watch and the International Committee of the Red Cross have identified the slaughter of the Tutsis as genocide.
I am very disturbed to learn that your government is receiving these individuals. I was informed that today they met with M. Simon of your Cooperation Directorate, and that tomorrow they will meet with M. De la Sabliere of the Foreign Ministry, and that they will also be received at the Elysee.
I thought you would be interested to know that the White House issued a statement on Friday April 22 which identified by name a number of individuals in the Rwandan army who are directly responsible for the mass killings, and called upon them to put a stop to the atrocities. A copy of that statement is enclosed.
Human Rights Watch/Africa has received a great deal of information about the well-planned, targetted nature of this campaign of killings, which has devastated Rwanda in just a few short weeks. (The State Department is now saying that the number dead is well over 100,000.) We believe that the individuals named in the White House statement as well as Col. Mpiranya, the head or the Presidential Guard, started the violence, and that they can stop it. One need look no further than Butare Prefect to see how deliberately this campaign was organized and carried out by the army and the militias: until Wednesday, April 20, Butare was quiet, with no killings. On that day, however, the moderate governor of the prefect was removed and a hard—line military figure took over. Immediately the killing started, with Rwandan army officials accompanying the militia as they slaughtered. Please see attached our news release of yesterday on recent developments in Butare.
In our meetings with the National Security Advisor and other top U.S. government officials, I have asked them to contact the Government of France directly to urge that your government use its considerable connections with the Rwandan military to publicly urge them to stop the campaign of genocide that they put in motion. I would be most grateful if you would consider this request, and use your influence to see that this message is conveyed to the visitors you will be receiving tomorrow at the Elysee.
Thank you for your attention to this important matter.
Respectfully,
Holly Burkhalter
Washington Director
Human Rights Watch
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