Date
Samedi 2 juillet 1994
Sur titre
Journal de 13 heures [2:01]
Titre
Près de 6 000 personnes s'entassent dans le camp de Nyange. Une fois encore, ils fêtent les Français comme des libérateurs
Résumé
- At the rate of breakdowns and punctures, the French soldiers accompany the last Sister from the Kibuye mission. Direction Kivumu, last town before the front line, 15 kilometers from the war.
- In his mission, refugees from all over the country. They advance to the rhythm of the battles.
- To make us fully understand the rout of the civilians, this Sister takes us to a class where a baby is trying to find a little rest. The Sister: "I took her there. She was born in the forest yesterday".
- Throughout the village, the crowd is waiting. The vehicles are no longer even unloaded. Seven kilometers away, nearly 6,000 people are crowded into the Nyange camp. Once again, they celebrate the French as liberators. Who are they ? The versions differ. A villager: "These are people who come from almost everywhere, all ethnic groups". A refugee: "There are no more Tutsi in the camp".
- Only war propaganda has a voice. Off camera, a Hutu engineer will drop us this little sentence: "When two elephants clash, it’s the grass that suffers". Way to put the government and the RPF back to back.
Here at the Nyange camp, the grass is the refugees: there is no more food, no medicine. At the foot of a tree, a little girl is dying.
Citation
[Philippe Boisserie :] Au rythme des pannes et des crevaisons, les militaires français raccompagnent la dernière Sœur de la mission de Kibuye [on voit un homme noir en train de changer la roue d'un minibus dans lequel est assise une religieuse]. Direction Kivumu, dernière ville avant la ligne de front, à 15 kilomètres de la guerre [on voit une jeep P4 escorter le minibus ; le plan suivant montre en gros plan un drapeau tricolore accroché à un tronc d'arbre ainsi qu'une affiche sur laquelle on a écrit : "FPR Inkotanyi = assassins"].
[On voit un militaire français tout sourire dire à la Sœur évacuée : "Ils vont être surpris". Puis Philippe Boisserie s'adresse à cette dernière : - "Vous les connaissez ces gens, ma Sœur ?". Réponse : - "Non. Ce sont les…, les déplacés qui arrivent qui…, qui…, qui viennent d'arriver dans ces jours-ci… quand je…, j'étais partie".]
Dans sa mission, des réfugiés venus de tout le pays. Ils avancent au rythme des combats [on voit la Sœur saluer une autre religieuse devant des réfugiés].
[Un habitant : - "Y'a eu beaucoup de bombardements. Mais surtout pour essayer de prendre le poste. Mais le poste n'est pas encore pris à mon avis". Question de Philippe Boisserie : - "Quelle a été la réaction des gens qui étaient réfugiés là ?". Réponse : - "Ah, ils ont envie d'partir !".]
Pour bien nous faire comprendre la déroute des civils, cette Sœur nous emmène dans une classe où un bébé tente de trouver un peu de repos [gros plan sur le visage du bébé].
[La Sœur : "Je l'ai prise là-bas [elle tourne sa tête vers l'extérieur du bâtiment]. Elle est née dans la forêt hier".]
Dans tout le village, la foule attend. Les véhicules ne sont même plus déchargés. À sept kilomètres de là, près de 6 000 personnes s'entassent dans le camp de Nyange. Une fois encore, ils fêtent les Français comme des libérateurs [on voit une foule de réfugiés acclamer les militaires français qui roulent dans un véhicule civil frappé d'un logo "Miniprisec"]. Qui sont-ils ? Les versions divergent [on voit des militaires français au béret noir et des militaires des FAR au béret rouge se faire acclamer par la foule].
[Un villageois interrogé par Philippe Boisserie : - "Ce sont des gens qui viennent d'un peu partout, toute ethnie confondue. Et ce sont que des…". Philippe Boisserie : - "Y'a des Tutsi ici ?". Le villageois [il semble surpris par la question] : - "Y'a des Tutsi ici ?". Philippe Boisserie : - "Y'en a pas beaucoup ?". Le villageois : - "Mais disons que c'est suivant les normes qu'on connaît dans le pays".
Philippe Boisserie s'adressant à un réfugié d'un certain âge : - "Il y a des Tutsi ici ?". Le villageois : - "Non il n'y en a pas. Déjà fini !". Philippe Boisserie : - "Y'a plus de Tutsi dans le camp ?". Le villageois : - "Non, non ! Y'en a pas".]
Deux hommes en chapeau viendront le faire taire. Seule la propagande de guerre a voix au chapitre [on voit deux hommes en chapeau discuter avec le réfugié]. Hors caméra, un ingénieur hutu nous lâchera cette petite phrase : "Lorsque deux éléphants s'affrontent, c'est l'herbe qui en pâtit". Façon de renvoyer dos à dos le gouvernement et le FPR [diffusion d'images de réfugiés].
Ici au camp de Nyange, l'herbe, ce sont les réfugiés : il n'y a plus de nourriture, pas de médicament. Au pied d'un arbre, une petite fille se meurt [gros plan sur le visage de la petite fille].
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