Fiche du document numéro 33356

Num
33356
Date
Vendredi 27 janvier 1995
Amj
Taille
26735
Titre
MSF fustige l'inertie onusienne face aux conflits dans le monde
Nom cité
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Mot-clé
MSF
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Un demi-siècle après l'engagement solennel des Nations unies à prévenir et punir le crime de génocide (Convention de 1948), le monde est resté sans réaction face à celui des Tutsis au Rwanda. Cette terrible inertie est au cœur du rapport annuel (1) sur les crises majeures et l'action humanitaire que Médecins sans frontières (MSF) a publié le 25 janvier à l'occasion de la Troisième journée internationale pour les populations en danger.

«La tardive intervention française a pourtant démontré qu'il aurait été possible de sauver les Tutsis», écrit Alain Destexhe dans un avant-propos. Pour le secrétaire général du bureau international de MSF, l'élan humanitaire qui a suivi la catastrophe rwandaise n'a servi qu'à «effacer la honte initiale de la non-intervention».

Renaissance des idéologies racistes



Les différents auteurs qui participent au rapport de MSF s'inquiètent, une fois de plus, de ce que l'action humanitaire ait pris le pas sur la morale et l'action internationale quand renaissent, rappelle Alain Destexhe, «les idéologies racistes, qui hiérarchisent les groupes, excluent et rejettent l'autre». Dans le même registre, Rony Brauman vilipende «le sentimentalisme qui ronge notre capacité d'indignation» et qui n'a d'autre raison d'être que d'habiller une «politique de l'impuissance».

La première organisation humanitaire d'aide médicale privée dans le monde examine, en détail, le cas de cinq pays --­ Brurundi, Rwanda, Zaïre, Haïti, Bosnie --­, cinq conflits et cinq modes d'intervention qui reflètent la tendance, estime MSF, à une régionalisation du maintien de la paix. Cette tendance risque de «signifier l'abandon de populations qui n'auront pas d'intérêts, même ambigus, aux yeux d'une grande puissance», analyse Alain Destexhe. Le rapport aborde également les difficultés de l'après-conflit : les mines antipersonnelles qui continuent de tuer dans plus de trente pays. 25.000 amputés pour 8 millions d'habitants au Cambodge, des chiffres du même ordre de grandeur en Afghanistan ou en Angola ; les réfugiés, dont le nombre continue de s'accroître. Ils sont plus de 19 millions, auxquels il faut ajouter 25 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leurs frontières, qu'il faut nourrir, soigner, protéger des épidémies et notamment celles liées aux carences vitaminiques (1).

Recrudescence de la tuberculose



Selon Alain Moren, «sur les 50 millions de décès survenant chaque année dans le monde, 17 millions seraient dus à des pathologies infectieuses ou parasitaires» qui frappent essentiellement les populations des pays pauvres. La tuberculose est la plus mortelle des endémies, réactivée depuis le début des années 80 par l'épidémie de sida. Il y aurait, selon MSF qui reprend des estimations récentes, 16 millions de personnes infectées par le VIH, dont un million d'enfants. Quant à la tuberculose, avec 8 millions de nouveaux cas et 3 millions de décès annuels, elle redevient un des problèmes prioritaires, avec le paludisme qui connaît une importante recrudescence.

Pour la première fois, ce rapport annuel présente un «atlas humanitaire», synthèses et cartes des principaux problèmes auxquels sont confrontées les organisations humanitaires. Le Soudan fait l'objet d'un traitement à part, triste privilège pour un pays entraîné depuis dix ans dans un conflit où s'entremêlent les détresses évoquées dans le rapport.

M.-L.C.

(1) Populations en danger. 1995. Médecins sans frontières. Ed. la Découverte. 115 F. 175 pp.

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