Citation
« J'ai été reçu au Quai d'Orsay et à l'Elysée. C'est normal, je
représente le gouvernement du Rwanda », avait déclaré, jeudi, le
« ministre » rwandais des Affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka, en
visite à Paris. Interrogé sur le nom de ses interlocuteurs français,
celui-ci n'avait pas donné de réponse, soulignant que « les
institutions comptent plus que les hommes ».
Vendredi, nous avons donc voulu savoir qui a reçu M. Bicamumpaka.
A l'Elysée après recherche, on nous a confirmé qu'un « conseiller du
président » avait rencontré le « ministre ». Qui ? le mystère reste
entier puisque notre correspondante nous a indiqué qu'elle « n'en
dirait pas plus ». Au Quai d'Orsay, on nous a d'abord répondu tout de
go : « Le ministre » (Alain Juppé -- NDLR). Mais après vérifications,
il aurait été finalement reçu « par un fonctionnaire »...
Ce « ministre », d'un gouvernement nommé à la hussarde, semble avoir
obtenu à Paris ce qu'on lui refuse ailleurs : une reconnaissance
officielle. De New York, le Front patriotique rwandais (FPR) a dénoncé
cette visite en indiquant que la France « reconnaissait un régime
criminel ». Cette organisation a d'ailleurs appelé les Etats membres
de l'OUA et de l'ONU à ne pas « reconnaître un gouvernement dont
certains membres sont des criminels de droit commun ».
De son côté, l'antenne africaine de l'organisation américaine Human
Rights Watch a notamment déclaré : « Pendant que les milices
tuent, M. Bicamumpaka se réunit à Paris avec les fonctionnaires du
ministère de la Coopération, le directeur du Département africain, un
conseiller du Quai d'Orsay et des fonctionnaires de l'Elysée. »
Human Rights Watch « insiste pour que la communauté
internationale refuse tout soutien à un régime bâti sur des milliers
de cadavres. »