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Bruno Masure : Avec nous Charles Pasqua qui est… notre invité pour parler du projet sécurité, bien sûr. Nous y reviendrons dans quelques minutes. Mais vous êtes ministre d'État, vous pouvez donc vous exprimer sur ce dossier très, très compliqué, très délicat. Jacques Baumel, qui appartient à votre parti, le RPR, et qui est vice-président de la commission de la Défense à l'Assemblée, a déclaré aujourd'hui : "Il faut au plus vite stopper l'opération Turquoise. Nous mettons le doigt dans un engrenage qui risque de nous entraîner très loin".
Charles Pasqua : Ben, les risques existent c'est indiscutable… Mais je crois que nous nous déshonorerions en quittant ce pays, alors qu'il y a des millions de gens qui sont, euh, menacés ! Non seulement… par, euh, la famine, etc., mais aussi par cette guerre tribale ! Le rôle de la France est de protéger tous ceux qui sont menacés, quelle que soit leur ethnie. On ne peut qu'espérer une chose, le souhaiter, l'attendre : c'est que les autres nations se décident également à intervenir ! Et notamment les Nations unies, le Haut-Comité des réfugiés. Euh, c'est cela qu'il faut, euh…, essayer d'obtenir.
Bruno Masure : Alors précisément la France a joué et joue encore un très grand rôle politique, historique, euh…, diplomatique en Afrique. Est-ce que c'est pas un peu inquiétant tout d'même, pour les autorités, pour le gouvernement, de voir les Africains, à l'exception des Sénégalais, freiner… autant pour, euh, venir, euh, nous aider ?
Charles Pasqua : Bah, ce n'est pas qu'ils freinent ! Mais je pense que…, pour eux, ces affrontements tribaux ne…, ne revêtent pas le caractère atroce qu'ils ont pour nous ! Euh, je crois que il y a un manque de…, de…, de…, de…, de solidarité, c'est indiscutable. Euh, la France doit donner l'exemple, elle le fait. Elle a pris beaucoup de risques dans cette affaire. Mais il faut que maintenant d'autres s'engagent. Ou alors à quoi servent les Nations unies, n'est-ce pas ? C'est pas seulement le problème des Africains. C'est le problème des Nations unies.
Bruno Masure : Et si donc personne ne s'engage, si dans un mois on est encore tous seuls, on…, qu'est-ce qu'on fait ?
Charles Pasqua : Ah ben, nous avons déjà dit que nous ne resterions pas. Au-delà de la fin juillet, nous ne resterions pas.