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Alain Gauthier, cofondateur du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) est l'invité de 6h20. Un ancien gendarme rwandais, Philippe Hategekimana, va comparaître devant les assises de Paris du 10 mai au 30 juin.
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C'est seulement le cinquième procès en France lié à la guerre civile au Rwanda. "Pour nous, c'est l'aboutissement d'une longue démarche", raconte Alain Gauthier. "M. Hategekimana, que nous poursuivons en justice, nous avait été signalé il y a quelques années dans la région de Rennes. Et nous avons dû, comme nous le faisons à chaque cas de génocides, aller à plusieurs reprises au Rwanda pour enquêter, recueillir des témoignages, les donner à nos avocats et pouvoir déposer plainte."
Qu'est-il reproché à Philippe Hategekimana ? "Il était un gendarme de la brigade de Nyanza, dans le sud du Rwanda", explique Alain Gauthier. "Il lui est reproché un nombre important de crimes : avoir installé les barrières pour contrôler l'ethnie des habitants, avoir participé à des tueries très importantes sur certaines collines, en faisant même intervenir ses gendarmes, et en faisant même installer des mortiers par endroits pour tirer sur les Tutsis qui y étaient réfugiés."
"Certains témoins l'accusent d'avoir tué lui-même", et pas seulement d'avoir donné des ordres en ce sens. "Mais tout ça sera révélé au moment du procès."
"Dès qu'ils arrivent en France, ils se refont une virginité"
"Comme toutes les personnes qu'on a jusqu'à maintenant déferrées devant la cour d'assises, il nie absolument tout ce qui lui est reproché", précise le cofondateur du Collectif des parties civiles pour le Rwanda. Et ce, malgré sa fuite en France et son changement de nom pour être incognito. "On a l'habitude de ce genre de personnages : dès qu'ils arrivent en France, ils se refont une virginité, ce sont de bons parents, de bons voisins, de bons chrétiens... Et ça trompe le monde. Si bien que lorsque nous révélons leur présence en France, c'est nous qui passons pour des dénonciateurs !"
"Depuis 2001, nous avons déposé une bonne trentaine de plaintes, qui sont toutes à l'instruction", explique-t-il. "Les juges ont décrété quatre ou cinq non-lieux, mais beaucoup de plaintes sont toujours à l'instruction." Pour Alain Gauthier, il y a sans doute "une centaine de personnes" en France qui pourraient être visées par ce type de poursuites pour participation au génocide rwandais.
"Peut-être plus. Et beaucoup échapperont à la justice, évidemment, puisque le temps passe et ça devient compliqué d'avoir des témoignages. De nombreux témoins sont décédés, d'autres ne veulent plus parler."