Citation
4.A.10. TD Kigali, 14 décembre 1990, Rencontre du Président
Habyarimana
avec le Général Varret
Déclassifié
OBJET : RENCONTRE DU PRESIDENT HABYARIMANA AVEC LE GENERAL
VARRET.-
LE GENERAL VARRET A RENCONTRE LE PRESIDENT HABYARIMANA CE MATIN À
09H00. ASSISTAIENT À LA REUNION : DU COTE RWANDAIS, LE COLONEL RUSATIRA,
SECRETAIRE GENERAL DE LA DEFENSE NATIONALE ET L'ATTACHE DE DEFENSE À
BRUXELLES, DU COTE FRANCAIS, L'AMBASSADEUR DE FRANCE, LE COLONEL DU
PLESSIS ET LE COLONEL GALINIE.
LES QUESTIONS D'ASSISTANCE TECHNIQUER MILIAIRE FERONT L'OBJET D'UN
COMPTE RENDU SEPARE.
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SUR LE PLAN POLITIQUE, APRES AVOIR DEMANDE AU GENERAL VARRET DE
TRANSMETTRE AU PRESIDENT MITTERRAND ET À MONSIEUR PELLETIER L'EXPRES-
SION DE SA VIVE RECONNAISSANCE POUR L'APPUI QUE LA FRANCE A APPORTE ET
CONTINUE À APPORTER AU RWANDA, LE PRESIDENT A DEVELOPPE LES POINTS
SUIVANTS
1/ IL À REPRIS L'ANALYSE QU'IL FAIT HABITUELLEMENT DE L'AGRES- SION
''EXTERIEURE'' DONT SON PAYS EST L'OBJET ET QUI SE MANIFESTE AUJOURD'HUI
MEME PAR DE NOUVELLES INCURSIONS DANS LES SECTEURS DE KANIGA ET DE
MUVUMBA. LE GOUVERNEMENT OUGANDAIS NE PEUT PLUS, DIT LE PRESIDENT,
CONTINUER À SOUTENIR QU'IL S'AGIT UNIQUEMENT D'UN PROBLEME INTERNE
RWANDAIS. LES REBELLES ONT LEUR QUARTIER GENERAL EN TERRITOIRE OUGANDAIS
ET SE REAPPROVISIONNENT EN ARMES ET EN MUNITIONS SINON AUPRES, DU MOINS
AVEC L'AIDE, DE L'ARMEE OUGANDAISE.
2/ CETTE AGRESSION JUSTIFIE DE LA PART DE LA FRANCE, NON SEULEMENT
UNE AIDE EN MATERIEL ET EN PERSONNEL ACCRUE, MAIS UNE ACTION
DIPLOMATIQUE QUE LE PRESIDENT VOUDRAIT PLUS MENACANTE QUE CELLES QUI ONT
DEJA ETE ACCOMPLIES. IL PENSE QUE LES EUROPEENS, ET PLUS
PARTICULIEREMENT LES FRANCAIS, ONT LES MOYENS, D'ABORD D'EVALUER PAR
LEURS SERVICES DE RENSEIGNEMENTS L'IMPLICATION REELLE DU PRESI- DENT
MUSEVENT DANS UN PROJET D'ANNEXION (LE PRESIDENT HABYARIMANA A PARLE
D'UN ‘'KOWEIT'' DE L'AFRIQUE CENTRALE) ET ENSUITE DE ''CASSER'' CE
PROJET.
3/ DANS CE CONTEXTE, ET EN ATTENDANT D'Y VOIR PLUS CLAIR SUR
L'ATTITUDE OUGANDAISE, LE CHEF DE L'ETAT DEMANDE LE MAINTIEN DU
CONTINGENT FRANCAIS. IL AFFIRME AVOIR OBTENU UN ACCORD TELEPHONIQUE DE
L'AMIRAL LANXADE POUR UNE PROLONGATION DE DEUX MOIS APRES LE 15
DECEMBRE.
SUR CE POINT, LE GENERAL VARRET, APRES ETRE CONVENU QU'UN RETRAIT
IMMÉDIAT N'ETAIT PAS SOUHAITABLE, A ANNONCE NOTRE INTENTION DE PROCEDER
À CE RETRAIT AU DEBUT DU MOIS DE JANVIER PROCHAIN, ETANT ENTENDU D'UNE
PART QUE LE DEPART DES PARACHUTISTES FRANCAIS NE SUPPRIMERAIT PAS
L'EVENTUALITE D'UN RETOUR EN CAS DE NECESSITE, D'AUTRE PART QUE CETTE
DECISION SERAIT REVUE SI LA SITUATION S'AGGRA- VAIT SENSIBLEMENT DANS
LES TROIS SEMAINES QUI VONT SUIVRE.../...
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4/ LE PRESIDENT HABYARIMANA A APPELE NOTRE ATTENTION SUR L'AS- PECT
FINANCIER DE LA GUERRE (CF. MES TD 719 DU 7 DECEMBRE ET 727 DU 13
DECEMBRE). LES EXPERTS DE LA BIRD ET DU FMI LUI ONT FAIT RAPPORT SUR UNE
SITUATION DONT IL PENSE QUE LE RWANDA NE PEUT SORTIR QU'AVEC UNE AIDE
SPECIALE DES PAYS AMIS POUR COUVRIR LES CONSEQUENCES ECONO- MIQUES
NEFASTES DU CONFLIT ET LES ACHATS D'ARMEMENTS QUI EN DECOU- LENT.
À CET EGARD, OUTRE L'ASSISTANCE PROGRAMMEE DONT LE GENERAL VARRET
LUI A FAIT LE COMPTE-RENDU DETAILLE, LE PRESIDENT VOUDRAIT AU MOINS QUE
LA FRANCE REMPLACE GRATUITEMENT L'HELICOPTERE GAZELLE QUE LE RWANDA A
PERDU AU COMBAT EN OCTOBRE DERNIER.
LE GENERAL VARRET À PROMIS DE TRANSMETTRE CETTE REQUETE AU MINISTRE
DE LA COOPERATION. ELLE DEPASSE EN EFFET PAR SON AMPLEUR LES MOYENS
ORDINAIRES DE LA MISSION MILITAIRE.
=== ANALYSE DE LA SITUATION === :
LE PRESIDENT NE PARAIT PAS PANIQUE PAR LA PRISE DE KANIGA QUI SE
SITUE POURTANT AU POINT DE LA FRONTIERE OUGANDAISE LE PLUS PROCHE DE
KIGALI. COMME D'HABITUDE, IL EVOQUE LA PERSPECTIVE D'UNE ATTAQUE FUTURE
PLUS PUISSANTE AVEC UNE IMPLICATION ACCRUE DU GOUVER- NEMENT OUGANDAIS.
SANS DOUTE EST-CE DANS CETTE PERSPECTIVE QUE L'ETAT MAJOR RWANDAIS GARDE
EN RESERVE SES MOYENS LES PLUS LOURDS ET NE TRAITE LES ASSAILLANTS
QU'AVEC DE L'INFANTERIE. MAIS SI L'ISSUE DE CES DERNIERS COMBATS N'ETAIT
PAS FAVORABLE, COMPTE TENU DE LEUR PROXIMITE DE KIGALI, NOS PARTENAIRES
PASSERAIENT VITE DU CALME À L'AFFOLEMENT, AVEC TOUTES LES INCIDENCES QUE
CET AFFOLEMENT A EUES, DANS LES PRECEDENTES OCCASIONS, SUR L'ETAT
D'ESPRIT DES POPULATIONS, TANT RWANDAISE QU'EXPATRIEE. 141145./.
MARTRES
