Citation
Le projet RwandaMAP a été officiellement présenté à Paris le 20avril 20181. Une dizaine de chercheurs proposaient un programme de recherche visant à surmonter certaines tensions dans les modalités de production des savoirs sur le génocide des Tutsi2. Le texte de présentation affirmait l’ambition de constituer « un réseau de recherche international sur les traces (mémorielles, archivistiques et patrimoniales – MAP) du génocide des Tutsi » afin de susciter « des dynamiques collectives profondes et durables d’enrichissement des savoirs3 ». Suivant l’inspiration de plusieurs projets collaboratifs jugés précieux par les fondateurs, il s’agissait d’œuvrer à la constitution d’un espace de débats, de recherche et de collaboration entre chercheurs internationaux attentifs aux traces du génocide, entendues ici au sens de signes, d’empreintes, de marques, de vestiges du génocide, identifiables, aujourd’hui comme hier, au Rwanda et dans les pays étrangers. Où en est le projet après près de cinq années de discussions, de réflexions et de travaux ? Quelles sont les dynamiques enclenchées et les outils proposés à la communauté des chercheurs ? Quels questionnements nouveaux pose la première phase de développement de RwandaMAP ? En tant que cofondateur du projet4, il m’importe ici de restituer les objectifs et la philosophie du projet, de donner un aperçu des réalisations déjà concrétisées et de livrer quelques éléments sur les questions de recherche que l’équipe du projet souhaite approfondir à court et moyen terme5. Vers une production collective, internationale et interdisciplinaire des savoirs ?Les chercheurs qui coordonnent le projet sont originaires de cinq pays différents (Afrique du Sud, Belgique, France, Grande-Bretagne, Rwanda). Leur rencontre est le fruit de différents moments d’échanges scientifiques qui ont fait émerger certaines difficultés partagées en partie à l’origine du projet6. Ils ont des positionnements variés en termes disciplinaires, thématiques ou méthodologiques et mobilisent des langues, des historiographies, des pratiques de recherche diversifiées7. Ils ont pour point commun leur expérience du terrain rwandais ainsi qu’un intérêt partagé pour les dimensions patrimoniales, archivistiques et mémorielles des études sur le génocide. Leurs recherches les ont conduits à réfléchir à la diversité des matériaux qu’ils mobilisent, qu’il s’agisse de la matière archivistique (archives audiovisuelles, archives diplomatiques, archives judiciaires, collections de presse écrite, etc.), de lieux et d’objets (corps, lieux de mémoire, objets, etc.), ou de l’étude de récits de diverses natures (récits de rescapés ou de génocidaires, récits littéraires, récits journalistiques et militants).La recherche face au terrain rwandais. Engager des recherches universitaires sur le génocide des Tutsi est un projet risqué: le quotidien du chercheur se trouve irrémédiablement lié au souvenir de l’extermination d’un million de Rwandais ainsi qu’aux attentes, espoirs et revendications des rescapés du génocide et des familles des victimes. La plume est lourde, la voix hésitante, la portée du travail de recherche bien dérisoire au regard de l’ampleur du génocide que le chercheur a la prétention d’éclairer. S’ajoute à ces défis le poids d’une demande institutionnelle et sociale forte. Le chercheur est sommé de répondre aux exigences des justices nationales et internationales qui contribuent à enrichir les matériaux des chercheurs8, mais dont les logiques de détermination des faits sont parfois éloignées de celles du monde de la recherche9. Ces récits sont portés par des acteurs ou des témoins des événements (rescapés, génocidaires, responsables politiques de l’époque, humanitaires, religieux, journalistes, etc.), par les gouvernements en place depuis juillet 1994 à Kigali ainsi que par des associations, des militants et par certaines ONG. Le chercheur doit aussi faire avec –parfois contre– les commissions d’experts nommées depuis 1994 par des pouvoirs politiques, principalement français et rwandais, soucieux de maîtriser les récits produits et diffusés sur des événements encore considérés comme susceptibles de saper les fondements de la réputation de ces deux États et des valeurs qu’ils entendent incarner10. Par ailleurs, l’historiographie est marquée par les tensions, les clivages, les anathèmes qui font que, sans avoir été confrontée aux violentes polémiques qui ont affecté le monde de la recherche depuis 1994, la jeune génération de chercheurs doit frayer avec les tensions qui ont traversé les générations précédentes11. Le chercheur se trouve enfin contraint de lutter contre des récits négationnistes qui circulent bien au-delà des cercles familiaux des génocidaires12. Autant le dire d’emblée, face à ces obstacles, le chercheur se sent parfois seul, un peu désemparé, surtout si, pour des raisons, osons le mot, déontologiques, il ne souhaite pas faire corps et nouer amitié avec les autres catégories d’acteurs qui travaillent sur le sujet. L’engagement du chercheur sur ce terrain soulève de nombreuses questions: quel type de relations nouer avec les militants, les journalistes, les humanitaires et quel niveau d’intimité accepter lorsqu’il s’agit de collaborer au service de l’enrichissement des savoirs? Comment frayer avec les usages politiques, mémoriels et symboliques faits du génocide par un certain nombre d’acteurs, notamment au sein de la sphère politique? Quel niveau d’engagement mobiliser, au quotidien, dans la lutte contre les récits fallacieux et le négationnisme ? Ces questions sont décisives alors que le chercheur doit s’approprier un domaine de recherche sensible et faire reconnaître sa légitimité à produire des connaissances13. Les chercheurs non rwandais du groupe se sont trouvés confrontés à la difficile appropriation d’un terrain dont il est nécessaire de connaître les codes, les sensibilités, la langue principale14. Faute de repères, d’outils ou d’écrits réflexifs aisément accessibles, ces appropriations s’effectuent sur un temps long, souvent en solitaire, sur la foi des conseils et recommandations de celles et ceux qui nous ont précédés, en rencontrant des acteurs influents disposant d’informations favorisant l’accès aux sources, mais qui peuvent parfois aussi défendre des intérêts individuels ou collectifs. Ce positionnement est d’autant plus délicat que les travaux des chercheurs prennent place au sein d’une profusion d’écrits et de voix qui imposent des récits du génocide, ressources parfois extrêmement précieuses pour approcher le génocide, ressources également susceptibles d’orienter les choix scientifiques et au prisme desquels le travail du chercheur est parfois évalué15.Une dernière difficulté réside dans l’accès inégal et parfois peu aisé aux sources (archives, témoins, sites et objets). Il n’existe en effet à ce stade aucun outil dressant un état des lieux fiable et complet des sources disponibles sur le génocide. En dépit d’avancées récentes, ce manque de visibilité et ces difficultés résultent en partie des politiques de conservation et d’accès aux archives mises en place par les différents États, au Rwanda et à l’étranger, et des efforts dispersés et inégaux déployés au Rwanda depuis 1994 pour lutter contre la disparition des traces de l’événement16. Cartographier l’existant : « mapping » et plateforme numérique Dans ce contexte, l’enjeu était pour RwandaMAP de proposer une cartographie des ressources utiles à la production de connaissances sur le génocide. La confrontation de nos expériences respectives ouvrait la voie à la création de plusieurs outils numériques visant à faciliter l’orientation des chercheurs sur le terrain rwandais. Trois outils ont été considérés comme prioritaires : 1/ un guide numérique des archives et des centres de documentation sur le génocide; 2/ un annuaire numérique des chercheurs; 3/ une bibliographie collaborative. L’enjeu était de mettre ces outils à la disposition de la communauté scientifique sur une plateforme numérique accessible en ligne gratuitement. La proposition permettait de combler une lacune importante et de tester la pertinence du collaboratif pour produire ce type de contenus. D’autres outils sont destinés à venir enrichir à terme la plateforme (newsletter, charte d’éthique, guide du demandeur d’autorisation de recherche au Rwanda, etc.).Ces options s’accompagnent d’une réflexion sur le potentiel et les limites du numérique pour faire progresser les connaissances sur le génocide. Dans notre cas, le choix des outils numériques résulte de leur adaptation et de leur souplesse pour accompagner les projets collaboratifs et pour rendre aisément accessibles des données collectées par un groupe de chercheurs. Ces outils autorisent en outre des actualisations régulières et l’enrichissement des données à partir des contributions de la communauté des chercheurs. Projet collectif et collaboratif, RwandaMAP souhaite ainsi encourager les confrontations de points de vue au-delà des appartenances disciplinaires, nationales, thématiques dans le but de générer de nouvelles dynamiques dans la structuration et le mode de fonctionnement actuels de la recherche. Mémoires, archives et patrimoines Trois thématiques de recherche ont été considérées comme prioritaires pour l’essor du projet. Un premier thème d’étude porte sur les circulations transnationales de la mémoire du génocide. La dimension internationale du projet est un atout pour l’écriture d’une histoire de la fabrique des mémoires sur le génocide des Tutsi. L’approche comparative et transnationale semble en effet vertueuse pour déterminer les acteurs, les temporalités et les lieux de constitution de ces mémoires et en proposer une cartographie précise à l’échelle mondiale17. L’étude du rôle et de l’influence des diasporas rwandaises dans ces constructions de récits est en particulier au cœur de notre démarche18.Une seconde thématique de recherche porte sur les archives du génocide, au Rwanda et à l’étranger. L’enjeu est d’identifier les gisements disponibles et de partager l’expertise de certains fonds qui est la nôtre (archives nationales du Rwanda, archives communales, collections de presse, etc.). Le projet ouvre ainsi à des questionnements sur l’authenticité, la nature et les usages des archives au Rwanda et à l’étranger. En quoi la collecte, la conservation/destruction ou la valorisation des archives a-t-elle exercé une influence sur les modes de production de connaissances sur le génocide? Comment se sont constitués les lieux d’archives sur le génocide et quelles ont été les évolutions des fonds, des outils de recherche, des compétences professionnelles mobilisées ? Quels sont les processus d’authentification des sources et comment ces derniers peuvent-ils encore être améliorés? Une dernière thématique concerne la nature et les rythmes de la fabrique des patrimoines, matériel et immatériel, sur le génocide. Quels furent les liens entre la fabrique de ces patrimoines et l’évolution de la recherche scientifique sur le génocide ? Quels récits furent associés aux «lieux de mémoire » du génocide et quels rôles jouèrent les savoirs scientifiques dans leur construction? Comment les chercheurs appréhendent-ils ces récits, souvent porteurs d’identités et de mémoires spécifiques de l’événement ? Les réalisations du projet. Depuis son lancement, le projet s’est déployé dans trois directions principales. Une série de rencontres et workshops a permis de consolider le projet initial. Une part conséquente du travail de groupe a été centrée sur la conception de la plateforme numérique. Plusieurs articles consacrés aux effets du numérique sur le travail du chercheur ont enfin été publiés. Rencontres et workshops. Trois rencontres se sont tenues en 2018 et 201919 dans le but de discuter les orientations scientifiques du projet20. Constituées de temps d’échange en plénière, d’ateliers thématiques et de moments de communication scientifique21, elles ont réuni près de 80chercheurs d’horizons divers et ont permis de mieux cerner les attentes des différents publics. Parmi les acquis de ces rencontres, le diagnostic produit par les membres fondateurs a pu être affiné. Les enjeux d’identification des matériaux disponibles, mais aussi de conservation, de valorisation, d’usage à des fins de médiation ont particulièrement été mis en avant dans des logiques qui concilient enrichissement des savoirs et lutte contre le négationnisme. « Démêler les strates d’archives22 », retracer l’historique des fonds, mieux prêter attention au rôle joué par les archivistes sont des idées qui ont rencontré un vif intérêt de la part des chercheurs qui se sont exprimés sur les orientations du projet. Plusieurs points d’attention ressortent de ces échanges. Le premier est la difficulté à délimiter strictement « les traces » du génocide. Le choix de l’équipe fondatrice a été de porter une vision extensive de la notion en intégrant des archives, objets ou témoignages du temps du génocide, mais aussi de l’avant et de l’après, périodes que nous considérons comme décisives pour comprendre le génocide. La question se pose dès lors des limites entre ce qui ressort des « archives du génocide » et ce qui relève des archives de l’histoire rwandaise, et donc, plus largement, des liens à établir entre l’histoire du génocide et l’histoire du Rwanda23. Parmi les autres points d’attention, l’équilibre entre les disciplines et l’usage différencié fait de certains termes –par exemple, le terme « archives » mobilisé différemment par les historiens et les non-historiens – est ressorti des discussions24. Enfin, les enjeux de circulation de l’information au sein d’un large réseau de chercheurs et de professionnels internationaux intéressés par le projet ont aussi été soulevés, la création d’un carnet de recherche étant dans un premier temps privilégiée pour assurer une diffusion large de l’information25. Les rencontres et workshops ont aussi été utiles pour confronter les ambitions de RwandaMAP aux expériences de projets scientifiques de référence. Claire Andrieu est ainsi venue présenter en avril 2018 le montage et le développement du réseau de recherche « Violence de masse et résistance26 ». L’« Équipement d’excellence » Matrice et les différentes phases de déploiement du projet porté par Denis Peschanski ont été exposés par Carine Klein lors de cette même session. Une attention toute particulière a été accordée aux projets conduits par le musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren, dont les collections sur le Rwanda ont été présentées par Anne Cornet lors du workshop de septembre 2018 à Bruxelles27.D’autres projets, plus proches du groupe des fondateurs, ont également servi de repères pour penser RwandaMAP. Il s’agit plus précisément des programmes de recherche « Rwandan stories of change », « Jusinbellgium », « Afric@ulb » et « Corpses of Mass Violence and Genocide », autant de projets qui ont initié un effort collectif de recherche en prenant appui sur le potentiel du numérique28. Enfin, même si leurs objectifs sont différents de ceux de RwandaMAP, les programmes de collecte, d’inventoriage et de numérisation d’archives portés par des institutions, publiques ou privées, comme Aegis Trust, l’université de Yaleou le NIOD Institute for War, Holocaust and Genocide Studies restent considérés comme des références importantes29. Ces discussions plénières ont été enrichies par des ateliers thématiques consacrés aux questions de recherche du projet. Ils ont porté sur la transition numérique de la recherche sur le génocide, sur les écritures collaboratives et l’interdisciplinarité, sur la manière de cartographier l’existant et sur le positionnement du chercheur lorsqu’il s’agit de chercher au Rwanda sur le génocide. Ces ateliers ont permis de concevoir pour chaque question un état des lieux de l’existant, d’affiner les enjeux problématiques, d’identifier des ressources nouvelles, de planifier des priorités. Ils ont été utiles pour faire surgir de nouvelles idées et évaluer le degré d’engagement possible des personnes intéressées par le programme30.
Au terme de ces rencontres et de cette phase préparatoire (2018-2019)31, le choix a été fait de centrer les efforts sur la conception de la plateforme numérique afin de créer des outils numériques utiles à une vaste communauté de chercheurs32. La réalisation de la plateforme numérique. La réalisation de la plateforme numérique a demandé près de trois années passées entre recherche de finan-cements33, identification des compétences internes et externes et mise en place d’un processus vertueux de gestion des données, de leur collecte à leur valorisation. Une des premières difficultés a été de penser un système de collecte de données, cohérent et efficient, pour la réalisation de l’annuaire des chercheurs, de la cartographie des lieux de documentation et d’archives et pour la bibliographie collaborative. Différents outils de collecte et de partage des données (formulaires sous Excel, bibliothèque partagée sous Zotero) ont été utilisés et l’ensemble de l’équipe a été mise à contribution pour apporter, agréger, consolider, vérifier les données selon nos domaines d’expertise respectifs34. Une deuxième difficulté a été d’ordre technique. Il a fallu s’assurer du choix d’un logiciel qui autorise l’accueil, le stockage, la gestion et la valorisation des données construites ou collectées35. Il a en outre été nécessaire de créer des espaces de stockage pour ces données, de profiter des compétences d’un spécialiste des données numériques pour épauler l’équipe scientifique sur les dimensions techniques36 et de penser à la pérennité des données intégrées via la conception d’un plan de gestion des données37. Autant de compétences qui ont nécessité beaucoup de temps de concertation, de collecte de renseignements, de phases de test, de mobilisation de compétences internes à nos laboratoires ainsi que la sollicitation de compétences externes38.La création de ces outils a ouvert un certain nombre de questionnements scientifiques sur les cartographies imaginées. Quels sont les périmètres de ce qu’on appelle, lorsqu’il s’agit du génocide des Tutsi, une production scientifique, un chercheur, un lieu de documentation et d’archives ? Face à la profusion de producteurs de connaissances, la délimitation stricte des périmètres a nécessité l’élaboration de critères scientifiques précis et partagés. Le choix a été fait de privilégier, dans un premier temps, les productions académiques et de laisser de côté, au moins temporairement, les productions journalistiques et militantes ainsi que la littérature grise. Toutefois, en dépit du choix de critères précis, les porosités entre les mondes académiques, militants et journalistiques sont telles qu’il a parfois fallu discuter, au cas par cas, de l’intégration ou non de certains ouvrages, sans compter les ouvrages supposément académiques, mais qui ne respectent guère les règles de la production scientifique39. Chantiers connexes et réflexivité sur les usages du numérique. Si la plateforme numérique a concentré l’essentiel de nos efforts, d’autres chantiers ont été déployés depuis la fin de l’année2019. Le premier a été la mise en place d’une collecte d’archives nées numériques40 organisée en collaboration avec l’un de nos partenaires, l’Institut national de l’audiovisuel. À l’occasion de la 25e commémoration du génocide des Tutsi, nous avons réfléchi aux modalités de collecte et de conservation de certains échantillons des productions numériques publiées sur les réseaux sociaux. Les outils utilisés par l’INA –recours à l’interface de programmation applicative « Streaming » – nous ont conduits à focaliser la collecte sur le réseau Twitter ; plus de 300comptes, identifiés comme des comptes influents sur le génocide des Tutsi et sur l’actualité rwandaise (responsables politiques, journalistes, militants, rescapés, ONG, leaders d’opinion, etc.), ont été suivis et leur production collectée et archivée. Les contenus des tweets, les photographies et vidéos mises en avant, les liens vers des publications commentées témoignent de la richesse de cette collection. Celle-ci est désormais disponible en libre accès à l’Inathèque de France. Un article scientifique a été publié afin de présenter cette collection, son potentiel ainsi que le protocole et les outils de collecte mis en place41. L’idée serait de renouveler l’opération de collecte tous les cinq ans à l’occasion des commémorations qui prennent une dimension particulière. En lien étroit avec les objectifs de RwandaMAP42, un article écrit à quatre mains avec Rémi Korman interroge la situation des collections de presse écrite permettant d’approcher le génocide. L’article fait le point sur les collections de presse écrite disponibles au Rwanda et à l’étranger –plus spécifiquement en France– et interroge le recours au numérique pour lutter contre les effets de dispersion et de dégradation des collections de presse écrite rwandaise. Le texte se veut en définitive une réflexion sur les usages possibles des collections de presse écrite pour l’écriture de l’histoire du génocide43. Perspectives de recherche Après la phase de concertation et la phase de conception de la plateforme numérique, qui sera présentée publiquement en 2023, s’ouvrira une troisième phase visant à déployer de nouveaux chantiers collectifs sur les enjeux de mémoire, sur les questions d’archives et de patrimoine et sur les questions d’éthique de la recherche. Récits, témoignages et circulations mémorielles transnationales. L’étude de la fabrique des mémoires et des enjeux de circulation transnationale des récits du génocide sera un des chantiers prioritaires de RwandaMAP lors de la phase suivante. Celui-ci a d’ores et déjà fait l’objet d’une journée d’étude titrée « Collecter, analyser et transmettre la parole des témoins du génocide des Tutsi du Rwanda ». Structurée autour de trois thématiques, « Le récit testimonial comme trace majeure de l’événement », « Un matériau qui soulève de nombreux défis pour les chercheurs en SHS » et « La place du témoignage au sein du projetRwandaMAP2020 », la journée se donnait pour objectif « d’interroger [...] les valeurs archivistique, mémorielle et patrimoniale des récits de témoignages » « afin d’ouvrir la voie à une réflexion plus collective sur la place du témoignage dans la production de connaissances sur le génocide44 ».Après une première table ronde consacrée au recours aux sources orales pour écrire l’histoire du génocide, qui a insisté sur les différentes natures de témoignages (témoignages collectés sur le terrain par des ONG ; témoignages littéraires ; témoignages produits dans le cadre judiciaire ; témoignages de journalistes et observateurs) et a mis en valeur les rythmes d’apparition de ces témoignages depuis 1994, une deuxième table ronde s’est focalisée plus spécifiquement sur la place déterminante des récits littéraires dans la construction de la mémoire du génocide. Enfin, un point de vue réflexif a été donné par Darius Gishoma et Amélie Faucheux sur le rapport entretenu avec les témoins et, plus singulièrement, sur les questions de confiance, de sensibilité et d’attention à l’autre45. Produire, collecter, valoriser les archives de demain Un autre dossier important pris en charge, dès 2018, par le groupe de coordination a consisté à rencontrer des professionnels des archives, au Rwanda comme à l’étranger, dont les institutions, à l’instar de La contemporaine, du musée royal de l’Afrique centrale, des Archives nationales du Rwanda et du Centre dominicain de recherche et de pastorale de Kigali, possèdent des fonds particulièrement utiles à la recherche sur le génocide. Ces rencontres visaient à mieux évaluer la richesse des fonds disponibles et à envisager la nature des liens qui pourraient être construits entre ces institutions et RwandaMAP. L’idée est désormais de renforcer les collaborations entre chercheurs et archivistes et d’impliquer plus largement les institutions d’archives à la réflexion scientifique existant sur le génocide. Quel a été le rôle des archivistes dans la sélection, la conservation, la valorisation de certaines archives ? Quelle place occupent désormais les archivistes au sein de la société rwandaise et comment ce métier est-il (dé)valorisé ? Quels sont les rapports entretenus par les archivistes rwandais avec les autres acteurs qui travaillent sur l’histoire du Rwanda et du génocide ? Enquêtes collectives et éthique de la recherche. RwandaMAP a enfin l’ambition d’examiner minutieusement les rapports entretenus par les chercheurs avec leurs sources, leurs intermédiaires de recherche et leur terrain. Une réflexion collective sur les modalités de constitution des corpus, sur les liens construits avec les assistants rwandais de recherche et sur les relations avec les traducteurs semble nécessaire, de même qu’une réflexion sur les rapports entretenus avec les autorités politiques. Un des enjeux est de faire retour sur les pratiques de recherche déployées depuis 1994 et de se confronter à certaines questions éthiques. Il s’agirait notamment d’interroger les effets des déséquilibres existants entre chercheurs et professionnels rwandais d’un côté, chercheurs et professionnels étrangers de l’autre, dans la capacité à faire financer ces projets, à être reconnus comme légitimes, à publier, se déplacer, avoir accès aux ressources documentaires. Le monde de la recherche peut-il contribuer à réduire ces déséquilibres ou inventer des modes de fonctionnement qui les contournent ? Comment favoriser la coproduction de connaissances et bénéficier de la diversité des expériences, connaissances, méthodes et sensibilités des chercheurs rwandais et non rwandais ?***En proposant un réseau, des outils, des axes de réflexion, RwandaMAP espère contribuer à dynamiser le champ de la recherche sur le génocide des Tutsi et encourager des démarches plus collectives, des collaborations inédites, des recherches aspirant à plus de réflexivité. Il s’agit entre autres de mobiliser des expertises diverses afin d’enrichir les connaissances et les compétences, au Rwanda comme à l’étranger. Il s’agit sans doute aussi de rendre le savoir plus accessible via la construction de réseaux formels et informels, le recours au numérique et à l’open access, le déploiement à terme de projets de médiation scientifique ambitieux. Mais ne s’agit-il pas aussi, et peut-être avant tout, d’initier ensemble une nouvelle éthique relationnelle au sein du monde de la recherche ? Ne s’agit-il pas de repenser les relations personnelles et intimes entre les chercheurs en replaçant certaines valeurs universelles (respect, confiance, responsabilité, entraide, honnêteté, loyauté, échange, écoute, partage) au cœur de la démarche scientifique ? Une telle révolution copernicienne contribuerait, je crois, à retisser l’épaisseur du tissu relationnel entourant les chercheurs et ainsi à renforcer leur capacité d’agir face aux enjeux soulevés par le génocide et à la charge émotionnelle que charrient au quotidien les traces de celui-ci.
François Robinet Université Paris-Saclay – UVSQ –CHCSC (France)
[Notes :]
1 Coorganisé et accueilli par la MSH de l’université Paris-Saclay, le workshop inaugural était titré « Connaître le génocide des Tutsi : La recherche à l’épreuve des traces de l’extermination ». Une quarantaine de chercheurs et d’archivistes, français et étrangers, ont été réunis à cette occasion. 2 Le groupe à l’origine du projet se compose de Violaine Baraduc (EHESS), Philibert Gakwenzire (univ. du Rwanda), Darius Gishoma (univ. du Rwanda), Hannah Grayson (univ. de Stirling), Rémi Korman (EHESS), Florence Rasmont (univ. libre de Bruxelles), François Robinet (univ. Paris-Saclay / UVSQ) et Ornella Rovetta (univ. libre de Bruxelles). Il a été rejoint en 2019 par Philippe Denis (univ. du KwaZulu Natal) et Catherine Gilbert (univ. de Newcastle).3 Texte de cadrage scientifique du projet RwandaMAP, avril 2018, p. 1.4 L’auteur de ces lignes mène actuellement une recherche sur les effets de ces polémiques et controverses sur la production de connaissances liées au génocide. 5 Relu par les membres du groupe de coordination, ce texte se nourrit des réflexions collectives permises par le projet. 6 Le besoin d’un effort collectif renforcé de la recherche a été maintes fois exprimé à l’occasion de journées d’étude et de colloques qui ont eu lieu en Belgique, en France et au Rwanda. Citons le colloque international « Rwanda 1994-2014. Récits, constructions mémorielles et écriture de l’histoire » (Paris/Saint-Quentin-en-Yvelines, 13-15 novembre 2014), la journée d’étude « Les archives disponibles sur le génocide des Tutsi au Rwanda: cartographie et typologie » (Paris, Mémorial de la Shoah, 22 mai 2016) et la journée d’étude « Conflits, mémoire & justice. Perspectives de recherche sur les Grands Lacs africains » (ULB, 7 juin 2017).7 Parmi ces éléments de diversité, citons l’ancrage différencié dans les mondes de la recherche anglophone, francophone et rwandaise, les niveaux de maîtrise contrastés du kinyarwanda ou l’appétence forte pour les sources orales et/ou pour les archives. Les principales disciplines représentées sont les suivantes : anthropologie, French and Francophone Studies, histoire, littérature et psychologie.
8 Rovetta Ornella (2019), Un Génocide au tribunal. Le Rwanda et la justice internationale, Paris, Belin.9 Je renvoie ici aux analyses et retours d’expérience de : Audoin-Rouzeau Stéphane (2015), « Être témoin au procès Simbikangwa : un récit », Grief, 2(1), pp. 159-165 ; Audoin-Rouzeau Stéphane (2016), « Chercheurs dans le prétoire : retour sur le procès Simbikangwa (2014). Un dialogue magistrat-historien », Grief, 3(1), pp. 175-182 ; Dumas Hélène (2016), « La parole comme lieu d’enquête. Enquêteurs judiciaires et chercheurs face aux acteurs du génocide », Grief, 3(1), pp. 163-170. 10Les présentations en 2021 des rapports « Duclert » et « Muse » ont donné lieu à une série de publications interrogeant la scientificité de ce type de productions (voir le dossier de la Revue d’histoire contemporaine de l’Afrique : Evrard Camille et al. (dir.) (2021), « Au-delà du rapport Duclert. Décentrer l’histoire du génocide des Tutsi du Rwanda », Revue d’histoire contemporaine de l’Afrique. URL : https://oap.unige.ch/journals/rhca/issue/view/rwanda). 11 Sur ce sujet, voir Bernault Florence (1998), « La communauté africaniste française au crible de la crise rwandaise », Africa Today,45(1), pp. 45-57. Voir également Vidal Claudine (2014), « Enquêtes au Rwanda. Questions de recherche sur le génocide tutsi », Agone, 53(1), pp. 103-142.12 Korman Rémi (2016), « Les entreprises de réécriture de l’histoire du génocide des Tutsi », Mémoires en jeu. En ligne. URL : https://www.memoires-en-jeu.com/varia/les-entreprises-de-reecriture-de-lhistoire-du-genocide-des-tutsi/.13 Les réflexions sur la méthodologie, les protocoles d’enquête et les questions éthiques concernant les terrains dits « sensibles » ont suscité une riche littérature. Nous renvoyons au dossier « Enquêter en terrains difficiles » (Civilisations, 64(1), 2015). Voir également Marzo Pietro et Gomez-Perez Muriel (2020), « Faire du terrain au Moyen-Orient et en Afrique : pratiques de recherches, défis et limites », Recherches qualitatives, 39(printemps).14 Les langues officielles sont le kinyarwanda, l’anglais, le français et le swahili (depuis 2017). Si, pour les archives publiques de l’État rwandais d’avant 1994, la maîtrise du français est nécessaire, celle du kinyarwanda est encore plus décisive puisqu’elle permet d’accéder à une partie conséquente des archives rwandaises produites après le génocide ainsi qu’à un grand nombre de témoignages.
15 Cette profusion était un des enjeux du colloque qui s’est tenu en 2014 à Paris et Saint-Quentin-en-Yvelines : « Rwanda 1994-2014. Récits, constructions mémorielles et écriture de l’histoire » (voir les actes du colloque : Brinker Virginie (2017), Rwanda, 1994-2014 – Récits, histoires et mémoires, Dijon, Les Presses du Réel).16 Sur les efforts de l’État rwandais pour collecter des preuves du génocide et sur la politique de l’archive au Rwanda, nous renvoyons à la thèse de Korman Rémi (2020), Commémorer sur les ruines. L’État rwandais face à la mort de masse dans l’après-coup du génocide (1994-2003), sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau, Paris, EHESS. Plusieurs articles sont parus récemment sur la question des archives :Rutayisire Paul, Mulinda Charles Kabwete, Gakwenzire Philibert et Piton Florent (2021), « Écrire l’histoire du génocide des Tutsi au Rwanda à partir de sources locales. Entretien avec Paul Rutayisire, Charles Kabwete Mulinda et Philibert Gakwenzire », Sources. Material & Fieldwork in African Studies, 3, pp. 257-281 ; Piton Florent (2022), « Les archives à parts égales. Archives, écriture de l’histoire et génocide au Rwanda », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 69(1), pp. 88-102 ; Robinet, François (2022), « L’archive retrouvée. Enquêter sur le rôle de la France au Rwanda », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 69(1), pp. 40-55.17 Les approches transnationales ont été mobilisées pour étudier la fabrique de la mémoire de la Shoah : Levy Daniel et Sznaider Natan (2006), Memory and the Holocaust in a Global Age, Philadelphia, Temple University Press. 18 Catherine Gilbert achève actuellement une enquête financée par une bourse Marie Skłodowska-Curie Individual Fellowship sur les pratiques commémoratives et éducatives des diasporas rwandaises en France, en Belgique et en Grande-Bretagne. La thèse de Rémi Korman livre une analyse sur l’influence du modèle de la Shoah sur les politiques publiques mises en place après 1994 au Rwanda (Commémorer sur les ruines..., op. cit.). 19 Deux rencontres ont suivi le workshop inaugural de Paris : la première à Bruxelles à l’Université libre de Bruxelles, le 21 septembre 2018 ; la seconde de nouveau à Paris (Cachan), les 25, 26 et 27 avril 2019 à la MSH Paris-Saclay. 20 Le projet a aussi bénéficié des remarques des membres de son conseil scientifique : https://rwandamap.hypotheses.org/equipe/comite-scientifique.21 Que soient particulièrement remerciés Aurélie Barjonet, Annette Becker, Catherine Coquio, Anne Cornet, Philippe Denis, Amélie Faucheux, Marie Fierens, Marie-Soleil Frère, Philibert Gakwenzire, Darius Gishoma, Hannah Grayson, Marcel Kabanda, Pieter Lagrou, Amandine Lauro, et Florence Rasmont pour la qualité des échanges que leurs communications ont permis.22 Je reprends ici l’expression des propos tenus par Darius Gishoma à Paris le 20 avril 2018. 23 Nous plaidons pour une approche du génocide sur un temps long intégrant l’étude des périodes qui l’ont précédé (période coloniale, Première et Deuxième Républiques, période de la guerre civile) ainsi que l’étude des conséquences et des résonances du génocide (enjeux de transmission et de mémoire, questions de justice, importance de l’art et de la création, conséquences géopolitiques, etc.).
24 Le terme pouvant désigner, dans un sens strict, l’ensemble des documents conservés en institution d’archives pour témoigner de l’événement et, dans un sens large, l’ensemble des traces du génocide des Tutsi, y compris les lieux, objets et témoignages : Offenstadt Nicolas, « Archives, documents, sources », in Historiographies, I, Paris, Folio histoire, pp. 68-78. 25 Le carnet a été conçu et animé par Marina Imocrante, ingénieure de recherche au CHCSC : https://rwandamap.hypotheses.org/. L’actualité du réseau pourra aussi être suivie sur le réseau Twitter : https://twitter.com/rwandamap2020. 26https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr.html. Réseau académique interdisciplinaire basé au Centre de recherches internationales (CERI) et au Centre d’histoire de Sciences Po-Paris qui a fait le choix de ressources en accès libre.27 L’Africa Museum a publié, en collaboration avec les Archives de l’État belge, un « Guide des sources de l’histoire de la colonisation » en deux volumes sous la direction de Pierre-Alain Tallier, Marie Van Eeckenrode et Patricia Van Schuylenbergh (Belgique, Congo, Rwanda et Burundi : Guide des sources de l’histoire de la colonisation (19e-20e siècle). Vers un patrimoine mieux partagé ! (Turnhout, Brepols, 2021). L’institution a aussi accompagné pendant des années l’imposant travail de recensement bibliographique coordonné par Marcel D’Hertefelt et Danielle De Lame (Société, Culture et Histoire du Rwanda. Encyclopédie bibliographique 1864-1980/87, Tervuren, Musée royal de l’Afrique centrale, 1987, 2 vol.), actualisé jusqu’en 2009 par Danielle De Lame et Anne Cornet (http://rwandabase.africamuseum.be/fr/tp_histo). 28 Sur une thématique différente, l’auteur de ces lignes s’est aussi nourri de son expérience de membre du Comité éditorial du programme international « Transtlantic Cultures » coordonné par Anaïs Fléchet, Olivier Compagnon et Gabriella Pelegrino Soares : https://www.transatlantic-cultures.org/fr/about.29 D’autres projets qui proposent certains outils numériques aux chercheurs ont pu servir d’inspiration, de référence, parfois de contre-modèles. Tel est le cas des bibliographies publiées de 1990 à 2019 par le chercheur François Lagarde, très complètes et très utiles, mais sans outils de recherche et avec un classement thématique discutable qui ne facilite pas les circulations au sein de cette masse d’informations : https://repositories.lib.utexas.edu/handle/2152/15587.30 Le projet a été présenté le 23 janvier 2019 dans le cadre du séminaire EHESS de Stéphane Audoin-Rouzeau et Hélène Dumas (« Rwanda, 1994 : imaginaires et pratiques du génocide des Tutsi »). Centrée sur le projet, la table ronde intitulée « The Dynamics of Memory in Post-Genocide Rwanda » s’est tenue à Madrid le 25 juin 2019 dans le cadre de la 3e Conférence annuelle de la Memory Studies Association. Voir également l’article de présentation : Korman Rémi, Robinet François (2021), « Collecter – RwandaMAP (Mémoires, Archives, Patrimoines) », Mémoires en jeu. En ligne. URL : https://www.memoires-en-jeu.com/actu/collecter-rwanda-map-memoires-archives-patrimoines/.
31 Plusieurs missions ont été effectuées au Rwanda par les porteurs dans le but de présenter le projet aux collègues rwandais et d’enrichir leurs connaissances du monde de la documentation et de l’archive au Rwanda.32 Une autre priorité du groupe était l’organisation en 2020 d’un séjour collectif de recherche au Rwanda autour du thème « Héritage et transmission ». Celui-ci n’a pu avoir lieu du fait de la situation sanitaire et des restrictions de déplacements en 2020 et 2021.33 Outre les financements apportés par les laboratoires, le projet a bénéficié des programmes de financement « Émergence » et « Maturation » de la MSH Paris-Saclay. 34 Ce travail de coordination a été assuré par Rémi Korman. 35 Le choix s’est porté sur le logiciel Omeka S, logiciel libre développé par le Center for History and New Media de l’université George Mason (Virginie – États-Unis), du fait notamment de sa compatibilité avec Zotero, et de son potentiel pour l’intégration, l’organisation et la valorisation de données numériques. 36 Ce volet du projet n’aurait pu aboutir sans l’engagement et les compétences de Maximilien Petit, chargé de ressources documentaires au CHCSC. 37 Le plan de gestion des données a été conçu par Maximilien Petit et Karine Pellerin (responsable de la veille sur les activités de recherche de l’UVSQ). 38 Le design et la construction de l’interface web permettant la valorisation des données travaillées sous Omeka S ont été assurés par Daniel Berthereau de la société Sempiternelia et par la webdesigner Flore Leclerc. 39 La plateforme permettra d’échanger et de discuter les critères mobilisés. 40 Sur les documents nés numériques, c’est-à-dire créés directement sur ordinateur et composés de données (structurées ou non struc-turées) et de métadonnées, voir Barbier Jonathan et Mandret-Degeilh Antoine (2018), « Les archives numériques et numérisées », in J. Barbier et A. Mandret-Degeilh (dir.), Le travail sur archives. Guide pratique, Paris, Armand Colin, pp. 195-222.
1 Korman Rémi, Poels Géraldine, Robinet François et Thièvre Jérôme (2021), « #Kwibuka 25. Documenter la fabrique numérique des mémoires du génocide des Tutsi du Rwanda », Mémoires en jeu, 14, pp. 59-67.42 Une réflexion a été ouverte en 2019 avec le Centre de recherche et de pastorale des dominicains de Kigali et le département de la presse écrite de la Bibliothèque nationale de France sur la possibilité de déployer un vaste programme de numérisation des collections rwandaises de presse écrite. 43 Robinet François et Korman Rémi (à paraître), « Des usages des collections numériques de la presse rwandaise pour écrire l’histoire du génocide des Tutsi », in E. Bunout, M. Ehrmann et Fr. Clavert (dir.), Digitised Newspapers, a New Eldorado for Historians, Berlin, De Gruyter.44 Cadrage scientifique de la journée d’étude « Collecter, analyser et transmettre la parole des témoins du génocide des Tutsi du Rwanda » (MSH Paris-Saclay, 26 avril 2019).
45 Nous renvoyons ici à leurs thèses respectives : Gishoma Darius (2014), Crises traumatiques collectives d’ihahamuka lors des com-mémorations du génocide des Tutsi : aspects cliniques et perspectives thérapeutiques, Louvain-la-Neuve, UCLouvain ; Faucheux Amélie (2019), Massacrer dans l’intimité : la question des ruptures de liens sociaux et familiaux dans le cas du génocide des Tutsis du Rwanda de 1994, Paris, EHESS.
Bibliographie(2015), Dossier « Enquêter en terrains difficiles », Civilisations, 64. En ligne, consulté le 26 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/civilisations/3800. Audoin-Rouzeau Stéphane (2015), « Être témoin au procès Simbikangwa : un récit »,Grief, 2(1), pp.159-165. Audoin-Rouzeau Stéphane (2016), « Chercheurs dans le prétoire : retour sur le procès Simbikangwa (2014). Un dialogue magistrat-historien », Grief, 3(1), pp.175-182.Barbier Jonathan et Mandret-Degeilh Antoine (2018), «Les archives numériques et numérisées », in J. Barbier et A. Mandret-Degeilh (dir.), Le travail sur archives. Guide pratique, Paris, Armand Colin, pp.195-222.Bernault Florence (1998), « La communauté africaniste française au crible de la crise rwandaise », Africa Today,45(1), pp. 45-57.Brinker Virginie etal. (2017), Rwanda, 1994-2014 – Récits, histoires et mémoires, Dijon, Les Presses du Réel.D’Hertefelt Marcel et De Lame Danielle (1987), Société, Culture et Histoire du Rwanda. Encyclopédie bib-liographique1864-1980/87, Tervuren, Musée royal de l’Afrique centrale, 2vol.Dumas Hélène (2016), « La parole comme lieu d’enquête. Enquêteurs judiciaires et chercheurs face aux acteurs du génocide »,Grief, 3(1), pp.163-170. Evrard Camille etal. (2021), « Au-delà du rapport Duclert. Décentrer l’histoire du génocide des Tutsi du Rwanda », Revue d’histoire contemporaine de l’Afrique. En ligne. URL : https://oap.unige.ch/journals/rhca/issue/view/rwanda. Faucheux Amélie (2019), Massacrer dans l’intimité: la question des ruptures de liens sociaux et familiaux dans le cas du génocide des Tutsis du Rwanda de 1994, thèse de doctorat en sociologie, Paris, EHESS.Gishoma Darius (2014), Crises traumatiques collectives d’ihahamuka lors des commémorations du génocide des Tutsi: aspects cliniques et perspectives thérapeutiques, thèse de doctorat en psychologie, Louvain-la-Neuve, UCLouvain. Korman Rémi (2016), « Les entreprises de réécriture de l’histoire du génocide des Tutsi », Mémoires en jeu, 1. En ligne. URL : https://www.memoires-en-jeu.com/varia/les-entreprises-de-reecriture-de-lhis-toire-du-genocide-des-tutsi/.Korman Rémi (2020), Commémorer sur les ruines. L’État rwandais face à la mort de masse dans l’après-coup du génocide (1994-2003), thèse de doctorat (sous la dir. de Stéphane Audoin-Rouzeau), Paris, EHESS.Korman Rémi, Poels Géraldine, Robinet François et Thièvre Jérôme (2021), « #Kwibuka 25. Documenter la fabrique numérique des mémoires du génocide des Tutsi du Rwanda », Mémoires en jeu, 14, pp. 59-67.Korman Rémi et Robinet François (2021), « Collecter – RwandaMAP (Mémoires, Archives, Patrimoines) », Mémoires en jeu, 12. En ligne. URL : https://www.memoires-en-jeu.com/actu/collecter-rwanda-map-memoires-archives-patrimoines/.Levy Daniel et Sznaider Natan (2006), Memory and the Holocaust in a Global Age, Philadelphia, Temple University Press. Piton Florent (2022), «Les archives à parts égales. Archives, écriture de l’histoire et génocide au Rwanda », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 69(1), pp.88-102.Robinet François (2022), «L’archive retrouvée. Enquêter sur le rôle de la France au Rwanda », Revue d’his-toire moderne & contemporaine, 69(1), pp.40-55.Robinet François et Korman Rémi (2022), « Des usages des collections numériques de la presse rwandaise pour écrire l’histoire du génocide des Tutsi », in E. Bunout, M. Ehrmann et Fr. Clavert (dir.), Digitised Newspapers, a New Eldorado for Historians, Berlin, De Gruyter.
Rovetta Ornella (2019), Un Génocide au tribunal. Le Rwanda et la justice internationale, Paris, Belin.Rutayisire Paul, Mulinda Charles Kabwete, Gakwenzire Philibert et Piton Florent (2021), « Écrire l’histoire du génocide des Tutsi au Rwanda à partir de sources locales. Entretien avec Paul Rutayisire, Charles Kabwete Mulinda et Philibert Gakwenzire », Sources. Material & Fieldwork in African Studies, 3, pp.257-281. Tallier Pierre-Alain, Van Eeckenrode Marie et Van Schuylenbergh Patricia (dir.) (2021), Belgique, Con-go, Rwanda et Burundi : Guide des sources de l’histoire de la colonisation (19e-20esiècle). Vers un patrimoine mieux partagé !, Turnhout, Brepols. Vidal Claudine (2014), «Enquêtes au Rwanda. Questions de recherche sur le génocide tutsi », Agone, 53, pp.103-142.