Titre
To: FC - Subject: Meeting between HAC - Operations officer of the Gendarmerie - G2 of the RGF and some thirty members of the Interahamwe and various self defence forces
Cote
Case No: ICTR-98-41-T Exhibit No: DB 290 Date admitted: 23-11-2005 Tendered by: Defence Name of witness: MacNeil
Traduction
Objet : Rencontre entre le HAC - l'officier chef des Opérations de la Gendarmerie - le G2 des FAR et une trentaine de membres des Interahamwe et de diverses forces d'autodéfense.
1. La réunion susmentionnée s'est tenue entre 12h30 et 14 h 45 le 16 mai 1994 à l'hôtel des diplomates à Kigali. Étaient présents les personnes suivantes :
a. Colonel Yaache, commandant de la cellule d'assistance humanitaire de la MINUAR (CHO) ;
b. Lieutenant-colonel Paul Rwarakabije, officier chef des opérations de la gendarmerie
c. Col Aloys Ntiwiragabo, G2 FAR
d. Certains dirigeants des INTERAHAMWE et des divers auto forces de défense,
e. Major Pajik, et
f. Major Mac Neil.
OBJECTIF
2. Le but de la réunion était de confirmer la planification détaillée de l'évacuation de quelque deux cent soixante orphelins des Orphelinats de Gisimba et Gitega à Kigali pour une évacuation vers Kampala puis à l'étranger.
DISCUSSION
3. Le colonel Yaache a souhaité la bienvenue à tous les participants à la réunion leur indiquant qu'il était le chef de l'action humanitaire pour la MINUAR et que l'une des tâches principales de la Cellule d'assistance Humanitaire et d'ailleurs celle de la MINUAR était de veiller à ce que de nombreuses personnes déplacées craignant pour leur vie puissent être autorisées à retourner dans les zones du pays où ils souhaitaient retourner. Il a indiqué à toutes les personnes présentes que des discussions préliminaires avaient été tenue précédemment avec le Chef de Cabinet du Rwanda [Sic], le G3 de la Gendarmerie et certains chefs des INTERAHAMWE et des milices et il a été convenu en principe en tant que geste humanitaire et pour montrer au monde extérieur que le gouvernement du Rwanda pouvait compter sur ses citoyens de suivre cette orientation donnée par le gouvernement.
4. Le colonel Yaache a poursuivi en disant que le but spécifique de cette réunion était la planification détaillée du transfert initial de personnes déplacées qui se concrétisait par l'évacuation des orphelins. Il a ajouté que l'intention de la MINUAR était de mener les opérations en trois étapes :
a. l'évacuation des orphelinats ;
b. l'évacuation des camps de déplacés ; et
c. l'évacuation des déplacés clandestins.
5. La parole a ensuite été donnée au Lt Col Paul Rwarakabiji, l'officier commandant des Opérations de la Gendarmerie, qui a confirmé à tous les présents qu'après les entretiens préliminaires terminés sur ce sujet, il était prêt à déterminer avec les personnes présentes la manière dont elles participerait à cette opération. Il a ensuite décrit la participation de la Gendarmerie et a indiqué qu'au cours réunions précédentes, il avait convaincu la MINUAR que leur participation devrait consister en des véhicules pour transporter les orphelins et quelques escortes armées dans des jeeps ou des camionnettes pour renforcer la Gendarmerie et montrer la coopération de la MINUAR. Il a indiqué qu'il avait suggéré à la MINUAR que l'utilisation de moyens blindés serait inappropriée pour cette opération. A ce stade tout les dirigeants présents ont convenu que ce serait tout à fait inapproprié. Il a poursuivi en confirmant que l'évacuation devait commencer à 09h00 le lendemain.
6. À ce stade de la réunion, il est apparu que la majorité des chefs des INTERAHAMWE et des milices locales étaient d'accord avec le plan. Cependant il est apparu que certains présents qui n'avaient pas assisté aux réunions précédentes étaient quelque peu perplexes et restaient silencieux avec un regard vide et peut-être un sourire quant à l'ampleur de l'opération qui allait être lancée dans les 24 heures.
7. Le colonel Yaache est alors intervenu en indiquant qu'il n'a pas pu confirmer que l'opération pouvait effectivement avoir lieu le le lendemain matin car la MINUAR n'avait pas encore reçu de réponse finale du FPR. Il a indiqué que pour cette raison, la séquence des événements et les détails sur le rôle de chacun pourraient être déterminés et mis en place une fois la coopération du FPR assurée.
8. Le G3 de la Gendarmerie et le G2 du RGF à ce stade ont donné l'impression que quelque chose de très important manquait pour convaincre toutes les personnes présentes et que cela nécessitait à ce moment-là une réunion. Néanmoins, le Président des INTERAHAMWE a indiqué que son intention était de mettre 10 de ses membres le long de la route pour avertir de l'opération et que son organisation avait décidé d'employer 20 de ses membres pour annoncer à la radio où les personnes déplacées qui se cachent pourraient se signaler et où elles seraient accueillis par ses gens et un représentant de la MINUAR pour être évacués vers un lieu où elles souhaitaient se rendre.
9. C'est alors que le G2 du RGF souleva la question que le calendrier de l'opération doit être tel que tous les forces gouvernementales, y compris les forces d'autodéfense, soient informées de l'itinéraire exact du convoi et combien de temps il faudrait pour revenir. Le colonel Yaache a indiqué que le convoi ne prendrait que 100 orphelins car c'était tout ce que l'avion Hercules pouvait contenir. Si cette opération réussissait, elle serait répétée à une date ultérieure pour les autres orphelins en fonction de la disponibilité d'un avion.
10. La discussion a glissé ensuite sur le choix du lieu où l'escorte laisserait le convoi dans la zone du FPR. Après quelques discussions, le point a été identifié comme étant la position des FAR près de l'École anglaise de Kigali.
11. Le G2 a ensuite soulevé la question qu'il fallait un cessez-le-feu pendant l'opération et une garantie du FPR qu'ils ne profiteraient pas de l'occasion pour lancer une offensive. Le Colonel Yaache a expliqué que cette question serait traitée avant le lancement de l'opération et que c'était une des principales raisons pour lesquelles, selon toute vraisemblance, l'opération ne pourra avoir lieu le lendemain.
12. La parole a ensuite été donnée aux dirigeants des milices et c'est alors que les choses ont vraiment dégénéré. Un chef a indiqué qu'il devait pouvoir traverser les lignes du FPR pour atteindre les lignes des FAR à proximité de l'aéroport afin qu'il puisse personnellement vérifier que les orphelins était arrivé à l'aéroport. Le G2 des FAR a convenu que c'était vraiment nécessaire. Le colonel Yaache a expliqué que cela poserait certainement un problème avec le FPR et cela serait sans doute une difficulté majeure pour la réalisation de l'opération.
13. Un autre dirigeant a indiqué qu'il n'était pas convaincu qu'il était nécessaire d'évacuer les orphelins car ils n'avaient pas été en danger depuis le début des hostilités. Il a demandé au HAC qui, en fait, avait soudainement décidé d'évacuer ces orphelinats en particulier alors qu'il y en avait d'autres tout aussi méritants et plus dans le besoin. Le colonel Yaache a expliqué que la décision avait été prise en concertation avec le gouvernement rwandais et les FAR et était basée sur certaines raisons impérieuses et que d'autres orphelinats seraient pris en compte plus tard.
14. Ce même dirigeant a poursuivi en indiquant qu'il sentait il y avait un manque de fair-play de la MINUAR car c'était une deuxième tentative d'évacuer les Tutsis de Kigali, les Milles Collines étant la première. Il sentait que quelqu'un avait entrepris un effort concerté pour vider la zone FAR de Kigali de tous les Tutsis afin que le FPR puisse en faire le siège. 15. La réunion s'est terminée sur les paroles de l'équipe de la Cellule d'assistance humanitaire (HAC) indiquant qu'elle transmettrait les questions soulevées lors de la réunion avec le commandant de la MINUAR (FC). En résumé, il s'agissait de :
a. Il doit y avoir un cessez-le-feu et une garantie du FPR qu'ils ne profiteront pas de la situation si cette opération se met en place.
b. Il faut trouver un moyen pour que les représentants de certaines milices puissent entrer en contact avec leurs camarades dans la zone de l'aéroport avec l'autorisation de traverser la zone du FPR.
c. Certains dirigeants sont sceptiques quant aux intérêts étrangers soudainement préoccupés par une zone et forçant la main de la MINUAR afin de favoriser les Tutsi contre les Hutu (un sentiment qui a conduit un dirigeant à exprimer l'avis que le commandant de la MINUAR n'était pas neutre dans ce conflit).
d. Ils craignent qu'il y ait un effort concerté pour vider la zone FAR de Kigali des Tutsis afin que le FPR puisse en faire le siège. 18. Les représentants des INTERAHAMWE et les chefs des milices ont quitté réunion certainement peu impressionnés à notre point de vue (?). Le G3 de la Gendarmerie était le plus perplexe ainsi que le G2 des FAR,
19. Il est ressorti du compte rendu de la réunion que les FAR n'exerçaient pas de contrôle sur les milices et n'avait pas la volonté de gérer ces groupes dans un sens positif.
20. On pense qu'il y aura probablement un compte rendu acerbe envers la MINUAR sur Radio Rwanda concernant cette opération en particulier, vu la présence du G3 de la Gendarmerie et du G2 du RGF.
21. La question de l'évacuation des personnes déplacées à Kigali reste un sujet très sensible qui doit être traité avec tact et prudence extrêmes.
DJ MacNeil
Maj
CHO
Citation
INTER OFFICE MMORANDUM
To: FC
ADMITTED 3 3 - (
TENDEKtb
DATF,
From: CHO
Date: 16 May 1994
The above mentioned meeting was held between 1230 hrs and
1994 at the Diplomat Hotel in Kigali.
In
attendance were the following persons:
1.
1445 hrs 16 May,
a.
Colonel Yaache, CHO;
b.
Lt Col Paul Rwarakabiji, Gendarmerie Operations
Officer;
c.
Col Aloys Ntiwiragabo, G2 RGF
d.
Some leaders of the INTERAHAMWE and the various self
defence forces,
e.
Major Pajik, and
f.
Major MacNeil.
;
The aim of the meeting was to confirm the detailed planning
for the evacuation of some two hundred and sixty orphans from the
Gisimba and Gitega orphanages in Kigali for evacuation to Kampala
and thence overseas.
2.
3.
Colonel Yaache welcomed all the participants to the meeting
indicating to them that he was the Chief Humanitarian Officer for
UNAMIR and that one of the main tasks of the Humanitarian
Assistance Cell and indeed that of UNAMIR was to see that the
many displaced persons in fear for their lives should be allowed
to return to areas of the country that they wished to return to.
He indicated to all present that preliminary discussions had been
held previously with the Chef du Cabinet of Rwanda, the G3 of the
Gendarmerie and some of the leaders of the INTERAHAMWE and
militia groups and it was agreed in principle that as a
humanitarian gesture and to show the outside world that the
government of Rwanda could count on its citizens to follow
direction given by the government.
4.
Colonel Yaache went on to say that the specific aim of this
meeting was the detailed planning for the initial transfer of
displaced persons which centred on the evacuation of the orphans.
He further stated that UNAMIRrs intent was to conduct the
operation in three stages:
a.
the evacuation of the orphanages;
b.
.the evacuation of the displaced persons camps; and
c.
the evacuation of the displaced in hiding.
5.
The floor was then given to Lt Col Paul Rwarakabiji, the
Operations Officer of the Gendarmerie, who confirmed to all
present that with preliminary talks complete on this topic he was
ready to determine frun those present the manner in which they
would participate in this operation. He went on then to outline
the participation of the Gendarmerie and indicated that during
previous meetings he had convinced UNAEfIR M a t their
participation should consist of the vehicles to transport the
orphans and some anned escorts in jeeps or pickups to augment the
Gendarmerie and to show the cooperation of UNAMIR. He indicated
that he had suggested to UNAMIR that the use of amour assets
would be inappropriate for this operation. At this point all
leaders present agreed that this would be most inappropriate.
He went on to confirm that the evacuation was set to commence at
0900 hours the next day.
a.
6.
At this point in the meeting it appeared that the majority
of the leaders of the INTERAHAEaWE and local militias were in
agreement with the plan. However it appeared that some present
who had not attended previous meetings were somewhat puzzled and
remained silent with but a blank stare and perhaps a smile as to
the magnitude of the operation that was about to be launched
within 24 hours.
Colonel Yaache interjected at this point indicating that he
could not confirm that the operation could in fact take place the
following morning as UNAMIR had not as yet received a final
response from the RPF.
He indicated that for that reason a
sequence of events and details on participation could be worked
out and put in place once the cooperation of the RPF was assured.
7.
8.
The G3 of the Gendarmerie and the G2 of the RGF at this
point gave an impression that something very important was
lacking in convincing all those present that there was in fact
a requirement at this time for a meeting.
Nonetheless, the
President of the INERAHAMWE indicated that his intention was to
put 10 of his members along the route to warn of the operation
and that his organization had decided to employ 20 members to
announce on radio where displaced persons in hiding could report
and where they would be met by his people and a representative
of UNAMIR for evacuation to a location they wished to go.
A t this point i n time the G2 of the RGF raised the point
that the timetable for the operation must be such that all
government forces including the self defence forces be aware of.
the exact itinerary o f the convoy and how long it would take t o
return. Colonel Yaache indicated that the convoy would only take
100 orphans as that was all the Hercules aircraft could hold. If
this operation was successful, then it would be repeated a t a
later date for other orphans based on the availability of
aircraft.
9.
10. Talks now shifted to specifics of where the escort would
drou the convoy in the area of the RPF lines.
After some
diskussfon the point was identified as the RGF position near the
Kigali English School.
11. The G2 then raised the point that there must be a ceasefire
during the operation and a guarantee from the RPF that they would
not use the occasion to launch an offensive. Colonel Yaache
explained t h a t this concern would be addressed before the launch
of the operation and was a major reason why in all likelihood the
operation would not be able to take place the next day.
12. The floor was opened then to concerns of the leaders and
things really went downhill. One leader indicated that he would
have to be able to traverse RPF lines to reach the RGF lines near
the airport so that he could personally verify that the orphans
had arrived a t the airport. The G2 of the RGF agreed that this
was a real necessity. Colonel Yaache explained that this would
definitely pose a problem with the RPF and would undoubtedly be
a major difficulty for the completion of the operation.
%
13. Another leader indicated that he was not convinced that
there was a requirement to evacuate the orphans as they had not
been endangered since the conmencement of hostilities. He asked
HAC as to who in f a c t had suddenly decided to evacuate those
particular orphanages while there were others just as deserving
and more in need. Colonel Yaache explained that the decision was
in consultation with the Rwandese Government and the RGF based
on certain compelling reasons and that other orphanages would be
looked at later.
14. This particular leader went on to indicate that he felt
there was a lack of fair play in UNAMIR as this was a second
attempt to evacuate Tutsis from Kigali, the Milles Collines being
the first. He felt that someone was making a concerted effort
to empty the RGF side of Kigali of Tutsis so that the RPF could
lay siege t o it.
15. The meeting ended with the HAC team indicating that they
would raise the concerns raised during the meeting with the FC.
In summary these include:
a.
There must be a ceasefire and guarantee from the RPF
that they will not take advantage of the situation if
this operation proceeds.
b.
A means must be worked out so that representatives of
certain militias can make contact w i t h their comrades
in the area of the airport with permission to cross
through RPP territory.
c.
Certain leaders are skeptical about outside interests
being suddenly concerned about an area and forcing M e
hand of UNAMIR to favour the Tutsi versus the Hutu (a
feeling that led one leader to express the view that
he felt that the FC was not neutral in this conflict).
d.
They are concerned that there is a concerted effort to
empty the RGF area of Kigali of Tutsis so t h a t an RPF
siege can take place.
18. The INTERAHAMWE representatives and militia leaders left the
meeting certainly unimpressed in this authors view. The G3 of
the Gendarmerie was most perplexed as was the G2 of the RGF,
19. It was evident from the proceedings of the meeting that the
RGF lacks control of the militia groups and the will to marshal
these groups in any positive way.
20. It is felt that there will likely be some bad press towards
UNAMIR from Radio Rwanda concerning this operation particularly
in view of the presence of the G3 of the Gendarmerie and the G2
of the RGF.
.
21.
The issue of evacuation of displaced perzons in Kigali
remains a very sensitive one that needs to be handled with
extreme tact and caution.
D.J. MacNeil
Ma j
CHO
Haut
fgtquery v.1.9, 9 février 2024