Date
Dimanche 15 mai 1994
Sur titre
Journal de 12 heures
Titre
La rivière Kagera continue à charrier son lot quotidien de cadavres. Le spectacle est intenable, l'odeur indicible
Sous titre
Au nord-ouest de la Tanzanie, Benaco est le plus grand camp de réfugiés du monde.
Résumé
- Bernard Kouchner, the former French Minister for Humanitarian Action, failed to convince the belligerents to let 360 civilians from Kigali leave.
- A capital where fighting has redoubled since this morning. A country from which thousands of men, women and children fled.
- Benaco, in the Ngara region in northwest Tanzania, is the largest refugee camp in the world: 250,000 people, a camp that stretches over three kilometres. Flat terrain, difficult to access. Far from Dar es Salaam the Tanzanian capital, far from everything.
- For 10 days now the Rwandan refugees have organized themselves. A camp life. Very few saw the war, but the information from Kigali, the rumours, put them on the road to exile. Some of them have been going from camp to camp since the start of the war in Rwanda in 1990.
- 150 tons of food needed per day: the Red Cross is calling for substantial aid from the international community. The health situation is indeed precarious; the region is freezing, 10 to 15 degrees in the morning. Children are victims of pneumonia, adults of malaria.
- All go through Rusumo, the border bridge between Tanzania and Rwanda. RPF forces took control of this strategic point on 1st May. The Blue Helmets were able to see this during a control visit last Saturday [May 7].
- Under everyone's eyes, the Kagera River continues to carry its daily load of corpses. The spectacle is unbearable, the smell indescribable. Horror has no name.
- Tanzania warned the two Rwandan belligerents this morning. Tanzania warns that any attempt to penetrate its soil or destroy the Rusumo Bridge by either side would be tantamount to a declaration of war.
Type
Transcription d'une émission de télévision
Citation
[Richard Tripault :] […] de Bernard Kouchner au Rwanda : l'ancien ministre français à l'Action humanitaire n'a pas réussi à convaincre les belligérants de laisser partir 360 civils de Kigali.
Une capitale où les combats redoublent depuis ce matin. Un pays d'où s'enfuient des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Reportage de Gabrielle Lorne et Axel Charles-Messance.
[Gabrielle Lorne :] Benaco, dans la région de Ngara au nord-ouest de la Tanzanie, est le plus grand camp de réfugiés du monde : 250 000 personnes, un camp qui s'étire sur trois kilomètres [une incrustation "Ngara (Tanzanie)" s'affiche à l'écran]. Un terrain plat, difficile d'accès. Loin de Dar es-Salaam la capitale tanzanienne, loin de tout [diffusion d'images du camp de réfugiés].
Depuis 10 jours maintenant les réfugiés rwandais se sont organisés. Une vie de camp. Très peu ont vu la guerre mais les informations venues de Kigali, les rumeurs, les ont mis sur les routes de l'exil. Certains d'entre eux vont de camp en camp depuis le début de la guerre au Rwanda en 1990 [on voit notamment des réfugiés en train de préparer de la nourriture ou de se faire couper les cheveux].
150 tonnes de nourriture nécessaires par jour : la Croix-Rouge réclame une aide substantielle de la communauté internationale. La situation sanitaire est en effet précaire [on voit des réfugiés en train de recevoir des vivres] ; la région est glaciale, 10 à 15 degrés le matin. Les enfants sont victimes de pneumonie [on entend un enfant tousser], les adultes de malaria.
Tous passent par Rusumo, le pont frontalier entre la Tanzanie et le Rwanda [gros plans sur le pont de la rivière Rusumo et sur un panneau "République rwandaise" indiquant la distance à parcourir jusqu'aux principales villes du pays]. Les forces du FPR ont pris le contrôle de ce point stratégique le 1er mai. Les Casques bleus ont pu le constater lors d'une visite de contrôle samedi dernier [7 mai] [on voit des soldats du FPR puis des Casques bleus].
Sous les yeux de tous, la rivière Kagera continue à charrier son lot quotidien de cadavres. Le spectacle est intenable, l'odeur indicible. L'horreur n'a pas de nom [gros plan sur un cadavre qui tourbillonne dans les chutes de Rusumo].
La Tanzanie a mis en garde ce matin les deux belligérants rwandais. La Tanzanie prévient que toute tentative de pénétrer sur son sol ou de détruire le pont de Rusumo par l'une ou l'autre des parties équivaudrait à une déclaration de guerre [la caméra dézoome sur la rivière Kagera].
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