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Le 7 avril 1994 commence au Rwanda l’une des plus grandes tueries du XXe siècle. Ce n’est pas une guerre interethnique, mais une extermination planifiée qui, en trois mois, va ôter la vie à près d’un million de personnes.
Citation
1- Qu'est-ce que c'est ?
2- Comment cela a-t-il débuté ?
3- Qui sont les Hutus et les Tutsis ?
4- Comment en est-on arrivé là ?
5- Comment cela a-t-il pris fin ?
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1 – Qu’est-ce que c’est ?
Le 7 avril 1994 commence au Rwanda l’une des plus grandes tueries du XXe siècle. Ce n’est pas une guerre interethnique, mais une extermination planifiée qui, en trois mois, va ôter la vie à près d’un million de personnes.
L’essentiel des victimes appartiennent à la minorité tutsie ; les auteurs de cette extermination sont des Hutus, appartenant à la communauté majoritaire, au pouvoir depuis 1962.
Plusieurs milliers de Hutus modérés, qui n’adhèrent pas à l’idéologie raciste de leurs dirigeants, trouvent aussi la mort dans ce bain de sang.
Il s’agit bel et bien d’un « génocide » : un acte criminel perpétré dans le but de détruire « en tout ou en partie, un groupe national, ethnique ou religieux ».
2 – Comment cela a-t-il débuté ?
Le 6 avril, un attentat vise l’avion ramenant à Kigali, la capitale, le président hutu du Rwanda, Juvénal Habyarimana. L’explosion coûte la vie à tous les passagers du Falcon.
Les extrémistes hutus appellent la population à exterminer les Tutsis pour venger le président disparu.
Les militaires proches des extrémistes prennent le pouvoir dans la foulée.
Dès le 7 avril, les violences touchent la capitale, avant de s’étendre, en une dizaine de jours, à tout le pays.
3 – Qui sont les Hutus et les Tutsis ?
À l’origine, Tutsis et Hutus constituent un seul et même peuple. Tous parlent le kinyarwanda et partagent une histoire commune depuis des siècles.
Ce sont les colonisateurs, les Allemands puis les Belges, nourris de l’idée d’inégalité des races, qui en font deux groupes ethniques distincts et privilégient les Tutsis au détriment des Hutus.
Lorsque les Belges quittent le Rwanda en 1962, le pouvoir passe aux mains des Hutus, majoritaires (85%).
C’est la fin des privilèges dont bénéficiaient les Tutsis. Ils deviennent les boucs émissaires des crises à répétition que traverse la jeune République rwandaise.
4 – Comment en est-on arrivé là ?
À chaque crise meurtrière, des Tutsis rwandais s’exilent dans les pays voisins. En Ouganda, ils créent en 1987 le Front patriotique rwandais. Le 1er octobre 1990, le FPR lance sa première offensive.
Le président Habyarimana, au pouvoir depuis son putsch de 1973, prend prétexte de cette attaque pour perpétrer des exactions contre les Tutsis de l’intérieur, accusés de complicité avec les rebelles du FPR.
Parallèlement, certains médias distillent l’idéologie de haine qui sera le principal ressort du génocide : les Tutsis sont déshumanisés, qualifiés de « cancrelats » (inyenzi) par une presse radicale qui évoque, dès 1991, la machette comme réponse à la « question tutsie ».
En 1992 est créée la milice hutue Interahamwe (« ceux qui combattent ensemble »), rompue à l’exercice de la violence.
5 – Comment cela a-t-il pris fin ?
On tue avec méthode et application. Des listes des personnes à tuer sont établies par les autorités. Puis les Interahamwe et les Forces armées rwandaises érigent des barrages routiers, fouillent les maisons.
Hommes, femmes et enfants sont exterminés chez eux, sur les collines et parfois même au sein des églises où ils se sont réfugiés.
Parfois, faute de miliciens, les civils sont mobilisés : on les rétribue, on les menace pour les pousser à massacrer leurs voisins et parfois leurs parents. Le plus souvent à la machette.
Il y a en moyenne 10 000 morts par jour. Les tueries ensanglantent les villes comme les collines et les marais rwandais.
Elles prennent fin le 4 juillet 1994, avec la prise de Kigali par les rebelles du FPR dirigés par Paul Kagame.
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Journalistes : A. Poissonnier avec T. Chanda