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RWANDA: DE LA DISCRIMINATION AU GENOCIDE
Les événements tragiques qui secouent le Rwanda depuis le 20
janvier 1993 ont déjà fait plus de 300 morts, des milliers de blessés et des
sans-abri dont le nombre ne cesse d'augmenter. Les auteurs de ces atrocités
sont les partisans de l'ex-parti unique et ses alliés. Ces extrémistes terrorisent
la population à travers tout le pays avec l'aval du président Habyarimana
qui contrôle toujours l'armée, l'administration territoriale et tous les
services de sécurité. Dans leur sinistre entreprise, ces criminels visent
systématiquement la population tutsi et les membres des partis opposés à
l'ancien parti unique dont Habyarimana est toujours président.
La dimension ethnique de cette tragédie est appréhendée, preuves à
l'appui, en termes de génocide par tous les observateurs impartiaux. C'est
notamment le constat de la Commission d'enquête internationale sur les
violations des Droits de l'homme qui vient de séjourner au Rwanda du 7 au
21 janvier 1993. C'est aussi cette réalité tragique qu'un des membres de cette
commission a dénoncée, le 28 janvier dernier au journal du soir de France 2
révélant à l'opinion française, à travers des images choquantes, l'existence
au Rwanda de charniers humains. L'opinion internationale devrait
comprendre cependant que cette sinistre découverte ne constitue qu'un petit
échantillon à titre de preuves pour qui aurait encore des doutes sur les
atrocités que continue à commettre en toute impunité le régime
Habyarimana
La dimension politique de ces massacres des Tutsi et des Hutu appar-
tenant aux partis opposés au régime dictatorial de Habyarimana relève
d'une stratégie visant à bloquer la transition démocratique et à casser la
dynamique de paix recherchée par le gouvernement actuel de coalition et le
Front patriotique rwandais dans le cadre des négociations d'Arusha.
Dans leurs funestes desseins, Habyarimana et ses complices
s'inspirent de l'idéologie raciste sur laquelle se fonde le régime actuel du
Rwanda. En effet depuis 1973 le président Habyarimana a dirigé le pays en se
basant sur une politique de discrimination et d'apartheid dite "d'équilibre
ethnique et régional". L'exclusion et la persécution des Tutsi jusqu'au
génocide actuel ont été d'autant plus faciles que la carte d'identité nationale
porte obligatoirement les mentions "ethniques".
Cette idéologie raciste, correspondant à ce qu'on appelle ailleurs
"purification ethnique", a été explicitée en décembre 1990 dans un des
numéros du journal Kangura, proche du régime, sous le titre "Les dix
commandements du Hutu".
Tout en dénonçant de la manière la plus ferme ce génocide organisé
au Rwanda, la Communauté rwandaise de France s'associe à tous ceux qui
aujourd'hui sont rassemblés pour condamner le racisme à travers le monde
et lutter pour l'avénement de l'égalité des droits.
Paris, 6 février 1993
LA COMMUNAUTE RWANDAISE DE FRANCE
56 bis rue du Louvre 75002 Paris tél. 40.39.91.12 - fax 40.26.37.59
