Fiche du document numéro 30973

Num
30973
Date
Mercredi 11 mai 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Auteur
Taille
8193893
Sur titre
Journal de 20 heures [2:27]
Titre
Niyonshuti, 10 ans : « Ils voulaient tuer aussi les enfants tutsi, surtout les garçons, pour les empêcher plus tard de se venger »
Sous titre
À l'hôpital de Gahini, les patients sont souvent très jeunes, principalement d'ethnie tutsi, le plus souvent mutilés d'un bras ou d'une jambe ou blessés à la tête.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Mot-clé
Résumé
- Chronicle of a forgotten war: fighting is raging again in Kigali, the Rwandan capital. Bombings provoke a new dramatic exodus of the civilian population taking refuge in makeshift camps.

- Our special envoys were able to carry out a macabre reconnaissance in this martyred country, accompanied, or rather "guided" in quotation marks, by a Tutsi officer.

- The smell is pestilential. The decomposing bodies of entire families still line the road between the Tanzanian border and Kigali. Some, surprised in their house; others, coldly executed with their hands tied behind their backs.

- Undoubtedly to prove the extent of the massacre, the rebels of the Rwandan Popular Front, which took over the region from the government army, have still not decided to bury these dead. They walk the journalists around, a kind of horror safari.

- Despite the call of the RPF guaranteeing them safety, more than three weeks after the killing, there are still few Rwandan refugees who dare to return to their villages. Tony Kabanda, RPF press officer: "The war here has never been between the two ethnic groups, Hutu and Tutsi. The war here opposes the democrats to the dictators who committed these massacres that you see".

- Only about thirty kilometers from Kigali where the heavy weapon fighting continues, the Gahini hospital, the last in working order in the region. Doctors of the World brought a surgical team back there as soon as the massacre was over. We also meet the first exploratory missions of the International Committee of the Red Cross trying to assess the situation.

- At Gahini hospital, the patients are often very young, mainly of Tutsi ethnicity, most often mutilated in an arm or a leg or injured in the head by formidable nail boards, the preferred weapon executors. Nshizirungu, 10 years old: "I tried to flee with my family. But the militiamen shot me in the leg. Everyone in my family was killed". Niyonshuti, 10 years old: "They also wanted to kill Tutsi children, especially boys, to prevent them from taking revenge later".

- In Gahini there was a hospital, it is now also an orphanage.
Source
Fonds d'archives
INA
Commentaire
The 20 o'clock news of France 2 of May 11, 1994 is visible in its entirety here: https://www.youtube.com/watch?v=noBhfp9xqEQ
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Bruno Masure :] Madame, Monsieur, bonsoir. Euh, chronique d'une guerre oubliée : les combats font à nouveau rage à Kigali, la capitale rwandaise. Des bombardements provoquent un nouvel exode dramatique de la population civile réfugiée dans des camps de fortune.

Nos envoyés spéciaux Éric Monier et Pierre-Laurent Constant ont pu effectuer une reconnaissance macabre dans ce pays martyr, accompagnés -- ou plutôt "guidés" entre guillemets -- par un officier tutsi.

[Éric Monier :] L'odeur est pestilentielle. Les corps en décomposition de familles entières bornent encore la route entre la frontière tanzanienne et Kigali [gros plans sur des cadavres allongés au bord d'une route et dans une maison]. Les uns, surpris dans leur maison [on voit une famille entièrement massacrée dans sa maison] ; d'autres, froidement exécutés les mains liées dans le dos [on revoit la scène précédente montrant des cadavres dont les bras ont été liés dans le dos au-dessus des coudes].

Sans doute pour prouver l'ampleur du massacre, les rebelles du Front populaire rwandais -- le FPR --, qui a repris la région à l'armée gouvernementale, ne se sont toujours pas décidés à enterrer ces morts [on voit un soldat du FPR en train de répondre à des journalistes ; le plan suivant montre un journaliste en train de photographier un cadavre]. Ils baladent les journalistes, se…, une sorte de safari de l'horreur.

Malgré l'appel du FPR leur garantissant la sécurité, plus de trois semaines après la tuerie, ils sont encore rares les réfugiés rwandais à oser revenir dans leurs villages [gros plan sur le soldat du FPR cité ci-avant].

["Tony Kaband [Kabanda], officier de presse (FPR)" [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "La guerre ici n'a jamais été entre les deux ethnies, hutu et tutsi. La guerre ici oppose les démocrates aux dictateurs qui ont commis ces massacres que vous voyez".]

À une trentaine de kilomètres seulement de Kigali où les combats à l'arme lourde continuent, l'hôpital de Gahini, le dernier en état de fonctionner dans la région [on voit l'entrée de l'hôpital devant laquelle errent quelques enfants blessés à la tête]. Médecins du monde y a ramené une équipe chirurgicale aussitôt la fin du massacre. On y croise aussi les premières missions exploratoires du Comité international de la Croix-Rouge qui tentent d'évaluer la situation [on voit une dame blanche en train de s'entretenir avec un soldat du FPR].

À l'hôpital de Gahini, les patients sont souvent très jeunes, principalement d'ethnie tutsi, le plus souvent mutilés d'un bras ou d'une jambe ou blessés à la tête par de redoutables planches à clou, l'arme préférée des exécuteurs [on voit une fillette, dont le bras gauche a été amputé, en train de se faire couper les cheveux ; le plan suivant montre plusieurs blessés gisant sur leur lit d'hôpital].

["Nshizirungu, 10 ans" [il s'exprime en kinyarwanda mais ses propos sont traduits] : "J'ai essayé de fuir… avec ma famille. Mais les miliciens m'ont tiré une balle dans la jambe. Dans ma famille, tout le monde a été tué".]

["Niyoushuti [Niyonshuti], 10 ans" [il s'exprime en kinyarwanda mais ses propos sont traduits ; ils est grièvement blessé à la tête et aux bras] : "Ils voulaient tuer aussi les enfants tutsi, surtout les garçons, pour les empêcher plus tard de se venger".]

À Gahini il y avait un hôpital, c'est maintenant aussi un orphelinat [gros plan sur un enfant assis contre un mur de l'hôpital ; sa tête est recouverte de pansements].

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