Fiche du document numéro 30421

Num
30421
Date
Lundi 11 juillet 1994
Amj
Hms
13:00:00
Taille
21385
Sur titre
Journal de 13 heures
Titre
La perspective du départ des militaires français risque de précipiter le mouvement des réfugiés vers le Zaïre car la plupart craint les représailles du Front patriotique rwandais
Sous titre
Edouard Balladur et Alain Juppé vont une nouvelle fois demander une mobilisation internationale pour développer l'aide humanitaire au Rwanda.
Nom cité
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Lieu cité
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ONU
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Résumé
- Edouard Balladur will be at the UN headquarters in New York this afternoon. He goes once again with Alain Juppé to ask for an international mobilization to develop humanitarian aid in Rwanda. There are over a million refugees to save and most of them have no idea where to go.

- Most often barefoot, the refugees carry their meager wealth on their heads, straw mattresses, blankets, a little food and sometimes even a goat. We met them south of Gikongoro on the road to Zaire, the only asphalt road in the country. They were unable or unwilling to stay in the camps in the region. So they've been walking, for a week or more, as long as they have feet, they say. The small group left their village on May 25, fleeing the war. Accompanied by about twenty children, they only walk every other day and sleep by the side of the road in the forest.

- The French soldiers would like to stabilize the flow of these families inside the security zone. But the prospect of their departure at the end of the month or a little later risks precipitating the movement towards Zaire because most of the refugees fear reprisals from the Rwandan Patriotic Front.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Jean-Pierre Pernaut :] Edouard Balladur sera au siège de l'ONU à New York cet après-midi. Il va une nouvelle fois avec Alain Juppé demander une mobilisation internationale pour développer l'aide humanitaire au Rwanda. Il y a plus d'un million de réfugiés à sauver et la plupart d'entre eux ne savent absolument pas où aller. Témoignages de nos envoyés spéciaux… au Rwanda, Isabelle Marque et Gilles Hémart.

[Isabelle Marque :] Comme tous les jours, ils sont partis tôt ce matin avec les femmes et les enfants [une incrustation "Gikongoro, Rwanda" s'affiche à l'écran]. Le plus souvent pieds nus, ils portent leurs maigres richesses sur la tête, des paillasses, des couvertures, un peu de nourriture et parfois même une chèvre. Nous les avons rencontrés au sud de Gikongoro sur la route qui mène au Zaïre, la seule route asphaltée du pays. Ils n'ont pas pu ou pas voulu rester dans les camps de la région. Alors ils marchent, depuis une semaine ou plus, tant qu'ils ont des pieds, disent-ils [on voit des gens marcher au bord d'une route].

[Isabelle Marque interroge un Rwandais : - "En fait vous marchez tous les jours ?". Réponse : - "Oui, oui. Et puis la nuit on…, on fait un campement quelque part, on fuit dans la brousse". Isabelle Marque : - "Et là, vous sortez de la forêt, vous avez dormi dans la forêt ?". Le Rwandais : - "Ah oui, oui. Bien sûr…, c'est souvent". Isabelle Marque : - "Oui. Ça fait…, il fait froid ?". Réponse : - "Oui, tellement froid ! Oui."

Isabelle Marque interroge à présent une jeune femme rwandaise : - "Pourquoi vous ne restez pas ici ?". Réponse : "Nous voyons que ici il n'y a pas la sécurité. Nous n'avons pas de quoi à manger."]

Ce petit groupe a quitté son village le 25 mai, fuyant la guerre. Accompagnés d'une vingtaine d'enfants, ils ne marchent qu'un jour sur deux et dorment au bord de la route dans la forêt. Comme ceux qui les accompagnent, Elie et Monique ont à peine eu le temps de prendre leurs affaires.

"Quand on a entendu les tirs, raconte-t-il, on a juste pris une couverture, un savon, 10 kilos de haricots et on est parti avec les enfants. On veut aller jusqu'à la frontière avec le Zaïre car les combats vont continuer". "Il arrive qu'on ne mange qu'une fois tous les deux jours, dit-elle. Mais le plus dur c'est la nuit, les enfants ont froid, ils toussent et ils sont malades" [le couple s'exprime en kinyarwanda devant plusieurs membres du groupe].

Monique nous montre son enfant aux yeux infectés. Mais elle a ni le temps ni l'argent pour chercher un médecin. Elle préfère avancer le plus vite possible, loin de la guerre.

[De Gikongoro, Isabelle Marque, face caméra, sur le bord d'une route où l'on voit des réfugiés défiler : "Les militaires français voudraient bien stabiliser le flux de ces familles à l'intérieur de la zone de sécurité. Mais la perspective de leur départ à la fin du mois ou un peu plus tard risque de précipiter le mouvement vers le Zaïre car la plupart des réfugiés craignent les représailles du Front patriotique rwandais".]

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024