Résumé
- Marc Autheman: "There is also the impotence of the UN in Rwanda. There were more than 2,000 blue helmets and civil servants on the spot. For months, finally, they could not prevent anything there too. Today he Red Cross spoke today of tens and tens of thousands of deaths in Rwanda! I simply wanted to show you an image: the Belgian paratroopers, the last ones who were in Kigali, have returned. One of these men, there it's a gesture of anger in front of the camera, tore his beret on his return from Rwanda. The situation there is absolutely terrible. Do you have a team working in Kigali at the moment?".
- Rony Brauman: "There is a Doctors Without Borders team in Kigali with the International Red Cross. Rwandan armies. I understand that perfectly. There again, the impotence of the UN, which puts in place a kind of device simply to say 'We are there, the situation is under control', is absolutely impossible to accept".
Citation
[Élise Lucet et Marc Autheman interviewent en plateau Rony Brauman.]
Élise Lucet : […] que vous ce soir, vous avez le sentiment que, euh…, la direction de l'ONU, euh, vous met plus en danger, vous, les…, les associations humanitaires -- et même les hommes de l'ONU sur le terrain -- qu'elle ne vous protège ?
Rony Brauman, "président MSF" : Ben…, elle nous a mis déjà en danger en ce que elle a retiré sept observateurs militaires sans en avertir personne ce matin à l'aube avant 5 heures du matin. C'est-à-dire que on s'est aperçu ce matin que sept observateurs militaires avaient été purement et simplement raptés par la force PRONU au cours de la nuit sans que ni les autres membres des Nations unies ni les autorités bosniaques locales ni les équipes humanitaires bien entendu aient été prévenues. Ça c'est déjà un scandale : ça fait monter à l'intérieur la tension car elles se disent, au fond, on va nous abandonner et en plus de ça, clandestinement. Mais ce qui est particulièrement atroce, ce qui est absolument inacceptable, c'est que pendant que toutes ces atrocités se déroulaient au cours de ces 10 derniers jours, Monsieur Akashi, qui est le représentant de la communauté internationale, qui nous représente vous et moi sur le terrain, nous racontait des mensonges. C'est cela qui est absolument odieux. On ne peut pas avoir un faussaire -- j'insiste, un faussaire ! -- à la tête d'une mission aussi importante que celle-là.
Marc Autheman : Rony Brauman, après un tel échec, est-ce que pou vous…, pour vous, le secrétaire général des Nations unies doit par exemple démissionner, quitter son poste ?
Rony Brauman : Bien écoutez, au minimum, celui qui était ce…, chargé de le représenter. Peut-être le secrétaire général. Moi je vois ce qui se passe sur le terrain. Monsieur Akashi nous a menti, délibérément ! Car ce que nous savions, nous -- parce que nous communiquions avec l'équipe de Médecins sans frontières, avec la Croix-Rouge internationale, avec le HCR qui sont sur le terrain --, ce que nous savions nous, il ne pouvait pas l'ignorer. Alors pourquoi nous a-t-il raconté des mensonges aussi écœurants ? À la détresse, à la souffrance des gens qui se trouvent sous les bombes à Gorazde, on a rajouté l'humiliation de la négation même de leur souffrance ! C'est du pur révisionnisme en temps réel ! Ce type équivaut à Faurisson du point de vue de ce qui se passe à Gorazde !
Marc Autheman : Rony Brauman, il y a aussi l'impuissance de l'ONU, on le sait, au Rwanda. Il y avait beaucoup de fonctionnaires, plus de 2 000, euh, Casques bleus et fonctionnaires, euh, sur place. Euh, depuis des mois, finalement, ils n'ont là aussi rien pu empêcher. Aujourd'hui la Croix-Rouge a parlé de dizaines et de dizaines de milliers de morts au Rwanda ! Je voulais simplement vous montrer une image : les parachutistes, les derniers qui se trouvaient à Kigali -- parachutistes belges -- sont rentrés. Vous allez le voir, l'un de ces hommes -- là c'est un geste de colère devant la caméra [on voit un soldat belge déchirer au poignard son béret bleu de l'ONU ; une incrustation "aéroport de Moelsbroek [Melsbroek] (Belgique)" s'affiche à l'écran] -- a, euh, déchiré, euh…, son…, son béret au retour, donc, de…, du Rwanda. La situation là-bas est absolument terrible. Vous avez une équipe qui travaille en ce moment à Kigali ?
Rony Brauman : Y a une équipe de Médecins sans frontières à Kigali avec la Croix-Rouge internationale. Et moi je comprends le geste de ce Casque bleu qui a vu 10 de ses amis se faire, euh, tuer le dos au mur, euh, par, euh, les Forces armées rwandaises. Je le comprends parfaitement. Là encore, l'impuissance de l'ONU, qui de…, met en place une sorte de dispositif -- d'apparence de dispositif car rien ne se passe ! --, simplement pour dire "Nous y sommes, la situation est tout…, sous contrôle", est absolument impossible à accepter.
Marc Autheman : Rony Brauman, merci.