Fiche du document numéro 29897

Num
29897
Date
Vendredi 10 mars 1995
Amj
Taille
21526
Titre
Paul Barril conteste une écoute de la DGSE
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le capitaine Paul Barril a démenti hier à l'AFP la teneur d'une
transcription de la Direction générale de la sécurité extérieure qui a piégé ses conversations, huit jours avant la révélation du scandale des écoutes de la cellule antiterroriste de l'Elysée dans la presse.

D'après le compte-rendu d'écoute, posée par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) sur la ligne de sa société de sécurité privée Secrets (Libération du 9 mars), Paul Barril alias « Rillon » avait téléphoné le 25 février à 11h43 à sa secrétaire Corinne Chaput pour lui dire: « Corinne, dites à Franck qu'il me remette le dossier sur Plenel à l'entrée du palais vers 13h15. Qu'il me mette le dossier confidentiel de Plenel, qu'on distribuera. »

Paul Barril conteste la réalité de ce document classé secret défense et annexé à une enquête de 40 pages réalisée par Paul Bouchet, président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), à la demande du Premier ministre. L'ex-numéro deux du GIGN et membre de la cellule élyséenne en 1982-83, explique: « Ce jour-là, j'étais effectivement au palais de justice de Paris et j'ai bien appelé ma secrétaire, mais en présence de trois avocats. Je n'ai jamais dit ça. Il s'agit à nouveau d'un rideau de fumée pour dissimuler l'existence du super-Watergate de l'Elysée. Libération a d'ailleurs déjà fait état l'an dernier de cette écoute, ce qui m'avait amené à déposer plainte et le dossier est à l'instruction. »

Des lignes captées officiellement Depuis que Libération a évoqué le 25 janvier 1994 l'existence de l'écoute, le capitaine Barril a déposé une plainte à notre encontre. Le 24 février 1995, il a aussi adressé une lettre de protestation à Edouard Balladur: « Je ne pense pas personnellement être un terroriste, un trafiquant d'armes ou une des personnes susceptibles d'être incriminées dans les catégories strictement limitées par la loi » (du 10 juillet 1991 sur les interceptions de communications émises par la voie des télécommunications, ndlr). C'est sous un motif autorisé ­ « la sécurité nationale » ­ que le ministère de la Défense a capté officiellement les lignes de Paul Barril, via le Groupement interministériel de contrôle (GIC).

Le juge parisien Jean-Paul Valat a déjà mis en examen le 8 décembre 1994 quatre anciens membres de la cellule élyséenne, dont son ex-patron le préfet Christian Prouteau, et Gilles Ménage, le directeur de cabinet adjoint du président de la République à l'époque. Si la transcription d'enregistrement «secret défense» de Paul Barril par la DGSE tombe dans son dossier d'instruction, le juge Valat pourrait mettre en examen son pourvoyeur principal, Paul Barril, pour « conservation de documents ou d'enregistrements obtenus au moyen d'un procédé ayant porté atteinte à l'intimité de la vie privée ».

Patricia TOURANCHEAU

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