Sous titre
Aux barrières, dans les quartiers de Kigali, au cœur des marais ou sur les collines verdoyantes du Rwanda, la machine de mort du « Hutu power » s'est abattue pendant une centaine de jours sur les familles tutsi de ce petit pays de plus de 7 millions d'habitants en 1994. Cette mécanique redoutable a reposé sur l'organisation d'un État confisqué par les extrémistes ainsi que sur la capacité de mobilisation de la population civile à des tâches de repérage, de contrôle, de traque, de dénonciation et d'exécution des Tutsi. Comme dans le cas de la Shoah cinquante ans plus tôt, la préparation des esprits à la haine a facilité le passage à l'acte qui pouvait reposer sur des motifs allant de la haine anti-tutsi à l'espérance d'un avenir meilleur, l'anéantissement complet des Tutsi étant considéré par une partie de la population comme une solution aux problèmes d'alors (les exilés, la guerre civile, les difficultés économiques et la pénurie alimentaire…).
Résumé
This article revisits the French-language historiography devoted to the genocide of the Tutsi in order to understand from which sources historical knowledge on the genocide was forged. The text thus distinguishes three major periods in the relationships that historians have maintained with the traces of the genocide, whether in written archives, testimonies or objects. It offers a reflection on the nature and uses of available sources and questions the virtues and limits of historical practices in the face of such an event.