Date
Samedi 16 juillet 1994
Sur titre
Journal de 13 heures
Titre
Pendant deux mois Valentine et ses deux enfants ont vécu cachés dans les marais. Il leur fallait échapper à ceux qui traquaient les Tutsi : des adultes mais aussi des enfants
Résumé
- In Rwanda, the emergency airlift for refugees in the Zaire border area is due to start today. There are already 200,000 Rwandans massed in this sector and another 6,000 are expected. For everyone, of course, food is needed, medicine is needed.
- During this time, some civilians remained behind the lines and did not flee from the advancing rebel armed forces. They are currently trying to rebuild a life in very difficult conditions.
- They call the Kigali stadium "the armored vehicle". This is where they took refuge to escape the militiamen who wanted to kill them. They have not returned home because they no longer have a home.
- In a locker room crowded with several families, a single woman with two children nine months and three years old. She found them before she got here. Their parents had just been murdered, the maid had managed to escape with the two little ones. For two months they lived in hiding in the marshes. They had to escape those who were tracking the Tutsi: adults but also children. Valentine Gatabazi: "There are children who accompanied the militia, who were armed and who were responsible for killing children their age. A 10-year-old child chose another 10-year-old from the group. killing him, he was doing it. In the end they enjoyed it".
- When the RPF conquered this part of the capital, Valentine left the marshes with the two children to come to the stadium. She offered her nursing services to the military. Three months ago Valentine lost her husband and her own children, all massacred. Today, she is trying to rebuild a new family.
Type
Transcription d'une émission de télévision
Citation
[Jean-Claude Narcy :] Au Rwanda le pont aérien d'urgence pour les réfugiés dans la zone frontalière du Zaïre doit commencer aujourd'hui, d'une minute à l'autre d'ailleurs. Il y a déjà 200 000 Rwandais massés dans ce secteur et on en attend 6 000 [inaudible]. Pour tous il faut bien entendu de la nourriture, il faut des médicaments.
Et pendant ce temps, certains civils sont restés à l'arrière des lignes et n'ont pas fui devant l'avancée des forces armées rebelles. Ils tentent en ce moment de se refaire une vie dans des conditions très difficiles. Nos envoyés spéciaux Patricia Allémonière et Manuel Joachim ont recueilli les confidences d'une infirmière tutsi.
[Patricia Allémonière :] Ils appellent le stade de Kigali "le blindé" [diffusion d'images du stade Amahoro rempli de réfugiés]. C'est là où ils se sont réfugiés pour échapper aux miliciens qui voulaient les tuer. Ils ne sont pas rentrés chez eux car ils n'ont plus de chez eux.
Dans un vestiaire où s'entassent plusieurs familles, une femme seule avec deux enfants de neuf mois et trois ans. Elle les a trouvés avant d'arriver ici. Leurs parents venaient d'être assassinés, la bonne avait réussi à s'enfuir avec les deux petits. Pendant deux mois ils ont vécu cachés dans les marais. Il leur fallait échapper à ceux qui traquaient les Tutsi : des adultes mais aussi des enfants.
[Valentine Gatabazi, "Infirmière" : - "Il y en a qui accompagnaient la milice et qui étaient armés et qui étaient chargés de tuer les enfants de leur âge". Patricia Allémonière : - "Mais ces enfants avaient quel âge, qui tuaient ?". Valentine Gatabazi : - "Bon…, un enfant de 10 ans choisissait dans le groupe un autre enfant de 10 ans. Et on lui demandait de le tuer, il le faisait. Finalement ils y prenaient plaisir".]
Lorsque le FPR a conquis cette partie de la capitale, Valentine est sortie des marais avec les deux enfants pour venir au stade. Elle a offert ses services d'infirmière aux militaires. Elle ne pouvait rester inactive au milieu de cette foule [inaudible] et apeurée. Et puis un jour elle a vu un jeune homme se précipiter sur les deux enfants : c'était un de leur oncle, Vénuste. Le seul survivant de la famille. Ils ont décidé de rester ensemble. Il y a trois mois Valentine perdait son mari et ses propres enfants, tous massacrés. Aujourd'hui, elle tente de reconstruire une nouvelle famille.
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