Fiche du document numéro 27716

Num
27716
Date
Vendredi 17 novembre 1995
Amj
Taille
2096756
Titre
La tragédie du Rwanda [Extraits suivis d'une note]
Nom cité
Fonds d'archives
VdM
Extrait de
Luc de Temmerman, lettre au juge Vandermeersch, 17 novembre 1995.
Type
Témoignage
Langue
FR
Citation
1

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LA TRAGÉDIE

l

DU RWANDA

La communauté
internationale a été très approchée par
les éléments du FPR et les rwandais n'ont pas su faire comprendre
leurs véritables craint~s et appréhension. Il en est résulté un
grave malentendu qui a porté certaines communautés et commissions
internationales à soutenir le FPR.

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1

certains ont même cru comprendre que la prise du pouvoir par le FPR
pouvait résoudre le problème rwandais et l'on plus ou moins
ouvertement soutenue.

,

Le Secrétaire Général des Nations-Unies, Monsieur Boutros
Boutros Ghali 1 a lui même qualifié la crise rwandaise d'échec
personnel et d'échec de la communauté internationale qui reste
scandaleusement
indifférente
à
la
tragédie
rwandaise.
si
l'indifférence existe peut-être, l'incompréhension est manifeste.

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Afin d'éviter toute incompréhension, je vais tenter d'expliquer ici
brièvement le processus qui a mené à la conclusion des Accords
d'Arusha, à l'impossibilité de la mise en place des institutions de
transition à base élargie et à la reprise de la guerre par le FPR
jusqu'à maintenant.

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Avant octobre

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1990

Le Rwanda était une République dirigée par le Président
Juvénal Habyarimana. Ce régime à parti unique avait pour
préoccupation le développement du pays. Le Président Habyarimana
qui savait qu'un effort de développement important ne peut se
concilier avec des hostilités a donc mené une politique étrangère
de bon voisinage.
Pour résoudre le problème lancinant des réfugiés rwandais depuis
1959 installés aux alentours du Rwanda, une commission mixte
rwando-ugandaise avait été mise sur pied le 30 juillet 1990. Cette
commission avait pour but d'envisager le retour au Rwanda des
réfugiés rwandais qui le désiraient et leur
réinstallation.
Malheureusement elle n'a pas pu fonctionner, la guerre était
survenue en octobre 1990.

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La guerre

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d'octobre

1990

Le 1er octobre 1990, le FPR appuyé par l'Uganda et son
armée ( NRA ) agressait le Rwanda. Les dirigeants du FPR, également
membre de l'entourage du Président Ugandais Yoweri MUSEVENI
occupaient des hautes responsabilité dans le NRA. On sait que Fred
RWIGEMA, qui a conduit cette attaque contre le Rwanda a été ViceMinistre à la Défense dans le gouvernement de Kampala.
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Ces dirigeants, tout en désirant toujours prendre le pouvoir à
Kigali, prétendaient
à l'époque agresser
le Rwanda pour faire
valoir le droit des réfugiés à réintégrer leur pays. Cet argument
constitue une violation flagrante du droit international régissant
les réfugiés qui interdi t à ces derniers de prendre les armes
contre leur pays d'origine.

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La convention du 12 septembre 1969 de l'OUA, sur les réfugiés,
stipule en son article 3 alinéa 2: If Les Etats signataires
s'engagent à interdire aux réfugiés établis sur leur territoire
respectif,
d'attaquer
un quelconque
Etat membre de l'OUA, par
toutes activités qui soient de nature à faire naître une tension
entre les Etats membres et notamment par les armes, la voie de la
presse et radiodiffusée If, en son article 3 alinéa 1" Tout réfugié
doit en outre s'abstenir de tous agissements subversifs dirigés
contre un Etat membre de l'OUAn •• et en son article 1 alinéa 4,5.
"Cette convention
cesse de s'appliquer
dans le cas où toute
personne jouissant du statut de réfugié a enfreint gravement les
buts poursuivis par la présente Conventiontl•
Le président en exercice de l'organisation
de l'unité Africaine,
était
alors,
paradoxalement,
le
Président
Ugandais
Yoweri
Museveni, chef de l'état d'où est partie l'attaque.
Se rendant compte du peu de consistance de ses arguments, le FPR a
par après prétendu agresser le Rwanda pour Y installer soit disant
la démocratie et la justice sociale. Or le Rwanda s'était déjà
précédemment engagé dans le processus de démocratisation du pays.
En effet la commission Nationale de Synthèse, mise sur pied le 24
septembre 1990, avait été chargée de rassembler les désirata de la
population afin de proposer une réforme constitutionnelle
pour
démocratiser le pays. Les- Forces Armées Rwandaises ont repoussé le
FPR dans les zones frontalières du Nord et Nord-Est du Rwanda, lui
infligeant une lourde défaite militaire.
Le processus

de démocratisation

et les négociations

d'Arusha.

Malgré la guerre persistante imposée au Rwanda, la
consti tution Rwandaise instituant le multipartisme a été promulguée
le 10 juin 1991. Le Gouvernement Rwandais a été remanié de manière
à refléter toutes les tendances politiques en Avril 1992.
C'est ce Gouvernement multipartite qui débuta en juillet 1992 les
négociations avec le FPR en vue d'un Accord de Paix.
Le FPR, devant l'impossibilité d'obtenir une décision
militaire, a transféré ses ambitions sur le plan politique et s'est
cherché des alliés en infiltrant les partis politiques membres de
l'opposition au MRND, ex-parti unique.

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Le premier Ministre de l'époque, le Dr NSENGIYAREMYE Dismas et le
Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, Monsieur
NGULINZlRA Boniface, tous deux membres de cette opposition et
favorables aux thèses du FPR ont conduit les négociations de Paix
d'Arusha n'opposant aucune résistance aux exigences exorbitantes du
F.P.R.
La population rwandaise n'ayant jamais été associée à ces
négociations et s'étant rendue compte des résultats déséquilibrés
de celles-ci, s'est sentie trahie et manifesta sur toute l'étendue
du pays sa désapprobation en janvier 1993.
Pour forcer un résultat qui lui soit favorable, le FPR a repris la
guerre le 8 février 1993, pratiquant une nouvelle fois des
massacres barbares sur la population civile et entraînant un
million de déplacés sur les routes.
Alors que le F.P.R avait repris la guerre, que les Forces
Armées Rwandaises et la population étaient déterminées à en finir,
la communauté internationale a exercé de très fortes pressions sur
le Gouvernement Rwandais en vue d'aboutir à une solution négociée.
Ces pressions ont d'autant mieux été reçues qu'une partie du
Gouvernement était favorable aux thèses du F.P.R. D'avril 1993 au
4 août 1993 les négociations d'Arusha se sont poursuivies et ont
abouti à l'Accord de Paix d'Arusha signé entre le FPR et le
Gouvernement Rwandais. Le Premier Ministre Agathe UWILINGIYlMANA,
nommée en juillet 1993, avait comme mandat de conclure la paix et
de mettre en place les institutions élargies au FPR.
Cet accord de paix stipulait que Faustin TWAGlRAMUNGU devait être
Premier Ministre du Gouvernement de Transition à Base Elargie cela
en
complète
contradiction
avec
la
conception
du
droit
constitutionnel. En effe't il est inconcevable qu'une personne
figure nominativement dans un acte constitutionnel.
L'impossibilité de mise en place des institutions de transition à
base élargie.
Le Premier Ministre Agathe uwilingiyimana, en complicité
avec certains de ses Ministres acquis aux thèses du FPR, épaulée de
Faustin Twagiramungu, prétendu Président du MDR alors qu'il a
déclaré qu'il a toujours été membre du FPR, ont tenté de détourner
les Accords de Paix prévoyant le partage du pouvoir de manière à
favoriser une prise de pouvoir légale par le FPR. A cette fin le
FPR avait précédemment infiltré tous les partis dits d'opposition
et provoqué des divisions au sein de ceux-ci.
La population, mécontente de ces Accords de Paix déséquilibrés
négociés à son insu, s'est ralliée aux tendances opposées aux FPR
et à
ses acolytes. Ce sont ces divisions au sein des partis
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politiques entre les tendances pro-FPR et les tendances populaires
et majoritaires, et la volonté de Faustin TWAGlRAMUNGU et d'Agathe
UWILINGIYlMANA de choisir exclusivement les députés et Ministres
dans les tendances pro-FPR minoritaires, qui ont rendu impossible
la mise en place des institutions de transition à base élargie.
cette volonté témoigne une fois de plus de l'intention du FPR et de
ses acolytes de se servir des Accords de Paix pour prendre tout le
pouvoir et non le partager.
La MINUAR (Mission des Nations-Unies pour l'Assistance au Rwanda),
conçue pour aider à
la mise en place des institutions de
transition à base élargie, n'a pas su transcender ces divergences
partisanes et a toujours traité sur pied d'égalité toutes les
tendances favorisant ainsi ceux qui criaient le plus fort plutôt
que ceux qui bénéficiaient d'une vraie assise populaire.
La population sentant le danger de la prise du pouvoir
par le FPR, s'est mobilisée pour faire échec à ce plan
machiavélique et a soutenu les tendances majoritaires dans les
partis d'opposition et les partis farouchement opposés au FPR.
Le président de la R,épublique, le Général-Major HABYARlMANA
Juvénal, conscient que'les institutions mises en place de cette
manière ne seraient pas viable parce que ne disposant pas de
l'appui populaire a tenté de convaincre le FPR et ses alliées de
revenir à l'esprit des accords de partager "le pouvoir avec toutes
les composantes de la population.
Un des scénarios de prise de pouvoir du FPR consistait à
profiter de la mise en place des institutions de la transition à
base élargie, prévue par les Accords de paix d'Arusha, pou~ placer
aux postes-clés des personnalités lui étant acquises.

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La collaboration du Premier Ministre Agatha
UWILINGIYIMANA et du Premier Ministre désigné Faustin TWAGlRAMUNGU
étant déjà engrangée, le FPR manoeuvra pour faire désigner Mr
Landouald NDASINGWA (PL) comme Président de l'Assemblée Nationale
et pour s'assurer d'une majorité au sein de cette future Assemblée.
voyant la forte opposition au sein du PL, le FPR reporta ses
ambitions sur Mr NGANGO du PSO, Mr NDASINGWA revendiquant le poste
du Ministre de la Justice.
Ainsi disposant de personnalités de son bord aux postes
de premier Ministre, président de l'Assemblée Nationale, Ministre
de la Justice, en collaboration avec le Ministre de l'Intérieur
(FPR) et le Chef d'Etat Major de la Gendarmerie (FPR), tout en
respectant les Accords de Paix d'Arusha, le FPR aurait pu démettre
le Président HABYARIMANA et même le juger.

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Ensuite selon ces Accords, le Président de l'Assemblée Nationale
assurerait l'intérim, intérim pendant lequel le FPR organiserait
légalement sa prise du pouvoir.
c'est pour cela que la mise en place des institutions de la
transition a échoué.Certains la voyaient comme une étape vers une
prise de pouvoir totale, d'autres comme un passage obligé vers
l'accession à la paix et à la démocratie et non vers une nouvelle
dictature dont ils pressentaient le danger.
L'assassinat

du président

de la République et

la

reprise

de la

guerre.
Le FPR ne l'entendant pas de cette oreille résolut
d'éliminer physiquement le Président de la République, ce qui fut
fait dans la nuit du 6 avril 1994.
L'avion présidentiel ramenant de Dar-es-Salam les Présidents
Rwandais et Burundais, feu Son Excellence le Président Juvénal
HABYARlMANA et feu Son Excellence cyprien NTARYAMlRA était victime
d'un attentat pratiqué au moyen de "missiles sol-air", et
s'écrasait avant même d'avoir
pu atterrir •
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Ce même 6 avril 1994, à 22h00, il semble que le FPR par la voix du
Général-Major paul Kagame et par les ondes de la radio Muhabura,
radio du FPR, annonça qu'il marchait sur Kigali.Au moyen de ses
éléments armés et infiltrés dans tout le pays au sein de la
population, le FPR reprenait ainsi la guerre et débuta les
massacres.
Or si la communauté internationale a condamné les massacres qui ont
suivi la mort du Président Juvénal HABYARlMANA, elle n'a jamais
condamné le véritable auteur de ces massacres, celui qui malgré
les Accords de Paix d'Arusha signés le 4 août 1993 ne les avait
jamais respectés et les a officiellement rompu le 6 avril 1994,
c'est à dire le Front Patriotique Rwandais.
Dès le 7 avril 94, la population agressée et sans chef, dans un
geste de légitime défense a éliminé les soldats du FPR et les
personnes qui avaient travaillé pour le FPR au sein des
institutions et des partis politiques et qui représentaient un
grave danger.
Les Accords de Paix d'Arusha étaient caducs, et les
institutions rwandaises décapitées, la constitution du 10 juin 91
était d'application. Ainsi, le Président du Conseil National de
Développement, le Dr SINDIKUBWABO Théodore, est devenu président de
la République par intérim, et a nommé conformément au protocole
d'entente entre les partis politiques d'avril 1992 Mr Jean KAMBANDA
comme premier Ministre.
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Le FPR
conçut cette reprise de la guerre comme une expédition
punitive contre là population, en pratiquant des atrocités et se
vengeant contre des innocents de ses échecs antérieurs.
Face à, ..ce grave péril, le Gouvernement ..multipartite de Jean
KAMBANDA et les Forces Armées Rwandaises ont bénéficié du soutien
inconditionnel et massif de la population pour contrer les visées
meurtrières de domination du FPR.
La fin de guerre et la prise du pouvoir par le FPR
Dès le 6 avril 1994, le FPR a déclenché une campagne
médiatique internationale très intense visant à faire croire que
seuls ses partisans étaient dignes de diriger le Rwanda.
De même, dès le déclenchement de cette guerre, il a cherché par
tous les moyens à empêcher le Gouvernement intérimaire Rwandais de
communiquer avec l'étranger par le sabotage des antennes radio, des
communications téléphoniques internationales, et aussi en engageant
tous les organismes internationaux à quitter la zone contrôlée par
le Gouvernement car peu sûre.
Mais en fait cette insécurité était aussi causée par certains
éléments du FPR qui engageait les organismes à se réfugier dans la
zone qu'il contrôlait. Ainsi le FPR a pu se faire écouter par toute
la communauté internationale et aussi relativiser ses crimes
pourtant sans excuse.
Les bombardements d'hôpitaux (tels ceux du Centre Hospitalier de
Kigali, le 27 avril 1994 et 18 mai 1994, ceux du CIeR et de
l'hôpital de Kanombe) de centres d'accueil pour les réfugiés (tel
celui de la Paroisse Sainte Famille le 1 mai 1994 causant 113
blessés et 13 morts), les massacres de religieux (tels ceux commis
le 8 juin 1994 sur l/Archevêque de Kigali, Monseigneur NSENGIYUMVA
Vincent et, l'Evêque de Gitarama, Monseigneur NSENGIYUMVA Thaddée,
l'Evêque de Byumba, Monseigneur RUZINDANA Joseph et de nombreux
autres religieux) et toutes les atrocités commises sur toute la
population civile sans défense n'ont connu qu'un éclairage
médiatique discret et seules les tueries regrettables commises dans
la zone gouvernementale ont été formellement condamnées.
Malgré les efforts réels de pacification
du Gouvernement
Intérimaire, l'ONU principalement informée sur la situation
rwandaise par le FPR, les journalistes circulant en zone FPR et la
MlNUAR ayant son siège en zone FPR, l'ONU a décidé de .placer le
Rwanda sous embargo pour les armes. Cette mesure a eu uniquement
pour effet d'empêcher les Forces Armées Rwandaises de pouvoir
défendre le territoire rwandais et la population civile fuyant le
FPR.
L/Uganda continuait ainsi impunément à alimenter en armes,
munitions et en hommes l'Armée du Front Patriotique Rwandais.

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Malgré une résistance héroïque, la ville de Kigali a été
évacuée le 4 juillet 1994, la ville de Gisenyi, le 18 juillet 1994
et fin juillet le FPR étant maître de tout le territoire rwandais
excepté la zone de sécurité de l'opération française TURQUOISE quf.
fut cédée fin août à la protection de la MINUAR II. Cette nouvelle
opération des Nations Unies, semblant tout aussi mal informée des
réalités rwandaises, s'est empressée de céder le contrôle des zones
de protection à la discrétion du FPR, niant ainsi la volonté
clairement exprimée des populations réfugiées et fuyant le FPR.
La grande majorité de la population rwandaise, a fui l'avancée 'du
FPR et préféré l'exil à l'étranger à la domination et aux massacres
nombreux du FPR. De vastes camps de réfugiés se sont crées en
Tanzanie et au Zaïre. Les membres du Gouvernement Intérimaire ont
suivi le peuple et partagent son sort.
Le FPR violant une fois de plus les Accords d"Arusha, a installé
son propre gouvernement d'où il a exclu tous ses opposants. Ce
gouvernement du FPR, composé de tutsi et de hutu prétendus modérés,
n'est en fait qu/un gouvernement usurpateur. Aucun mouvement
politique autre que le FPR n'y est valablement représenté. Mieux,
des postes non prévus i par l'Accord d'Arusha et la Constitution
Rwandaise ont été crées de toute pièce (tel le poste de VicePrésident de la République), montrant ainsi le peu de cas que le
FPR fait de légitimité.

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TRAVAIL

 LA RTLM

Arrivant à Kigali en novembre 1993, le Rwanda était en
paix~ J'a.~doI1c.cherché du travail. Proc.he de la population, avec
l'aide des amis, j'ai. pu être engagé régulièrement par la RTLM
(Radio Télévision Libre des Mille Collines) comme journaliste. Mes
connaissances du paysage politique rwandais étaient appréciées.
certains ont beaucoup parlé de cette radio mais leur
méconnaissance est à la mesure de leurs cris. La RTLM était avant
tout une radio commerciale, donc à la recherche d'une audience. Une
radio qui, pour vivre, devait être écoutée~ Notre travail
consistait donc, tout en disant la vérité, à être populaire afin de
pouvoir
diffuser
des
messages
personnels,
politiques
ou
publicitaires payants.
La RTLM avait un objectif commercial mais nous essayions de dire la
vérité et les dessous de cette vérité. Aucun parti politique ne
dirigeait nos activités et, n'eussent été les menaces proférées à
l'encontre des journalistes, nous avons essayé, avant la reprise de
la guerre, d'être aussi complets que possible dans nos activités.
Certains partis ont utilisé l'audience de la RTLM pour se faire
entendre, en payant d~s reportages, des messages, d'autres moins
riches étaient moins diffusés, d'autres encore préféraient utiliser
les ondes de Radio Rwanda, notre concurrente officielle ou de Radio
Muhabura, la radio clandestine dù FPR qui émettait illégalement
depuis le territoire rwandais avec la bienveillance du Ministre de
l'Information.
Le travail à la RTLM était très prenant. D'abord
recueillir les informations, les recouper, les analyser et préparer
les émissions. Cela prenait du temps, plus de huit heures de
préparation pour parfois moins de deux heures d'émissions. Malgré
cela, la qualité n'était pas toujours au rendez-vous. La pauvreté
du matériel technique, les contingences de l'actualité, le manque
d'expérience, les difficultés de déplacement nous handicapaient. En
équipe, nous avons toujours essayé de faire notre mieux.
Certains partis politiques ont bien compris notre
objectif commercial donc populaire et ont utilisé nos services.
D'autres ont préféré regarder l'identité des fondateurs et des
actionnaires et nous ont boudés. Ils se trompaient, s'ils avaient
vraiment désiré parler sur nos ondes, moyennant paiement, ils
auraient pu. Peut-être que notre auditoire ne les intéressait pas.
Je vais à cet effet raconter la première conférence de
presse au cours de laquelle nous avons été publiquement menacés. En
janvier 1994, un jeudi, notre rédacteur en chef nous chargea, ma
collègue Valérie et moi-même, d'assister à la conférence de presse
donnée par le parti PL (tendance Lando) à l'hôtel Méridien. Avec un
peu d'appréhension, nous nous y rendons et avant le début, nous
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installons notre matériel sous le regard des journalistes déjà
présents.


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Même si cette tendance du parti PL ne pensait pas comme nous, nous
devions reccueillir l'information et en diffuser le contenu.
Cependant, après les présentations d'usage des di scoureurs, .le
premier intervenant, et le second aussi ont commencé à tenir des
propos agressifs en langue nationale. Ils hurlaient dans le micro
avec l'approbation 4'une assistance excitée.
Les propos étaient hostiles au Chef de l'Etat, à certains partis et
même à notre radio. Nous avons été menacés, insultés en public
devant ce public partiellement composés de journalistes. Personne
n'a réagi sur ces manières de faire inconvenantes.

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Après "plus d'une heure d'insultes, nousvavons plié .bàgages et
évacués les lieux à toute hâte, craignant même pour notre vie.
pourquoi insulter des journalistes, dans une conférence de presse
en plus? Notre compte rendu fut l'image des insultes reçues,
percutant.

1

Plus jamais, je n'ai aécepté de me rendre à aucune conférence de
presse de cette tendance qui avait mis notre sécurité en danger
pour ses idées politiques. Jamais d'explications n'ont été
sollicitées ni notre présence d'ailleurs.



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1.

Voici esquissé ce qui siest vraiment passé au Rwanda. Le
paysage politique s'est radicalisé et divisé en deux camps. Tenant
compte de l'auditorat, chacun choisissait ses médias et méprisait
les autres. La lutte des ondes entre Radio Rwanda, Radio Muhabura
et nous même était, par la volonté des politiques, devenue
politique et non commerciale. Compétition entre des acteurs de
capacités différentes et avec des moyens sensiblement inégaux.
Radio Rwanda diffusait une information officielle soigneusement
distillée par le Ministre de l'Information et la direction de
l'Orinfor, pro-FPR, avec tous les moyens d'une radio d'état. Radio
Muhabura, la voix du FPR diffusait ce qu'il voulait. C'est-à-dire
la propagande du FPR avec la passive bienveillance du même Ministre
de l'Information.
Enfin nous-même
avec l'appui populaire
avec nos recettes
financières tentions de refléter l'opinion de la masse du peuple et
la vraie vérité, parfois sous les quolibets des nos adversaires.
C'est dans cette même ligne que nous avons demandé
publiquement les résultats d'enquête de la MINUAR sur les tueries
de KlRAMBO. Le Général DALLAIRE, chef' de cette mission, nia
toujours pas actuellement remis ces résultats, son successeur non
plus d'ailleurs.

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Ils estiment peut~être que la vérité n'est pas utile. C'est à mon
avis une erreur, tout ce qui s'est passé avant le 6 avril 1994
explique un peu ce qui s'est passé après. Il faudrai t..
ati.I1,
de se _...
'....~
faire une idée exacte de -ce-qui" s'est passe, t'erifr'"
-éomptè 'des' ..
événements précédents et cela depuis le 1er octobre 1990.
Début mars 1994, la tension montait à Kigali et nous
sentions que le pays plongeait dans la guerre. Nous l'avons dit et
nous avons tenté d'expliquer ce qui se passerait. Nous nous étions
peu trompés.
Le 6 avril 1994 à 20H22, heure locale, l'avion
présidentiel était victime d'un attentat et explosait.
A son bord, le Président rwandais Juvénal HABYARlMANA et son
homologue le Burundais Cyprien NTARYAMlRA et leurs suites. Ce
n'était pas un accident.
Des missiles de fabrication russe ont atteint l'appareil qui a
explosé en vol, a-t-on appris après. Des débris de l'appareil se
sont écrasés sur la piste de l'aéroport international de Kanombe,
d'autres ont été projeté jusqu'au camp militaire de Kanombe contre
la clôture de la résiqence présidentielle. Le corps de feu le
Président Juvénal HABYÀRlMANA a été retrouvé là, méconnaissable.
-

- Qui a tiré ces missiles depuis une position de la colline MASAKA,
dans le périmètre de contrôle de la MINUAR responsable' de la
sécurité de l'aéroport? Des militaires belges assumaient la garde
de cet aéroport. Les soupçons se sont portés sur eux, agressifs
avec la population et plus proches du FPR. De précédents incidents,
dont nous avions rendu compte, permettaient de penser cela.
Les militaires belges circulaient en ville avec leurs armes
menacantes constamment pointées sur la population. Mene Brigitte
SERUBUGA a subi des brimades de leur part. Sa voiture fouillée deux
fois même jusqu'au moteur et les quatre pneus crevés sous leurs
regards moqueurs.
Le Colonel BAGOSORA, 'Directeur de Cabinet au Ministère de la
Défense avait été menacé, les armes pointées sur lui et son
chauffeur molesté devant lui par des militaires belges.
Ml:'
Jean Bosco BARAYAGWIZA a subi nuitamment une attaque de son
domicile par des militaires belges. Il n'a du sa vie sauve qu'à une
prompte réaction des forces de l'ordre rwandaises. Des camions
belges circulaient en refusant les contrôles partout dans la ville.
certains ont pensé à la complicité de militaires belges dans
l'assassinat du Président.
Il est un fait que le FPR ne semblait pas avoir la capacité de se
servir de missiles, mais les belges •.•Radio Muhabura a diffusé.
fi
Nous avons atteint notre but avec l'aide des Belges" selon les
dires de l'Auditeur Militaire Belge en place à Kigali.
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.

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Des militaires rwandais ont trouvé des militaires belges près des
lieux de tir des missiles, qu'y faisaient-ils? Aucune explication
n'a été rendue, peut-être aucune enquête sérieuse n'a été menée sur
la possible implication de militaires belges dans cet attentat et
depuis la prise'dupouvoir par leFPR ? peut-être vaut-il mieux que
ceux qui savent se taisent ?

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La population de Kigali était hostile aux militaires belges et
l'avait déjà manifesté avant même l'arrivée de ce contingent. Les
agissements maladroits de ces militaires, les déclarations des
officiels belges en .visite à Kigali n'ont rien arrangé. Toute la
population a cru que les Belges étaient impliqués dans cet attentat
et dans cette reprise de la guerre. si cela peut-être inexact, les
réalités sont troublantes, la preuve du contraire n'a jamais été
faite.

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L'ICPCRIA signale: "Etant donné que l'avion en question a été
descendu avec un missile SAM 7 de fabrication soviétique qui ne
pouvait être aisément manipulé par aucun officier des Forces Armées
Rwandaises parce qu'il n'a pas les compétences nécessaires pour ces
armes sophistiquées, et étant donné que seul le FPR et les soldats
belges de la MlNUAR avaient de telles connaissances au point d'en
avoir usé (le FPR) cont~e plusieurs hélicoptères des FAR pendant la
guerre depuis octobre 1~90, et aussi étant donné que le même avion
transportait le Chef d'Etat-Major Rwandais, le Général NSABlMANA
Déogratias qui était aimé et adoré par l'entièreté. des Forces
Armées, au point qu'aucun officier de l'armée n'aurait pu oser ou
se permettre de le tuer dans l'attentat contre l'avion,
Nous désapprouvons par conséquent fortement et déplorons avec
grande certitude les hypothèses ou allégations qui impliqueraient
ou pourraient impliquer l'un ou l'autre membre de la famille du
Président ou de l'armée rwandaise dans l'accident".
Aucun début d'explication plausible n'a été rendu ni par le
Ministère Belge des Affaires Etrangères, dirigé à l'époque par le
maintenant très controyersé Willy CLAES, ni par le Ministère Belge
de la Défense. Le Gouvernement Belge s'est contenté d'évacuer ses
ressortissants et ses militaires. Comment ne pas s'y méprendre,
s'il y a eu méprise?
Dès le 7 avril 1994 donc, la RTLM a pris le deuil du chef
d'Etat. Nous n'avons diffusé pendant une semaine que de la musique
classique et les communiqués emmanants du Ministre de la Défense.
Les massacres ont commencé et dans mes brefs retours à mon
domicile, j'ai pu me rendre compte de l'ampleur de ceux-ci. Dans
mon quartier, une maison sur deux était vide.

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Certes des Tutsis et des Hutus pro-FPR ont été tués en grande
masse, doit-on pour cela dire qu'il y avait une préméditation.Qui
pouvai t prévoir 1& mort du p~ésiden-ç ? Je n'ai jamais eu
connaissance
de
listes dressées
systématiquement
par
le
gouvernement ou les proches de HABYARlMANA.
Les seules listes dont on·a jamais parlé sont celles dressées par
les brigades du FPR recensant les autorités, les membres des partis
MDR"POWER', MRND, CDR, PLIfMUGENZI" et les militaires.
Ainsi le témoin n!l7'mentionné par l'AJPR déclare: "Depuis lors le
13.04.94 le quartier de la Caisse sociale (habitations) est resté
aux mains des Inkotanyi.
Nous sommes restés enfermés dans nos maisons jusqu'au 16.04.94,
jour où les Inkotanyi entraient dans chaque maison munis d'une
liste des personnes qu'ils devaient assassiner. C'est pendant cette
journée qu'un partisan farouche de la CDR du nom de MUPENDA qui
travaillait
au
MINITRAPE
a
été
assassiné
d'une
façon
inhumaine" (AJPR)•
Le FPR s'est en fait montré meilleur communicateur et fin stratège,
voilà la vérité.Les té~éphones internationaux ont été sabotés par
le FPR. Les antennes dé Radio Rwanda ont subi le même sort. Seul le
FPR pouvait s'exprimer à l'étranger et la communauté internationale
a cru sans vérifier.
Le 7 avril 6ependant la guerre a effectivement repris. Le
FPR, dès le 6 au soir a attaqué toutes les positions clés de
Kigali, faisant face à l'armée rwandaise. Le camp G.P a été attaqué
le 7 par des éléments du FPR sortis du eND avec l'accord des
militaires de la MlNUAR, pourquoi ?
Les massacres n'ont commencé que le 7 au matin quand la population
a été avertie officiellement de la mort du Président. J'ai même
circulé en ville le 7 tôt le matin, la ville était calme et malgré
quelques coups de feu sporadiques, les habitants restaient calmes
dans leurs quartiers et obéissaient aux consignes.
Ce sont les brigades du FPR qui ont donné le signal des hostilités
en attaquant les objectifs qu'ils s'étaient fixés. Les massacres
ont débuté ainsi et tous les éléments pro-FPR ont été éliminés
spontanément par la population.
Nous à la RTLM, nous avons respecté le silence que.nous imposait
notre direction pendant une semaine et nous n'avions aucune idée de
l'ampleur de ces massacres, la guerre ayant repris.
Après cette semaine de silence l'évidence de la guerre
sautait aux yeux. Des musiques encourageants les militaires ont donc
été diffusées. Et nous avons commencé à travailler sérieusement,
donnant des points de la situation, diffusant les endroits
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d'infiltration
du FPR la nuit,
et à la défense civile.

appelant

à

la rigueur,

au courage

La RTLM était devenue un média de guerre et soutenait l'effort de
notre gouvernement loyalement et avec énergie.Pour cela nous nous
rendions sur terrain partout où cela était nécessaire,
af in .de
rendre compte à notre auditoire. Circuler sous les bombes et les
balles, voilà
notre lot quotidien.
Certains journalistes ont eu leur logement attaqué, eux-mêmes ont
parfois été des cibles, ils se sont défendus comme tout citoyen se
défend et défend son quartier,
sa colline,
son pays. Partout
cependant
nous avons tenté de mobiliser
la population
contre
l'ennemi qui était le FPR et non les rares tutsis survivants.
J'ai même personnellement
protégé de petits enfants dont certains
étaient tutsis et je les ai confiés à des personnes capables de les
protéger : des mamans ou un orphelinat. Le travail devenait de plus
en plus difficile
à mesure que l'étau se resserait
autour de
Kigali.
Circuler devenait pénible,
la nuit les offensives
du FPR nous
empêchaient de dormir.tl fallait toujours encourager, inciter à la
rigueur,
évi ter les débordements,
travailler,
se défendre
au
besoin, même si le moral était parfois chancelant. certains ont
profité de ces instants troublés pour piller ou régler des comptes.
Nous n'avons
jamais accepté
cela et même parfois dénoncé ces
agissements.Nous avons également tenté de maintenir le contact avec
le gouvernement
réfugié
à Gi tarama
depuis le 11 avril 94. Les
trajets étaient périlleux mais indispensables
pour les besoins de
l'information.Parfois
nous
avons
appelé
notre
gouvernement
à
rentrer à Kigali.Notre
popularité a bien entendu encore augmenté
avec la guerre.
Radio Vérité était aussi Radio courage, Radio Résistance, Radio
Yacu. Le bombardement,de
la RTLM le 18 avril 95 ne nous a affecté
que de très peu.
Les émissions ont repris le jour même. Et elles ont continué tous
les jours, la journée seulement
jusqu'au
3 juillet 94
sans
interruption.
Commentaires
de radios internationales
captées à
Kigali, informations en tous genres, analyses, point de presse du
Ministère de la Défense étaient et sont restés à l'ordre du jour.
Encouragements
et appels au calme aussi.
Quelques uns ont qualifié nos émissions d'appel à la
haine, nous étions soumis à la loi rwandaise.Pendant
la période
d'activités de la RTLM avant la reprise de la guerre, deux de nos
collègues
ont une fois été convoqué
par le Procureur
Général
Alphonse Marie Nkubito pour une mise au point.
Mais cela s'est arrêté là.
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..

De plus Mr Nkubito est maintenant Ministre de la Justice du
gouvernement FPR, déjà à l'époque il ne devait pas nous être
favorable.Une réunion au Ministère de l'Information a bien eu lieu
entre notre direction et ce ministre, le protocole qui en a résulté
rtementionnait aucune faute de notre part.
Jamais aucun procès n'a été intenté contre nous, la
légalité a donc toujours été respectée et chaque particulier qui
désirait user de son droit de réponse si des propos tenus ne lui
convenaient pas, a pu le faire selon son désir.Très peu en ont usé,
cela est un signe qu~ nous disions la vérité et que notre travail
était rigoureux.
Certains ont écrit que la RTLM était un média de la
haine. Que nous avons diffusé des appels au meurtre du styleflA
chacun son Belge" ou comment tuer un tutsi .Ne comprenant pas le
Kinyarwanda je ne puis parler que pour la partie des émissions
diffusées en français et encore juste pour ce que j'ai moi-même
dit, le travail sur le terrain ne permettait pas l'écoute
permanente de mes collègues.pour ma part donc, jamais je niai
prononcé de tels mots.ceux qui proclament cela seront bien en peine
de produire des enregistrements avec jour et heure.Pas de menaces,
ni d'appels au meurtre"mais la vérité et l'appel à la vigilance.
/

certains disent que nos commentaires ont attisé la haine ethnique
avant la reprise de la guerre. Mais en fait nos émissions et nos
commentaires étaient souvent des analyses, parfois tranchantes il
est vrai, d'actes et de paroles venant de personnalités du FPR ou
pro-FPR.Ces analyses tendaient à ouvrir les yeux des auditeurs sur
ce qui se passait. si des actes permettant ces analyses n'avaient
pas été posés, nous n'aurions pu inventer ces raisonnements.

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Les échos de nos analyses du côté FPR montraient que des discours
agressifs continuaient et non des appels au calme et la paix. Le
fait d'ouvrir les yeux des'auditeurs n'est pas en soi un appel à la
haine.Mais les actes que certains posaient, placés en pleine
lumière peuvent avoir attisé la haine.Certains de nos auditeurs
sont passés à des actes violents, nous ne les avons pas incités.La
faute revient à ceux qùi ont agit puis réagit et non à ceux qui ont
dénoncé ces actions. Ma conscience est tranquille.
Par ailleurs, jamais les autorités civiles et militaires n'auraient
permis ces appels au meurtre, ni notre rédacteur en chef.
Nous soutenions un effort de guerre mais pas une boucherie.Que des
investigations soient faites objectivement et que les enquêteurs
aient interrogé nos auditeurs réfugiés maintenant dans les camps et
le gouvernement auquel nouS obéissions plutôt que de prêter
l'oreille uniquement à nos adversaires ayant maintenant pris le
pouvoir à Kigali.
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Je regrette aussi que certains aient décidé de placer
dans le même sac les actionnaires et PDG de la RTLM avec la
direction et la rédaction.Ce n'est pas parce que les employés et la
direction d'uné entreprise peuvent avoir fait des fautes que les
actionnaires et le PDG ont fait les mêmes.
Je regrette encore que rien n'ait été dit sur cette radio vraiment
haineuse et illégale qui était radio Muhabura car "juste avant
l'invasion du Rwanda par le FPR, le 1.10.1990, les tutsis avaient
créé une station de·radio mobile (Radio Muhabura) émettant depuis
l'Uganda, qui incitait les Tutsi à la haine et à la mobilisation
contre les Hutus. En fait, les Hutus ont créé leur station de radio
en 1993, en réponse à Radio Muhabura. De plus, des responsables du
FPR et le Président Museveni se servent constamment de Radio Uganda
pour diffuser
leur propagande"
(Lettre d'information UDC).
Privilège du vainqueur ? Peut être ?
Donc le 3 juillet 94 à 19h00 nous avons été avertis que Kigali
allait être évacué. Cette nouvelle a sonné comme un coup de
tonnerre. Jamais nous n'avions envisagé cette éventualité. Etait-ce
bien possible? Devons-nous évacuer ou rester? Après concertation,
le choix de l'évacuation avec toute la population que nous avions
soutenue s'imposait. ..•
1

En hâte nous sommes allés démonter le matériel et nous avons
emporté tout ce que nous pouvions. Le matériel fut éparti dans
plusieurs véhicules. Une nuit d'attente commença, tous prêts à
partir, bagages bouclés, véhicules chargés à ras bords, réservoirs
pleins. Les bombardements du FPR ont continUé toute la nuit.Le
petit-peuple de la ville avait été prévenu discrètement l'après
midi et dès l'obscurité s'était mis en mouvement afin de rallier
les points de rendez-vous.
Le 4 juillet 94 vers 2 h 30 du matin, le signal du départ arrive.En
cohue les milliers de véhicules s'ébranlent faisant d'abord le tour
de la ville à plusieurs reprises.En fait il s'agissait d'un départ
spontané. C'est seulement vers 4hOO du matin que le véritable
signal de départ fut donné.
Alors chacun se rua
à toute allure, à tombeau ouvert dans
l'obscurité totale et sans éclairage vers le carrefour de
Nyabugogo. Ce carrefour était un passage obligé et arrosé en
permanence par les mitrailleuses du FPR. Il fallait rouler et ne
pas réfléchir, rouler vite. Les piétons se faufilaient eux aussi,
certains tombaient, d'autres passaient. Alors commença le long et
pénible trajet.
D'abord atteindre Giticyinyoni à pas d'hommes, en silence, parachocs contre para-chocs. Les véhicules étaient surchargés et nous
avançions dans une
marée humaine. Tout Kigali rejoignait cet
endroit. Les balles, obus, roquettes tombaient et blessaient ou
tuaient à chaque coup, devant, à droite, derrière, plus loin "et
parfois tout prêt.
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Pas question de presser l'allure, il fallait avancer, suivre le
rythme. A Giticyinyoni, un homme me demanda si nous pouvions
prendre à bord des membres de sa famille.

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Son épouse portant un bébé et deux autres petits· enfants qui ne
sauraient pas faire le trajet à pied. Le hasard a voulu que Madame
Françoise et trois de ses enfants ont ainsi fait le trajet avec
nous et partagerons
nos- frayeurs et nos soulagements • Après
Giticyinyoni nous avons emprunté un chemin de terre longeant la
Nyabarongo, sur ce chemin étroit les voitures s'étaient engagées en
file.

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Toute la ville et toutes les collines environnantes évacuaient.
C'était un exode. Hommes, femmes, enfants, vieillards, chèvres,
vaches, poulets, tous chargé de fardeaux, matelas, outils,vélos ••.
avançaient lentement vers le salut, la porte de sortie que nous
ouvrait l'armée à travers les lignes du FPR. Pendant tout ce trajet
nous avons été la cible des soldats du FPR.

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Par moments on les voyait proches dans les bananeraies, parfois ils
tiraient de loin. Les voitures progressaient lentement mais jamais
il n'était question de s'arrêter. si un véhicule tombait en panne,
il était promptement Çlépanné ou écarté.Nous nous enfoncions à
travers les lignes du FPR.Parfois nous avons été pris en embuscade,
un tir croisé nous entourait. Tant bien que mal nous nous sommes
abrités et avons continué, avançant toujours.

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Enfin nous sommes arrivé à un petit pont. Il fallait absolument le
franchir.La route était jonchée de cadavres, des paquets en tous
genres parcemaient le passage d'embûches. Un bus calciné avec ses
occupants et d'autres véhicules détruits encadraient ce pont. Le
tir nourri de l'ennemi faisaient encore des dégâtso

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Rouler, passer vite, sortir de cet enferoPeu importe celui qui
tombait, il fallait sauver notre vie.Plus un cheveu de sec, nous
avons eu chaud Ce pont franchi, des signes de calme revinrent,
vinrent les silhouettes rassurantes des premiers soldats, puis les
premiers véhicules militaires. Vous êtes en sécurité, avancez
tranquillisez vous. Le voyage se poursuivit par la grande montée de
Rutongo vers la sous-préfecture de RUSHASHI. Nous avons lqgé là
sans manger.Le sommeil fut bref mais réparateur.Les émotions de la
veille nous avaient épuisés.Le voyage repris le 5 juillet tôt vers
Gisenyi.
Trouver un logement à Gisenyi .fut très difficile .Chacun fit appel
à ses connaissances.La ville était surpeuplée.Le gouvernement
s'était réfugié là aussi.Gisenyi ressemblait à une ville en
vacance. On avait l'impression que tous ne comprenaient pas que
l'heure était grave.

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La RTLM a repris ses em~ssions pour quelques jours.Des messages
pour reprendre courage principalement
et, malgré les mauvais coups
subis, ne jamais perdre l'espoir. Puis Ruhengeri tomba aux mains de
l'ennemi, Mukamira aussi, l'ennemi se rapprochait.
Un nouvel exode· commença. Nous avons I?ris le chemin de l'exil avec
tout le peuple rwandais et franchi la frontière zaïroise le ·14
juillet 94 vers 16h30 au milieu d'une foule innombrable. Nous voilà
réfugiés.La RTLM contrairement
à ce qu'ont dit certains, n'a plus
jamais émis depuis. Notre matériel était démonté et est demeuré
tel.

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La population rwandaise a choisit de fuir le FPR sans que nous l'y
appelions. Personne
ne
pourra
d'ailleurs
jamais
produire
un
enregistrement
de ces soi disant émissions, car elle n'ont jamais
existé.

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Par ailleurs, l'Association
"Justice et Paix" pour la
Réconciliation
au
Rwanda
(AJPR)
écrit
ceci
quand
à
la
responsabilité
de la RTLM : fiLa RTLM (Radio Télévision Libre des
Mille Collines) a été accusée d'avoir appelé aux massacres et/ou au
génocide
dans la tragédie
qui a endeuillé
le Rwanda
depuis
l'assassinat du Présid~nt
HABYALlMANA le 6 avril 94 •
•.
La RTLM est une radio privée dont les actionnaires appartiennent à
toutes les ethnies et à tous les partis politiques. Elle a diffusé
sa première émission le 8 juillet 93. Déjà à cette date, le Rwanda
était en pleine guerre déclenchée par le FPR depuis le 1 er octobre
90 • La RTLM ne peut donc, en aucun cas, être accusée d'être à
l'origine de ce conflit armé ni d'avoir crée de toutes pièces les
causes profondes qui ont emmené le FPR à prendre les armes, et le
peuple rwandais d'avoir organisé sa défense.
L'objectif de la RTLM était de collecter, de traiter et
de diffuser des informations dans le strict respect des critères
professionnels
de l'éthique et de la déontologie journalistiques.
La RTLM est venue en. fait combler un vide médiatique
crée par
l'absence de presse libre au Rwanda et des principaux titres de la
presse écrite telle que l'IMVAHO. ?a première mission d'une chaîne
de radio et de ses journalistes est d'informer dans le respect de
la
législation
en
vigueur,
l'éthique
et
la
déontologie
professionnelle
ainsi
que
le
sens
de
responsabili té
des
journalistes
qui doivent,
à tout moment,
essayer
de mesurer
l'impact présumé des informations qu'ils diffusent.
Mais au terme de ces considérations
de base, il est généralement
admis que dans la presse moderne, le devoir d'informer prime sur
toute autre considération car la liberté d'opinion reconnue comme
principe
de base de la Déclaration
Universelle
de Droits de
l'Homme, implique, avant tout, le droit d'être informé dévolu aux
médias et journalistes.
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Plus libre dans sa mission de collecte, de traitement et
de diffusion des 'faits, plus libre également dans ses commentaires,
la RTLM fait l'effet d'une bombe dans cet environnement médiatique
alors caractérisé
par une "peur bleue" dans le domaine de la
liberté d'expression.
Cette innovation vaudra à la RTLM un très grand succès
auprès de ses audite~rs rwandais mais aussi une grande haine auprès
du FPR qui se trouvait à
plusieurs occasions, mis à nu par les
journalistes
de cette station, et qui deviendront,
plus tard,
fl
ses"bêtes noires
et des hommes à abattre.
Ainsi donc, si la RTLM a traité sur ses antennes des sujets aussi
délicats que le problème ethnique au Rwanda, le multipartisme mal
compris, le régionalisme, les Accords d' Arusha, les prestations des
Casques Bleus Belges, etc .•• , c'était dans le strict respect du
principe
d'informer
la
population
et
de
répondre
à
ses
préoccupations et ses attentes qui regroupaient les thèmes ci-haut
énumérés de façon non-exhaustive.
Ces
thèmes
consti tuéient
effecti vement
les
grands
sujets
d'actualité
du moment
et ne pouvaient
échapper
au micro des
journalistes d'une station qui a pour objectif numéro un d'informer
objectivement et honnêtement ses auditeurs.
Par conséquent, organiser un débat sur le problème HutuTutsi au Rwanda qui existe depuis bien des années en vue d'une
meilleure compréhension et dans le but de lui trouver une solution
appropriée,
ne relève
pas de l'extrémisme
Hutu comme semble
l'accréditer le FPR.
si les Casques Bleus Belges de la MlNUAR se comportent en
militaires indisciplinés sur les lieux publics et que la RTLM, dans
sa fidèle mission
d'informer,
en rende compte,
ce n'est pas
fl
Jlappeler au meurtre d~s Belges •
Le Général Romeo DALLAIRE, Commandant en Chef de la MINUAR, laisse
couler l'indiscipline
dans ses troupes,
surtout belges. Il ne
publie aucun résultat d'enquêtes qu'il devait mener, notamment sur
les massacres de KlRAMBO.Rappeler
aux auditeurs que la population
attend toujours la publication des résultats des investigations du
Général DALLAIRE revient-il à commettre l'anathème?
La mort du Président HABYARlMANA provoque un affrontement
entre Hutu et Tutsi d'une ampleur sans précédent. On a alors parlé
de massacres et/ou de génocide.Au Burundi voisin où le problème
Hutu-Tutsi se pose presque en même terme de lutte pour le pouvoir,
la mort du président
élu hutu, Melchior
NDADAYE
a provoqué
également un affrontement entre.les deux ethnies rivales.
25

Ceci dit on se rend bien compte que chaque fois que les Tutsis ont
attenté à la vie d'un Président Hutu, cela a provoqué un
affrontement interethnique.La" RTLM ne peut donc être taxé·
responsable du "drame rwandais" qui a, en fait, commencé en 1990
avec l'attaque du FPR mais qui a culminé avec l'assassinat du
Président HABYARIMANA. Ce n'est pas imputable à la RTLM, mais bien
à un problème de fond : la lutte pour le pouvoir entre Hutu et
Tutsi qui a toujours trouvé un détonateur dans l'assassinat du
Président Hutu.
Aujourd'hui tous les médias qui traitent de ce drame
rwandais reconnaissent qu'il s'inscrit sur une toile de fond
ethnique. Avant que ce drame ne se produise, la RTLM avait bien
perçu qu'un conflitUcouraitU entre Hutu et Tutsi et a organisé des
débats autour de ce problème en vue de lui trouver un dénouement
pacifique.

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Lorsqu'on accuse la RTLM d'avoir créé le drame rwandais, une
question de fond de pose : parler d'un problème existant dans les
médias revient-il à le créer? Pourtant personne n'a accusé Radio
France Internationale (RFI) qui a annoncé le 7 avril 94, le
lendemain de l'assassinat du Président HABYARIMANA, que "trois
colonnes des troupes du FPR ; troupes essentiellement Tutsi,
faisaient mouvement du nord du Rwanda vers Kigali et que la prise
de la capitale n'était qu'une question d'heures".
Cette information n'était pas de nature à tranquilliser les Hutus
de l'intérieur du pays. Dans la foulée, Radio Muhabura, radio créée
par le FPR pour sa propagande, annonçait qu'il faut rapidement
dégager enfants et bêtes domestiques de la route, car Paul Kagame
lui-même vient venger ses frères et punir la garde présidentielle
et les Interahamwe. Cette nouvelle n'était pas non plus de nature
à ne pas attiser la colère des Hutus.
Après toutes ces considérations, il faut affirmer que la RTLM et
ses journalistes ont été "ciblés" par le FPR dans la perspective
purement propagandiste, car la RTLM constituait un obstacle aux
desseins du Front patriotique Rwandais et que cette situation
anihilait sa propagande menée, tambour battant, par radio Muhabura
des Inkotanyi. Les émissions de la RTLM sur les vrais mobiles du
FPR entravaient sa stratégie de prise de pouvoir par la force. (AJPR
p.53).

26

"Selon nos sources, la direction du FPR en uganda a envoyé, et à de
nombreuses reprises , des messages de menaces de mort écrits et
oraux, aux commandants des Forces Armées Rwandaises au front,
disant que la vraie guerre du FPR était non pour combattre l'armée
mais en premier et principalement pour éliminer physiquement lla
président HABYARlMANA -(IPCCRIA) .-""
..
,"""
liEn1992, le chef du FPR a effectué une visite très secrète à Paris
où il a eu un agenda très chargé sur une semaine et-rencontré entre
autres, un fonctionnaire du Quai d'orsay (Ministère des Affaires
Etrangères Français). Il était en compagnie de Jacques BIHOZAGARA,
un extremiste tutsi ~n poste à Bruxelles, et de quatre gardes du
corps. Kagame voyageait avec un passeport diplomatique burundais,
était d'abord descendu à l'hôtel HILTON-SUFFREN, puis au SOFITELLa DEFENSE à la chambre 623. Tout cela ne serait que d'intérêt
limité, si ce n'était le but de sa visite :
le leader de la rébellion tutsie cherchait une télécommande à
distance d'une portée de 25 à 30 mètres .•. D'où tient-on cette
information ? D'une personne que Kagame avait contactée à cet
effet, le capitaine paul BARRIL, ancien chef des GIGN et ex-membre
de la cellule anti-terroriste de l'Elysée ••• On comprend que ce
dernier ait immédiatement désigné le FPR comme l'auteur de
l'attentat contre les présidents HABYARlMANA et NTARYAMlRA, dont
u
l'avion avait été 1 quel hasard, abattu par un missile télécommandé
(MUNYARUGERERO.Africa )1.nternational).Voilà qui confirme ce que
l'on pensait.
Upour le moment le FPR, obnubilé par sa victoire
militaire se refuse à appliquer les dits accords(Accords de Paix
d'Arusha) et semble vouloir s'en détacher sans dénoncer
publiquement les dits-accords. Ce FPR a introduit subrepticement de.
nouveau paramètres qui lui sont propres et qui violent et l'esprit
de ces accords et les procédures prévues dans la mise en place des
institutions de la transition :
c,'

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La nomination de l'actuel Président de ,la République a été
faite de façon discrétionnaire par le seul FPR sans que les
autres forces politiques aient été consultées.De plus il Y a
eu extension du mandat du Président de la République au delà
des prérogatives 'reconnues par les Accords de Paix d'Arusha et
de la loi fondamentale régissant le Rwanda actuel.
L'instauration d'un poste de Vice-président, non prévu dans
les Accords d'Arusha, et de surcro1t Ministre de la Défense,
ne peut qu'empiéter sur les attributions du Premier Ministre
et rendre plus conflictuelle la gestion du gouvernement.
l'exclusion du MRND des institutions de la transition s'est
faite sans concertation avec les autres forces politiques
devant participer aux institutions de la transition.
De plus, les postes réservés au MRND devaient être répartis
entre toutes les forces politiques au lieu de revenir, tous,
au seul FPR.
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1

Le choix des ministres
issus des autres partis politiques
s'est
fait
par
simple
cooptation,
par
le
FPR,
des
personnalités
de son choix,
sans se référer
aux partis
,:~cQncernés. Cette f açori . deprocéder.s.igne
la marginalisation
des partis politiques et l'ébauche d'un nouveau Parti-Etat.
La prolongation,
sur décision du seul FPR, de la période de
transition
et partant le renvoi aux calendes grecques des
élections
place le cRwanda dans un système de coup d'état
permanent, où il n'y a d'espoir de changement politique qu' à
travers
des coups
de force et des violences
politiques
cycliquesfl(Nsengiyaremye
Dismas).
Le Premier Ministre Faustin Twagiramungu, vient déclarer le 24
janvier 95 à Gako qu'il n'appliquerait
pas les Accords de Paix
d'Arusha.
Un scénario préétabli prévoyait dans sa rubrique intitulé
"Environnement
actuel et à venir de l'organisation
(FPR) n en
particulier
:
Rupture
des
Accords
d'Arusha
et
recomposition
d'un
gouvernement en écartant par la force militaire et populaire
HABYARlMANA et ses satellites dans un délai ne dépassant pas
neuf mois à part~r de la signature des Accords de Paix.
Redéfinition

de la transition.

Organisation
FPR.

d'élection

au moment

jugé le plus opportun par le

Selon Barry Crawford
: En Août 93, le gouvernement
rwandais
signa
les Accords
d'Arusha.
Cet
Accord
créait
un
gouvernement
de transition
de 22 ministres
dont 5 du FPR, la
création d'une commission de supervision du retour des réfugiés et
assurer leurs sécurité.
L'établissement
de nouvelles forces armées dans lesquelles le FPR
participerait
à 40% des nouveaux
effectifs
et 50% du haut
commandement
et
l'organisation
d'élections
législatives
en
1995.Comment les deux armées engagées dans une guerre pendant trois
ans pouvaient fusionner et être placées sous commandements conjoint
n'était pas détaillé. Il était très clairement entendu que cela ne
se passerait jamaisn•

1
1

Le Front Patriotique Rwandais ne respecte pas
propriétés privées, de liberté et d'opinion.

les garanties

de

1

"Nombre
de
"dossiers"
que
j'ai
pu
consulter
ne
contiennent
pas les éléments
nécessaires
pouvant justifier une
détention prolongéen•
(Filip REYNJENS) " Le directeur de la prison
de Kigali,
Adrien
SINAYOBYE,
estime
que
20% des personnes
incarcérées sont innocentes" (Joshua Hammer).

1

33

1

1
1

NOTEDE1'AOTEUR
Ce livre terminé, je pensais avoir répondu à de noJlbreusesaccusations de certains de Jles détracteurs.
Cependant,des éléJlents nouveaux,ajoutés à d'autres anciens, m'obligent dans un souci de transparence à répondre fOI'lllellement
à ces attaques formuléescontre mapersonne.
Eneffet, dans le livre de Colette BraeckIlanRwanda: histoire d'un génocide, on peut y lire à la page 165
: ln appelle aussi à la liquidation de)'ennemi de classe, et plus tard, lancera aux 1Ûliciens de sinistre slogan: lA chacun
son belgett ••• Accusation grave écrite de la plUlled'une journaliste reconnue.
Egalenent, dans la Rewe Droits de l 'Hone sans Frontières, journal européendes Droits de l/HoJme6 èmeannée
nI 5/1994, page 6, je suis nolllIénentcité pour avoir ftentretenue et attisé jusqu'à l/incitation au erne et aumassacre, la haine
ethnique 1 et pour avoir nfourni l'assistance technique à la RTLMn,
Ces deux dOCUllentsont été écrits par des personnesque je niai ja:maisrencontrées jusqu1àprésent. De la
part d'un ftJournalEuropéendes Droits de l'RODen cela ae senble !lêneencore plus grave car il use de son autorité norale pour
ne juger sans lIênem'avoir rencontré ni donnéla possibilité de lie défendre.
Aucunequestion ne !l'a été posée par ces gens qui prétendent défendre les Droits de l'HOlIlleet pour cela foulent aux pieds ceux
d'un certain nollbIed/autres. Quelle leçon des Droits de l'HOlIllenous donnenHls là !

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,

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-,
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QUandà KadaneColette Br~eckllan,je regrette ne jamais l/avoirrencontrée auparavant, liais la lIanière dont
elle D/attaque prouve sa pleine méconnaissancede la personne. Il est regrettable qleelle ait décidéd/écrire des accusations
aussi graves avant nêne qu'un tribunal ne m'ait jugé et condaDné,Cela nontre il souhait le respect qu'elle a des lois et de la
dé:lntologie journalistique. Il est encore plus regrettable que cette personnesoit la journaliste de référence au ~Soir pour le
Rwandaet le Zaïre. en fait elle ne nontre dans livre qu/une seule face des choses. Sonessai bien incomplet semblepartial et
cone l'a écrit Kichel Donnet:
.
·Colette BraeckIlana subi la séduction et la manipulation, disciplines dans lesquelles le FPRest passé maîtren• Je n/y ajouterai
pas un mot.
Enfin, pour répondre aux accusations et corriger certaines infornations, je tiens à préciser que Doncasier
judiciaire, avant non départ au Rwandaen octobre 1993, était vierge, COMeon le vérifiera aiséllent. Effectivellent, j/ai
travaillé à la RTIScme journaliste et je regrette que la déontologie journalistique queKadameColette BraecknanDereproche
de ne pas avoir respectée, elle ne ne seDble pas l'avoir respectée non plus spécialenent en recoupant ses données et en
diversifiant ses sources. Elle aurait ainsi pu écrire que je n'ai pas pris Icontact avec la réalité rwandaisepar le biais d'un
groupede réflexion rwando-belge·, car j 1 en.suis l'un des fondateurs.
Cegroupea été fondédans le prenier senestre de 1993et les statuts en sont enregistrés régulièrement, s'ils
n'ont pas disparu, auprès de Fenregistrement de Liège-Ville, rue des Guillemins. Pour le groupe de droite "Diapason·qu/elle
cite, je n'ai aucune souvenanced'être entré en contact avec un tel groupe. Mais si cela était, je n'y a accordé aucune
importance. Cela permet d'estiller collbien j/aurais pu être influencé par ce groupe.
Quandaux droits de lIHollllesans Frontières, il convient de rappeler que j'ai été engagéà la RTIJlCOlllle
journaliste et je vois nal de quelle assistance technique ils parlent. L/électricité et l'électronique sont pour Fincitation
à la haine ethnique dont il Jl/accuse, je conseillerai à ces gens de lire le docu:nentintitulé: 1 Considérations d'un groupede
juristes rwandaisen exil sur la situation des réfugiés du Sud-Kiw, le collportenent des ONGet du HCRet leur point de we sur
le génocide"Ony trouve notment page 16 : 1 s'il est indéniable que la RTII ne tint pas des propos tendres avec le FPR.Il
est par contre tendancieuxd/affiIller qu'elle a incité au génocidedes Tutsi~. Et cela est ce que je pense. L'enneni était le
FPRet non les Tutsi., si le FPRa recruté najoritairenent parmi les Tutsi, et que après Passassinat du président Habyarimana,
la population a décidé dléliminer physiquementdes conplices du FPR,suis-je un "génocidaire~pour avoir lutté contre un mouvement
qui avait transposé sa lutte pour le pouvoir sur le plan ethnique? C'est la méthodede recrutement du FPRqui a été une des
principales causes de la nort de tant de Tutsi ne senble-t-il. Par ailleurs1 les propos tenus sur la RTr1l en ldnyarwandane
n'engagent nullenent, je ne comprendspas cette langue à l'époque et ne l'utilisais que pour les salutations d/usage.

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l"

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certaines autres accusations affinent que j'ai incité des Rwandaisà tuer des Belges.
1} certains Belges militaires de la MIllUAR
ont été tués sans que je sache cela, tels ceux qui ont été envoyéschez le premier
JlÏnistre AgatheUWilingiyimanaet je n' en ~rte aucuneresponsabilité. Cette responsabilité est plutôt à chercher chez ceux qui
ont littéralement envoyéces soldats à la mort et ce)lXqui les ont tués. Lire pour éclaircisseIlent le docUIientdu CRAD
: LeRwanda
ou l'urgence politique, François Rzabahimana,Rap~rt de mission du 29/8/1994, notamlent les pages 8 à 11, 18 et 19.
2) Certains autres Belges ont été tués parce qu'estimés complicesou acteurs dans lIassassinat du Président Habyarimana.Pour
ce que j'en sache, ils doivent avoir été tués avant mêmeque j'aie atteint les studios de la RTLHle 7 avril vers 10h30-11h00.
Uneenquête devrait être menéeà ce pr~pos et le colonel qui coJlJlandaitle campKigali ~urrait être consulté.
Peut-être d'autres Belges ont été tués dans les massacres, je n'en ai pas connaissanceet n'estiJle nullenent
avoir une part de responsabilité dans les actes déplorables que certains exaltés peuvent avoir colmis. Cependant,il est vrai
queJles propos n'ont pas toujours été tendres envers certains JlelIbresbelges du contingent de la muAR et d'autres Belges qui
venaient visiter le Rwandaet , au Jloyende pressions ou de chantages à l'aide, sablaient vouloir dicter la politique du Rwanda.
Ils auraient 1Ùeuxfait de se lettre rêelleDent à l'écoute de la population rwandaise, de notre radio qui était celle que tout
le lande écoutait et de s'alaraer, come tous les Belgesrésidents au Rwandaauraient du aussi, de la lléconduitede ce contingent
et de la mauvaisemage de larque de la Belgiquequi en résultait dans l'opinion rwandaise.

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Il
t
1

1
..

Koi, CODed'autres, je n'ai fait quedire tout haut ce que tous les autres ou presquepensaient. Cela est-il
un crime d'attirer l'attention, de fustiger les erreurs? Je JI'étonnedrailleurs que si peu de gens parlent du meurtre du Père
Joachin Vallajo, qui était lui aussi connu, Jlais espagnol. Peut-être que, tué par le FPR,certaines sources se sont tues. Il
aurait suffi de lire le fascicule des Droits' de 1'HOmlesans Frontières page 19, il Y est mentionné.
Frarçois Hzabahimanaabordent égalellelltd'autres points dont la responsabilité du FPRdans la tort des Tutsi,
cela mesembletrès intéressant à signaler (pages 18 et 19), car il y a responsabilité.
Certes tout n'est pas encore dit, lais j'espère avoir répondu à Jles détracteurs.Et si justice il doit y
avoir,que cette justice sereine oeuvre dans la vérité et l'information.
Deplus je suis fier d'avoir été l'un des seuls à attirer l'attention sur la catastrophe qui se préparait,
certains que l'on proclane spëclalistes ont plutôt hurlé avec les loups, et leurs analyses llontrent parfois de graves
Jléconnaissances,Leurattention aurait dû être attirêe. Et ce n'est pas parce que l'on dénoncequelquechoseque l'on deDandede
tuer, mais peut-être la désinfornation parvient finaleDent à altérer la vérité 1 l'avenir nous apprendra. La justice est-elle
vraillent juste si le journaliste s'occupe de juger plutôt que de chercher la vérité?
certains pourrait le reprocher d'être resté, Dalgré le départ de tous les occidentaux:. En fait certains Padri et
certaines Soeurs ont aussi décidé de rester. Ils ont estiDé qu'ils ne pouvaient pas abandonnerles Rwandaiset que, Jlalgré les
conditions, le travail devait être effectué. C'est aussi ce que j'ai estiné, tenant comptede l'iDportance de l'infomation et
des risques,1lalgré tout. Et si le fait d'être resté l'a pernis de voir ou de savoir d'autres faits que ceux qui se sont enfuis
précipitment et lâchellent en abandonnantles Rwandaisà son funeste, c'est la rançon du courage te du devoir. Quele courage
et le devoir dictent aussi à ceux qui répandent des contre-vérités de se taire et de les corriger.
Pour Da part, Da conscience est tranquille. Et s'il y a un Dieu , celui du Roi Baudouinou du Président
Habyarinana,celui de Jean-LucDehaeneou du Président Clinton, celui de Mgr'BJaddéeNsengiyumvaou du Père ValJlajo,qu'il fasse
que la vérité et la justice éclairent les faits, et que ceux qui y croient l'aident, car l'iIlJlOralité ne saurait constituer la
base de l'histoire du mondenais seulementun fonds de comnerCepour marchandsd'anss,

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