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« Depuis cinq semaines, les morts attendent sur les marches du palais de justice. Ils attendent votre jugement ». C'est avec ces mots que l'un des avocats des parties civiles a conclu sa plaidoirie tout à l'heure en s'adressant au jury. Cet avocat qui a rappelé que, 25 ans après, c'est la mémoire des témoins que l'on attaque.
« Du côté de la Défense on nous dit que la mémoire est fragile », dit-il. « Moi je tiens vous rappeler que c'est un miracle qu'il y ait encore des témoins directs ».
Dans son réquisitoire, le procureur fédéral a tenu à rappeler qu'il s'agit bien d'un génocide. Il a également tenu à s'excuser auprès des victimes présentes dans la salle. Il s'est excusé pour « les thèses négationnistes qu'elles ont dû entendre tout au long du procès de la part de la défense ».
Le procureur fédéral a ensuite donné ces chiffres glaçants : 800.000 victimes en trois mois au Rwanda en 1994. C'est-à-dire un mort toutes les cinq à dix secondes. Concernant les témoignages, « on n'oublie pas les horreurs vécues », a-t-il dit.
Ce procès se poursuivra lundi prochain avec les plaidoiries de la défense. Le verdict est très attendu par les victimes, après 25 ans de combat, comme l'explique l'un des avocats des parties civiles, André-Martin Karongozi :
« Le génocide, c'est le crime le plus abominable qu'on n'ait jamais connu et, ce qu'on vise aussi, c'est la prévention dans le futur. Comme certaines victimes vivent ici. Certaines sont vivantes. Les bourreaux aussi, à l'ombre. Je crois qu'il faut songer à protéger la société belge. On attend la le verdict. Mais s'il est condamné, je le crois, je l'espère. Vous verrez qu'il y a un changement. La salle n'est pas aussi remplie par ses copains, ses amis que d'habitude. Mentalement, les génocidaires qui circulent toujours prennent conscience qu'un jour ou l'autre, on ne sait jamais, ils peuvent être aussi poursuivis et accusés. »