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D’avril à juillet 1994, près de 800 000 Tutsis étaient massacrés au Rwanda. Parmi les 400 prêtres que comptait l’Église rwandaise à l’époque, une centaine auraient été impliqués de près ou de loin, dans le génocide. Trois d’entre eux, deux Rwandais et un Français, ont été condamnés à perpétuité par contumace par la justice de Kigali : le P. Wenceslas Munyeshyaka, ancien curé de la Sainte-Famille à Kigali, aujourd’hui prêtre dans l’Eure ; le P. Gabriel Maindron, Père blanc dans l’ouest du Rwanda, membre du parti extrémiste hutu CDR, aujourd’hui en Vendée ; et Martin Kaballira, aumônier militaire au Rwanda devenu animateur dans un club informatique en région parisienne.
Ce sont ces trois hommes, réfugiés en France et accueillis pour deux d’entre eux dans une paroisse – le troisième a quitté le ministère – que l’équipe de « Pièces à conviction » a retrouvé. Dans un documentaire nourri de témoignages de rescapés, de vidéos et de documents d’archives, Mathieu Sarfati et Jean-Pascal Bublex tentent de retracer leur implication dans le génocide et les réseaux d’Église dont ils ont bénéficié.
Notre avis : ce documentaire répond à une thèse énoncée dès les premières secondes – les massacres ont été attisés par une Église rwandaise qui avait choisi son camp, et les prêtres accusés d’être génocidaires ont été protégés par l’Église, jusqu’en France.
Au-delà de ce constat, appuyé par l’embarras manifeste des responsables d’Église interrogés, le film n’explique pas suffisamment que l’attitude de l’Église de France reste suspendue aux décisions de la justice française. On regrette aussi que les événements soient relus exclusivement à travers le prisme du directeur de la rédaction de Golias.