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LES pourparlers entamés vendredi à l'hôtel Méridien de Kigali entre le
gouvernement et le Front patriotique rwandais (FPR) en vue de la
conclusion d'une trêve n'ont rien donné et leur reprise, annoncée pour
samedi, n'a pas eu lieu. Selon un responsable du gouvernement
intérimaire rwandais, aucune des deux parties n'a accepté les
conditions de l'autre : le FPR demande la dissolution de la garde
présidentielle, accusée d'être responsable des massacres de ces
dernières semaines à Kigali et la démission du gouvernement. Ce
dernier exige pour sa part l'arrêt immédiat de l'offensive du FPR, qui
encercle pratiquement la ville où près de 4.000 de ses combattants
auraient réussi à s'infiltrer.
Dans la capitale du Rwanda dévastée par les combats, les massacres
continuent, selon le témoignage d'habitants joints par téléphone : «
Il y a des massacres partout. Le plaisir de l'armée semble de tuer des
civils et les civils s'affrontent entre eux pour venger leurs morts »,
raconte un témoin. « Les soldats lient les mains des gens dans le dos
avant de les abattre à la machette. Parfois, les gens supplient
pendant vingt ou trente minutes avant que les soldats ne les
abattent. Ils violent les femmes avant de les tuer. »
Le FPR a demandé samedi l'envoi urgent d'une aide internationale pour
les dizaines de milliers de réfugiés qui ont fui Kigali et se trouvent
actuellement dans des régions qu'il contrôle. Selon l'ONU, des
milliers d'entre eux sont bloqués à la frontière du Zaïre, qui leur
refuse l'accès à son territoire. Quelques centaines d'autres se sont
vu refouler à leur arrivée à Nairobi.
La Belgique a annoncé dimanche son intention de retirer ses 420
casques bleus du Rwanda. Selon un porte-parole de l'armée belge, le
retrait commencerait dès mardi.
Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni vendredi soir à New York, n'a
pas réussi à se mettre d'accord sur l'avenir de sa mission au Rwanda,
la MINUAR, forte de 2.000 casques bleus, qui avait initialement pour
mission de superviser l'application de l'accord d'Arusha. Les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne se sont prononcés pour un retrait pur
et simple mais n'ont pas été suivis par les autres membres du
Conseil. Le président en exercice, le Néo-Zélandais Colin Keating,
s'est borné à dire que la priorité absolue résidait dans la conclusion
d'une trêve.