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Face A de la cassette # 67.
PD -Nous poursuivons sur le ruban 67 le chapitre relativement à la mort de Madame Agathe. Vous étiez
à décrire les moyens de communication là qui vous permettaient de vous informer sur les, le développement
de la crise. .
JK -Oui. Ce n’était pas par la radio ou par le... la télévision n’émettait même plus, qu’on pouvait avoir
les informations, c’est en communiquant directement avec les... certaines personnes dans certains quartiers
qu’on pouvait avoir les informations.
MD -Mais est-ce que la radio était, était en marche ?
JK -La radio oui, mais elle ne disait rien de plus.
MD -Est-ce que, est-ce que la radio, à quel moment que la radio a commencé à parler de massacres, vous
est-ce que vous avez en mémoire, est-ce qu’ils en ont parlé ?
JK “Est-ce que la radio a parlé des massacres ?
MD “Où
JK -Je n’ai pas entendu.
MD -Vous n’avez pas entendu ça.
JK -Non.
MD -Est-ce que, est-ce qu’on a parlé de... on décrivait pas ce qu’il se passait dans la ville ?
JK -Non. |
MD Est-ce qu’on a parlé à un moment donné que des personnes, que le premier ministre par exemple était
décédé ?
JK -Non. C’est à dire que on a dit quand... pour justifier la mise en place du nouveau gouvernement.
MD -Seulement qu’à ce moment-là ?
JK -Oui.
MD -Onen avait jamais parlé avant ?
JK -Non.
MD -Alors tout ça se passait. tout ça se passait comme si il y avait un genre de, de, d’entente ?
L'expression des nouvelles était contrôlée à ce moment-là par le comité militaire de crise ? On peut supposer
que c'était comme ça ?
JK -Non, c'était pas supposé, c'était comme ça.
MD -C'était comme ça ?
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JK -Oui.
MD -Ils contrôlaient les nouvelles au complet ?
. K Oui. Puisqu'ils avaient installé des blindés en face de la radio nationale, que donc ils avaient même
empêché la première ministre d’entrer au studio de la radio. Ils contrôlaient directement la radio.
MD -Et même cette visite-là est-ce qu’elle... est-ce qu’elle. la tentative qu’elle avait fait c'était avec les
forces de la MINUAR ça, est-ce qu’elle était accompagnée ? Quand elle arrivait à Kigali.
JK _-Je ne sais pas qui l’accompagnait mais j'imagine que les soldats qui la gardaient l’accompagnaient
quand elle a fait cette tentative-là, d’aller parier à la radio.
PD -C'était le jour-même ?
TK -Le7 avril.
PD -C’est le jour de son...
JK -Oui.
PD -Le jour de son assassinat. Vers quelle heure heu. a-t-elle tenté de se rendre à la radio ?
JK -Ça devait être vers 6 heures, 7 heures du matin.
PD -Elle a été repoussée, elle a été re... interdit là de.
JK -Oui.
MD -Est-ce que vous savez qui la gardait, la premier ministre ?
JK “Qui?
MD -Qui la gardait ? Qui assurait sa protection ?
JK -Ce sont des gendarmes, maïs moi je ne les connais, je ne les connais pas.
MD -Des gendarmes ?
JK -Oui.
MD -Mais la MINUAR n'était pas là ?
JK -La MINUAR était là.
MD -Etait là aussi.
JK -Oui.
MD
-Quand on vous a... comment avez-vous vu la situation quand vous avez appris que la première
ministre avait... été décédée, heu, est-ce que pour vous c'était... c’était les militaires qui prenaient le pouvoir?
JK -La situation pour moi était incontrôlable. C’est à dire que les, les militaires prenaient le pouvoir, ça
je. pour moi c’était une évidence que les militaires avaient déjà pris le pouvoir dans la mesure où ce sont
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eux qui contrôlaient toute la situation. Mais, qui, qui allait être tué, qui n’allait pas être tué, ça c'était plutôt
ça la question que moi je me posais à l’époque. Et tout le monde qui avait appartenu à un parti politique autre
que le MRND pouvait être cible comme victime à l’époque.
MD -C'est ça, le Président était décédé, le premier ministre était décédé, il y avait plus, il y avait plus
personne. Il y avait plus de chef? Fallait que quelqu'un prenne le pouvoir ?
JK -Oui.
MD -Est-ce que pour vous c'était, c’était carrément les militaires qui s’installaient au pouvoir ?
JK -Pour moi ils étaient déjà installés.
MD -Ils étaient déjà installés ?
JK -Oui
MD :_-Temporairement ? |
TK -Puisqu'ils contrôlent, s contrôlaient tout, done il y avait pas à s'installer #8 étaient déjà installés.
MD -Çac’est àla période qu’ on a identifiée, que les... le pouvoir était aux militaires, qu’ on a discuté je
pense là, ce matin. C’est cette période-là.. À quel moment, à quel moment, est-ce que c’est la même journée,
quel moment que les réunions ont commencé, dans la... la consultation avec Booh-Book et heu. est-ce que
c’est la même journée ? Est-ce que c’est le 7?
JK -Je ne peux pas préciser, puisque je n’ai jamais réussi à connaître les dates exactes. Mais je sais que
des réunions ont commencé dès, dès après la mort du Président, donc des réunions soit avec. entre des
militaires tout seuls, soit avec les militaires, entre les militaires et les diplomates, soit entre les militaires et
les politiciens. Il y a eu... les réunions ont commencé dès la nuit du 6 avril.
PD -Vous, selon vous, quand a-t-il été rendu public que Madame Agathe avait été assassinée ?
JK -Ça n’a été rendu public que quand le gouvernement à été mis en place.
PD -Que lors de votre nomination ?
JK -Oui.
PD -C’est à ce moment-là que le comité militaire de crise a décidé de. est-ce que c’est votre
gouvernement qui à rendu ça public ou si c’est le comité militaire de crise, est-ce que vous avez ça en
mémoire ?
JK -Je n’ai pas ça en mémoire, mais je crois que ça doit être le gouvemement qui a rendu ça public.
PD -Ok. Jusque là c’est une information qui avait pas été diffusée ?
JK -Non.
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PD -Est-ce que vous êtes informé à savoir pourquoi ça n’était pas rendu public ?
JK -Non.
PD -C’était pas.
JK -Non, parce qu’il y avait eu des événements anormaux qui s’étaient passés avant. Le président
Habyarimana est mort le 6, à 20 heures 30, la radio nationale émettait toujours. Elle était là, elle a fermé ses
émissions à 23 heures. Elle n’a rien dit.
PD -Par contre c'était connu sur RTLM ?
JK -Oui.
PD -C'est ça, donc il y avait, il y avait moyen de le savoir. Vous savez, il y avait... c’est. quand je dis
heu... je parle pas nécessairement de la radio nationale, on parle d’un, de...d’un moyen de communication
accessible à tous. |
JK _-Non moi je... l’information que je suis en train de donner c’est par rapport à la radio nationale, je ne
| sais pas si la radio RTLM f’avait dit ou pas, je n’ai pas eu le. .je ne me rappelle pas. |
PD -Ok.
MD -Est-ce que vous écoutiez, est-ce que vous écoutiez RTLM à ce moment-là ?
JK -Oui.
MD -Et vous... est-ce que les propos qu’ils tenaient étaient les mêmes que, sensiblement les mêmes que
la radio nationale ?
JK -Au début non.
MD -Est-ce qu'ils n’ont pas... le soir de... l’assassinat du Président... la mort du Président... est-ce qu’ils
n'étaient pas, est-ce qu’ils n’ont pas heu... été assez rapides à publier cette nouvelle ?
JK -Çaje l’ai dit. J'ai dit qu’ils étaient rapides à le publier.
MD -Ça c’est RTLM ?
JK “Oui.
MD -La radio nationale par contre, eux...
JK -Ils n’ont rien dit.
MD -N'a rien dit. RTLM, ils ont publié cette nouvelle, mais on parlait de quoi à ça ? Après la mort, après
on a annoncé la mort du Président, mais eux non plus n’ont pas parlé du début là des, des activités, des
massacres, des, des. des, des, des personnalités politiques qui étaient assassinées, ils n’ont pas parlé de ça
eux non plus, RTLM ?
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JK -Je ne me rappelle plus, mais je pense que eux ils doivent l’avoir dit.
MD -Vous croyez qu’eux ils auraient pu le dire ?
JK -Oui.
MD -Vous pouvez pas vous souvenir. |
JK -Je ne peux pas me souvenir si ils l’ont dit ou s’ils ne l'ont pas dit. Mais ça me surprendrait qu’ils
n’aient pas donné ces informations.
MD -Est-ce qu’RTLM n’était pas contrôlée par le comité, par le comité de crise ?
JK -Je n’avais pas cette impression puisque eux ils disaient pratiquement ce qu’ils, ce qu’ils voulaient.
Ce qui n’est pas le cas de la radio nationale.
MD -De toutes façons les nouvelles qu’ils donnaient normalement étaient dans la ligne de pensée de... du
MRND), c'était... c'était un peu. c'était, on a établi que c’était leur outil et ils dérogeaient pas de la ligne de
pensée du parti ? Ensuite, avec la mort du Président, bon, ilyaeu les événements et heu. on est allé vous
chercher pour que vous preniez la place ?
JK -Oui.
PD -Ça c’est, là on parle de la mort de...
MD -De la, de la première ministre.
PD -La première ministre, pas du Président.
MD -La première ministre.
PD -Ok. J'aimerai juste revenir peut-être là, sur le... la ligne précédente, les réactions de. du général
major Ndindilimana, c'était quoi ? C’est, c’est, ce qui vous a été rapporté ? Quelle fut sa réaction ?
JK C'était une réaction indignée. Donc par rapport à la mort, à l’assassinat d’ Agathe Uwilingiyimana.
C’était une réaction d’indignation et d’impuissance en même temps. |
PD -Est-ce que vous savez plus que ça, est-ce que vous savez c’est quoi qui s’est passé, quelle réaction
il a eu exactement ?
JK _-Non, je n’ai pas plus que ça, je sais que... comme je sais que c’est un homme qui n’a pas peut-être
voulu s’engager ou engager, s'engager dans, dans les événements, mais connaissant très bien la, la première
ministre, dans la mesure où ils étaient originaires de la même commune, il ne pouvait pas ne pas avoir une
réaction, je sais que il lui était très proche.
PD -Il partageait peut-être un peu les mêmes vues qu’elle ?
JK -Oui, je sais qu’il était en partie assez proche. Donc il ne pouvait pas ne pas réagir.
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PD -Ok. Et sa réaction ça a été une réaction qui vous a été rapportée par qui ?
JK _-Je ne me rappelle pas de qui, qui m’a rapporté ça. Mais je sais que, jai eu cette information comme
quoi il aurait eu une réaction d’indignation.
PD -Ok. .
MD -C’était, c'était le... c'était. l’homme le plus, le plus haut gradé à ce moment-là ?
JK -Oui.
MD -I n’a pas, il ne s’est pas imposé dans le comité de crise ?
JK -De mon point de vue, il ne le pouvait pas. Il n’avait pas le, le poids qu’il fallait pour pouvoir
s'imposer au niveau du comité de crise. De par ses origines régionales.
MD -C’était bien connu qu’il était assez près de la première ministre ?
JK -Oui.
MD -Comment heu... qu'est-ce que ça vous a fait, vous dites s qu” on est allé vous chercher et puis on vous
a annoncé que... on avait fait de la place maintenant. la phrase que vous nous avez, que VOUS nous donnez,
que vous avez écrit, écrite ici : “il a été nécessaire”. en traduction, vous nous dites “il a été nécessaire d’en
terminer avec Agathe afin de pouvoir mettre en place notre gouvernement”. Et, lui il était, il croyait qu’il vous
annonçait une bonne nouvelle ?
JK -Oui.
MD -Vous, pour vous, comment avez-vous accueilli ça ?
JK -Moi j'avais peur. Tout simplement. Parce que je.
MD -Mais est-ce que ça confirmait ce que vous pensiez qui était arrivé à Agathe ?
JK _-Ça confirmait ce que je pensais qu’il était arrivé à Agathe, oui. .
PD Parce que cette phrase-là laisse pas beaucoup d'interprétation sur les auteurs du crime envers Agathe.
JK -Pour moi oui.
PD -Sije vous dis que nous avons dû en terminer, si je reprends les propos de Monsieur Karamira, que
je dis “nous avons dû en terminer...”, j'imagine que c’est parce que je suis partie prenante à la décision.
JIK -Oui.
PD -Alors la personne qui vient vous dire ça, est-ce que vous avez douté qu’il savait pas ce qu'il s’était
passé à Agathe, qu’il était pas responsable de la mort d’Agathe ?
JK -Non, moi je n’ai jamais eu de doute sur les, les responsables de la mort d’Agathe. Pour moi les, le. comme je le dis, le comité militaire de crise et les partis politiques se sont entendus pour en terminer avec
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Agathe.
PD -Est-ce que vous vous voyez une autre possibilité qui aurait pu. qu’ils auraient pu faire avec Agathe,
est-ce qu'ils auraient pu l’expulser du pays, est-ce qu’ils auraient pu la démettre tout simplement ?
JK -Je ne vois pas ce qu’ils auraient pu en faire d’autre, surtout compte-tenu de. des, des circonstances
du moment, à l’époque.
MD -Surtout ce qu’il se passait là...
JK “Donc si, si on, on remet la mort d’Agathe dans le contexte des événements de l’époque, il n’y avait
pas d’autre choix que de, que la mort. Parce qu'avant elle, d’autres ministres qui étaient en opposition avaient
déjà été éliminés. Donc il ne restait plus qu’elle.
PD -L’opposition au moment de son élimination était constituée par elle ?
JK -C'était elle la.…., disons le porte-voix...
PD -Ok. .
JK -…. de l'opposition, en tant que première ministre.
PD -Est-ce que vous croyez que les gens du comité militaire de crise lui ont suggéré de démissionner ?
JK -Je ne crois pas qu’on lui ai donné un choix.
PD -Iya aucun choix qui lui a été donné ?
JK -Pour moi on ne lui a donné aucun choix.
PD -Est-ce.… vous c'était quelque chose qui était normal ?
JK -C’était.… dans le contexte.
PD -Et c’est [inaudible], pas normal, c’était quelque chose qui, selon les événements, qui devait arriver,
qui était. elle était sur une... une cible de choix pour les.
JK “Oui. |
MD -C’est la façon, c’est la façon de se débarrasser d’un ennemi ? C’est comme ça que ça s’était passé
avant, et là, dans le, avec le contexte, avec les événements, ça pouvait pas se faire autrement ?
JK -Ça, ça ne pouvait pas se faire autrement, parce que je ne vois pas ce qu’ils. s’ils avaient commencé
avec les. dès la nuit du 6, avec les ministres, ça devait se terminer par là.
MD -C'est la façon la plus connue qu’on a de se débarrasser des adversaires ?
JK -La plus connue... peut-être la plus facile pour eux.
MD -La plus facile.
PD -Alors, si on reprend là, Karamira vient vous voir puis il vous dit “on a pris la décision, c’est fait”.
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Lorsqu'il dit “on a pris la décision”, vous ce que vous comprenez c’est le comité militaire de crise a pris la
décision avec les partis politiques ?
JK -Oui.
PD -Parce que c’est une action qui a été posée par des militaires ?
JK -C'est une action qui a été posée par des militaires. Je l’apprendrai après, parce que à ce moment-là
je ne pose pas de questions.
PD -Ok. Mais c’est une, c’est une... c’est une action posée par des militaires ?
JK -Oui.
PD -Puis lorsqu'il vous dit “on a pris”, que “nous avons pris la décision”. vous pouvez pas faire
autrement qu’identifier que ce sont eux les militaires et les politiciens ensemble qui ont décidé de... de former
ça, parce que le comité militaire de crise est pas constitué de... des membres des partis politiques aussi ?
K -Non, le comité militaire est militaire.
PD -C'estça
IK -Oui.
PD -Alors ça se serait une décision conjointe entre les partis politiques et le comité militaire de crise ?
JK -Pour moi oui.
PD -Ok. Est-ce que vous avez été capable d’établir, dans les conversations, dans les informations que
vous avez, quand il aurait été possible pour eux de se réunir et de décider ça ?
JK -Je n’ai pas été capable d’établir ça.
PD -Eux sont en réunion depuis quand ?
JK -Ça je ne peux pas l’établir non plus.
PD -Ok.
JK -Tout ce que sais, c’est qu’ils sont en réunion, dans cette information que j’ai eue, pourquoi...
l'événement s’est passé quand ils étaient en réunion.
PD -Ok L'événement... il y a pas. vous êtes pas en mesure de préciser si c’était la première réunion qu’il
y avait, la deuxième, la troisième... s’ils étaient en réunion constante depuis le, le décès du Président ?
JK -Je ne peux pas établir ça.
PD -Vous pouvez pas établir ça. C’est impossible pour vous d’établir si c’était leur.
TK -Non.
PD -Ok. Est-ce que il est possible pour vous d'établir si les responsables de la MINUAR se sont joints
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à cette réunion-là, qu’il y avait des, il y avait des dirigeants politiques, les dirigeants du comité militaire de
crise, vous dites qu’il y avait les dirigeants de la MINUAR qui se sont joints aussi ?
IK Oui |
PD -Est-ce que les dirigeants de la MINUAR, selon vos informations, ont assisté à toute la réunion ou
s’ils ont été invités à partir de, de, d’une partie de la réunion ou à un moment où la réunion était en cours ou.
JK -Je n’ai pas été informé sur la durée de la réunion, ni quand ils sont venus et quand ils sont partis, ils
sont partis, mais dans ma tête j'imagine qu’ils n’ont pas dû assister à toutes les parties de la réunion. Donc
ils ont, qu’ils sont intervenus à un point précis, sur un point précis sur lequel on avait besoin de leur avis.
PD -Ça c'était les choses qui pouvaient se faire ? On convoquait les gens pour un point précis.
JK -Oui.
PD -… puis après on les remercie.
TK Parce que je ne vois pas, il ya certainement des points qui ne les concernaient pas et sur lesquels ils
ne devaient même pas être informés. -
PD -Parfait.
MD -Les personnes là, quand on a appris la.…., quand on a réalisé ce qui se produisait à Agathe, personne
au comité, à votre connaissance, a réagit excepté le général ?
XK -Ce n’est pas une réaction je dirai officielle, c’est peut-être c’est d’avoir une réaction personnelle et
individuelle. Comme si vous, vous... un événement se passe et vous vous savez que vous ne pouvez rien faire
mais vous n’êtes pas.
MD -Vous êtes impuissant, vous vous sentez impuissant ?
JK -C’est ça.
MD -Mais il y a personne d’autre ?
JK -Il ya pas eu de réaction, en réalité il n’y a pas eu de réaction. Parce que le... la réunion comme telle
n’a pas eu de réaction.
MD -Pourtant C'était clair ce qui se passait ? C'était, c'était sans équivoque ?
XK -Je ne vois pas où il aurait pu être l’équivoque, parce que moi, de loin, à cinq kilomètres, j’ai..…. c’était
clair pour moi...
MD -C'était clair, c’est ça.
JK -.. tout ce qu’il se passait autour.
MD -Alors c’était peut-être pas une surprise. c’était.… pour eux c’était pas une surprise, pour les gens
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qui étaient, qui étaient présents, ils devaient savoir que cette chose-là arrivait ?
JK -Çaje ne le sais pas, c’est pour eux.
PD -Ça veut dire quand-même que ça... ça présume quand-même que ça n’était pas leur. ce n’était pas
leur première réunion ?
JK _-Non, là... leur première réunion je ne crois pas, dans la mesure où comme je l’ai dit, les... on sait que
les militaires aussitôt la mort du président Habyarimana connue, les militaires se sont réunis. Ils ont eu le
temps de convoquer les, les représentants du parti MRND), ils ont eu le temps de convoquer les représentants
des autres partis politiques, ils ont eu le temps de convoquer le général Dallaire. Donc ils ont eu beaucoup
de réunions. Alors il n’y a pas eu qu’une seule réunion. Ou en tous cas une réunion... une longue réunion de
plusieurs heures si c’est une.
MD -Votre surprise... d’avoir été contacté pour accéder au poste de premier ministre, heu. est-ce que
ça venait du fait que vous étiez plutôt heu, vous nous dites à un moment donné que vous avez eu peur parce
que quand ces gens-là sont arrivés chez vous vous saviez pas s’ils venaient pour vous éliminer vous-même, |
à ce moment-là tout le monde pensait ça ?
JK “Oui.
MD _-Et plutôt on vous offre le poste de premier ministre ?
JK -Oui.
MD -Alors, pour vous c'était, c'était quand même une surprise, parce que c’était mieux ça que, qu'autre
chose ?
JK -Non... peut-être c’était mieux que de rencontrer la mort, ou. puisque je ne sais même pas comment
on ressent la mort, mais... dans le contexte qui était présent, ça ne pouvait que augmenter ma peur, qu'est-ce
que j'allais faire ? Donc j'ai, j’ai eu peur, on m’a dit on va vous donner un poste de premier ministre. C’est
pas comme ça d'habitude que ça se fait. On vous dit, on vous attend à l’école supérieure militaire. D’habitude
on n’est pas attendu à l’école supérieure militaire pour recevoir un poste de premier ministre. Donc ça fait
tout, tous ces éléments-là qui faisaient que moi j’avais peur.
MD -Est-ce que vous avez réalisé à ce moment-là toutes les conséquences de cette nomination ?
JK -Je ne savais... je ne savais même pas et je ne croyais même pas encore que c’était une nomination.
Parce que je me disais que c’était, que ça pouvait être un moyen de, de m'’attirer là.
PD -Un guet-apens ?
JK -Un guet-apens. Je n’étais pas sûr de ce qui allait réellement se passer, puisque je. dans une école
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supérieure militaire, avec des militaires, pour former un gouvernement, il y avait pas encore de président de
la République, donc c'était, c'était trop, trop de choses à la fois pour qu’on puisse se faire déjà une idée
précise.
PD -Mais vous avez, est-ce que vous avez été surpris d’être nommé premier ministre ?
JK -Non. J'ai pas été surpris d’être nommé premier ministre.
PD -Est-ce que c'était une... une conséquence disons, si heu. si Agathe décédait, est-ce que normalement
c'était vous qui étiez premier ministre ?
JK -Pas nécessairement.
PD -Non ?
JK -Non.
PD -Düû au fait que vous aviez été sur les rangs avec elle, que.
JK -Non, disons que les gens à nommer premier ministre, surtout si on considère les, la situation du
PS Rwanda où tout a été bouleversé, avec la guerre, ce n était pas nécessairement moi, rnais je savais que j'étais,
disons, comme on disait à l’époque, ministrable.
MD -Oui.
PD -Ok. Vous étiez à tout le moins ministrable ?
JK -Oui.
PD -Mais vous avez pas été étonné d’être nommé premier ministre ?
JK -Non.
PD -Est-ce qu’il y avait des gens auparavant qui vous avaient approché, qui vous avaient dit “on va tenter .
heu... par un coup d’Etat, par l’élimination de certaines gens, de vous faire nommer, à tout le moins ministre
quelque part” ? |
JK -Non.
eg PD -Non?
JK -Pas de cette manière-là.
PD -C’était quelle manière que ça vous avait été déjà annoncé, est-ce que ça vous avait déjà été...
JK _-Non. C’est qu'auparavant, effectivement, il y avait eu des, des contacts, que les gens disaient qu'ils
allaient former un gouvernement, qu’on me pressentait pour être premier ministre.
PD -Et ces gens-là c’est qui ça ?
JK -C’est des responsables de mon parti avec ceux du MRND.
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PD -Est-ce qu’ils vous ont approché vous, est-ce qu’ils sont venus vous voir, vous dire “on va te nommer
premier ministre dans notre gouvernement, notre futur gouvernement” ?
JK Oui.
PD -C'était à quelle époque ça, qu’ils sont venus vous voir pour.
TK -C’était en février.
PD -En février.
JK -Oui.
PD -Qui vous a rencontré ?
K -Le docteur Karamira, Murego et puis heu... Mathieu Ngirumpatse.
PD -Etils vous rencontrent, une rencontre formelle ?
PD -Puis ils vous disent “tu seras le premier ministre de notre futur gouvernement”?
PD -Ça c'était en février 94 ?
JK -Oui.
PD -A ce moment-là, eux, est-ce qu'ils vous ont fait part de leur intention ? Comment ils pourraient faire
pour vous nommer ministre ?
PD -Pour vous faire nommer premier ministre ?
JK ils ont dit qu’ils allaient demander au président Habyarimana de démettre Agathe, comme premier ministre.
PD -Ok.
JK Parce que c’est. le Président qui l'avait nommée donc il avait, ils vont faire des pressions.
PD -Il avait le pouvoir de démettre ?
JK -…. pour qu’il la démette.
PD -Est-ce qu’effectivement vous savez si les pressions ont été faites pour la démettre ?
K -Oui, elles ont été faites.
PD -Qui sont demeurées vaines ?
JK -Oui.
PD -Les pressions ont été faites par le MRND versus le, le Président ?
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JK -Oui.
PD -Et ces pressions-là sont demeurées vaines… Elles sont arrivées quand ces pressions-là ?
JK _-A la période que je dis, c’est en février.
PD -C’est immédiatement là, ça c’est.
JK -Oui.
PD -Ok. Est-ce que c'était la première fois qu’on vous pressentais pour être premier ministre ? Non ?
Auparavant, au sein de votre parti, On vous l'avait fait déjà ?
JK -Au sein de mon parti, on m’avait déjà nommé pour, comme candidat premier ministre.
PD -Ça, on remonte à... ?
JK -Juin, juillet 93.
PD -Ok. Est-ce que c’était la première fois ça ou si auparavant aussi vous aviez déjà …
JK -Auparavant.. quand on a formé le premier gouvernement de coalition, j'avais été approché aussi.
PD Ça on remonte à ? | CC h
K -92.
PD -En92. Puis là est-ce qu’il y a eu d’autres fois avant ou si. il y a pas de multipartisme avant ça.
JK -Il y avait pas de multipartisme avant Ça.
PD -Ok. Donc en 92 votre gouvernement vous approche, votre, votre parti politique.
JK -Non c’est non, ce n’était pas mon parti politique. C’était le MRND qui m'avait approché à
l’époque. Je ne parle même pas du MRND, c’est... un haut-fonctionnaire de la présidence qui était venu me
voir dans mon bureau.
PD -Pour vous demander si vous désiriez être premier ministre ? .
JK -Ce n’était pas comme ça qu'ils ont présenté la question. C'est à dire que, comme notre parti devait
présenter un candidat premier ministre, et que nous nous étions convenus au niveau du parti de ne présenter
qu’un seul candidat, c'était pour forcer la main pour qu’on présente plusieurs candidats pour que le Président
puisse avoir un choix, entre plusieurs candidats pour la nomination de poste de premier ministre. Et la ligne
du parti était qu’on ne présente qu’un seul candidat et j’adhèrais à cette ligne-là.
PD -Ok.
JK Et l'individu heu, Ruhigya Enoch [phonétique] est venu pour me dire pourquoi moi je ne présente
pas, je ne fais pas pression pour me présenter dans la mesure où j'étais moi-même heu... au niveau de la
présidence du parti.
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PD -Ok. Puis là ça nous amène aux autres événements où on vous pressent de plus en plus pour être
premier ministre ?
JK -Oui.
MD -Les pressions, les pressions avaient été faites de quelle façon ? Les pressions qu’on avait faites au
début là, les pressions qu’on avait faites sur le Président avaient été faites de, sous quelle forme ? Les
pressions, vous dites qu’il y a eu des pressions de faites auprès du Président que ça avait avorté, mais qu’est-
ce qu’on avait tenté de faire ?
JK -C’est que les, les... les responsables de son parti politique, le MRND), lui avait demandé de former
un nouveau gouvernement, en démettant Agathe Uwilingiyimana.
MD _-Et qu'est-ce que le Pré... quelle réaction le Président avait-il pris ?
JK -Le Président avait tenté, mais il n’avait pas réussi, puisque les partis d'opposition n'avaient pas
accepté.
MD -Les partis d'opposition n'avaient pas accepté. Alors il n'avait pu démettre le premier ministre. Et
vous ça fermait la porte à ce moment-là ?
JK Oui.
MD -Quelle avait été la réaction du MRND suite à cet échec ?
JK -Je ne connais pas sa réaction.
MD -Vous avez pas eu de rencontres, il y a pas eu de rencontres subséquente à.
JK -Non.
MD -.. à cet échec ?
JK -Non, j'ai pas eu de rencontres avec eux. .
MD -Est-ce que. on vous a pas, on vous a pas reparlé de cet, de cet heu. de cette possibilité de
nomination ?
JK -Non.
MD -C'est la seule fois que le MRND), ils sont allés vous voir pour vous proposer le poste, et après échec
ça été heu... il y a pas eu d’autres approches là-dessus ?
JK -Non, il n’y a pas eu d’autres approches.
MD -Le MRND ne vous a jamais approché par la suite ?
JK -Non.
PD -Avez-vous besoin de vous absenter ?
T2k7467 du 19/05/98. -28 juillet 1998 (12h23) 14
JK -Oui. S'ils sont d’accord.
MD -S'ils sont d'accord. On va cesser.
PD -On va cesser l’enregistrement.
MD -Fin de.
PD -[inaudiblel, c’est le...
MD. -C'est la fin de 67 A.
Fin de la face À de la cassette # 67.
T2Kk7#67 du 19/05/98. -28 juillet 1998 (12h23)
KONS5E4E
Face B de la cassette # 67.
MD -Début de 60 B.
PD -67B.
MD -67.
PD -Ona tenté d'organiser heu... ou de faciliter ici, tout près il y a un... un, une toilette mais l’accès nous
a été refusé, on doit passer par les gardes UN. On va poursuivre l’enregistrement jusqu’à l’arrivée d’un autre
côté pour, pour.
MD -Bon.
PD -Si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
JK -Non, il n’y a pas de problème.
MD -Karamira c’est une personne à qui vous faisiez confiance ?
TK -Oui.
MD -Une personne que vous connaissiez très bien?
JK Oui.
MD _-Comment at-il fait pour vous trouver chez vous ? Est-ce que vous demeuriez à votre maison à ce
moment-là ?
JK _-Non, c’est à dire que j'ai, c’est, ça a été plutôt un hasard parce que j'étais réfugié à la gendarmerie.
Puis que j'étais de passage chez moi pour me changer les habits, c’est à ce moment-là qu’il est venu.
MD -Est-ce qu’il croyait que vous seriez, est-ce que vous croyez qu’il savait que vous étiez là ?
JK _-Non, je ne crois pas. Il savait que j'étais en permanence chez moi, il ne savait pas que j'étais là...
MD -Ab, il ne savait pas que vous étiez à la gendarmerie ?
K -Non.
MD Que vous étiez protégé. Alors il vous a dit, il vous a pris de côté pour vous heu... pour vous dire que
vous étiez nommé premier ministre et que vous ne deviez pas avoir peur, que tout était arrangé ?
JK -Oui.
MD _-Est-ce que vous lui avez posé des questions quand il vous a dit ça ?
JK -Je n’ai pas posé de questions.
MD -Vous avez posé aucune question ?
JK -Non.
MD -Pour vous c’était quoi, ça, tout était arrangé ?
T2k7467 du 19/05/98. -28 juillet 1998 (12h23) 16
ET
KONESS 4%
JK -Ben, tout était en place pour que je devienne premier ministre.
MD -Ça veut dire qu’il y avait plus de premier ministre, la place était libre ?
JK -Non. Ça il me l’avait déjà dit.
MD -Alors ça c'était avant qu’il... avant de, de... il vous avait déjà fait la déclaration avant ?
JK -Oui.
MD -Puis vous vous étiez déjà, à ce moment-là, vous aviez déjà tiré vos conclusions sur le sort qui avait
été réservé à Agathe ? On va devoir s’interrompre. Yeah ? Okay.….
X -Are you finished ?
MD -. just...
PD -Just one minute please.
MD -We gonna finish it, just give us one minute, we gonna close the...
X -One minute.
MD -Okay?
PD -Comme, de toutes façons, il est prévu qu’on devait s’arrêter dans moins de dix minutes, on va cesser
aujourd’hui le, la rencontre. Afin de vous permettre de retourner heu... dans votre, de votre côté. On va
s'arrêter.
MD -Alors ce sont les inconvénients, qui sont liés.
PD -Reliés à.
MD -Reliés à notre, à la procédure que nous devons suivre ici. Nous aurions aimé, nous aurions dû
continuer encore pour un petit bout de temps. Mais ça va pas, ça vaut pas la peine d'aller là-bas et de revenir
pour quelques minutes.
JK -Parce qu’il se fait un peu tard.
PD -On reprend demain. On va terminer ici l’enregistrement du ruban 67 B.
MD -C'’est bien ça.
Fin de la face B de la cassette # 67.
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