Fiche du document numéro 14768

Num
14768
Date
Jeudi 9 avril 1998
Amj
Taille
111890
Sur titre
Rwanda
Titre
Retour sur un attentat
Mot-clé
Cote
N° 303
Type
Publication périodique
Langue
FR
Citation
Le 6 avril 1994, l'avion qui ramenait le président Juvénal Habyarimana
de Dar es-Salaam était abattu par un missile au-dessus de l'aéroport
de Kigali. Cet attentat servit de déclencheur à une série de massacres
``politiques'' (Hutus modérés et Tutsis), puis à un génocide de la
population tutsie. Seule certitude, le ou les tireurs ne pouvaient
être que des spécialistes entraînés à cet armement.

Selon le chercheur
Filip Reyntjens, qui s'appuie sur ``une source britannique'', il s'agit
de deux Sam 16 Gimlet qui feraient partie d'un lot vendu en 1988 à
l'Irak et récupéré par la France lors de la Guerre du Golfe.

Dans son
enquête sur cette affaire, Le Figaro affirme de son côté avoir en sa
possession deux témoignages d'anciens militaires français confortant
cette piste.

Mais on ne sait toujours pas qui a tiré... Chaque réponse
entraîne une interrogation: si c'est le FPR (Front patriotique
rwandais) de Paul Kagamé, comment expliquer que l'actuel homme fort du
Rwanda soit lui-même le déclencheur du génocide ? Si ce sont les
ultras de l'ancien président Habyarimana, comment expliquer qu'ils
aient pu tirer sur leur propre chef, le colonel Sagatwa, l'un des
principaux dirigeants des escadrons de la mort du ``Réseau zéro'' qui
faisait régner la terreur chez les Tutsis avant le génocide (LC N° 179)
?

A Paris, après l'attentat, chaque service avait ``sa'' version. Une note
du SCTIP (Service de coopération technique international de police),
datée du 29 juin 1994, évoque « par une source habituelle du service
mais sans que ces informations aient pu être vérifiées
 » la
responsabilité de Tutsis du FPR formés aux Etats-Unis (Phoenix,
Arizona) sous l'identité de militaires ougandais, avec un ancien
officier belge (avec photo en annexe) qui se faisait appeler Phil
V.D.B. « Sa présence a été signalée au Rwanda en décembre 1993, parmi
les effectifs de la MINUAR. Il s'agirait s'un spécialiste en missiles
portables
 », affirme l'auteur de la note. Il n'y a plus qu'à vérifier...

Par ailleurs, le 27 février 1994, Jean-Pierre Minaberry, l'un des deux
pilotes de l'avion, écrivait à son contact au ministère de la
Coopération (Mme E.) une longue lettre (en notre possession) sur la
situation politique générale en terminant par ces mots « (...) Cela
dérape un peu: les gens de la CDR massacrent des Tutsis à Kigali. Cela
arrange le FPR, qui tient là le motif pour refaire la guerre car ils
n'obtiennent pas assez de pouvoir et surtout pas assez vite. Et ils
veulent tout. Nous savons qu'ils ont des missiles et nous étudions des
départs à basse altitude (comme dans l'armée) et des arrivées soit à
basse altitude soit à très haute altitude. Bref, nous ne sommes pas
tranquilles. Sincères salutations
 ». Suit sa signature. Avec les deux
autres membres français de l'équipage, Jean-Pierre Minaberry est mort
dans l'attentat, le 7 avril 1994, un peu plus d'un mois après avoir
écrit cette lettre. Le 14 juin 1994, il a été nommé au grade de
chevalier de la Légion d'honneur par le président François Mitterrand.
Mais jamais aucun autre élément de l'enquête interne à l'armée n'a
encore filtré...

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