Fiche du document numéro 13869

Num
13869
Date
Jeudi 16 juin 1994
Amj
Hms
13:04:00
Taille
87247
Titre
Rwanda - Combats à Kigali, report des négociations
Cote
reutfr0020011106dq6g00wim
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 16 juin, Reuter - Les forces gouvernementales et les rebelles
rwandais ont repris les combats jeudi à Kigali, ignorant le
cessez-le-feu annoncé la veille à Tunis par leurs représentants sous
les auspices de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA).

Les échanges de tirs de mortier, de mitrailleuses, et d'armes légères
ont conduit le commandant adjoint de la Mission d'assistance des
Nations unies au Rwanda (Minuar), le général Henry Anyidoho, à reporter
à vendredi des pourparlers de paix prévus jeudi entre l'armée
gouvernementale et des officiers du Front patriotique du Rwanda (FPR)
pour mettre en oeuvre la trêve.

La proposition faite mercredi par la France de déployer une force
internationale au Rwanda si les combats et les massacres se
poursuivaient a été rejetée par le FPR et diversement accueillie
ailleurs.

Nous sommes totalement opposés à une intervention française, a
déclaré à Reuter Jacques Bihozagara, membre du bureau politique du FPR,
formée de Tutsis. Ils interviendraient pour protéger les bourreaux. Ce
serait une attaque, une provocation
, a-t-il ajouté.

Seul pour l'instant le président zaïrois Mobutu Sese Seko s'est rallié
à la proposition de Paris. Je pense que d'autres Etats et pas
seulement la France seront prêts à envoyer des troupes pour faire
cesser ces horreurs
, a-t-il dit jeudi à Tunis au lendemain de la
clôture du sommet de l'OUA.

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Pessimisme en Afrique
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La Belgique, ancienne puissance coloniale au Rwanda, a fait savoir
qu'elle n'enverrait pas de troupes si la force internationale proposée
par Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, devait
finalement être déployée.

Dix soldats belges de la Minuar avaient été tués après l'assassinat du
président Juvenal Habyarimana le 6 avril, attentant qui a déclenché la
guerre civile et les massacres.

Le porte-parole du Quai d'Orsay, Richard Duqué, a souligné jeudi que
l'objet de l'opération qui a été envisagée par M. Juppe hier est un
objet humanitaire. Il s'agit de venir au secours de populations
menacées et de les protéger.


La Grande-Bretagne avait réagi dès mercredi soir aux propos de Juppé en
soulignant que toute intervention militaire au Rwanda devait être
discutée au sein des Nations unies.

Si les massacres continuent et si le cessez-le-feu n'est pas respecté
je dis (...) que la France est prête à monter avec ses principaux
partenaires européens et africains une intervention sur le terrain
visant à protéger les groupes menacés d'extermination
, avait déclaré
Alain Juppé.

En Afrique, analystes et diplomates estiment que les chances d'un
cessez-le-feu se sont réduites après le massacre mardi à Kigali de 60
enfants de la tribu minoritaire Tutsie par des miliciens de la tribu
majoritaire Hutu.

Ce simple acte a très certainement torpillé toute chance de
cessez-le-feu. Les rebelles considèrent désormais qu'une trêve leur
lierait les mains alors que leur peuple se fait massacrer
, a dit un
diplomate africain à Nairobi. /RS

(c) Reuters Limited 1994

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